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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 06:00
Pour ne pas bronzer idiot lisez Dialogues politiques entre trois ivrognes de Nakae Chômin.

Mes amis Claire Naudin et Jean-Yves Bizot reviennent d’un séjour au Japon je leur dédie ce texte.

 

Avec Les Gouttes de Dieu vous avez pu constater avec quelle passion les japonais abordent notre civilisation du vin. Curieux, ils cherchent à mieux nous connaître mais nous, que savons-nous de l’histoire du Japon ?

 

Pas grand-chose, des bribes, alors que sous ce texte au titre étrange Dialogues politiques entre trois ivrognes se cache un texte essentiel qui anticipa les débats politiques du Japon moderne.

 

 

Publié au printemps 1887, alors qu’un vent de contestation répond à l’élaboration d’une constitution autoritaire par le gouvernement d’Itô Hirobumi. C’est un succès foudroyant. L’auteur Nakae Chômin (1841-1909), le « Rousseau de l’Orient » après un séjour universitaire à Paris et fondé à son retour une école d’études françaises, qui rassemblera plus de cinq cents étudiants, met en scène l’affrontement entre le mouvement démocratique et le camp nationaliste. Il participe dans les années 1880 au Mouvement pour les libertés et les droits du peuple. Député quelques mois à la suite des premières élections de l’histoire japonaise, il quittera la scène politique pour se consacrer à son oeuvre philosophique et littéraire.

 

Les trois ivrognes incarnent cette polémique toujours actuelle au Japon : le Gentleman occidentalisé, apôtre du pacifisme intégral, le Vaillant guerrier, champion de l’expansionnisme, et le Professeur, arbitre de la dispute.

 

Miroir des ambitions, des doutes et des conflits de l’esprit nippon, cette satire enlevée s’affirme comme un modèle de dialectique.

 

Une oeuvre exceptionnelle devenue un grand classique de la rencontre des civilisations.

 

Texte traduit, présenté et annoté par Christine Lévy et Eddy Dufourmont.

 

 

« Le penchant de maître Nankaï pour les discussions politiques n’a d’égal que celui qu’il montre pour le vin. Dès qu’il se met à boire un peu, une ou deux petites carafes de saké, il s’enivre avec bonheur. Au fur et à mesure que son énergie vitale s’élance vers le Vide Suprême*, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend l’enchante et le ravit crescendo, à tel point que, de son horizon, s’effacent tous les maux et souffrance de ce monde.

 

S’il continue de boire, en sus, deux ou trois bouteilles, son cœur, son esprit s’envolent hors de toutes limites, sa pensée bondit et fuse. Son corps demeure dans sa chambre exiguë, mais son regard embrasse le monde entier, et en un éclair de temps, il remonte mille ans en avant. Il se met alors à prophétiser sur la marche du monde, et à donner des directives en matière de politique générale. En son for intérieur, il se dit alors :

 

« C’est moi, le vrai timonier de la voie que la société humaine doit suivre ! Hélas ! À cause de ces hommes atteints de myopie politique, et qui ne veulent pas lâcher la barre, la barque tantôt se heurte à des écueils, tantôt échoue sur un gué. Quelle misère de les voir attirer le malheur sur eux et sur les autres ! »

 

[…] La prochaine fois qu’il me sera donné d’exposer mon opinion sur des questions politiques actuelles, je devrais, avant d’être complètement éméché, couché par écrit les points les plus importants. Je pourrais les récupérer quelques jours plus tard, développer ces idées pour les rédiger, en faire un livre. J’en tirerais autant de satisfaction pour moi que pour les autres. Oh oui ! Je vais le faire, je vais le faire ! »

 

Mais de longues journées de pluie se succédèrent, sans que le moindre rayon de soleil n’apparaisse. Le maître tomba dans la mélancolie et se sentit gagné par une forte mauvaise humeur. Il commanda du saké, et commença à le boire, esseulé. Alors qu’il en était à son premier degré d’enivrement, le plus agréable, celui où l’on accède au Vide Suprême, deux visiteurs apparurent avec une bouteille d’alcool de marque occidentale, sur laquelle était collée une étiquette aux caractères chinois Hache d’or*. Le maître n’avait jamais eu l’occasion de les rencontrer et ignorait jusqu’à leur nom, mais la vue de cette eau-de-vie ne fit qu’exciter son désir d’ivresse.»

 

* Notion confucéenne : « seul le vide suprême, étant inébranlable, est le comble du plein. Il permet de développer un esprit exempt de tout préjugé. »

 

* Il s’agit probablement d’une bouteille de cognac Hennessy. L’entreprise a commencé à exporter au Japon dès 1868. Ses bouteilles avaient pour emblème une petite hache.

 

Politique étatique et débats politiques à l'ère Meiji Christine Lévy 

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29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 06:00
En finir avec le déni : l’abus de pesticides nuit d’abord à la santé des utilisateurs !

Comparaison n’est pas forcément raison mais rappelons-nous le scandale sanitaire de l’amiante.

 

« M. Henri Pézerat a rappelé, lors de son audition, les circonstances de l'apparition de l'affaire de l'amiante sur le campus de Jussieu, en 1974 : « Un jour, un de nos collègues est venu expliquer que la poussière que nous retrouvions sur nos paillasses trouvait son origine dans l'amiante qui se trouvait dans le flocage qui avait été fait au-dessus des faux plafonds. Nous ignorions totalement les conséquences de l'amiante sur la santé. Nous en avons pris conscience lorsque ce collègue nous a affirmé que l'amiante était probablement cancérigène »

 

  • Le drame de l'amiante en France : comprendre, mieux réparer, en tirer des leçons pour l'avenir (rapport) ICI  

 

  • L'amiante : récit d'un scandale sanitaire  ICI 

  • L'amiante pourrait faire jusqu'à 100 000 morts d'ici à 2050  ICI 

Depuis une mission en duo avec un vieux de la vieille de la Protection des Végétaux j’ai pris une conscience aigüe de la dangerosité des pesticides pour la santé publique avec en première ligne les utilisateurs.

