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18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 06:00
La fièvre de l’authentique dans nos AOC : « l'expansion du marché de l'âme » on consomme désormais des marques et des images plus que des marchandises.

Le débat sur le terroir lors des dernières rencontres des VIF en Bourgogne, entre-soi comme il se doit, m’a amené à ressortir un texte de Gilles Lipovetsky publié dans Nouvelles Mythologies : La fièvre de l’authentique.

 

Petit rappel historique via la préface de Jérôme Garcin à cet ouvrage dont il a assuré la direction.

 

 

En février 1957 paraît au Seuil, sous le titre Mythologies, un recueil de cinquante-trois chroniques brillantissimes publiées, les années précédentes, dans les Lettres Nouvelles, Esprit et France-Observateur. Plaisir du texte, joie de recevoir.

 

Alors que la France, tiraillée entre son goût de la tradition et son désir de modernité, succombe au charme pulpeux de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme, chante avec Boris Vian la fièvre de l’électroménager, « son Frigidaire et son atomixeur », et vote en masse, aux élections législatives pour Pierre Poujade, avocat lyrique du « bon sens », héros de la petite bourgeoisie râleuse, corporatiste et rétrograde. Le jeune Roland Barthes fait donc un portrait acide de la société de consommation française à travers ses mystifications, ses allégories, ses tautologies et ses icônes économiques, domestiques et politiques. »

 

Il faut imaginer le choc. Un professeur de 40 ans, l’auteur du Degré zéro de l’écriture, encore tout plein de racine et de Michelet, ose se passionner pour les objets de la vie quotidienne et les clichés sociaux.

 

Rappelez- vous dans le chapitre le vin et le lait : « Le vin est senti par la nation comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture. C'est une boisson totem, correspondant au lait de la vache hollandaise ou au thé absorbé cérémonieusement par la famille royale anglaise. Bachelard a déjà donné la psychanalyse substantielle de ce liquide, à la fin de son essai sur les rêveries de la volonté, montrant que le vin est suc de soleil et de terre, que son état de base est, non pas l'humide, mais le sec, et qu'à ce titre, la substance mythique qui lui est le plus contraire, c'est l'eau. » 

 

En 2007, sous la houlette de Jérôme Garcin ils s’y sont mis à une bonne cinquantaine pour refaire le même exercice, c’est très inégal, ça vole moins haut, mais l’effort est à saluer.

 

La fièvre de l'authentique par Gilles Lipovestky 

 

« La société d'hyperconsommation est paradoxale : tandis que triomphent le culte du nouveau et la logique généralisée de la mode (image, spectacle, séduction médiatique, jeux et loisirs), on voit se développer, à rebours de cette espèce de frivolité structurelle, tout un imaginaire social de l'authentique. On en constate chaque jour les effets : c'est la quête des "racines" et la prolifération des musées et des écomusées (pas une petite ville qui n'ait son écomusée, comme ce musée de la Crêpe de Bretagne). C'est le culte du patrimoine, avec ses quartiers réhabilités, ses immeubles ravalés, ses hangars reconvertis ; sans parler du succès des brocantes, un des loisirs les plus prisés des Français. C'est, aussi, la mode du vintage. La logique de l'authentique innerve de nombreux secteurs, y compris alimentaires avec ses appellations d'origine protégée qui assurent le consommateur de l'authenticité des produits. On n'en finirait pas, à vrai dire, de recenser toutes les manifestations de cette soif d'authenticité. Il faudrait parler également du développement touristique des voyages dans des contrées "sauvages" ou de l'intrusion du "parler vrai" dans le politique, ainsi que du succès des discours et référentiels identitaires. Le retour du religieux y participe, en ce qu'il fait signe aux "vraies" valeurs contre la société frelatée, gouvernée par l'éphémère, le superficiel et l'artifice. L'immémorial contre l'impermanence : les deux mouvements, bien sûr, se nourrissent, la poussée du frivole favorisant celle de l'authentique.

 

Cet imaginaire naît de l'anxiété liée à la modernisation effrénée de nos sociétés, à l'escalade technico-scientifique, aux nouveaux périls pesant sur la planète. Il traduit une nostalgie du passé qu'on idéalise, d'un temps qui ne se dévorait pas lui-même, mais où l'on savait mieux vivre. une illusion, sans doute, qui s'accompagne d'un regard critique sur notre univers insipide, stéréotypé, où sont éradiqués la sociabilité et les sens et où règne en revanche la dictature du marché et des marques. L'authentique compense par sa chaleur, ce défaut de racines et d'humanité. C'est un imaginaire protecteur qui évoque un monde à l'abri de ces désastres.

 

Cette soif d'authenticité traduit-elle une pensée rétrograde, une revitalisation de l'esprit de tradition ? Nullement : elle correspond à l'épuisement de l'idéal du bien-être tel qu'il s'est construit au cours des Trente Glorieuses en même temps qu'une nouvelle exigence de mieux-être à l'heure où la voiture, la télé, la salle de bains sont diffusées dans toutes les couches sociales. L'authentique n'est pas l'autre de l'hypermodernité : il n'est que l'une de ses faces, l'une des manifestations du nouveau visage du bien-être, le bien-être émotionnel chargé d'attentes sensitives et de résonnances culturelles et psychologiques. Un bien-être au carré, non plus simplement fonctionnel, mais mémoriel et écologique, qualitatif et esthétique au service de l'affirmation de l'individualité. Ironie des choses : le culte de l'authentique qui remonte à Rousseau, et qui a nourri la contre-culture, via Heidegger, s'est développé dans les années 1960-1970 contre le bourgeoisisme et les conventions "oppressives". Nous n'en sommes plus là : délesté de toute portée protestataire, le culte de l'authenticité apparaît comme la nouvelle manière de rêver et d'acheter de l'Homa consumericus contemporain. »

 

Le bonheur paradoxal. Essai sur la société d'hyperconsommation, par Gilles Lipovetsky

Ed. Gallimard, 2006

 

« Un ouvrage qui porte un regard critique, mais non manichéen, sur nos rapports à la consommation. L'auteur distingue plusieurs phases dans l'histoire de la société de consommation, et nous sommes aujourd'hui dans la troisième, où émerge la figure de l'"hyper-consommateur", dont la condition est paradoxale. Il est certes plus informé qu'autrefois, plus libre dans ses choix (il y a davantage de produits) et il dépend moins des anciennes cultures de classe. Mais, en même temps, "les modes de vie, les plaisirs et les goûts" sont "de plus en plus sous la dépendance du système marchand", notamment à cause de ce que Gilles Lipovetsky appelle "l'expansion du marché de l'âme". Les nouveaux modes de consommation sont plus "émotionnels"; on consomme de plus en plus de loisirs et la publicité met moins en avant les avantages fonctionnels des produits que les valeurs subjectives qu'il est censé véhiculer.

 

Or, même si on consomme désormais des marques et des images plus que des marchandises, il ne faut pas "passer sous silence la pression sur les prix". Et notre époque est également marquée par la montée du low cost. En même temps, "plus se déchaînent les appétits d'acquisition et plus se creusent les dissatisfactions individuelles", rappelle l'auteur dans cet essai extrêmement complet, qui débouche sur une réflexion sur le bonheur. Avant de terminer sur une note optimiste: certes, on assiste à une crise de la culture, de l'école et de la politique, liée à l'hyperconsommation, mais ce mouvement n'est pas irrésistible, il esquisse même des pistes alternatives. Remarquable. Et malgré la richesse de son propos, l'ouvrage est d'une lecture très accessible. »

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, « Deux Debré au-dessous de zéro » Jean-Louis Debré a habillé pour l’hiver les frondeurs du PS iconoclastes inconscients flibustiers de carnaval…

Le soleil jouait à cache-cache, je forçais le pas. Qui pourrait penser que nous vivons sous l’état d’urgence ? Place de la République, les occupants de Nuit Debout naviguent entre Woodstock et fête à Neuneu. Les Macron s’exposent chez les kiosquiers. Dans ma hâte je m’engage dans le mauvais, très vite je bats en retraite. Elle m’attend. Elle m’étreint. Elle me trouble.

