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11 novembre 2021 4 11 /11 /novembre /2021 06:00

La poignée de main de Montoire

« La seule différence entre Éric et moi, c’est qu’il est juif »

 

Sacré Jean-Marie Le Pen qui « Jusqu’au moment où [il finira] dans la caisse en bois » il ouvrira sa gueule : « Si Éric est le candidat du camp national le mieux placé, bien sûr, je le soutiendrai. »

 

« … il est monté sur la barricade en disant des choses que personne n’osait dire, à part moi. Il dit ce que je pense, mais avec une audience supérieure. »

 

« C’était pas Pétain le patron, il a défendu les juifs français et livré les étrangers. La police française procédait à une formalité de manière plus humaine, il est facile de dire soixante ans après “y a qu’à faut qu’on”. »

 

Pétain qui avait don de sa personne à la France, bouclier des Juifs français, manipulé par Pierre Laval, thèse soutenue par Robert Aron (ne pas confondre avec Raymond) dans son Histoire de Vichy : 1940-1944, livre que j’ai lu très tôt pour tenter de comprendre, qui ne résiste pas à l’épreuve des faits.

 

Amazon.fr - Histoire de Vichy 1940-1944 - ARON (Robert) - Livres

 

Robert Aron développe dans son Histoire de Vichy, la thèse du «bouclier» et de l'«épée». Son Histoire de Vichy, s'est fondée avant tout sur une grande quantité de témoignages et sur les comptes rendus des procès de Haute Cour et autres archives. Mais ses sources ont toujours le défaut majeur de leur qualité d'«inédit» : elles ont été longtemps incontrôlables, faute pour d'autres d'y avoir accès. Énorme synthèse de plus de 700 pages, l’Histoire de Vichy décrit, presque au jour le jour, l'évolution de l'Etat français. D'où son caractère de référence pendant une période de plus de quinze ans. Écrite dans un contexte encore peu propice à la distance académique, imprégné par la vision des témoins, essentiellement d'anciens ministres ou proches du gouvernement, elle a proposé une version «minimaliste» du régime et de sa politique. La thèse défendue se résume en une position simple : il existe deux Vichy, celui de Pétain et celui de Laval.

 

L'un des faits les plus marquant et le compte rendu que fait l'auteur sur Montoire des 22 et 24 octobre 1940, loin d'y voir le point de départ de la collaboration d'Etat (un fait admis aujourd'hui par la plupart des historiens, et confirmé par les archives de Vichy), il distingue soigneusement le chef de l'Etat du chef de gouvernement: « Pour le Maréchal, l'armistice n'était, ne pouvait être qu'une pause... Alors que pour Laval, au contraire, l'armistice devait permettre un retournement des alliances. Pour R. Aron la collaboration n'est qu'un «malentendu». «Equivoque», le régime l'est plus dans ses déclarations officielles que dans les faits - «Mais les Français ne pouvaient pas le savoir». Robert Aron insistant sur les «négociations clandestines» avec les Alliés, développant la thèse double-jeu.

 

La France De Vichy 1940-1944   de Paxton Robert O.

 

Alors le ZEMMOUR qui, un jour de janvier 2020, au Bristol, rue du Faubourg-Saint-Honoré, déjeune avec Jean-Marie et Jany Le Pen. La quatrième convive est une amie chère du couple : Ursula Painvin, née von Ribbentrop, fille de Joachim von Ribbentrop, le ministre des affaires étrangères du IIIe Reich, pendu en 1946 à Nuremberg. « Un morceau du pacte germano-soviétique », s’amuse un lepéniste. C’est un saut dans l’histoire aux yeux de l’essayiste, qui en est féru, et qui s’en vantera avec délectation autour de lui. Ursula, 88 ans aujourd’hui, vénère Jean-Marie Le Pen (« Il faudrait te cloner », le félicite-t-elle) et, de Berlin, encourage Éric Zemmour avec ses « pensées les plus admiratives et amicales ».

Pétain a durci en personne les mesures contre les Juifs

La chronique de 2016 de Claude Askolovitch est intéressante à lire ou à relire dans le contexte actuel où Zemmour joue avec les peurs des Français, ceux de confession juive y compris. (voir plus bas) ICI 

 

C'est à la prestigieuse grande synagogue que l'on a pu entendre le polémiste reprendre sa défense de Vichy. Explication de texte.

 

EXTRAIT

«À l’époque, on estime que les juifs ont pris trop de pouvoir, qu’ils ont trop de puissance, qu’ils dominent excessivement l’économie, les medias, la culture français comme d’ailleurs en Allemagne et en Europe. Et d’ailleurs c’est en partie vrai (…). Il y avait des Français qui trouvaient que les juifs se comportaient avec une arrogance de colonisateur. Et arrive encore l’immigration des juifs d’Europe de l’est et de l’Allemagne. La France est le pays qui a reçu le plus de réfugiés. Et c’est la France qui a subi le plus de conséquences. Les médecins français se plaignaient que les médecins juifs leur volent leur clientèle. Il y avait des concurrences terribles. il y avait des trafics. Il y avait l’affaire Stavisky. Tout ça n’a pas été inventé par les antisémites. Et les juifs français étaient les premiers à se plaindre des problèmes que causaient les juifs ashkénazes.»

 

Tout est dans une phrase: «Et d’ailleurs c’est en partie vrai»… Vrai donc qu’en 1940, les juifs sont des colonisateurs? Arrogants? Voleurs de pratiques? Tenant les medias? Si c’est «en partie vrai», Zemmour est «en partie» fasciste. Il défend «en partie» ce que les feuilles antisémites assenaient, avant la guerre et après la défaite. En partie seulement. Il est «en partie», compréhensif pour les raisons de ceux qui hurlèrent au massacre. En partie chez Brasillach? À l’Action française dont le nationalisme intégral l’a inspiré?

 

La falsification de l'histoire

 

Ce n’est pas faire injure à un homme que de dire d’où il parle. Zemmour est de l’extrême droite française –pas simplement celle d’aujourd’hui, quelle dégénérescence, mais l’authentique, celle d’avant quarante, dont il est l’interprète et l’avocat. Quand il dit, «on estime que les juifs ont pris trop de pouvoir», il est imprécis. «On» n’est pas la France. «On» est le fascisme de l’époque, et cette histoire de puissance juive n’était pas une opinion banale: c’était l’opinion des fascistes. Cela faisait un peu de monde, mais pas du joli. «On» est l’extrême droite qui contestait à Léon Blum, en 1936, le droit d’être Président du Conseil.

 

«Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif, avait lancé en séance le député Xavier Vallat. Pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu’un talmudiste subtil.»

 

Vallat, sous Vichy, serait un commissaire général aux Questions juives tenant de l’antisémitisme national, infiniment moins vulgaire que le teuton… Quant à Blum, normalien, conseiller d’État, admirateur de Barrès, plus que français puisqu’alsacien de souche, il n’avait rien à voir avec les débarqués d’Allemagne ou de Roumanie qui auraient créé l’antisémitisme, mais ne le subissait pas moins.

 

C’est la grande falsification de Zemmour. Laisser supposer que seuls les «ashkénazes» et la détestation qu’ils inspiraient faisaient naître un antisémitisme dont la véritable France aurait été immune sans cette immigration-agression. Las… L’antisémitisme pouvait aussi se passer de métèques. Entre l’affaire Dreyfus, la haine de Blum et Vichy, c’était entre nous, Français, que se jouait une méchante partie. Charles Maurras, idéologue de l’antisémitisme d’État, qui pourfendait les «États confédérés» hostiles à la Nation, ragera, condamné à la Libération: «C’est la revanche de Dreyfus»… C’est cette partie de la France qui prit le pouvoir en 1940. Ce sont les héritiers de cette France qui entendent Zemmour avec ravissement –les autres sont des dupes.

Eric Zemmour lors d’un débat à Paris, le 25 avril 2019.Eric Zemmour lors d’un débat à Paris, le 25 avril 2019. LIONEL BONAVENTURE/AFP

Éric Zemmour provoque le malaise chez les Français juifs ICI

 

Le président du CRIF a lancé un appel pour qu’il n’y ait « pas une voix juive » pour le potentiel candidat à la présidentielle dont les prises de position ont heurté. Une mise en garde qui peine à trouver écho dans une partie de la base.

Par Abel Mestre et Ivanne Trippenbach

 

Eric Zemmour joue avec les lignes rouges. Dès le 18 septembre, il tentait, à Nice, de désamorcer la controverse autour des enfants juifs Arié et Gabriel Sandler, 6 ans et 3 ans, et Myriam Monsonego, 8 ans, assassinés en 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Le polémiste les décrit, dans son dernier livre, comme « étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort » parce qu’inhumés en Israël, un passage qui a profondément choqué. Au meeting, il écorche leur nom deux fois, les nomme « Santander »« Sandler !!! », écrit, à la hâte, sa conseillère Sarah Knafo sur un papier glissé en sa direction. Trop tard, Zemmour poursuit sur sa lancée.

 

Cette scène, captée par une caméra de l’équipe long format de BFM-TV pour un documentaire programmé début novembre, illustre le malaise. Eric Zemmour, qui n’a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde sur ce sujet, tient, en effet, une position particulière : lui-même de confession juive, il multiplie les déclarations qui heurtent, tant sur l’affaire Dreyfus, Vichy, Pétain ou la rafle du Vel’ d’Hiv, que sur les lois mémorielles qu’il souhaite abolir, dont la loi Gayssot, qui réprime le délit de négationnisme.

 

L’attaque voilée contre la famille Sandler a agi comme la goutte de trop. Éric Zemmour dénonce, depuis, une « instrumentalisation politicienne de l’émotion » et assure que blesser les proches des victimes n’était « pas le but du jeu ». Il continue toutefois de se dresser contre une « défrancisation » selon laquelle, à ses yeux, « on ne fait plus des Français ». « Ils n’appartenaient pas à la France », lâche-t-il sur France 2, le 11 septembre. « Je ne sais pas si ces gens sont français », évacue-t-il, le 14 octobre, sur CNews, de nouveau interrogé.

 

Filiation barrésienne

 

Dans son dernier livre, déjà vendu à plus de 200 000 exemplaires, Éric Zemmour a intitulé le chapitre évoquant les enfants Sandler « La terre et les morts », reprenant la formule de Maurice Barrès, écrivain nationaliste, antidreyfusard et antisémite, dont il se réclame ouvertement. Dans le Journal du 15 février 1900, Barrès écrivait, à propos des « éléments étrangers », des lignes qui résonnent avec le discours de l’ex-vedette de CNews : « Aujourd’hui, parmi nous, se sont glissés de nouveaux Français que nous n’avons pas la force d’assimiler, qui ne sont peut-être pas assimilables, auxquels il faudrait du moins fixer un rang, et qui veulent nous imposer leur façon de sentir. Ce faisant, ils croient nous civiliser ; ils contredisent notre civilisation propre. » Puis : « Avec une apparence de paix, la France est en guerre civile. »

 

Cette filiation barrésienne forme la colonne vertébrale de multiples polémiques qui ont émaillé les écrits et déclarations d’Eric Zemmour depuis son best-seller Le Suicide français (Albin Michel, 2014). Ainsi juge-t-il « trouble » l’affaire Dreyfus. A propos de l’innocence du soldat, il soutient, le 15 octobre 2020, sur CNews, que « ce n’est pas évident » et que celui-ci aurait été ciblé en tant qu’« Allemand » plutôt que juif. Son inspirateur Maurice Barrès décrivait pourtant Alfred Dreyfus comme la figure du traître, une « pourriture sur notre admirable race », dans son virulent article « La parade de Judas », en 1895.

