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21 octobre 2020 3 21 /10 /octobre /2020 06:00
Samuel Paty Conflans-Sainte-Honorine « Parfois on est sans voix. Ce n’est pas pour autant qu’on doit parler sans discontinuer pour essayer de démontrer qu’on existe.  Se taire fait moins de bruit. Se taire est un hommage. » Régis Jauffret

Conflans-Sainte-Honorine, ça résonne en moi !

 

Longtemps nous y sommes allés nous réunir, en séminaire de cabinet, dans une grande bâtisse, la MJC des Terrasses je crois, notre Ministre en était le maire. Michel Rocard fut maire de Conflans de 1977 à 1994, puis conseiller municipal de 1994 à 2001.

 

C’était le dernier cours de la journée, le dernier avant les vacances scolaires de la Toussaint aussi. Il était 14 heures, vendredi 16 octobre, lorsque Samia (le prénom a été modifié), 12 ans, a dit au revoir à son professeur d’histoire-géographie. « Bonnes vacances, monsieur ! », lui a-t-elle lancé avant de quitter l’enceinte du collège du Bois-d’Aulne, dans le quartier tranquille de Chennevières, à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Trois heures plus tard, l’enseignant de 47 ans, Samuel Paty, était retrouvé décapité en pleine rue, à trois cents mètres seulement de l’établissement scolaire, « sauvagement attaqué alors qu’il rentrait probablement chez lui à pied », commente un policier posté aux abords de la scène de crime.

 

C’est ici, au cœur d’un dédale de ruelles bordées de pavillons proprets aux haies bien taillées, au coin des rues du Buisson-Moineau et de la Haute-Borne, qui marque la frontière entre les communes de Conflans et Eragny, entre les Yvelines et le Val-d’Oise, que le drame s’est déroulé. Le témoin qui a prévenu les forces de l’ordre a d’abord cru que « la victime était un mannequin tellement la scène était surréaliste de violence », témoigne un policier.

 

L’horreur, la sidération, le chagrin qui serre le cœur, brouille les yeux, fait surgir l’instinct de vengeance, face à cette sauvagerie, cette barbarie, loin de celles et ceux qui, sur ces foutus réseaux sociaux, s’épandaient, se répandaient, comme Régis Jauffret je suis resté sans voix, me suis tu, oui « se taire est un hommage », le début du deuil.

 

J’ai exercé, et aimé, le métier de professeur tout au long de ma vie professionnelle, en 6e, 5e, 4e au CEG de Pouzauges comme prof à mi-temps pour payer mes études, puis en 2e, 1er, Terminales, BTS à l’école d’agriculture des Établières pendant l’écriture de ma thèse de doctorat, enfin pendant 3 ans à l’Université de Nantes comme prof associé auprès des 3e cycle.

 

Transmettre, expliquer, intéresser, quel beau métier ! Ce fut mon oxygène, et le souvenir de mes gamines, gamins de 6e m’offrant pour mon départ les très vieilles chansons de France, 33 tours de Guy Béart, reste l’un des meilleurs (dans mon portefeuille, outre l’histoire-géographie, j’assurais le cours de musique et de dessin)

 

Guy Béart - Vive La Rose - Les Très Vieilles Chansons De France (1966,  Vinyl) | Discogs

 

Je ne suis pas allé brandir une pancarte place de la République, certains sans honte n’y avaient pas leur place, l’immense majorité partageait mon profond chagrin.

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20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 06:00
L’ami JC Ribaut, architecte, m’attribue les propos de Pierre Lamalattie sur la flèche de Notre-Dame et Viollet-le-Duc et me transmets les écrits au vitriol d’un certain Syrus

On ne prête qu’aux riches, je ne suis guère expert en architecture contrairement à PAX, et ma chronique  du 16 juillet 2019 :

 

Paul Claudel rencontra Dieu à N-D de Paris moi, plus modestement, j’ai croisé sur 1 trottoir de Paris Pierre Lamalattie et je lui ai demandé de m’éclairer sur la restauration de Notre-Dame. ICI 

 

N’étais pas de mon cru mais de celui de Pierre Lamalattie, un gus très réactionnaire que j’avais eu comme interlocuteur au temps où j’étais directeur de cabinet.

 

Donc notre Jean-Claude Ribaut, architecte de formation avant de s’intéresser aux casseroles, peu adepte des réseaux sociaux découvre avec retard cette fameuse chronique et me met en lien avec un écrit d’un certain Syrus, pseudo emprunté, semble-t-il, à un poète du 1er siècle avant notre ère publié dans Chroniques d’Architecture :

 

Viollet-le-Duc

 

Notre-Dame : la flèche empoisonnée de Viollet-le-Duc

1 SEPTEMBRE 2020

 

1 SEPTEMBRE 2020

 

Reconstruire la flèche de Notre-Dame à l’identique n’est pas la solution de facilité à laquelle a fini par se ranger le président de la République en juillet 2020. Faut-il en effet re-boulonner Viollet-le-Duc, raciste en diable ? Qu’en pense le CRAN ?

 

Début juillet 2020, on apprenait qu’à la suite d’une réunion de la Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture, l’Élysée avait « acquis la conviction » (lire : avait changé d’avis) qu’il fallait restaurer la cathédrale à l’identique et allait même jusqu’à préciser : « le président a fait confiance aux experts et pré-approuvé dans les grandes lignes le projet présenté par l’architecte en chef (Philippe Villeneuve) qui prévoit de reconstruire la flèche à l’identique ». Exit donc, le concours d’architecture envisagé un temps pour faire entrer Notre-Dame dans la modernité (sic). Même Jean Nouvel approuve aussitôt par une tribune dans Le Monde.

 

L’architecte en chef, Philippe Villeneuve, partisan déclaré de la solution retenue, s’est habilement gardé de tout triomphalisme, alors même que devant la Commission des Affaires Culturelles de l’Assemblée Nationale, le 13 novembre dernier, le général Jean-Louis Georgelin, représentant spécial d’Emmanuel Macron, favorable, comme le président à l’époque, à un geste architectural contemporain, avait lâché la flèche du Parthe – chacun sa flèche ! –  contre l’architecte en chef, l’invitant sans ménagement à « fermer sa gueule ! »

 

Désavoué par le président, Georgelin allait-il démissionner ou, à son tour, fermer sa gueule, selon la jurisprudence Chevènement de 1991 ? Que nenni, il publiait dans la soirée du 9 juillet un communiqué approuvant docilement le choix de l’Élysée : « Je suis heureux que les Français, les pèlerins et les visiteurs du monde entier puissent retrouver la cathédrale qu’ils aiment ». Entre le sabre et le goupillon, le bouillant général choisissait l’aspersoir pour son homélie à l’eau bénite. Car il faut préciser, malgré ses discours de matamore, que le général Georgelin est oblat chez les bénédictins et membre de l’Académie catholique de France ! On songe au personnage de la Grande Duchesse de Gérolstein d’Offenbach, qui se présente bombant le torse, avec un air martial : « Et pif paf pouf, je suis le général Boum Boum ». Quelle rigolade !

 

La suite ICI

 

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19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 06:00

 

Si l’on ne m’avait pas offert À la merci du désir Last Notes from Home, publié par Monsieur Toussaint Louverture, en me la jouant à la Frederick Exley, l’auteur sarcastique et alcoolisé, je me suis dit, dans ma petite Ford d’intérieur, que je l’aurais acheté rien que pour la recherche extrême de son « packaging », couverture et 4e de couverture.