 

Étrange état que ce trouble, perturbateur de mon calme intérieur, il me rend perplexe, m’embarrasse, m’inquiète, altère mon jugement, je suis proche du dérèglement des sentiments, de l’émotion amoureuse, du désir charnel.

 

« Ta mère... comme elle était belle! (...) La nudité de son cou, de ses bras et de ses mains me troublait » François Mauriac, Nœud de vipères.

 

Ils traversaient l’estuaire en bac, elle prenait bien la lumière d’un ciel pur, une brise légère gonflait ses cheveux. Accoudée au bastingage elle lui semblait embarquée pour un périple qui les mènerait dans les plis de son désir. Effleurer la commissure de son cou, glisser ses doigts sous la gaze de son corsage, explorer le pays de son corps. Il retenait ses mains. Au loin, les hauts murs de la citadelle, il savait que c’était elle sa citadelle inexpugnable. Faire son siège, l’entendre respirer dans la chambre d’à côté dans ce château improbable, rêver de voir tomber ses derniers voiles à ses pieds. L’aimer.

 

Tout près de la frontière, aux confins de l’univers connu, il attendrait le jour où la vraie vie commencerait. Clone de Giovanni Drogo, ce jeune ambitieux pour qui « tous ces jours qui lui avaient parus odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient... ». Ce jour viendrait, il lui tomberait dessus, ce serait la possibilité d’une île, à nouveau elle se tiendrait à son côté, ils vogueraient dans le détroit de Messine, entre la Sicile et la Calabre, et lui, confiant et aimant, glisserait enfin la réalité dans ses rêves… Demain ils seraient à Syracuse, loin de tout et de tous, et leur fenêtre face à la mer s’ouvrirait sur un horizon infini.

 

Le temps m’est compté.

 

J’ai décidé de me mettre en congé de la République, écrire sous sa tendre protection…

 

Position en retrait, à la bonne distance, celle qui me permettra le moment venu de reprendre du service.

 

« Deux Debré au-dessous de zéro » Jean-Louis Debré, l’ancien président du Conseil Constitutionnel, se refait une santé sur le dos des « frondeurs » du PS. Succulent !

 

À huit-clos, devant les élus du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, sans prendre de gants, Jean Louis Debré a assaisonné de vinaigre les élus « frondeurs » qui, dans son esprit, ne sont que des « iconoclastes inconscients, des flibustiers de carnaval ». Il ne supporte pas que les « frondeurs » affaiblissent les institutions en harcelant le chef de l’Etat. Lui, le fils de Michel Debré qui rédigea la Constitution de la Ve République les a accusés de fragiliser l’autorité du pouvoir en menant « une guérilla infantile » contre François Hollande. «C’est scandaleux, leur a-t-il lancé d’avoir détruit par des jeux politiciens incompréhensibles ses efforts d’union autour de la déchéance nationale». «C’est scandaleux, a-t-il ajouté, de passer son temps à déstabiliser le gouvernement, et tout ça pour passer deux minutes dans des télés que personne ne regarde». « C’est scandaleux, leur a-t-il encore lancé de prétendre conditionner la réélection de François Hollande à des primaires alors que, président sortant, il bénéficie d’une légitimité incontestable». Bref, une sévère leçon institutionnelle et politique.

 

Rien que de coups d’épée dans l’eau

 

L'ex-ministre de l'Intérieur a averti solennellement les députés socialistes « qu’ils seraient balayés s’ils persistaient dans leur fractionnisme frondeur ». « En imaginant vous sauver tout seuls en flinguant votre camp, vous vous tirez une balle dans le pied, et même dans la tête, tout en faisant le jeu de l’extrême droite et des populistes », les a-t-il sermonnés. Avant de conclure sèchement : « Si vous êtes une équipe vous gagnerez ; si vous persistez à être divisés, vous pouvez déjà faire vos paquets ». Debré, autrefois honni par les élus de la gauche, qui le surnommaient bien à tort « deux Debré au-dessous de zéro » a si bien chauffé la salle qu’il a été applaudi à tout rompre par ces élus de gauche! A l'exception des « frondeurs », bien entendu.

 

Reste que les chouchous des médias et des réseaux sociaux sont Macron et les occupants de la Place de la République.

 

Entre Woodstock et fête à Neu-Neu, Nuit Debout vue par un «résident de la République» par Jérôme Godefroy 

 

« Je me couche quand ils sont encore debout. Je suis « résident de la République », comme le chantait Alain Bashung. J’habite sur la place de la République à Paris et c’est de mon balcon que j’observe depuis une douzaine de jours la kermesse euphorique de Nuit Debout.

 

Dans un premier temps, ce rassemblement foutraque suscite ma bienveillante curiosité. C’est bavard mais étonnamment paisible : on échange sans s’invectiver. Pas un papier ne traîne par terre. Ces hipsters barbichus, ces étudiantes conscientisées respectent l’environnement avec obsession. Dans les slogans placardés un peu partout, Manuel Valls en prend pour son grade mais on retrouve aussi toute la panoplie anticapitaliste, libertaire, écologique, pro immigration et féministe. Aucune faute d’orthographe. Tout ça respire le Bac+ 2 ou +3, minimum.

 

Cette jeunesse est atteinte de la maladie des cadres, la réunionite : assemblées générales, commissions, ateliers de réflexion. Il y a même un groupe qui élabore une nouvelle Constitution pour la France. Si j’ai bien compris, c’est plus proche de 1789 que de Michel Debré. Le dimanche, les bobos débarquent du Canal Saint-Martin avec poussettes et marmaille pour visiter pieusement ce laboratoire de démocratie citoyenne et solidaire. »

 

L’apéro chez Valls, la haine joyeuse venue de loin par Claude Askolovitch

 

« Au bout d’un moment, la Révolution est un peu essorée. En février 1651, les bourgeois de Paris en Fronde retiennent prisonniers en leur bonne ville le jeune roi Louis XIV, qui en concevra une inquiétude tenace et construira Versailles, cette forteresse à l’écart de la fournaise. En octobre 1789, des femmes en colère iront arracher à cette quiétude versaillaise «le boulanger, la boulangère et le petit mitron», et ce sera pour Louis XVI le début de la fin.

 

En avril 2016, des joyeux drilles d’un monde plus juste sont bloqués par la police à quelques mètres du domicile de Manuel Valls, Premier ministre de la République française, qu’ils voulaient assiéger, sinon envahir, certains d’eux-mêmes et de leur colère.

 

Le pouvoir est une cible

 

On baisse en intensité. Entre nos ancêtres coupeurs de tête et les zigotos de cet #aperochezvalls qui a réjoui les réseaux sociaux, il y a un monde, la différence entre les temps de meurtre et nos virtualités parodiques? Mais il s’agit du même tabou que l’on brise, d’un moment où l’on s’autorise à porter la main sur un dirigeant, quand le corps du roi n’est plus sacré, ni sa demeure. Ce n’est pas anodin. »

 

Nuit debout : comment dépasser l’expérience citoyenne dans un projet politique ? 

 

Culture de poireaux au Louvre pendant la guerre dédié aux jardiniers du dimanche de la Place de la République

 

« Délocaliser ou pas la cuisine de la cantine, telle est la question qui accapare une bonne vingtaine de minutes l’Assemblée générale de la quatrième Nuit debout, dimanche 3 avril, Place de la République. Pour des raisons d’hygiène, il serait préférable de préparer la nourriture dans de vraies cuisines équipées. Oui mais alors le cuisinier, à l’écart, ne pourrait plus participer aux discussions de la place. Le débat glisse ensuite vers une question plus profonde : est-il vraiment indispensable de faire débattre et voter, là maintenant, le millier de personnes présentes en AG sur la délocalisation de la cuisine ? Les membres de la "commission cantine" ne pourraient-ils pas, tout simplement, décider entre eux du lieu où ils veulent faire à manger ?

