Je suis, tout, ou plus précisément un rien du tout, sauf un expert en quoi que ce soit, je ne bitte pas grand-chose aux études scientifiques mais je sais lire.
Alors je lis :
« Contrairement à une idée répandue, l’agriculture biologique peut recourir à des pesticides qui, pour être « naturels », ne sont pas sans inconvénients, voire sans risques. C’est le cas du cuivre, minéral utilisé dès le XIXe siècle pour lutter contre le mildiou de la vigne et reconnu pour ses propriétés antifongiques, mais dont l’usage est de plus en plus critiqué. »
C’est dans la Croix.
Le 24 janvier 2007 je chroniquais :
Confusion sexuelle et Cu
Le cuivre et la bio ?
La surface cultivée en viticulture biologique de raisins de cuve est toujours en progression en France. Ce mode de culture est pourtant aussi exposé aux maladies et aux ravageurs que la culture conventionnelle. Le nombre de traitements est souvent encore plus important car les produits biologiques sont moins puissants. Des solutions de traitements contre ces bio-agresseurs existent dans les cahiers des charges biologiques, mais les solutions contre les maladies principales ne sont pas toujours très "bio" et pas toujours "logiques". Prenons l'exemple du produit phytosanitaire "biologique" le plus utilisé : le cuivre. Malgré son origine "naturelle", son utilisation fréquente (en bio, comme en conventionnel) et à des doses importantes est responsable de contaminations des sols viticoles avec des quantités parfois très importantes de ce métal lourd. Des concentrations de 200 ppm (mg par kg de sol) sont courantes (soit un à plusieurs tonnes de cuivre par ha). Il n'y a aucune méthode efficace pour dépolluer ces sols. Ces concentrations importantes ont un effet très négatif sur la biodiversité botanique et faunistique du sol car la majorité des organismes y est très sensible. La réglementation impose aujourd'hui des réductions substantielles du cuivre."
Cet extrait et les infos de cette chronique sont tirés d'un article Vers une viticulture sans pesticides de Maarten van Helden chercheur à l'UMR santé végétale à l'ENITA de Bordeaux publié dans L'écologiste de décembre-mars 2007 N°21.
Le cuivre, largement utilisé en viticulture, mais aussi en arboriculture et dans des cultures maraîchères, en particulier la pomme de terre, pour protéger les plantes des champignons et bactéries, était donc classé jusqu’à présent parmi les substances autorisées par le règlement européen sur l’agriculture biologique.
Mais ce régime pourrait bientôt changer, comme tous les phytosanitaires, le cuivre est soumis à une réévaluation régulière, ici tous les sept ans. La procédure actuelle a démarré en 2015 et a été confié aux experts de deux agences sanitaires européennes, l’Anses pour la France et l’UBA en Allemagne. Il a finalement donné lieu à une synthèse, publiée le 16 janvier 2018. L’approbation des composés de cuivre ayant expiré le 31 janvier 2018, la Commission a donc été dans l’obligation de prolonger son usage d’un an, en raison du retard pris par l’expertise européenne. Une proposition sera remise aux Etats- membres d’ici le mois de juin 2018, avait indiqué la Commission.
C’est sur cette base que la commission européenne a proposé, en mai, un avis de ré-approbation qui propose une baisse drastique des doses maximales autorisées.
« À l’heure actuelle, la norme est de 6 kg par hectare et par an, lissé sur 5 ans. La Commission souhaite l’abaisser à 4 kg par hectare et par an sans modulation, ce qui ne sera pas tenable pour beaucoup d’exploitants », soutient Marc Chovelon, de l’Institut technique de l’agriculture biologique.
Pour justifier son avis, la Commission s’appuie sur les travaux de l’Efsa qui pointe le caractère toxique du cuivre et sa persistance dans l’environnement, mais aussi les risques pour la faune dans ou à proximité des parcelles traitées. Des conclusions que la Fnab conteste. « La méthodologie des agences de sécurité est la même pour les produits minéraux et les produits de synthèse, ce qui abouti à des résultats biaisés, d’ailleurs jamais vérifiés sur le terrain », affirme Jacques Carroget de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab)
À Bruxelles, Paris a jusqu’ici défendu une ligne médiane, reprenant la limite des 4 kg pour y ajouter le principe d’une modulation en cas de situations difficiles, quand les attaques de maladies sont plus fréquentes ou brutales.