 

Jusqu’à cette date je ne m’inquiétais que de la santé des sols, de la pollution des eaux, mais après cette information très pointue, à la fois sur la mécanique d’agrément de ces produits, avec les conflits d’intérêts, la pression des grands de la chimie, et sur les pratiques d’épandage, mon opinion était faites : les dirigeants professionnels et la puissance publique ne pouvaient laisser cette bombe à retardement monter en puissance.

 

Mettre des mots, nommer un sujet sulfureux, ce n’est pas stigmatiser ceux qui, souvent de bonne foi, utilisent ces produits sans en mesurer l’extrême dangerosité pour leur santé.

 

En revanche, ce qui n’est pas admissible c’est le discours syndical du type de celui de madame Christiane Lambert vice-présidente de la FNSEA, affligeant, porte-voix des lobbies, chapelet d’arguments du type « puisque le gouvernement a interdit le diméthoate, capable de lutter contre un insecte dévastateur des cerises, les consommateurs ont acheté des cerises importées très chères… »

 

Faux, archi-faux, j’ai acheté des cerises des PO à prix guère différent de celui des années précédentes.

 

 

Dans le secteur de la vigne, là aussi les dirigeants ont préféré le déni à une prise en charge du problème. Conséquence ils sont maintenant dans les cordes, admettent, ergotent, réagissent avec plus ou moins d’à-propos et de convictions.

 

Le mal est fait et je n’arrive toujours pas à comprendre que Vin&Santé, qui fait un bon travail d’explication, n’ai pu, faute d’un consensus professionnel, faire cause commune sur ce sujet. Il est difficile de convaincre qu’on se préoccupe de la santé de ses concitoyens lorsqu’on laisse sur le bas-côté celle des primo-utilisateurs de produits dangereux.

 

Du côté des pouvoirs publics c’est courage fuyons, ne mettons pas à mal la sacro-sainte cogestion avec le syndicat majoritaire, discourons, esquivons, affichons des ambitions qui resteront lettres mortes.

 

Ayant pratiqué le cambouis du 78 rue de Varenne je ne nie pas l’extrême difficulté de mettre sur la table ce type de sujet épineux mais j’étais en droit d’espérer mieux de l’actuel Ministre de l’Agriculture qui s’est contenté de discourir sans vraiment agir.

 

Dernier épisode en date Embarras autour d’un rapport explosif sur la nocivité des pesticides

 

LE MONDE | 27.07.2016 par Stéphane Foucart

 

Je reproduis intégralement pour cause d’utilité publique :

 

Ni communiqué ni conférence de presse. C’est pourtant un rapport singulièrement explosif que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié, lundi 25 juillet au soir, sur son site.

 

En sept volumes et près de 1 000 pages, il rassemble les connaissances disponibles sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides et montre notamment que les risques encourus par cette population de plus d’un million de personnes sont insuffisamment documentés et pris en compte dans le processus d’autorisation des insecticides, fongicides et autres herbicides. « Il est plausible que les informations colligées dans le texte permettent à des victimes d’attaquer l’Etat pour carence », dit un familier du dossier.

 

Les modalités de la publication ne sont donc pas allées de soi. Elles ont même suscité de vives tensions entre la direction de l’Anses et les experts mandatés pour établir le rapport, au point que l’arbitrage du Comité de déontologie de l’agence a été nécessaire. Courant juin, même si les grandes lignes du rapport avaient fuité (Le Monde du 23 juin), les organisations non gouvernementales (ONG) redoutaient que le texte ne soit jamais publié.

 

« L’ANSES SE LANÇAIT UN DÉFI À ELLE-MÊME »

 

Que s’est-il passé ? En 2011, l’Anses s’autosaisit de la question brûlante de l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides. Ce faisant, décrypte un fin connaisseur de l’agence de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), « l’Anses se lançait un défi à elle-même, car il était clair que se pencher sur ce sujet conduirait inévitablement à interroger la manière dont les propres experts de l’Anses évaluent les risques de ces produits, avant qu’ils soient mis sur le marché ».

 

Quinze chercheurs de plusieurs disciplines (toxicologues, médecins, sociologues…), presque tous extérieurs à l’agence, sont alors sélectionnés. Et ils planchent, quatre années durant, sur le sujet.

 

Le rapport est finalisé début 2016 et officiellement présenté le 15 avril aux ministères de tutelles – santé, environnement, agriculture – de l’Anses, la publication officielle étant prévue pour le 1er juin. Jusqu’ici, tout va bien. Mais, quelques jours avant la date dite, les parties prenantes (ONG, industriels, etc.) sont informées que la restitution n’aura pas lieu et qu’elle est remise au 22 du même mois. Mais là encore, la réunion est annulée au dernier moment.

 

En cause, la brusque désolidarisation de deux des quinze experts du groupe. Le 13 juin, un bref texte d’une page, exprimant une opinion divergente, est adressé par Sonia Grimbuhler (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, Irstea) et Guy Milhaud (Ecole vétérinaire d’Alfort) à la direction de l’Anses.

 

VOLTE-FACE

 

Trait particulier des deux sécessionnistes : tous deux sont membres du comité d’experts spécialisé (CES) de l’Anses chargé d’évaluer les risques des pesticides préalablement à leur homologation… dont la pratique est précisément interrogée par le groupe d’experts.

 

La volte-face des deux scientifiques choque leurs pairs. « Tous les membres du groupe ont eu une totale liberté d’expression au cours des discussions et chacun a eu la possibilité d’exprimer d’éventuelles positions divergentes, témoigne Onil Samuel, toxicologue à l’Institut national de santé publique du Québec et seul membre du groupe à avoir accepté de s’exprimer. J’ai été très surpris, comme d’autres, de voir une opinion divergente surgir après la finalisation du rapport. » L’événement est inédit.

