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14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 06:00
Confidences d’un vieux cycliste parigot bien avant les bobos je chevauchais un fixie un peu rétro…

Sans vouloir vous saouler avec mes histoires de vélo et de bobos je me permets tout de même de chroniquer à propos d’un travers bien français : dès qu’une tendance nouvelle pointe son nez, surtout à Paris, elle est vilipendée. Les nouveaux adeptes sont au mieux des snobs, au pire affublés du mot-valise fourre-tout : des bobos.

 

Que n’ai-je entendu lorsque j’ai fait le choix du vélo il y a 40 ans.

 

Et pourtant mon choix était rationnel, motivé par le côté pratique, le besoin de me dépenser, la curiosité, la liberté d’aller et de venir, la facilité pour se garer, entretien facile, budget aussi mince que la taille de Jane Birkin.

 

Mon choix n’était pas un acte de foi écologique même si je croisais souvent, le matin, Noël Mamère qui n’était pas encore Vert, à l’angle de Raspail face à l’hôtel Lutétia.

 

Le quotidien des cyclistes à Paris n’est pas un long fleuve tranquille, rien n’est fait ou presque pour nous faciliter la vie. L’irruption des Vélib a même permis aux « pourvus de moteurs à 2 ou 4 roues » de nous vilipender pour incivilité. Bref, les pistes cyclables sont pleines d’ornières, de détritus, de piétons en goguette, madame Hidalgo se tamponne des vélos sauf pour faire de la com.

 

Aujourd’hui, ce sont les fixies qui sont l’objet de railleries, rien que des hipsters qui chevauchent d’étranges bécanes !

 

Des bobos bien sûr, et de plus en plus de bobottes, c’est comme pour les vins nus, tout ce qui n’entre pas dans le moule est raillé.

 

Sauf que votre serviteur a fait du fixie bien avant que ceux-ci prennent le haut du pavé de Paris.

 

En effet, mon grand Batavus était dépourvu de freins, je freinais avec les pieds, « Le secret, c'est de décaler les pieds. Tu appuies sur le talon de l'un pendant que tu lèves la pointe de l'autre » m’avait indiqué le vendeur de Bicloune.

 

 

Ça surprenait mes amis mais juché bien droit sur mon grand destrier je pris vite le pli, jamais je n’ai dérapé et ne me suis ramassé la gueule.

 

Alors était-ce pour autant un fixie ?

 

C’est quoi un fixie me demandent mes copines ?

 

« C'est le vélo le plus simple, mais aussi le plus économe qui soit. Il est ultra facile à entretenir. Quelques clés pour resserrer les vis, une chambre à air à changer de temps en temps et le tour est joué. »

 

« Dans les années 1990, les coursiers de New York et de San Francisco en avaient marre de se faire voler leurs vélos, alors ils les ont allégés au maximum, retirant les feux, les freins... Le phénomène a mis une dizaine d'années à se propager jusqu'ici, grâce à nos voisins anglais »

 

« À la base, c'est un vélo de piste dont l'utilisation a été détournée par les coursiers américains, les "messengers", poursuit Simon. En réalité, il y a plus d'un siècle que les cyclistes enfourchent des fixies. Sur les premières éditions du Tour de France, plusieurs coureurs roulaient sur ce type de vélo. Aujourd'hui encore, les professionnels s'entraînent sur des pignons fixes pour optimiser leur geste, pour gagner en puissance. »

 

Le fixie, avec un temps de retard, a envahi la chaussée de Paris depuis quelques années. Des filles et des garçons, jeunes, ils foncent comme des dératés. Ils s’éclatent car « Il y a vraiment un côté fun dans le pilotage du pignon fixe. Il n'y a pas de temps mort, on est tout le temps dans l'effort, tout le temps à la relance. »

 

Pour autant « Il ne faut pas se laisser griser par la facilité du fixie. On peut se prendre très vite au jeu et oublier que l'on n'est pas sur une piste d'entraînement, mais dans un environnement urbain. »

 

Bref, lorsqu’il s’est agi de remplacer mon vieux destrier je me suis tâté : allais-je pousser l’inconscience de ma vieillesse indigne jusqu’à acheter un vrai fixie ?

 

Deux raisons m’ont fait pencher vers le classicisme : tout d’abord Paris n’est pas plat et l’absence de changement de vitesses, ce dont était pourvu mon Grand Batavus (3), est redoutable pour relancer la bête au bas de la pente de Ménilmontant ; ensuite, comme je suis un garçon qui fait ses courses, l’absence de porte-bagages s’avérait un handicap majeur.

 

 

Il n’empêche que dans certains couloirs de bus ou sur de belles lignes droites dépourvues de feux je me mets en tête de faire la nique aux petits jeunes en fixie en compensant mon absence de pointe de vitesse par une gestion intelligente de mon effort. C’est jouissif !

 

Bien sûr mes copines me grondent, m’intiment de porter mon beau casque, rien n’y fait je reste allergique à toutes formes de contraintes.

 

Ça 40 ans que ça dure alors… je n’ai jamais chevauché un vrai fixie mais sait-on jamais avec moi tout peut arriver.

 

Combien ça coûte pour s'équiper?

 

« Les puristes du fixie n'achètent pas leur vélo tout fait. Comme les geeks avec leur tour d'ordinateur, ils assemblent des pièces triées sur le volet pour constituer un vélo presque unique répondant à leurs exigences. Pour vous équiper sans dépenser une fortune, optez pour un modèle déjà assemblé. Les premiers prix commencent à 250 euros. Plus vous serez exigeants, plus votre passion du fixie vous coûtera cher. Comptez 589 euros pour un Charge Plug, un modèle facile à dompter. Mais sachez que les prix peuvent grimper jusqu'à 3700 euros pour un Rizoma 77/011 Metropolitan. Pour un maximum d'information sur la mode du fixie, les différents modèles, les manifestations et les boutiques, rendez-vous sur le site fixie-singlespeed.com. »

 

Vélo : elles roulent en « fixie » dans un monde de hipsters barbus 

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13 mai 2016 5 13 /05 /mai /2016 06:00
La traversée de Paris (2) : les rues de cul, Marie Galante, Djamel Tatah, mon palais d’été, Peillon de l’épaisseur du cogito au thriller populo en passant par Ayrault

Tous ou à peu près tous, des chauffeurs d’Uber au petit mec du neuf3 en passant par le péquin de Trifouillis-les-Oies, ils ont tous les yeux rivés sur leur GPS pour circuler dans ma ville. À quand la puce greffée pour guider un peuple d’ignorants.

 

Ignorants du nom des rues, de la géographie de Paris, ils sont sur des rails, quasi-aveugles, robotisés, tout droit sortis d’une vidéo de science-fiction.

 

Et moi, pendant ce temps-là, je file, me faufile, nez au vent, fier comme Artaban, j’enfile les anciennes rues au nom de cul.

 

Qui sait que la rue Gratte-Cul dans le 2e arrondissement a laissé la place à la rue Dussoubs.

 

Qui c’est donc ce Dussoubs ?

 

Un révolutionnaire limousin Denis Gaston Dussoubs, tué le 4 décembre 1851 sur une barricade de la rue Montorgueuil, en protestant contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. (Décret du 9 mai 1881)

 

Ce changement nom est dû à la mauvaise réputation de la rue car le quartier au XIIIe siècle, alors hors les murs, était spécialisé dans la prostitution théoriquement interdite dans Paris depuis 1256 par le pieux Saint-Louis.

 

Mais ce n’est pas tout :

 

  • La rue du Tire-Vit, dans la seconde moitié du XIVe siècle, l'enceinte de Charles V où sont parquées les filles bordelières (ce qui donnera le mot bordel) intègre la Ville et la rue changea peu de temps après de nom (peut-être au début du XVe siècle) pour celui moins vulgaire de «rue Tire-Boudin ».

 

Selon une anecdote apocryphe racontée par l'historien Henri Sauval, la reine d'Écosse Marie Stuart aurait remarqué cette rue après son mariage en 1558 avec le Dauphin (futur François II) : « Marie Stuart femme de François II, passant dans cette rue, en demanda le nom ; il n’étoit pas honnête à prononcer ; on en changea la dernière syllabe, et ce changement a subsisté. De toutes les rues affectées aux femmes publiques, cette rue, et la rue Brisemiche, étoient les mieux fournies. » fut baptisée rue Marie-Stuart.

 

  • La rue Poil-au-con fut, de 1792 à 1800, la rue Purgée, nom qu'elle ne méritait guère, des filles publiques continuant à l'habiter, rebaptisée rue du Pélican par déformation de sa première appellation. Elle est située dans le 1er arrondissement.

 

  • La rue Donne-Joie voisine de la rue Brise-Miche dans le 4e arrondissement où la prostitution était la spécialité (d'où leur surnom commun de rue « Baille-Hoë» : qui donne joie), malgré les plaintes du curé de l'église Saint-Merri. Le curé obtient du prévôt l'expulsion des ribaudes (ordonnance de 1387), mais les habitants de la rue, dont les commerces souffraient de désertification, obtinrent le retour de ces dames (arrêt du Parlement du 21 janvier 1388).
  •  

 

La première est devenue la rue Taillepain et la seconde existe toujours.

 

  • La rue Trace-Putain ouverte au commencement du XIIIe siècle, s'est appelée successivement « rue de Châlons ou de Chalon, rue Trousse-Nonnain, rue Trace-putain, rue Tasse-Nonnain puis Transnonain. C’est aujourd’hui la rue Beaubourg à cheval sur le 3e et le 4e arrondissement.
  •  

NB. Une nonnain était une religieuse.

 

  • La rue Pute-y-Muse de l'ancien français muser, flâner, ou Pute-y-Musse (la putain qui s'y cache), devenue successivement par corruption Petit-Musse, Petit-Muce puis Petit-Musc sa dénomination actuelle. Elle est située dans le quartier du Marais 4e arrondissement.

J’ai gardé pour la bonne bouche l’impasse Guéménée, non pour faire l’andouille, mais parce que son ancienne appellation est très tendance : « Cul-de-sac du Ha ! Ha ! »

 

Pour ceux qui ne le saurait pas le « Lol » est mort, vive le « haha » ! par Marine Benoit

 

« Entrée dans l’Oxford English Dictionary en 2012 et l’année suivante dans le Petit Robert, la célèbre interjection « lol » pourrait bien, d’après les analystes de Facebook, vivre ses dernières heures. Publiée sur le blog du réseau social le 6 août, une étude intitulée « The Not-So-Universal Language of Laughter » (Le ­langage du rire, pas si universel) ­rebondit sur un article du New Yorker paru en avril qui analysait les nouveaux codes virtuels du rire. L’hebdomadaire américain distinguait deux camps : les aficionados du retentissant « hahaha » et les adeptes du « hehehe », plus contenu.

 

Utilisé par 1,9 % des internautes

 

Les chercheurs de Facebook ont décidé d’y mettre leur grain de sel, disposant du matériel idéal qu’est la data. Ils se sont appuyés sur les publications de la dernière semaine de mai, aux Etats-Unis, en se concentrant sur celles qui exprimaient le rire avec les onomatopées « haha » ou « hehe », un émoji (petit visage évoquant une émotion joyeuse) ou l’expression « lol », acronyme de « laughing out loud », souvent ­traduite par « mort de rire ». Les conclusions sont sans appel : seul 1,9 % des internautes utilise encore le petit mot de trois lettres contre 51,4 % pour « haha ». Arrivent ensuite les émojis, vus dans 33,7 % des posts, et « hehe » dans 13,1 % des cas. Le « lol » est mort, vive le « haha » !

