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1 novembre 2020 7 01 /11 /novembre /2020 06:00

Tasses à Café - Louise et Juliette - Location vaisselle vintage

Les questions des tout petits qui ont tout à découvrir tout autour d’eux, pour y associer des mots nouveaux après avoir ingurgité l’alphabet, assemblé des mots pour en faire des phrases, d’abord parlé : des questions, plein de questions, puis calligraphié, même si l’écriture scripturale est en forte régression au profit du clavier français (AZERTY) vers le clavier américain (QWERTY).

 

La question qui m’a toujours ravie, autour du Grand Bassin du jardin du Luxembourg, « Maman les bateaux ont-ils des jambes ? »

 

Maman les p'tits bateaux - Il était une histoire - IEUH

 

Ce matin, au lieu de m’intéresser, comme les zozos des réseaux sociaux, aux queues de cerise, j’ai décidé de me pencher sur les queues des tasses.

 

La tasse à café ou à thé, cette dernière plus rare dans ma Vendée crottée, fait partie de mon patrimoine génétique. En effet, le mariage, institution hautement sanctifiée car officiellement, en vertu des lois de l’Eglise romaine, c’était l’autorisation de pécher entre femme et homme, avec l’autorisation du clergé, sans trop de plaisir toutefois, juste pour perpétuer l’espèce.

 

Les agapes de mes parent, pour leur mariage, durèrent 3 jours à la Célinière, on avait tué le veau gras, tapissée la grange de draps blancs, fabriqué des fleurs en papier, engagé un joueur d’accordéon…  Dans la grande salle de la métairie, sur une grande table, s’étalaient les cadeaux de mariage.

 

La star des cadeaux de mariage étant la ménagère, dans un écrin tapissé de soie blanche, soit la batterie des fourchettes, des cuillères, des petites cuillères, des couteaux, de la louche… etc. venait ensuite l’imposant service de vaisselle complet dans lequel on trouvait le service à café.

 

Ménagère en argent du XIXe siècle. - 290110 - Expertissim

 

La qualité de l’argenterie au poids et au poinçon, ou plus simplement en métal argenté, porcelaine ou faïence, étaient tout comme le cristal du service de verre, la marque de l’importance des auteurs du cadeau.

 

Au Bourg-Pailler, nous avons lors des fêtes de famille, mangé et bu dans de la belle vaisselle et de beaux verres. Maman en prenait un soin extrême.

 

Les tasses à café en porcelaine étaient fines et translucides, et bien sûr dotées d’une queue.

 

Je n’ai jamais posé la question à mes parents du pourquoi de cette queue, ça allait de soi.

 

Grand service à café LIMOGES blanc & or - Le palais des bricoles

 

Offrir un « service » remonte au XVIIIe siècle, avec la création des faïenceries, puis des porcelaineries. La pratique se généralise au siècle suivant lorsque la pratique du moulage permit de passer de la fabrique à l’industrie, en particulier à Limoges.

 

C’est au Siècle des Lumières, en Europe, que les petits gobelets munis d’une anse ont été codifiés. Ils représentent les contenants d’une nouvelle pratique : la consommation de boissons chaudes d’origine exotique, le thé, le café et le chocolat. Ils dérivent des récipients utilisés par les sociétés inventrices de ces boissons, mais avec de notables modifications pour les adapter aux manières de tables européennes, dont l’anse, ce petit crochet qui permet de saisir une tasse à thé, à café ou à chocolat. La tasse ainsi appareillée est né lorsque l’Europe se convertissait à la consommation de boissons chaudes d’origine exotique. Thé, café, ou chocolat, issus des cultures tropicales, sont au début du siècle des produits encore rares, donc chers. Nourritures stimulantes, surtout que la pratique européenne les associe au sucre, voire au lait, à la différence de leurs sociétés d’origine…

 

Je saute sur l’occasion de la référence au sucre pour évoquer un objet-culte des cadeaux de mariage : la pince à sucre.

 

ancienne Pince à sucre argent – Luckyfind

 

Pour en savoir plus lire Cabinet des curiosités de l’histoire du monde : Un demi-cercle banal et original : l’anse de la tasse.

 

Cabinet de curiosités de l'histoire du Monde - Christian Grataloup

 

Et dans l’Histoire du sucre histoire du monde le chapitre : Thé ou café ? l’accord parfait

 

Histoire du sucre, histoire du monde – La porte de l'histoire

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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 06:00

 

BYRRH (Porte Puymorens 66 ) ICI

Les 2 Sèvres sont sortis de l’anonymat grâce à Ségolène ICI et son chabichou…

 

Chabichou du Poitou - AOP - fromage de chèvre d'Appellation d'Origine  Protégé | Fromage de chèvre, Fromage, Chèvre

 

La Vendée a failli se nommer les 2 Lays

 

« On n’avait pas de cours d’eau important, sauf le Lay (…). Mais le nom du département du Lay sonnait mal à l’oreille ; et comme il y a le grand et le petit Lay, le rapporteur proposa le nom de Département des Deux-Lays. C’était logique après l’appellation Deux-Sèvres. Deux députés de l’Ouest, Larevellière-Lepeaux et Alquier, bondirent furieux, injuriant le rapporteur, lui reprochant véhémentement de les ridiculiser par un affreux calembour.  Il faut savoir que les deux députés n’avaient physiquement que des rapports extrêmement lointains avec Apollon, fût-il du Belvédère. Et dans l’appellation des Deux-Lays (les deux laids), ils trouvaient une injure personnelle... On finit par où on aurait dû commencer : chercher un autre nom… »

 

Houellebecq, dans son roman « Sérotonine » a écrit : « Niort, l'une des villes les plus laides qu'il m'ait été donné de voir »

 

Niort la capitale des Mutuelles.

 

Parthenay longtemps le plus grand foirail à bestiaux de France où mon père se rendait pour mieux vendre ses bêtes.

 

Thouars le terminus de la Micheline La Mothe-Achard-Chantonnay où ma sœur était en pension.

 

Depuis bientôt deux cents ans, la Petite Eglise de Vendée se maintient en dissidence de l'Eglise catholique. Créée en 1801 dans le département des Deux-Sèvres, en réaction au Concordat signé par Napoléon avec le pape, elle compte aujourd'hui trois mille membres, et continue à observer le culte catholique tel qu'il était pratiqué avant 1789. Pour combien de temps encore ? ICI

 

Melle où le mouvement des Paysans-Travailleurs prit naissance après mai 68, j’y étais.

 

La Venise Verte.

 

Le Marais Poitevin : où est-ce ? – Venise Verte

 

Et puis vint Mathias Enard et son roman La confrérie annuelle des fossoyeurs, qui suit le parcours d'un jeune ethnologue, David Mazon, qui se rend dans la campagne niortaise pour observer son "terrain" de recherche et effectuer des entretiens qui nourriront son travail de thèse, dont le sujet est la vie à la campagne.

 

Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs

 

À travers le parcours de ce scientifique en herbe découvrant son « Nouveau Monde », comme il l'appelle, plongée hors de sa zone de confort parisienne pour découvrir la ruralité contemporaine, ce sont toutes les formes de vies présentes et passées de cet univers rural que l'auteur saisit. En effet, non seulement a-t-on accès au journal de bord du personnage, qui se prend pour un Lévi-Strauss narrant ses aventures en terre indigène.

 

Les 300+ meilleures images de Publicité murale Ancienne en 2020 | publicité,  parement mural, peindre mur

 

Un échantillon : pages 107-108

 

