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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 07:00

Cher vous,

 

Ce matin même si je parle de vin, et que de vin, je vais marcher sur des œufs parce que le terrain sur lequel je m’aventure est semé d’embuches et de chausse-trappes. Certains me reprocheront un style très allusif, et j’en conviens aisément, mais sachez que je n’ai aucune vocation à prendre des coups en lieu et place de ceux qui sont les principaux intéressés par la question abordée. Je chronique pour mon compte en tentant, autant que faire ce peu, de ne pas m’ériger en censeur ou en donneur de leçons. Personne ne m’a demandé mon avis mais je le donne en précisant qu’il n’engage que moi ce qui, vous en conviendrez, ne bouleversera en rien les stratégies, ou ce qui en tient lieu, des décideurs.

 

Donc, ce qui va suivre, risque d’être, pour certains d’entre vous, clair comme du jus de boudin mais ils pourront demander l’exégèse de mes analyses nébuleuses à certains de mes bons lecteurs, tels Michel Smith ou Vincent Pousson. De plus, je rappelle que cet espace est dit de liberté donc ouvert à tous ceux qui voudraient s’exprimer de façon plus claire, moins sibylline, sur le sujet : le Grand appliqué au Cru.

 

« Place des Grands Hommes » chante le Patrick Bruel qui, après avoir été l’idole des minettes, est devenu l’as du poker. Nous Français aimons ce qui est Grand et donc aspirons tous, à des degrés divers, à le devenir ou à posséder quelque chose de grand : maison, voiture... Cette aspiration à la grandeur est assez équitablement partagée entre les deux sexes même si les hommes, qui aiment tant le pouvoir, gardent quelques longueurs d’avance et font parfois des corrélations entre leur puissance et des mesures intimes. Bref, si je puis dire, le Grand apparaît toujours comme une valeur sûre pour s’extraire du commun. Est-ce si sûr ?

 

D’un point de vue quantitatif être grand c’est posséder une taille, une longueur, une surface ou un volume qui dépasse la moyenne. Le mot est lâché : la moyenne. Tout dépend donc de la référence à laquelle on se réfère. Nul besoin de vous faire un dessin ou de prendre des exemples vous m’avez tous compris.

 

Reste le qualitatif, lorsque le grand signifie considérable, important, important, puissant, meilleur, noble, glorieux, illustre, élevé, sublime, magnifique... Là, je me contenterai de citer Voltaire dans son Dictionnaire philosophique « Grand est un des mots le plus fréquemment employé dans le sens moral, et avec le moins de circonspection. Grand homme, grand génie, grand esprit, grand capitaine, grand philosophe, grand orateur, grand poète ; on entend par cette exception « quiconque dans son art passe de loin les bornes ordinaires* ». Mais comme il est difficile de poser ces bornes, on donne souvent le nom de grand au médiocre. »

 

Le classement de 1855 se fonda sur le constat du prix, établissant ainsi une hiérarchie au-dessus d’une moyenne et les fameux Grands Crus Classés au fil du temps, et encore plus ces dernières années, ont basculés, ou du moins sont perçus, comme tels par les nouveaux arrivants, dans une grandeur synonyme de qualité exceptionnelle. Bien évidemment cette Olympe fait saliver et le CIVB, depuis des années, s’escrime à mettre en avant sur chaque bouteille de Bordeaux la dénomination de Grand Vin de Bordeaux. Mais trop de Grand tue le Grand, l’édulcore, le dévalue. Le Grand ne se décrète pas. Il peut se mesurer, s’étalonner mais là encore tout dépend de la valeur de l’étalon et surtout de sa perception par ceux dont on veut emporter la conviction.

 

Alors, sans m’immiscer dans des affaires qui ne sont pas miennes, j’en appelle pour un vignoble qui m’est cher, en pleine ascension, à un minimum de réflexion, à laisser du temps au temps, à éviter des décalques plus ravageurs que productifs. À trop vouloir se hausser du col avec une référence basse, c’est sans doute faire plaisir au plus grand nombre, mais ça ne fait guère avancer la notoriété. Des grands vins, des grands crus, il en existe déjà chez vous mais pour autant leur reconnaissance ne découlera pas d’une démarche purement interne, fondée sur un piètre sabir mal digéré. Débarrassez-vous une fois pour toute du complexe bordelais. Jouez la carte du petit nouveau qui monte, qui avance, qui invente ses codes, ses références, entre dans la modernité sans renier ses traditions, son histoire. Je comprends l’impatience, l’envie de traduire concrètement la somme des efforts consentis mais méfiez-vous des projets fédérateurs fondés sur le plus petit commun dénominateur.