 

 

C’est de la sobriété raffinée, du naturel étudié, élégant, minimaliste, extrémiste, marque de fabrique d’un éditeur bordelais, à rebours de « l'incontinence éditoriale » actuelle. « Moi, je serais plutôt dans le tantrisme éditorial », Dominique Bordes. Il sort rarement plus de trois titres par an, dont beaucoup d'Américains inconnus. ICI 

 

 

 

Démonstration par l’image :

 

 

La production littéraire de Frederick Exley se résume à seulement trois romans:

 

  • Le Dernier stade de la soif (1968)

 

  • Pages from a Cold Island (1975)

 

 

  • Last Notes From Home (1988),

 

… et suffisamment d’articles de presse pour remplir un petit volume. Aucun de ces romans ne fut une réussite commerciale, et seul Le Dernier stade de la soif eut un succès digne d’être remarqué. Cette œuvre de qualité s’attira quelques lecteurs dévoués, elle fut lue et appréciée par des étudiants et des auteurs prometteurs, le phénomène est donc comparable à celui que connut le roman L'attrape Cœur de J.D. Salinger dans les années 1950.

 

« Exley mourut à Alexandra Bay le 17 Juin 1992 à la suite d’une attaque cardiaque. L’ensemble de son œuvre est toujours en attente de la critique approfondie qu’elle mérite. A ce jour, il n’existe aucun livre qui y soit consacré, ni aucune étude biographique, et peu d’essais sur le sujet ont vu le jour. Certains critiques considèrent Le Dernier stade de la soif comme étant le seul véritable succès d’Exley. D’autres trouvent dans toutes ses œuvres un jugement pertinent et approfondi de la culture américaine, une originalité stylistique, et un courage et une passion qui font de lui un grand écrivain. Larry McMurtry disait d’Exley qu’il était, « bien que plus brutal, une sorte de Dante américain. » 

 

 

Lire ICI

L A   V I E
D E   F R E D E R I C K   E X L E Y
C O U R T E   E T   E F F I C A C E
B I O G R A P H I E

J’ai donc découvert Exley en le prenant par son « dernier bout », soit le 3e volet de son unique triptyque et non son dard omniprésent*, et, une fois entré dans son dispositif narratif, « qui relie fiction et autobiographie, son écriture repose sur le mode de la confession », je n’ai pas été déçu et j’ai lu À la merci du désir Last Notes from Home à un rythme soutenu

 

* « Côté cul, ça ne débandera pas. Dialogue entre un barman et une serveuse, à Hawaï : «Dis-donc, je donnerais bien un mois de salaire pour dix minutes avec ça ! - Dix minutes avec ça te coûterait bien plus qu’un mois de salaire.» Quant au narrateur, il a un «petit jeu visant, à terme, à séparer Miss Robin Glenn de sa petite culotte». Ça va se faire. »

 

 

Page 293-294 Ex s’adressa à Alissa sa psy :

 

« Écoutes-moi bien, Alissa : la seule chose à peu près exacte que Robin avait retenue de toute l’histoire, c’est ce que portait la fille, et la fait que, ma génération ne connaissant pas la pilule, il y avait une peur panique de tomber ou de mettre enceinte, et par triples sauts temporels successifs, elle avait transposé cette anecdote aussi ridicule que cocasse…

 

(Ndlr. Faire ce que je voulais avec elle – une condisciple qui jamais ne m’avait jusque-là témoigné le moindre intérêt – se réduisait finalement (oh extase !), à l’embrasser, à jouer à touche-pipi (et encore, sans même pouvoir lui enlever sa culotte) et à me faire branler. Au cours de ce dernier exercice, elle me demande si j’ai un mouchoir, je dis non, elle file dans la cuisine, revient avec un torchon à vaisselle encore humide, et pendant que je décharge là-dedans, elle le laisse bien par-dessus, ses doigts étranglant mon gland et garde la tête tournée, tout en émettant des beurk et en répétant « dégueu, dégeu, dégue, beurk !... » )

 

une ou deux générations plus tard, à sa propre adolescence, bien plus « avertie ». Alors Robin commençait par me tailler une pipe, de façon à pouvoir garder sa tenue de teenager années quarante ; puis je soulevais sa jupe plissée gris acier, lui ôtais sa culotte, lui faisais un cunnilingus, après quoi elle me faisait à nouveau bander avec sa bouche, et comme par hasard, à dix-sept ens, elle avait sous la main un préservatif strié et un tube de lubrifiant (merde, moi je n’ai jamais entendu parler de lubrifiant avant mes quarante ans, par un ami pédé, un comédien que j’admirais beaucoup), et je la sodomisais pour éviter tout risque de grossesse, tout cela, bordel, étant censé se passer à Watertown, dans les années quarante. Écoutes-moi, Al, moi, vu l’âge que j’ai, jamais eu le cran d’aller voir de mes yeux ce qu’il y avait au milieu d’une paire de cuisses avant l’âge de vingt-cinq ans, jamais je n’ai fait de cunnilingus avant toi, et j’en avais alors vingt-huit, toi dix-sept et plus belle que jamais, sans vouloir te vexer, car aujourd’hui tu es bien plus belle, mais pas de la même façon. Et donc là, sur un lit, allongé nu auprès d’une Robin habillée, car elle avait quand même suffisamment d’imagination pour ne pas me demander, Dieu merci, que je sois moi-même accoutré comme je pouvais l’être à l’époque au lycée, elle commençait à me sucer, car jamais, vraiment jamais elle n’avait pu savoir cette simple vérité : sucé, je l’avais beaucoup été quand j’étais au lycée. Mais c’est là une autre histoire, une histoire qui ne parle pas à des givrées comme Robin, car dans cette histoire-là se mêle une tristesse incommensurable, un chagrin si profond qu’il réside dans ces noires abysses où se tapissent la malédiction de la vie, une bonne dose d’humour noir inévitable et une culpabilité si terrible que, même après toutes ces années, je ne suis pas capable de la regarder en face. »

 

Ceci est un échantillon représentatif  d’À la merci du désir/Last Notes from Home de Frederick Exley, qui pourra pour certains jouer le rôle de répulsif, pour d’autres d’hameçonnage, mes goûts, contrairement à ce que pensent les critiques du vin, ne sont que les miens et libre à chacun d’en l’usage qui lui semble opportun.

 

Comme il l’écrit dans Last Notes From Home, Exley est outré par le fait que l’Amérique soit devenue « un spectacle obscène », mais il réalise qu’il doit se confronter à la réalité de cette Amérique, quoi qu’il lui en coûte, et quoi qu’il en coûte à ses personnages. Pour quelques lecteurs, son succès tient à la critique qu’il fait de l’Amérique contemporaine, mais sa véritable force réside dans l’analyse impitoyable qu’il fait de lui-même, dans un style à la fois drôle et émouvant, et dans les portraits à la loupe des personnages que l’on croise au fil d’incidents riches de détails. Tous ces éléments constituent une voie formidable et unique dans la littérature américaine contemporaine.

 

Pourquoi le lire ?

 

« Parce qu'au fond heureusement qu'Exley ne reçut pas (ou ne crut pas recevoir) de son vivant la gloire qu'il méritait. On n'aurait pas eu droit au côté face de sa déprime abyssale et féconde. Parce que c'est rare, une dépression ambitieuse. Parce que le dégoût d'Exley, pour lui et l'univers, est largement partagé par le lecteur, et qu'on en est fou quand même. Parce que cette lecture défoule. Et parce que bien sûr qu'il faut vivre mal pour écrire bien. »

 

Le Dernier Stade de la soif", l'autobiographie cultissime du freak  Frederick Exley

 

Je vous propose l’excellent critique de Mathieu Lindon17 janvier 2020  dans Libération

 

FREDERICK EXLEY, ENTRE L’ENVIE ET LA MORT ICI 

Ça commence dans un avion vers Hawaï où le narrateur, qui s’appelle Frederick Exley comme l’auteur - lequel est né en 1929 et mort en 1992 et a publié deux volumes de «mémoires fictifs» avant celui-ci, le Dernier stade de la soif et A l’épreuve de la faim -, se retrouve coincé entre une hôtesse dont ce n’est rien de dire qu’elle est sexy et un Irlandais dont ce n’est rien de dire qu’il est ivre. Le sexe, l’alcool et les diverses déchéances qu’ils peuvent susciter sont au cœur d’A la merci du désir dont l’harlequinesque titre français est moins bien trouvé que les précédents de la trilogie (le titre original est Last Notes from Home).