Il était donc de bonne humeur en poussant la porte du bar, il salua Thomas ; Thomas répondit d’un air enjoué au salut du maire, lui serra la main par-dessus le comptoir et se retourna pour préparer l’apéritif anisé que Martial affectionnait et dont la présence dans ces contrées remontait aux années 1960, à en juger par les cendriers et les carafes en plastique jaunes et bleues que es représentants distribuaient alors avec largesse, tout comme ils arrosaient aussi largement les kermesses et les buvettes des équipes de football. Autrefois on buvait son propre vin, sa propre gnôle, sa propre épine, ou des boissons oubliées, dont les publicités peintes pâlissent encore parfois sur les murs des bourgades, Fernet-Branca, Dubonnet et Byrrh, cordiaux qu’aujourd’hui seules une nostalgie incurable ou une âme d’explorateur peuvent pousser à ingurgiter. Le maire ne crachait pas, de temps à autre, sur une gentiane, il lui arrivait même d’en verser une larme dans son pastis, ce qui donnait un cocktail paysan appelé, pour sa couleur étrange, « mazout agricole » par les connaisseurs, mais ces fantaisies étaient plutôt pour le soir ; il se limitait, avant le déjeuner et juste pour les jours de relâche, à une ou deux verres pour se mettre en appétit, et on l’entendait dire plaisamment qu’il était sobre comme un gendarme, ce qu’il ne dirait certainement pas ce matin-là, puisque les gendarmes étaient au comptoir : deux d’entre eux sirotaient un petit noir que Thomas avait rallongé discrètement de calva ; ils appréciaient ce geste depuis qu’un règlement tatillon leur interdisait de boire en public et en uniforme et les contraignait à prendre l’apéro au bureau, toujours entre soi. C’étaient deux représentants d’une espèce éteinte, leurs jeunes collègues étant sportifs, disciplinés et rigides là où ces anciens étaient bedonnants, feignants comme des couleuvres et amicalement corrompus : longtemps, ils s’étaient arsouillés uniquement avec les bouteilles de pastis et de whisky offertes en contrepartie de leur indulgence pour les peccadilles routières, de leur mansuétude quant aux délits de distillation clandestine ; pour le braconnage, ils fermaient gentiment les yeux contre la promesse qu’on n’y reviendrait plus et une partie du butin, car au fond, tous ces contrevenants étaient de braves gars, point des malfrats ou des métèques, et ne méritaient donc pas toute la rigueur de la loi. Les deux cognes n’étaient donc ni les plus vifs, ni les plus méchants des argousins ; ils n’étaient pas du coin originaires l’un des environs de Ruffec et l’autre de Thouars autant dire du bout du monde, mais il y avait si longtemps qu’ils officiaient dans les parages qu’on oubliait presque ce détail, car la plupart de leurs camarades et officiers venaient des quatre coins de la France : le chef de détachement de Coulonges par exemple, était un véritable gendarme de journal télévisé à l’accent chantant, originaire des Pyrénées-Orientales, fils de contrebandier : il avait donc toujours su qu’il entretiendrait une relation étroite avec la loi, tout en ignorant de quel côté.

 

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28 octobre 2020 3 28 /10 /octobre /2020 06:00
Le LULU de Bouju est bien bu merci petit Jésus…

Sur les réseaux sociaux vineux, tel le Lou ravi de la crèche ou la Bernadette Soubirous de la grotte de Massabielle, les yeux tournés vers le ciel, je suis aux anges qui, comme vous le savez par bonheur n’ont pas de sexe, face à la controverse à propos du langage du vin : sexiste, raciste et classiste ? ICI

 

Ça me laisse de glace, non par indifférence ou machisme indécrottable mais tout bêtement parce que je ne pratique pas le langage du vin, je ne cause pas son vocabulaire, le vin je le bois laissant aux sachants, quel que soit leur sexe, le monopole de son langage.

 

En dehors de l’entre soi du petit marigot du vin, d’un penchant nombriliste prononcé, de l’irruption des hallebardiers féministes de la 25e heure, j’en connais qui feraient bien de fermer leur clapet, cette tempête dans un verre de vin ne me semble guère faire avancer la cause des femmes. Ce n’est que mon avis mais je le partage, ça suffit à mon bonheur.

 

Pourquoi une telle introduction me direz-vous ?

 

Tout simplement parce que je recherchais une rime en U pour mon titre…

 

Bien évidemment je m’abstiendrai de livrer celle qui allait de soi dans la bouche, si j’ose m’exprimer ainsi, des mâles blancs de bord de bar, je ne suis pas candidat à la lapidation tel Marie de Magdala la pécheresse, ou a être criblé de flèches comme Saint Sébastien.

 

MARRY MAGDALA PENITENT

Denis Michalet
Marie Madeleine Pénitente, 1768, Laurent Pécheux, huile sur toile, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse.

 

 

Dans le monde du vin seules les vigneronnes ont vraiment changé la donne, je cite ici Claire Naudin et Catherine Bernard, qui ont les pieds dans leurs vignes et les mains dans leur chais, dans une moindre mesure les prescriptrices : sommelières rares, cavistes tout aussi rares, ont elles aussi permis une inflexion en promouvant les vins nus. Pour les journalistes au féminin c’est morne plaine, celles qui tiennent le haut de l’affiche ont adopté l’attitude classique : je brosse dans le sens du poil les annonceurs capables d’apporter du blé à la régie publicitaire. Il suffit de suivre leurs publications sur face de bouc pour étayer ce constat.

 

Je reviens à mon histoire du Lulu de Bouju.

 

C’était un lundi soir, il me fut demandé, avec amour, à l’heure de l’apéritif, nous sirotions un blanc nu, de choisir un jaja de Bouju pour accompagner nos coquillettes-jambon de Paris. Il nous arrive parfois de tomber dans la régression et c’est bon.

 

 

Qui est Patrick Bouju ?

 

 

 15 septembre 2017

« Dans mes vins, il n’y a que du raisin et de la sueur » Patrick Bouju le Toscan d’Auvergne ICI  

 

Le vin de Patrick Bouju est-ce un vin de punk ?

 

Une spécialiste caviste, blogueuse, qui écrit aussi dans la presse répond à cette question.

 

Sandrine Goeyvaerts 1 Juillet 2016

 

La Bohême, c’est le domaine de Patrick Bouju se répartit entre trois communes, Égliseneuve-près-Billom, Chauriat et Corent car selon ses convictions, il est « à la recherche des meilleurs terroirs connus ou oubliés du Puy-de-Dôme »

 

Que dit Patrick ?

 

« Les vignes sont morcelées car je suis à la recherche des meilleurs terroirs connus ou oubliés du Puy-de-Dôme.

 

Ce sont en majorité de vieilles vignes avec des densités de plantation élevées (10000 pieds/ha) et la doyenne a 116 ans.

 

Ces vignes sont d’une biodiversité étonnante, on trouve de multiples cépages, comme le Limberger, le Mirefleurien, gamay Fréau, gamay de Bouze et de multiples variétés de gamay à petit grain ou gros grain.

 

En ces périodes d’uniformisation, ces cépages sont une richesse inestimable.

 

Ces vignes sont cultivées avec un grand respect de la nature. Les vignes sont enherbées.

 

Pour les traitements, j’utilise des produits à base de cuivre et de soufre ainsi que des extraits fermentés de plantes ou des tisanes comme l’ortie, la prèle, la consoude pour renforcer les défenses naturelles de la vigne.

 

Je n’utilise pas de désherbant ni de produits chimiques de synthèse.

 

La majorité des travaux à la vigne se fait manuellement. Dans mes vins, il y a du raisin et de la sueur...

 

Et le Lulu de Bouju dans tout ça ?

 

 

Il fut bu, bien bu, pour une large part par votre serviteur.

 

Pour les fondus des accords mets-vins je réponds que je m’en tamponne la coquillette ! Je préfère coquillette à  coquillard car c’est féminin !

 

 Et le vin dans tout ça ?

 

Ce fut comme se rouler nus dans l’herbe tendre verte d’une prairie naturelle avant d’aller se plonger dans l’eau fraîche et pure d’une fontaine, que du bonheur !

 

Sus aux voyeurs !

 

Bonne buvaison !

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27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 06:00

Hans Brinker or The Silver Skates: A Story of Life in Holland First Edition

Longtemps j’ai ânonné le poème de Verlaine : 

 

 

Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon cœur

D’une langueur

Monotone.

 

 

Et puis, j’ai grandi, vieilli, longtemps insoucieux des dégâts que je causais à l’avenir de notre terre, cigale gaspilleuse qui, sur le tard, ayant posé son sac contemple avec horreur et effroi l’état des lieux de notre planète.

 

 

Que faire ?

 

 

Faire !

 

 

Même si, pour certains, ce faire est, à l’échelle du monde, rien qu’un confetti.

 

 

Plutôt que de se lamenter, de signer des pétitions, de porter des pancartes, de me tourner vers les politiques, je préfère ré-emprunter les chemins de traverse de mon enfance afin de retrouver l’enthousiasme juvénile, point d’appui permettant de faire basculer notre monde dans plus de sobriété et de diversité.

 

 

Oui choisir ce petit chemin discret, embocagé, à l’ombre des hautes haies, loin du bruit et de la fureur du monde, marcher, écouter les oiseaux chanter, sauter un échalier, retrouver les parfums et les senteurs, la vie quoi !

 

 

Choisir, tel Hans Brinker, qui plaça son doigt sur la faille de la digue de Spaarndam, passa sa nuit entière à boucher la fissure pour sauver la ville de l’inondation, c’est le privilège de la vieillesse, la mienne, qui a du temps, un peu d’argent, et la chance d’être aimé. 

 

 

Même si, avec Veni Verdi, à Paris, nous cultivons la terre sur les toits, c’est du côté des vignes de Catherine Bernard, que mon chemin de traverse me porte, au Sud, à l’automne, lorsque vient le temps de l’AG du GFA La Carbonnelle.