 

Ceci écrit, j’ai toujours un faible pour ceux qui font et un léger recul par rapport à ceux qui se contentent d’ironiser dans leur chaise-longue mais sur la question qui m’occupe j’ai le sentiment qu’il y a une forme de mélange des genres entre une analyse marketing de positionnement produit et la mise en place d’un outil juridique permettant d’établir et de reconnaître une hiérarchie, une confusion dans les niveaux de responsabilité. Pour faire simple : il me semble que l’on met la charrue avant les bœufs et que le sens de la démarche devrait être inversé. Dans la mesure où je me suis interdit d’aborder le sujet de front je n’irai pas au-delà sur le fond. Bien évidemment si, comme au temps de ma « gloire » où l’on venait quérir mon oracle, il venait à l’esprit des auteurs du projet de me demander d’aller plus avant, bien sûr je le ferai avec plaisir et, bien sûr, bénévolement.

 

À tous ceux qui n’ont compris goutte à tout ce qui précède, et qui ont eu le courage de me suivre jusque là, je présente mes excuses. Je leur demande un peu de compréhension car, comme je l’ai souligné d’entrée, si j’avais débarqué dans cette affaire, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, je risquais fort de me voir flingué à la sortie. J’exagère à peine, chat échaudé craint l’eau froide. Merci de votre compréhension.

 

Suite à l’écriture de cette chronique nébuleuse j’ai enfourché mon vélo pour me rendre à une réunion et, sur un panneau publicitaire d’abribus, j’ai lu à propos d’un livre cette accroche « Un grand Marc Lévy » et je me suis dit dans ma petite Ford intérieure « Berthomeau t’as bien fait de planquer tes abattis »

 

Bonne journée et, à bientôt sur mes lignes...

 

 

Jacques Berthomeau

 

PS. Ceux d’entre vous qui souhaiterait comprendre je peux via leur adresse électronique leur transmettre un lien.

 

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 00:09

Ici, comme vous le savez, j’écris pour des queues de cerises et, cerise sur le gâteau, j’ai aussi le plaisir de me faire tancer par ceux qui passent leur temps sur la Toile à s’épancher de leurs humeurs. Mais, que voulez-vous, Cerise est un bien joli prénom qui a inspiré René Fallet qui n’écrivait pas que sur le Beaujolais et qui est aussi le nom d’un arrêt de la 1ière Chambre de la Cour de Cassation du 10 juin 1981 qui s’appuie sur l’article I de la loi du XI Germinal An XI sur les prénoms.

 

Quand nous en serons au temps des cerises (Quand nous chanterons le temps des cerises)

Et gai rossignol et merle moqueur

Seront tous en fête

Les belles auront la folie en tête

Et les amoureux du soleil au cœur

Quand nous en serons au temps des cerises

Sifflera bien mieux le merle moqueur

Le Temps des cerises est bien sûr une chanson fortement associée à la Commune de Paris de 1871. L’auteur des paroles Jean-Baptiste Clément, communard lui-même, a combattu pendant les semaines sanglantes. Je vous offre une version mise en musique par feu Noir Désir.

 

Qu’elle soit petite comme une bille comme les merises ou dodue et charnue comme les Bigarreaux, acidulée ou douce, rouge virant au noir ou presque blanche, la cerise luit, la cerise est coquine : en duo elle se fait boucle d’oreille pour les filles, la cerise est espiègle : son noyau lisse se transforme en projectile propulsée par la bouche ou entre l’index et le pouce. Sa queue en décoction est diurétique et dépurative. Enfin outre la confiture la cerise se plaît à se transformer en de multiples plaisirs de bouche :

- la cerise à l’eau-de-vie la star des papys-mamys ;

- le Kirsch qui une eau-de-vie de fruit (celui de Fougerolles est une AOC) et en macération le Guignolet ou le Marashino...

 

Reste l’objet de ma chronique : le clafoutis aux cerises  

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1-    origine * : plat traditionnel du Limousin ne pas confondre avec la flognarde qui est un clafoutis fait avec d’autres fruits

2-    noyau or not noyau ? sans contestation possible le clafoutis se fait avec des cerises entières. 