 

D’un refus de toute « repentance » découle la tentative de réhabilitation du maréchal Pétain. Éric Zemmour défendait déjà, en 2014, la théorie du « moindre mal » selon laquelle Philippe Pétain aurait « sacrifié les juifs étrangers pour sauver les juifs français ». Dans son dernier essai, il cible de nouveau l’avocat Serge Klarsfeld, lequel a rendu public le statut des juifs durci de la main de Pétain, et déplore que Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité de l’Etat dans la rafle du Vel’ d’Hiv.

 

Toujours dans son dernier livre, il critique le procès de Maurice Papon, haut fonctionnaire de Vichy, comme un « procès idéologique » dont la visée aurait été de dire que « la France est coupable ». « Les fonctionnaires de Vichy n’étaient pas coupables, ils devaient obéir à l’Etat. Sinon, il n’y a plus d’autorité, plus d’obéissance », s’indigne-t-il sur CNews, le 13 septembre. A Béziers (Hérault), il assurait au Monde : « J’assume toujours tout. Ce que vous appelez mon inspiration idéologique et intellectuelle, c’est moi. Je n’en changerai pas. »

 

« Lever le tabou de Vichy »

 

Éric Zemmour défend une conception stricte de l’assimilation, qui proclame que « Napoléon est notre père, Louis XIV notre grand-père et Jeanne d’Arc notre arrière-grand-mère ». Ce rapport à l’identité n’est pas sans lien avec l’histoire de sa famille, juifs d’Algérie qui ont reçu la citoyenneté française par le décret Crémieux en 1870, contrairement aux musulmans. Ceux que l’on appelle alors « les israélites indigènes » d’Algérie ont vécu « le décret Crémieux comme une bénédiction et sont allés très loin dans l’assimilation », souligne Jean-Yves Camus, politologue spécialiste des radicalités.

 

Mais le candidat putatif remonte à la Révolution et à l’Empire lorsqu’il évoque « l’assimilation » des juifs, qu’il prend en modèle. Le 23 septembre, en débat avec Jean-Luc Mélenchon sur BFM-TV, il explique ainsi qu’il souhaite « imposer » à « la religion islamique exactement la même chose que ce que la France a imposé aux juifs, selon la fameuse formule de Clermont-Tonnerre [qui plaidait pour accorder la citoyenneté aux juifs en 1789] : “Tout aux juifs en tant qu’individus, rien en tant que nation.” C’est tout, toutes mes idées, tout mon projet ».

 

Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS et auteur de L’Etat contre les juifs (Champs Flammarion, 2020), y voit un moyen de « rendre possibles des politiques que l’on pense impossibles ». « D’une part, il considère que la droite et l’extrême droite se divisent sur Vichy, Pétain et de Gaulle, donc il tente de réécrire cette histoire, analyse le chercheur. D’autre part, il souhaite lever le tabou de Vichy afin de rendre acceptable un projet de détricotage de l’Etat de droit et d’exclusion des minorités. » Son objectif de renvoyer 2 millions d’étrangers en cinq ans, formulé mi-septembre, pourrait ainsi conduire à « se doter d’instruments sans précédent depuis Vichy et à rompre avec le droit tel que nous le connaissons », complète l’historien.

 

Lorsqu’Éric Zemmour aborde sa judéité, c’est pour évoquer des « traditions familiales » et une « enfance pétrie de judaïsme ». S’il fréquente une synagogue du 9e arrondissement, il se dit « d’abord un citoyen français » et considère que le legs juif n’existe qu’à travers le catholicisme. Il refuse de considérer sa religion comme un élément politique et juge que s’y référer, comme le fait Bernard-Henri Lévy dans une tribune retentissante parue dans Le Point, le 12 octobre, sous le titre « Ce que Zemmour fait au nom juif », serait « digne de la presse antisémite d’avant-guerre ». « Il m’assigne à résidence ethnique et religieuse », a réagi Zemmour sur CNews. Mais, à la surprise de Pascal Praud, qui l’interroge, il contre-attaque avec une rhétorique analogue au discours antisémite de la fin du XIXe siècle, accusant le philosophe d’être « la figure absolue du traître » et l’assimilant aux « cosmopolites ». « Tout s’y trouve, c’est un discours profondément antisémite, déplore le philosophe Alain David, délégué national de la Licra à la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Zemmour fait surgir l’obscène, l’imprononçable. »

 

« Beaucoup sont horrifiés »

 

Qu’un essayiste crédité de 16 % des intentions de vote à l’élection présidentielle s’aventure sur ces thématiques suscite inquiétude et malaise chez les responsables des institutions juives. L’un des premiers à avoir réagi est Francis Kalifat. « Pas une voix juive ne doit aller au candidat potentiel Zemmour », a estimé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), mi-septembre sur Radio J, en qualifiant Eric Zemmour de « juif utile ». Ce dernier avait rétorqué que M. Kalifat était « l’idiot utile des derniers antisémites » – le président du CRIF ne souhaite pas alimenter davantage la polémique.

 

Patrick Klugman, avocat de SOS Racisme et membre du CRIF, partage l’indignation de M. Kalifat : « Je ne connais personne d’autre à l’extrême droite qui tient ce genre de propos. Il vient retirer l’appartenance nationale à des victimes de terrorisme. Il touche au plus sacré chez les juifs. » Pour l’ancien adjoint d’Anne Hidalgo, le problème est que « la lutte contre l’antisémitisme se trouve réduite à néant parce que l’émetteur est juif. C’est du jamais-vu ». M. Klugman décrit des Français juifs déboussolés : « Beaucoup sont horrifiés, mais il y a une dynamique. »

 

Éric Zemmour agit, en réalité, comme le révélateur d’un clivage qui traverse les Français juifs, entre un sommet – incarné par des institutions qui lui sont hostiles – et une base, où son discours trouve une résonance. Alain Jakubowicz, ancien président de la Licra, assène pour sa part que « le CRIF ne représente plus rien, ni personne ». « Il est très probable qu’il y ait une dichotomie entre la base et le sommet, reconnaît Jean-Yves Camus. Le thème qui résonne le plus, c’est l’immigration et l’islam. »

 

Tous les interlocuteurs que nous avons interrogés le confirment : le projet d’Eric Zemmour quasi exclusivement dirigé contre l’islam rencontre un écho. « Il y a un rejet de l’Arabe, c’est indéniable », se désole ainsi M. Jakubowicz. L’avocat ne mâche pas ses mots pour qualifier celui qu’il appelle « un extrémiste sans limite », dont la radicalité prospère sur l’inquiétude des Français qui se sentent menacés en raison de leur religion. « Les Juifs dans le “9-3”, c’est un monde assiégé dont les membres fuient dès qu’ils peuvent, résume l’ancien préfet de Seine-Saint-Denis Didier Leschi. Ils ont l’impression d’être victimes du “grand remplacement” et se focalisent sur les musulmans. »

 

Noémie Madar, présidente de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), explique : « La peur des juifs de France est celle du terrorisme islamiste, à l’origine de l’assassinat de trop nombreux juifs français ces dernières années. Éric Zemmour instrumentalise cette peur. » Mme Madar décrit un profond « malaise » : « C’est terrifiant que la figure raciste aujourd’hui soit juive. Il se présente avec sa part juive et il en joue. Il s’autorise des choses grâce à cela. »

 

Le pamphlétaire n’a pas toujours été considéré comme un paria par certaines institutions communautaires juives. En 2016, il a été invité par la grande synagogue de la Victoire, à Paris, à un débat face à l’ancien grand rabbin de France Gilles Bernheim. Coiffé d’une kippa, comme le veut la règle, l’écrivain nationaliste y avait développé sa définition du Français juif, ses théories sur « l’influence juive » d’avant-guerre et sur « Auschwitz et tout ça ». Dans une recension, le site Actualité juive estimait que ces propos « donnaient la nausée ». Impossible aujourd’hui de trouver sur Internet l’intégralité de cette conférence animée par le journaliste du Figaro Yves Thréard. Seuls des extraits filmés par des spectateurs sont disponibles.

 

Frontière entre les « pour » et les « anti »

 

Mais sur Zemmour, désormais, une frontière de plus en plus infranchissable sépare les « pour » et les « anti ». Albert Elharrar, président de la communauté juive de Créteil, est clair : « On ne veut pas être associé à ce personnage abject qui ne représente pas les valeurs de la religion juive. Il souille les âmes, il faut le combattre, ses propos sont inadmissibles. » Comme beaucoup de représentants communautaires, il assure que « personne ne parle de lui à la synagogue ». Peut-être parce que le sujet, à vif, entraîne tensions et incompréhensions. La preuve : ceux qui ont accepté de nous en parler l’ont fait sous la condition de l’anonymat.

 

 

« On ne peut pas s’interdire de réfléchir sur des sujets majeurs sous prétexte qu’il dit des choses erronées ou discutables », souligne Michel.

 

Michel (le prénom a été modifié), un entrepreneur de 50 ans de l’Ouest parisien, est issu « d’une famille plutôt à gauche » mais soutient Éric Zemmour. D’où des algarades lors des repas familiaux. Les polémiques sur Vichy ou Dreyfus ne le gênent pas : « Je me fous de Pétain. Quel est le danger du pétainisme aujourd’hui ? On ne peut pas s’interdire de réfléchir sur des sujets majeurs sous prétexte qu’il dit des choses erronées ou discutables. » Pour lui, le sujet est le « conflit de civilisations » avec un islam menaçant la République, dont Eric Zemmour serait le seul à comprendre l’ampleur. L’ancien éditorialiste du Figaro résume d’une formule lapidaire, à propos du terrorisme islamiste : « On ne crie pas “Heil Hitler”, on crie “Allahou akbar”. »

 

Gilles-William Goldnadel, avocat médiatique proche de la droite la plus dure, voire de l’extrême droite, comprend cette attraction. « La communauté juive française a énormément évolué, avance-t-il. Elle serait largement zemmourienne s’il ne faisait pas montre d’un manque de sensibilité vis-à-vis de la question juive. » Valérie, Parisienne d’une cinquantaine d’années, le confirme : « On se sent incompris face à l’islamisme. L’adhésion totale à Zemmour est empêchée par ses sorties, mais il dit quand même des choses que l’on attend depuis très longtemps. » Comme la réponse à une peur bien ancrée, en somme.

 

Abel Mestre et Ivanne Trippenbach

 

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8 novembre 2021 1 08 /11 /novembre /2021 06:00

Consultation d'un druide

Titre accrocheur s’il en est puisé à la source de Vitisphère sous la signature d’Alexandre Abellan.