 

Savoir ce que l’on dit aux profiteurs qui se nourrissent tous les jours à l’œil à la cantine où le prix est libre est important. Décider ce que l’on fait des gens ivres sur la place aussi. « Mais il ne faut pas que tout ça nous fasse perdre le sens de ce que nous faisons ici. » Le recadrage émane de Frédéric Lordon, qui a demandé à prendre la parole au bout d’une heure de discussions logistiques. L’économiste, soutien depuis le début du mouvement, n’est pas là pour parler intendance. « Nous n’occupons pas pour occuper. Nous occupons pour atteindre des objectifs politiques. » Et de plaider d’une part pour la « convergence des luttes » avec les agriculteurs, les chauffeurs de taxi etc, et d’autre part pour l’écriture d’une « constitution de la république sociale pour nous libérer de la propriété privée du capital ».

 

Nuit debout : Mélenchon, avec l’eau du bain? 

 

« Il fallait que quelqu’un le dise, et c’est Fabienne Sintes, matinalière de France Info, qui s’y colle. Mélenchon est invité de la tranche matinale. Il pilonne classiquement la Société Générale, dont on vient d’apprendre - quelle surprise !- qu’elle batifolait encore dans l’offshore panaméen, en dépit de ses grandes protestations de vertu. Puis, on en vient à la Nuit debout. Mélenchon soutient le mouvement. Il est allé à la République, et «ça s’est bien passé». Qu’on discute constitution sur le pavé parisien le ravit, «conformément à ce que j’ai toujours annoncé». Mais plane tout de même un non-dit. Qui va oser ? A un moment, Fabienne Sintes, n’y tenant plus : «Monsieur Mélenchon, ils ne lâchent pas la politique, ces gens sur la place. Mais ils lâchent le système.» Mélenchon, à peine audible : «C’est clair.» Sintes : «Or vous êtes le système. Or Pierre Laurent est le système. Or tous les politiques sont le système. Alors comment vous faites pour vous raccrocher à ces gens ?»

 

Les amis de Macron et la présidentielle de… 1969!

 

Un vieux monde s'écroule

 

La référence en 2016 par les amis de Macron à ce scénario de 1969 éclaire leur vision de l’avenir.

 

1. Il n’est pas question que François Hollande démissionne - comme l’avait fait jadis le Général - mais ils n’excluent pas que François Hollande ne soit pas en mesure de se représenter. Et que toutes les cartes - à gauche comme à droite - soient alors redistribuée.

 

2. Comme cela a été le cas en 1969 pour la SFIO, les pro-Macron pensent que le PS ne se remettra pas de ses déchirements actuel et qu’en l’état, il est, à son tour, condamné. De même que la SFIO n’a pas survécu en 1969 à son implosion de la présidentielle, le PS de Jean-Christophe Cambadélis ne survivra pas, croient-ils, à ses errances actuelles.

 

3. Comme en 1969, ils estiment que l’heure d’une recomposition politique générale se profile donc. Ceux, d’où qu’ils viennent, qui sont pour une politique social-réformiste se regrouperaient. Ceux qui n’ont pas abandonné la vulgate marxiste feraient de même, mais ailleurs. En clair : les supporters du ministre de l’Economie croient que, derrière les impasses actuelles, un vieux monde s’écroule, et qu’un nouveau va surgir. CQFD.

 

Un ticket Macron - Hulot en 2017 ? "On a commencé à discuter", admet l'ancien présentateur de TF1

 

Hulot, Macron, même combat en vue de la présidentielle de 2017 ? Interrogé sur LCI, l'écologiste préféré des Français reconnait un rapprochement avec le ministre de l'Economie qui vient de lancer son mouvement "En marche" : « Il ne m'a pas échappé qu'on avait des convergences. Evidemment on a commencé à discuter mais il faut aller au-delà. Parce qu'il faut écouter la société civile, que la division gauche droite ne doit pas être une condition au dialogue. »

 

Peopolisé dans Paris Match, recadré par Hollande: Macron 2017, c'est fini!

 

 

« On attendait Macron, et on a Balladur. A la une de Paris Match. Du people à l’ancienne. De la communication des années 90. A ce point datée que le ministre de l’Economie "En marche" s’est senti obligé de faire demi-tour. Déjà. « C’est une bêtise, une bêtise qu’on a faite ensemble, non pas que ça ait beaucoup d’importance mais moi, ce qui m’importe le plus, au-delà de mon engagement, c’est mon couple » a-t-il déclaré à Londres, en marge d’une conférence sur l’avenir de l’Europe.

 

Et d’expliquer que ce le résultat produit dans les pages intérieures du magazine people est le résultat d’une erreur de son épouse, piégée par la presse manipulatrice: « Mon épouse, à laquelle je tiens beaucoup, a parlé à une journaliste de Paris Match. Mon épouse, elle ne connaît pas le système médiatique, elle le regrette d’ailleurs profondément ».

 

Hollande en marche 

 

« Quiconque voudra savoir ce qu’est la gourmandise lorsqu’elle confine à la jouissance devra désormais se reporter – pour le son et l’image – à ce moment du sommet franco-allemand de Metz, le 7 avril 2016, au cours duquel François Hollande a commenté la création par Emmanuel Macron, la veille à Amiens, d’un mouvement sortant des sentiers battus de la politique. Ce fut court mais intense. Étonnement feint, phrases à double détente, fausse retenue, jeux de regards amusés avec l’intéressé, le tout sous couvert d’une banalisation apparente de l’événement : dans le genre, on a rarement fait mieux et il y avait longtemps, en tous cas, qu’on n’avait pas vu le Président dans un pareil état.

 

Tout cela dit un tempérament et une manière de faire. François Hollande est joueur. Quand il lance la balle, il adore que d’autres viennent courir après elle, surtout si c’est pour la lui rapporter illico. Dans le langage des signes qui est celui de la politique, il voulait accréditer l’idée que sa candidature en 2017 est désormais une évidence. Comme celle-ci précisément ne l’est pas, il fallait que d’autres fassent le travail à sa place. De ce point de vue, Emmanuel Macron est un parfait complice.

 

«En marche !» montre que ça marche ou tout au moins, que ça peut marcher. Ceux qui, plus tard, écriront la chronique des dernières aventures présidentielles de François Hollande, noteront sans doute que tout cela a commencé avec le discours d’Amiens et le commentaire de Metz. Rien ne garantit que cette opération en deux temps ait l’effet escompté par ceux qui l’ont initiée. Au moins signale-t-elle une intention. Ce qui, dans le contexte, n’est pas rien ! »

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 06:00
En 1964, j’avais 16 ans, il ne restait plus que 20 ans à attendre pour savoir si ce qu’écrivait George Orwell 15 ans plus tôt allait se vérifier…

À ceux qui s’étonnent du rythme journalier de mes chroniques, que je me chatouille la nouille chaque matin devant mon écran comme l’a écrit un LPVien vénère que j’eusse osé ne pas encenser le livre du Grand Timonier, dont je tairai le nom afin de lui lâcher la grappe, je réponds en citant Vialatte, l’inventeur de la chronique en tant que genre littéraire, «une chronique il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d’un mur, dans les pierres de l’emploi du temps.»

 

Je ne vois pas en quoi ça dérange l’engeance dégustatrice que je commette un billet que je jette chaque matin sur la Toile, nul ne les oblige à me lire. S’ils sont masos qui puis-je ?

 

Le temps d’écrire on le prend et pondre une page d’écriture quotidienne ne relève en rien d’une quelconque addiction. J’entretiens mes neurones et, libre à chacun, de faire un sort à ma production.

 

Écrire c’est comme faire l’amour, quand ça vous prend ça ne vous lâche pas.