 

La désormais marginale exclamation se lit encore ­surtout sur les profils des hommes approchant ­la trentaine, tandis que les émojis séduisent les femmes de moins de 20 ans. Apparu au début des années 2000 dans les SMS, le terme « lol » semble ainsi vieillir avec ses créateurs, adolescents il y a quinze ans. Et, comme la plupart des expressions propres à une génération, il risque d’être bientôt moqué par les plus jeunes. Autre conclusion du bilan que dresse Facebook, les publications relatives au rire représentaient cette semaine-là plus de 15 % des posts émis sur le réseau social aux Etats-Unis. Avec ou sans « lol », le monde rit encore. »

La traversée de Paris (2) : les rues de cul, Marie Galante, Djamel Tatah, mon palais d’été, Peillon de l’épaisseur du cogito au thriller populo en passant par Ayrault

La bouteille du jour le Rhum Rhum de Marie-Galante

 

« Le « Rhum Rhum » blanc provient du jus de canne pur fraichement débarqué par les cabrouets (charettes tirées par des boeufs aux noms éclatants : Tarzan, Noah...) des environs. Fermenté lentement en cuve inox à température contrôlée puis distillé dans des alambics de cuivre de Müller. Maitre Vittorio Gianni Capovilla est en charge de la « repasse » au bain marie. Le Rhum Rhum Bielle subit ensuite une réduction grâce à l'eau du ciel où il atteint ses 56°. C'est un vrai « Rhum Rhum »! Mis en bouteille à la distillerie Bielle de Marie-Galante. »

 

Dégustation : le nez d’abord ample, aérien, délicat avec une palette aromatique très large allant des fruits blancs en passant par des notes de gingembre pour finir sur le goudronné d’un Puros. En bouche c’est du velours, des touches épicées girofle et cannelle, un goût de frangipane tapisse le palais et on se sent envahi de senteurs de lilas. C’est onctueux sans être lourd. J’avale les 56° sans ciller : le cycliste urbain ayant peu de chance de se faire contrôler positif par les volatiles encagés.

La traversée de Paris (2) : les rues de cul, Marie Galante, Djamel Tatah, mon palais d’été, Peillon de l’épaisseur du cogito au thriller populo en passant par Ayrault

J’ai retrouvé la trace de Djamel Tatah chez Michael Woolworth 2 Rue de la Roquette 

 

À mon arrivée à Paris j’ai habité un petit appartement rue Mazarine au-dessus de la librairie Gründ. Nous étions voisins de l’école des beaux-arts. Un après-midi j’y suis allé marauder de la daube absolue sauf les toiles d’un qui signait Djamel Tatah.

 

Djamel Tatah, 56 ans, l'un des rares peintres français connus au-delà de nos frontières.

 

Mon ex-collègue de la SVF, le vin mène à tout, lunettes rouges, écrit :

 

« Il n'y a pas grand-chose sur les toiles de Djamel Tatah, Non, pas grand-chose : déjà, il n'y a pas de fond, pas de décor, pas de paysage, juste des grands aplats monochromes, parfois lisses comme des glacis et parfois légèrement ombrés et vibrants, comme si une vie souterraine y affleurait. De grands rectangles de couleur sourde, où même bleu et rouge semblent avoir été bridés, dé-tonifiés, adoucis jusqu'à la plus extrême sobriété.

 

Pas d'accessoires non plus, pas de meubles, pas d'outils, pas de détails, rien que des hommes et des femmes tels quels, face à nous… Pas d'expression, pas de manifestations visibles de joie ou de haine, de honte ou de peur, de tristesse ou de révolte, non, des visages ternes, sans couleur, sans 'race', désespérément blancs, non-identifiables, non classables, impassibles, figures plutôt que portraits. Parfois un geste, une main, un rapprochement laissent émerger dans l'esprit du regardeur la possibilité d'un sentiment, mais il doit l'assumer seul, le peintre le laisse livré à lui-même.

 

Pas de flonflons, pas de fanfreluches, des habits sombres, quasi noirs (presque tous, depuis la donzelle à la boucle d'oreille), informes, sans coupe, sans apprêts, bêtement fonctionnels, mais marqués d'une hydrographie de plis peinte en blanc et qui, aussi irréaliste soit-elle, signe et structure la forme du corps habillé.

 

Pas vraiment d'action non plus, pas de représentation, ou alors on arrive après le drame quand tout est figé, immobilisé, gelé comme par le flash d'une photographie. Ses tableaux sont des montages, il y assemble des figures posées, posant, gauches, qui, souvent, voisines, ne se voient pas, ne se touchent pas, et qui, quand un ensemble se dégage, quand deux figures interagissent, semblent le faire avec la rigidité d'une sculpture mortuaire.

 

Pas de titres non plus, partout "Sans titre", et ce depuis longtemps, depuis ces Femmes d'Alger qui, après celles de Delacroix et celles de Picasso dont je parlais il y a peu, disent alors (1996) la terreur, le deuil et l'impossibilité de les combattre, alignées dans cette longue frise tragique.

 

Non, il n'y a pas grand-chose dans les toiles de Djamel Tatah, pas grand-chose que la solitude, que l'exil, que la détresse, pas grand-chose d'autre que la tragédie humaine par lui interprétée, à l'aune de sa propre histoire, de sa lignée, de ses émois. Et c'est bien cela qui nous y attire, irrésistiblement, dans cette absolue soustraction du détail, de l'anecdote, du récit, dans cette concentration essentielle.

 

Bien sûr, on peut aisément le réinscrire dans l'histoire de l'art, on retrouve là une Pietà et ici un Torero mort, on revient vers Giotto et vers Géricault, et même vers le Fayoum, puis on bondit vers Barnett Newman ou vers Rothko, mais est-ce si important de déceler dans sa peinture des filiations, des logiques, des vocabulaires ? Et on aime que la Fondation Maeght, par l'ouverture d'une baie vitrée, le fasse dialoguer avec Giacometti. »

La traversée de Paris (2) : les rues de cul, Marie Galante, Djamel Tatah, mon palais d’été, Peillon de l’épaisseur du cogito au thriller populo en passant par Ayrault
La traversée de Paris (2) : les rues de cul, Marie Galante, Djamel Tatah, mon palais d’été, Peillon de l’épaisseur du cogito au thriller populo en passant par Ayrault

Mon palais d’été : Les Climats Le paradis des Vins de Bourgogne
41 rue de Lille - Paris - 75007

 

J’ai toujours été fasciné par le titre du roman de Pierre-Jean Remy« Le sac du palais d’Eté »

 

Patrick Besson écrit :

 

« Pour Pierre-Jean Remy, j’ai commencé par faire une folie amoureuse : lors de notre première rencontre en juin 1974, je suis resté chez moi pour lire « Le sac du palais d’Eté » au lieu de me présenter aux épreuves du bac. Par surcroît, j’écoutais du Bach. Je lui rappelai cette anecdote à chacune de nos rares rencontres : à la Closerie des lilas en 1995, dans la rue de Bourgogne au début des années 2000 (il occupait, avec son épouse, Sophie Schmit, un appartement dans l’immeuble mitoyen du mien), au restaurant Laurent pour une réunion préparatoire du prix Nice-Baie-des-Anges sous les auspices souriants de Brigitte de Roquemaurel. »

La traversée de Paris (2) : les rues de cul, Marie Galante, Djamel Tatah, mon palais d’été, Peillon de l’épaisseur du cogito au thriller populo en passant par Ayrault

Le livre du jour : Aurora de Vincent Peillon.

 

Vincent Peillon, romancier : prometteur, a du potentiel, mais peut mieux faire...

6 AVR. 2016 par JACQUES TEISSIER

 

Si quelques écrivains talentueux, de Chateaubriand à Lamartine en passant par Hugo et Bernanos, ont été tentés par la politique, peu d’hommes politiques se sont lancés dans l’écriture romanesque.

 

Ceux qui l’ont fait se sont sans doute bien amusés (ce qui n’est pas négligeable), mais que ce soit Edgar Faure, Valery Giscard d’Estaing ou Jean-Louis Debré, ils ne marqueront pas l’histoire littéraire de notre pays. J’étais donc curieux de savoir comment Vincent Peillon allait s’en sortir avec son Aurora, que les éditions Stock viennent de publier. Il s’en sort plutôt pas mal, à mon avis. Pour rester dans le domaine de l’école qui a été le sien, je pourrais dire avec la concision qui sied si bien aux bulletins scolaires : « Prometteur, a du potentiel, mais peut mieux faire ».

 

Dans cet ambitieux thriller, l’auteur mêle allègrement les convoitises des multinationales, l’OTAN et les conflits entre les services secrets de différents pays. La géopolitique y est constamment présente avec, en arrière-plan, une question brûlante : qui pourra exploiter les formidables richesses de « l’Eldorado du XXIe siècle » en pétrole, gaz et terres rares, le Groenland ? Hans Ritter, vieux nazi revanchard et nostalgique du troisième Reich, a pour parvenir à ses fins politiques (occultes, comme il se doit) créé le puissant consortium Aurora dont l’un des objectifs est de maitriser l’exploitation de ces richesses. Aurora, comme l’explique un de ses dirigeants, « a passé des accords avec les Russes, le Danois et les Groenlandais, mais aussi les Chinois. Elle a associé d’autres compagnies allemandes. Sur le dos des Américains et de leurs valets, de moins en moins nombreux ». Et, faut-il ajouter, avec l’appui occulte de certains faucons nord-américains et d’un petit groupe de responsables de l’OTAN. Au cœur de cette histoire d’espionnage, Vincent Peillon imagine un groupe plus ou moins autonome d’agents du Mossad, qui agissent selon leur propre conception de la défense d’Israël en n’hésitant pas à exécuter tous ceux qui se sont compromis avec Hans Ritter et son projet Aurora. Roland Kuntz, personnage principal, est le chef opérationnel de ce réseau dont Karlo, un vieux général israélien, est le fondateur et l’âme.

 

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12 mai 2016 4 12 /05 /mai /2016 06:00
Vendredi je rêvais désespérément à mon rosé chéri de Saint-Drézéry pour fêter le soleil avec une amie...
Vendredi je rêvais désespérément à mon rosé chéri de Saint-Drézéry pour fêter le soleil avec une amie...

Jeudi le soleil nous est tombé dessus, non pas comme la vérole sur le bas-clergé mais tel les feux de l’amour sur des corps attendant désespérément de quitter leur teinte blanc d’aspirine.

 

Les qui étaient restés à Paris se sont rués sur nos rares prairies, nos quais, pour s’offrir au dieu soleil. Et quand ça fait chaud ça fait soif !

 

Morne plaine pour les petits canons de vins nus, c’est le règne de la boutanche de notre petite GD proliférante et de la bière bien sûr.

 

Mais le lendemain du jeudi de l’Ascension c’était pont et « Tel est pris qui croyait prendre » je débarquais dans le quartier proche du bassin de la Villette pour l’arrosage des plants sous serre de l’association Veni Verdi par une amie.

 

Tâche accomplie par mon amie il faisait soif.

 

Les vertes prairies des Buttes-Chaumont nous tendaient les bras.

 

Mais allions-nous trouver un rosé bien frais pour étancher notre soif, à mi-pente, face à un soleil apaisé dans un ciel au bleu tendre ?

 

Comme la honte ne se boit pas je ne vous le dirai pas même si Émilie me charrie avec ma manie de vanner ce qui n’est qu’un prénom devenue une vieille marque.