 

 

Cette année, COVID et intempéries, nous ont privé de ce rassemblement amical, l’AG emprunta la modernité du web.

 

 

Tout s’est passé dans les règles et, comme le veut la coutume, notre Catherine nous a gratifié d’un petit discours qui traduit, bien mieux ce que j’ai tenté de vous l’expliquer, l’apport de ma toute petite pierre à l’édifice du jardin extraordinaire dans ses vignes.

 

 

La viticulture est 1 œuvre d’inscription dans le temps, lorsque l’on boit du vin, on boit le temps qu’il a fait et le temps qui passe…

 

Chers tous, 

 

 

D’abord et en tout premier lieu, merci à tous pour votre présence à la vie de ce GFA, et à chacun, chacun apportant, avec ses talents propres, une pierre à l’édifice. 

 

 

J’ose le mot édifice. 

 

 

L’année dernière, j’étais encore trop sous le choc du coup de chalumeau du 28 juin qui s’est avéré être un coup du Sirocco pour exprimer clairement l’ambition qui pouvait être celle du GFA dans la mise en œuvre d’un jardin expérimental. Ce projet, qui s’ancre dans la réalité, était dicté par l’urgence et l’intuition réunies.

 

 

L’urgence d’explorer une alternative à la culture de la vigne telle qu’elle se pratique depuis la seconde moitié du XIXème siècle, c’est-à-dire en mono culture, jusqu’à plus soif si je puis dire.

 

 

L’intuition que le changement climatique à l’œuvre est une conséquence de l’achèvement de la conversion de l’agriculture à la mono culture à l’échelle de la planète et donc, par un revers de fortune, une chance de ré-inventer une agriculture plus sobre. J’évite à dessein la résilience, maintenant dévoyée comme l’a été l’authentique appliqué au terroir, mais il y a de cela aussi.  

 

 

Avec Nicolas et Benjamin nous vous avions parlé de la nécessité première du beau, le beau venant, entre autres, de la diversité. Ceci pourrait sembler incongru, hors-sujet, voire absurde, à tout le moins déraisonnable.

 

 

Un an plus tard, je persiste, et je puis qualifier l’urgence et l’intuition. Je sais maintenant que nous faisons œuvre de transition, agronomique et économique, et de transmission, de savoirs et de génération. 

 

 

Ces deux mots, transition et transmission, puisent au préfixe latin trans, la traversée. Ils me sont venus au fil des travaux : 

 

 

Les centaines de tonnes de terre pelletées qui modèlent et favorisent la circulation de l’eau, toute terre enlevée trouvant sa place ailleurs dans la parcelle.

 

 

L’œil de Benjamin dans le viseur du niveau pointé vers le Pic Saint Loup.

 

 

Le godet de la pelle de Cyril Duri, le terrassier, manié avec la précision d’un crayon.

 

 

La plongée de Nicolas dans les noms latins des espèces d’arbres, arbustes et plantes, de leurs propriétés et du milieu qui leur convient.

 

 

Les ballots de paille déroulés et épandus au printemps pour protéger les sols de l’érosion et les préparer pour la plantation en décembre.

 

 

La fraîcheur conservée au fond des trous jusqu’à la fin de l’été.

 

 

La vision claire de vignes courant dans les érables, ormes, frênes, arbres de Judée, appelée conduite en hautains, les uns et les autres frayant avec des fruitiers.

 

 

Les galets roulés de La Carbonelle venus tenir le flan des terrasses et abriter les serpents.

 

 

Les premiers saules et menthes prélevés dans le lit du Vidourle et pointant leurs feuilles dans la zone humide derrière le bassin de roseaux.

 

 

Le auvent qui abrite les véhicules et matières sèches, laissant la place dans la cuverie pour héberger l’alambic de deux Américaines.

 

 

Et enfin, 

 

 

La joie de voir l’herbe verte pointer par-dessus la paille au premier jour de pluie. 

 

 

Il ne reste plus qu’à …. 

 

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26 octobre 2020 1 26 /10 /octobre /2020 06:00
Je contresigne la lettre de Pierre Jourde à nos concitoyens musulmans : Ne nous voilons pas la face : il y a un problème. Tant de morts, tant de souffrances pour de simples caricatures. Comment en est-on arrivés là ?

Se voiler la face, détourner la tête, pratiquer l’évitement, l’indifférence frileuse, passer son chemin, ne pas nommer les choses ou bien s’engager, camper dans un camp, le bon bien sûr : « si tu n’es pas avec moi tu es contre moi » comme au beau temps de la guerre froide, il est interdit de débattre ni même de dialoguer, peu de voix ou d’écrits se lèvent pour apaiser, les partisans s’écharpent, se déchirent, « mais où sont passés les sages ? »  ceux qui s’élèvent au-dessus de la mêlée pour éclairer ceux qui, comme moi, tentent de comprendre.

 

Le texte de Pierre Jourde, écrivain, professeur d’université et critique littéraire « Aux musulmans, et en particulier aux élèves et parents d’élèves qui désapprouvent les caricatures de Mahomet » publié le 20 octobre 2020 pose quelques questions et c’est déjà beaucoup.

 

C’est une chronique libre, non rémunérée, qui ne reflète que les opinions de son auteur et non celles du site qui l’héberge.

 

J’y souscris et vous propose de la lire.

 

Chers concitoyens musulmans,

 

Ne nous voilons pas la face : il y a un problème. Tant de morts, tant de souffrances pour de simples caricatures. Comment en est-on arrivés là ?

 

A la fin du Moyen-Âge, tous les pays chrétiens et musulmans vivaient sous le même régime d’intolérance. Un simple soupçon de blasphème ou d’impiété pouvait vous mener à l’échafaud. Les gens des autres religions ne disposaient pas des mêmes droits et étaient à peine tolérés. On peut même dire que les pays musulmans, l’empire ottoman en particulier, étaient un peu plus tolérants envers les juifs et les chrétiens que les pays chrétiens ne l’étaient envers les juifs et les musulmans.

 

Et puis, en Europe, il s’est passé deux phénomènes, étroitement liés, qui ont fait la société où nous vivons aujourd’hui, la France, et plus généralement les pays occidentaux : la naissance de l’esprit scientifique et la philosophie des lumières. Cela a mis quatre siècles pour aboutir, du XVIe siècle au début du XXe siècle, le travail a été long, douloureux et sanglant. Au bout de ce travail, il y a, entre autres, le droit au blasphème.

 

L’esprit scientifique a cherché à expliquer rationnellement le monde, par l’observation et la logique, sans s’en tenir aux vérités religieuses. Il a d’abord fallu faire admettre aux autorités chrétiennes que la terre tournait sur elle-même et autour du soleil. Galilée a été obligé par l’Eglise de renoncer à ses découvertes. Au XIXe siècle encore, les découvertes de Darwin étaient refusées au nom de la Bible. Mais l’esprit scientifique a fini par s’imposer. Grâce à lui, on en sait plus aujourd’hui sur l’univers, l’homme et la nature. Mais il a aussi permis l’essor technique : si vous avez un téléphone portable, la télévision, une voiture, la lumière électrique, si vous prenez l’avion, le train, si vous pouvez vous faire vacciner, passer une radio, c’est grâce au développement de l’esprit scientifique tel qu’il s’est développé en Europe, et qui a dû lutter des siècles contre la religion et ses soi-disant vérités révélées.

 

L’esprit des lumières s’est opposé aux persécutions religieuses, au fanatisme religieux, à la superstitionVoltaire a lutté pour faire réhabiliter Calas, condamné à l’atroce supplice de la roue, parce qu’il était protestant et qu’on le soupçonnait d’avoir tué son fils parce qu’il voulait se convertir au catholicisme. Voltaire a lutté pour faire réhabiliter le Chevalier de la Barre. Ce garçon de vingt ans est torturé et décapité pour blasphème. On lui cloue sur le corps un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire et on le brûle.

 

La Révolution française, puis les lois de la laïcité, qui s’imposent à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, vont dans le même sens : empêcher la religion catholique, qui est pourtant celle de l’immense majorité des Français, d’imposer sa vérité, son pouvoir, de torturer et de tuer pour impiété ou pour blasphème, et faire en sorte que toutes les religions aient les mêmes droits, sans rien imposer dans l’espace public. Car c’est cela, la laïcité.

 

Mais le catholicisme n’a pas abandonné si facilement la partie, même après avoir perdu le pouvoir, il voulait encore régner sur les esprits, censurer la libre expression, imposer des visions rétrogrades de l’homme et, surtout, de la femme. En 1880, puis encore en 1902, il a fallu expulser de France tous les ordres religieux catholiques qui refusaient de se plier aux lois de la république. Pas quelques imams : des milliers de moines et de religieuses. Ça ne s’est pas passé sans résistance et sans violences.

