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27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 06:00

Sans contestation je suis un acheteur-lecteur opportuniste, en effet juste avant la proclamation de l’état de siège – le confinement équivaut à rester le cul sur son siège – j’ai acquis pour 18 euros le dernier opus Hannelore Cayre, dites la Daronne, dont le fil historique tricote au long du Paris de la fin du IIIe Empire, de l’érection de la IIIe République et de la Commune.

 

 

Michel Winock note :

 

« Deux semaines après la défaite de Sedan, la capture de Napoléon III et la proclamation de la IIIe République, les armées prussiennes atteignent Paris. Le siège de la capitale débute le 19 septembre 1870.

 

En septembre 1870, assiégée par les Prussiens, la capitale déborde d'enthousiasme patriotique. Malgré la pénurie et les bombardements, sa population ne se résigne pas à la capitulation. De son côté, le gouvernement provisoire issu de l'effondrement du Second Empire veut l'armistice, enfin signé le 28 janvier 1871. Mais, face aux défaitistes, Paris ne cède pas...

 

Napoléon III a voulu la guerre et la guerre l'a perdu.

 

La IIIe République, proclamée à Paris, le 4 septembre 1870, le surlendemain de la défaite de Sedan, doit assumer la conduite de cette guerre avec la Prusse, car la France est envahie par les armées du chancelier Bismarck. La partie, perdue aux frontières, va se jouer dans les quelque quatre mois et demi du siège de Paris.

 

Paris est une ville rouge les révolutionnaires y abondent et une ville bleu blanc rouge par les souvenirs de l'An II, où la révolution et la défense nationale allaient de pair.

 

« Il n'existe qu'un ennemi, le Prussien... », lance La Patrie en danger d'Auguste Blanqui.

 

Union sacrée de la patrie !

 

Près de 2 millions d'habitants se voient pris au piège, bien que défendus par 150 000 soldats réguliers sous le commandement du général Louis Trochu et environ deux cents mille gardes nationaux. Ces derniers n'ont, il est vrai, aucune valeur combattive faute d'entraînement. Ils représentent à peu près toute la population masculine en âge de combattre, se voient remettre une modeste solde de 1,50 franc par jour. Elle ne compense pas, pour beaucoup d'artisans et de commerçants la perte de leur revenu du fait de l'interruption de nombre d'activités.

 

Le 7 octobre, le fougueux Gambetta, ministre de l'Intérieur, quitte Paris à bord d'un ballon. Sitôt à Tours, il organise l'armée de la Loire en vue de secourir la capitale et de mener une « guerre à outrance ». Son initiative recueille quelques éphémères succès mais elle inquiète les populations rurales qui rêvent surtout du retour à la paix. Les troupes hâtivement rassemblées par Gambetta vont être sans trop de difficultés battues par les Prussiens.

 

Les Parisiens, déjà éprouvés par un siège impitoyable et un hiver qui s'annonce des plus rigoureux, apprennent la nouvelle en même temps que la reddition honteuse de l'armée de Bazaine, à Metz, le 27 octobre. Ils ressentent avec rage cette trahison et leur impuissance à desserrer l'étau prussien

 

Le 19 janvier 1871. La résistance touche à sa fin, sapée par un froid sibérien et le manque de vivres : il a fallu manger les chats, les chiens, les rats, les animaux du Jardin des Plantes. Enfin, les bombardements vont faire près de quatre cents morts. Le 23 janvier, à Versailles, Jules Favre obtient un armistice. Cette décision, assimilée à une capitulation, ne fait qu'accroître l'exaspération d'une partie de la population convaincue d'un injuste abandon et va constituer une des causes de la Commune.

 

Le siege de Paris.

 

Pages 166-167 Richesse oblige Paris le 1er janvier 1871:

  • Les prussiens doivent vraiment se demander ce que nous trouvons à manger… Alors, Rosalie, qu’avant-nous ce soir ?

 

  • Une gibelotte !

 

  • Ah, très bien ! Une gibelotte de quoi ?

 

  • C’est ça qu’il y a de bien avec la gibelotte, c’est que le vin blanc cache le goût de tout. On m’a garanti que c’était de la cervelle de chien, mais je crois que je me suis fait avoir.

 

  • Et ces petites rondelles grises ?

 

  • Ah ça, ça vient d’un lot de boîtes qu’un camelot vendait tantôt sur le trottoir de la rue de Rivoli… Il déballait au moment où je suis passée. J’ai réussi à en attraper quatre. Ça se tartine pas trop mal, mais vous verrez, aujourd’hui le pain a un goût de sciure.

 

Auguste tira une sorte de fil de sa bouche qui ressemblait très fort à une queue de souris. Il fit la grimace, mais ne dit rien.

 

  • De toute façon on est insatisfait quoi qu’on mange. Merci, Rosalie. Tenez, pour vos étrennes…

 

Et elle sortit de son sac un petit paquet improvisé, confectionné avec un mouchoir noué.