 

Ce fut donc un Bandol Domaine de l’Olivette 2014 à 13€60à la bonne température. Le caviste nous la déboucha et l’enveloppa. Nous trouvâmes des «verres» au Franprix d’à côté.

 

Le moment était rare et je le savourais à sa juste valeur mais je rêvais désespérément à mon rosé chéri de Saint-Drézéry.

 

Oui, juré, craché, c’était décidé : j’allais installer une glaciaire sur le porte-bagages de mon fidèle destrier pour avoir en permanence au frais mon rosé favori.

 

Mais qu’est-ce donc que ce breuvage rare, quasi introuvable dans mon village de Paris ?

Un rosé dans un flacon austère, loin des fanfreluches légères des rosés pâles, chez la Catherine on ne fait dans les chichis on fait du vin.

 

Et demain ce Rosé de table, introuvable sauf chez un privilégié comme moi, sera vinifié dans un chai qui ferait blêmir un des nombreux néo-châtelains bordelais.

 

Pour l’occasion, Catherine, qui a un sens inné de la communication, pose devant son chai en ne manquant en affichant la couleur.

Vendredi je rêvais désespérément à mon rosé chéri de Saint-Drézéry pour fêter le soleil avec une amie...

Voilà puisque je n’ai pas de secrets pour vous, que vous savez tout sur tout, le Rosé de Table de Catherine Bernard sise à Saint-Drézéry c’est ceci :

 

« Un vin rosé de pur Carignan par Smith Michel

 

D’abord une surprise toute visuelle : à en juger par son flacon de verre plutôt foncé, je m’attends à un rosé soutenu, de ceux qui vont manifestement à l’encontre de la mode venue de Provence et des tables chicos du golfe de Saint-Tropez où une autre fille, Régine Sumeire, dès les années 80, lançait son « Pétale de rose » aujourd’hui copié du nord au Midi.

 

« Mais voilà que dans le verre, le vin n’est point foncé. Il est aussi pâle que la carapace d’une crevette de Rosas mariée à une langoustine de printemps pêchée bien au large du port du Guilvinec. C’est un Vin de France millésimé 2012 issu d’un pressurage direct et doté d’un nez inattendu jouant sur la finesse. Très vineux en bouche au point que dans le noir on pourrait le prendre pour un rouge, il se propage avec tendresse et persistance offrant au passage quelques belles notes de coing, de grenade et de groseille. Pour moi, c’est un apéritif idéal à servir pas trop frappé sur de mini tartines de tapenades bien fournies en thym, mais c’est aussi un vin de poisson que l’on ouvrira sur une daurade toute nue cuite quelques minutes au four en fonction de son poids, poisson sur lequel, une fois dans l’assiette, on verserait quelques larmichettes d’une huile « picholinesque » à souhait, sans oublier quelques éclats de gros sel. »

 

 

 

 

Vendredi je rêvais désespérément à mon rosé chéri de Saint-Drézéry pour fêter le soleil avec une amie...
Vendredi je rêvais désespérément à mon rosé chéri de Saint-Drézéry pour fêter le soleil avec une amie...
Vendredi je rêvais désespérément à mon rosé chéri de Saint-Drézéry pour fêter le soleil avec une amie...
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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 06:00
Sommelier est-ce un métier d’homme, de mâle quoi ?

À la vue de la photo ci-dessus je suis en droit de me le demander.

 

Une seule femme sur une grosse quarantaine de mecs Paz Levinson qualifiée de Meilleur sommelier des Amériques 2015, La Ferme Saint Simon (Paris) ; au féminin c’eut été mieux.

 

Les bras m’en sont tombés et j’ai eu envie de chanter « Femmes je vous aime »

 

Alors, cher Philippe Faure-Brac le changement est-ce pour maintenant ?

 

Au milieu de ce parterre mâle, bardé de titres, d’honneur, n’eut-il pas été judicieux d’inviter quelques jeunes pousses féminines ?

 

Aurait-elles déméritées ?

 

Pas si sûr, j’en connais de fort compétentes et très souvent plus sensibles aux goûts de ceux qu’elles sont en charge de conseiller.

 

Ça me fait penser à l’ordre du mérite agricole où, lorsque je le présidais en lieu et place de mon Ministre, je m’étonnais du peu de place fait aux agricultrices souvent reléguées au statut de femme d'exploitant.

 

De l’air, du renouveau, le monde du vin en a bien besoin.

 

Mon courroux a été déclenché par la lecture de Terre de Vins :

 

« En préambule de l’événement « Sommeliers Dating », organisé ce lundi 9 mai à Paris par « Terre de Vins », 40 grands sommeliers avaient rendez-vous hier soir au restaurant de Philippe Faure-Brac pour une soirée très conviviale.

Un dimanche 8 mai à Paris. En ce jour d’Armistice, les sommeliers avaient décidé de déposer les armes (leur tire-bouchon) et de célébrer la fraternité chez l’un des plus émérites d’entre eux, Philippe Faure-Brac. Le Meilleur Sommelier du Monde 1992 recevait, 32 ans jour pour jour après l’ouverture de son Bistrot du Sommelier, boulevard Haussmann, une quarantaine de ses homologues à la veille de l’événement « Sommeliers Dating » organisé par « Terre de Vins ».

 

L’occasion pour ces professionnels, officiant tous dans de beaux restaurants, des palaces ou de grands groupes de la gastronomie mondialisée (Robuchon, Ducasse, Gagnaire), de se retrouver ou de faire connaissance dans une ambiance conviviale, au fil d’une soirée parrainée par les Crus Classés de Graves – et qui s’est terminée en chanson avec un Philippe Faure-Brac en homme-orchestre, aussi doué pour reprendre Nougaro que pour identifier un vin à l’aveugle. »

 

La suite ICI 

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10 mai 2016 2 10 /05 /mai /2016 06:00
Le 10 mai 1981 « Les Français ont franchi la frontière qui sépare la nuit de la lumière », ose Jack Lang

En ce 10 mai 1981, le temps était variable sur toute la France, incertain donc, et l’incertitude était donc de mise, dans le ciel comme dans les urnes.

 

Au lever du jour il fait 13° à Paris et seulement 4° à Pau.

 

La météo balance entre soleil et pluie, l’électorat entre la gauche et la droite.

 

Ma pomme, rocardien de service, non encarté va suivre cette journée dans la souffrance, je suis atteint par une lombalgie. Comme tous les électeurs de gauche, j’attends. Bien sûr, j’ai voté Mitterrand sans grand enthousiasme. Je suis en pleine reconversion professionnelle, ayant été chassé par un cabinet, je vais partir dans le secteur privé.

 

Je suis loin de soupçonner que l’élection de François Mitterrand va changer ma vie, inverser ma trajectoire. L’enchevêtrement d’une amitié, celle de Jean-Michel Belorgey, qui va être enfin élu député de Vichy, et de liens noués à Constantine avec l’Université de Grenoble, lors de mon séjour comme coopérant effectuant son service national, va me propulser dans les allées du nouveau pouvoir.

 

Mon CV circule à Matignon, puis ailleurs, et sitôt les Législatives, la Chambre rose, je me retrouve conseiller technique au cabinet de Louis Mermaz président de l’Assemblée Nationale. Je ne le connais pas. Je suis dans mes petits souliers. En dépit de mes adhérences rocardiennes la confiance s’instaure. Je participerai en compagnie de Frédéric Saint-Geours à la rédaction d’un livre L’Autre Volonté, Robert Laffont, 1984, où Mermaz raconte la montée vers le pouvoir de François Mitterrand.

 

Ce qui suit est largement inspiré par le Récit : ce qu'a fait Mitterrand le jour de sa victoire de Robert Schneider, mâtiné de ce qu’en m’a dit Mermaz. Je précise que lorsqu’il deviendra, succédant à Henri Nallet, Ministre de l’Agriculture et de la Forêt du gouvernement Rocard, Louis Mermaz me nommera directeur de son cabinet. Mitterrandien en diable « avoir un type qui à l’oreille du Premier Ministre ça compte plus que ses convictions politiques. »

 

 

En début de matinée, Jean Glavany, qui sera nommé quelques jours plus tard chef de cabinet du président François Mitterrand, est passé chercher François Mitterrand à son domicile parisien de la rue de Bièvre, dans le Ve arrondissement. Direction Château-Chinon, sous-préfecture de la Nièvre dont Mitterrand est député-maire depuis 1959 et où il va voter avant 13h00 afin que l’image passe dans les journaux télévisés de la mi-journée.

 

« Bizarrement, les caméras d’Antenne 2 n’étaient pas là », se souvient, malicieux, Pierre Tourlier, qui était déjà son chauffeur.

 

Peu avant 13 heures, dans sa mairie, costume beige clair et chemise bleue, il a voté sous l'œil des caméras. Puis, sous la bruine, il a rejoint à pied le Vieux Morvan où fidèle à ses habitudes, le candidat socialiste où il a invité une quinzaine de convives dans la petite salle à manger. Les autres sont dans la grande salle avec la presse.

 

 

Au Vieux Morvan, François Mitterrand a sa chambre à l'année, la 15, depuis 1946, date de sa première élection dans la Nièvre. Étonnamment calme, détendu, il est au milieu des siens et parle d'un de ses sujets favoris, ici, la fréquence des pluies dans le Morvan.

 

Au menu, foie gras et champignons. Mitterrand annonce d'entrée : « On ne parlera pas politique. » Ce qui veut dire, bien sûr, de l'élection de ce jour. La vieille garde qui l’entoure a suffisamment de souvenirs communs pour que la conversation ne retombe pas.

 

Après le déjeuner, qui dure longtemps, François Mitterrand monte dans sa chambre, où l'on a installé une ligne téléphonique. L'unique appareil de l'auberge est accroché au mur, derrière le comptoir. Un peu après 16 heures, il téléphone à Anne Pingeot et lui confie ce qu'il ne dira à personne d'autre : « Je crois que ça va passer. »

 

Vers 16h00, il sort marcher accompagné de journalistes puis regarde la demi-finale du championnat de France de rugby entre Béziers et Lourdes à la télévision. En fin d’après-midi, une centaine d’invités patientent déjà dans le hall de l’hôtel dont toutes les chambres ont été réservées par avance.

 

À la mi-journée, une femme est entrée dans un bureau de vote de Valence (Drôme), s’est dirigée vers l’isoloir puis en est ressortie toute nue avant de disparaître dans les rues, toujours en tenue d'Eve… comme si un petit vent de folie traversait déjà le pays.

 

18 h heures. Il pleut à Château-Chinon. Une petite pluie fine, pénétrante.

 

18h30. Mitterrand, après avoir dormi un peu, vient de descendre dans la grande salle. Son vieil ami Jean Riboud, actionnaire de l’IFOP, attend à l'étage, collé au téléphone, les résultats des premières estimations.

 

A Paris, la rumeur d’une victoire du candidat de l'Union de la gauche circule dès 18h00 à la grande satisfaction des sympathisants socialistes qui ont commencé à se masser au siège du parti, rue de Solférino. Dans les rédactions, les chiffres des instituts de sondage commencent à circuler, donnant également Mitterrand vainqueur. Vers 18h30, Paul Quilès, directeur de la campagne électorale, et Lionel Jospin, secrétaire général du PS, joignent Glavany au téléphone. « Tu peux dire à François Mitterrand qu’il est élu. Tous les instituts de sondage le donnent gagnant entre 51,5% et 52% ». Jean-Marc Lech, le directeur de l'institut, appelle : « Mitterrand est élu. »

 

Jean Glavany dévale l'escalier pour donner l'information à son patron. Mais il n'ose pas couper la parole à Mitterrand, en grande conversation avec Ivan Levaï et Anne Sinclair son épouse. De quoi parle-t-il alors que la France entière retient son souffle ? Cette fois, ce n'est pas de la pluie, mais des arbres de la forêt du Morvan. Glavany parvient à lui glisser : « Vous êtes élu ! » Il ne bronche pas, se contente d'un laconique « Ah bon ! » Même impassibilité quand la journaliste Danièle Molho lui donne à son tour l'information. « Il n'a pas cillé », écrira-telle.