 

La critique, la satire, la moquerie, le blasphème ont été les moyens utilisés pour libérer la France de l’emprise religieuse. Tant que la religion était religion d’État, ceux qui le faisaient risquaient leur vie. Puis l’Eglise catholique a fini par accepter d’être moquée et caricaturée. Elle a accepté les lois de la démocratie. Les caricatures et les blasphèmes étaient infiniment plus durs et plus violents que les caricatures assez sages de Mahomet, chez les ancêtres de Charlie Hebdo, qui s’appelaient par exemple L’Assiette au beurre, et plus récemment, il y a une cinquantaine d’années, Hara-Kiri, et de nos jours dans Charlie Hebdo, beaucoup plus durs avec le Christ qu’avec Mahomet. Imaginez qu’un artiste comme Félicien Rops représentait le Christ nu, en croix, en érection, avec un visage de démon ! Et « Hara-Kiri » la sainte vierge heureuse d’avoir avorté ! Personne ne les a assassinés. Au contraire, en 2015, une revue catholique a publié des caricatures du Christ par Charlie Hebdo ! Pour montrer qu’ils étaient capables de les accepter.

 

La suite ICI https://www.nouvelobs.com/les-chroniques-de-pierre-jourde/20201020.OBS34966/aux-musulmans-et-en-particulier-aux-eleves-et-parents-d-eleves-qui-desapprouvent-les-caricatures-de-mahomet.html

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25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 07:00

 

Le grand succès de Régine fut Les petits papiers.

 

Depuis quelques chroniques je fais dans Les vieux papiers, aurais-je le même succès ?

 

Pour booster l’audience, aujourd’hui, j’extirpe de la naphtaline Hara-Kiri, l’ancêtre de Charlie, où sévissait Reiser. Février 1969 – novembre 1970 : Hara-kiri hebdo puis L'hebdo hara-kiri, 94 numéros (hebdomadaire), le N°1 a été lancé le lundi 3 février 1969. Il s'agit de l'ancêtre de Charlie-hebdo qui se termina avec la fameuse couverture « Bal tragique à Colombey – 1 mort »

 

Hara-Kiri hebdo n°94 : Bal tragique à Colombey - 1 mort | La bande des cinés

 

16 septembre 2015

Reiser a commencé sa carrière comme livreur chez Nicolas et s’est fait virer du Monde le 4 août 1978 au 23ième épisode de son feuilleton d'été« La famille Oboulot en vacances »  ICI 

 

Reiser a commencé sa carrière comme livreur chez Nicolas et s’est fait virer du Monde le 4 août 1978 au 23ième épisode de son feuilleton d'été« La famille Oboulot en vacances »

 

Je voue à Reiser une affection sans bornes, il est pour moi le symbole de l’esprit Charlie. Il appartenait à cette bande de « mal piffés, morve au nez, Pieds Nickelés du journalisme », comme Cavanna appelait sa petite troupe de Charlie. « Reiser, c'était des couilles qui dépassaient de partout, une transgression pour Le Monde », rappelait, amusé, l'ex-journaliste politique Thierry Pfister.

 

Koondelitch: Jean-Marc Reiser : Un génie du dessin satirique

 

Je rapproche deux épisodes de sa sulfureuse carrière : ses débuts chez le très sérieux caviste Nicolas où il est livreur et publie ses premiers dessins dans le journal interne de la Maison : La Gazette du Nectar sous le pseudo de J.M. Roussillon et sa collaboration au Monde, à la demande du très sérieux Bruno Frappat « Il était tout le contraire de moi, petit bourgeois tranquille qui passais mes vacances dans ma bulle familiale de l'Ain. » pour un feuilleton d’été dans un journal austère, sans photos. « Il faut imaginer que les seules images qu'il y avait alors, c'était des cartes de géographie ou presque », rappelait Delfeil de Ton, du Nouvel Observateur.

 

Reiser : le Coluche de la BD est mort il y a 30 ans

 

La suite ICI

 

 

 

 

Dessin sur la mort de Reiser :. - .: Le Monde vu par plantu :.

Reiser, dessinateur de BD à Hara-Kiri et Charlie Hebdo est mort, à 42 ans, d'un cancer le 5 novembre 1983. Son biographe attitré Jean-Marc Parisis a publié un ouvrage sobrement titré Reiser.

 

Reiser: Amazon.fr: Parisis, Jean-Marc: Livres

Les 50+ meilleures images de Charlie Hebdo 1976 | charlie hebdo, satirique,  liberté de la presse

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25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 06:00

France Bloch dans les années 1940. DR

C’est écrit par une femme donc lisible par Alice Coffin.

 

L'héroïne est une femme France Bloch, qui a 25 ans, baigne dans un milieu d’écrivains et d’artistes et de Frédo Sarazin, militant syndicaliste, ouvrier métallurgiste chez Hispano-Suiza, ils ont 7 ans d’écart. Lorsqu’ils se rencontrent en 1938, le choc est immédiat. Mariés quelques mois plus tard, sur fond de guerre et de résistance, plus rien ne les arrêtera.

 

C'est donc lisible par Alice Coffin.

 

« Avec « Mon Frédo », Marie Cristiani nous livre à sa manière le récit d’amour entre France Bloch, fille de l'écrivain Jean-Richard Bloch, et Frédo, métallurgiste, issu du monde ouvrier. Deux vies volées par la guerre et fauchées par la barbarie.

 

 

Le récit naît et s’achève autour de la dernière lettre de France à Frédo, le 12 février 1943, quelques heures avant sa décapitation en Allemagne, une lettre d’ailleurs qu’il ne recevra jamais. Il sera à son tour exécuté, ignorant tout de la mort de sa femme.

 

Entre les deux, le texte de Maria Cristiani redonne chair et substance à France Bloch et force au combat. C’est le témoignage brûlant d’une époque, le portrait vibrant d’une femme magnifique, juive communiste, intellectuelle, mariée à un ouvrier. L’écriture est précise, soucieuse du détail et de la référence. L’émotion est présente au détour de chaque page. »

1930 Poitiers, La Méringote, vallée du Clain.

 

« Posé sur un meuble du salon, le poste de radio diffuse l’actualité du jour … puis l’annonce , à la fin du journal, d’un spectacle : le drame lyrique, La Nuit kurde, de l’écrivain Jean-Richard Bloch, sera joué le lendemain soir à la salle Pleyel. La voix grave du journaliste cède la place à celle de la chanteuse Lucienne Boyer, dont le dernier succès, Parlez-moi d’amour, est sur toutes les lèvres.

 

C’est écoutable par Alice Coffin

Dans une pièce voisine, une jeune fille fait ses gammes au piano. Autour d’elle, quelques estampes japonaises, des tableaux…Partout dans la maison, des livres, pas une pièce n’y échappe. La jeune fille ouvre souvent ceux de son père…

 

… La voix de sa mère interrompt la jeune fille « France ton père t’appelle, il est dans son bureau.

 

  • C’est urgent ?

 

  • Je crois qu’il est surpris par ta décision, il veut juste en discuter avec toi.

 

  • Je pensais qu’il me connaissait mieux que ça », répond la jeune fille en quittant le piano.

 

Au moment de dépasser sa mère, celle-ci lui tend une enveloppe, l’air amusé :

 

« Encore une photo dédicacée ? Je peux savoir ? Comédien… peintre… écrivain ? »

 

La jeune fille lit à haute voix le texte figurant au dos de la photo qu’elle vient de découvrir :

 

« À mademoiselle France Bloch, avec tous mes regrets de ne point accompagner cette photo à La Méringote. Signé… André Gide. »

 

[…]

 

La voici maintenant assise face à son père avec un des nombreux chats de la maison sur les genoux.

 

« Je désirais te voir avant mon train pour Paris, France. Je sais que tu as pris ta décision, mais pourquoi cette idée de passer un deuxième baccalauréat ? Celui de philosophie que tu viens de réussir brillamment n’est pas ce que tu souhaitais ?

 

  • Je pense finalement être plutôt faite pour la recherche papa. La chimie me passionne de plus en plus. J’ai un an d’avance, ça me laisse le temps de passer un bac scientifique. »

France Bloch et son mari Frédo Sérazin se rencontrent en 1938. L’intellectuelle et l’ouvrier métallurgiste vont vivre intensément leurs quelques années de mariage…"

C’est un petit livre de 112 pages chargé de douleur et d’émotion, d’intelligence et de sensibilité, à l’image de son héroïne, France Bloch-Sérazin.