 

Le narrateur fait le voyage des Etats-Unis pour assister aux derniers instants de son frère mourant (dont l’une des dernières phrases fut pour savoir «s’il y a quelqu’un qui a déjà dit à Dustin Hoffman qu’il en fait des tonnes»), frère aîné qu’il surnomme «le Général» quoiqu’il ne soit que colonel. Leur proximité fut fluctuante : «Il y avait des jours où je me demandais vraiment comment on avait pu sortir du ventre de la même bonne femme à trois ans d’intervalle.» C’était comme si, estime le narrateur à propos de la verve de son intarissable voisin avec une jambe dans le plâtre qui ne lésine pas sur les termes impolitiquement corrects, lui-même avait obtenu une audience du pape «et que ce dernier avait passé les cinq minutes allouées à me faire l’éloge de tous les avantages pour la santé (bonnes joues rouges, tranquillité d’esprit, sérénité) d’une participation régulière à des partouzes effrénées.» Côté cul, ça ne débandera pas. Dialogue entre un barman et une serveuse, à Hawaï : «Dis-donc, je donnerais bien un mois de salaire pour dix minutes avec ça ! - Dix minutes avec ça te coûterait bien plus qu’un mois de salaire.» Quant au narrateur, il a un «petit jeu visant, à terme, à séparer Miss Robin Glenn de sa petite culotte». Ça va se faire.

 

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18 octobre 2020 7 18 /10 /octobre /2020 07:00

Oui, on s'occupait d'hygiène sous Louis XIV

Depuis quelque temps sur mon « immense et incomparable blog » la mouche du coche a un contradicteur qui se plaît, comme à Roland – la terre rouge pilée de la porte d’Auteuil – à lui renvoyer la balle de ses commentaires, parfois en un revers le long de la ligne qui lui donne le point.

 

Ainsi sur la chronique : Louis XIV « le roi sans dents », le père Hollande fut un incompris, il condamnait les excès de sucre des Grands ! ICI   l’éminent PAX commentait : « Ils devaient également puer du bec tous ces braves gens. Quand on sait qu’on ne se lavait pas beaucoup non plus et que, à part quelques chaises percées, on se soulageait n’importe où, le monde du « beau linge » devait schlinger pas mal. »

 

Ce à quoi l’impertinent Pierre lui répondait :

 

« Pas mal de légendes urbaines courent cependant sur l'hygiène à Versailles au temps de Louis XIV. Rappelons que Versailles est à la pointe de la technologie mondiale du moment. Quelques éléments ci-après » :

 

Hygiène à Versailles : bain, dentifrice et chaise percée !

18 mars 2017 /

 

Une légende persistante veut que Louis XIV n’ait pris qu’un seul bain au cours de sa vie… De nos jours, la Cour du Roi-Soleil est particulièrement décriée pour son hygiène déplorable. Il est vrai qu’au Moyen-Âge, on se lave beaucoup plus souvent que sous l’Ancien-Régime, époque qui semble afficher une régression dans ce domaine. Mais les courtisans de Versailles sont loin d’être ces monstres de saleté, ces personnages crasseux et emperruqués qui se soulagent dans les couloirs et se parfument à l’excès dans le seul but de camoufler leurs odeurs corporelles.

 

L’eau et la propreté

 

Contrairement à une idée reçue, Versailles dispose d’arrivées d’eau courante dès le règne de Louis XIII, alors que le château n’est encore qu’un modeste relais de chasse. Pour son palais des merveilles, Louis XIV exige tout ce qui est à la pointe de la technologie, y compris en terme d’installations d’hygiène. Il dépense des fortunes colossales pour faire arriver l’eau jusqu’au château : l’eau pour le parc et ses innombrables fontaines, mais aussi pour les usages quotidiens, la nourriture et les ablutions. Le Roi n’oublie pas non plus sa capitale, puisque dans les années 1680/1685, il fait installer onze fontaines permettant aux habitants d’accéder à ce que l’on appelle alors l’eau « bonne à boire ».

 

Rappelons tout de même qu’à l’époque louis-quatorzienne, la peur de l’eau est très présente : on trouve de nombreux traités mettant en garde contre l’eau qui, en dilatant les pores, pourrait pénétrer à l’intérieur de la peau, contaminer les organes et transmettre des maladies… On préfère donc la toilette sèche : Louis XIV est frotté régulièrement avec une serviette parfumée imbibée d’alcool, qu’un courtisan lui présente religieusement au petit lever et au petit coucher.

 

En outre, la propreté n’a pas la même signification qu’aujourd’hui. Elle est alors plus proche de la notion de netteté : une apparence propre qui montre que l’on respecte son entourage, un visage, des mains et des pieds impeccables.

 

Ce qui nous semble peu « hygiénique » de nos jours se veut pourtant à cette époque le must de la bienséance : le monarque et ses courtisans changent de chemise jusqu’à cinq fois dans la journée ! Le peuple, qui ne peut pas se payer ce luxe, se lave donc plus souvent que les courtisans…

 

On se lave en revanche minutieusement les dents et la bouche : la bonne haleine est un signe de beauté ! Louis XIV par exemple se frotte régulièrement les dents avec un mélange astringent qui est en fait l’ancêtre du dentifrice : racines de bois de rose, de cyprès, du romarin ou du myrte, associés à des pâtes à base d’opium parfumées de plantes aromatiques telles que l’anis, la cannelle, le thym ou la menthe… Certains courtisans persistent cependant à se laver les dents avec du tabac (que l’on croit bourré de vertus désinfectantes !) ou avec de l’essence d’urine, ainsi que le conseille Mme de Sévigné à sa fille… On retiendra la méthode de Louis XIV !

 

La suite ICI

 

 

 

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Louis XIV et la propreté: une sale affaire ? ICI 

 

« Louis XIV ne se lavait pas », « les rois de France cachaient leur odeur sous le parfum »,… Dans l’imaginaire collectif, la monarchie française sent le soufre. Stanis Perez, historien spécialiste de l’hygiène à la cour nous aide à démêler le vrai du faux.

Quel aspect et quelle odeur avait le château de Versailles sous le règne de Louis XIV ?Le parfumeur de la cour

Quel aspect et quelle odeur avait le château de Versailles sous le règne de Louis XIV ? ICI
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17 octobre 2020 6 17 /10 /octobre /2020 06:00

 

Tandis qu’une nouvelle classe de marchands s’enrichissait (en grande partie grâce à la colonisation, au commerce impérial outre-mer), les habitudes de luxe se répandaient au sein de la classe supérieure ; on commençait à utiliser le sucre pour impressionner et distraire.

 

On ne sera donc pas surpris d’apprendre que les cours française et anglaise souffraient d’effrayants problèmes dentaires – caries et dents manquantes, gingivites, bouches édentées et visages défigurés – tous causé par le sucre.

 

Histoire générale des drogues, traitant des plantes, des animaux et des  minéraux... avec un discours qui

 

En France, Louis XIV, employait M.Pomet en tant que « pharmacien en chef » ; ce dernier publia plus tard, en 1694, Une histoire générale des drogues, un ouvrage traduit et publié à Londres dans une version augmentée en 1712. Il consacre cinq pages au sucre – sa nature, sa culture et ses usages thérapeutiques et culinaires. Outre le goût agréable qu’il donne aux desserts et aux boissons, il est, selon l’auteur, bon pour les seins et les poumons, pour soigner l’asthme, la toux, les reins et la vessie. Néanmoins – et sur ce point Pomet doit avoir soigneusement observé Louis XIV –, « il gâte et pourrit les dents ».