3-    couleur des cerises* : noire 

4-     ingrédients* : farine, crème fraîche, œufs, sucre, sel, beurre ou huile...

5-    fabrication : consulter votre Françoise Bernard ou l’un des 250 000 blogs culinaires ou Top chef ou Masterchef mais n’espérez pas la trouver dans l’un des nombreux livres des chefs étoilés car le clafoutis n’est pas leur tasse de thé.

6-    cuisson : ¾ heure à four 180°

 

* afin de prévenir les éventuelles questions sur les quotas je signale la couleur des ingrédients ne dépend pas d’un choix personnel.

 

Reste la question rituelle qui revient comme une ritournelle : et on boit quel jaja avec ça ?


 

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 00:09

 

pe46 chardonne

Ce matin, après mes excentricités d'hier, j’inaugure une nouvelle facette de ma personnalité sur mon espace de liberté : je m’autocensure. Découvrant dans mes archives un texte de Jacques Chardonne sur un sujet fort d’actualité dans le beau monde des GCC bordelais je me suis dit et si tu titrais « modeste contribution à... » À quoi me direz-vous ? Et c’est là que le bât blessât car, ayant commis une introduction sur la célébration d’un anniversaire qui fait grand bruit dans les médias – nous adorons les commémorations – je me suis dit « Berthomeau range ton vinaigre car il va donner de l’urticaire aux idolâtres. Laisse aux capteurs d’héritage de tous poils la joie d’endosser la dépouille de leur maître... » Et  pourtant, le journal Le Monde lui ne se prive pas, en 4 photos, en 4 dates : 15 octobre 1942, avril 1974, septembre 1981, 16 janvier 1996, il plante ses flèches qui ne sont pas dépourvues de perfidie. Très peu pour moi, je me contente donc de poster ma chronique sans autre commentaire que ce que je viens d’écrire. Ne m’engueulez pas ! Lisez plutôt le texte de Chardonne cette « autre gloire charentaise » qui sera du même voyage que Pierre Drieu La Rochelle, Marcel Jouhandeau et Robert Brasillach... et blanchi à la Libération. Proche de Paul Morand, père spirituel des hussards, il correspondra notamment avec Roger Nimier, qui faisait figure de chef de file du mouvement, et il collaborera à la revue de La Table ronde, où se retrouvent des écrivains de droite appartenant à l'ancienne comme à la nouvelle génération.

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 07:00

À la manière de l’hypocrisie sanitaire :

 

- Si vous êtes nés après le 9 mai 1993 : veuillez quitter immédiatement mon espace de liberté ;

- Si vous êtes nés avant : faites comme bon vous semble je vous aurai prévenus !

 

La maison ne tolèrera aucune réclamation sur la qualité du produit n°2 présenté qui est SGDG et qui plus est d’origine étrangère.

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BERTHOMEAU

 LE BLOGUEUR

     QUI TIENT

SES PROMESSES.

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 00:09

Cette année le « avril ne te découvre pas d’un fil » n’a pas résisté aux ardeurs du soleil : les filles se sont effeuillées et la vigne s’est éclatée. Alors, fallait-il en parler au risque de me voir accuser d’avoir le mauvais œil, d’être un oiseau de mauvais augure, celui par qui les mauvaises nouvelles arrivent ? J’ai hésité. J’ai tergiversé. Puis je me suis dit qu’étant donné mon absence de ligne directe avec le Bon Dieu je pouvais faire référence directe à ses Saints. Ces 3 là ont un peu la gueule de Robert Ménard, c’est-à-dire tellement une sale gueule qu’on les a virés du calendrier. Faut dire que ces gars-là avaient des noms à coucher dehors Mamert, Servais, Pancrace et pour les remplacer les 11-12 et 13 mai le calendrier leur a préféré 2 femmes sainte Estelle et sainte Rolande, et Achille.

 

Moi je dois avouer, vu mes états de service en tant qu’enfant de chœur, que je rends grâce à Saint Mamert d’avoir introduit la fête des Rogations à partir de 470, afin de mettre fin à une série de calamités naturelles. (Lire une très belle chronique de février 2006 link ) A cette occasion les agriculteurs se retrouvaient et récitaient au cours de processions paroissiales des prières pour protéger les cultures durant ces jours critiques. Mais retour du bâton le patronage de ces saints ne se révélant pas toujours favorable, ils ont fini par incarner le retour du froid. D’où leur appellation : les saints de glace.