 

La direction de l’Anses envisage alors d’annexer la fameuse opinion minoritaire au document le plus important du processus d’expertise : l’avis de l’agence, texte d’une vingtaine de pages synthétisant le volumineux rapport.

 

Mais la présidente du groupe, Catherine Laurent (Institut national de la recherche agronomique, INRA), et la vice-présidente, Isabelle Baldi (université Bordeaux-II), s’y opposent et saisissent le comité de déontologie de l’agence. L’Anses fait de même, sollicitant à son tour le même comité… dont l’avis est publié au côté de celui de l’agence et du rapport proprement dit.

 

L’EFFICACITÉ DES ÉQUIPEMENTS REMISE EN CAUSE

 

Les déontologues notent en substance que Mme Grimbuhler et M. Milhaud ont pu se sentir ostracisés au sein du collectif, mais ils valident les protestations du reste du groupe. « Nous estimons qu’annexer la position divergente à l’avis de l’agence lui aurait donné trop d’importance, dit le philosophe Pierre Le Coz, président du comité d’éthique de l’Anses. En revanche, sans juger de sa pertinence scientifique, nous estimons important qu’il en soit tenu compte, en l’annexant au rapport lui-même. On a vu dans le passé des scandales sanitaires rendus possibles par le fait que des avis minoritaires ne pouvaient pas s’exprimer au sein de collectifs d’experts : il faut donc trouver le moyen de les faire exister. »

 

Ce n’est pas tout : Mme Grimbuhler n’a pas consigné dans sa déclaration d’intérêts tous ses liens avec l’industrie des pesticides. L’une de ses collaborations avec l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) y est bel et bien mentionnée, mais, contactée par Le Monde, la chercheuse reconnaît avoir « omis d’indiquer le projet pédagogique Educ’risk », un logiciel développé en collaboration avec la société agrochimique BASF Agro, réalisé « dans le cadre de [s]es fonctions à l’Irstea ». Mardi 26 juillet, Mme Grimbuhler disait avoir rectifié sa déclaration d’intérêts, mais que celle-ci « ne sera disponible que dans quelques jours ».

 

Non missionné pour éplucher les déclarations d’intérêts, le comité de déontologie ne s’est pas précisément exprimé sur ce point. « Mais si cette omission est avérée, cela pose la question de la participation de l’experte au groupe de travail », dit M. Le Coz.

 

La question se pose d’autant plus que le fameux rapport et l’avis associé ne sont pas seuls en cause. Car pour compliquer encore l’affaire, l’Anses publiait le 13 juin, soit le jour même de l’envoi de l’opinion divergente, un autre avis sur le port d’équipements de protection lors de la « réentrée » des travailleurs agricoles dans les vignobles ou les vergers. Précisément l’un des aspects les plus embarrassants du rapport, qui remet en cause l’efficacité de ces équipements…

 

ONG EN COLÈRE

 

Or cet avis du 13 juin, commandé en février par le ministère de l’agriculture, a été en partie rédigé par le comité ad hoc de l’Anses, dont sont membres Mme Grimbuhler et M. Milhaud, les deux scientifiques ayant soumis l’opinion divergente qui a retardé la publication du rapport.

 

L’avis précise aussi qu’« aucun lien ou conflit d’intérêts n’a été mis en évidence » parmi les experts : l’affirmation est démentie par la déclaration d’intérêts, même incomplète, de Mme Grimbuhler.

 

L’affaire n’est donc pas finie et certaines ONG parties prenantes sont furieuses. « Nous avons été invités le 1er septembre par l’Anses à une “réunion d’information” sur son avis et non à une restitution du rapport en présence des auteurs, fulmine Nadine Lauverjat, de l’association Générations futures. Or l’avis nous semble refléter assez mal certains points cruciaux du rapport… Tout cela, et ce qui a précédé, semble indiquer une volonté d’enterrer coûte que coûte ce texte. »

 

Publication du rapport sur les expositions professionnelles aux pesticides : mieux connaître et réduire les expositions

COMMUNIQUÉ de Presse ICI 

 

Le Rapport ICI 

 

Visionnez la vidéo de la séquence de la Mort aux trousses Cary Grant se fait "sulfater" dans un champ de maïs par un avion d'épandage elle a un petit côté parabole :

 

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28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 06:00
e-cuisine : le crabe aux pinces d’or arrosé d’1 nectar, à damner un couvent de nonnes, le choix de Claire du Lapin Blanc et de Pierre Jancou le taulier d’Achille !

Dans le cadre de mes cours pour éduquer les petites louves et les petits loups à l’art de la cuisine de ménage, qui sont très suivis par la famille Perraud, l’Isabelle et Élodie en tête, je vous propose en ces temps caniculaires une préparation à la portée d’un mec qui ne sait pas faire cuire un œuf ou d’une nana qui ne veut pas écailler son vernis à ongles.

 

RECETTE EXPRESS : pour 6 personnes

 

1- Ingrédients :

 

- une boîte ou 2 de tranches d'ananas au jus (560g net égoutté 350g) selon votre appétit ;

- une boîte de crabe Chatka (240g net égoutté 140g) ; 

 

Crabe Chatka 100% pattes 44,20 € 210 g

 

 

18,50 €
 

- une boîte de maïs doux (150g) ;

- des tomates-cerises de diverses couleurs à votre convenance ;

- des poivrons verts nains pour la décoration ;

- du piment de Cayenne ;

- poivre moulu ;

- jus de citron et huile végétale ;

- moutarde de Dijon ;

- persil.

 

2- Préparation :

 

- ouvrir les boîtes et égoutter ;

- préparer dans un grand saladier la sauce : monter la moutarde arrosée du jus de citron avec l'huile ;

- verser les tranches d'ananas dans la sauce puis les pimenter et les poivrer ;

- ajouter le maïs doux et les tomates cerises ;

- ajouter la chair de crabe Chatka ;

- mélanger énergiquement et re-pimenter et re-poivrer ;

- disposez avec goût la chair des pattes du crabe Chatka et les poivrons verts nains ;

- parsemez de persil haché ;

- placez votre saladier dans un endroit frais ou au bas de votre réfrigérateur.