 

Comme j’ai une tendance certaine à sauter du coq à l’âne, en passant en revue ce que me trottait dans la tête je me souvins que dimanche dernier, dans mon petit roman, j’avais en exergue posé en exergue une citation :

 

« L’amour, c’est comme les oreillons, plus on l’attrape tard, plus c’est grave. »

 

Je n’ai jamais eu les oreillons. De nos jours, dans les cours d’école on n’entend plus parler des oreillons. Et pourtant de mon temps cette maladie infantile semait la terreur chez les garçons. Pensez-donc, le mal, si on y prenait garde pouvait se porter sur les coucougnettes, nos gonades et, si les oreillons descendaient le jeune mâle risquait d’être à sec pour toujours.

 

« Plus on les a tard, plus grand est le risque. On parle de couilles énormes, tuméfiées comme des fruits tropicaux… Il n’est pas certain qu’elles dégonflent un jour. On souffre l’enfer. »

 

Ce n’est pas moi qui écrit ça mais un dénommé Jacques Gaillard dans « Qu’il était beau mon Meccano ! »

 

 

Avec mes histoires de coucougnettes j’imagine la tronche d’un LPVien égaré sur mon espace de liberté. Carton rouge ! Disqualification ! Excommunication !

 

Et pourtant c’est grâce aux oreillons que j’ai pu donner le jour à ma chronique du jour.

 

En effet, le sieur Jacques Gaillard tout à la fin de son opus écrit :

 

« En 1964, j’avais 16 ans, une Vespa et cinq francs d’argent de poche par semaine […] on attendait 6 à 18 mois une auto après la commande, et elle coûtait des années de salaire ouvrier. Lequel était, en francs constants et en pouvoir d’achat comparé, légèrement inférieur (pour 44 heures de travail hebdomadaire) au RMI d’aujourd’hui. On attendait aussi de longs mois pour obtenir le raccordement au téléphone. Pour aller vite, on prenait le train (une nuit pour Paris-Marseille). On allait voir la télé en noir et blanc chez des voisins. On travaillait le samedi. Non, monsieur, il n’y avait plus de dinosaures. »

 

Alors je me dis : puisque tu avais 20 ans en 68 c’est que t’avais 16 ans en 64.

 

Raccord donc !

 

 

En 64, Sylvie Vartan chantait (sic) Ce soir je serai la plus belle pour aller danser… Elle fondait l’espoir que la robe qu’elle avait voulue et cousue point par point serait chiffonnée… sur la banquette arrière d’une SIMCA 1000 (l’auto dans laquelle j’ai passé mon permis en 66) Torride mais ce n’est pas encore Baise-moi !

 

En 1964, le 14 octobre, Martin Luther King (« I have a dream ») reçoit le Prix Nobel de le Paix, et le 22 Sartre refuse celui de littérature.

 

On a enterré des mammouths : Braque, Cocteau, Edith Piaf, Jean XXIII.

 

En 64, comme on le dit de nos jours, c’est la Battle planétaire Rolling Stones « de mauvais garçons, apôtres sataniques d’une musique violente » contre les Beatles « A hard days night »…

 

En 1964, le pompidolisme triomphant permet l’érection de la tour Maine-Montparnasse le « Paris de l’an 2000 » (sic)

 

En 64, l’Europe verte est lancée grâce à un accord sur le prix des céréales, qui va permettre un « élevage moderne » (sic)

 

En 1964, Bernard Pivot écrit dans le Figaro : « Le premier garage d’une automobile, c’est le cœur d’un homme »

 

Enfin, en 64, Alain Peyrefitte « inaugure » un nouveau Journal télévisé, « avec plus d’images » : « Lorsque le gouvernement voudra s’exprimer, il le fera à visage découvert », assure-t-il sans rire. « Pouvait-on espérer mieux ? », écrit André Brincourt.

 

En 1964, l'auteur de science-fiction Isaac Asimov se lançait dans un petit jeu: imaginer le monde de 2014. 50 ans plus tard, son pronostic est tellement proche de la réalité que cela en est presque effrayant.

 

Lire ICI 

 

I have a dream et si les participants à la Nuit Debout ouvraient un atelier : En 2016… Y’a déjà beaucoup de matériaux et ça me semblerait plus intéressant que de réécrire la Constitution…

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16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 06:00
La France  rurale en 1968 : l’existence routinière du cousin Jules forgeron bourguignon à Pierre-de-Bresse…

Nous avons de plus en plus la mémoire courte, l’info instantanée nous fait vivre au rythme effréné d’une actualité vite consommée, mal digérée, sitôt jetée afin de laisser la place à celle qui fera grimper l’audience. Images fast-food, flux continu, analyse prédigérée, banalités enfilées comme des saucisses, le temps long passé aux oubliettes d’une Histoire où le demi-siècle s’assimile à l’éternité.

 

Les fenêtres du hasard sont souvent bienveillantes à mon égard, j'ai pu visionner sur Classic un vrai bijou Le Cousin Jules. Ensuite j'ai acheté le DVD sur le site de la FNAC afin de le montrer à mes jeunes ami (e)s

 

1968, au fin fond de la Bourgogne profonde, la méconnue, celles des prés, Jules Guitteaux, vieux forgeron sa femme, Félicie mènent une existence routinière : le travail à la forge pour l’un, les tâches ménagères quotidiennes pour l’autre, puis, alors que le temps passe, la disparition de Félicie, l’absence, la solitude, le rythme lent des jours…

 

Le Cousin Jules c’est un documentaire réalisé en 1973 par Dominique Benicheti qui a tourné pendant cinq ans de 1968 à 1973. Il n’avait jamais été commercialement distribué car les salles art-et-essai, au début des années 1970, n’étaient pas encore équipées pour le projeter dans son format d’origine en son stéréo.

 

 

En avance sur son temps, Dominique Benicheti (décédé en 2011) avait en effet décidé de tourner Le Cousin Jules en Techniscope (variante du Cinémascope qui était alors à l’époque, par exemple, le format de choix des westerns-spaghettis) et d’enregistrer le son en stéréo : deux prouesses techniques alors.

 

Et ce n’est qu’en 2011 que le travail de restauration du négatif original permet au film de retrouver la visibilité qu’il mérite tant.

 

Kristin M. Jones, dans le Wall Street Journal, en 2013 s’enthousiasme :

 

« Dans Le Cousin Jules, l’esprit d’innovation de Benicheti est inséparable de son talent artistique. Lumineux et merveilleusement cadrés, ses minutieux plans de scènes rurales rappellent les peintures françaises du XIXe siècle. On pense aux champs rayonnants de Van Gogh, aux paysans laborieux de Millet et aux paysages précis mais poétiques de Corot. Associant objectivité et beauté, insensibilité et chaleur, le film est en fin de compte un hommage à la vie elle-même. »

 

Dominique Benicheti, ancien diplômé de l’IDHEC (ex-Fémis), féru de technique décrit son projet :

 

 

« En Bourgogne, j’ai un cousin éloigné du côté de ma mère ; il vit dans un petit village près de Pierre-de-Bresse. Jules est né en 1891. À l’âge de vingt-deux ans, il épouse Félicie. Son père et son grand-père étaient forgerons. Il est donc devenu forgeron à son tour. Dans mon enfant, je passais tous les étés chez eux. J’ai toujours été fasciné par le travail du fer. En 1967, j’ai alors décidé de réaliser un film sur Jules. Dès que j’avais du temps libre, en dehors de mon travail pour la télévision, je partais le retrouver en Bourgogne. »

 

 

 

Un critique Morgan Pokée écrit :

 

« Benicheti fait littéralement feu de tout bois dans sa mise en scène, en se permettant par exemple d’amples travellings (notamment circulaires) pour suivre le parcours de son cousin et de sa femme au sein de leur ferme bourguignonne. L’esprit d’innovation qui anime le cinéaste est aussi une manière de rendre spectaculaire le quotidien routinier de ce couple octogénaire, en le représentant grâce à une grammaire cinématographique généralement peu employée pour les documentaires, car supposément contraire à la liberté et à la discrétion nécessaire pour atteindre la vérité recherchée.