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Je laisse la plume à mon vigneron bourguignon.

 

« Le onze, il se lève à l’aube.

Une sombre inquiétude lui resserre les entrailles.

C’est la Saint-Mamert, le premier des trois Saints de glace, ces saints qu’on redoute toujours, sans les révérer jamais.

On ne saurait rendre culte qu’à la bonté.

Mamert, Servais, Pancrace – un bien mauvais patron, celui-là ! (au dire des vieux s’entend) – les trois saints vendangeurs, en une seule journée, onze, treize ou quatorze, se substituent au vigneron, pour cueillir de leurs doigts de glace, l’espoir d’une récolte, à laquelle les hommes ne devraient pas consacrer moins de quinze longues journées.

Le Toine se risque sur son meurot, et, appuyé au garde-fou, il examine le ciel, débarrassé des nuages de la veille.

Rien à craindre, dans l’immédiat tout au moins.

D’ailleurs, signe rassurant, depuis une bonne quinzaine déjà, l’aubépine s’est parée de ses fleurs.

Malheur aux vignes, quand, au jour de leur fête, Mamert, ou Servais ou Pancrace, font fleurir l’aubépin !

Si l’arbuste tapisse les buissons de sa neige, une autre neige printanière s’ensuivra, celle des gelées blanches, qui fagotera dans son linceul les trop jeunes raisins, trop tôt éveillés aux sarments. »

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 07:00

En ces temps où le convenu et la fausse provocation gagnent chaque jour du  terrain l’innovation publicitaire est quelque peu en panne. Il est loin le temps, 1981, où les bourgeois de Neuilly fuyaient en masse face à la menace des chars russes déboulant sur la place de la Concorde. À la fin du mois d’août de cette année maudite l’annonceur Avenir placardait sur les murs de Paris et de quelques autres villes de France une première affiche montrant une jeune femme en bikini sur un fond de plage turquoise. Rien d'extraordinaire si ce n'est le texte adossé: « Le 2 septembre j'enlève le haut ». Deux jours plus tard, l'affiche avait bien changée et tenu promesse. Myriam se retrouve dans la même position mais cette fois seins nus. Le texte était encore plus provocateur: « Le 4 septembre j'enlève le bas ». La campagne intrigue la population et les médias. Aucune mention de l'annonceur n'est faite.

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Un Buzz d’enfer sans le Net bien sûr !

 

Tout le monde sait que les temps sont difficiles pour les petits vignerons qui cherchent par tous les moyens à vendre leurs jolis litrons. La belle Éva et le ténébreux Antonin se mobilisent pour Olivier B. Tout le monde court dans tous les sens. Michel Issaly en appelle aux gourous. Iris me tance sur Facebook en me qualifiant d’éminence de la dégustation alors que je ne fais que soutenir une initiative qui tente de mettre en avant certains vins. Des sous y’en a pas sauf là où il y en a : plutôt que d’ironiser sur le coût élevé d’Autrement Vin certains feraient mieux de se mobiliser pour que leur Comité Interprofessionnel, qui leur pompe des CVO, s’intéresse à l’infiniment petit. Bref, comment faire avec des bouts de ficelle pour lancer un nouveau buzz ?

 

La réponse est sans aucun doute à rechercher dans l’initiative de paysans du Poitou qui, en 2007, ont érigé le nu en arme de la minorité paysanne link. Vous me voyez donc venir avec mes gros sabots pleins de paille. En bon terroiriste je ne recule devant rien en vous proposant la campagne « ce matin la face cachée de Luc Charlier et demain son côté pile ? » Elle a été conçue dans l'urgence suite à ma chronique dominicale Léon s'exp(l)ose chez O'CD : détournement de cul(t)e link où le sieur Charlier, dit Léon dans l'intimité, m'a mis au défi en me postant deux clichés. Il ne faut jamais provoquer un ancien Soixante-huitard de la Mothe-Achard car il dégaine aussitôt son pétard à deux coups :

 

PREMIER COUP : CÔTÉ FACE

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À demain sur mes lignes pour le côté pile...