 

Bordeaux sera toujours Bordeaux, « sûr de lui et dominateur » aurait dit la grand Charles, ce grand lac de vin vit aujourd’hui le désamour des consommateurs, à la manière du gros rouge qui tache du Midi dans les années 70-80, nom de code : Bordeaux-bashing.  

 

Un peu simpliste comme analyse attribuant à une main invisible malveillante les malheurs du tonneau de Bordeaux se trainant dans le ruisseau à 750 €.

 

Le consommateur a toujours raison me disait-on à l’époque où les français se sont rués dans les allées de la GD laissant sur le flanc les petits commerçants de quartier. Ils n’ont eu que leurs yeux pour pleurer sauf qu’à l’heure actuelle le balancier s’est inversé, le commerce de proximité a, de nouveau, le vent en poupe, les grands de la GD font le trottoir dans les villes et les achats en ligne déplument les hypermarchés carbonés.

 

Bref, dans l’entre soi bordelais, sous la houlette des « têtes d’œufs » du CIVB, loin des folies des GCC, Bernard Farges et Allan Sichel, viennent de présenter à leurs troupes hésitant entre colère et résignation, le nième  plan d’actions pour répondre aux difficultés commerciales actuelles du vignoble et préparer sa revalorisation pour l'avenir.

 

Françoise Giroud, qui avait la dent dure, déclara en 1974, à propos du maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, « On ne tire pas sur une ambulance » ICI, je me contenterai donc, charitable que je suis, de qualifier ce papier d’à côté de la plaque.

 

Un morceau remarquable de cette indigence :

 

« Mettant sur la table son plan d’action, le CIVB se veut un outil de soutien à la promotion sur le terrain, comme l’indique Julie Rambaud-Texier, sa directrice marketing. Visant une humanisation des opérateurs bordelais, l’interprofession prend comme « fil rouge » la tournée des vins de Bordeaux (avec chaque année une édition collective et nationale début mars et des versions réduites par groupes d’appellations bordelaises). Souhaitant se renforcer sur le marché girondin (« on ne peut gagner la bataille de l’image des vins de Bordeaux si l’on ne gagne pas le match à domicile » souligne Julie Rambaud-Texier), le CIVB continue de prospecter l’export avec un format événementiel de "Bordeaux days" (des journées de séminaires sur 6 marchés prioritaires, pour viser 200 professionnels par journée dans 13 villes), d’innover dans ses supports de communication (avec un film en réalité virtuelle) et de recruter de nouveaux ambassadeurs (comme avec l’influenceuse du Rouge Aux Lèvres). »

 

L’humanisation des opérateurs bordelais, et l’influenceuse Rouges Aux Lèvres, mais de qui se moque-t-on ?

 

Des vignerons pour sûr, comment peut-on mettre sur la table, pour séduire les consommateurs, « rendre la filière attractive » (sic), se raccrocher aux marchés, des propositions purement cosmétiques. Les nouveaux consommateurs qui ont fui les vins de Bordeaux ne l’ont pas fait parce que les opérateurs bordelais n’avaient pas d’âme, mais parce que le produit présenté ne leur plaît pas, et ce n’est pas avec une « influenceuse » payée par le CIVB, faisant de la réclame sur Instagram, face de bouc ou autre réseau social, qu’on va les convaincre de tremper à nouveau leurs lèvres dans un ballon de rouge bordelais.

 

Fort bien me direz-vous, mais alors : que faire ? Que proposer ?

 

Mes réponses sont simples : j’ai déjà donné, suis pas qualifié, retiré des voitures je me contente de boire des jus qui me plaisent, quand la forme prend le pas sur le fond elle touche le fond, avec l’espoir secret de remonter à la surface.

 

Un seul conseil aux têtes d’œufs du CIVB : allez-donc traîner vos escarpins ou vos Richelieu dans les bars à vin, y’en a sûrement plein à Bordeaux, ça vous fera le plus grand bien, ça aérera vos neurones confinés dans des recettes formatées, ça vous permettra de sortir des sentiers battus et de donner une nouvelle jeunesse aux petits vins de Bordeaux.

« Notre enjeu, c’est susciter la demande en étant attractif auprès du consommateur » indique Allan Sichel. - crédit photo : CIVB

La boîte à outils des vins de Bordeaux pour se raccrocher aux marchés sans arracher ICI

Jeudi 04 novembre 2021 par Alexandre Abellan

 

https://www.consoglobe.com/wp-content/uploads/2015/10/druide_shutterstock_1058625014.jpg

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7 novembre 2021 7 07 /11 /novembre /2021 06:00

Plus dure sera la chute en Blu Ray : Plus dure sera la chute - AlloCiné

En juin 81, lors de mes premiers pas dans le sérail politique, le Palais Bourbon était  une marmite au bord de l’implosion, pensez-donc, certes les chars soviétiques n’avaient pas fait un blitzkrieg jusqu’à la place de la Concorde, mais 4 Cocos siégeaient au gouvernement  Mauroy  2, la chambre étaient majoritairement rose, certains au Congrès de Valence demandaient que les têtes roulassent dans la sciure, Robert Badinter était conspué, la vieille droite qui se croyait propriétaire du pouvoir depuis l’arrivée en 58 du Grand Charles, l’avait mauvaise, elle espérait avoir très vite sa revanche contre la piétaille de la gauche unie, dévaluation, sortie du SME, Tonton hésita, tangua, puis sur la pression de Delors, fit barre toute vers la « rigueur ». Bref, la gauche devint convenable, de gouvernement, fréquentable. Les députés socialos des premiers jours, dépenaillés, se glissèrent avec délice, pas tous heureusement, dans les mœurs de l’élite où l’impunité était la règle non-écrite, mais toujours respectée dans un silence complice.

 

Mais en France, il faut laisser le temps au temps, formule fétiche de Mitterrand, pour que  tout change pour que rien ne change. Presque 50 ans, et n’en déplaise à notre monsieur contre Pax, c’est sous le règne de Macron 1er que la débandade de l’élite mâle est arrivée.   

 

Sarkozy, Duhamel, Académie Goncourt… La France comptait en son sein une élite sans vergogne – jadis. Aujourd’hui, sans se transformer en modèle d’égalitarisme à la scandinave, la France ne considère plus son élite politique et culturelle comme intouchable, analyse le Financial Times.

 

J'ai retrouvé ce vieux truc que je n'avais pas encore mis ici... - C'est  facile de se moquer

 

Il se passe des choses étranges en France. L’ancien président Nicolas Sarkozy s’est vu infliger une peine de prison (qu’il effectuera chez lui), après sa deuxième condamnation en six mois. D’autres célébrités françaises ont été accusées de viol ou d’inceste. Il a été interdit aux membres du jury remettant le principal prix littéraire du pays de le décerner à un amant. L’École nationale de l’administration, qui recrute les élites politiques qui se reproduisent entre elles, a été rebaptisée et devrait être réformée.

 

https://www.lopinion.fr/sites/nb.com/files/styles/w_400/public/styles/paysage/public/images/2021/03/20210302_sarkozy_condamne_affaire_ecoutes_web_0.jpg?itok=Og5MbT0a

 

Les Français – qui forment probablement la nation la plus pessimiste du monde – refuseront peut-être d’y croire, mais apparemment il semble possible de faire le ménage dans les rangs de leurs élites, au bout du compte. De quoi tirer des leçons utiles pour d’autres pays.

 

Toutes les élites finissent par ne penser qu’à elles, et les représentants de l’élite française que j’ai rencontrés après mon arrivée à Paris il y a vingt ans étaient sans vergogne. Ils faisaient leurs études ensemble, puis se regroupaient dans quelques arrondissements* sur les bords de la Seine, s’installant l’été dans les résidences secondaires des uns et des autres. Dans un pays à la lourde fiscalité, on avait coutume, entre gens de la même caste, de s’offrir non de l’argent mais du pouvoir et des avantages. En cas de problème, on pouvait toujours appeler un ami juge. Une époque résumée par une photo de François Fillon – alors Premier ministre de Sarkozy – en train de se détendre en famille sur la pelouse de son château* en 2016.

 

Méfiance envers les élites

 

Mais l’élite française a appris à guetter le chuintement du couperet de la guillotine et, en 2017, diverses forces se sont associées pour imposer un nettoyage. On courait le risque que la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen entre à l’Élysée. C’est Emmanuel Macron qui l’a emporté, finalement, mais sa loyauté envers ses vieux amis n’était pas à toute épreuve. Il a pris la tête d’une génération plus jeune, où les femmes jouent un rôle sans précédent, et qui a été contaminée par les règles de transparence en vigueur à l’étranger. Quelques mois plus tard, les révélations sur le prédateur sexuel américain Harvey Weinstein ont déclenché le mouvement mondial #MeToo.

 

Une loi macroniste sur la moralisation de la vie politique” interdit aux députés d’embaucher leurs proches ou de dépenser des fonds sans présenter de factures. Fillon a été inculpé pour avoir offert un emploi fictif à son épouse. Immanquablement, certains à droite affirment que Sarkozy et lui sont victimes de persécutions judiciaires. Peut-être les peines qui les visent n’ont-elles fait qu’exacerber la méfiance des Français vis-à-vis des élites. Quoi qu’il en soit, ce sont des signes de réforme : la justice ne vaut plus seulement que pour les humbles.

 

Pour les parlementaires aussi, la vie a changé. C’en est fini des déjeuners de six heures arrosés au champagne avec des “assistantes de recherche” de 22 ans. Un restaurateur parisien grommelle que, de nos jours, les politiciens “n’ont pas d’argent”. À la fin de 2017, des panneaux ont été placardés dans les ascenseurs de l’Assemblée nationale pour rappeler la définition légale du harcèlement, les peines de prison et les amendes qui y sont associées, ainsi qu’un numéro d’urgence pour les victimes. Et ce n’est pas sans effet.

 

Les temps changent

 

Le #MeToo français a accéléré l’hiver dernier, après la publication de deux livres autobiographiques, un de Camille Kouchner et l’autre de Vanessa Springora, contenant des allégations sur des agressions incestueuses et pédocriminelles. Le beau-père de Camille Kouchner, Olivier Duhamel, président du Siècle, un club élitiste – autrement dit, président de l’establishment français – a été banni de la vie publique, accusé d’avoir abusé du frère de l’autrice. L’affaire a fait tomber plusieurs autres membres de la caste supérieure, dont le philosophe et polémiste Alain Finkielkraut, évincé des plateaux de la chaîne de télévision LCI après s’être interrogé sur cette agression sexuelle présumée à l’encontre d’un garçon de 14 ans : “[…] Y a-t-il eu consentement? […] Y a-t-il eu ou non une forme de réciprocité? Un autre secteur de l’élite, l’Église catholique, est confronté à des difficultés du même ordre après qu’un rapport a estimé que, depuis 1950, des prêtres avaient abusé de 216000 personnes aujourd’hui adultes.