 

Le Roi-Soleil se lève encore | Livres Hebdo

Louis XIV peint par Rigaud : le portrait en majesté - Hyacinthe Rigaud  (1659-1743) : Le blog

 

En 1701, Hyacinthe Rigaud a peint un magnifique portrait de Louis XIV, le « Roi Soleil », alors âgé de soixante-trois ans. C’est une mise en scène majestueuse du pouvoir royal, accompagné de tous les symboles de la richesse et de l’autorité régalienne. Ce petit homme chauve semble de grande taille, la tête couverte d’une perruque frisée. L’habileté et les artifices déployés par l’artiste étaient néanmoins impuissants devant l’état de la bouche et des joues. Louis était « un roi sans dents ». Il les avait toutes perdues à l’âge de quarante ans, malgré les soins de son escouade de médecins qui lui prodiguaient les meilleurs traitements de l’époque. Alors qu’ils veillaient à son bien-être général, ils ne portaient aucune attention à sa consommation de sucre.

 

Élisabeth Ire, reine d'Angleterre (1558-1603)

 

Sous le règne d’Elizabeth 1er (1558-1603), le sucre était extrêmement populaire au sein de la société anglaise. On en mangeait et buvait en abondance (le Falstaff de Shakespeare aime ses vins doux, rendus plus suaves encore par l’ajout de sucre), et l’on se délectait de somptueuses manifestations de puissance et de prestige, où le sucre occupait une place de choix. »

 

En 1597, alors qu’elle a soixante-quatre ans, l’ambassadeur français note : « ses dents sont très jaunes et irrégulières. Il lui en manque beaucoup, au point que l’on a de la peine à comprendre lorsqu’elle parle vite. » Un an plus tard, un autre visiteur constate qu’elle a les dents noires. »

 

Ces dernières années, les archéologues ont montré que nos ancêtres ne souffraient pas de problèmes dentaire, comme on l’imagine souvent – du moins pas avant l’apparition du sucre raffiné. Étonnamment, on doit de précieuses données à l’éruption dévastatrice du Vésuve.

 

L’examen au scanner des ossements de trente personnes a notamment mis en évidence un état dentaire tout à fait remarquable. Les scanners, les rayons X et les autres analyses montrent que les victimes (hommes, femmes, enfants) n’avaient pas besoin de traitement dentaire ; peu d’entre eux souffraient de caries. Au moment de leur mort, leurs dents étaient très saines.

 

D’après Colin Jones : « Les bouches édentées étaient une réalité de la vie d’adulte dans l’Ancien Régime européen […]. Quand le sucre a gagné le bas de l’échelle en France, il a produit les mêmes dégâts.

 

The Times le 20 mars 2015 passe un message simple :

« LES DENTS POURRIES SONT LA RAISON SECRÈTE POUR LAQUELLE LES ADOLESCENTS NE SOURIENT PAS »

 

Louis XIV n’aurait pas été dépaysé, conclut James Walvin dans sa remarquable Histoire du sucre histoire du monde dont sont tirés ces extraits.

À suivre…

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16 octobre 2020 5 16 /10 /octobre /2020 06:00

Paola Abraini Stende mentre il Filindeu

Les « fils de Dieu », c’est littéralement le sens du mot sarde Filindeu.

 

L’origine du mot semble pourtant remonter à l’arabe « fidaws », ce qui signifie que les cheveux, précisément à cause de l'extrême minceur de ce type de pâtes. « fideu »à Valence du «fideos» espagnol.

 

Art très ancien, qui remonte à plusieurs siècles, une des plus anciennes traditions d'Europe alliant la simplicité des ingrédients : semoule de blé dur, eau, sel, et complexité technique entre les doigts des femmes sardes.

 

Eliot Stein, ICI  journaliste et écrivain américain, qui s’est rendu à Nuoro pour interviewer Paola di cui Abraini, 64 ans l’une des dernières gardiennes de cet art ancien, seulement cinq personnes aujourd'hui sont en mesure de réaliser à la main les filindeu, écrit :

 

« Loin de ses plages céruléennes, l'intérieur rocheux de la Sardaigne est un labyrinthe de fissures profondes et de massifs impénétrables qui protègent certaines des plus anciennes traditions d’Europe ».

 

L’essentiel de cette recette simple et extraordinaire, est le sens du toucher, c’est lui qui fait la différence, la mémoire des mains qui ont répété les gestes des milliers de fois, la sensibilité des doigts qui captent la texture de la pâte pour savoir si elle a atteint la bonne tension. Cette mémoire tactile permet de comprendre ce qu'il faut ajouter à la pâte, l'eau douce ou salée, et en quelle quantité. La chaleur de la main contribue à donner de l'élasticité à la pâte, de lui transmettre la vie, en faire une chose vivante.

 

Lorsque le mélange a atteint la consistance parfaite, il faut tirer les pâtes avec de grands gestes et, à partir d'une pâte unique, en 8 étapes, obtenir 256 fils très minces, qui sont ensuite superposés en trois couches sur des plateaux en bois forme ronde et aplatis. Autrefois les femmes utilisaient des feuilles séchées d’asphodèle entrelacées pour former un plateau. Le filindeu est laissé au soleil et à l'air pour sécher. Enfin, les brins de pâtes du parchemin sont cassés. Ils sont prêts à être consommé. Le filindeu est si mince que sa cuisson dure moins d'une minute. Traditionnellement le filindeu est jeté dans un bouillon mangent du mouton et assaisonné avec du pecorino frais.

 

Dans la tradition sarde, dans les villes de Nuoro et Lula, le filindeu est toujours offert à ceux qui participent au pèlerinage en l'honneur de saint François de Lula.

 

 

La grande écrivaine Grazia Deledda, prix Nobel de littérature en 1926 décrit la fête dédiée à saint François, et parle du filindeu et de la recette traditionnelle:

 

« Tout le blé accumulé est réduit au pain et à la soupe, une sorte de soupe appelée « filindeu ». c’est une soupe très spéciale pour ces vacances. Elle ressemble à un grand-voile et son nom signifie peut-être « fils de Dieu ». Le filindeu est assaisonné avec du fromage frais. Il est considéré comme presque miraculeux et est donné aux malades ».

 

Mais, me direz-vous, pourquoi ce matin nous faire tout un fromage à propos des filindeu ?

 

La réponse est là :

 

Les pâtes, une passion française ICI 

 

De recettes authentiques en plats sophistiqués, de trattorias en tables huppées, les stars transalpines prennent du galon au Panthéon de la gastronomie hexagonale.

 

Minestra de tubetti et cocos de Paimpol, tomates, n'duja et basilic, chez Passerini, à Paris, le 24 septembre.

Minestra de tubetti et cocos de Paimpol, tomates, n'duja et basilic, chez Passerini, à Paris, le 24 septembre. FREDERIC STUCIN POUR « LE MONDE »

 

« Il existe une variété presque infinie de pâtes. Elles sont différentes suivant les régions, les provinces, parfois d’un village à l’autre », Giovanni Passerini, chef de Passerini, à Paris.

 

La preuve :

 

 

Dans une rue sans âme du 15e arrondissement de Paris, il suffit de pousser la porte du Ristorantino Shardana ICI  pour découvrir toute la richesse des spécialités sardes. Aux commandes de cet établissement au look de paillote avec son faux toit de paille, un magicien de 32 ans, Salvatore Ticca, fait goûter pour une vingtaine d’euros des raretés exquises. Le patron, débordant d’enthousiasme, présente chaque variété comme un trophée, ces filindeu par exemple, des fils de semoule de blé très fins imbriqués puis séchés à plat, composant comme une feuille de matière textile. « Ce sont les pâtes les plus rares au monde, je ne connais que trois vieilles dames qui savent les fabriquer dans un petit village de l’est de la Sardaigne », explique le chef tout sourire qui les fait cuire dans un bouillon avec des morceaux de rascasse.