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 00:02

Benoît Simmat et Philippe Bercovici récidivent avec bonheur dans leur entreprise de mise à nu des us et des coutumes des peuplades girondines qui ont des ceps de vigne pour, cette fois-ci, en ethnologues confirmés, se plonger dans les profondeurs du terroir médocain investi – j’ai osé – par les caves du CAC 40 François, Bernard, Martin. Bien croqués les prédateurs parisiens et leur suite : François-Henri le fils de François et les deux rejetons de Bernard, Delphine surtout, se voient tailler des costards à leur mesure et pour le frère et la sœur du bétonneur c’est aussi du meilleur tonneau. Les porteurs de valises de ces messieurs ont eux-aussi droit à un traitement de faveur fort réjouissant. Seuls, la baronne et les deux barons portant tous le même nom sont épargnés par la verve décapante des auteurs. Il faut dire que Simmat connaît les paroles et la musique du terroir profond estampillé 1855. C’est pertinent, impertinent, avec une intrigue bien troussée et donc à classer dans un bon cru de bande dessinée.

 

Je ne vais pas, comme le font certains critiques de cinéma à court d’inspiration, vous révéler cette intrigue mais, comme j’ai mauvais esprit, je vais mettre ma loupe sur la planche de la page 20 – oui je ne l’invente pas vin et planche vont parfois bien ensemble même si une douelle n’est pas sciée mais tranchée – où Fréderic lève un lièvre pour le plus grand plaisir du père François. Je résume (pour le détail voir les bulles ci-dessous) :

 

- FP : « malgré tous nos efforts, notre capacité de production est limitée.

- FE : « détrompez-vous, monsieur Pinault. Il est très facile d’augmenter les hectares de vignes dans le Médoc. Et on le fait en permanence...

En fait tous les grands propriétaires régulièrement des hectares, souvent pour augmenter leur production. Et nous si on fait cela ça reste du Latour. »

- FP : « miraculeux... »

- FE : « vous vous souvenez du fameux classement de 1855, qui fait toujours autorité. Il a été commandé par l’Empereur Napoléon III aux courtiers bordelais pour déterminer quels étaient les meilleurs vins. Ceux-là n’ont pris en compte que les prix pratiqués à l’époque pour faire leur classement...

1855 est donc un classement de marque, et non un classement de domaines. Les grands médocs n’ont jamais cessé d’évoluer ou de s’agrandir en permanence. Alors tout le monde croit que leur géographie est strictement délimitée ! »

 

Bien vous me direz c’est bien joli de constater la pratique mais ce qui serait encore mieux c'est de nous mettre sous le nez ces fameux hectares. Oui mais ça c'est le boulot des journalistes dit d’investigation qui pourraient, s'ils voulaient bien s'en donner la peine,nous éclairer sur les résultats de ces agrandissements successifs. Bien évidemment, le reproche ne s’adresse pas aux auteurs de la BD qui eux font dans le ludique mais à ceux dont le métier est de nous informer. Secret de fabrication puisqu’il s’agit de marques me rétorqueront-ils ! Certes, mais sans insinuer que ces pratiques sont condamnables elles constituent un bel accroc au beau discours du terroir profond du genre de celui qui m’avait été tenu lors de ma première immersion dans le Médoc du classement 1855 « Ici c’est grand et c’est nous ! Et au-delà de ce chemin c’est dix fois rien et ce n’est pas nous... » Simple transmutation du rien en tout lors de l’acquisition devant notaire c'est presque le coup de l'eau en vin. Dans notre beau pays qui adore le cadastre et les actes authentiques ce ne devrait pas être trop compliqué, pour les longs nez, d’aller y mettre le leur. Mais mon petit doigt me dit que si ça ne se fait pas c’est que ça chagrinerait les nouveaux indigènes. Quoiqu’il en soit vous pouvez vous contenter de lire la BD de Simmat&Bercovici Les Caves du CAC 40 les dix commandements du vin chez 12 bis c’est 12€.

 

Toute personne en possession de renseignements authentifiés peut me les faire parvenir en utilisant soit le formulaire CONTACT en bas du blog ou mon adresse électronique. 

 

PS. La mention « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération » est placée en exergue. Mais jusqu’où ira le ridicule des mentions dites de santé publique.