 

Fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch (1884-1947), figure intellectuelle de l’entre-deux-guerres qui demeura longtemps à la Mérigote à Poitiers, cette jeune femme, guillotinée par les nazis le 12 février 1943, aura eu tout au long de sa courte existence un parcours extraordinaire. Parcours de femme amoureuse, de mère exemplaire et de résistante hors du commun. Ce sont ces trois facettes que la journaliste et documentariste Marie Cristiani met en lumière dans Mon Frédo, paru le 12 juin aux éditions Arcane 17.

 

Brillante élève à Poitiers, touche-à-tout qui manie aussi bien le pinceau que le stylo ou l’instrument de musique, France Bloch sera finalement chimiste. Pendant la Seconde Guerre, elle mettra dès 1941 ses compétences au service de la Résistance, fabriquant des explosifs dans un laboratoire clandestin. L’année suivante, elle est arrêtée par la police française et condamnée à mort par un tribunal allemand.

 

La suite ICI 

Résistance communiste: France Bloch - par Marie Cristiani (aux éditions Arcane)

Elle sera Claudia dans la clandestinité. Chimiste, elle fabriquera des bombes pour les FTP et réussira, sous une fausse identité, à se faire embaucher au laboratoire de police du 36, quai des Orfèvres.


Après la drôle de guerre, lui sera arrêté avec d'autres syndicalistes et communistes. Après une évasion de la forteresse de Sisteron où il retrouve France durant trois jours à Paris, il est repris et incarcéré à Chateaubriand puis à Voves.

 

En tentant de faire évader une nouvelle fois son mari, elle est arrêtée, transporté en Allemagne et le 12 Février 1943, quelques jours avant son trentième anniversaire, elle est guillotinée à Hambourg.


Après une nouvelle évasion du camp de Voves, Frédo lui rejoint les FTP comme lieutenant. Arrêté par la Gestapo à St Etienne le 15 juin 1944, il est assassiné le même jour.


Leur fils Roland sera sauvé de justesse lors de l'arrestation de sa mère. Il vit aujourd’hui à Marseille.

 

La suite ICI 

Alice Coffin pense, écrit ce qu’elle veut, moi ça me laisse totalement de glace, elle pose plus de problèmes, en tant qu’élue EELV au Conseil de Paris, à Yannick Jadot et à Anne Hidalgo qu’à moi. Elle me fait penser à la radicalité de Benny Levy, le gourou de la Gauche Prolétarienne, avec lui ça a très mal  fini. Certains me reprochent ma compagnie quasi-exclusive avec des femmes, ça les énerve, mais c’est que tout bêtement je préfère leur compagnie à la leur. Se priver des auteurs, des musiciens, de tout ce qui est mâle pensant, je trouve ça tellement bête que ça s’apparente au désir de faire buzz. Enfin, je remarque avec ironie les défenseurs de la 25e heure d’Alice Coffin, je les ai vu à l’œuvre, je les trouve lamentables.

L’élue écologiste Alice Coffin, le 21 septembre 2020 à Paris.

PORTRAIT. Alice Coffin, élue écolo à Paris, assume son féminisme radical ICI 

 

Dans « Le génie lesbien », qu’elle publie chez Grasset, l’élue écolo à la mairie de Paris et activiste, Alice Coffin, réduit les hommes à des « assaillants ». Elle suscite la polémique en assumant un féminisme radical.

Le génie lesbien, de Alice Coffin | Éditions Grasset

La militante féministe Alice Coffin écartée de l’Institut catholique de Paris, où elle était professeure ICI

 

L’université estime que l’engagement militant de l’élue EELV, qui y était professeure depuis 8 ans, va à l’encontre de ses valeurs.

Par 

« Le tumulte autour du livre d’Alice Coffin occulte un point : la majorité de ceux qu’elle dénonce viennent du monde culturel » ICI 

Guerre des sexes, combats entre féministes, fracture à gauche… « Le Génie lesbien », l’essai de l’élue écologiste de Paris, est à l’origine de nombreuses tensions. Ces divisions masquent le fait que les principales cibles de l’autrice se trouvent dans le monde de la culture, explique dans sa chronique Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».

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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 07:00

Afin de ne pas tomber sous le coup d’une accusation de casse burettes avec mes souvenirs du 78 rue de Varenne, ce matin je vais tenter de ne pas trop beurrer la tartine.

 

Au premier temps de ce qui n’était que le Marché Commun les technos du Grand Charles imposèrent à leurs partenaires, les allemands de l’Ouest s’en tamponnaient et les Bataves étaient résolument libéraux, sur le dossier agricole, qui occupait une grande partie de l’espace de négociation, une politique de soutien de la production par les prix et de protection extérieure par la préférence communautaire. Bien évidemment les premiers servis furent les grandes cultures céréalières, la betterave à sucre, le lait, le bœuf ne fut pas suivi, le cochon et les poulets livrés à la bouffe étasunienne : PSC et soja, les maltraités : les fruits et légumes et le vin.

 

Alors ça se fut les fleuves de lait, les montagnes de beurre, des céréaliers qui se foutaient des tonnes de blé dans les fouilles, les OCM (organisations communes de marché) inondaient et nourrissaient avec force de restitutions (subventions) la terre entière, les cocos de derrière le rideau de fer essentiellement.

 

La maison Europe s’élargit : les rosbifs et les Grecs d’abord, puis l’Espagne et le Portugal…

 

En 1983, premier coup de frein : les quotas laitiers négociés et adoptés sous présidence française : Rocard.

 

Pour assécher le fleuve rouge du vin de table franco-italien en 1984 ce furent les accords de Dublin instituant la distillation obligatoire et l’arrachage.

 

En 1986 le GATT pointa le bout de son nez avec  l’Uruguay Round lancé à Punta del  Este par le couple Guillaume-Noir.

 

Pour tenter de contrer les partisans de zéro subvention, le groupe de Cairns, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Iles Fidji, Hongrie, Indonésie, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Thaïlande et Uruguay, et concurrencer les ricains, une première réforme de la PAC fut négociée : plus de soutien par les prix, mais des aides surfaces et de la jachère.

 

La Commission avant cette échéance signa l’accord de Blair House.

 

Le mur de Berlin tomba et la maison Europe tendit les bras aux ex-assujettis de Moscou, et gonfla jusqu’à 27 membres.

 

La jachère obligatoire mis le feu au poudre, les gros tracteurs des céréaliers menacèrent de bloquer Paris, la Coordination Rurale naquit d’un lambeau de droite de la FNSEA qui penchait déjà beaucoup de ce côté-là. Les confédérés paysans de José Bové applaudirent du bout des doigts.

 

Vous avez tous ce qu’est la jachère et je ne vous ferai pas l’injure de vous en donner la définition. Pour faire plaisir à mademoiselle Saporta, qui fustige à raison les technos, pondeurs invétérés de normes, la jachère moderne fut transformée en un monstre de papier. Ils s’en donnèrent à cœur joie, voyant dans cette procédure une manière de remettre leur joug sur les agriculteurs.

 

Avant de tirer ma révérence, lors des réunions de Polytechniciens sans bottes, j’ironisai sur le tout ça pour ça. Ils étaient vénèrent, il ne faut jamais bouder les petits plaisirs.

 

Je m’arrête là, après cet épisode je retournai planter mes choux et mes navets.

 

Ayant officié à la SIDO, en tant que PDG de cette SA, j’ai vécu en direct l’application des Accords de Blair House.

 

LA RÉFORME DE LA PAC ET LE PRÉ-ACCORD DE BLAIR HOUSE

 

La réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) était devenue inévitable en raison de la croissance des exportations communautaires et de l'usage quasi systématique des restitutions qui accroissaient la pression internationale sur la Communauté Européenne (CE) et, en particulier, celle des grands exportateurs de produits de zone tempérée. Elle était également indispensable pour préparer l'agriculture communautaire de demain: modérément exportatrice et plus respectueuse de l'environnement.

 

La négociation du GATT (Accord général sur le commerce et les tarifs douaniers) se révèle progressivement plus tolérante à l'égard des niveaux de soutien interne des revenus. Elle reste très stricte sur les politiques commerciales, barrières à l'importation et surtout, aides aux exportations. La réforme de la PAC ne suffira vraisemblablement pas à remplir les exigences du compromis de Washington sur la réduction des exportations subventionnées, tout au moins pour la totalité des productions. Il y a toutefois plusieurs éléments d'incertitude à considérer dans l'examen de cette compatibilité, parmi lesquels figurent l'infléchissement des rythmes de productivité, l'évolution des marchés mondiaux, les variations des taux de change, ... Il est donc intéressant d'examiner la "distance" entre l'agriculture de la CE après réforme et les exigences du pré-accord de Washington.