Une position à laquelle se sont ralliés les pays du sud, mais qui se heurte à l’intransigeance de ceux du Nord, dont l’Allemagne et surtout les Pays-Bas partisans d’une interdiction totale. Ce qui promet un débat agité pour la réunion du comité d’experts prévue le 13 décembre.
Est-ce la fin annoncée de la viticulture bio ?
Les anti-bios jubilent
Le silence assourdissant des associations anti-pesticides comme celui de certains journalistes concernant la réévaluation par l’Union européenne de l’un des pesticides très largement utilisés par les producteurs de denrées alimentaires bio, à savoir les formulations à base de cuivre, illustre à la perfection l’hypocrisie qui règne dans le monde bien particulier de l’agriculture biologique.
Des conclusions accablantes
En cours depuis deux ans, le processus de réévaluation a été confié aux experts de deux agences sanitaires européennes, l’Anses pour la France et l’UBA en Allemagne. Il a finalement donné lieu à une synthèse, publiée le 16 janvier 2018. L’approbation des composés de cuivre ayant expiré le 31 janvier 2018, la Commission a donc été dans l’obligation de prolonger son usage d’un an, en raison du retard pris par l’expertise européenne. Une proposition sera remise aux Etats- membres d’ici le mois de juin 2018, a indiqué la Commission.
Or, les conclusions de cette évaluation sont accablantes pour ce pesticide, défendu corps et âme par le lobby du bio français. Comme le remarque le site www. produire-bio.fr, les deux agences « ont travaillé depuis 2015 sur les études fournies par les fabricants de produits cupriques », c’est-à-dire un consortium de seulement huit entreprises (Albaugh, Cinkarna, IQV, Isagro, Manica, Montanwerke, Prince Erachem et Saldeco Spiess-Urania). « Des études fournies par les fabricants de produits » ! Voilà un procédé qui ne semble choquer ni Stéphane Foucart, le journaliste du Monde à l’origine des Monsanto Papers, ni le patron de Générations Futures, François Veillerette, qui se sont pourtant indignés face à ces mêmes pratiques dès lors qu’elles concernaient l’homologation du glyphosate. Deux poids, deux mesures ?
Une multitude de risques identifiés
Mais ce n’est pas tout. En effet, une multitude de risques ont été identifiés par les auteurs du rapport. D’abord pour les opérateurs : « Le niveau d’exposition estimé des travailleurs qui retournent dans les vignobles traités avec des formulations à base de cuivre dépasse le seuil maximal d’exposition toléré », alertent les auteurs qui estiment que « compte tenu des résultats d’une étude de toxicité par inhalation répétée, une attention particulière doit être accordée à la protection des opérateurs appliquant des formulations insolubles à base de cuivre ». De même, ils notent qu’« un risque élevé a été conclu pour tous les usages en ce qui concerne les oiseaux et les mammifères, les organismes aquatiques et les macro-organismes du sol ». Bref, il y a là de quoi s’inquiéter sévèrement des effets sanitaires et environnementaux. Ici encore, il y a deux poids, deux mesures, puisque dans le cas du glyphosate aucun de ces risques n’a été mis en évidence. Ce contraste semble assez logique étant donné le mécanisme d’action bien moins toxique du glyphosate, capable d’agir uniquement sur les espèces vivantes qui utilisent de la photosynthèse.
Enfin, et toujours dans le dossier du cuivre, de très nombreuses questions sont restées sans réponse, notamment sur les risques pour les abeilles et autres arthropodes non cibles. Plus inquiétant encore, « l’évaluation des risques pour les consommateurs n’a pas pu être finalisée étant donné que les essais de résidus dans le cadre des Bonnes Pratiques Agricoles (BPA) sur les raisins, les tomates, les cucurbitacées à peau comestible et les cucurbitacées à peau non comestible étaient manquants ». Bref, le dossier du cuivre soulève bien davantage de questions que celui du glyphosate, qui a pourtant fait l’objet d’une vaste campagne afin d’obtenir son interdiction.