 

La liste des prêtres pédophiles s'allonge ! | caricatures de l'actualite  par Plop et KanKr

 

En comparaison, le scandale qui entoure le plus grand prix littéraire français peut certes passer pour de la petite bière mais, culturellement, il n’en est pas moins révélateur. Un auteur initialement sélectionné pour le Goncourt de cette année se trouve être le compagnon d’une femme membre du jury; laquelle a par ailleurs écrit une critique incendiaire sur un roman concurrent. Il y a dix ans, nul ne s’en serait soucié. De fait, Philippe Claudel, le secrétaire général du jury du Goncourt, avait curieusement dit, au début, que “ce n’était pas un problème éthique ou déontologique, ce qui serait le cas s’il émanait d’un conjoint, d’un descendant, d’un ascendant”. D’autres ont tenu à souligner que le couple ne vivait pas sous le même toit.

 

Mais les temps changent. La semaine dernière, le Goncourt a interdit aux membres du jury de récompenser des amants et des proches. Tout aussi inhabituel, la nouvelle liste ne contient aucun ouvrage de l’éditeur le plus en cour du pays, Gallimard. Tout cela a lieu après la réforme, l’an dernier, de l’académie remettant le plus grand des prix du cinéma en France, celle des César : sa direction a démissionné après que 400 artistes ont dénoncé une académie au fonctionnement “élitiste et fermé” qui avait sélectionné douze fois un film du réalisateur Roman Polanski, accusé de pédocriminalité.

 

La France ne s’est pas soudainement transformée en un modèle d’égalitarisme transparent à la scandinave. Mais elle se réforme, et elle n’est pas la seule. Quand les institutions de l’élite sont attaquées par la base, elles trouvent des raisons de faire le ménage.

 

L’Italie a réduit le nombre de ses parlementaires et réforme ses tribunaux afin que les inculpés fortunés ne puissent plus faire traîner la procédure jusqu’à ce qu’il y ait prescription. En Grande-Bretagne, Oxford et Cambridge acceptent davantage d’étudiants issus de l’enseignement public. Les électeurs ne tolèrent plus les dirigeants coupables de délit d’initié, comme le prouve la démission, la semaine dernière, du chancelier autrichien Sebastian Kurz et la défaite du Premier ministre tchèque Andrej Babis. Lutter contre la corruption, c’est aussi reconnaître quand elle est déclin.

 

* En français dans le texte.

 

Simon Kuper

 

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 06:00

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La nouvelle est tombée sur mon téléscripteur :

 

C’est un petit séisme en France : les ventes du légendaire camembert, star du traditionnel plateau de fromage, sont sur le point d’être dépassées par sa douce rivale italienne : la mozzarella.

 

Mozart est là…

 

Il en est de la mozzarella, comme du Canon de Pachelbel ou l’adagio d’Albinoni, elle est victime de son succès planétaire. Bien évidemment je ne parle même pas de la mozzarella au lait de vache produite partout, y compris en France, dans des usines. Non, je parle de celle que l’on trouve dans la GD sous l’étiquette Mozzarella di Buffala Campana par des marques comme Galbani qui elle aussi est un produit industriel.

 

mozza-001.JPG

1 septembre 2019

Mozart est là… et la mozzarella di buffala… ICI  

 

Ce désamour  préoccupe Ouest-France qui, même s’il n’est pas normand mais breton, a, dans son giron, le fameux Président (pas celui honni par Pax) produit phare de la maison Besnier devenue Lactalis.

 

Je cite :

 

Les deux fromages ne sont pas exactement rivaux : ils sont consommés différemment en fonction des saisons et la mozzarella est surtout utilisée en cuisine, quand le camembert est plus apprécié en dégustation.

 

Mais ce déclin réel laisse présager en creux un changement dans les habitudes culinaires des Français.

 

Selon une étude du ministère français de l’Agriculture, en 2020 les ventes de camembert chutaient de 11 % par rapport à 2015 quand celles de la mozzarella bondissaient de 62 %.

 

Le cabinet d’étude Nielsen assène : La tendance est claire, les ventes de mozzarella vont dépasser celles de camembert d’ici peu.

 

Nous vivons un deuil, comment le meilleur fromage a-t-il pu être détrôné ? s’est lamentée sur Facebook l’entreprise familiale de camemberts Gillot – leader français de la fabrication de camembert au lait cru – installée dans le village de Saint-Hilaire-de-Briouze (nord-ouest).

 

20 mai 2018

C’est la triste histoire d’un bon camembert Gillot au lait cru, moulé à la louche, congelé et coincé entre 2 Président dans une armoire de la GD : tout ça pour ça ! ICI 

 

Pour Émilie Fléchard, directrice adjointe de Gillot, ce putsch pourrait être lié à un changement de mœurs, par exemple un déclin de la tradition du plateau de fromage.

 

« Mes parents mangeaient du fromage deux fois par jour. Personnellement, à part quand je reçois, je ne mange pas de fromage à la fin du repas » observe-t-elle.

 

Une tendance que semble discerner aussi Loïc Bienassis (j’attends Pax) chargé de mission scientifique à l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) : En 2011, 40 % du fromage était consommé hors plateau mais depuis, cela a probablement augmenté indique-t-il à l’AFP.

 

Le camembert, une « aventure »

 

Mais le désamour vis-à-vis du camembert s’explique aussi par une réputation, ternie au fil du temps.

 

Le camembert souffre d’une image vieillotte, celle d’un fromage populaire, traditionnel, constate Mike Bija, fromager à La Crèmerie du 17e, dans un arrondissement chic de Paris.

 

Par ailleurs, selon l’étude du ministère, les amateurs des deux fromages n’ont pas forcément le même profil d’âge : le camembert est deux fois plus consommé par les plus de 65 ans que par les moins de 35 ans. La mozzarella est au contraire achetée massivement par les moins de 35 ans.

 

Car la petite boule blanche italienne est pratique : On la consomme plus en plat, dans les salades », explique Sakina Merazga, qui tient la boutique parisienne avec Mike.

 

Elle accompagne parfaitement une nouvelle alimentation, qui se veut plus saine, plus légère…

 

En rupture par rapport au repas français traditionnel, incarné par le camembert, un produit exigeant, fort en goût, qui se mange seul, selon Mme Merazga. Le camembert, cest une aventure !

 

La mozzarella, c’est un effet de mode, un fromage de jeunes urbains et branchés, estime Mike Bija.

 

La Crèmerie vend d’ailleurs un camembert au lait de bufflonne, sorte de synthèse crémeuse et osée des deux rivaux, à destination des clients rebutés par le goût trop prononcé du camembert.

 

L’industrialisation contre la tradition

 

Mais derrière la perte globale de vitesse du camembert, spécialité de Normandie, se cache des réalités très différentes.

 

Au niveau du goût comme du prix (presque deux fois plus élevé en moyenne), pas grand-chose à voir entre un camembert AOP de Normandie et un camembert industriel standardisé.

 

Pour obtenir le label « Appellation d’origine protégée », les producteurs doivent répondre à certains critères : moulage à la louche, lait cru… Une sévérité qui garantit un goût inégalé et un respect de la tradition.

 

Chez Gillot, où l’on produit notamment de l’AOP, la fabrique est une véritable ruche et les employés s’affairent dans un incessant ballet : Nos ventes progressent depuis huit ans, se félicite Emilie Fléchard.

 

Selon l’Association de défense et de gestion de l’AOP Camembert, les ventes ont augmenté de 20 % entre 2014 et 2020.

 

Les gens veulent manger moins mais de meilleure qualité, conclut Mme Fléchard.

 

Mais cette production ne représente qu’un peu moins de 10 % du tonnage global. L’écrasante majorité du camembert est produite par des géants industriels comme Lactalis, vendus en supermarchés.

 

 

 

L'info sent aussi l'A.F.P.

Les ventes du légendaire camembert, spécialité du nord-ouest du pays et star du traditionnel plateau de fromage, sont sur le point d’être dépassées par sa douce rivale italienne: la mozzarella. Photo d’illustration Pixabay

 Photo d’illustration Pixabay

Camembert: «Comment le meilleur fromage a-t-il pu être détrôné ?» ICI

 

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5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 12:30

 

« Lettre ouverte à mes amis vignerons

 

Chers amis, 

 

Je suis né à Saint-Emilion et aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été passionné par ce métier formidable et difficile : celui de cultiver la vigne et d’élever ses vins dans le respect de l’humain et de la nature.

 

Très tôt, je me suis beaucoup investi dans nos instances professionnelles car je souhaitais servir l’intérêt collectif et défendre notre patrimoine commun et nos appellations.

 

Partout où cette aventure m’a mené, depuis plus de 50 ans, j’ai eu le privilège de rencontrer des femmes et des hommes formidables, dont beaucoup m’ont témoigné leur soutien chaleureux ces derniers temps. Je les en remercie très sincèrement.

 

Voilà bientôt neuf ans que je suis la cible d’une accusation particulièrement violente et que j’estime injuste et infondée. 

 

Pour jeter le discrédit sur un classement dans lequel ils n’ont pas été retenus, un petit groupe de viticulteurs a multiplié les procédures et les attaques personnelles, en m’accusant, entre autres, d’avoir cherché à utiliser mes mandats pour prétendument influencer les organismes en charge de l’élaboration et de la mise en œuvre du classement.

 

A la suite de leur plainte, déjà ancienne, j’ai dû m’expliquer à de nombreuses reprises et au fil de la procédure, le champ de ce qui m’était reproché n’a cessé d’évoluer.

 

En 2018, le procureur de la République a requis un non-lieu estimant qu’il n’existait aucune charge sérieuse à mon encontre. J’ai pensé, à tort que cette affaire était enfin terminée.

 

La semaine dernière, le tribunal correctionnel de Bordeaux m’a condamné au paiement d’une amende.

 

Après avoir lu le jugement, je comprends qu’il m’est essentiellement reproché d’avoir, en tant que Président de section du Conseil des Vins, répondu à des demandes qui m’avaient été adressées par le service juridique de l’INAO, dans le cadre de l’élaboration du cahier des charges du classement.

 

Pour moi, ces échanges étaient neutres et transparents, ils étaient conformes aux règles en vigueur au sein de l’INAO. 

 

Contrairement à ce que je lis parfois dans la presse, à aucun moment il n’a été démontré que j’aurais pu recevoir le moindre avantage, ni direct, ni indirect du fait de ces opérations. Le Tribunal l’a d’ailleurs clairement dit dans sa décision.

 

En mon âme et conscience, je sais que je n’ai jamais agi de manière contraire à mes valeurs. Je n’ai jamais recherché autre chose que de servir le collectif et surtout, je n’ai jamais avantagé des intérêts particuliers, et encore moins les miens.

 

Pendant toutes ces années, cette procédure a servi mes détracteurs, pour les conduire à alimenter des polémiques sans fin et nourrir des attaques contre ma famille, mes collaborateurs et moi-même.

 

C’est pourquoi, même si je la trouve injuste et injustifiée, j’ai décidé de mettre un terme définitif à ce litige, et de ne pas faire appel de cette décision.

 

Je sais désormais que l’engagement public présente des risques que je n’aurais même jamais imaginés lorsque j’ai accepté de m’engager dans ces mandats. Je tiens à rappeler que j’avais été élu à l’unanimité pour représenter l’appellation dans le cadre du Conseil des Vins, et nommé directement par le ministre de l’Agriculture, en connaissance de cause, pour siéger à l’INAO.