 

La bonne défit le tissu pour découvrir une grosse boîte de conserve de bœuf.

 

  • Oh, madame !

 

Clothilde, qui dînait en manteau à cause du froid, masqua son visage avec les deux pans de son col pour dissimuler une folle envie de pleurer :

 

  • Je ne peux pas me permettre de vous donner de l’argent car, au train où vont les choses, je ne sais pas combien de temps encore j’aurai à nous faire tenir tous les trois. Si nous ne sommes pas tous morts, l’année prochaine, je me rattraperai. Et sinon, là-haut, vous vous en sortez ?

 

  • Oui, madame, nous dormons tous dans la chambre qui a la cheminée et un ami a ramené du bois arraché aux bancs publics pour chauffer la pièce.

 

  • À propos, vous avez entendu hier soir, ces cris abominables ?

 

  • C’est les Blin qui ont saigné leur cochon. J’attends toujours mon pied… M’est avis que je vais l’attendre longtemps !

 

Des bruits de canonnades leur firent dresser l’oreille.

 

  • Ne vous inquiétez pas : ils ne viseront jamais les Grands Boulevards. Sinon, où iraient-ils s’amuser lorsqu’ils nous envahiront ! Et Clothilde de parcourir la pièce du regard : Auguste, ce guéridon là-bas, il me rappelle trop le raseur qui me l’a offert. Brûlez-le, s’il vous plaît, que nous commencions l’année un peu mieux que nous n’avons terminé la précédente.

 

Le Maréchal Bazaine- 1871 – chanson auteur inconnu transcrite par le pépé Louis à la plume sergent major trempée dans l’encre violette pendant son service militaire

 

Bazaine Disdéri BNF Gallica.jpg

 

Te souviens-tu du maréchal Bazaine ?

Le deux août en sortant de Paris

Que de familles il laissa dans la peine

Pour nous livrer au rang des ennemis

Pendant deux mois étant dans la souffrance

Ayant souffert les rigueurs de la faim

Mais aujourd'hui pour notre récompense

Tyran tu viens nous livrer aux prussiens (bis)

 

Lorsque nous sommes arrivés aux frontières

Le 6 août fut le premier combat

Dans cette journée tes armées tout entières

Se sont battus comme de vaillants soldats

Le seize août à l'affaire de Gravelotte

Comme des lions nous nous sommes défendus

Hélas combien tu fis tomber de braves

Malheureux Bazaine, dis-moi t'en souviens-tu ? (bis)

 

Le trente août épuisé de fatigue

Nous quittions Metz pour marcher en avant

Et comme toujours par ta lâcheté perfide

Tu nous trahis par de faux commandements

Et comme toujours guidés par le courage

Avec ardeur nous repoussions l'ennemi

Au camp de Metz, tu nous fermas les portes

Dis-moi Bazaine, dis-moi, t'en souviens-tu ?

 

Pendant ce temps, que fait a capitale ?

Oui, car en elle nous espérons toujours

Étant cernés, n'ayant point de passage

Nous ne pouvions lui porter secours

Pour faire savoir l'état de leurs souffrances

Que de ballons de Metz sont sortis

Portant des lettres dans le sein de la France

Pleurez Français car nous sommes tous trahis (bis)

 

Le sang français coule encore dans nos veines

Et si jamais on retourne au pays

Nous parlerons du maréchal Canrobert

Et du courage du brave Bourbaki

Et du maréchal Mac-Mahon

Car lui aussi était devant l'ennemi

Et toi Bazaine tu t'es conduit en lâche

Car devant Metz tu nous a tous trahis (bis)

 

Un jour viendra que ces pauvres familles

Réclameront leurs malheureux enfants

Croyant mourir pour défendre la patrie

Et pour la France croyant verser leur sang

Vous, pauvres mères venez prier la Vierge

Car vos enfants sont au rang des élus

Ah ! C'est la faute du maréchal Bazaine

Si le clairon ne les réveille plus ! (ter)

LE SIÈGE ET LA CAPITULATION DE METZ

 

Un tel crime est au-dessus des châtiments de la justice... " C'est ainsi que Gambetta annonça la capitulation de Metz, survenue le 27 octobre 1870, alors qu'il ne disposait d'aucun élément d'appréciation. Plus prudent, le gouvernement de la Défense nationale, assiégé dans Paris, rendit hommage au commandant de l'armée du Rhin et à ses hommes par la voie du Journal officiel. Le maréchal Bazaine, hâbleur, indécis et sans formation d'état-major, s'était cramponné à la région messine contre les ordres de Napoléon III. Avec la défaite de Gravelotte, le 18 août, ses forces avaient été bloquées à Metz.

Dans des conditions déplorables, Bazaine ne tenta d'effectuer une trouée que le 31 août, pour aller au devant de Mac-Mahon. La contre-offensive des troupes du prince Frédéric-Charles fit replier ses régiments.

La suite ICI 

 

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"Trochu, Participe passé du verbe trop choir" - Victor Hugo
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