La maison Moët&Chandon Épernay 1942
Nostalgie quand tu nous tiens, mais pas que, le petit vendéen embocagé, né dans la grande vague du baby-boom, ne peut qu’être touché au cœur par le beau livre de Jean-Marc Moriceau Les couleurs de nos campagnes. Un siècle d’histoire rurale 1880-1960, aux Éditions Les Arènes. Prix 29,90 €.
L’enjeu de ce livre, pour l’historien, le plus reconnu du monde paysan, a été « d’extraire les plus belles photographies de notre patrimoine rural afin de leur redonner ces couleurs que les procédés photographiques de l’époque ne pouvaient pas rendre. »
La colorisation de ces 150 photographies a été réalisée par le spécialiste François Montpellier. L’enjeu est également pour l’auteur de « montrer à travers trois générations, de 1880 à 1960, quelle a été la vie des Français des campagnes. »
Sans jouer les vieux ramenards ce regard porté, sur un temps que les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent pas connaître, dans un temps de confinement où certains affirment qu’ils subissent ce que nous n’avons jamais connu, met les pendules à l’heure.
Ces temps étaient durs…
Arrestation d'un manifestant lors de la manifestation des vignerons champenois à Épernay le 12 avril 1911
Non, ce n’était pas mieux avant, nous espérions seulement que l’avenir, notre avenir, serait meilleur demain. Il l’a sans doute été, ce n’est pas pour autant qu’il faille nous demander de nous battre la coulpe de l’avoir vécu, nous n’avons profité de rien, les baby-boomers ne sont pas les uniques responsables des choix politiques de nos concitoyens.
Ce goût immodéré de se poser en victime, de trouver des boucs émissaires, de réécrire l’Histoire à son profit, de penser que le monde commence avec eux, consacre la faillite de notre système éducatif, parents-enseignants tout autant responsables.
J’ai choisi la critique de GÉRARD LE PUILL du journal l’Humanité car il était l’un des derniers journalistes agricoles de la presse écrite. Nous nous croisions lors des conférences de presse. En dépit de nos divergences d’analyse je l’appréciais. ICI
Pressoir à cidre dans la Beauce vers 1910
Né à Paris, Jean-Marc Moriceau s’est intéressé aux paysans dès ses 14 ans en découvrant les manuscrits des archives départementales de l’Essonne et des Yvelines.
Illustré par de magnifiques photos datant surtout de la première moitié du XXe siècle, cet ouvrage retrace l’évolution du monde paysan de 1880 aux grands débuts de la mécanisation, après la Seconde Guerre mondiale. Ses quatre chapitres nous racontent « les campagnes d’hier » et « les couleurs de la modernité ».
Beaucoup de grands-parents, ayant grandi dans une ferme en différentes régions de France avant de partir travailler en ville, ont vécu cette transition dans leur famille et entendu lors des veillées ce qu’était la vie d’avant.
Offrir ce livre à ses petits-enfants citadins peut favoriser des dialogues fructueux entre générations concernant notre souveraineté alimentaire et la lutte contre le réchauffement climatique. Car, une agriculture de firmes, très spéculative, commence déjà à se mettre en place, sans tenir compte de ces enjeux.
• GÉRARD LE PUILL
dégustation de la maison Bouchard vers 1931