 

Au fond, quel que soit mon ressenti, mon expérience ne doit pas décourager celles et ceux, notamment les plus jeunes, qui continueront à s’engager pour défendre avec force et conviction nos appellations et nos instances, locales et nationales, tant enviées par nos concurrents étrangers.

 

De mon côté, je vais continuer à faire ce métier que j’aime tant avec tous ceux, nombreux, qui continuent à me soutenir et à me faire confiance.

 

Bien amicalement,

 

Hubert de Boüard de Laforest
Vigneron 

 

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5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 06:00

 

 

À Beaune, le président français a remis les insignes de Grand-Croix de la Légion d’honneur à la chancelière allemand lors d’une cérémonie d’adieu en Bourgogne.

 

Après un récital de piano, les deux dirigeants ont été intronisés dans la Confrérie des Chevaliers du Tastevin qui célèbre la Bourgogne, sa cuisine, ses vins et ses traditions.

 

Alain Suguenot est le maire de Beaune.

 

De 1932-1944 : Roger Duchet fut maire de Beaune

De 1945-1965 : Roger Duchet à nouveau maire de Beaune

 

Il serait malvenu de rappeler dans cette chronique les états de service de Roger Duchet, j’y reviendrai, après la Libération il fut un membre du parti d’Antoine Pinay, le CNI, Centre National des Indépendants&paysans.

 

Au temps des cépages nazis le Zweigelt en Autriche, le « Dr. Wagnerrebe» dans le IIIe Reich l’ancienne «Cuvée des Dames hospitalières» 51 ares 10 centiares au lieudit les Teurons à Beaune devient «Clos du maréchal Pétain».

 

16 décembre 2018

L’ancienne «Cuvée des Dames hospitalières» 51 ares 10 centiares au lieudit les Teurons à Beaune devient «Clos du maréchal Pétain». ICI

 

 

 

Secrétaire d'État aux Travaux publics du gouvernement René Pleven (2) (du 11 août au 4 octobre 1951)

Ministre des PTT du gouvernement René Pleven (2) (du 4 octobre 1951 au 20 janvier 1952)

Ministre des PTT du gouvernement Edgar Faure (1) (du 20 janvier au 8 mars 1952)

Ministre des PTT du gouvernement Antoine Pinay (du 8 mars 1952 au 8 janvier 1953)

Ministre des PTT du gouvernement René Mayer (du 8 janvier au 28 juin 1953)

Ministre de la Reconstruction et du Logement du gouvernement Edgar Faure (2) (du 23 février 1955 au 1er février 1956)

 

 

Peut être une image de 5 personnes et personnes debout

Peut être une image de 5 personnes et intérieur

« Depuis que tu es chancelière, la France a appris à te connaître et à t’aimer », « durant toutes ces années, tu as contribué à garder l’Europe unie malgré tous les chocs », a affirmé Emmanuel Macron. « Merci d’avoir accepté ce jeune président impétueux qui voulait tout bousculer », « merci de cette patience et de cette indulgence à mon égard », a-t-il ajouté

 

 

La Grand-Croix – distinction la plus élevée de l’ordre de la Légion d’honneur qui fut également décernée à Konrad Adenauer, Willy Brandt, Helmut Kohl et Gerhard Schroeder – « incarne la solidité de l’amitié franco-allemande, entretenue par Angela Merkel », selon la présidence française.

Semblant heureuse de recevoir cette distinction, Angela Merkel a elle aussi remercié son hôte.

« Ce qui était bien avec tous les présidents c’est qu’on a partagé les mêmes valeurs, même si au début on avait souvent des idées différentes. On a souvent réussi à se mettre ensemble et à faire plus que ce qu’on aurait pu faire tout seul », a-t-elle souligné.

https://cdn-s-www.bienpublic.com/images/FAAEC8D8-37CF-45F8-B1DB-2C1404607DC5/NW_raw/emmanuel-macron-et-angela-merkel-se-sont-rendus-dans-la-soiree-au-chateau-du-clos-de-vougeot-ou-la-chanceliere-allemande-a-ete-decoree-de-la-grand-croix-de-la-legion-d-honneur-par-le-president-de-la-republique-je-me-rejouis-de-cette-decoration-et-aussi-de-la-recevoir-en-bourgogne-une-region-rurale-je-pense-que-les-regions-de-nos-deux-pays-ont-contribue-a-ce-qu-on-est-aujourd-hui-a-t-elle-declare-a-cette-occasion-photo-lbp-emma-buoncristiani-1635978710.jpg

« Les deux couples ont ensuite partagé un dîner 100 % bourguignon, avec en entrée œufs en meurette, spécialité bourguignonne d’œufs mollets dans une sauce au vin de bourgogne.

 

Elle était accompagnée notamment de truffes de Bourgogne, puis de bœuf Charolais ainsi que de fromages frais et chocolats de Bourgogne. Le tout arrosé d’un Saint-Aubin 1er cru de 2015 et d’un Nuit Saint-Georges 1er cru de 2014. »

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 06:00

 

La recette originale du sénateur Aristide Couteaux parue dans le journal « Le Temps » en 1898 : Le lièvre est confit « à la périgourdine » pendant des heures jusqu’à obtention d’une sorte de capilotade qui a donné lieu ensuite aux recettes de Paul Bocuse et Joël Robuchon. Le style aussi est sympathique : Aristide cale pour vous les horaires de préparation. On commence à midi et on termine sa sauce vers 18H00.

 

« Je pense qu’on devrait mieux se pencher sur la cuisson du gibier dans l’esprit du Sénateur Couteaux : rester sur cette technique d’une très longue cuisson à température très basse où le gibier est totalement confit, puis à la 48ème heure, pousser les bocaux en température pour obtenir une bonne conservation dans le temps. On obtiendra ainsi une capilotade douce en bocal. » Arnaud Donckele

Que du beau monde, le lièvre à la royale est toujours tendance, il s’affiche à la carte des chefs de la nouvelle génération : à TABLE, de Bruno Verjus.

 

Peut être une image de dessertPeut être une image de aliment

 

10 mars 2018

Le lièvre à la royale de Jean-Marie Amat chef du Saint James à Bioulac vu par Jean-Paul Kauffmann, celle du sénateur Couteaux vue par Jean-Claude Ribaut. ICI 

 

 

« Je me souviens un soir de novembre dans les Landes. Il nous avait préparé un lièvre à la royale. Cette façon qu’il avait eue de chambouler cette recette, gloire écrasante de la gastronomie française! Un retournement magistral, un de ces bonds acrobatiques à la Amat (l’emblématique chef du Saint-James, Jean-Marie Amat, décédé lundi à l’âge de 72 ans). Pourtant tout y était : le foie gras, le sang, les abats, la sauce dun noir denfer. Tout y était, mais réévalué, transmuté, extrapolé par lui. Un lièvre délesté des impedimenta de la tradition, subtil, presque aérien. Furieusement royal pourtant : fastueux même, opulent, sauvage. »

Jean-Paul Kauffmann

 

Bascou

- Lièvre à royale, selon Carême ou « Jacquillou »? ICI

 

La guerre picrocholine entre partisans du lièvre à la royale façon Antonin Carême et tenants de la recette du Sénateur Couteaux laisse le chef de Lasserre impavide.

 

Pour les 70 ans du restaurant Lasserre, son chef, Christophe Moret et Claire Heitzler, chef pâtissière, ont créé un menu anniversaire, proposé depuis le 13 novembre, dont le plat emblématique est un lièvre de Picardie, le filet juste pané poivre/genièvre, la panoufle à la Périgourdine. Soit une variation sur la recette du lièvre à la royale dite d’Antonin Carême (1784 – 1833), encore qu’une telle façon  figure en 1775, dans Les soupers de cour du cuisinier Menon.

François Simon

 

Le lièvre à la royale de Jean-Marie Amat chef du Saint James à Bioulac vu par Jean-Paul Kauffmann, celle du sénateur Couteaux vue par Jean-Claude Ribaut.

- Le lièvre à la royale du sénateur Couteaux

 

 Un lièvre, du courage et beaucoup d'humour ...

 

Mode d'emploi :

 

Se procurer un lièvre mâle, à poils roux, de fine race française (caractérisée par la légèreté et la nerveuse élégance de la tête et des membres), tué autant que possible en pays de montagne ou de brandes, pesant de cinq à six livres, c'est à dire ayant passé l'âge du levraut, mais cependant encore adolescent. Caractère particulier pour le choix : tué assez proprement pour n'avoir pas perdu une goutte de sang.

Jean-Claude Ribaut

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2 novembre 2021 2 02 /11 /novembre /2021 06:00

Peut être un dessin animé de texte qui dit ’EST QUAND MÊME PLUS BEAU QU'UNE ÉOLIENNE! CHAPPATTE’

En France, le nucléaire civil, est une ligne de partage très ancienne qui divise, l’opposition au nucléaire fut le socle des premiers écolos, elle perdure, la prise en compte de l’empreinte carbone relance le débat entre les pour et les contre, le lobby du nucléaire est puissant, bien implanté dans une forme de complexe politico-industriel mais l’opinion publique est de plus en plus sensible  aux arguments des Verts. Mélenchon a viré sa cuti, Le PC et la CGT sont farouchement contre la fermeture des centrales nucléaires, voir Fessenheim, la droite et la gauche, dites de gouvernement pataugent dans un flou peu artistique.

 

À titre personnel je ne me suis jamais engagé dans les rangs des contre, surtout que beaucoup fondait leur opposition sur la peur, Tchernobyl n’a rien arrangé, mais j’ai milité pour le renforcement d’une autorité indépendante en charge de la Sécurité Nucléaire, elle s’est notoirement crédibilisée, et pour la destinée des déchets.

 

Je verse quelques pièces au dossier  en commençant par un point de vue intéressant de nos voisins suisses :

 

Dans la Meuse, l’envers du grand retour du nucléaire

NUCLÉAIRE 

 

Le 23 octobre, l’enquête d’utilité publique sur le projet controversé d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) s’est achevée sur un constat: sur fond de lutte contre le réchauffement climatique, l’heure est bel et bien au retour en force de l’atome

Richard Werly  

Publié dimanche 24 octobre 2021

 

Des galeries souterraines creusées dans l’argile, à plus de 500 mètres de profondeur. Un gruyère atomique foré dans le sous-sol de la Lorraine et supposé résister durant des milliers d’années aux forces de la nature. La commune de Bure, dans la Meuse, est sans doute aujourd’hui la plus informée de France sur les conséquences à long terme de l’énergie nucléaire, que beaucoup en France rêvent de relancer pour lutter contre le réchauffement climatique et permettre au pays d’atteindre son objectif de 33% d’énergies renouvelables en 2030. Bure, ou l’envers de l’atome contre lequel des centaines d’opposants ont encore manifesté samedi, dernier jour de l’enquête d’utilité publique sur le futur site d’enfouissement des déchets radioactifs, conduite, entre le 15 septembre et le 23 octobre, par une mission indépendante de cinq membres placée sous l’autorité du Tribunal de Nancy.