Ristorantino Shardana

134 rue du Théâtre
Paris 15e
Tél. 06 25 19 53 07
Carte : 45-65 €
Fermeture hebdo. : Lundi, dimanche
Métro(s) proche(s) : Emile Zola
Site: www.restaurant-shardana.fr

À la découverte des pâtes les plus rares du monde ICI 

Un petit détour par Nuoro, en Sardaigne, où seules trois femmes sont encore en mesure de fabriquer ces pâtes pas comme les autres.

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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 06:00

Reiser et l'écologie NE | Éditions Glénat

La bataille fait rage pour la reprise de Bio C' Bon ICI 

 

Carrefour, Auchan, Casino (via Naturalia)µ, Biocoop et la famille Zouari : la chaîne de 120 magasins bio suscite la convoitise. Le réseau est à l'agonie, mais ses emplacements sont excellents et le marché toujours porteur.

 

https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMDA5ZmRjY2VmYWZmZTRlYTQ2NzZiYThlNjYzMGE3MTQxMGQ?width=1260&height=712&focuspoint=50%2C25&cropresize=1&client_id=bpeditorial&sign=4bde59a8426bcf4128f5188bb900e62fa3308ab74d3e3cc399a0e12dc4cff460

*Naturalia retire son offre de reprise de l'enseigne Bio c' Bon

- L'enseigne bio du groupe Casino s'était associée à l'ancien patron de Monoprix Bernardo Sanchez Incera pour reprendre l'enseigne en redressement judiciaire. Elle pointe «des zones d'ombre» persistantes à propos de Bio c' Bon.

 

Le titre de cette enseigne m’a toujours fait sourire car c’est faux le bio n’est pas forcément bon ; depuis toujours adepte d’une consommation responsable et le plus possible locale, je n’achète pas mes fruits et légumes dans les magasins bio mais à Terroirs d’avenir dont les engagements vis-à-vis de ses producteurs-fournisseurs m’apparaissent fiables. Pour les produits carnés, le pain, le beurre, les produits laitiers même tarif j’ai mon carnet d’adresses, c’est parfois bio ou pas.

 

 

Pour autant, je suis depuis des décennies un ardent défenseur de la culture et de l’élevage propre, partisan des circuits courts permettant d’identifier et de vérifier les méthodes du producteur ou de l’éleveur, comme je l’ai précédemment écrit : le label bio est la porte ouverte aux prédateurs de la GD.

 

Pour le vin, même attitude, le refrain bio est un masque pour ceux qui continuent de faire du vin avec des poudres de perlin-pinpin. Je mets au défi les dégustateurs patentés, à l’aveugle de faire la différence entre un vin bio et un vin tradi, seul les vins nu qui puent sont sans souci identifiable (rires)

 

1 décembre 2016

Dans le vin : « Le cahier des charges de la vinification permet à l’industrie de bénéficier du label bio, tout en gardant des pratiques très interventionnistes » Lionel Labit Nature et Progrès… ICI 

 

5 mars 2018

L’appétit des gros pour le bio n’est pas nouveau : Carrefour est le n°1 Danone veut devenir le leader mondial. ICI 

 

 6 février 2019

Bio par ci, bio par là, les médias en font tout un plat, raisins bio, vins bio, mais le consommateur sait-il de quoi les sachants lui parlent ? ICI 

 

Les imposteurs du BIO - Brusset, Christophe - Livres - Amazon.fr

 

 

Comme le dit Christophe Brusset, ancien cadre de l'agro-industrie, déjà auteur de Vous êtes fous d'avaler ça !, dans une interview accordée à Pauline Vallée*, lors de la parution de son nouveau livre-enquête qui paraît le mercredi 7 octobre en librairie, Les imposteurs du bio, le bio est victime de son propre succès...

 

L'écologie selon Reiser dans une anthologie aussi hilarante que déprimante  | Le HuffPost

 

Les derniers chiffres de l’Agence bio montrent que, si les Français sont de plus en plus nombreux à manger bio, les deux tiers d’entre eux doutent de la fiabilité de ces produits.

 

À raison ?

 

Le cahier des charges actuel pour le bio est un contrat a minima, fait pour soutenir le marché, mais pas pour informer le consommateur ou tirer la qualité vers le haut. Les producteurs bio ne sont par exemple contrôlés qu’une seule fois par an. La nouvelle législation européenne [qui entrera en vigueur au 1er janvier 2021 ndlr] prévoit même d’abaisser la fréquence des contrôles à une fois tous les deux ans chez les "bons élèves".

 

La réglementation bio européenne s’applique à l'ensemble des membres de l'UE. Dans les faits, on observe de grosses disparités entre les pays. Le bio italien est complètement gangrené par la mafia, alors que le comportement des acteurs de la filière est plus vertueux en Allemagne, en Autriche et en Europe du nord.

 

L’intégralité de l’interview ICI 

 

Amazon.fr - Les imposteurs du BIO - Brusset, Christophe - Livres

Prix, mafia, faux certificats : enquête sur "les imposteurs du bio"ICI

Des amis, ­Christophe Brusset en avait encore "trop", alors il a eu envie "de faire un peu de ménage". Il plaisante, mais il est tout de même un brin inquiet. Car si cet ancien cadre de l'industrie agroalimentaire a cette fois décidé de s'attaquer aux "imposteurs du bio", il demeure un fervent défenseur de cette agriculture. 

 

"Je viens d'ailleurs de déménager en Autriche, pays le plus bio d'Europe, précise-til. Je veux juste secouer le cocotier." La recette d'un succès assuré, à en juger par les ventes (100.000 exemplaires) de son premier livre, paru en 2015, Vous êtes fous d'avaler ça!, dans lequel l'ex-acheteur de matières premières dénonçait les dérives des industriels de l'agroalimentaire, en s'appuyant sur des exemples spectaculaires (piment moulu aux crottes de rat, thé bio aux pesticides…)

Marges "hallucinantes", fraudes, opacité : quand le bio vire à l'imposture ICI

 

Plusieurs études très sérieuses ont été menées sur le sujet. Lorsque l’on compare le prix d’achat payé au producteur par les grandes surfaces, et le prix de vente en rayons, on s’aperçoit que les marges sur le bio sont largement supérieures à celles pour les produits conventionnels. Cela va jusqu’à 90 % pour certains fruits et légumes, ce qui est totalement hallucinant et injustifié !

CHRISTOPHE BRUSSET (auteur de "Les imposteurs du bio")

 

D’après de toutes nouvelles méthodes d’analyse, encore au stade expérimental, 80 % des denrées labellisées qui viennent de ce pays contiennent en fait des engrais de synthèse ! On est sur de la fraude à grande échelle.

CHRISTOPHE BRUSSET (auteur de "Les imposteurs du bio")

Les Zouari revalorisent leur offre pour Bio c’Bon [Exclu LSA] ICI

 

LSA s’est procuré la nouvelle lettre que viennent d’adresser les candidats Zouari et Gilles Pillet-Pellorce aux salariés de Bio c'Bon dans le cadre du projet de reprise de l'enseigne. Les potentiels repreneurs revalorisent leur offre et s’engagent désormais à reprendre 100 % du parc et des salariés. Ils détaillent également les axes de travail prioritaires.  