 

Dans les minutes qui suivent, les téléphones n'arrêtent plus de sonner. C'est à qui annoncera le résultat en premier : Jospin, Quilès, d'autres. « Quelle histoire ! » dit seulement Mitterrand.

 

19 heures au Vieux Morvan on applaudit, on pleure, on s'embrasse, on crie : «Mitterrand président !» Ils l'ont tellement attendu, tellement espéré, ce moment ! L'émotion est à son comble aussi devant l'auberge, où, toujours sous la pluie, des centaines de personnes se pressent.

 

François Mitterrand demande à Louis Mermaz et à Jean Glavany, auxquels s'est joint Ivan Levaï, de lui rédiger un projet de texte pour l'allocution qu'il devra prononcer lorsque le résultat sera confirmé. Mermaz et Glavany sont paniqués. Et pourtant ils en ont rédigé des notes pour le premier secrétaire mais là c'est pour le président de la République qu'ils doivent trouver les mots. Et ils sèchent, lamentablement. Lorsque Mitterrand les rejoint, il comprend qu'il devra s'y mettre lui-même.

 

Le trio quitte la pièce. Mitterrand s'installe à sa table et rédige son premier texte de président. Personne n'ose l'importuner. Seul son frère Robert le rejoint. Il entre doucement, sans bruit, sans dire un mot. François ne se retourne pas, il sait que c'est lui. Robert est frappé par le silence qui règne dans la chambre alors qu'en bas une foule bruyante se presse.

 

Debout derrière François, il s'interroge : à quoi, à qui pense-t-il, ce frère à la fois si proche et si secret ? A leur jeunesse, à leurs parents, aux maisons de Jarnac et de Touvent, il en est sûr. Quand François a fini d'écrire son texte - dont on retrouvera plusieurs versions chiffonnées dans une corbeille -, il lève la tête en direction de Robert et lui sourit. Puis, avant de quitter la pièce, il l'embrasse. Sans un mot. Plus tard, Robert dira : « Chez nous, on se parle sans se parler. »

 

VGE, a su, lui aussi, bien avant 20 heures. Il s'est accroché jusqu'au bout à un vague espoir. Après tout, les sondages annonçaient déjà la défaite de la droite aux législatives de 1978. Et elle avait gagné ! Le même réflexe pouvait jouer, celui de la peur. Avec les premières estimations, ses dernières illusions s'envolent. Enfermé dans son château de Varvasse, dans le Puy-de-Dôme. Il n'en sortira pas. Le président battu prendra acte de sa défaite par un bref communiqué dicté à l'AFP. À son QG de campagne, rue de Marignan, près des Champs-Elysées, on ne se bouscule pas. Ici aussi on pleure. Mais c'est d'amertume, de dépit, d'incompréhension. Comment Giscard, si brillant, si moderne, a-t-il pu perdre contre un has been comme Mitterrand !

 

Du côté de la Place du Colonel-Fabien, c’est la consternation, on ne s’y croirait pas dans le camp des vainqueurs. Il est vrai que la direction du PCF, Marchais en tête, avait appelé en sous-main à un vote révolutionnaire : plutôt Giscard que Mitterrand !

 

Au RPR, on ne se croirait pas chez les vaincus. Ce n'est pas l’euphorie mais là aussi, on a conseillé aux amis sûrs : plutôt Mitterrand que Giscard ! La gauche au pouvoir ne tiendra pas deux ans, pronostique Chirac. Et, Giscard éliminé, les gaullistes reviendront au pouvoir.

 

Rue de Solférino, peu avant 19 heures, Laurent Fabius a annoncé à la petite foule qui se presse déjà devant le siège du parti rue de Solférino que Mitterrand était élu. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre, et en quelques minutes des milliers de sympathisants affluent, bloquant le boulevard Saint-Germain.

 

L’austère Jospin pense qu'il faut déjà mettre l'accent sur les difficultés qui attendent la gauche. Chevènement le magouilleur préférerait qu'on insiste sur l'importance des législatives qui vont suivre. Mauroy et Fabius estiment qu'il faut d'abord dire sa joie et son espoir. Paul Quilès, chargé de l'organisation de la fête qui aura lieu dans la soirée même à la Bastille, tranche : « Tout ce que vous allez dire, les gens s'en foutent... Ce soir, c'est la fête ! »

 

 

20 heures. « 5, 4, 3, 2, 1… François Mitterrand est élu président de la République », annonce d’une voix terne de Jean-Pierre Elkabbach. Le visage de François Mitterrand s'affiche sur les écrans de télévision. Cette fois, la France entière sait. Ce que beaucoup croyaient impensable s'est produit : la gauche accède au pouvoir. Partout dans le pays, ce sont des scènes de liesse. Et déjà, pour l'autre France, celle qui estimait que le pouvoir lui revenait de droit, c'est la peur du lendemain.

 

 

22h30. François Mitterrand vient d'arriver à la mairie de Château-Chinon. Il a pris son temps, comme d'habitude. Cerné par une forêt de micros et de caméras, il s'adresse aux Français : « Cette victoire est d'abord celle des forces de la jeunesse, des forces du travail, des forces de la création, des forces du renouveau qui se sont rassemblées dans un grand élan national, pour l'emploi, la paix, la liberté. » Le nouveau président dit encore : « Je mesure le poids de l'histoire, sa rigueur, sa grandeur. »

 

23 heures. Sous une pluie battante, Mitterrand fend la foule pour rejoindre sa voiture. Il s'assoit devant, à côté de son chauffeur, Pierre Tourlier. Sur les sièges arrière, Danielle, sa sœur Christine et une journaliste, Martine Storti. Sous des trombes d'eau, la vieille R30 marron qui a fait toutes les campagnes depuis 1978 file à toute allure sur ces petites routes que François Mitterrand connaît par coeur.

 

Ils se taisent, écoutent la radio, qui ne parle que de lui. Tourlier, stupéfait, entend Danielle Mitterrand entonner "l'Internationale" et François la fredonner. La journaliste ne s'en souvient pas. Fragilité des témoignages. Au péage de l'autoroute, à Avallon, une voiture rapide de la gendarmerie et les motards l'escortent. C'est bien le 4e président de la Ve République qui, à 65 ans, fonce vers l'avenir auquel il se destine depuis si longtemps.

 

1h45. Pendant que le « peuple de gauche » danse sous la pluie à la Bastille, François Mitterrand, salué par une immense ovation, arrive rue de Solférino. On le congratule, on l'étreint, on l'embrasse. Il se laisse faire, lui qui n'aime pas les familiarités. Il a fait venir discrètement Anne Pingeot, qui se mêle à la foule des militants. Il a un aparté avec Pierre Mauroy, dont il a décidé depuis plusieurs mois qu'il serait son Premier ministre. Un autre avec Pierre Bérégovoy, qui va devenir secrétaire général de l'Elysée.

 

3 heures. A la Bastille, les lampions s'éteignent. Mitterrand quitte la Rue-de-Solférino. Il pleut toujours. En partant, il répète : « Quelle histoire ! »

 

 

 

 

À droite :

 

Damien

 

« J'avais 10 ans à l'époque, et je me souviens de la tête de mon père au moment où Mitterrand est apparu sur l'écran... C'était le début de la fin, la guerre civile, l'arrivée des chars russes !

 

Puis le lendemain matin, je suis parti à pied comme d'habitude à l'école, un peu inquiet car guettant les premiers soubresauts qu'il avait annoncé... Et rien ! La vie continuait ! »

 

Mark

 

« Le 11 mai, j'ai pris l'avion et je suis parti travailler à l'étranger, je ne supportais pas la venue au pouvoir de cet homme fourbe. Depuis, la France n'a cessé de dégringoler dans l'estime de tous ceux qui m'entourent. Mitterrand a tout cassé, fait naître de faux espoirs, que Chirac n'a pas pu corriger. Pour moi, l'arrivée de Mitterrand fut le cataclysme définitif de la France. »

 

Pierre

 

« J'avais 17 ans. Le ciel était bas et lourd, le temps était à l'orage, l'ambiance à la maison aussi. Mes parents regrettaient déjà leur abstention et sont allés faire le plein de la BMW par précaution. »

 

Pascal

 

« Je me souviens surtout du mardi 12 mai, à l'ouverture de mon agence de la Caisse d'épargne de Toulon : l'émeute... une cinquantaine de clients, plutôt âgés, venaient retirer l'ensemble de leurs économies. Il fallut attendre un bon mois pour voir revenir ces clients, redéposer leurs économies sur les fameux livrets A, et souscrire à l'emprunt Mitterrand au taux assez phénoménal de 14,50 %. »

 

À gauche :

 

Jocelyn

 

« J'avais 17 ans et je n'avais pas voté, mais je suis allé faire la fête, porté par le souffle du changement, place de la Bastille. Et ce 10 mai 1981, j'ai vu l'incroyable... Pierre Juquin du PCF et Michel Rocard chanter, main dans la main, l'Internationale. Ballade du temps jadis... »

 

Charles

 

« J'étais jeune, 10 ans, mais je m'en souviens comme si c'était hier. Le cri de joie de mon père à la découverte « minitélisée » de M. Mitterrand, le champagne qui a suivi et l'espoir suscité. Aucune crainte. La France ne sera jamais l'URSS m'avait-il dit. Le futur a prouvé qu'il avait raison.

 

Issu d'un milieu modeste, c'était surtout le sentiment qu'on allait enfin nous écouter qui ressortait. L'espoir réel pour toute une classe de « prolos »

 

Adilson

 

« J'avais 9 ans à l'époque et je me rappelle surtout que, du haut de mon immeuble de la banlieue parisienne, ce jour- là, les cris de joies lors des résultats étaient pour moi étranges et inexpliqués.

 

Que se passait-il pour que, dans ma cité de Massy, résonne d'un seul coup cette ferveur générale ? Ferveur qui s'exprima par un concert de casseroles frappées de toute force pour faire sonner le début d'une nouvelle vie car, pour mes parents, il y avait une forme de libération dans leur joie, dans leurs cris et dans le son de la casserole que j'avais dans la main. »

 

Laurent

 

« Mon souvenir du jour de l'élection est plutôt triste car cela représente pour moi la mort du roi du reggae, Bob Marley. Y-a-t-on gagné au final ? Peut-être devrions-nous mettre un peu plus de reggae et d'humanisme dans nos politiques... »

 

Chantal

 

Mon mari et moi étions alors des "Français de l'étranger", installés à environ une heure de Manhattan. C'est aux infos de 14 heures, alors que nous nous apprêtions à aller voter au consulat, que nous avons appris l'élection de François Mitterrand. Il était 20 heures en France.