 

Jules passe ses journées à forger des objets en fer. Félicie s’occupe du potager, prépare les repas et le café pris en commun dans le local de travail. L’âpreté de leur vie n’est pas synonyme de misère et s’accorderait plutôt ici avec la sagesse de la vieillesse qui se contente de peu de mots pour exprimer son rapport sensible au monde.

 

Mais s’il s’agit bien ici d’un monde clos, que l’extérieur peinerait à atteindre, il se trouve aussi hors du temps. Temps que Benicheti manipule avec précision et brio en synthétisant ses cinq années de tournage en une seule et unique journée qui représenterait, en substance, la fin de vie de Jules et Félicie.

 

Il faut voir le vieil homme allumer le feu de sa forge, au milieu de ses machines, pour ressentir alors combien son art de la ferronnerie découle d’un rapport à la musicalité de la matière et sa modulation. Ici, le fer martelé résonne tels les battements d’un cœur qui résiste aux fantômes de la mort qui rôdent. C’est ainsi, en une ellipse bouleversante au milieu du film, que l’on comprend le décès de Félicie. Jules reprendra modestement le cours de sa vie quotidienne, ménage, rasage, balayage, sans pour autant remettre les pieds à sa forge. Et c’est au milieu de ces paysages qui évoquent inlassablement les peintures de Corot et de Millet, que Jules, lui aussi, attend la fin de sa journée, la fin du film, pour nous quitter définitivement, dans un ultime sursaut. »

 

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15 avril 2016 5 15 /04 /avril /2016 10:00
Catherine Bernard de Saint-Drézéry ma vigneronne de l’année : comme les GCC elle a érigé son chai à tous vents.

Loin du classement à la con de la RVF, avec un Jérôme Despey n°1 qui passe plus de temps à Paris que dans ses vignes, des titres de vigneron de l’année des tresseurs de lauriers du type Butane&Degaz plus intéressés par le revenant-bon que par le mérite, je me suis réuni avec moi-même, dans la plus absolue subjectivité, bardé de mon amitié pour la récipiendaire, et j’ai décidé de hisser Catherine Bernard, vigneronne de Saint-Drézéry, dans la lumière de la notoriété.

 

Ça va la faire beaucoup rire, de ce grand rire qu’elle délivre pour surmonter difficultés et embûches de la vie, et je puis vous assurer qu’elle n’a guère été épargnée.

 

En 2011 dans son livre « Dans les Vignes » Chroniques d’une reconversion, Catherine nous narrait son passage de la plume au sécateur dans une grande solitude et un environnement peu amène.

 

 

Deux citations pour mettre en exergue sa philosophie :

 

« Le raisin ne peut pas se transformer en bon vin s’il est ramassé dans l’indifférence de l’autre. Le vin est ce breuvage particulier qui naît de la solitude de la terre, grandit dans un tête à tête, et s’épanouit partagé, produit de l’imaginaire, du symbolique et de la réalité, formant un tout inextricable. C’est aux vendanges, plus qu’à aucune étape du processus, que l’imaginaire percute la réalité. »

 

« Il me semble que ma vie entière n’y suffira pas. Au mieux, au plus, je vendangerai quinze, vingt, trente fois, tandis que j’ai écrit des articles par centaines, peut-être par milliers, que les médecins rédigent des ordonnances par centaines de milliers, que les boulangers pétrissent des baguettes par millions. À y regarder de près, une vie de vigneron se résume à peu de vins. Ni l’avion, ni Internet, ni le téléphone ne peuvent raccourcir la distance qui sépare un millésime d’un autre. Le temps se défie du temps, fait des pieds de nez à l’obsolescence. »

 

5 ans déjà, pugnace, tenace, volontaire, déterminée, notre vigneronne – ce nous n’a rien de possessif mais est une marque de notre affection – peut être fière de son parcours et moi je le suis d’être son ami.

 

J’aime et admire les gens qui font, entreprennent ce qui semble impossible, soulèvent des montagnes, s’écorchent les genoux, se relèvent, fidèles à leurs principes de vie, laissant les sceptiques à leur scepticisme, les railleurs à leur impuissance.

 

Catherine la vaillante va enfin faire son vin chez elle, dans son chais. Un chai dont l’érection fut bien douloureuse, les dieux du ciel n’y ont guère mis du leur. Contre vents et fureurs du ciel, dans la boue, les crevasses, le drakkar indomptable à tenu le Cap (Cap 2016, Catherine) et le voilà amarré au quai sur lequel le raisin transitera pour nous donner le vin de Catherine dans des flacons habillés a minima, pas besoin de fla-fla. La séduction est dans la bouteille pas dans le chichi des habits.

Catherine Bernard de Saint-Drézéry ma vigneronne de l’année : comme les GCC elle a érigé son chai à tous vents.
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15 avril 2016 5 15 /04 /avril /2016 06:00
1 million de paysans en excédent « Tout cela se passe dans le silence, sans une plainte, sans une grève »

L’exode rural fut long et silencieux… Il toucha au premier rang les paysans, mais pas que, les valets de ferme qui se gageaient à la Saint-Jean, les artisans des bourgs, forgerons, maréchaux-ferrants, bourreliers, charrons, métiers en voie disparition, tous les métiers sont touchés, les commerces baissent leur rideau de fer définitivement, les écoles ferment faute d’élèves, le célibat masculin devient une véritable plaie sociale.

 

Il débuta sitôt la fin de la 2de Guerre, en 1947, Jean-François Gravier publiait Paris et le désert français, dans un domaine, la géographie, qui n'est pas vraiment une pépinière de best-sellers. Cet ouvrage « eu une carrière hors du commun. Plus qu'une référence, il reste un témoignage, un symbole : celui de la révolte contre une France déséquilibrée, entre une région-capitale écrasante, où tout se passe, et une province belle endormie qui suscite l'ennui et fait fuir les talents vers la Ville Lumière.

 

 

Dans un style incisif, malgré les références constantes aux statistiques, l'auteur y décrit avec minutie cette exception française qui fait que le centralisme politique hérité de l'Ancien Régime a gagné, de proche en proche, les sphères économique, culturelle, éducative, jusqu'à faire de la centralisation parisienne la règle générale. »

 

Jean-Louis Andréani du Monde en juillet 2008

 

« Avec trente ans d'avance, le géographe (disparu en 2005) prône la création de 16 régions, chacune dirigée par un superpréfet. Il souligne la nécessité d'un "Grand Paris" d'environ 5 millions d'habitants, insiste sur les conséquences néfastes du laisser-faire urbanistique. Quant à la capitale elle-même, il déplore- en 1947 ! - que "Paris semble aménagé pour des automobiles et non pour des hommes - encore moins pour des enfants »...

 

«Peut-on fonder l'avenir d'une nation sur l'hémorragie interne ? Peut-on fonder sa renaissance sur le gonflement congestif de 4 % de son territoire et sur l'appauvrissement continu en hommes et en productions de la moitié de ses provinces ?» s’interroge Gravier.

 

Bien sûr, étant donné son engagement idéologique de jeunesse dans la mouvance maurassienne, on reprochera à JF Gravier de nourrir une forme de haine de la ville  de se placer dans la mouvance de la terre qui ne ment pas chère aux agrariens qui ont inspiré le corporatisme du régime de Pétain.

 

Mais revenons aux faits.