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14 octobre 2020 3 14 /10 /octobre /2020 06:00

20121009-Vignobles.jpg

Le sieur Jérémie Couston, ci-devant journaliste cinéma à Télérama, cosignataire d’un opus le Glou guide 3 proposant uniquement de nouvelles cuvées, du premier guide de vins naturels dont toutes les bouteilles présentées sont à moins de 15 euros, qui d’ailleurs n’a pas commis depuis un bail un article sur les vins nu dans les colonnes de ce magazine très comme il faut, auquel je suis abonné depuis Mathusalem, aurait dû conseiller aux faiseurs de titre de ne pas nous embeurrer avec l’érection future d’un Grand Cru dans la modeste IGP Île-de-France, reconnue depuis le 19 mai.  

 

Glou guide 3

 

Faut arrêter de nous la jouer sur le mode petit sécateur de notre cher Hubert, pour qui sonnent les cloches, ou de La Romanée-Conti du joyeux Aubert, ce goût immodéré de la presse de racoler avec des titres, qui se veulent accrocheurs, me gonfle. Pourquoi pas un classement type Saint-Émilion, ça donnerait du grain à moudre à Me Morain.

 

Les vignes de Suresnes font partie des plus anciennes et importantes de la région.

Les vignes de Suresnes font partie des plus anciennes et importantes de la région.  © Florie Castaingts - France 3 Paris Ile-de-France

 

Bref, pour ne rien vous cacher, ce qui m’intéresse dans cette affaire, c’est qu’avec la libération des droits de plantation à venir cette petite IGP va « faire chier » (désolé je suis vulgaire) les champenois et mettre un peu de clarté dans les étiquettes parisiennes :

 

« Attention toutefois de ne pas se mélanger les étiquettes avec certains vins de négoce, comme c’est le cas du « Petit Parisien » vu en rayon chez Monoprix. Ces flacons en trois couleurs, s’ils sont bien vinifiés et élevés intra-muros (rue de Turbigo, 3e) par les Vignerons parisiens, viennent de grains cultivés en vallée du Rhône notamment. Ils ne remplissent pas le cahier de charges de l’IGP IDF. Idem pour ce « Don Paris », un blanc pétillant concocté par la Winerie parisienne à partir d’un cépage… corse ! »

 

 

C’est dire si l’IGP fait du bien, car elle garantit un vin produit avec 100 % de raisins franciliens. Et des perspectives de ventes meilleures en matière de prix et de notoriété.

 

 

Bravo aussi à Patrice Bersac, président du Syndicat des vignerons d’Île-de-France.

 

 

Un grand jour également pour Patrice Bersac, président du Syndicat des vignerons d’Île-de-France. « Il mérite une statue », lance Daniel Kiszel à l’adresse de cet ingénieur Arts et Métiers, vigneron lui-même à Provins.

 

 

« Cette IGP, commente sobrement l’intéressé, est une excellente chose, car elle est le seul moyen de valoriser le travail du vigneron en lien avec son territoire. »

 

 

Aujourd’hui, l’aire de l’IGP IDF concerne 404 communes des huit départements de la région, auxquels s’ajoutent l’Oise et une frange de l’Aisne et de l’Eure-et-Loir.

 

En chiffres :

 

Selon le Syvif (Syndicat des vignerons d’Île-de-France), la superficie plantée en Île-de-France avoisine les 100 ha, dont 20 ha de vignes en Seine-et-Marne, 34 ha dans les Yvelines et un 1 ha dans le Val-d’Oise. Auxquels s’ajoutent des plantations dans l’Aisne et l’Oise (IDF viticole historique). L’IGP pourrait couvrir 1 000 ha en 2030 | www.syvif.vin/  

 

Où les trouver ?

 

Cuvées blanc et rouge du Domaine Bois Brillant, en vente au caveau de Vigne EnVie, 30, rue de la Brosse, 77 Guérard | 15 €/bout. | Rens., visite, dégustation et atelier : 06 16 93 31 14. |

Cuvées 2019 blanc et rouge du Domaine la Bouche du Roi, en vente en ligne ou au chai, 14, rue Saint-Jacques, 78 Davron | 23 €/bout. | Visite du domaine (2 h, sur rés., 49 €/pers.) : la-bouche-du-roi.com/

 

|

Le Clos du Pas Saint-Maurice, en vente (11-14 €/bout.) à l’Office de tourisme, 50, bd Henri-Sellier, 92 Suresnes, du mar. au sam., 10h-12h et 13h-17h | Visites gratuites de la cave en présence du vigneron | Rens. : 01 42 04 96 75. |

 

 

Pour réserver sa bouteille de Clos Ferout : ICI

 

Enfin le sous-titre ne casse pas trois pattes à canard aussi :

 

Une Indication géographique protégée vient saluer le savoir-faire de vignerons qui ancrent une production de qualité dans la région.

Article réservé aux abonnés  6 minutes à lire

Pierre Pinelli

 

Publié le 30/09/20 ICI

 

Vendange chez Daniel Kiszel à Guérard (77)

Vendange chez Daniel Kiszel à Guérard (77)

Léa Crespi

 

18 mars 2010

Le Vin de Suresnes : le passé, le présent avec Chopin sous la baguette du maestro Perico Légasse ICI 

 

« Rien ne surprend davantage un amateur de vin d’aujourd’hui*, que le réputation des vins d’Ile-de-France au temps jadis » Vins d’Argenteuil, du Laonnois, de Marly, de Meulan, de Montmorency, de Pierrefitte, de Deuil, de Saint-Yon, étaient connus : on savait distinguer ces crus les uns des autres.

 

Au commencement du XVIIIe siècle, Paumier, médecin normand, qui a écrit sur le cidre et le vin, ne parle qu’avec enthousiasme des vins français, car c’est ainsi que l’on désignait les vins de l’Ile de France. Il va jusqu’à leur donner la préférence sur ceux de Bourgogne : « Tout ce que peut prétendre celui-ci, dit-il, quand il a perdu toute âpreté, et qu’il est en sa bonté, c’est de ne point céder aux vins français ».

 

Le vin de Suresnes était l’un des plus connus de ces vins français.

 

« C’est le premier vin, dit, l’Encyclopediana, qu’on ait vanté en France. »

 

8 janvier 2010

On m'dit que Périco Légasse fait le vin de Suresnes mais pourquoi diable le maire recherche-t-il un vigneron désespérément ! ICI 

 

Pour moi y’a un lézard quelque part, je lis dans le Télégramme de Brest que la ville de Suresnes « cherche vigneron désespérément ». Fort bien me dis-je, puisque tout le monde en parle, y compris les télés, c’est donc terriblement important comme info, même si les vendeurs de papier ou d'images nous servent tous la même tartine avec la même confiture dessus. Je cite le Télégramme : « A cinq kilomètres de la Tour Eiffel, Suresnes est à la recherche d'un vigneron pour s'occuper de ses 4.800 pieds de vigne, étendus sur un hectare, sur les pentes du Mont-Valérien. La grimpante rue du Pas-Saint-Maurice mène aux vignes municipales. Avec vue sur le Sacré-Cœur et la Tour Eiffel. Au milieu, un bâtiment moderne abrite la cave, réalisée d'après les plans de l'œnologue Jacques Puisay (sic).« Depuis dix ans, nous produisons dans les règles de l'art du vin, autorisé à la vente. L'Institut français du vin (sic) nous aide à constituer un dossier pour l'obtention du label d'Identité géographique protégée, souligne Jean-Louis Testud, adjoint au maire de Suresnes, en charge des vignes depuis 1983. »

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 06:00

 

Un peu de géographie de la Vendée pour les Nuls :

 

  • Soullans c’est tout près de Challans dans le Marais Breton cher à René Bazin.