 

Nous avons découvert avec étonnement que pour nos amis américains, comme pour beaucoup d'Américains, tout ce qui n'était pas strictement capitaliste était communiste, même de Gaulle avec son anti-américanisme était facilement mis dans cette catégorie…

 

Une remarque de leur part m'a beaucoup frappée : "At least he is qualified" (au moins il a les compétences requises). Reagan, ancien acteur, était alors en campagne…

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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 06:00
Leçon d’Histoire : la France du cheval, la France du bœuf par Emmanuel Le Roy Ladurie « la région bordelaise au dynamisme industriel faible mais douée d’une vitalité viticole extraordinaire. »
Leçon d’Histoire : la France du cheval, la France du bœuf par Emmanuel Le Roy Ladurie « la région bordelaise au dynamisme industriel faible mais douée d’une vitalité viticole extraordinaire. »

« La leçon n’est pas une démonstration elle est une explication solidement soutenue par une vie de travaux. Elle est aussi charpentée par un style, dont les qualités heureusement associées sont la rigueur et l’élégance… »

 

« À la différence de la dissertation académique, scolaire, la leçon n’est pas un exercice désincarné. »

 

Pascal Cauchy dans son Avant-Propos

 

 

« la France a longtemps vécu sur la coexistence d’une France plus développée, plus instruite, avec une alphabétisation en progrès, et une France moins bien dotée. La ligne Saint-Malo-Genève découvre ainsi bien des caractéristiques de ces deux France. Au nord, l’usage du cheval ; au sud l’usage du bœuf dans les labours. Au nord, l’openfield domine, au sud l’hétérogénéité des paysages privilégie la clôture. La taille des individus est plus élevée au nord grâce à une nourriture plus abondante et plus régulière. Surtout, le nord de la ligne connaît un développement industriel plus important que le sud et un nombre plus élevé de manufactures, malgré des mines de charbons abondantes dans la partie méridionale (Alès, Decazeville…). Tout cela doit être nuancé par l’existence de belles cultures régionales au sud. Le développement passe du nord au sud par la vallée du Rhône, par la vallée de la Garonne aussi. Enfin, certaines zones montagneuses sont de véritables oasis de développement et d’instruction. Dans les Alpes, au XIXe siècle, il y a des arrondissements qui sont de véritables « producteurs » et « exportateurs » d’instituteurs.

 

Cette frontière a été annulée par le fait que la Méditerranée est redevenue plus attractive au milieu du XXe siècle, tandis que des régions comme le Nord ou la Normandie prendront du retard avec la désindustrialisation. Le handicap géographique et pédologique de l’ouest armoricain a été comblé. Sur les marges, un dynamisme est notable, à l’est notamment, ou « l’axe lotharingien » (l’axe Rhin-Rhône) connaît une vive activité.

 

Sur le plan démographique, la frontière est également perceptible en particulier avant la Révolution. En effet on constate que, vers les années 1770 et 1780, la natalité est un peu moins forte globalement pour le royaume. En réalité, certaines régions pratiquent le birth control. C’est le cas dans le Sud-Ouest. Dans la vallée de la Garonne *, la famille de deux ou trois enfants s’installe durablement. En revanche, au nord de notre frontière Saint-Malo Genève, la vitalité c’est l’Alsace, le Nord, la Normandie, en particulier dans la région de Rouen.

 

Il y a bien sûr des exceptions ; c’est le cas par exemple dans la région bordelaise au dynamisme industriel faible mais douée d’une vitalité viticole extraordinaire. De même, en Languedoc cévenol et autre se développe une petite industrie très prospère mais qui disparaîtra sous l’effet de la monoculture viticole un siècle et demi plus tard (fin XIXe et XXe siècles).

 

Fondamentalement le Nord-est est plus dynamique, la forte natalité étant toutefois compensée par une mortalité élevée. Mais l’effet d’entraînement vient bien de cette partie de la France. On le note avec évidence quand l’espace français a été marqué par la dénatalité du XIIE siècle. Dès la Révolution, la famille française se réduit par le nord. À l’origine de la dénatalité, il y a le service militaire qui déniaise les jeunes gens, la déchristianisation (dans le Bassin Parisien en particulier) et l’héritage qui morcelle le territoire en parcelles de plus en plus réduites. Cela a des conséquences sur la croissance économique globale de la France au XIXe siècle qui est globalement inférieure à celles d’autres pays. On note avec l’historien américain Rondo Cameron, que, par tête d’habitant, le produit national est égal aux chiffres venus d’Angleterre, même si globalement l’impact économique britannique est plus considérable que celui de la France.

 

* Les vendéens de la Garonne

« Pendant cent ans, et jusqu'aux années 1950, les paysans vendéens sont ainsi partis s'installer dans les plaines du Sud-Ouest (...) La migration des Vendéens s'effectue par familles entières, via des agents, "marchands de biens", le plus souvent par cousinage ou par voisinage(...) Le mouvement concerne au moins 60 000 personnes jusqu'aux années 50-60, mais il est condamné sévèrement par les élites vendéennes, qui le voient comme une véritable désertion(...)

 

Mais comme toutes les migrations, les malentendus et les frustrations sont légion. Contrairement aux motivations et fantasmes qui portent l'exode habituel vers les villes, ces paysans-là ne veulent pas changer de métier, ni se débarrasser de leurs valeurs familiales, religieuses et politiques : ils veulent améliorer leurs conditions de vie(...) Arrivés dans des sociétés marquées par l'échec (vide démographique, grandes incendies des Landes entre 1937 et 1950, inadaptation au nouvel état d'esprit urbain) ils sont les étrangers qui prennent la place des enfants partis et, de surcroît, ils apportent de nouvelles façons de travailler la terre, des convictions religieuses et des mœurs familiales différentes(...)

 

Tout est chargé de connotations menaçantes : ayant en général de nombreux enfants, les Vendéens remplissent dans certains cantons des classes entières, à côté des enfants uniques des populations autochtones. Ils acceptent d'entrer dans des fermes en mauvais état, dans lesquelles ils introduisent des pratiques importantes comme l'enfouissement des engrais verts, la culture des choux fourragers (...) En outre ils s'associent des coopératives de vente et d'achats qui créent de nouveaux réseaux (...)

 

Les Vendéens suscitent au moins l'ironie et jusqu'au dégoût. De la même façon, la réunion, tous les dimanches, des fermiers autour de l'église du bourg, d'abord, au café ensuite, choque, car la population locale qui boit du vin tous les jours, ne comprend pas que ces buveurs d'eau toute la semaine se mettent à l'alcool et au vin à cette occasion (...) "

 

Extraits d'un article " les Vendéens de la Garonne " de JC Martin professeur à la Sorbonne publié dans Histoire&Patrimoine dans un dossier Les derniers Paysans ? Une identité contestée. Une formidable puissance menacée.

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8 mai 2016 7 08 /05 /mai /2016 09:05
CHAP.16 code acratopège, Julie Gayet plaisante : « François, on n'a qu'à se marier, on fera vendre les journaux! »

Le mois de mai né dans le gris et la sinistrose, basculait avec une soudaineté désinvolte, plaquait un soleil dru sur un ciel pur. Coincé entre le 1er et le 8 mai, deux dimanches, l’Ascension sauvait les adeptes des Ponts qui fuyaient la ville et la livrait à ceux qui l’aimaient. J’étais de ces derniers. Allais-je enfin lever le voile, la découvrir, lui faire jeter au fossé ses dernières défenses, la mettre à nu ? Le soleil allait-il être mon allié ? Je me laissais aller à l’espérer.

 

J’ouvrais mon écran et j’y lisais : Triste nouvelle: la moitié des amitiés est à sens unique, selon une étude publiée dans la revue PlosOne et repérée par le New Yorg Mag. Je m’en fichais, me foutais des études sur tout et rien, nous étions bien plus que des amis et ce qui m’importait c’est que nous entrions ensemble dans la vraie vie. Que nous nous aimions, si loin, si proches ; que plus rien ne pourrait nous séparer.

 

J’attendais. Je l’attendais.

 

« Une bourrasque soudaine secoue les branches des arbres dispersant un tourbillon de feuilles qui chatoient étrangement dans la vive lumière filtrée. Des feuilles comme des voyelles, des chuchotements de mots comme un souffle de mousseline. Les feuilles sont des voyelles. Je les balaye dans l’espoir de trouver les combinaisons que je cherche. La langue des dieux secondaires. Mais Dieu lui-même ? Quelle est sa langue ? Se mêle-t-il aux vers de Wordsworth, aux phrases musicales de Mendelssohn, fait-il l’expérience de la nature telle que le génie la conçoit ? Lever de rideau. L’opéra humain se déploie. Et dans la loge réservée aux rois, plus un trône qu’une simple loge, siège le Tout-Puissant.

 

Il est salué par les tuniques tournoyantes des novices qui chantent ses louanges en récitant le Masnavi. Son propre fils est présenté sous les traits du berger dans Chants d’innocence. Dans La Bohème de Puccini, Colline, le miséreux philosophe, résigner à déposer au mont-de-piété son unique manteau, chante l’humble aria « Vecchia Zimarra ». Il dit adieu à son manteau adoré bien qu’usé, qu’il imagine gravissant la pieuse montagne, tandis que lui reste derrière, à parcourir la terre amère. Le Tout-Puissant ferme les yeux. Il boit au puits de l’humanité, étanche une soif que nul ne pourrait comprendre. »

Sur l’écran de mon IPhone un message s’affichait « t’as vu Huchon, c’est vraiment le pompon ! »

 

Copinage ?

 

« Manuel Valls lui a promis la présidence de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer). Un poste qu'il pourrait occuper dès le 20 juin, date à laquelle le mandat de l'actuel patron de l'Arafer, Pierre Cardo, prendra fin.

 

Une retraite dorée en somme pour l'ancien président de la région Ile-de-France, qui avait accepté de ne pas briguer un quatrième mandat lors des dernières élections régionales pour laisser le champ libre à Claude Bartolone, le candidat de... Manuel Valls.

 

Il fallait bien recaser Jean-Paul Huchon, contraint et vexé d'avoir abandonné son siège à la région à son rival - avec le succès que l'on sait. Mais pas d'inquiétude, la présidence de l'Arafer, avec une rémunération de 148.000 euros bruts annuels pendant six ans, n'a rien d'un placard poussiéreux et misérable. »

 

Je tapote sur mon écran : « Huchon a toujours aimé le pognon, les gros nichons et les moches dondons… »

 

Ironie de l’histoire : s’il succède à M. Cardo, ex-maire (UMP) de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), à la présidence de l’Arafer, Huchon prendrait la suite de celui qui fut le tombeur de Michel Rocard, dans son fief des Yvelines, aux législatives de 1993. M. Cardo avait aussi battu M. Huchon, candidat à son tour dans la circonscription, d’une courte tête, en 1997.

 

Triste fin, à 70 balais on dégage d’un paysage où Huchon a croisé, dit-il, « tellement de traîtres, de médiocres et de connards ». Sans doute ne se souvient-il plus de la manière si élégante dont il a trahi Rocard pour un plat de lentilles.

 

L'éternelle "doublure" se libère progressivement de ses figures tutélaires : il rompt avec Michel Rocard en 1998, lors de la campagne des élections régionales, en déclarant dans Le Parisien que "sa candidature serait paradoxale. Où serait le renouvellement qu'illustre Lionel Jospin ?" et acquiert une image de traître chez certains caciques du PS.

 

Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'Economie et porte-parole de la campagne, après un long suspense sur sa propre candidature, finit par l'introniser comme "le meilleur pour l'Ile-de-France". La tête de liste PS a pour adversaire à droite Edouard Balladur qui un jour, lui avait dit "votre réputation n'est pas parvenue jusqu'à mes oreilles". Le 24 mars 1998, Jean-Paul Huchon devient le premier président de gauche de l'Ile-de-France.