 

ICI 

 

 

Est-il possible de nourrir l’Europe en ayant uniquement recours à l’agroécologie ? ICI

 

Réduire l’utilisation des pesticides et des engrais, voilà la promesse de l’agroécologie. Si ces pratiques agronomiques vont faire baisser mécaniquement les rendements, elles ne vont pas pour autant empêcher l’Union européenne de rester autosuffisante pour son alimentation.


Ouest-France Fabien CAZENAVE. Publié le 22/10/2020 à 16h00

 

La réforme de la politique agricole commune (PAC) actuellement en discussion cette semaine promet un verdissement des pratiques tout en assurant une autosuffisance alimentaire. La question se pose de savoir si l’agroécologie pourrait permettre d’atteindre cet objectif.

 

« L’agroécologie est l’utilisation intégrée des ressources et des mécanismes de la nature dans l’objectif de production agricole », selon une définition fournie par la FAO. L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture y ajoute une dimension écologique et sociale.

 

Est-il possible de supprimer l’utilisation des pesticides ?

 

« L’idée de l’agroécologie est de produire de l’alimentation en s’appuyant sur les ressources naturelles, plutôt que d’utiliser les intrants (engrais et pesticides, énergie, eau d’irrigation, tout ce qui vient de l’extérieur) », explique Marie-Catherine Schulz-Vannaxay, chargée des questions agricoles à la fédération France Nature Environnement (FNE). « Par exemple, on peut implanter des haies, des mares ou des bosquets dans les fermes pour héberger des auxiliaires de cultures (des insectes et des oiseaux) qui vont se nourrir des insectes ravageurs et qui vont ainsi aider à la production. C’est utiliser la biodiversité à des fins de production. »

 

Cela passe aussi par une mise en jachère et une rotation plus importante des surfaces agricoles. Une partie d’entre elles en Europe est, en effet, fatiguée par l’usage répété d’intrants (tous les produits nécessaires au fonctionnement de l’exploitation agricole) qui appauvrissent la terre à force d’être optimisée sans avoir le temps de se régénérer.

 

Paradoxalement, les agriculteurs sont de plus en plus en demande d’intrants en raison du dérèglement climatique. Déjà endettés et ayant besoin de maintenir un niveau élevé de production, ils sont confrontés à des phénomènes météorologiques intenses qui, couplés à une maladie, peuvent réduire à néant tous les efforts mis en place pour la récolte. Or, on sait que l’agriculture biologique sans pesticide réduit mécaniquement les rendements. Cela est constaté sur les 7,5 % de terres agricoles qui sont passés à la bio.

 

Pourtant, l’agroécologie a le vent en poupe en Europe. Que cela soit auprès de plus en plus d’agriculteurs, d’associations environnementales ou bien de la Commission européenne. Cette dernière a cité le 20 mai 2020 l’agroécologie dans sa « stratégie de la ferme à la table » qui vise à réduire l’usage et le risque des pesticides de 50 % d’ici 2030.

 

Si l’utilisation d’intrants synthétiques ne sera donc pas supprimée totalement à moyen terme, elle devrait être grandement réduite au profit de mécanismes naturels combinés à l’agriculture de précision avec les nouvelles technologies (sondes dans le sol, images satellitaires…).

 

« En France, on avait l’objectif du plan Écophyto issu du Grenelle de l’Environnement de réduire de 50 % l’usage des pesticides en dix ans, mais sur cette période, on a constaté une augmentation de 25 % des pesticides », tempère-t-on à la FNE. « C’est très compliqué de changer le système et cela demandera beaucoup d’accompagnement des agriculteurs. »

 

Quel impact sur la production agricole ?

 

Avec l’agroécologie, on verrait un retour des terres en jachère, pratique abandonnée depuis quelques années. La mise en repos des terres était vue seulement du point de vue économique dans les années 1980 et 1990 pour limiter la production et maintenir les prix en réduisant l’offre.

 

On parle désormais dans la PAC actuelle de « surfaces d’intérêts écologiques » ou favorables à la biodiversité. « Le verdissement de la PAC n’a pas été assez ambitieux jusque-là », estime-t-on à la FNE. « L’objectif de 5 % de surface d’intérêt écologique par exemple inclut dedans des éléments cultivés comme des légumineuses. Résultat en France, seulement 5 % de ces 5 % sont réellement dédiés à des infrastructures agroécologiques, le reste étant principalement des cultures. »

 

Deux chercheurs, Pierre-Marie Aubert et Xavier Poux de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) ont proposé en 2018 une stratégie pour encourager l’agroécologie. Selon eux, il faut réorienter l’alimentation des Européens vers plus de céréales, de fruits et de légumes, plus de protéagineux et moins de viande, d’œufs, de poisson et de produits laitiers.

 

Mais il sera difficile de changer des filières d’exportations et d’importations qui sont déjà bien en place. De manière surprenante, l’Union européenne est un des plus gros producteurs agricoles mondiaux, mais importe régulièrement du blé venu d’Ukraine ou d’ailleurs. Il est également peu probable qu’on réduise les surfaces agricoles dédiées à l’exportation des céréales, des produits laitiers ou du vin. Un paradoxe alors que la politique agricole commune a été créée dans les années 1960 car l’Europe de l’Ouest n’avait pas une agriculture suffisamment performante pour être autosuffisante.

 

« Il y a des productions qui ne sont pas adaptées au climat européen, par exemple le café ou le chocolat », constate Marie-Catherine Schulz-Vaxannay de la FNE. « Mais le climat européen permet de produire l’essentiel de notre alimentation et d’avoir une certaine autonomie, notamment grâce aux grands pays agricoles dans l’Union européenne. »

 

Que pourrait-on arrêter d’importer grâce à l’agroécologie ?

 

« L’idée n’est pas d’être totalement autosuffisant dans toutes les productions mais de réaffirmer notre souveraineté alimentaire et de réduire la politique d’importation massive de protéines notamment et d’exportation », pointe Marie-Catherine Schulz-Vannaxay. L’Union européenne importe en effet des tonnes de soja d’Amérique du Sud, du Brésil principalement. Cette culture riche en protéine fournit une alimentation optimale du bétail, mais le climat tempéré de l’Europe ne permet pas d’en produire suffisamment sur le continent.

 

« En plus, la réforme de la PAC réintroduit dans l’article 33 les accords de Blair House », peste l’eurodéputé écologiste Benoît Biteau alors que le Parlement européen est justement en train de réviser la PAC. Selon lui, cet accord « verrouille la production de protéines en Europe et nous oblige à importer des protéines produites de l’autre côté de l’Atlantique ». À la base, ces dispositions visaient à limiter la possibilité pour l’UE de soutenir massivement une production.

 

La Commission a publié un rapport en novembre 2018 sur les protéines en Europe qui pourraient permettre d’offrir en partie une alternative. Certaines légumineuses (comme le pois, le lupin ou la luzerne) sont jugées très intéressantes tant pour leurs protéines que du point de vue environnemental. Elles captent en effet l’azote de l’air et permettent d’éviter de fertiliser le sol avec des intrants synthétiques. Mais pour qu’elles remplacent le soja importé du Brésil, c’est toute une filière de production et de transformation de ces produits-là qu’on devra créer.

 

L’agroécologie, futur « soft power » européen ?

 

« Il faudrait réduire la consommation de protéines animales (viande et lait), revoir en amont la filière pour réduire les cheptels et les adapter aux ressources du territoire local », estime Marie-Catherine Schulz-Vannaxay. « Nous avons besoin d’avoir des élevages qui soient dimensionnés de manière à être nourris par les terres environnantes, ces dernières absorbant leurs déjections en retour pour avoir un cycle équilibré. »

 

Autre atout de l’autonomie acquise avec l’agroécologie, être moins dépendant de pays tiers en cas de grave crise sanitaire, comme avec celle du Covid-19. Surtout, cette nouvelle étape dans les pratiques agronomiques pourrait apporter plus d’indépendance des filières et des agriculteurs vis-à-vis des multinationales qui fournissent les intrants.

 

Avec un modèle plus vertueux et durable, l’Europe aurait alors la possibilité d’imposer sa démarche à ses partenaires commerciaux. Un nouvel élément du soft power européen, cette capacité à faire bouger les lignes au niveau mondial, comme on l’a vu avec la réglementation générale sur la protection des données, la RGPD.

 

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23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 06:00

Dans la cour de la Sorbonne à Paris, le 21 octobre.

Dans la cour de la Sorbonne à Paris, le 21 octobre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

 

Emmanuel Macron a rendu hommage à ce prof fils de profs, qui croyait en la République, ainsi qu’à tous les maîtres et professeurs, appelant à considérer et à défendre tout le corps enseignant.

 

Un professeur, mercredi 21 octobre, a été honoré à la Sorbonne. Un prof discret et humble, prof de collège, prof de banlieue, passionné d’histoire, de géographie, de livres et de connaissances, le goût de la liberté et celui de la pédagogie chevillés au corps.