 

RECETTE ARTISANALE :

 

Pour celle-ci vous devrez aller chez votre mareyeur, acheter un tourteau dit « dormeur »  ou une araignée, vivants. Les plonger dans une grande marmite remplie d'eau froide salée avec bouquet garni puis les cuire (temps selon le poids à partir de l'ébullition).

 

Les laissez refroidir.

 

Les « épibosser » - appellation vendéenne contrôlée signifiant séparer la chair de la coquille et des pattes - pour obtenir l'équivalent du poids d'une boîte de crabe Chatka.

 

Pour l'ananas l'acheter frais, je vous conseille les petits ananas Victoria de la Réunion, le peler et faire des cubes.

 

Pour le maïs il est vivement déconseillé d'aller ramasser une poupée dans le champ du voisin et ce pour deux raisons : primo vous risquez du plomb dans les fesses, secundo de vous casser les dents puisque le maïs à vache est hard.

 

Pour les tomates vous pouvez, comme moi, en faire pousser sur votre balcon ou pour les provinciaux dans votre jardin.

 

Pour la préparation : sans changement.

 

 

Du côté jus de treille qui va avec mon crabe aux pinces d'or je me suis adressé à 2 stars des vins nus : la nouvelle étoile qui monte, notre Claire la cantinière-sommelière d'altitude au Lapin Blanc et le précurseur Pierre Jancou, le taulier du tout nouveau Achille, par qui les vins vivants ont pris racines dans le terroir de Paris.  

Je vais donc vous la faire compliqué alors que ce fut très simple :

 

1er acte je dîne chez Achille avec 2 amis, au dehors, le temps est lourd, pour le vin je laisse le Pierre à la manœuvre. Notre Jancou est presque 100% auvergnat. Il nous sert de l’Aurélien Lefort. Le premier flacon file dans nos gosiers, tel un fil dans la navette de la Singer de ma couturière de mère. Nous en commandons un second, et là Pierre nous sort une petite merveille de derrière les fagots vite tombée au champ d’honneur.

 

2ième acte je décide de vous proposer ma salade d’été et je la prépare en vrai.

 

3ième acte dans ma petite tête de chroniqueur je secoue le tout : je pense au vin de Pierre et je me dis que la Claire, la madone des hauteurs de Ménilmontant, aux papilles enluminées, serait la plus à même de m’accorder ce plat avec un vin à elle.

 

4ième acte je monte rue Servan chez Pierre pour mieux connaître le vin qu’il nous a servi et là, comme j’ai le cul bordé de nouilles, je tombe sur qui au bar d’Achille ? Je vous le donne en mille : sur Aurélien Lefort. Alors c’est simple comme un petit échange avec le vigneron. Notre Aurélien, vigneron en Auvergne depuis 2011, au sud d’Issoire, a décidé d’élaborer une pièce (220 l) en achetant des raisins de vieilles vignes, cultivées en biodynamie, à Faugères, près de chez Barral. Il transporte le raisin en cagettes jusque chez lui. Le laisse s’adapter au lieu, l’égrappe, l’encuve pour une cuvaison longue de 2 mois.

 

C’est un 100% carignan, un rouge comme je les aime. Top pour ma salade exotique, il tient le coup, se marie sans passer devant le maire. Quel beau couple !

e-cuisine : le crabe aux pinces d’or arrosé d’1 nectar, à damner un couvent de nonnes, le choix de Claire du Lapin Blanc et de Pierre Jancou le taulier d’Achille !
e-cuisine : le crabe aux pinces d’or arrosé d’1 nectar, à damner un couvent de nonnes, le choix de Claire du Lapin Blanc et de Pierre Jancou le taulier d’Achille !

5ième acte je transporte ma salade jusqu’à la cantine d’altitude le fameux Lapin Blanc. Y’a du monde et la Claire va et vient sans relâche. Promis, juré, après le service elle officie. Je rentre at home rassuré.

 

6ième acte le lendemain, sans nouvelles de ma marieuse, je m’inquiète. À juste raison, la madone de Ménilmontant a exploré les premières lueurs de l’aurore et n’a pu officier. Elle implore mon pardon que je lui donne sans absolution.

 

7ième acte le samedi je dîne chez Passerini en bonne compagnie, dont celle de la Claire tout de jaune vêtue. Au cours de nos agapes un sms, photo à l’appui, m’informe que ma salade exotique fait le délice des accros du Lapin. Précision, une part est laissée à la Claire, moins sainte qu’elle n’y paraît.

e-cuisine : le crabe aux pinces d’or arrosé d’1 nectar, à damner un couvent de nonnes, le choix de Claire du Lapin Blanc et de Pierre Jancou le taulier d’Achille !
e-cuisine : le crabe aux pinces d’or arrosé d’1 nectar, à damner un couvent de nonnes, le choix de Claire du Lapin Blanc et de Pierre Jancou le taulier d’Achille !

8ième acte le mariage est consommé, la madone a officié, ce sera « On n’est pas bien là » d’Aurélien Petit de Montpeyroux. C’est un blanc, grenache blanc-clairette. Sans monter en chaire, elle explique « ce vin très aromatique fait bon ménage avec l’exotisme de l’ananas, à la fois vif et dynamique mais pas trop long en bouche ce qui laisse à la chair du crabe le temps de s’exprimer. C’est une bouteille estivale pour buller au soleil ! »

 

Voilà l’histoire, et croyez-moi avec de tels collaborateurs la vie est bien moins triste qu’avec les goûteurs patentés, bardés de leurs certitudes enveloppées de commentaires éculés.

 

Jeu concours de l’été : quel est le seul lien entre les 2 vins ?