 

A la tête de la « gauche plurielle », il dispose d'une majorité relative face à la droite et au Front national. Fin tacticien, Jean-Paul Huchon déploie des trésors de diplomatie, élabore de subtils compromis, fait preuve de pragmatisme. Lui qui se définit comme "libéral-social en économie et libertaire sur les mœurs", dont les rondeurs lui valent les surnoms de Big Cat, l'Edredon ou le Polochon, sera réélu par deux fois. La liste PS-Europe-Ecologie-Front de gauche bat largement la liste de droite menée par Valérie Pécresse en 2010.

 

Jean-Paul Huchon connaît aussi des difficultés judiciaires. En 2008, il est condamné pour prise illégale d'intérêts pour avoir poussé le conseil régional à contracter avec trois sociétés de communication où émargeait son épouse, intermittente du spectacle. Mais la cour d'appel annule la peine d'inéligibilité prononcée en première instance, car il n'y a ni préjudice pour la région ni enrichissement personnel. »

 

Tourner la page, je l’ai fait.

 

Elle m’interroge sur Macron ?

 

Emmanuel Macron ou l’art de brouiller les lignes par Françoise Fressoz

 

« Emmanuel Macron s’apprête à présider la traditionnelle cérémonie des fêtes en l’honneur de Jeanne d’Arc, dimanche 8 mai à Orléans, à l’invitation du maire Les Républicains de la ville, Olivier Carré. L’occasion pour lui de développer sa vision de la République, quelques jours après que François Hollande a explicité sa vision de la gauche.

 

Emmanuel Macron, c’est d’abord un âge (38 ans), une tête bien faite (DEA de philosophie, ENA), un parcours atypique (jamais élu, ex-banquier d’affaires), une ingénuité politique revendiquée : « Je suis dans la bienveillance, je n’ai jamais dit une phrase négative contre tel ou tel, je ne veux pas être embarqué dans la comédie humaine », jure-t-il tout en flirtant allègrement avec la ligne jaune. En réalité, une sorte de flibustier qui « casse le verrou de cette profession réglementée qu’est devenue la politique », dixit son ami Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne. Mais Emmanuel Macron, c’est aussi une offre politique atypique qui prétend enjamber le traditionnel clivage gauche-droite pour construire une majorité en 2017. Macron ou l’art de brouiller les lignes avec quelques idées bien arrêtées.

 

Le mot « idée » est fondamental chez ce novice qui, avant même de faire une entrée fracassante en politique, a revendiqué l’importance de l’idéologie pour soigner un pays dépressif. Il l’a fait en marge du Parti socialiste qui, depuis l’échec de 2002, a le plus grand mal à se définir, et au côté du président de la République, qui n’a jamais voulu conceptualiser ses propres évolutions. « On a créé un pragmatisme au quotidien. Il manque quelque chose », a diagnostiqué Emmanuel Macron dès le début du quinquennat en fustigeant « une gauche postmoderne qui a renoncé aux grandes histoires pour régler de petits désaccords locaux ». Pour lui, pas de politique sans récit ni de récit sans idéal.

 

Dans un long article publié en juillet 2015 dans la Revue des deux mondes, il préconise de réinvestir « les trois rêves » qui fondent, selon lui, l’identité française : « le rêve de l’égalité, le rêve d’Europe, le rêve industriel ». Mais quand on lui demande aujourd’hui de dire ce qu’est le « macronisme », il botte en touche : « Je suis incapable de le définir, je crois dans mon pays, son énergie, ses valeurs, sa capacité à réussir dans la mondialisation, je crois au progrès », se contente-t-il de répondre. Macron ou la confiance retrouvée. Un peu court.

 

« Tony Blair jeune »

 

Le jeune ministre de l’économie avait cependant le sourire lorsque, à la mi-avril, le journaliste de la BBC Andrew Marr l’a comparé à « Tony Blair jeune ». Blair, le héraut de la troisième voie, l’homme qui, dans les années 1990, avait porté l’estocade au travaillisme britannique. Depuis, non seulement la troisième voie a perdu le pouvoir, mais elle a été rangée au rayon des accessoires par l’opposition britannique. « Macron, c’est un Tony Blair mais adapté à son temps », corrige l’essayiste libéral Mathieu Laine, fondateur de la société de conseil Altermind, qui s’enthousiasme : « Personne dans le monde politique français n’a aussi bien compris les opportunités qu’offre la nouvelle économie. »

 

«Liberté » est le mot dominant dans le vocabulaire d’Emmanuel Macron. « Liberté » qui rime avec « individu », « opportunité », « prise de risque », « optimisme », « progrès ». Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, constate : « Il entre dans tous les sujets par le prisme de la liberté, c’est un vrai libéral. » Cela explique sans doute l’accusation récurrente qu’une partie de la gauche lui fait : trahir son camp. Pourtant, nuance l’historien Alain Bergounioux, membre du secrétariat national du PS : « Il existe à gauche une famille libérale, de tendance libertaire, c’est un héritage de mai 1968. »

 

Démocrate protéiforme

 

Rien ne dit cependant que Macron, qui se revendique « de gauche », soit un libéral-libertaire. Sur les sujets de société, on ne l’a guère entendu, sauf lors du débat sur la déchéance de la nationalité où sa contestation était d’ordre philosophique. « Je ne pense pas qu’on puisse traiter le mal en l’expulsant de la communauté nationale, la responsabilité des gouvernants est de prévenir et de punir implacablement les actes terroristes », avait-il déclaré en se démarquant fortement de François Hollande et de Manuel Valls, qui menaient à l’époque un combat constitutionnel pour priver de la nationalité française ceux qui avaient été condamnés pour actes terroristes.

 

Les proches d’Emmanuel Macron brouillent à loisir les pistes en rappelant qu’étudiant, il a fait un bout de chemin avec Jean-Pierre Chevènement avant de fréquenter, sous l’impulsion du philosophe Paul Ricœur, l’équipe de la revue Esprit, en pointe dans la réhabilitation du libéralisme politique. « Macron a le sens de l’Etat un peu raide », souligne un de ses amis. « J’accepte la verticalité du pouvoir », plaide l’intéressé. Et même plus si l’on en croit cette interview surprenante accordée à l’hebdomadaire Le 1, en juillet 2015. Interrogé sur le malaise démocratique, Macron répond : « Je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort du roi. La terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là, la démocratie ne remplit pas l’espace… »

 

Un troisième ami le décrit pourtant comme un « vrai démocrate » tendance girondin, comme Rocard, accordant « une grande place à la responsabilité individuelle » et à « la délibération publique ». Il le situe dans la continuité d’Emmanuel Mounier, le fondateur de la revue Esprit, initiateur du personnalisme, ce courant spirituel qui cherchait une troisième voie entre le capitalisme libéral et le marxisme.

 

Jacques Delors, un modèle critique

 

Dans l’histoire compliquée de la gauche, un autre homme, mal-aimé par le parti socialiste, s’est nourri de personnalisme : Jacques Delors, chrétien engagé, convaincu que chacun, dans la société, doit prendre sa part de responsabilité. A cinquante-deux ans de distance, les deux hommes se ressemblent. Non seulement à cause de leur foi en l’Europe et de leur combat revendiqué pour une zone euro plus intégrée, mais aussi par leur approche des problèmes nationaux. Lorsque Emmanuel Macron se fait fort de « déplier les problèmes pour lutter contre l’opacité, mettre à jour les rentes, attaquer les privilèges », il marche dans les pas du Jacques Delors des années 1960 qui, au côté de Jacques Chaban-Delmas, avait tenté d’accoucher « la nouvelle société » en débusquant les jeux de rôle du patronat et des syndicats.

 

Toutefois, comme rien n’est simple, Jacques Delors se déclare aujourd’hui « déçu » par Macron à cause de cette tirade prononcée en janvier 2015 depuis les Etats-Unis : « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires. » L’ancien ministre sous François Mitterrand y voit comme le signe d’une déviance, révélatrice de l’époque : « Le rôle excessif de l’argent est néfaste. On s’en sert même pour encourager l’individualisme », s’est-il indigné devant la journaliste Cécile Amar, qui le rapporte dans son livre L’Homme qui ne voulait pas être roi (Grasset, 234 p., 18 euros).

 

Mais, sur l’autre rive politique, un observateur bienveillant applaudit : Alain Madelin, le seul à avoir osé, sous la Ve République, se présenter à l’élection présidentielle sous l’étiquette libérale. C’était en 2002. Il avait obtenu 3,91 % des suffrages exprimés. « Macron a le bon discours, il est avec nous », se réjouit l’ancien président de Démocratie libérale, reconverti dans la finance mais toujours en alerte.

 

Au lendemain des attentats de janvier 2015, M. Madelin était sorti de son silence pour appeler à un « projet rassembleur », axé sur la relance de la croissance. Il y voyait l’ultime chance pour les politiques de sauver la mise. C’est à cette aune qu’il juge les propositions de Macron : « Ouvrir à la concurrence pour casser les rentes, très bien ; agir sur la fiscalité du patrimoine pour favoriser le capital productif, indispensable. » Mais il ajoute : « Je lui dénie la possibilité d’entraîner la gauche parce qu’il n’a pas l’épaisseur de gauche, il lui manque un discours d’empathie sociale. »

 

Nouvelle école keynésienne

 

Qu’y a-t-il de social dans la pensée d’Emmanuel Macron ? Question cruciale pour cet adepte de la politique de l’offre qui ose dénoncer « la préférence française pour la hausse des salaires et des dividendes », quitte à être accusé par une partie de la gauche de faire la politique du Medef. Son message le plus explicite concerne le marché du travail qu’il décrit comme dual : d’un côté les « insiders », bénéficiaires d’un contrat stable, de l’autre les « outsiders », travailleurs précaires ou chômeurs, tenus à l’écart. Des jeunes, pour la plupart, qui ne parviennent pas à se faire une place dans la société.

 

« L’ambition est de prendre des risques par rapport à notre clientèle électorale, de tenir un discours sur la capacité de la gauche à ouvrir des droits réels en partant du réel ... »

 

Dans cette vision, inspirée par la nouvelle école keynésienne, les acquis sociaux s’apparentent à des rentes injustes et inefficaces qui élèvent une barrière entre les uns et les autres. Pour la faire sauter, une seule solution : flexibiliser le marché du travail, encourager les entrées comme les sorties. La représentation a le mérite d’être claire, mais elle heurte de plein fouet la tradition de la gauche française. L’intéressé en est conscient. « L’ambition est de prendre des risques par rapport à notre clientèle électorale, de tenir un discours sur la capacité de la gauche à ouvrir des droits réels en partant du réel », plaide-t-il.

 

Avant lui, Dominique Strauss-Kahn avait joué les défricheurs à l’intérieur même du PS. C’était il y a douze ans, en 2004, dans une note publiée par la Fondation Jean-Jaurès, l’ancien ministre de Lionel Jospin remettait prudemment en question la logique de la répartition en plaidant pour « un socialisme de l’émancipation », davantage tourné vers la promotion individuelle. L’idée n’était plus de corriger les inégalités a posteriori par la redistribution, mais d’empêcher qu’elles se forment en amont. Nul ne sait cependant combien ce « socialisme de l’égalité réelle » pesait au sein du PS, car Dominique Strauss-Kahn n’a jamais pris le risque de se compter. Aujourd’hui, Luc Rouban, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po, évalue à 6 % à peine la proportion d’électeurs qui pourraient se retrouver dans le social-libéralisme. « D’une manière plus générale, la proportion de libéraux ne dépasse pas le tiers de l’électorat », ajoute-t-il en recensant les différentes familles libérales de gauche et de droite.