 

Une commune symbolique

 

Pour l’heure, rien n’est acquis et les antinucléaires vont continuer de mener le combat dans cette région d’agriculture de l’est de la France où la paysannerie s’éteint, où l’emploi privé est rare, avec un taux de chômage d’environ 7% (contre une moyenne nationale de 8%). Bure est une commune symbolique à plus d’un titre. Si la première étape du projet est approuvée – sous forme d’une déclaration d’utilité publique –, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) augmentera considérablement les moyens dévolus au Cigéo (Centre industriel de stockage géologique), dont le territoire couvre déjà près de 600 hectares, libérés de toute présence agricole à force de rachats. La commune lorraine deviendra alors le second point focal, en France, pour le traitement des déchets radioactifs après l’usine de retraitement de La Hague, dans la très nucléaire presqu’île du Contentin, où se trouve aussi la centrale de Flamanville, dotée d’un troisième réacteur de nouvelle génération supposé entrer en fonction en 2023. 85 000 m³ des déchets les plus toxiques du parc nucléaire français (18 centrales, 53 réacteurs, 77% de la production énergétique nationale) y seraient à terme enfouis à partir de 2035.

Bas du formulaire

Le plan «France 2030»

 

La coïncidence du calendrier en dit long sur le retour en force, en France, de l’énergie nucléaire sur fond de lutte contre le réchauffement climatique. Lors de la présentation de son plan «France 2030» le 12 octobre, Emmanuel Macron a ainsi ouvert la voie à une nouvelle étape de l’effort atomique français, initié après la crise pétrolière de 1973-1974, et devenu une priorité nationale dans les années 1980, sous les deux septennats de François Mitterrand: la création de micro-centrales – Small Modular Reactor – de puissance plus faible que des réacteurs conventionnels, pouvant être produits en série puis transportés sur leurs lieux d’exploitation.

Objectif: éviter que l’augmentation de la part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique national (supposée passer dans les dix années prochaines de 20% à 33%) ne débouche sur une mise en danger de l’approvisionnement énergétique. Avec une conséquence déjà dénoncée par les écologistes: le risque accru de prolifération, et la dissémination des réacteurs sur l’ensemble du territoire, entraînant une mainmise encore plus grande du lobby de l’atome sur le pays.

 

Un réseau politico-industriel sans égal

 

«L’atome français, c’est un réseau politico-industriel sans égal, enraciné au cœur de l’appareil d’Etat et soutenu par l’ensemble de la classe politique depuis plus d’un demi-siècle», dénonçait déjà, au lendemain de la catastrophe de Fukushima en 2011, l’ancienne ministre de l’Environnement et avocate Corinne Lepage. Et de fait, tout concorde pour penser qu’Electricité de France (EDF) – avec laquelle plusieurs fournisseurs d’électricité suisses ont des contrats d’approvisionnement à long terme – n’est pas encore prête pour la révolution verte, d’autant que la multiplication des parcs éoliens suscite une levée croissante de boucliers dans les campagnes.

 

Officiellement, la part du nucléaire en France est supposée passer de 75% à 50% à l’horizon 2035, au lieu de 2025 comme le prévoyait pourtant la loi «transition énergétique» votée en 2015. Un premier pas a aussi été franchi en 2020, avec la fermeture définitive de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim, frontalière de la Suisse, où 300 millions d’euros ont été alloués pour la transformation du site en laboratoire d’expertise du démantèlement des réacteurs. Reste la réalité: le fait que l’atome soit une énergie décarbonée relance le débat à l’avantage de ses partisans. Impossible, dès lors, d’entrevoir en France un abandon du nucléaire à la mode allemande ou helvétique.

Centrale nucléaire de Civeaux à Vienne, mise en service en 1997. (Crédits : Daniel Jolivet/CC/flickr).

Le nucléaire en France : un débat entre ceux qui le défendent et ceux qui veulent en sortir ICI 

 

Par

 Lisa Domergue

 -

20/01/2021

 La centrale nucléaire de Cruas-Meysse au bord du Rhône en Ardèche, le 7 avril 2011.

La centrale nucléaire de Cruas-Meysse au bord du Rhône en Ardèche, le 7 avril 2011. © AFP / Philippe Desmazes

Nouvelles centrales nucléaires, éolien : le rapport de RTE dessine nos "futurs énergétiques" ICI 

 

par Victor Vasseur publié le 25 octobre 2021 

 

Yucca Mountain ICI

John d’Agata

Zones sensibles, Bruxelles, 2012, 160 pages, 16 euros.

 

https://www.monde-diplomatique.fr/local/cache-vignettes/L90xH151/images-12-4-995d9.jpg?1633694328

Accompagnant sa mère qui emménage à Las Vegas pour sa retraite, John d’Agata découvre, à une centaine de kilomètres, le site de Yucca Mountain. C’est là que le Comité américain de l’énergie atomique a obtenu, en 1980, de construire le plus grand site d’enfouissement de déchets nucléaires au monde. Dans dix mille ans, alors que la langue qui succédera à l’anglais sera à son tour devenue une langue morte, alors qu’une nouvelle île aura fait surface à côté de Hawaï, alors que l’humanité aura parcouru deux fois son histoire depuis la naissance de l’écriture, ces déchets n’auront perdu que la moitié de leur radioactivité. Folie ? Le nombre de convois nécessaires pour acheminer ces matériaux fissiles donne le vertige. « La probabilité d’un accident nucléaire à Las Vegas serait plus élevée que celle d’y gagner au casino. » Servie par la plume d’un grand écrivain, l’enquête oscille entre l’analyse éberluée d’une impossible quête de stabilité et la description du quotidien de Las Vegas, la plus folle, la plus précaire et la plus suicidaire des villes américaines (lire « Las Vegas, stade suprême des Etats-Unis »). Seul manque un post-scriptum pour indiquer qu’en avril 2011, l’administration Obama a mis un terme à ce projet, relançant la recherche d’un site d’enfouissement « sûr ».

Philippe Rivière

 

Débat public à Bure, la marge de manœuvre s'annonce réduite pour les  citoyens

Le conditionnement des déchets nucléaire pour l’enfouissement questionné ?  ICI

Posté le 3 février 2020 par Joël Spaes dans Énergie

 

Une récente étude, parue dans la revue scientifique Nature Materials sur le conditionnement des déchets nucléaires outre-Atlantique pour enfouissement en site profond de Yucca Mountain, apporte de l’eau au moulin des opposants au projets Cigéo de stockage profond français. Eclairage sur l’étude américaine et sur sa comparabilité avec le projet français.

 

Une étude pilotée par l’université américaine de l’Ohio, et publiée dans la revue Nature Materials, sur le comportement des verres utilisés pour confiner les déchets nucléaires à vie longue (des milliers d’années) montre que la corrosion est « accélérée de façon significative » dans certaines conditions. Xiaolei Guo, principal auteur de l’étude, signale dans un communiqué que « cela indique que les modèles actuels ne sont peut-être pas suffisants pour garantir la sûreté du stockage de ces déchets. »

 

Plus précisément, il y aurait interaction entre l’acier des fûts et le verre ou la céramique, sous l’influence de l’eau d’infiltration (l’eau finit en effet toujours par atteindre, un jour, les stockages), accélérant le processus de dégradation des fûts et risquant de libérer des éléments radioactifs (d’abord dans le sol, puis, potentiellement remontant à la surface).

 

Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), dont l’un des représentants a participé à l’étude, rappelle que celle-ci « s’inscrit dans le cadre du projet américain de stockage géologique à Yucca Mountain ». Un projet arrêté, puis récemment repris (mais toujours pas abouti), qui vise à stocker en profondeur, comme dans Cigéo en France, des déchets radioactifs de haute activité. Néanmoins, signale Frédéric Plas, directeur R&D de l’Agence nationale des déchets radioactifs (Andra), interrogé par Techniques de l’Ingénieur, Yucca Mountain, dans le Nevada, « est un site particulier, puisqu’il est situé dans la roche volcanique, et il s’agit d’un milieu non saturé avec des poches d’eau ». En général, les trois grandes roches envisagées pour de tels stockages sont l’argile, le granit, voire le sel. D’où les études américaines sur le sujet.

 

En outre, aux Etats-Unis, insiste le responsable de l’Andra, « comme les combustibles usés ne sont pas retraités comme en France, la majeure partie des déchets à stocker sont constitués de combustibles usés, qui sont aujourd’hui entreposés près des centrales américaines. »

 

Des conditions très différentes en France

 

Par ailleurs, indique le CEA, « les conditions expérimentales des travaux correspondent aux conditions d’environnement attendues à Yucca Mountain : expériences conduites sous air et donc en présence d’oxygène, avec une concentration élevée d’ions chlorures favorisant la corrosion par piqûre des aciers inoxydables ». Or, insiste le CEA, « les conditions étudiées dans cet article ne sont pas représentatives de celles de Cigéo. En effet, dans Cigéo, l’oxygène apporté par la ventilation du stockage sera consommé très rapidement par réaction avec les minéraux, une fois le stockage fermé. L’eau qui arrivera au contact du colis primaire en inox ne contiendra pas d’oxygène. De plus, les concentrations en ions chlorures des eaux présentes dans la couche argileuse du Callovo-Oxfordien de Cigéo sont très largement inférieures à la concentration prise en compte dans l’étude de Nature Materials. Dans ces conditions, le mécanisme de corrosion par piqûre est très peu probable et serait limité à la surface du colis vitrifié, si ce phénomène devait se produire. »

 

Le CEA rappelle qu’en lien étroit avec l’Andra, il « mène depuis de nombreuses années des travaux sur la dissolution du verre dans les conditions du stockage profond Cigéo et sur les mécanismes de corrosion spécifiques des aciers. Ces phénomènes sont pris en compte dans les calculs de performances de l’Andra pour Cigéo. »

 

En outre, le procédé de vitrification permet d’intégrer les éléments radioactifs dans un verre, qui présente de bonnes propriétés de confinement. « En France, les déchets vitrifiés de haute activité sont issus du traitement des combustibles usés, mis en œuvre à La Hague. Une fois les matières valorisables extraites, les déchets sont mélangés à très haute température dans un verre en fusion. La formulation du verre est adaptée selon la composition chimique des solutions à vitrifier : elle dépend donc de la nature des combustibles traités. »

 

Ensuite, « le verre est placé dans un conteneur en inox, ce qui constitue le colis primaire » pour le stockage futur dans Cigéo, indique Frédéric Plas. « Ce colis primaire est introduit dans un conteneur de stockage en acier bas carbone d’une épaisseur de 55 à 60 mm », qui constitue une barrière supplémentaire grâce à sa résistance à la corrosion, et à sa grande ductilité. Et le directeur R&D de l’Andra de préciser que l’analyse de sûreté ne prend pas en compte l’acier du colis primaire pour réaliser l’étanchéité du stockage final.

 

Puis ces conteneurs sont placés dans des alvéoles creusées dans la couche argileuse du Callovo-Oxfordien, de la région de Bure, saturée en eau et en milieu réducteur, qui joue ainsi un rôle de barrière également sur 130 à 140 m en moyenne. « Les alvéoles elles-mêmes sont d’ailleurs chemisées d’acier, et d’un coulis cimentaire au PH bas », ajoute Frédéric Plas. Le tout assure ainsi une étanchéité pour des centaines d’années.