 

Prenons le Massif Central et le Sud-Ouest, les deux grandes régions qui ont le plus souffert de l’exode. « Ces espaces sont mal reliés au reste du pays, et donc aux marchés, par des voies de communication mal entretenues et insuffisantes. Les industries traditionnelles continuent de prendre du retard ; certaines ferment leurs portes. Deux France s’opposent alors : d’un côté l’Ouest-Sud-Ouest, appauvri et principalement rural, de l’autre l’Est-Nord-est, plus riche et aux activités industrielles et intellectuelles plus dynamiques – trois quarts des richesses nationales et deux tiers de la population y sont concentrés. Paris est le cœur de cette nouvelle dynamique économique. »

 

« La décision de partir chez l’émigrant met en jeu tout son être psychologique et social, comme ses motivations matérielles plus aisément exprimables. » Roger Béteille La France du vide.

 

« L’exode rural est néanmoins avant tout un « exode agricole » : nombre de paysans pensent que leurs enfants feraient mieux d’entrer dans les écoles de gendarmerie et de police ; la terre c’est trop pénible pour eux. Être employé de bureau ou ouvrier d’usine représente aussi une ascension sociale. À partir de 1955, les campagnes françaises comptent 130 000 départs par an ; ceux qui restent doivent à tout prix sortir de leurs habitudes d’autoconsommation et rechercher des seuils de rentabilité inédits. »

 

Le nombre d’actifs du secteur agricole passe de 5 580 000 (28,9% des actifs français) en 1949 à 5 030 000 (26,1% des actifs français) en 1954, puis à 3 650 000 (18,4%) en 1963.

 

Le nombre d’agriculteurs exploitants passe de 3 3966 000 en 1954 à 3 044 000 en 1962 tandis que le nombre de salariés agricoles commence à chuter, passant de 1 160 000 à 826 000 entre 1954 et 1962.

 

Et pourtant, malgré cet exode massif, les campagnes françaises semblent abriter trop de paysans dans les années 50, ce que confirme René Colson – issu de la petite paysannerie de la Haute-Marne, secrétaire-général de la JAC jusqu’e 1948, collaborateur de René Dumont conseiller influent au Ministère de l’Agriculture – par sa formule « Un million de paysans en trop. »

 

« Dans Témoignage Chrétien, il affirme que les progrès techniques bousculent trop l’organisation traditionnelle de la société paysanne ; il faut maîtriser la machine qui envahit les fermes. »

 

« Tout cela se passe dans le silence, sans une plainte, sans une grève […] Si nous étions dans un régime totalitaire, le déplacement de cette population se ferait par réquisition et déportation. Entre l’indifférence totale et la déportation, n’y aurait-il pas d’autres possibilités ? […] Tous les gars et les filles qui doivent quitter leur village ont le droit d’être aidés dans ce sens. Sinon, ils accroîtront la masse des manœuvres et les travailleurs non qualifiés. Cette responsabilité incombe au gouvernement. Mais que fait-il ? »

 

SOURCE : L’Histoire des paysans français Éric Alary Perrin

 

Culture de poireaux au Louvre pendant la guerre

La vidéo est à visionner absolument

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 06:00
J’ai fait tout un fromage lorsque Maréva nous présenta avant PSG-Manchester City un Bagoss di Bagolino de chez Alessandra.

Ce soir-là, il pleuvait des cordes. L’ami Christophe, journaliste à l’Équipe, nous avait invités à venir partager le pain et le sel chez lui avant de visionner le match aller PSG-Manchester City.

 

Dans ce nous il y avait Claire très portée sur la soule ou chôle en picard jeu traditionnel pratiqué sous l'ancien régime principalement en France, ancêtre présumé du football ; Mareva la sportive, grande randonneuse sur 2 roues, qui aime tous les sports, ou presque, et moi à mi-chemin des deux, plutôt admirateur du Red Star que du PSG…

 

 

Bien évidemment, avec de telles fines lames qui sont aussi des fines bouches dotées de belles descentes il n’était nullement question de verser dans la soirée canapé avec pizza et Kro incorporées.

 

Que du bon !

 

Et c’est de ce bon à table que survint la grosse surprise de la soirée qui relégua le nul du PSG au rang de péripétie, le cafouillage de son arrière-garde à petit ballet de pieds carrés trop payés et la maladresse de son milieu de terrain à une banale danse des canards sur la pelouse du Parc.

 

Nous abordions la dernière ligne droite de notre dînette lorsque Mareva sortit de sa besace un Bagoss di Bagolino acheté chez Alessandra de RAP épicerie.

 

J’en restai coi. Interdit. Comment, moi, qui me piquait d’être le Bob Parker des fromages au lait cru qui puent, le Paganini des fromages d’Italie, pouvais-je ignorer jusqu’à l’existence du Bagoss di Bagolino !

 

Toute honte bue, à la manière d’un Laurent Blanc d’après match, un peu penaud je fis contre mauvaise fortune bon cœur. Le Bagoss apaisait mon amour-propre et, dans ma petite Ford d’intérieur, germait l’idée de cette chronique où, tel un bourgeois de Calais, je déposerais les clés de mon soi-disant savoir fromager aux pieds de Maréva.

 

 

Bagoss di Bagolino, comme son nom l’indique, est un fromage cru provenant de Bagolino, Bagulì en dialecte de Brescia, une bourgade d'environ 3 900 habitants, Val Caffaro, située dans la province de Brescia, Lombardie au nord de l'Italie. Ses habitants sont appelés les bagolinesi ou bagossi. Elle est célèbre pour son carnaval.

 

 

Il est unique en Italie, c’est une tradition ancienne et profondément enracinée dans le peuple de Bagolino et Ponte Caffaro. La célébration se caractérise par deux danses : "Le Balari" et "Le Mascher".

 

Les origines des danses et musiques relatives au Balari sont du 16ème siècle, alors que les origines du Mascher semblent être plus anciennes (archives 1530/1553). Ces documents parlent de "jouer et danser". Ce n'est que dans un document 1551 qu'apparaît le "Les joueurs de violons". Dans ces années, le violon moderne est né et a fait ses premiers pas grâce au travail de grande luthiers, tels que Gasparo da Salò (province de Brescia, 1542-1600) et Andrea Amati de Crémone (1505-1570).

 

 

L’histoire de ce fromage est intimement liée, à cette tradition issue de la proximité de Bagolino avec la République de Venise qui au XVIe siècle régnait sur les mers. Bien sûr il doit aussi son originalité à la richesse de ses pâturages alpins : Val Trompia, Val Camonica e Val Sabbia.

 

La meilleure période pour le produire se situe du printemps jusqu'à la fin de l'été, lorsque le bétail est en estive à la recherche l'herbe aromatique. Le lait frais est traité chaque jour dans la cabane du berger traditionnel, "malga", légué au fil des siècles et caractérisé par des gestes simples dans des instruments en cuivre.

 

Le Bagoss n’est produit qu’à Bagolino, selon des méthodes de production traditionnelles pratiquées depuis des siècles, par une poignée de 28 petites entreprises transformant le lait des éleveurs. Les troupeaux de vaches de race brune des Alpes, alpine, pâturent pendant la saison estivale sur les vastes alpages de la commune qui s'étend sur environ 10970 ha, à 778 m d'altitude.

 

 

Le fromage doit mûrir 15, 24, voire 36 mois pour atteindre une saveur particulière. Ce fromage se déguste comme le Parmigiano, sur le gril ou si bien vieilli, râpé sur les soupes, risotto ou des pâtes. La gastronomie de Bagolino est extrêmement riche et savoureuse, en particulier, différents plats préparés avec des légumes de montagne, le gibier et les oiseaux, polenta et fromage Bagoss.

 

De forme cylindrique, diamètre 40-55 cm, hauteur 10-12 cm, sa taille est plus grande que celle d’une tome de montagne. Le Bagoss pèse habituellement 16-18 kg, mais certains Bagoss peuvent atteindre 20-22 kg. Au cours de l’affinage le la croûte est lubrifiée avec de l'huile de lin brute, sa couleur est typique, jaune pâle, en raison de l'ajout de safran, qui tire sur couleur le brun-ocre lorsqu’il prend de l’âge.