 

En cas de bonne réponse une dégustation gratuite offerte en septembre par mes soins au Lapin Blanc.

e-cuisine : le crabe aux pinces d’or arrosé d’1 nectar, à damner un couvent de nonnes, le choix de Claire du Lapin Blanc et de Pierre Jancou le taulier d’Achille !
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27 juillet 2016 3 27 /07 /juillet /2016 06:00
Ils nous refont le coup du premier verre « 1 sur-risque dès le premier verre, au vu de cette nouvelle étude, la recommandation de santé « consommer de l'alcool avec modération » ne tient plus.

C’est reparti pour un tour !

 

Hier Doctissimo santé :

 

« En période estivale, cette étude publiée dans la revue Addiction risque de faire grand bruit auprès des adeptes du petit vin blanc sous la tonnelle. En effet, ces travaux épidémiologiques révèlent des liens de causalité étroits entre consommation d'alcool et cancers. Même les petits consommateurs sont concernés. »

 

Selon Jennie Connor, de l'université d'Otago, en Nouvelle-Zélande, auteure principale de ces travaux, il y a des preuves solides que l'alcool provoque 7 types de cancers, de l'oropharynx, du larynx, de l'œsophage, du foie, du côlon, du rectum et du sein.

 

La mauvaise nouvelle est qu'il y aurait, selon la chercheuse, un lien direct de cause à effet. Autrement dit, plus on boit d'alcool, plus le risque est important. Les buveurs légers à modérés seraient donc concernés par ces risques.

 

Une des études a suivi une cohorte de 1 million de femmes britanniques pendant 7 ans. Elle a montré que les femmes qui ont bu entre 70 et 140 g d'alcool par semaine affichaient une augmentation de 5% de cancer comparé à celles qui avaient consommé moins de 20 g par semaine - soit 2 verres de vin de 12 cl ou 2 bières de 25cl - et une augmentation de 13% du cancer du sein.

 

5,8% des cancers sont liés à l'alcool

 

Selon les estimations de l'étude, ces cancers liés à l'alcool représentent 5,8% du total des décès dus au cancer dans le monde.

 

Ces résultats sont le fruit d'une méta-analyse d'études épidémiologiques menées ces dix dernières années par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l'agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds mondial de recherche sur le cancer.

 

Alcool, tabac... Il est toujours temps d'arrêter

 

Dans une moindre mesure et sans en comprendre les raisons, les observations semblent indiquer que l'alcool est également à l'origine de certains cancers de la peau, de la prostate et du pancréas. Les fumeurs et buveurs multiplient par deux leurs risques, tout type de cancers confondus.

 

En revanche, il est possible d'inverser le risque d'un cancer du foie, du larynx ou du pharynx si le buveur est prêt à s'arrêter, et ce risque est réduit pour toute la durée d'abstinence, selon l'étude. Il équivaudrait même à une consommation nulle après 20 ans d'arrêt.

 

AFP/Relaxnews

 

Je ne vis ni dans le déni des facteurs de risques, ni dans la hantise de porter atteinte à ma santé et je ne souhaite en rien abréger ma vie.

 

Cependant je me refuse à tomber la tête la première dans le panneau simpliste des liens de cause à effet établis par des chiffres statistiques tirés de soi-disant méta-analyses

 

Dans une chronique du 9 janvier 2008 j’écrivais :

 

« Les morts des « suites d’une longue maladie » peuplent notre quotidien. Le cancer, les cancers de tout acabit emportent nos proches, nos amis, nos enfants et l’odieux chancre fait peur. La lutte contre le cancer est donc, à juste raison, une grande cause nationale mais, à trop vouloir agiter des épouvantails, formes modernes des spectres, à trop vouloir prouver, les scientifiques, toujours à la recherche de liens de causalité pour prévenir le mal, se coupent du corps social, lui donnent le sentiment de le priver des plaisirs de la vie, de l’assimiler aux souris de leurs laboratoires, de le réduire à des séries statistiques aussi froides que les murs de leurs hôpitaux.

 

La complexité de la vie, la diversité de nos modes de vie, les écarts qui se creusent à chaque extrémité de l’échelle sociale, l’extrême hétérogénéité des situations économiques et sociales nées de la mondialisation, font que les méta-analyses, chères à nos chercheurs, sont à manier avec bien des précautions. La mise en ligne du rapport « Alcool et risques de cancers » : état des lieux des données scientifiques et recommandations de santé publique est caractéristique de l’effet « tour d’ivoire » caractéristique de ces expertises scientifiques qui font subir au mot risque des glissements sémantiques qui n’ont rien de scientifiques. »

 

Le 23 février 2009 une autre chronique

 

« Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage : premier verre et cancer » ICI 

 

La part de risque, celui que tout individu se doit d’assumer aussi bien en tant que personne exerçant sa responsabilité individuelle et en tant que citoyen enserré dans un corps de règles de vie en commun, est toujours difficile à quantifier. L’excès, même s’il prête à interprétation, est assez facile à identifier : l’abus de consommation alcoolique est chiffrable. En revanche, la plage entre l’abstinence et la consommation modérée a des contours difficiles à délimiter. En ce domaine, comme dans tous les autres, le mieux est l’ennemi du bien : prôner, comme le Pr Houssin, la prohibition, relève d’une conception infantilisante de la société. Le n’y touchez jamais est l’équivalent du « cachez-moi ce sein que je ne saurais voir », pure hypocrisie et méconnaissance dramatique des ressorts profonds de l’être humain. Nos politiques de santé publique, si elles ne veulent pas se réduire à de piètres campagnes de communication, doivent se frotter à la société telle quelle est et non, continuer de véhiculer des présupposés idéologiques. L’entre-soi, qui vaut aussi bien pour les hygiénistes que pour ceux d’entre nous qui font semblant d’ignorer les méfaits de l’alcoolisme, n’est plus de mise dans une société démocratique. Même si ça choque les beaux esprits pudibonds, je préfère le modèle politique à l’ancienne, bon vivant, soucieux des libertés publiques, aux tenants d’une société pure et dure, liberticide où le risque de mourir n’est plus assumé.