Dans le dossier du cuivre, de très nombreuses questions sont restées sans réponse, notamment sur les risques pour les abeilles et autres arthropodes non cibles
Or dans le cas du cuivre, aucune pétition n’a été organisée par les militants écologistes alors que tous les grands noms du bio comme Biocoop, Léa Nature, C’Bio et les autres restent très discrets sur cet usage problématique. En toute logique, les nombreuses absences de réponses devraient automatiquement entraîner la suspension de ce produit. C’est d’ailleurs le choix qu’ont déjà fait le Danemark et les Pays-Bas. « L’usage du cuivre est interdit depuis très longtemps dans la production de pommes de terre bio, qui représente à ce jour 3,6 % de la production totale sur 1 600 ha », indique Lars Bødker, l’un des experts danois de la pomme de terre. Cette situation pose pourtant des problèmes aux producteurs. « En 2016, suite à une grosse pression de mildiou, la production de pommes de terre bio, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, s’est effondrée, ne pouvant même plus faire face à la demande », confirme Helge Lynggaard, le rédacteur du site « La pomme de terre danoise ».
La situation aux Pays-Bas n’est quant à elle pas plus reluisante, constate Didier Andrivon, qui pilote l’expertise collective sur les alternatives au cuivre. « La production de pommes de terre bio a chuté de 274 ha entre 2002 et 2007, soit un repli de plus 20 % », note l’expert. Cela a conduit le pays à importer des pommes de terre bio d’Italie, d’Allemagne et d’Israël ! Certes, ces chiffres datent un peu, reconnaît volontiers Didier Andrivon, mais ils témoignent des difficultés de la filière bio face au mildiou et à la tavelure.
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La Fnab appelle le gouvernement à trouver des solutions ICI
Peut-on se passer du cuivre en agriculture biologique ?
L’Inra (Délégation à l'Expertise scientifique collective, à la Prospective et aux Etudes) a livré le 16 janvier 2018 une expertise scientifique collective sur les leviers disponibles pour réduire l’usage du cuivre en protection des cultures biologiques. Cette expertise a été réalisée à la demande conjointe de l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) et d’un programme fédérateur de recherche Inra (Métaprogramme SMaCH*). La démarche d’examen de la littérature adoptée et les résultats sont potentiellement applicables à d’autres problématiques agricoles cherchant à limiter ou éviter la consommation de certains intrants.
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Mildiou : l'agriculture bio ne veut plus utiliser du cuivre
Par Loïc Chauveau le 22.01.2018 à 09h00
Le cuivre en viticulture bio: on continue ou on arrête?
Essais avec le Silicuivre et le purin d’ortie
Le Silicuivre est un fertilisant à base de cuivre (5%) ; il est associé à des extraits de plantes et à de la silice. Selon le fabricant, il est censé augmenter la résistance de la plante vis-à-vis du mildiou. Outre l’aspect anti fongique, le Silicuivre est aussi supposé améliorer le métabolisme du calcium et de la silice dans les cellules végétales. En Suisse, ce produit n’est pas homologué comme produit phytosanitaire.
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Mildiou et cuivre
Le cuivre est avec le soufre, un des produits naturels de protection les plus utilisés en agriculture biologique.
La décision de ré-homologation du cuivre en Europe est encore repoussée
Les 27 n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord sur l'avenir du cuivre. Son sort devrait se jouer avant la fin de l'année.
Ce 24 octobre devait être le dernier rendez-vous. Et pourtant, les pays membres n’ont toujours pas trouvé de consensus au sujet de la ré-homologation du cuivre. Pour rappel, la commission a proposé une autorisation supplémentaire de sept ans pour la matière active, avec une dose maximale de 4 kg/ha/an et la possibilité de lisser sur ces sept prochaines années. Proposition qui a été refusée en bloc par les pays du nord de l’Europe, qui l’ont trouvée trop laxiste. Le vote a donc été reporté à la fin de l’année. Une nouvelle réunion de dernier délai, où il faudra absolument trouver un consensus, le cuivre n’étant homologué que jusqu’en janvier 2019.