 

 

Le Bagoss commence à exprimer la complexité d'un grand fromage après au moins 10-12 mois de maturation, lorsque la pâte commence à se graniter et tend à se briser en flocons. Son nez est alors puissant, avec des arômes épicés de safran, des notes vertes qui fleurent bon le pâturage et la fenaison.

 

 

Le Bagoss est une pâte semi-cuite dont le cahier des charges exige que tout le lait utilisé pour la production de fromage soit produit par des vaches suisses brunes nourries avec du foin local. Le lait est filtré en utilisant des brindilles et des aiguilles de pin. Le lait est cuit dans un grand pot de cuivre sur un feu ouvert alimenté par le bois ; l'ajout de safran lui donne un arôme caractéristique et sa couleur jaune typique, héritage de la Venise des Mers qui échangeait avec le monde entier.

 

 

 

 

La production d'une seule forme de 16-20 kg nécessite environ trois heures de travail par le fabricant de fromage. Au cours de l’affinage chaque fromage doit être retourné et brossé fréquemment et huilé avec de l'huile de lin.

 

Le Bagoss est un fromage à forte personnalité, sa saveur et son parfum intense.

 

Il peut être consommé en tant que tel ou utilisé comme ingrédient, on peut le râper comme le Parmesan, avec les pâtes, de la viande, du poisson, des pommes de terre, les œufs, etc.

 

 

Bagolino est jumelée avec Mozac commune française, située dans le département du Puy-de-Dôme 3817 habitants.

 

Merci à Maréva et Alessandra pour cette belle découverte… à Christophe pour sa belle hospitalité et à Claire pour sa patience à m'expliquer les règles de la soule picarde, la chôle quoi !

 

Et si ce beau monde, joyeux du gosier, prenait la peine de nous conseiller le vin qui se marierait le mieux avec ce fromage à haute personnalité ça m'aiderait à ne par faire tout un fromage autour de ce fabuleux Bagoss di Bagolino...

 

La vidéo ci-dessous est superbe prenez le temps de la visionner car c'est l'un des plus beaux pied-de-nez à l'hygiénisme normatif... La seconde, une fois passée les premières minutes un peu dépliant touristique est entièrement consacrée au fromage et au festival...

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 06:00
Dois-je faire amande honorable pour mon refus d’encenser le haut-clergé du vin au risque que l’amende soit amère…

Plongé dans la lecture d’un petit opus Bistros écrit par la petite-fille d’Alexandre Millerand, qui fut Président de la République de 1920 à 1924, page 51, dans le chapitre La Palette rue de Seine, je tombais sur une pépite :

 

« Il s’appelait Roland Castro. J’ai revu Roland dans les premiers jours de mai à l’occasion d’un meeting à Nanterre. Assis à la tribune, avec sa tête de pâtre grec mâtiné judéo-espagnol, il était venu faire amande honorable au nom de l’UJCML, lente à rejoindre le mouvement, pas assez prolétarien dans ses fondements selon ses dirigeants. »

 

 

Le matin-même sur Face de Bouc un jeune homme proclamait à propos du futur livre de Jérôme Pérez gourou de la LPV qui trouble le monde du vin : « j'aime la contreverse ! »

 

Nous nagions donc dans la voyelle incongrue là un a pour un e, ici le i pour un o, quel méli-mélo comme chantait Bobby Lapointe cité par le Jacquot en dégustation aveuglée à Bordeaux. 

 

Dis, là-dedans, où est la mini ?

Où est la mini de Mélanie ?...

- Malin la mini élimée

Mélanie l'a éliminée

Ah la la la la ! Quel méli-mélo, dis ! »

 

1- L’amande est le fruit de l’amandier mais l’amendier donne lui des amendes :

 

Amendier, subst. masculin, Régisseur de théâtre qui inflige les amendes.

 

« L’amendier fleuri, comme disent les acteurs en parlant du généreux distributeur d'amendes qui surveille la scène. » Vie parisienne, 1869

 

2- L’Amende honorable était une peine infamante sous l'Ancien Régime qui obligeait le coupable à reconnaître publiquement son crime et en demander pardon. Faire amende honorable ;

 

À distinguer :

 

a) l'amende honorable sèche ou simple, moins infamante que l'amende honorable ordinaire, faite à l'audience ou à la Chambre du Conseil;

 

b) l'amende honorable in figuris ou publique, infligée devant le tribunal en présence du public.

 

« Fille bohème, le jour qu'il plaira au roi notre sire, à l'heure de midi, vous serez menée dans un tombereau, en chemise, pieds nus, la corde au cou, devant le grand portail de Notre-Dame, et y ferez amende honorable avec une torche de cire du poids de deux livres à la main, et de là serez menée en place de Grève, où vous serez pendue et étranglée au gibet de la ville... »

Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832.

 

L’amande ne boit plus de petit-lait 

 

« L’amande devient amère. En particulier pour les producteurs californiens. Après avoir tutoyé les sommets, le cours du fruit sec se trouve broyé. Il a perdu près de la moitié de sa valeur en six mois. En août 2015, la livre d’amandes standard s’arrachait à 4,70 dollars (4,30 euros). Elle ne vaut plus que 2,60 dollars aujourd’hui. Une véritable douche froide pour les exploitants agricoles, alors que les pluies diluviennes, et même la neige, ont interrompu une longue phase de sécheresse dans cet Etat de l’Ouest américain.

 

Le manque d’eau a d’ailleurs mis l’amande californienne sur le gril. Les critiques se sont élevées pour dénoncer la culture trop gourmande d’un arbre qui n’a rien d’un chameau. Un seul de ses fruits absorbe 3,80 litres d’eau avant d’arriver à maturité. Et les 400 000 hectares de vergers engloutissent 10 % du précieux liquide consommé par l’agriculture dans cette partie des Etats-Unis.

 

À quelques miles de la Silicon Valley, dans la Central Valley, vergers, champs de coton ou maraîchages se déploient sur l’horizon. Une véritable ruée vers l’or vert.

 

Dans cette corne d’abondance agricole, l’amande tient une place à part. À elle seule, elle pèse plus de 4,1 milliards de dollars dans la balance des exportations américaines. Soit trois fois plus que les vins californiens. Et pour cause. Ce seul Etat américain concentre, à lui seul, 83 % de la production mondiale de ce fruit à coques. Le deuxième producteur étant l’Australie (7 %), suivie de l’Europe (5 %).

 

Amandier, Prunus amygdalus, Prunus dulcis, arbre de la famille des Rosacées, genre Amygdalacées (de son nom latin, Amygdalis), ou Prunus.

 

 

L'amande est un fruit à coque de forme ovoïde. Le fruit est une drupe ovale, verte et veloutée. La partie charnue (la chair du fruit) n'est pas consommable. Elle entoure une coque ligneuse et criblée de trous, dure ou fragile, à l'intérieur de laquelle sont logées une ou plusieurs graines comestibles, enveloppées dans un fin tégument couleur cannelle. Cette graine oléagineuse possède une chair charnue, sèche et ne devient jamais juteuse. Elle est entourée d'une fine peau marron, et sa coque, d'une couleur vert tendre, est douce au touché comme le velours.

 

Originaire d'Asie centrale, et plus précisément du plateau irano-afghan. Dès le Vème siècle avant J.C., l'amandier est introduit progressivement vers la Grèce et de là les Grecs le diffusent dans le reste de l'Europe méridionale (en Italie dès le IIIème siècle). Son introduction dans le midi de la France remonterait aux alentours de 1548. En Espagne il aurait été introduit par les Phéniciens, en Afrique du Nord par les Arabes. Ce fruit sec était très apprécié des Pharaons égyptiens, notamment incorporé dans des pains. Les Romains, eux, considéraient l'amande comme le fruit de la fertilité. Ainsi, ils lançaient des amandes sur les mariés lors de la cérémonie ; d'où aujourd'hui la tradition des dragées lors d'un mariage. L'amande arrive en France au Ve siècle. Durant le Moyen-âge, elle tient une place importante dans les repas, elle s'introduit dans des soupes ou encore entremets sucrés. Ce n'est qu'au XVIe siècle que la France se met sérieusement à cultiver l'amande, uniquement dans le Sud du pays car cet arbuste ne supporte que les climats chauds.