 

Mais un tiers de l’électorat, c’est beaucoup dans une élection présidentielle qui, en raison du poids pris par le Front national, se joue de plus en plus au premier tour. Le mouvement En marche ! a été conçu pour cela : tenter d’agréger cette masse d’électeurs, par-delà le clivage gauche-droite, en jouant sur toutes les craquelures du système. »

 

Ce que cache l'hommage de Macron à Jeanne d'Arc

 

« Le propos est signé Emmanuel Macron: « La République est un point de départ, je veux parler de Jeanne d’Arc pour en revenir à un récit national ». Cette sentence a été prononcée ce mardi, devant ses proches, par le ministre de l’Economie, en marge de la visite d'une usine Areva du Creusot. Emmanuel Macron expliquait ainsi le but de son déplacement à Orléans, le 8 mai prochain, afin d’y rendre une sorte d’hommage à Jeanne d’Arc. En clair, le dessein que nourrit le favori des sondages, s’il fait ce qu’il dit, n’a pas fini de faire jaser.

 

De fait, s’il se saisit de cet hommage à Jeanne d’Arc pour se livrer à un exercice de célébration du récit national, avec à la clé une mise en cause du fonctionnement d’une Europe qui a été "impensée" depuis la chute du mur de Berlin et l’écroulement du bloc soviétique, Emmanuel Macron sortira pour la première fois de son domaine de compétence. Evoquer Jeanne d’Arc, trianguler cette figure révérée par l’extrême-droite, pour la réinjecter dans un « récit national » transcendant tous les clivages, c’est s’aventurer sur un champ politique qui relève par nature, en Ve République, du Chef de l’Etat. »

 

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Michel Serres : « La seule autorité possible est fondée sur la compétence »

 

On parle partout de la "crise de l'autorité". Tout le monde cherche l'autorité perdue. Mais de quoi parle-t-on ? Il ne s'agit plus de l'autorité "coup de bâton". Cette autorité-là n'est que le décalque des conduites animales, celle du mâle dominant chez les éléphants de mer ou les chimpanzés. C'est pourquoi, quand je vois un patron avec son staff autour, plein de courbettes, je ne peux m'empêcher de penser aux ruts des wapitis dans les forêts de Californie du Nord. Cette autorité-là fait marcher les sociétés humaines comme des sociétés animales.

 

La hiérarchie est animale, il n'y a pas de doute là-dessus. Dès que vous exercez une contrainte, vous redevenez la "bête humaine". Le nazisme est le symbole de cette autorité, représentée - ce n'est pas un hasard - par un animal. L'autoritarisme a toujours été une tentation des sociétés humaines, ce danger qui nous guette de basculer très facilement dans le règne animal. En France, une femme meurt tous les jours sous les coups de son compagnon, mari ou amant. Est-ce cela, l'autorité masculine ? L'autorité perdue que l'on essaie de récupérer peut vite conduire au retour de l'autorité "coup de bâton".

 

La véritable autorité, celle qui grandit l'autre

 

Heureusement, la culture humaine a remplacé le schéma animal. Dans la langue française, le mot "autorité" vient du latin auctoritas, dont la racine se rattache au même groupe que augere, qui signifie "augmenter". La morale humaine augmente la valeur de l'autorité. Celui qui a autorité sur moi doit augmenter mes connaissances, mon bonheur, mon travail, ma sécurité, il a une fonction de croissance. La véritable autorité est celle qui grandit l'autre. Le mot "auteur" dérive de cette autorité-là. En tant qu'auteur, je me porte garant de ce que je dis, j'en suis responsable. Et si mon livre est bon, il vous augmente. Un bon auteur augmente son lecteur. »

 

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8 mai 2016 7 08 /05 /mai /2016 06:00
« Le pinard ça devrait être obligatoire… de Coluche à Baudelaire en passant par la Reine du chichon  « Le vin exalte la volonté, le haschisch l'annihile »

Pour les caves, en argot, le chichon c’est le haschich et le chichon basque c'est du cochon...

 

Rappelez-vous le sketch de Coluche sur Gérard et le haschich (prononcer hakik). « Si tu avais eu ton bac tu aurais pu entrer au chômage… »

 

« Le pinard ça devrait être obligatoire. »

 

Le débat sur la légalisation du haschich remonte régulièrement à la surface chez les politiques avec l’argument majeur : la légalisation mettrait fin au trafic. Olivier Norek flic reconverti en écrivain de polard soulignait que d’autres trafics se mettraient en place car l’économie de la drogue vient se nicher en des lieux où c’est la seule activité lucrative. Et bien sûr nos bons gardiens de notre Santé publique y mettent aussi leur grain de sel.

 

Ça clive sec entre les pours et les contres : Y’a ceux qui affirme que fumer du chichon ça rend con et ceux qui soulignent que le cannabis est moins dangereux que de boire de l’alcool.

 

 

1- Une étude réalisée sur 1 037 habitants de la ville de Dunedin (Nouvelle-Zélande) nés en 1972-1973 et testés régulièrement à 5, 7, 9, 11, 13, 15, 18, 21, 26, 32 et 38 ans, montre que, durant ces années, les fumeurs réguliers ont vu leur quotient intellectuel baisser (jusqu’à 8 points de moins) tandis que le QI des non-fumeurs était stable (et même en hausse de quelques dixièmes). Les fumeurs qui ont freiné leur consommation peu avant la fin de l’étude ne sont pas mieux lotis que ceux qui persistent tandis que ceux qui ont commencé la fumette après l’adolescence ne souffrent pas d’un tel écart de QI avec les « abstinents ».

 

2-Comparée à d'autres drogues douces - y compris l'alcool -, le cannabis pourrait bien être moins dangereux que ce que les scientifiques s'accordaient à dire. Et les chercheurs sous-estimeraient grandement les risques dus à la consommation d'alcool. Telles sont les grandes lignes d'une récente étude publiée dans le journal Scientific Reports.

 

Quantifier les risques de mortalité dus à l’utilisation d’une grande variété de substances fréquemment consommées, tel était l’objectif premier de cette étude. Et, à la grande surprise, c’est l’alcool qui s’avère être le plus mortel, suivi par l’héroïne et la cocaïne, à l’échelle de l’individu tout du moins. . Le cannabis serait même environ 114 fois moins mortel que l’alcool, selon les auteurs

 

C’est d’ailleurs la drogue étudiée la moins mortelle pour ses consommateurs. Ces découvertes confirment les classements établis il y a de nombreuses années maintenant sur la dangerosité des drogues, avec une méthodologie différente. Mais dans le contexte actuel où la légalisation du cannabis refait régulièrement surface, cette étude tombe à point nommé.

 

Et bien évidemment, cela ne signifie absolument pas que le cannabis n’est pas dangereux. Les risques sont bien connus, et comme pour tout, les excès sont plus dangereux encore. Mais ce qu’il ici important de noter, c’est que la législation entourant le cannabis et l’alcool ou le tabac, par exemple, est radicalement différente.

 

Ma pomme qui n’est ni expert en Sécurité Publique, ni en Santé Publique voit le sujet au travers de la culture, bien sûr, et de l’Histoire. C’est ma mission de Service Public de vous nourrir de

 

Charles Baudelaire.

 

 

« Du vin et du haschich comparés comme moyen de multiplication de l’individualité »

 

« Profondes joies du vin, qui ne vous a connues ? Quiconque a eu un remords à apaiser, un souvenir à évoquer, une douleur à noyer, un château en Espagne à bâtir, tous enfin vous ont invoqué, dieu mystérieux caché dans les fibres de la vigne. Qu'ils sont grands les spectacles du vin, illuminés par le soleil intérieur ! Qu'elle est vraie et brûlante cette seconde jeunesse que l'homme puise en lui ! Mais combien sont redoutables aussi ses voluptés foudroyantes et ses enchantements énervants. Et cependant dites, en votre âme et conscience, juges, législateurs, homme du monde, vous tous que le bonheur rend doux, à qui la fortune rend la vertu et la santé faciles, dites qui de vous aura le courage impitoyable de condamner l'homme qui boit du génie ?

 

D'ailleurs le vin n'est pas toujours ce terrible lutteur sûr de sa victoire, et ayant juré de n'avoir ni pitié ni merci. Le vin est semblable à l'homme : on ne saura jamais jusqu'à quel point on peut l'estimer et le mépriser, l'aimer et le haïr, ni de combien d'actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. Ne soyons donc pas plus cruels envers lui qu'envers nous-mêmes, et traitons-le comme notre égal. »

 

« J'ai souvent pensé que si Jésus Christ paraissait aujourd'hui sur le banc des accusés, il se trouverait quelque procureur qui démontrerait que son cas est aggravé par la récidive. Quant au vin, il récidive tous les jours. Tous les jours il répète ses bienfaits. C'est sans doute ce qui explique l'acharnement des moralistes contre lui. Quand je dis moralistes, j'entends pseudo-moralistes pharisiens. »

 

« Si le vin disparaissait de la production humaine, je crois qu'il se ferait dans la santé et l'intellect de la planète un vide, une absence, une défectuosité beaucoup plus affreuse que tous les excès et les déviations dont on rend le vin responsable. N'est-il pas raisonnable de penser que les gens qui ne boivent jamais de vin, naïfs ou systématiques, sont des imbéciles ou des hypocrites; [...] Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables. »

 

« Le vin exalte la volonté, le haschisch l'annihile. Le vin est un support physique, le haschisch est une arme pour le suicide. Le vin rend bon et sociable. le haschisch est isolant. L'un est laborieux pour ainsi dire, l'autre essentiellement paresseux. [...] Le vin est utile, il produit des résultats fructifiant. Le haschisch est inutile et dangereux. »

 

Qui fut, au XIXe siècle le plus grand trafiquant de drogue ?

 

Il s’agit de la reine Victoria 1er d’Angleterre (1819-1901), qui produit l’opium en Inde, puis l’importe en Chine, par milliers de tonnes. Les empereurs de Chine Daogang (1782-1850) et Xianfeng (1831-1861) tentent, en vain d’interdire l’importation de drogue, mais perdent les deux guerres de l’opium qui s’ensuivent, en 1842 (traité de Nankin) et en 1860 (traité de Pékin).

« Le pinard ça devrait être obligatoire… de Coluche à Baudelaire en passant par la Reine du chichon  « Le vin exalte la volonté, le haschisch l'annihile »
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7 mai 2016 6 07 /05 /mai /2016 06:00
ELLE est 1 journal précieux, son rôle étant de présenter à l'immense public populaire qui est le sien le rêve même du chic : une pure cuisine de la vue, qui est un sens distingué…

Si Roland Barthes le sémiologue ressuscitait – il est mort accidentellement, le 26 mars 1980, après avoir été renversé le 25 devant le Collège de France par une camionnette de teinturerie, il nous délivrerait une belle page sur l’affèterie de nos magazines culinaires qui sont encore majoritairement qualifiés de féminin.

 

C’est beau, c’est lisse sur papier glacé, y’a même des féministes qui y chroniquent sur de beaux vins qui se marient bien avec ces beaux petits plats que tu t’évertueras à faire chez toi pour un résultat si catastrophique qu’il ne restera plus qu’à te replier au restaurant.

 

Là, tu jouiras rien qu’à la vue de ton assiette dressée ; tu la photographieras en loucedé pour la poster sur Face de Bouc (je le fais alors je peux me moquer) ; tu hésiteras à la déconstruire tellement elle est apprêtée ; tu chercheras à identifier tous les éléments de la composition ; enfin précautionneusement avec ta fourchette tu dégusteras l’œuvre pour enfin jouir de tous les plaisirs qui te sont proposés.