 

Un prof fils de profs, qui croyait en la République, en la laïcité, en l’éducation civique, dans les vertus du dialogue. Un professeur magnifique, assassiné vendredi 16 octobre par un islamiste pour avoir fait consciencieusement son métier. Un « héros tranquille », selon les mots du président de la République, Emmanuel Macron, qui n’aurait jamais imaginé recevoir un jour pareil hommage dans ce temple de savoir universel, ce lieu si symbolique des humanités et de la transmission.

 

Le silence s’est brusquement imposé et alors que la nuit avait envahi la cour, tout le monde s’est levé. Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le président de la République venait de remettre la Légion d’honneur et les palmes académiques à titre posthume à Samuel Paty, devant sa famille et sans la moindre caméra.

 

A 19 h 30 précises, le cercueil du professeur, porté par des gardes républicains, est entré dans l’enceinte, suivi de sa photo, crayon en main, visage expressif, tourné vers ses élèves dans une salle de classe. Et un air du groupe U2, One, a résonné dans la cour. Une chanson sur la force et la difficulté de l’amour, une chanson compliquée ; une chanson qu’aimait le professeur et qui finit ainsi : « Un sang, une vie, l’amour, il faut en payer le prix. Une vie avec l’autre, nos frères, nos sœurs, nous deux, nous ne faisons qu’un. Chacun doit soutenir l’autre, soutenir l’autre. Un. Un. »

Enfin, une élève de 14 ans a lu la lettre envoyée par Albert Camus à son ancien instituteur, Louis Germain, son maître à l’école communale de la rue Aumerat à Alger.

Cette lettre a été écrite le 19 novembre 1957, quelques jours après que l’écrivain a reçu le prix Nobel de littérature. Albert Camus l’a destinée à Louis Germain, son premier instituteur, à qui il souhaitait rendre un hommage appuyé.

 

19 novembre 1957

 

Cher Monsieur Germain,

 

J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur.

 

On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous.

 

Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé.

 

Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève.

 

Je vous embrasse, de toutes mes forces.

 

Albert Camus

L’hommage au « héros tranquille » Samuel Paty et à tous les professeurs, qui « font des républicains » ICI

Par Annick Cojean

 

RÉCIT Emmanuel Macron a rendu hommage à ce prof fils de profs, qui croyait en la République, ainsi qu’à tous les maîtres et professeurs, appelant à considérer et à défendre tout le corps enseignant.

 

Un professeur, mercredi 21 octobre, a été honoré à la Sorbonne. Un prof discret et humble, prof de collège, prof de banlieue, passionné d’histoire, de géographie, de livres et de connaissances, le goût de la liberté et celui de la pédagogie chevillés au corps.

 

Un prof fils de profs, qui croyait en la République, en la laïcité, en l’éducation civique, dans les vertus du dialogue. Un professeur magnifique, assassiné vendredi 16 octobre par un islamiste pour avoir fait consciencieusement son métier. Un « héros tranquille », selon les mots du président de la République, Emmanuel Macron, qui n’aurait jamais imaginé recevoir un jour pareil hommage dans ce temple de savoir universel, ce lieu si symbolique des humanités et de la transmission.

 

La justesse de la cérémonie conçue par sa famille et le chef de l’Etat a semblé, un bref instant, rassembler et unir toute la communauté nationale. C’est en tout cas ce qu’a ressenti le public, environ 400 invités à l’intérieur de la cour pavée de la Sorbonne, et quelques centaines d’autres, massées devant l’édifice sous un écran géant.

 

Tout y contribuait : l’élégance, l’histoire et la solennité du lieu ; les textes, courts et puissants, lus par des proches ou des collègues de Samuel Paty ; le discours d’Emmanuel Macron, hommage vibrant aux maîtres, aux professeurs, à tout le corps enseignant, et engagement fougueux à les considérer, à les défendre, à les soutenir afin qu’ils continuent, selon l’expression de Jean Jaurès, de « faire », au sens de « former », des « républicains ».

 

« Rassembler la communauté des Français »

 

A gauche de la cour, une centaine d’élèves venus de nombreux établissements scolaires, dont celui de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), avaient pris place timidement, tandis qu’à droite se retrouvaient côte à côte, près des membres du gouvernement, anciens premiers ministres, députés, sénateurs, chefs de parti politique, représentants des cultes religieux, des syndicats d’enseignants, recteurs d’académie, présidents d’université, représentants d’associations d’aide aux victimes d’attentats, etc. « On a besoin de ces moments d’union, a dit François Hollande. Besoin d’instants solennels pour rassembler la communauté des Français, mobiliser la jeunesse, lui donner le sens de l’engagement citoyen. »

 

L’ancien chef du gouvernement Alain Juppé s’est félicité du choix du lieu de la cérémonie : « L’université, l’alma mater, le symbole des Lumières, le lieu de la transmission du savoir et surtout de l’apprentissage du libre arbitre. » Ancien ministre de l’éducation, Vincent Peillon a rappelé avoir été à l’origine des cours sur « la morale laïque », devenus l’enseignement moral et civique (EMC), et confié même s’être senti « une part de responsabilité dans ce qui s’est produit », Samuel Paty ayant montré les caricatures sulfureuses dans le cadre de ce cours. « Un programme pourtant modéré, responsable, raisonnable, fait justement pour unir les élèves », a estimé l’ancien professeur en jugeant « crucial qu’on protège davantage nos profs et qu’on pacifie la société autour d’eux ».

 

Mais le silence s’est brusquement imposé et alors que la nuit avait envahi la cour, tout le monde s’est levé. Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le président de la République venait de remettre la Légion d’honneur et les palmes académiques à titre posthume à Samuel Paty, devant sa famille et sans la moindre caméra.

 

A 19 h 30 précises, le cercueil du professeur, porté par des gardes républicains, est entré dans l’enceinte, suivi de sa photo, crayon en main, visage expressif, tourné vers ses élèves dans une salle de classe. Et un air du groupe U2, One, a résonné dans la cour. Une chanson sur la force et la difficulté de l’amour, une chanson compliquée ; une chanson qu’aimait le professeur et qui finit ainsi : « Un sang, une vie, l’amour, il faut en payer le prix. Une vie avec l’autre, nos frères, nos sœurs, nous deux, nous ne faisons qu’un. Chacun doit soutenir l’autre, soutenir l’autre. Un. Un. »

 

« L’innocent qu’on tue, je ne m’habitue pas »

 

Devant le cercueil déposé sur de fins tréteaux, un ami et collègue de Samuel Paty, Christophe Capuano, maître de conférences en histoire à Lyon, a alors lu d’une voix ardente un texte de Jean Jaurès – dont on oublie souvent qu’il fut professeur de philosophie – adressé « aux instituteurs et institutrices ». Une succession de « conseils » auxquels Samuel, a-t-il dit, a toujours été fidèle.

 

« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits elle leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin, ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse (…). » Et l’ami de lancer : « Adieu Samuel ! »

 

A son tour, une autre professeure, Marie Cuirot, s’est avancée vers l’estrade installée entre les statues massives de Victor Hugo et de Louis Pasteur. Et c’est avec force, rage, qu’elle a déclamé un court poème écrit par Gauvain Sers, chanteur creusois, lui-même fils d’un professeur de mathématiques, publié sur Twitter, au lendemain de la décapitation de Samuel Paty

 

« Paraît qu’on s’habitue, Quand l’infâme est légion, Tous ces hommes abattus, Pour les traits d’un crayon. Paraît qu’on s’habitue, A défendre à tout prix, Les trois mots qu’on a lus, Aux frontons des mairies. Paraît qu’on s’habitue, Quand on manque de savoir, Par chance, on a tous eu, Un professeur d’histoire (…) Paraît qu’on s’habitue, Aux horreurs qu’on vit là, Mais l’innocent qu’on tue, Je ne m’habitue pas. »

 

Une lettre de Camus à son ancien instituteur

 

Enfin, une élève de 14 ans a lu la lettre envoyée par Albert Camus à son ancien instituteur, Louis Germain, son maître à l’école communale de la rue Aumerat à Alger. Elle est datée du 19 novembre 1957, quelques jours après sa réception du prix Nobel de littérature, et elle est devenue virale, sur les réseaux sociaux, depuis la mort de Samuel Paty.

 

« Cher Monsieur Germain,

 

J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous
assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève. »

 

D’un pas lent, Emmanuel Macron s’est alors dirigé vers le pupitre et a entamé un hommage vibrant à celui qu’il a constamment appelé « monsieur le professeur ».