 

  • Olonne-sur-Mer c’est la « banlieue » des Sables-d’Olonne, sur la côte, souvent sauvage, qui borde le bas-bocage dont la Mothe-Achard est l’un des derniers patelins. Pour nous y rendre, en car Citroën, nous passions par Saint-Mathurin.
  •  

 

 

Souvenirs

 

Le beurre de la Tante Valentine baratté à la main dans un tarrasson de crème fraîche, salée au gros sel, posée dans sa dorne, égoutté puis tassé dans un moule en bois dentelé lui imprimant des petites fleurs, empaqueté dans du papier sulfurisé, stocké dans la garde-manger de la souillarde et mangé par votre serviteur sur des tartines de pain de quatre de chez Remaud au petit-déjeuner et au goûter avec des carreaux  de chocolat Poulain.  

 

26 octobre 2006

 

Le bon beurre de la tante Valentine...ICI 

 

 

 

Lorsque la sonnette de l'écrémeuse commençait à tinter, ma chambre était au-dessus de la laiterie, je savais que la crème allait commencer de s'épandre dans le tarrasson. La tante Valentine, préposée au beurre, après en avoir fini avec l'écrémeuse, déposait le tarrasson de crème au frais et lorsque celle-ci était raffermie, elle y jetait une poignée de gros sel, puis assise sur une chaise paillée, à la main, elle barattait avec un pilon de bois.

 

 

Tant que j’ai vécu au Bourg-Pailler je n’ai accepté de manger que du beurre de la tante Valentine ; à la Mothe-Achard il y avait le vendredi un marché au beurre sur la place des Tilleuls près de l’église Saint-Jacques où les fermières venaient vendre leur beurre aux négociants approvisionnant les BOF. Mémé Marie, qui vendait ses poulets au marché de volailles sur la place du vieux château, n’y a jamais mis les pieds, la charité chrétienne ne l’empêchait pas de dire que beaucoup étaient rances et que certaines y glissaient un peu de purée de patates, et c’était pure vérité.

 

Marie-France Bertaud c’est un blog :

 

UNE CUILLERÉE POUR PAPA ICI 

Texte de Marie-France Bertaud sur Face de Bouc ICI

 

 

Il faut que je vous parle d'un magasin à la ferme vraiment formidable. C'est à Olonne-sur-Mer et il s'appelle la Ferme de la Goulpière. C'était ma première visite, j'ai été conquise !

 

Voilà qui me conforte plus que jamais dans mon choix de faire travailler directement les producteurs.

 

La ferme de la Goulpière, c'est une affaire familiale. Parents, enfants, gendres... tout le monde s'implique avec passion et chaque génération apporte ses connaissances pour faire évoluer l'affaire, de manière positive, en gardant toujours les mêmes valeurs du départ, transmises par les parents.

 

Valeurs de la qualité du produit et du respect du client. Des produits certifiés "bio" depuis déjà belle lurette.

 

Donc, à la Ferme de la Goulpière, on y trouve de tout ou presque. De la viande de boeuf, du porc, de la volaille en direct de la ferme et transformés sur place.

 

Mais aussi des oeufs, du lait cru- on se sert directement à une "bonbonne" dans des bouteilles en verre consignées, ainsi que des laitages maison, des fromages excellents affinés dans une salle de halage à l'arrière du magasin et du beurre, du vrai moulé à la baratte ! Trop trop bon !

 

Et on y trouve aussi des fruits et légumes et produits d'épiceries provenant de producteurs locaux.

 

La qualité tient toutes ses promesses. J'ai préparé un énorme poulet fermier dont je vous donnerai prochainement la recette. je me suis régalée avec la crème chocolat.

 

Bref ! Je vous recommande chaudement cette adresse formidable à laquelle je consacrerai un article plus complet sur le blog, parce qu'elle le vaut bien.

 

Ferme de la Goulpière - route de Sainte-Clementine en direction de Sainte-Foy à Olonne-sur-Mer ICI

Les photos sont de Marie-France Bertaud

 

 

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12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 07:00

Le domaine de Casabianca (469 hectares, dont 228 de vignes) sur la Plaine orientale de la Corse.

Je ne m’explique pas comment ce livre, les INVISIBLES d’Antoine ALBERTINI, publié en mars 2018, a pu échapper à ma veille corse. Sans vous tartiner de nouveau mes souvenirs de « monsieur agriculture Corse » sous l’égide de Michel Rocard, vous reporter ICI, je me souviens de la journée passée, comme témoin dans l’affaire du détournement des crédits agriculteurs en difficulté, dans le cabinet du juge Duchaine. « Comment expliquez-vous que l'Etat ait pu consacrer plus de 440 millions de francs à la mesure [Nallet], alors que l'enveloppe prévue était de 185 millions ? » m’avait demandé le magistrat.

 

© Photographies Yann Rabanier

 

J’avais expliqué au juge Duchaine, une pointure ICI , la mécanique infernale qui présidait à l’attribution de ces aides, tout comme des prêts (faux) du Crédit Agricole ICI : les représentants officiels de la profession agricole, dont tout le monde savait qu’ils étaient « pourris » jusqu’à l’os, le président du plus puissant Office Corse par exemple, tenaient le haut du pavé, faisaient financer des boîtes de nuit ou l’achat de terre en Amérique du Sud, et les pouvoirs publics fermaient les yeux. L’heure était au combat contre les nationalistes, nettoyer les écuries d’Augias n’était pas à l’ordre du jour. Simple remarque, toutes ces procédures n’ont débouchées sur aucune condamnation.

 

« Se revoit-il quinze ans plus tôt, alors magistrat à Bastia, perquisitionner ce même ministère de l’Économie et des Finances dans l’affaire des faux prêts du Crédit agricole en Corse ? »

 

Les invisibles, du Maroc à la Corse

 

Les invisibles, du Maroc à la Corse | Le Club de Mediapart

15 MARS 2018 par D. CODANI BLOG : DIDIER CODANI blog de Médiapart

 

Pour les lecteurs du continent, le tableau clair et net que peint Antoine ALBERTINI à coups de clavier et de stylo est surprenant. Ils découvrent que le gros des immigrés dans la plaine orientale de Corse (Marocains pour la plupart) ne sont pas des « parasites de la société » vivant d’allocations, mais de vrais ouvriers agricoles discrets, efficaces, exploités autant sinon plus par leurs « compatriotes » qui les font payer à l’avance depuis le Maroc pour les « présenter » à un éventuel « employeur » Français et ensuite pour les « loger » dans des taudis immondes, que par quelques patrons « négriers ».

 

Ce livre est spécial, d’abord parce qu’il nous trompe, et ensuite parce qu’il a raison de tenter de nous tromper.

 

Précisons tout de suite que je l’ai lu entièrement.

 

Vivant en province, j’ai cru cette formalité indispensable.

 

Disons aussi un mot de l’auteur, que je connais en personne un peu plus que juste de réputation. Correspondant du journal « Le Monde » c’est pour certains la bénédiction des bien – pensants. Donc forcément il va nous décrire, sur du papier de soie, dans une novlangue de qualité, des clichés bien cadrés à gauche.

 

Essayer de classer Antoine ALBERTINI à gauche ou à droite en commentant  son bouquin… c’est un peu comme prendre un peigne et se demander si on va lui faire la raie à gauche, à droite ou au milieu. Ceux qui connaissent l’artiste de visu comprendront tout de suite que c’est impossible !!!

 

La suite ICI 

 

« Ce n’est pas un Cluedo. On ne cherche pas à savoir si c’est le colonel Moutarde avec un chandelier dans la bibliothèque. C’est moins cette enquête criminelle-là qui prend le dessus que le besoin de comprendre comment fonctionne ce système clos sur lui-même des invisibles sur la Plaine orientale. Et c’est là que je me dis que le sujet d’enquête est là », indique Antoine Albertini.

 

« La violence quand elle s’exprime sur des heures de travail, sur des travails mal payés, sous-payés, des conditions de vie déplorables, c’est déjà une grosse violence. Mais là en plus quand on s’aperçoit que ça peut aller jusqu’au crime, on se dit que l’on franchit un pas », explique Grégoire Bézie qui a travaillé sur l'enquête avec Antoine Albertini.