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 02:00

Le lendemain matin nous nous fîmes monter une « bassine » de café pour tenter d’effacer les stigmates de notre biture carabinée. Mon dernier souvenir conscient de la soirée, les autres ne correspondaient plus à aucune chronologie pour ne former qu’un tas de gravillons aigus qui me striaient la tête, me voyait plonger les bras, tel un demi de mêlée, dans un ramassis de corps au milieu duquel je tentais d’identifier celui de Marie-Amélie. En effet, après son toast équestre, la comtesse, d’un pas qu’elle voulait assuré mais qui lui faisait exagérément osciller la croupe, suivie d’une grappe de mâles eux aussi très éméchés, avait trouvé refuge sur une balancelle au bord de la piscine. Je dois avouer que, dans un premier temps, je ne trouvais que des avantages  à cette situation : ma tigresse allait pouvoir trouver un débouché à ses ardeurs avec tout autre que moi. Mon lâche soulagement ne me faisait tout de même pas perdre de vue que je ne pouvais laisser, mon chauffeur, aller au-delà des limites du raisonnable. J’avais besoin d’elle pour passer la frontière en toute quiétude alors j’allais me poster dans un transat face à ce qui devint très vite une entreprise d’abattage. Debout, l’un des types préparait son matériel pendant que deux de ses acolytes s’occupaient à effeuiller la comtesse pour son sacrifice. Celle-ci, qui chevauchait un gros dont la chemise ouverte laissait dégouliner une bedaine poilue, buvait du champagne au goulot sans se douter de ce qui l’attendait. Sans réfléchir je fonçais. Le premier candidat, pantalon sur les chaussettes, valdinguait dans la piscine. Les deux préparateurs, dont l’un agitait comme un drapeau le débardeur de Marie-Amélie, n’opposèrent aucune résistance. Une fois extraite je tirais donc derrière moi la comtesse, torse nu, la jupe relevée, jusqu’à l’ascenseur. Nul souvenir du personnel mais je suppose que notre cortège dut faire son effet.

 

À mon éveil je découvrais l’étendue du désastre : Marie-Amélie échevelée, couchée en chien de fusil, le cul à l’air, dormait d’un sommeil agité en lâchant de temps à autre des petits cris accompagnés de ressauts violents. Bon samaritain, avec précaution, je tentai de remettre de l’ordre dans sa mise en entreprenant de lui recouvrir les fesses de son bout de jupe. Bien évidemment, alors que j’étais à la manœuvre, la comtesse en profitait pour ouvrir l’œil et trouvait sitôt le moyen, d’une voix rauque, cassée, de me dire « Mon cul aimante vos mains. Allez-y j’ai envie de dur... » Mon rire grinçant l’éveillait tout à fait et elle se relevait sur son céans. « C’est mon drame, j’ai un beau cul mais je suis plate comme une limande. Par bonheur je suis entière et avec une bonne douche, un ravalement de façade et un broc de café je serai d’attaque pour vous faire passer les Andes... » Une bonne heure après nous enfourchions la R 75 qui elle ne s’offrait pas une gueule de bois et feulait doucement sous le poignet ferme de Marie-Amélie. Elle me bluffait. La route 765 traversait des prairies verdoyantes où paissaient des vaches qui ressemblaient aux vaches normandes de mon grand-père. La comtesse ménageait notre monture dans la perspective des rampes rudes et les lacets que nous allions devoir affronter à El Juncal. Son plan de vol, si je puis dire, elle me l’avait délivré avant notre départ : nous roulerions jusqu’aux environs de midi pour atteindre le pied de la Cordillères puis, afin de ne pas affronter les pentes sous le soleil car le refroidissement de notre monture n’était pas son fort, nous ferions une halte afin d’attendre le déclin du soleil. Prévoyante elle avait fait préparer un panier de pique-nique au service d’étage. Cette femme m’étonnait vraiment et, alors que dans la tenue d’Ève elle venait de passer commande elle trouvait le moyen de me balancer « Je suis sûre que vous allez me regretter »

 