 

Dans la Grèce Antique, on servait en dessert des amandes trempées dans du miel.

 

En France, c'est à Verdun, en 1220, qu'un apothicaire invente la dragée, amande enrobée de sucre et de miel durcis à la cuisson, pour faciliter la conservation et le transport des amandes. A cette date, les dragées sont vendues aux femmes enceintes par les apothicaires, comme bienfaisantes pour leur grossesse.

 

Les dragées symbolisent l'Amour éternel et la fécondité.

 

Le dicton : Pour la Sainte-Berthe (4 juillet),

 

Se cueille l'amande verte,

Si elle n'est pleine que de lait,

Il faut laisser mûrir le blé.

 

Utilisation : on distingue la variété sativa qui produit l'amande douce consommable et la variété amara. L'amande douce est riche en acides gras, protéines, calcium, fer, magnésium, phosphore, potassium, vitamines B1, B2 et E. L'amande douce est consommée fraîche, séchée ou sous forme de pâte, et fournit une huile très fine de couleur claire, qui est utilisée en cosmétique et en pharmacie. Ses propriétés sont anti-inflammatoires, adoucissantes, émollientes, expectorantes, hydratantes et tonifiantes pour traiter les peaux sèches et certaines affections dermiques (psoriasis, érythèmes fessiers), buccales (dartres) ou oculaires.

 

L'amande amère renferme de l'amygdaloside, engendrant au broyage de l'acide cyanhydrique, produit particulièrement toxique, mais utilisé en médecine.

 

Les amandes sont associées à l'amour : Un jeune homme, qui devait épouser la femme qu'il aimait, dut retourner à Athènes juste avant le mariage car son père venait de mourir. Il promit à sa fiancée de revenir pour la date du mariage, mais les transports étant aléatoire, il ne revint que trois mois plus tard. Entre temps, le jeune femme, persuadée que son amour ne reviendrait pas, se donna la mort par pendaison. Les Dieux, touchés par cette preuve d'amour si intense, la transformèrent en amandier, arbre qui se met à fleurir lorsque le jeune homme lui offre son amour éternel…

 

Quelques observations biologiques sur l'Amandier [article] V. A. Evreinoff 

 

Revue internationale de botanique appliquée et d'agriculture tropicale Année 1952 Volume 32 Numéro 359 pp. 442-459

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 06:00
Extension du domaine du terroir aux IGP : dernière station avant la confusion…

Les Vignerons indépendants de France, les VIF, ont le sens de la mise en scène, leur prochaine Rencontres nationales, des 13 et jeudi 14 avril, la 9e édition, est exemple remarquable de storytelling.

 

L’accroche tout d’abord : ce grand rassemblement aura lieu cette année en Côte d'Or, en Bourgogne. Et qui dit « Bourgogne » dit évidemment « terroir » souligne Thomas Montagne, le président de ce syndicat commerçant.

 

« Ce sujet est au cœur de tous les vignerons indépendants. Nous avons chacun nos terroirs, ils font partie de l'histoire que l'on vend ».

 

Parfaite homothétie entre le lieu et le thème, en l'enjeu des Rencontres 2016 sera donc de montrer « comment chaque vigneron peut valoriser son terroir pour en faire une terre d’exception ».

 

Et tout naturellement, le cérémoniel atteindra son apogée lors de la table-ronde du jeudi après-midi, où les deux grand-prêtres de l’INAO, les deux présidents des comités nationaux IGP et AOP de l'INAO, Christian Paly et Jacques Gravegeal, croiseront le fer, en une controverse à fleurets mouchetés.

 

En effet, « La question sera posée de savoir si seule l'AOP est synonyme de terroir... Les vignerons indépendants qui produisent des vins sans indication géographique parce qu'ils ne sont pas dans les règles de l'AOP ne produisent-ils pas pour autant des vins de terroir ? Une appellation régionale est-elle réellement basée sur le terroir ? »

 

Ironie de l’Histoire, c’est un coopérateur, Christian Paly (Tavel) qui défendra le pré-carré des AOP, alors que les IGP auront comme porte-parole Jacques Gravegeal qui a bâti les vins de pays d’Oc contre la coopération régionale. Les temps changent et, après tout, c’est heureux.

 

Le mérite de la question posée par les VIF c’est qu’en effet, les AOP et les IGP sont géolocalisés tout comme l’étaient nos AOC, nos VDQS et nos vins de pays.

 

Tout cep de vigne plonge ses racines dans un sol, un lieu-dit, alors pourquoi ne pas terroiriser ces vins délimités géographiquement.

 

Oui mais alors pourquoi pas étendre cette conception au Vin de France qui, eux aussi, ont des limites qui sont les frontières de notre beau pays.

 

Cette extension aurait d’autant plus de sens que beaucoup de vignerons borderline, les producteurs de vins nus honnis par les dégustateurs assermentés, sis dans des AOP prestigieuses, choisissent ou sont contraint de classer leurs vins excentriques en Vin de France.

 

Mais comme les piles Wonder qui ne s’usent que lorsque l’on s’en sert, l’extension du domaine du terroir à quasiment tous les vins de France l’usera jusqu’à la corde pour le transformer en un discours redondant qui se noiera dans le grand lac des vins sans personnalité qui peuplent les rayonnages de la GD.

 

Et si un jour dans les congrès syndicaux, même ripolinés en débat entre grands chefs, on abordait vraiment les questions de fond, celles qui engagent l’avenir, en invitant des intervenants qui ne font pas partie de la grande maison INAO, nous éviterions des lendemains qui déchantent pour beaucoup de vignerons qui pratiquent la vente directe. Le monde change, les consommateurs aussi, comme le disait les 68-hard le vieux monde est derrière nous.

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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 11:10
Le jour où j’ai connu Étienne Hugel nous avons évoqué l’histoire de sa famille qui se confond avec celle de l’Alsace.

Face à la mort les mots me manquent, je suis un taiseux préférant le silence et le recueillement face à la peine et la douleur de ceux qui restent.

 

Lorsque celle-ci est brutale, frappant un homme dans la force de l’âge, la stupeur et l’incompréhension prévaut et le seul antidote que je trouve c’est d’évoquer le disparu au présent.

 

Adieu donc Étienne Hugel, que ta famille, tes proches, tes amis, tous ceux qui t’étaient chers, sachent que ce lundi est un jour où j’aurais envie de t’entendre conter avec passion l’histoire de ta famille, l’histoire de vos vins d’Alsace.

 

Amitiés et sincères condoléances à vous.

 

 

C’était le jeudi 21 octobre 2010, je poussais la porte d’un restaurant de la rue de Verneuil, chère à Gainsbarre. Accueilli par un Étienne Hugel « dont l’adolescence baba-cool avait inquiété son père » primesautier et avenant je cherchais la place favorite des cancres : bien au chaud près du radiateur.

 

Notre hôte fut disert, très disert, appuyant ses propos sur la saga des Hugel par de magnifiques photos familiales que vous pourrez découvrir sur le site de la maison Hugel&fils 

 

« À l’image de leur « Sainte-Catherine » - foudre de 8800 litres affichant 294 millésimes au compteur -, la dynastie Hugel affiche une résistance à toute épreuve. Fondée en 1637 par Hans Ulrich Hugelin, elle a traversé la guerre de Trente ans, survécu aux famines, à la peste, aux épidémies, aux batailles napoléoniennes comme à celle de 1870 et est sortie miraculeusement des guerres de 1914-18 et 1939-45. Tantôt française, tantôt allemande, toujours debout : l’histoire de la famille se confond avec celle de l’Alsace. »

 

La suite ICI 

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