 

Avec Les Invisibles, l'auteur n'espère pas résoudre la situation en Plaine orientale mais peut-être plus simplement une prise de conscience de tout un chacun. « J’ai voulu exposer un problème, une situation et dire aux gens : ‘À côté de vous, à 6, 10, 30 kilomètres de là où vous habitez, parfois à deux pas il y a des gens qui vivent dans des taudis. Ils sont exploités, parfois battus et qui sont humiliés », continue Antoine Albertini.

 

Selon le journaliste, les autorités seraient réticentes à agir puisque ce système soutiendrait des pans entiers de l'économie corse. Les invisibles ne sont pas prêts de disparaître

 

La côte orientale

 

LA PLAINE ORIENTALE

 

« Il existe deux manières de considérer la Plaine orientale de la Corse, une bande de terre de dix kilomètres de large sur près d’une centaine de long, qui s’étire depuis le sud de Bastia jusqu’aux plages de sable blanc de Porto-Vecchio et Bonifacio, le long de la route territoriale numéro 1O, que tout le monde continue d’appeler la « nationale » ou la « quatre-voies ».

 

La première consiste à quitter cet axe routier très fréquenté pour emprunter les routes secondaires. À l’ouest, vers l’intérieur des terres, on découvre de magnifiques villages aux placettes veillées par d’antiques chapelles et de vieilles maisons de pierre qui refusent obstinément de n’être plus rien. De la Casinca au Fium’Orbu, ce côté-ci du paysage offre d’immenses châtaigneraies, des fleuves et des rivières – le Fium’Altu, l’Alesani, la Bravona – où fraient parfois les saumons de fontaine dans l’ombre des forêts et de bouquets de chênes verts, de frênes, d’ifs et d’arbousiers. On y cueille l’asphodèle et la digitale pourpre, l’hellébore, l’immortelle, c’est une région de parfums et de saisons encore respectées, de légendes et de clochers centenaires, une terre riche et accueillante où l’on a longtemps pratiqué le partage des cultures, où vibre encore un peu de l’âme corse.

 

Dans la direction inverse, c’est-à-dire en se rapprochant de la côte, on quitte la RT 10 pour approcher les endroits du littoral encore préservés. Au bord des étangs de Diana, de Palu ou d’Urbinu, d’où les patriciens de la Rome antique faisaient venir leurs huîtres, il est encore possible d’apercevoir des colverts et des sarcelles, des foulques, des compagnies de grands cormorans et les silhouettes précieuses des flamants roses, quelques tortues d’Hermann, des busards des roseaux et des hérons pourprés qui s’attardent au crépuscule sous le ciel embrasé.

 

Mais la plupart des visiteurs qui traversent la région ignorent tout de ces merveilles. Ils se contentent de filer à 110km/h le long de la nationale pour faire halte dans n’importe quel Canaan pour touristes décavés semés au bord de la mer. À l’intérieur de la berline familiale aux vitres remontées, la climatisation poussée à fond, le soleil des congés payés laisse entrevoir les percées urbaines et des dizaines de campings, une enfilade de centres commerciaux et de stations-services ponctués de panneaux criards annonçant des opérations immobilières en cours et leurs infinies déclinaisons de « dispositifs fiscaux avantageux », les lotissements aux murs jaunâtres et rose tendre, un fort contingent de résidences hôtelières défraîchies et de centres de vacances à la mode des années 70, tout ce que l’industrie des loisirs peut offrir de médiocrité urbanistique et esthétique.

 

C’est ici que l’île a entamé son agonie et, paradoxalement, c’est ici que se dessine son futur, un avenir proche et désincarné où les métastases périurbaines coloniseront définitivement le territoire en lançant leurs « ensembles résidentiels » à l’assaut des piémonts encore vierges, où le littoral se prostituer à la spéculation effrénée des marchands de loisirs – un cauchemar pavillonnaire jalonné de snacks pour vacanciers fauchés, de grandes surfaces et de désillusions. »

 

MAIS

 

« La plaine orientale est aussi la première région agricole de l’île, particulièrement à proximité immédiate de Ghisonaccia et d’Aleria, ses deux « capitales historiques ».

 

[…]

 

« … en 2010 (…) la production brute standard, indicateur qui imite le PIB en matière d’agriculture, s’y établit à 67,28 millions d’euros : c’est la moitié des sommes générées par l’agriculture dans toute la Corse Au nombre de 162, les grandes exploitations y sont majoritaires, quand presque partout ailleurs prédomine le modèle d’une agriculture familiale et montagnarde.

 

On y compte plus de cinq cents exploitations viticoles et arboricoles, plus de six mille hectares cultivés (et deux mille de plus si l’on inclut les terres du nord de la Plaine, en Casinca) : c’est davantage que toutes les surfaces cultivées de tous les terroirs de l’île et, note l’Atlas agricole de la Corse, « un tiers des surfaces agricoles dédiées à l’arboriculture et près des deux tiers de celles dédiées à la viticulture ». À quoi il convient d’ajouter plus de mille hectares de cultures céréalières, quatre cent cinquante de maraîchage, un cheptel de 45 000 vaches, chèvres, brebis. 

 

Ce petit miracle économique a été rendu possible par le développement de l’irrigation et de l’assèchement des marais insalubres, entamé puis abandonné par l’État en 1935 avant que l’armée américaine ne règle définitivement la question à coups de DDT lord de la Seconde Guerre mondiale… »

 

C’est une autre histoire, importante pour l’émergence du nationalisme en Corse : « En 1975, le point de rupture est atteint lorsqu’une maigre troupe de l’Action régionaliste corse emmenée par Edmond Simeoni, un jeune et charismatique médecin bastiais, investit la cave d’un rapatrié impliqué dans un énième scandale financier, à Aleria. Les guérilléros de circonstance sont treize, pas un de plus, armés de pétoires de chasse et d’un drapeau à la tête de Maure. Leurs intentions sont claires : lassés de prêcher dans le désert, ils souhaitent attirer des médias jusque-là peu sensibles à leur cause et plier bagage après une conférence de presse.

 

Mais en guise de réponse, le prince et ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski dépêche sur place un corps expéditionnaire de deux mille gardes mobiles et CRS appuyés par des hélicoptères et des blindés légers. L’assaut est donné dans l’après-midi d’une journée d’août 1975. Deux membres de l’ordre y perdent la vie. Le docteur Simeoni est emprisonné après avoir exigé la liberté pour ses camarades.



22 août 1975 - La Corse ensanglantée - Herodote.net

22 août 1975

La Corse ensanglantée

ICI

Le nationalisme corse vient de naître.

 

Dans la Plaine orientale. »

 

Amazon.fr - Aleria 1975, tome 1 : Escrocs fora ! - Frédéric Bertocchini,  Michel Espinosa - Livres

La France organise un pont aérien pour faire venir plus de 900 saisonniers marocains en Corse ICI

Pour sauver les récoltes de clémentines, les agriculteurs corses ont financé cinq vols devant acheminer ces travailleurs agricoles. Un protocole exceptionnel a été mis en place.

Chiffres clés édition 2019

XI ème édition de l’annuaire agricole corse réalisé en collaboration avec l’ODARC et la Chambre régionale d’agriculture de Corse. Bilan de campagne 2018 des principales productions végétales et animales, l’ouvrage propose une présentation synthétique des données et de leur évolution sur cinq années aiLe « Panorama de l'agriculture en Corse » un document essentielnsi qu’un résumé des faits marquants de la campagne n-1.
Corse - Le domaine viticole de Casabianca vendu à la Safer ICI

Le domaine de Casabianca, présenté comme l'un des plus grands domaines viticoles de Corse, placé en liquidation judiciaire depuis janvier 2017, a été vendu sur décision de justice à la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer).

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