En quittant Los Andes nous passâmes sous les bras d’une statue de la Vierge juchée sur une rocaille et, comme nous n’avions pas mis nos casques, je hurlai dans les oreilles de Marie-Amélie « Avec ce qu’elle a vu hier au soir, nous sommes bons pour l’Enfer ! » Relâchant un peu les gaz elle se tournait vers moi pour me répondre « Vous ne perdez rien pour attendre. La maison ne fait pas crédit. L’air des cimes vous redonnera de la vigueur... » À Rio Colorado nous passions à côté d’une Centrale électrique et le paysage devenait de plus en plus lunaire. Nous nous arrêtâmes au confluent des rios Juncal et Bianco. Marie-Amélie se défaisait de sa combinaison de cuir, enfilait un pull de laine et pieds nus dans ses croquenots étendait un plaid sur un petit promontoire herbeux. Nous déjeunâmes de poulet froid et de fruits accompagnés d’un Carmenere d’assez bonne composition. Les eaux tumultueuses et pures chantaient. Le café lui aussi se révélait à la hauteur. « C’est le mien ! » me fit remarquer la comtesse en constatant mon ravissement. J’en restais pantois et je n’eus pas le temps de me remettre que Marie-Amélie ôtait son pull et sa lingerie fine « Si ça vous dit moi je me baigne. L’eau glacée va me purifier des miasmes de cette nuit. » Mon air horrifié lui tirait un rire chevalin. « Rassurez-vous, vos cojones ne risquent rien ! Venez, je vous les réchaufferai en sortant ! » Je pris le parti d’y aller tête baissée sans réfléchir. Passé la brutalité de la morsure première le plaisir fut au rendez-vous après des jeux de mains qui n’avaient rien d’enfantins. La comtesse me comblait. La comtesse m’épuisait. La comtesse m’émouvait. La comtesse me murmurait des mots de gamine. La comtesse adorait l’écho de ses égarements.     

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 00:09

Léon est souvent là où on ne l’attend pas. Il est imprévisible même s'il suit la loi de sa plus grande pente. Un samedi je l'ai surpris en plein délire, tout près du temple de l’Art Moderne à Paris sur le plateau Beaubourg, dans un lieu-culte : O’CD. L’impertinent LEON s’y appropriait des affiches de cinéma et des couvertures de disques pour les détourner, les squatter et les transformer. By Leon est un caméléon; un imposteur, une signature collective. LEON nous transmet ses « états d’art »

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La pochette de l’album Atom Heart Mother des Pink Floyd, qui est le cinquième sorti en 1970, représente une vache prénommée Lulubelle III, sans doute une Normande, blanche bringées marron, vue de trois quarts arrière, la tête dirigée vers l'objectif, dans une prairie verdoyante. Son nom, qui est aussi celui du premier morceau du disque, vient d'un article de journal qui parlait d'une femme équipée d'un stimulateur cardiaque nucléaire.Atom Heart Mother durait plus de vingt-trois minutes, à l'époque c’était le maximum car la face d'un 33 tours ne durait pas plus de vingt-cinq minutes.


LEON transforme donc la pochette d’Atom Heart Mother en pack de yaourts par 4, du type La Laitière aux ferments bulgares

 

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 00:09

Le vin de mes Amis titre Laurent Bazin pour son blog. Le mien se veut un Espace de Liberté donc ouvert à tous les vents « même ceux qui suivent une autre route que la mienne » pour parodier Brassens. En effet :

Au village sans prétention/ j’ai mauvaise réputation/

Je ne fais pourtant de tort à personne/ En suivant mon chemin de petit bonhomme/

 

Alors pourquoi certains s’étonnent-ils de la verdeur et de la vivacité de certains de mes propos car, comme vous le savez je ne suis pas un garçon convenable, je me roule dans la fange des mots gros, je foule comme un salopiaud les convenances, je dis même merde à la reine d’Angleterre qui nous a déclaré la guerre, je suis vulgaire, je hurle avec les loups et j’adore tirer sur les ambulances, parfois même je me joins au chœur des vierges effarouchées car je suis un peu efféminé, en un mot comme en cent je ne serai jamais comme certains, virtuoses du baisemain et des courbettes, le gendre idéal. Rassurez-vous je sais me servir d’un couteau à poisson, je ne siffle pas cul sec le rince doigts et j’adore les petits marquis, ou les supposé tels, des Roger Nimier au petit pied, ils me ravissent, m’enchantent par leur obsession de la forme. Un tiers mondain et deux tiers opportunistes, ils crapahutent entre petits fours et champagne, exècrent la gauche caviar, les bobos, les intellos, adorent les vieilles anglaises – les voitures bien sûr –, les châteaux de Bordeaux, les Clos, les bons mots et le bon goût qui est leur monopole. La vraie France quoi, celle où les métayers, casquette à la main, disait « bonjour notre maître... » et aussi celle de notre discoureur ci-dessous dont, bien sûr, je tairai le nom car nous sommes sur la Toile, ventre saint gris, où l’anonymat fleurit sans retenue aucune. Merci aussi de ne pas dire à ma mère qui est au ciel que je fornique avec les mots elle croit que je suis chroniqueur au Figaro.