 

A noter qu’en Finlande, où est implanté le site de stockage pour déchets à vie longue d’Onkalo, ou en Suède, la couche externe est granitique et laisse passer l’eau. Les Finlandais et les Suédois placent leurs déchets (là encore beaucoup de combustibles usés, puisqu’ils ne font pas de retraitement) dans des fûts en cuivre (d’environ 70 mm d’épaisseur), lesquels sont insérés dans des mini-puits couronnés de bentonite.

Bure : le point sur le projet de centre Cigéo d'enfouissement des déchets  nucléaires

Nucléaire. Bure face aux déchets du temps | L'Humanité

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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 06:00

Macron, avec la complicité couarde de Hollande, a fait exploser une gauche qui tenait que par des bouts de ficelle. Les sympathisants se sont égaillés chez Macron, chez Mélenchon, et rien ne pourra les ramener au bercail car il n’y a plus d’union possible, ou celles qui  se révèleraient possible ne font pas le compte.

 

Il a aussi fait péter la droite avec le débauchage de Philippe, Le Maire et Cie, mais de ça je m’en fout ce n’est pas ma famille.

Les cinq candidats déclarés à gauche pour l'élection présidentielle de 2022 : Fabien Roussel (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Anne Hidalgo (PS), Arnaud Montebourg et Yannick Jadot (EELV). (AFP)

Les cinq candidats déclarés à gauche pour l'élection présidentielle de 2022 : Fabien Roussel (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Anne Hidalgo (PS), Arnaud Montebourg et Yannick Jadot (EELV). (AFP)

Election présidentielle 2022 : fragmentées, les gauches sont reléguées au second plan

Les résultats de l’enquête Ipsos-Sopra Steria pour le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et « Le Monde » confirment la fragmentation des gauches à un niveau historique et une somme d’intentions de vote aussi faible.

Par Martial Foucault (Directeur du Cevipof)

 

 

A la question qui lui était posée sur France Inter, l’ancien président socialiste François Hollande répondait, le 20 octobre, qu’à son sens, la gauche « faisait comme si » elle avait déjà perdu l’élection présidentielle à venir. Prophétie ou constat cinglant d’une pré-campagne qui voit les candidats de gauche à la peine ?

 

Les résultats de l’enquête Ipsos pour le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et Le Monde confirment la fragmentation des gauches à un niveau historique. Jamais, à six mois d’un scrutin présidentiel, la somme des intentions de vote pour les candidatures de ce côté de l’échiquier n’a atteint un si faible score : 28 % pour l’ensemble des gauches. Malgré la percée des Verts aux élections européennes et municipales et la résistance du Parti socialiste lors des élections régionales et départementales, seul un quart de l’électorat français juge aujourd’hui souhaitable que le pays soit dirigé par un leader de gauche. Les causes sont à la fois sociologiques et conjoncturelles.

 

Commençons par l’évolution de la sociologie du vote de gauche. Dans Clivages politiques et inégalités sociales (Seuil, 624 p., 25 euros), Thomas Piketty et ses coauteurs avancent l’argument d’une gauche de gouvernement qui a trahi son électorat naturel, celui qui est attentif à des programmes prônant davantage de justice et moins d’inégalités. Ils font le constat d’une gauche qui s’est embourgeoisée au gré de politiques faiblement distributives et de coalitions d’intérêts avec le capitalisme. Ce diagnostic n’est pas sans rappeler la note publiée en 2011 par le think tank Terra Nova suggérant une stratégie de conquête des classes moyennes supérieures comme clé de voûte de l’accès au pouvoir pour la gauche.

 

L’alignement du Parti socialiste sur cette stratégie a provoqué son affaissement et accéléré la transformation du vote de classe. La candidate Anne Hidalgo, créditée de 5 % d’intentions de vote, réalise ses meilleurs scores dans deux catégories socioprofessionnelles : les cadres supérieurs (7,6 %) et les professions intermédiaires (7,9 %). Les ouvriers (2,9 %) et les employés (4,4 %) lui préférant l’abstention ou l’extrême droite. La situation est semblable pour Yannick Jadot (9 % d’intentions de vote), qui séduit davantage les catégories supérieures (13,3 %) que les catégories défavorisées (7,7 %). Curieusement, il en va de même pour le candidat communiste Fabien Roussel, qui ne parvient pas à rallier le vote des ouvriers et des inactifs. Sur ce terrain, Jean-Luc Mélenchon entretient l’espoir d’un vote de classe qui semble de moins en moins objectivable par la seule condition sociale, mais davantage par la place des affects. La gauche semble avoir abandonné le vote des catégories sociales les plus malheureuses et insatisfaites, offrant à l’extrême droite un réservoir de suffrages.

 

Défaite sur le terrain des idées

 

D’autres causes sont conjoncturelles. L’impossibilité, à gauche, de s’entendre sur une seule candidature témoigne – au-delà des ambitions personnelles et partisanes – d’une défaite sur le terrain des idées et des priorités d’action publique. L’exemple le plus manifeste est celui du clivage entre les partisans de l’Etat-providence et ceux de l’économie de marché. Longtemps, cela a structuré l’opposition entre la droite et la gauche. La gestion de la crise sanitaire par le président de la République au nom du « quoi qu’il en coûte » a coupé l’herbe sous le pied de la gauche. Les filets de protection économique déployés durant la crise auraient pu être la colonne vertébrale d’un programme porté par ses candidats si l’exécutif n’avait pas réhabilité le rôle de l’Etat, certes le temps d’une crise. Le débat ne peut donc se construire entre une opposition au marché ou un soutien inconditionnel à l’Etat.

 

Sans boussole économique, l’électorat de gauche se déclare de plus en plus méfiant sur la capacité de l’Etat à les sortir, eux ou leur entourage, d’une condition figée. A cet égard, 60 % des électeurs socialistes (contre 53 % des électeurs écologistes et 45 % de La France insoumise) soutiennent une plus grande ouverture de la France sur le plan économique. La difficulté des candidats de gauche à prendre position sur les enjeux liés aux inégalités et aux diverses formes d’injustices réelles ou perçues (ciment de la défiance) accélère le désalignement entre deux électorats : l’un structurellement à gauche car épris d’égalité et de progrès social, et l’autre potentiellement de gauche qui dispose de capital social et économique plus tenté par une offre du centre ou de la droite pour préserver ses acquis (soit environ 25 % de l’électorat se positionnant à gauche).

 

Si, pour certains, les gauches sont irréconciliables, la présence d’un grand nombre de candidatures, réelles ou pressenties, pour ce scrutin offre un argument de maïeutique électorale susceptible de les réconcilier : le seuil de qualification au second tour diminue à mesure que l’offre s’enrichit.

L'interminable rupture de la gauche

L’interminable rupture de la gauche

Présidentielle 2022 : 64% des sympathisants de gauche ne croient pas à l'union de la gauche même s'ils sont une majorité à la souhaiter, selon notre sondage

Selon un sondage Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et "Le Parisien-Aujourd'hui en France" publié vendredi, les deux tiers des sympathisants de gauche souhaitent tout de même une union de leur camp pour le premier tour de l'élection présidentielle.

 

Plus de sept Français sur dix (72%) pensent que les différentes sensibilités de la gauche n'arriveront pas à se réunir derrière un candidat commun pour le premier tour de l'élection présidentielle de 2022, révèle un sondage* Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et Le Parisien-Aujourd'hui en France, publié vendredi 22 octobre. Cette proportion est à peine moins importante chez les sympathisants de gauche, puisqu'ils sont 64% à estimer qu'un tel scénario ne peut pas se produire.

 

"Les électeurs de gauche sont réalistes et assez lucides sur la situation", analyse Matthieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos. "Ils voient bien qu'il y a un espace réduit de la gauche aujourd'hui dans les intentions de vote, à hauteur d'environ 30% et que, dans le même temps, il y a sept candidats étiquetés à gauche." Parmi ces sept candidats, Anne Hidalgo peine à s'imposerElle est jugée expérimentée mais trop parisienne, courageuse mais pas assez crédible, selon notre sondage.

Les Français divisés sur la nécessité d'une union

 

Si l'on considère l'ensemble des Français, une très courte majorité (51%) jugent toutefois "bon" que les différents partis de gauche soient chacun représentés par un candidat différent, afin que les électeurs puissent choisir quelqu'un qui corresponde bien à leurs idées. A l'inverse, 49% pensent qu'il vaut mieux que les différents partis de gauche soient rassemblés derrière un candidat commun, afin que ce camp de l'échiquier politique ait plus de chance de se qualifier pour le second tour. À gauche, les sympathisants sont 66% à souhaiter une telle union.

Jean-Luc Mélenchon, candidat favori

 

Dans l'hypothèse où il y aurait une candidature commune,  26% des sympathisants n'affichent pas de préférence pour un candidat ou une candidate, "pourvu qu'ils s'unissent". Parmi ceux qui font un choix, 25% souhaitent que l'insoumis Jean-Luc Mélenchon porte la bannière de l'union, 15% soutiennent la socialiste Anne Hidalgo et 14% poussent pour une candidature commune incarnée par l'écologiste Yannick Jadot.

 

 

 

 

Jean-Luc Mélenchon apparaît toutefois comme le candidat le moins capable de nouer des alliances avec ses concurrents. Ainsi, une majorité de Français juge qu'il a "des différences incompatibles" avec Anne Hidalgo (62%), Arnaud Montebourg (58%) et Yannick Jadot (57%). En revanche, 70% de Français pensent qu'Anne Hidalgo et Yannick Jadot ont "des différences, mais ne sont pas incompatibles" ou n'ont "pas tant de différences que cela".

 

 

 

 

"Le problème, bien compris par les électeurs de gauche, c'est que l'union est difficile à la fois pour des questions programmatiques mais aussi pour des questions de personnalités", ajoute Matthieu Gallard. Les personnes sondées "savent bien qu'un rapprochement est aujourd'hui difficile, même pour des partis considérés comme proches, tels que le parti socialiste et Europe Ecologie - Les Verts. De plus, on imagine mal que Jean-Luc Mélenchon se range derrière Anne Hidalgo ou inversement, compte-tenu de propositions incompatibles."


*Sondage Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et Le Parisien/Aujourd'hui en France, réalisé sur Internet les 21 et 22 octobre 2021, sur un échantillon de 993 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

 

 

 

 

 

 

 

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30 octobre 2021 6 30 /10 /octobre /2021 07:00

Et si le premier des populistes était breton ?Le « suicide d'opérette » du général Boulanger | RetroNews - Le site de  presse de la BnF

Georges Boulanger - LAROUSSE

Puisqu’il nous faudra choisir un nouveau Président en 2022, alors que la liste des prétendants s’allonge comme une queue au beau jour du paradis des Soviets, que ce qui compte c’est pour ces bourrins c’est d’être qualifiés pour le second tour, au premier tous les contre vont s’en donner à cœur joie, au second faudra-t-il selon eux choisir entre la peste et le choléra ou s’abstenir ?

Pour ma part, je choisirai sans l’ombre d’une hésitation.