 

Pour ne pas être en butte aux critiques des « scientifiques » j’ai lu les 60 pages de l’expertise collective et je vous en livre quelques morceaux choisis.

 

Lire la suite ICI

 

Je n’ai rien à ajouter ni à retrancher à mes propos de l’époque.

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26 juillet 2016 2 26 /07 /juillet /2016 06:00
Non messieurs les « dégustateurs patentés » vous ne pouvez juger du niveau global d’une appellation !

Arrêtez de nous faire prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, messieurs !

 

Y’a peu de dames.

 

Quel part volumique de la production d’une appellation dégustez-vous lorsque vous vous rendez à l’invitation de son interprofession ?

 

Je n’ai pas de % mais je défie quiconque d’entre vous de me démontrer que celui-ci est représentatif du gros de la troupe.

 

Vous ne dégustez que ce qu’on vous propose, une minorité de vins, et je suppose que les interprofessions ne mettent pas en avant la sauce.

 

Alors, comment donc l’un de vos confères, qui gigote dans tous les sens pour se faire reconnaître, quitte à affirmer sur Face de Bouc qu’il est tricard dans certaines appellations pour cause de critique non-conforme à la ligne de communication de leur maison (tout le monde rigole), qui cherche à corps perdu des piges pour exercer son don pour le « journalisme libre » (ça l’empêche pas de dîner dans les châteaux de Bordeaux), peut-il écrire ceci :

 

« À Sancerre, comme dans toutes les appellations françaises, il y a les viticulteurs consciencieux et les autres. Certains réalisent des vins de très grands niveaux, ils sont connus et majoritaires, et d’autres profitent d’une demande élevée pour afficher des prix encore plus élevés. Or, déguster des sancerres c’est aussi s’apercevoir que les vins ne sont pas toujours au niveau qualitatif exigé par de tels prix. Et cette vérité n’est pas toujours bonne à dire. Dès lors, s’attaquer à la sacro-sainte appellation, c’est aussi, un peu, s’attaquer à la poule aux œufs d’or. »

 

C’est clair comme du jus de boudin et surtout ça n’est étayé sur aucun chiffre, aucun pourcentage permettant de juger de la représentativité de l’échantillon que ce grand homme en devenir a dégusté.

 

Que cette part soit ultra-minoritaire c’est consubstantiel au métier de «dégustateur qui fait payer l’accès ses prestations» : notes et commentaires. Il ne va se commettre à déguster des jus qu’achètera madame Michu chez Lidl.

 

Il est donc normal qu’on lui dise camembert lorsqu’il vient du haut de sa haute expertise nous délivrer des bons et des mauvais points sur la qualité générale des sancerres ou des vins de l’IGP Val de Loire.

 

Le monde des amateurs de vin est fort étroit, élitiste, et je comprends parfaitement que la compétition fasse rage pour tenter de gagner leurs faveurs, leur faire ouvrir leur porte-monnaie.

 

Ce que je conteste c’est, qu’au nom d’un accès privilégié à la dégustation, certains s’érigent en journaliste défenseur des consommateurs alors qu’ils ne s’en donnent pas les moyens ou qu’ils ne soient en capacité de se les donner.

 

À chacun son job, et je préfère la relation du journaliste du Berry-Républicain de l’affaire des arrachages des vignes IGP, imprégnée de l’esprit du lieu, modeste, factuelle, à l’analyse d’un soi-disant spécialiste qui ne voit pas plus loin que le bout de son verre.

 

L’entame était pourtant alléchante : « Comme Xavier de Maistre en son temps, tout porte à croire que certains ont surtout voyagé dans leur chambre et n’ont pas eu plus de soucis du monde réel qu’un enfant dans un bac à sable. Le monde pour certains de la presse vinique se résume aux dépêches de l’AFP. Ainsi, de l’affaire des plants arrachés à Sancerre, une grande majorité de médias viniques reprennent les écrits de l’agence française sans se soucier d’un quelconque intérêt du réel.

 

Réduisant les frais de piges et l’activité journalistique à son degré le plus faible, il aurait été intéressant de mener un peu l’enquête. Car finalement, derrière ce vandalisme primaire il se cache des choses bien plus complexes. »

 

La complexité du réel : oui je plussoie mais j’avoue que cet esprit supérieur n’a guère éclairé ma lanterne. Sans doute suis-je imperméable à la pertinence de sa pensée.

 

Rester dans le flou, l’ambiguïté, la généralité, sur la base d’une affirmation péremptoire non étayée, ce n’est pas du journalisme mais simplement l’expression d’un point-de-vue, qui peut avoir une certaine valeur mais qui ne peut se prévaloir d’un travail exhaustif d’enquête et de mise en perspective.

 

Bon prince je comprends tout à fait la prudence de ce dégustateur patenté qui fait payer par abonnement ses prestations : il ne va pas risquer de se faire mettre à l’index du côté de sancerre en levant trop haut le voile qui, selon lui, cache plus ou moins bien la réalité.

 

Retournez à vos chères notes, épargnez-nous vos postures de sachant, contentez-vous de votre biseness, vous n’êtes et vous ne serez jamais un vrai journaliste mais bien sûr libre à vous d’exprimer votre point de vue sur le Mondovino mais ce ne sera qu’un point de vue parmi d’autres. Rien de plus, rien de moins.

 

« Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur. »

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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 06:00
La fille de la belle-mère de Denis Saverot qui ne boit que du Bordeaux a rendu visite à Robert Parker dans son bourg natal de Monktown Maryland.

« Avant de prendre l’avion, un négociant bordelais nous a prévenus : « Parker a fait trembler pendant plus de trente ans les plus grands châteaux, et de riches propriétaires s’abîmaient en génuflexions comme s’il était le représentant de Dieu sur terre. Mais vous verrez, aux Etats-Unis, le pape des vignobles vit dans un trou paumé. Tout près de la maison de son enfance »

 

D’entrée de jeu ce nous m’interroge * : l’envoyée spéciale du Monde à Monktown Maryland n’est donc pas allé seule jusque dans ce trou paumé du Maryland, a-t-elle été accompagné par sa moitié notre Denis de la RVF ?