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Extrait d’un discours prononcé le 19 novembre 1935 devant le monument aux morts de Capoulet et Junac (Ariège) oeuvre de Bourdelle.

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HOMMAGE AU PLUS BEAU MÉTIER

 

Lorsque le soir tombe sur les sillons ensemencés, qu’une à une les chaumières s’éclairent de feux incertains, le paysan encore courbé par l’effort, jette un dernier regard sur son champ, comme s’il lui en coûtait de le quitter. Pourtant la journée a été dure. Tout au long d’heures monotones, sans autre compagnon que ses bêtes qu’il encourage de temps en temps, par des appels de la voix, il a silencieusement dirigé le soc de la charrue et creusé en plein sol des sillons parallèles. La tâche du jour est accomplie comme elle l’a été la veille et le sera le lendemain. Il la contemple avec satisfaction. À la même heure, des milliers de regards, emplis d’une saine fierté, se portent comme le sien sur un coin de terre, de vigne, de lande, exprimant l’amour et le respect des hommes de la terre pour le sol nourricier.

Aucune amertume dans ces regards. Cependant le labeur du paysan ne trouve pas toujours comme celui de l’ouvrier la récompense qu’il mérite, et cette récompense n’est jamais immédiate. Plusieurs mois séparent le labeur de la récolte, pendant lesquels il faut vivre d’espérance. Rien n’est certain aux champs. Le travail ne suffit pas. Il reste à protéger les fruits de la terre contre les caprices du temps, le gel, l’inondation, la grêle, la sécheresse. Le citadin peut vivre au jour le jour, le cultivateur doit prévoir, calculer, lutter. Les déceptions n’ont aucune prise sur cet homme qui e dominent l’instinct du travail nécessaire et la passion du sol. Quoi qu’il arrive, il fait face, il tient. De ce miracle chaque jour renouvelé est sortie la France, nation laborieuse, économe, attachée à la liberté. C’est le paysan qui l’a forgée par son héroïque patience, c’est lui qui assure son équilibre économique et spirituel. Le prodigieux développement des forces matérielles n’a pas changé la source des forces morales. Celles-ci marquent le cœur du paysan d’une empreinte d’autant plus forte qu’il les puise à même le sol de la patrie.

 

L’obstination dans l’effort quotidien, la résistance physique, une prudence faite de prévisions à longue échéance et de décisions lentement mûries, la confiance raisonnée, le goût d’une vie rude et simple, telles sont les vertus dominantes de nos campagnards. Ces vertus qui soutiennent la nation aux heures de crise sont aussi celles qui font le vrai soldat.

Car dans cette fusion intime des origines, des caractères, des individus qu’est une troupe, l’homme de la terre apporte un élément d’une valeur inappréciable : la solidité. Ceux qui ont eu l’honneur de le commander savent ce qu’on peut attendre de lui. Insensible aux excitations pernicieuses, il accomplit son devoir militaire avec la même assurance tranquille que son devoir de terrien. Il apprend méthodiquement et n’oublie pas ce qu’on lui a appris. Aimé de ses supérieurs, respecté de ses camarades, il suit son chef sans discuter et donne à ce chef la volonté d’entreprendre. Pendant la guerre, le citadin plus instruit en général, a fourni les cadres. Plus technicien, l’ouvrier a alimenté la main d’œuvre indispensable aux usines. Le paysan s’est battu dans le rang avec le sentiment profondément ancré en lui qu’il défendait sa terre.

Aux heures les plus sombres, c’est le regard paisible du paysan français qui a soutenu ma confiance.

 

Étant l’héritier d’une lignée « d’obéissants », d’agenouillés, de crottés résignés, de vrais paysans, de ceux que la France des discoureurs, dit patriotiques, a envoyé se faire massacrer sur le Chemin des Dames, gazer dans l'Argonne, estropier sur la Somme, tous ces noms gravés sur les monuments aux morts de nos villages, alors ceci explique cela : je développe une profonde allergie pour toute cette engeance qui n’a que la France aux lèvres pour nous faire accroire qu’elle seule est la France. Si moi je ne suis qu’un vil « forniqueur » de mots eux ne sont que des petits usurpateurs.

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