Avant cette heure décisive les sondages pleuvent comme les feuilles que l’on ramasse à la pelle.

L’extrême-droite, se situe, avec deux prétendants, à un étiage jamais atteint.

La gauche, les gauches, avec le trop plein, sont reléguée au rang de figurants.

 

1- L’irruption de Zemmour, portée par un battage médiatique  à jet continu sur les chaînes, dites d’info en continue, sur la scène des futures présidentielles, me fait sourire, s’il va jusqu’au bout, s’il peut aller jusqu’au bout, les 500 signatures, ICI il va dépiauter le moineau, jeter la fille du borgne dans les oubliettes, ce minus porté sur le pavois, sauveur de la vraie France, nous sommes vraiment tombés bien bas, mais les Français aiment être sauvés : le Pétain de Zemmour n’a-t-il pas sauvé les Français de la gueuse en serrant la main d’Hitler à Montoire et les juifs en publiant un statut des juifs ignoble. Ils étaient nombreux sur le parvis de ND à Paris quelques mois avant la Libération à acclamer ce sauveur avant de se rallier au général autoproclamé félon, Charles de Gaulle.

 

Sera-t-il un nouveau général Boulanger ?

 

Contemporain de Boulanger, Gabriel Hanotaux définit en quelques lignes ce qui a fait le succès exceptionnel d’un général qui ne l’était pas :

 

 « La fortune inouïe de l’homme fut, en somme, la première manifestation dans la politique d’un nouveau mode d’action avec lequel il faudra compter désormais, la Réclame. Cette façon de déterminer certains mouvements et emballements de l’opinion, de susciter la faveur publique, d’entraîner des adhésions, des concours, d’obtenir des souscriptions, jusqu’à des sacrifices n’avait guère été employée auparavant que dans le commerce, les affaires ; on n’avait pas encore eu l’idée de recourir avec bruit et tintamarre pour jouer un rôle politique, aux ressources de la publicité moderne : presse à bon marché et à grand tirage visant et touchant le populaire, la photographie, les chansons, les refrains de café-concert. »

 

Boulanger, ou la fabrique de l'homme providentiel

Jean Garrigues dans Parlement[s], Revue d'histoire politique 2010 ICI 

Election présidentielle 2022 : un paysage politique plus morcelé que jamais

 

A six mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, le paysage politique n’a jamais été aussi morcelé. C’est le principal enseignement de la deuxième vague de l’enquête électorale réalisée par Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec le Centre d’études de la vie politique française de Sciences Po (Cevipof) et la Fondation Jean-Jaurès pour Le Monde. La force de ce panel est son amplitude puisque l’échantillon utilisé est de 16 228 personnes. Les intentions de vote sont calculées à partir des sondés « certains d’aller voter ayant exprimé une intention de vote » (entre 8 541 et 8 888, selon les différentes hypothèses étudiées). Résultat : les marges d’erreur sont très faibles, comprises en 0,2 et 0,9 points

 

Alors que la précédente vague, en avril, montrait un monde politique dominé par le duel attendu entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, six mois plus tard, tout a changé. Certes, le président sortant semble toujours aussi solidement arrimé, avec environ un quart des suffrages, quel que soit le scénario (selon le candidat de droite qui sera désigné en décembre et la candidature ou non d’Eric Zemmour).

 

Mais la dynamique autour de l’ancien journaliste du Figaro – qui n’est toujours pas officiellement déclaré dans la course à l’Elysée – rebat les cartes. D’abord à l’extrême droite puisque M. Zemmour fait jeu égal avec Marine Le Pen (tous deux autour de 16 % des intentions de vote) mais aussi pour l’ensemble des oppositions. En effet, la division du camp nationaliste autour de deux candidats a un effet mécanique : abaisser le niveau du « ticket d’entrée » au second tour. Alors qu’en avril, il se situait à environ 25 %, il est désormais aux alentours de 16 %. Le jeu est ouvert comme jamais et chacun des outsiders espère bien en profiter pour tirer son épingle du jeu, la droite au premier chef.

 

Qualification hors d’atteinte

 

Dans l’opposition depuis dix ans, le parti Les Républicains (LR) doit désigner, lors d’un congrès le 4 décembre, celui ou celle qui le représentera. L’enquête a testé les trois principaux prétendants à l’investiture, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Michel Barnier. Entre ces trois personnalités, c’est le président des Hauts-de-France qui pourrait espérer obtenir une place qualificative : il recueillerait entre 12,3 % et 13,7 %, en tenant compte de la marge d’erreur. M. Bertrand distance ses concurrents puisque Valérie Pécresse obtiendrait entre 9,4 % et 10,6 % et Michel Barnier, entre 8,4 % et 9,6 %. A ce stade, la droite n’aurait donc pas de représentant au second tour.

 

Dans l’hypothèse – de plus en plus improbable – d’une non-candidature d’Eric Zemmour, les voix se portant sur l’un de ces trois candidats oscilleraient entre 11,3 % et 16,8 % des voix. Mais dans ces scénarios, la qualification resterait largement hors d’atteinte puisque Marine Le Pen obtiendrait entre 23,1 % et 25,9 % des suffrages, arrivant derrière Emmanuel Macron (entre 25,1 % et 29 %, selon quel candidat de droite est désigné).

 

M. Bertrand bénéficie de sondages favorables depuis plusieurs mois, appuyant même sa stratégie de désignation sur ces derniers. Il met en avant qu’il est celui autour de qui les espoirs d’une qualification au second tour sont les plus importants. Pas sûr que ce sera suffisant pour convaincre les militants LR, échaudés par son départ en 2017.

 

Seconds rôles

 

Autre enseignement de cette enquête : la droite française est dans une situation de grande faiblesse électorale. A titre de comparaison, le panel Ipsos de novembre 2016 – réalisé avant la désignation de François Fillon par une primaire ouverte – donnait des intentions de vote pour les candidats LR allant de 21 % à 36 %, selon les hypothèses. Finalement, M. Fillon finira en troisième position, avec 20,01 % des voix au soir du premier tour.

 

Mais la situation de la droite rendrait presque jalouse la gauche, qui ne parvient toujours pas à incarner une alternative crédible à Emmanuel Macron. Eparpillée en sept candidatures, rassemblant environ 28 % des suffrages, elle semble condamnée à jouer les seconds rôles. Si l’on met de côté les candidatures recueillant moins de 2 % des intentions de vote (Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière, Philippe Poutou pour le Nouveau Parti anticapitaliste, Fabien Roussel pour le Parti communiste et l’ancien socialiste Arnaud Montebourg), c’est Yannick Jadot qui fait la course en tête, recueillant entre 8,4 % et 10,1 %, selon les scénarios LR et avec M. Zemmour candidat.

 

C’est symboliquement important pour l’écologiste : désigné sur le fil face à Sandrine Rousseau lors d’une primaire en septembre, il dépasse aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon (entre 7,4 % et 8,6 %). Un avantage pour M. Jadot, qui entend pousser pour un rassemblement de la gauche non mélenchoniste autour de sa candidature. Il peut être aidé en cela par les mauvais scores d’Anne Hidalgo qui ne parvient pas à trouver de dynamique, étant créditée de 4,5 % à 5,5 %.

 

Bloc d’extrême droite puissant

 

Au-delà de ces mauvais résultats, l’image des candidats de gauche est aussi désastreuse. A l’affirmation « a l’étoffe d’un président », M. Mélenchon recueille ainsi 19 % de « oui », M. Jadot et Mme Hidalgo, 16 %. Soit beaucoup moins que tous les autres candidats, Marine Le Pen et Eric Zemmour compris. En outre, ils sont 53 % des sondés à estimer que M. Mélenchon les inquiète, quand 25 % le pensent pour Yannick Jadot et 37 % pour Anne Hidalgo.

 

La gauche a, en revanche, une bonne raison de garder espoir : les deux principales préoccupations des Français rejoignent les grands axes des programmes de cette famille politique. Ainsi, le pouvoir d’achat arrive en tête (41 %, soit une augmentation de 11 points par rapport à avril) puis l’environnement (30 % contre 28 % il y a six mois). Ce sont là deux thèmes que veulent mettre en avant tous les candidats de gauche depuis plusieurs semaines, preuve que leurs propositions sont en adéquation avec les attentes d’une grande part des électeurs. Suivent des thématiques plus favorables à la droite et à l’extrême droite : l’immigration (29 %, plus 5 points) et la délinquance (27 %, stable).

 

 

Une chose est sûre : dans cette opposition fragmentée, le bloc d’extrême droite semble très puissant. Dans le cas d’une candidature Zemmour, le total extrême droite, avec Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, varie de 32,1 % à 37,5 %, selon le candidat désigné par Les Républicains. Eric Zemmour siphonne ainsi une bonne partie de l’électorat de la leader frontiste. S’il n’est pas candidat, Marine Le Pen revient à un étiage autour de 25 % des intentions de vote. Ces chiffres sont une bonne nouvelle pour les candidats nationalistes : l’un et l’autre semblent en mesure de se qualifier pour le second tour de la présidentielle. Celui ou celle qui y parviendrait pourrait donc avoir une réserve de voix très importante, offrant une dynamique inédite pour ce camp politique entre les deux tours.

 

La méthodologie retenue pour scruter les évolutions de l’opinion

 

A l’approche des échéances politiques de 2022, Le Monde, Ipsos-Sopra Steria, le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès travailleront à nouveau ensemble pour scruter les évolutions de l’opinion.Ipsos a donc sélectionné environ 16 228 Français représentatifs de la population, soit plus de dix fois la jauge minimale. C’est le même échantillon qui sera interrogé à toutes les vagues. Jusqu’aux élections législatives de juin 2022, douze enquêtes, intégrant des intentions de vote mais aussi des analyses, seront donc publiées.

 

Nous entendons utiliser les intentions de vote comme un outil d’analyse pertinent à un instant T, qui ne remplace pas l’indispensable travail de terrain des journalistes. C’est dans cet esprit que nous avons décidé de donner ces intentions de vote avec la marge d’erreur pour chaque candidat, comme le demande la loi organique votée le 29 mars 2021. Le but est de donner l’image la plus précise des dynamiques politiques en cours, en évitant l’écueil de la course de position. Dans le même but, Le Monde ne reprendra pas au quotidien les sondages publiés par les autres médias.

 

Suivant les recommandations de la commission des sondages, nous ne diffuserons également que des hypothèses cohérentes au moment de la conception du sondage et pas des conjectures.

 

Election présidentielle 2022 : les 12 enquêtes d’opinion du « Monde »

 

A l’approche de la présidentielle et jusqu’aux élections législatives de juin 2022, Le Monde, Ipsos-Sopra Steria, le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès travaillent ensemble pour scruter les évolutions de l’opinion. Au total, douze enquêtes, intégrant des intentions de vote mais aussi des analyses, seront publiées. Retrouvez tous nos contenus :

 

La première vague (avril 2021)

 

 

La deuxième vague (octobre 2021)

 

Boulanger, le démagogue qui fait illusion | historia.fr

La suite demain : 

 

La gauche en miettes, les gauches inconciliables font fuir les soi-disant sympathisants.

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