 

Pas question, a-t-il dit, de parler ce soir des terroristes et des lâches qui ont commis ou permis l’attentat. « Non. Ce soir, je veux parler de votre fils, je veux parler de votre frère, de votre oncle, de celui que vous avez aimé, de ton père. Ce soir, je veux parler de votre collègue, de votre professeur tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner, assassiné parce qu’il avait décidé d’apprendre à ses élèves à devenir citoyens. » Un de ces professeurs « qu’on n’oublie pas ». Le professeur dont rêvait Jean Jaurès. « Celui qui montre la grandeur de la pensée, enseigne le respect, donne à voir ce qu’est la civilisation. Celui qui s’était donné pour tâche de faire des républicains. » Tâche, a-t-il estimé, plus essentielle et plus actuelle que jamais et pour laquelle il faut redonner aux professeurs autorité, formation, considération, soutien et protection.

 

« Je voudrais que ma vie et ma mort servent à quelque chose », aurait dit un jour Samuel Paty. « Comme par prescience. » Alors, a demandé le président : pourquoi Samuel a-t-il été tué ? « Parce que les islamistes veulent notre futur et qu’ils savent qu’avec des héros tranquilles tels que lui, ils ne l’auront jamais. Eux séparent les fidèles des mécréants. Samuel Paty ne connaissait que des citoyens. Eux se repaissent de l’ignorance. Lui croyait dans le savoir. Eux cultivent la haine de l’autre. Lui voulait sans cesse en voir le visage, découvrir les richesses de l’altérité. » Samuel Paty, a-t-il dit, « est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays, le visage de notre détermination à comprendre, à apprendre, à continuer d’enseigner, à être libres, car nous continuerons, Professeur ! (…) Nous continuerons, oui, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage parce que nous vous le devons, parce que nous nous le devons, parce qu’en France, Professeur, les Lumières ne s’éteignent jamais. »

 

« J’ai pris de la force, ce soir »

 

L’orchestre à cordes de la garde républicaine a alors joué La Marseillaise, chantée à l’extérieur par un public bouleversé, trop impatient d’applaudir le professeur, et même de l’applaudir à tout rompre, pour observer la minute de silence. A 20 h 15, les gardes républicains emportaient le cercueil, suivis de la famille de Samuel Paty et du président. Déclarée cas contact d’une personne contaminée au Covid-19, Brigitte Macron, ancienne professeure, avait dû renoncer à assister à la cérémonie.

 

Parmi les lycéens présents dans la cour, Enora, 17 ans, venue d’Orléans, s’est sentie galvanisée. « J’ai pris de la force, ce soir. Je vais me battre. Pour la tolérance. Pour le dialogue. Pour la liberté. Les islamistes ne voleront pas mon futur ! »

 

Raphaël, 17 ans, parisien, était complètement sous le choc. « Quel moment. Quelle gravité ! Je m’en souviendrai toute ma vie. Heureusement que ce discours nous donne un objectif, et même une mission. Car je vous avoue que je trouve l’horizon bien sombre, et l’humanité très stupide. » Il veut être chirurgien, parce qu’il adore la science. Et prof, quand il sera « vieux ». Prof de français ou de philo. Mais pourquoi donc quand il sera vieux ? « Parce que j’aime l’idée d’avoir successivement deux métiers, et deux vies. Et que si je risque d’être assassiné, il vaut mieux que ça m’arrive à un âge avancé… »

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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 06:00
La SCIERIE récit anonyme « La scie, ce putain d'outil qui m'en fera tant baver pendant dix-huit mois. La lame, jamais fatigué, qui exige le travail de dix hommes pour la nourrir, pour la satisfaire »

Suis en avance, elle n’est jamais à l’heure c’est ce qui fait son charme, alors je pousse la porte de la librairie d’en face, je suis mon parcours habituel en zigzaguant entre les rayons, j’hume, j’effleure leur robe, je les retourne pour lire la 4e, je les ouvre, je lis.

 

Pour la Scierie la couverture a attiré mon œil, m’a séduit, sobre, dessin enfantin, numéroté 673368, et surprise estampillée récit anonyme.

 

J’ouvre :

 

 

J’achète.

 

Comme l’écrit sur le site Babelio un critique fanfanouche24   09 janvier 2014

 

« J'ai lu ce texte en une soirée, happée par la tension extrême du récit… »

 

Sa référence au film de Robert Enrico (1965) « Les grandes gueules », avec Bourvil, Lino Ventura… que je venais juste de revoir sur une chaîne du câble m’a plu.

 

Les Grandes gueules - film 1965 - AlloCiné

 

« Ce monde d'hommes, dans cet univers particulier des marchands de bois, des scieries, des bûcherons, ...une violence entre les hommes liée à la dureté du travail…On retrouve à des niveaux différents, une âpreté terrible, approchante… »

 

Les grandes gueules film complet - Bourvil- Ventura- Constantin | Films  complets, Bourvil, Film

 

Je lui laisse donc la plume :

 

« Il s'agit d'un véritable Ovni littéraire...

 

Un récit authentique sans fioriture… qui dit la violence d'un certain monde du travail, celui des scieries, des travaux de force en plein air, dans des conditions très éprouvantes, les « vacheries » que se font les ouvriers entre eux, alors que le travail est dangereux, et que les tâches nécessitent une solidarité vitale… - La scie, ce putain d'outil qui m'en fera tant baver pendant dix-huit mois. La lame, jamais fatigué, qui exige le travail de dix hommes pour la nourrir, pour la satisfaire- (…)

 

Cette vision de la rencontre de la lame et du bois, je ne l'oublierai jamais. Elle est d'un intérêt toujours renouvelé. Cette rencontre s'appelle – l'attaque-. Dans une scierie, tout le monde regarde l'attaque, le profane comme le vieux scieur qui, le front plissé, souffre avec sa scie, comme l'affûteur qui devine, rien qu'au bruit, si la lame coupe ou non.- (…)

 

Ce n'est pas pour rien qu'on appelle la scierie le bagne. Sortir de là-dedans, c'est une référence. Le gars qui a tenu le coup-là-dedans le tiendra partout, il porte la couronne des increvables. Mais cette couronne, il faut la gagner, il faut la payer, et elle se paye cher. (p.78)

 

Les descriptions du travail des gars à la scierie, par tous les temps, sont tellement « parlantes »et intenses… que nous, lecteurs, entendons les bruits infernaux de la scierie, des lames, des jurons des gars, souffrons avec ces hommes rudes, teigneux… mais aussi parfois tout simplement vulnérables comme des gosses. – Des fois, nous avons des accès de cafard qui se manifestent par des crises de rage ou d'abattement. Il ne reste alors, dans la pauvre cabane perdue dans la tempête et dans les bois, que deux grands gosses qui se serrent près du mauvais poêle- (p.99)

 

-Il m'entraîne et passe la main sur mes cheveux poissés et emmêlés. J'en pleure de plus belle. Il n'y a rien de tel que les brutes quand ils essaient d'être doux. C'est maladroit, gauche, empressé, en somme très sympathique et très marrant. (…) J'ai envie d‘être dorloté, tout simplement. Il est beau, le dur, le bûcheron ! Tout ce qui l'intéresserait, pour le moment, serait d'avoir une femme, pour se cacher la tête dans ses jupes. (p.107)

 

La suite ICI

Les Grandes gueules (1965)

Coup de cœur littérature française par L'équipe du Bateau Livre (Libraire)

ICI

Drôle de texte que ce petit opus anonyme, préfacé par Pierre Gripari, qui déclare que la lecture de "La Scierie" lui a permis de trouver son propre style. D’ailleurs selon les rumeurs, l’auteur ne serait autre que son propre frère… Publié une première fois 20 ans après écriture, on doit aux éditions Héros-Limite la remise en avant de cet ouvrage des années 50, qui vient de décrocher le prix Mémorable décerné par les librairies Initiales.

 

Un jeune homme d’origine bourgeoise se retrouve obligé de travailler car il a échoué à ses examens et ne sera pas appelé pour le service militaire avant deux ans. Plutôt que d’exercer un métier qui correspondrait à son milieu, il va chercher à se confronter au monde des travailleurs manuels, et c’est dans une scierie qu’il échouera. Attendu au tournant – les hommes ne se font pas de cadeaux dans le métier – il démontre un talent et surtout une ardeur au travail qui lui vaut rapidement le respect de la communauté. Mais jusqu’où peut-on repousser ses limites ?

 

Si "La Scierie" transpire la sueur, l’odeur des copeaux de bois, la brutalité des machines et des hommes qui les manipulent, l’ensemble dégage une grande poésie, qui charmera même ceux que le sujet n’attire pas de prime abord !

Scierie à grand cadre de Bellecombe en Bauges - Lo Praz CondusScierie à l'ancienne - notreHistoire.chLes scieries hydrauliques vosgiennes

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