 

* Si le nous est ici de modestie il est donc masculin singulier et s’utilise pour un seul locuteur à la place du je pour gommer le côté trop individualiste du je, tout en maintenant un accord sylleptique au singulier. en conséquence prévenu devrait être au singulier. Idem pour le nous de majesté.

 

Je comprends aisément que le grand Bob vaille le déplacement et qu’un journal de référence comme le Monde, que je soutiens financièrement par mon abonnement, ouvre sa tirelire pour que Raphaëlle Bacqué, plutôt branchée politique, aille l’ausculter.

 

Mais il est où ce trou de Monktown Maryland ?

 

 

« Maintenant que l’on traverse les forêts du Maryland et de vastes étendues herbeuses où trônent de grandes laiteries, on comprend mieux. L’autoroute entre Washington et Baltimore est embouteillée, mais Monkton (Maryland), le bourg natal de Robert Parker, à trente minutes de Baltimore, a gardé cette allure de campagne américaine un peu terne. Six mille habitants, une poste, des commerces en bord de route, pas de centre. Une sorte d’opposé esthétique aux beaux villages de Saint-Emilion ou de Châteauneuf-du-Pape, dont Parker aime tant les vins. »

 

Pas de doute ils ont fait le déplacement et Robert Parker leur a donné « rendez-vous pour le déjeuner au Vito’s Café, un restaurant italien posé au bord d’une route, où il a ses habitudes. Il est là, installé tout au fond, près des cuisines. Très grand même assis, massif et bien carré à sa table, le visage barré d’un grand sourire : un genre d’Orson Welles dans Falstaff.

 

Derrière lui, on devine à peine deux béquilles avec lesquelles celui qui arpentait autrefois les vignes se déplace désormais, handicapé par un mal de dos chronique que les années – il court sur ses 70 ans – et l’embonpoint n’ont pas arrangé.

 

Posées sur la nappe blanche, deux bouteilles. L’une de blanc, l’autre de rouge. « Ils font partie de mes préférés », dit négligemment Robert Parker, et les serveurs du restaurant sont venus discrètement examiner les deux élus. »

 

« … Le vin blanc qu’il a apporté vient d’Amérique. « C’est un chardonnay du nord de la Californie, un Aubert », explique-t-il en le faisant servir pendant qu’on apporte du jambon italien. Le rouge, un Saint-Préfert, « un châteauneuf-du-pape racheté par une Parisienne, Isabel Ferrando, une ancienne financière qui s’est reconvertie dans la vigne et fait ce vin superbe ».

 

On le boira en dégustant ces petits crabes à la carapace molle que l’on ramasse à la fin du printemps dans la baie de Chesapeake. Le serveur a eu droit de goûter les breuvages. Aux tables voisines, la plupart des convives déjeunent en buvant des sodas.

 

« Je bois du vin tous les jours. C’est mon plaisir, reconnaît le dégustateur. Même lorsque je dois tester 150 ou 200 vins dans la journée. Jamais je ne m’en suis lassé.»

 

Fort bien me dis-je tout en pensant dans ma petite Ford d’intérieur que les époux n’ont pas fait le déplacement que pour licher deux belles bouteilles choisies par le Robert ?

 

Puisque la cave du Robert est, dit-on, l’une des plus belles des Etats-Unis et qu’il ne la fait que très rarement visiter, notre Raphaëlle Bacqué aurait pu tenter d’obtenir ce privilège au lieu d’interroger au téléphone, son ami Jeffrey Davies, un négociant américain installé à Bordeaux, pour qu’il lui confie : « Je crois qu’il en a deux, protégées comme des abris antiatomiques, contenant près de 40 000 bouteilles… ». Un trésor donc, « Tout juste avoue-t-il conserver « 90 % de vins français, surtout des bordeaux, des vins du Rhône et des alsaces, de grands californiens, des nebbiolo du Piémont, des sangiovese de Toscane, de magnifiques espagnols, des grands vins blancs allemands, des australiens et quelques sud-américains ».

 

Sans être taxé de mauvaise langue je suis en droit de me demander pourquoi l’envoyée spéciale du Monde et son accompagnateur – rappelez-vous le nous initial – a fait ce long déplacement pour rencontrer le grand Bob car, hormis ce que je viens de citer, tout le reste de l’article aurait pu être écrit depuis Paris sur la base de la documentation existante.

 

De même, les 2 photos illustrant l’article sont des photos d’archives, pourquoi ne pas avoir saisi notre cher Parker à la table du Vito’s café avec ses deux bouteilles ? Peut-être que notre Bob ne l’a pas souhaité ? Je ne sais.

 

Ce que je sais en revanche, en tant lecteur abonné du Monde, c’est que je paie pour avoir des nouvelles fraîches, pas du réchauffé : la énième évocation du fameux millésime 1982, du jugement de Paris, sa rencontre avec les époux Rolland, la saga de Valandraud…

 

Que cette histoire constitua la toile de fond du reportage, pourquoi pas, les lecteurs du Monde pour leur plus grande part ne font pas partis du Mondovino, mais tout de même ce déjeuner au Vito’s café aurait dû être l’occasion d’un portrait du Robert Parker en semi-retraite, d’une vraie interview le poussant un peu dans ses retranchements à propos de ceux qui prétendent lui succéder ou du devenir de sa méthode. Bref, faire le job de journaliste.

 

Nos grands médias papier souffrent nous dit-on, leur lectorat payant s’effrite, ils sont en quête d’un nouveau modèle économique pour répondre au défi d’INTERNET, mais ce n’est pas très étonnant au vu de ce cas précis : rien de neuf dans votre papier madame Bacqué !

 

À quoi rime ce déjeuner au Vito’s café de Monktown Maryland ?

 

Simplement à déguster avec Bob deux de ses beaux flacons, tirés de sa fantastique cave, en mangeant des petits crabes à la carapace molle ramassés à la fin du printemps dans la baie de Chesapeake ?