 

Jacqueline Guittard : Nourritures barthésiennes

 

Dans un passé récent, je devais familiariser de jeunes commerciaux promis à la vente de produits alimentaires avec cette affaire hautement complexe que représente, en France, le fait de se nourrir ; je leur servais invariablement les Mythologies, par petites bouchées mesurées – « Le bifteck et les frites », le chaud-froid de poulet rosâtre et les perdreaux fantaisie de « Cuisine ornementale ». Qu'ils avalaient avec un plaisir manifeste, réclamant parfois d'autres nourritures barthésiennes sans rapport avec l'alimentation. Les bonnes années, le recueil pouvait être absorbé dans son intégralité. Je fanfaronnais : « Mes étudiants lisent Roland Barthes ! »

 

La Cuisine ornementale publiée dans Roland Barthes, Mythologies, Paris, Seuil, 1957 est certes datée mais reste l’essentiel qui conduit à penser loin des gazouillis de celles et ceux qui se baptisent un peu rapidement journalistes culinaires alors qu’ils ne sont que des haut-parleurs de faiseurs de recettes d’une cuisine réelle.

 

 

Le journal Elle (véritable trésor mythologique) nous donne à peu près chaque semaine une belle photographie en couleurs d'un plat monté: perdreaux dorés piqués de cerises, chaud-froid de poulet rosâtre, timbale d'écrevisses ceinturée de carapaces rouges, charlotte crémeuse enjolivée de dessins de fruits confits, génoises multicolores, etc.

 

Dans cette cuisine, la catégorie substantielle qui domine, c'est le nappé: on s'ingénie visiblement à glacer les surfaces, à les arrondir, à enfouir l'aliment sous le sédiment lisse des sauces, des crèmes, des fondants et des gelées. Cela tient évidemment à la finalité même du nappé, qui est d'ordre visuel, et la cuisine d'Elle est une pure cuisine de la vue, qui est un sens distingué. Il y a en effet dans cette constance du glacis une exigence de distinction. Elle est un journal précieux, du moins à titre légendaire, son rôle étant de présenter à l'immense public populaire qui est le sien (des enquêtes en font foi) le rêve même du chic; d'où une cuisine du revêtement et de l'alibi, qui s'efforce toujours d'atténuer ou même de travestir la nature première des aliments, la brutalité des viandes ou l'abrupt des crustacés. Le plat paysan n'est admis qu'à titre exceptionnel (le bon pot-au-feu des familles), comme la fantaisie rurale de citadins blasés.

 

Mais surtout, le nappé prépare et supporte l'un des développements majeurs de la cuisine distinguée: l'ornementation. Les glacis d'Elle servent de fonds à des enjolivures effrénées: champignons ciselés, ponctuation de cerises, motifs au citron ouvragé, épluchures de truffes, pastilles d'argent, arabesques de fruits confits, la nappe sous-jacente (c'est pour cela que je l'appelais sédiment, l'aliment lui-même n'étant plus qu'un gisement incertain) veut être la page où se lit toute une cuisine en rocaille (le rosâtre est la couleur de prédilection).

 

L'ornementation procède par deux voies contradictoires dont on va voir à l'instant la résolution dialectique: d'une part fuir la nature grâce à une sorte de baroque délirant (piquer des crevettes dans un citron, rosir un poulet, servir des pamplemousses chauds), et d'autre part essayer de la reconstituer par un artifice saugrenu (disposer des champignons meringués et des feuilles de houx sur une bûche de Noël, replacer des têtes d'écrevisses autour de la béchamel sophistiquée qui en cache les corps). (...)

 

C'est qu'ici (...) l'irrépressible tendance au vérisme est contrariée - ou équilibrée - par l'un des impératifs constants du journalisme domestique: ce qu'à L'Express on appelle glorieusement avoir des idées. La cuisine d'Elle est de la même façon une cuisine "à idées". Seulement, ici, l'invention, confinée à une réalité féerique, doit porter uniquement sur la garniture, car la vocation "distinguée" du journal lui interdit d'aborder les problèmes réels de l'alimentation (le problème réel n'est pas de trouver à piquer des cerises dans un perdreau, c'est de trouver le perdreau, c'est-à-dire de le payer).

 

Cette cuisine ornementale est effectivement supportée par une économie tout à fait mythique. Il s'agit ouvertement d'une cuisine de rêve, comme en font foi d'ailleurs les photographies d'Elle, qui ne saisissent le plat qu'en survol, comme un objet à la fois proche et inaccessible, dont la consommation peut très bien être épuisée par le seul regard. C'est, au sens plein du mot, une cuisine d'affiche, totalement magique, surtout si l'on se rappelle que ce journal se lit beaucoup dans des milieux à faibles revenus. Ceci explique d'ailleurs cela: c'est parce qu'Elle s'adresse à un public vraiment populaire qu'elle prend bien soin de ne pas postuler une cuisine économique. Voyez L'Express, au contraire, dont le public exclusivement bourgeois est doté d'un pouvoir d'achat confortable: sa cuisine est réelle, non magique; Elle donne la recette des perdreaux-fantaisie, L'Express, celle de la salade niçoise. Le public d'Elle n'a droit qu'à la fable, à celui de L'Express on peut proposer des plats réels, assuré qu'il pourra les confectionner.

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6 mai 2016 5 06 /05 /mai /2016 06:00
«Hé oh la gauche!» faut répondre au courrier la Marisol Touraine et le Stéphane le Foll… l’autisme est me dites-vous une grande cause nationale !

Ma règle sur cet espace de liberté est de ne jamais mélanger mes affaires personnelles avec les causes que je défends.

 

Ce matin je vais faire une exception qui confirmera la règle.

 

Le 2 avril c’était la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme.

 

« L'autisme est une réalité très présente dans la mesure où ce type de handicap touche 1 personne sur 150 dans le monde.

 

La France compte environ 430 000 personnes atteintes d'autisme à des degrés divers, dont 25% d'enfants. Le gouvernement français a mise en place un "plan Autisme" sur 2008-2011, qui vise tout d'abord l'augmentation de la capacité d'accueil en établissements spécialisés et sur la diversification des méthodes de prise en charge et de dépistage précoce. »

 

Le 2 avril je prenais donc ma plume :

 

Madame la Ministre de la santé,

 

Je vais être économe de mots votre temps est compté. C’est aujourd’hui la journée de l’autisme et je me permets de vous exposer un cas parmi des milliers d’autres.

 

Je suis un jeune homme autiste atteint du syndrome d’Asperger. Mon souci est de l’aider à s’insérer dans le monde du travail afin de le sortir d’un isolement préjudiciable à son équilibre.

 

Profitant de ma bonne connaissance du Ministère de l’Agriculture […] j’ai convaincu la Secrétaire-Générale de donner une chance à …

 

[…]

 

À la suite de cette première expérience j’ai donc repris mon bâton de pèlerin pour examiner avec les services du SG les possibilités de pérenniser cette insertion professionnelle.

 

Quel ne fut pas ma surprise de constater une forme de ponce-pilatisme des responsables et leur incapacité à intégrer les contraintes de l’accueil d’un jeune homme pas comme les autres.

 

Nous ne pouvons rien faire, il faut nous comprendre.

 

Eh bien, non madame la Ministre, je ne me résous pas à cette forme d’impuissance à traduire une grande cause nationale dans l’infiniment petit d’une situation individuelle.

 

J’ai donc proposé, au vu d’un dossier à la fois médical et professionnel que le Ministère envisage une formation professionnelle permettant à … de progresser et de s’adapter au poste, fort modeste, susceptible de concilier les impératifs d’efficacité d’un service de gestion.

 

Depuis ce jour c’est silence radio.

 

Je me tourne donc vers vous pour que vous m’aidiez à traduire un discours en actes concrets. Retrouver le lien avec les citoyens me paraît une belle façon de redonner confiance dans l’utilité des politiques.

 

Ayant dans mes fonctions de Directeur de cabinet eu le loisir de relire chaque soir les parapheurs des services chargés des réponses au courrier ministériel j’ai souvent pris la plume pour donner aux demandeurs un peu d’humanité.

 

J’espère qu’il en sera de même pour ce courrier et par avance je vous en remercie madame la Ministre de la Santé.

 

Avec cet espoir chevillé au cœur je vous prie d’agréer mes salutations les meilleures.

 

Jacques Berthomeau

 

Copie à Stéphane Le Foll Ministre de l’Agriculture.

 

Courrier expédié le 4 avril par courrier électronique et courrier papier.

 

Depuis j’attends une réponse.

 

De mon temps nous mettions un point d’honneur à répondre au courrier dans un délai raisonnable, là ce n’est pas le cas et je suis en colère.

 

Mon cas malheureusement n’est pas un cas isolé :

 

Le 4 mai 2016 je note que :

 

Le président de « Vaincre l'autisme » démarre une grève de la faim pour dénoncer « l'inertie du gouvernement et des administrations »

 

Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme « Si l'action politique se résume à un tweet, on est mal barrés... »

 

Alors, moi aussi, depuis mon petit blog, j’interpelle Marisol Touraine et Stéphane Le Foll en utilisant le slogan inventé par ce dernier pour réveiller ce qu’il nomme la gauche.

 

J’en suis tout le monde ici le sais.

 

Je ne demande aucun passe-droit, nul privilège, mais des actes concrets.

 

Embaucher un autiste Asperger c’est simple car c’est possible.

 

En effet le syndrome d’Asperger est un trouble autistique touchant davantage le sexe masculin et qui engendre des problèmes de communication et d’intégration de l’individu dans la société.

 

Si le syndrome d’Asperger correspond à un trouble de développement cérébral, il n’est pas associé à un retard mental. Les enfants peuvent poursuivre leur scolarité normalement, à condition qu'ils soient bien accompagnés.

 

Au cinéma, ce trouble a été popularisé par le film Rain Man.

 

  • Le syndrome d'Asperger : symptômes et diagnostic

Les patients atteints de ce syndrome ont une très bonne mémoire.

 

Ils développent généralement un intérêt pour un domaine spécifique : par exemple les insectes, l’astronomie, les trains, les chiffres…

 

Ils apparaissent souvent comme très cultivés, surdoués, mais aussi excentriques. Ils utilisent un langage précieux et s’attachent souvent à des détails.

 

Ils n’aiment pas le changement et vivent souvent avec des routines.

 

Les personnes atteintes du syndrome ont aussi des problèmes de perception sensorielle de leur environnement et sont maladroites dans leurs mouvements.

 

Elles font souvent preuve d’une grande franchise, ce qui peut déconcerter et sembler inapproprié.

 

Lire aussi

 

Ce garçon atteint du syndrome d'Asperger décrit sa vie dans un touchant poème

 

« Il s'appelle Benjamin, il a 10 ans, et en quelques vers, il nous plonge dans son quotidien, celui d'un enfant atteint du syndrome d'Asperger.

 

Pour l'école, il a dû écrire un poème intitulé "I am" (Je suis). Sa mère a souhaité partager celui-ci avec la National Autism Association, une association de parents d'enfants autistes américaine, qui a publié le poème sur Facebook le 10 avril. »

 

J’en reste-là, sans grande illusion, ma part de voix est bien mince mais ça n’en reste pas moins 1 voix, de celle que l’on dépose dans une urne transparente les 23 avril et le 7 mai 2017.

 

Salut camarades le vieux monde n’est toujours pas derrière vous…

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