 

Ça fait cher l’emprunte carbone !

 

Mon dernier espoir c’est que le Denis, qui aime tant les déjeuners people, nous ponde un édito flamboyant dans la prochaine RVF où, avec son sens aigu des trémolos, il nous contera par le menu ce déjeuner avec Robert Parker au Vito’s café.

 

J’attends.

 

Je vous donne le lien pour accéder, si vous êtes abonnés, à l’intégralité de l’article de madame Bacqué : ICI 

 

Cet article a aussi été publié dans le numéro papier du samedi 23 Juillet page 20 L’été du Monde, dans la rubrique : ils ont façonné le goût, sous le titre : Robert Parker, palais royal.

 

Là nous avons droit à une photo de Bob, datée du 12 juillet, dans sa fabuleuse cave. Donc madame Bacqué n’a pas tout à fait « fait le voyage pour rien » à Monktown Maryland…

La fille de la belle-mère de Denis Saverot qui ne boit que du Bordeaux a rendu visite à Robert Parker dans son bourg natal de Monktown Maryland.
La fille de la belle-mère de Denis Saverot qui ne boit que du Bordeaux a rendu visite à Robert Parker dans son bourg natal de Monktown Maryland.
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24 juillet 2016 7 24 /07 /juillet /2016 08:00
CHAP.17 extrait sec, à l’occasion, venez nous voir, me voir : il faut garder les liens. Peut-être entendrez-vous les grillons, sans doute écouterez-vous le silence… Michel Rocard

J’ai enfin fait mon deuil.

 

Toute une vie pour revenir à la vie, traverser mon chagrin, lâcher mon refus, ne plus maîtriser mes émotions et accepter la réalité de la perte.

 

« Le travail du deuil est incompressible, on ne peut ni l’accélérer ni sauter des étapes. Il ne connaît pas le temps, il a ses tours et ses détours, ses haltes, on ne peut que se rendre disponible pour ne pas entraver ses mouvements. »

 

« On devient jeune à 60 ans. Malheureusement c’est trop tard. »

Pablo Picasso

 

Entre Marie et Émilie, ma vie, trop tard !

 

Moi je me souviens du 24 mai 68

 

Elle et moi, comme isolé du monde, nous étions seuls au monde, sur une île, genoux contre genoux car elle venait de s'asseoir face à moi. Ce elle me crispait. L'échange était inégal. Insoucieuse de mon infériorité, elle se penchait vers moi pour me murmurer à l'oreille, en pouffant, « vous croyez que nous allons bâtir un monde meilleur... » Tout en m'extasiant sur ce nous, que je réduisais à deux, je réfrénais mon envie d'effleurer de mes lèvres la peau ambrée de son cou. Une trace de sel, d'embruns, je la sentais naïade. Tel un naufragé, abandonnant le souci du bonheur de l'humanité opprimée, je m'agrippai à cette intuition en lui posant une question étrange : « aimez-vous la mer ? »

 

Marie aimait l'océan. Dans son maillot de bain une pièce blanc nacré elle était sirène glissant vers le large pour n'être plus à l'horizon que le petit point blanc de son bonnet de bain. Moi, terrien balourd, emprunté je l'attendais, un peu anxieux, debout sur la grève. Elle était mon Ursula Andress que j’enveloppais à sa sortie de l’eau dans un grand drap de bain. La frictionner. Lui dire que ne nous ne nous quitterions jamais. Elle répondait oui vif et enjoué. La serrer fort pour entendre son coeur cogner contre ma poitrine.

 

Ce premier jour d'elle, à la terrasse du Conti, place Royale, pendant le temps où elle ne fut encore qu'elle, j'en garde bien plus qu'un souvenir, je le revis chaque jour. À ma question idiote elle avait répondu, en empoignant son grand cabas de fille, un oui extatique, en ajoutant « c'est mon univers Benoît... »

 

Nous nous étions levés, hors le monde, ce monde plein de bruits et de fureur. Naturellement elle avait glissé son bras sous le mien. Devant nous les cercles s'ouvraient. Nous les fendions sourire béat aux lèvres. Nos amis, nos camarades, des à elle, et des à moi, nous lançaient des petits signes de la main. Aucun ne s'étonnait de nous voir ainsi, c'était cela le charme de mai, ce doux parfum de folle liberté, coeur et corps, hors et haut. J'étais fier. Elle traçait un chemin droit. Nous laissâmes le fracas de la nouvelle place du Peuple derrière nous. Sur le cours des 50 otages nous croisions un groupe de blouses blanches remontées, bravaches comme s'ils allaient au front. Dans le lot, un grand type tweed anglais, nœud papillon et Weston, gesticulait plus que les autres, l'oeil mauvais et le rictus aux lèvres. Arrivé à notre hauteur, il vociférait :

- Alors Marie on se mélange à la populace...

Les doigts de Marie se faisaient fermes sur mon bras. Nous passions outre. Elle, devenue soudain Marie par le fiel de ce grand type hautain, d'une voix douce, me disait comme à regret, « ne vous inquiétez pas Benoît, ce n'est qu'un de mes frères... Il est plus bête que méchant... » Son vouvoiement, léger, mutin, me transportait, tout en elle me plaisait. Elle m'emballait. Je la suivais. Sur le trottoir du grand magasin Decré Marie me montrait un vieux Vespa vert d'eau. Nous l’enfourchâmes. Tous les gestes de Marie étaient déliés, aériens, dans ma tête en éruption je me jurais que je la suivrais tout autour de la terre, tout au bout du monde, là où elle voudrait. Pour l'heure, sans casque, nous filions vers Pornic. Filer est une façon de parler car l'engin ronronnait comme un vieux matou, il nous laissait le loisir d'apprécier le paysage et de papoter. Tout un symbole, Marie pilotait et moi, avec délicatesse, j'enserrais sa taille et je l'écoutais. Quel bonheur de se taire. Marie volubile parlait, parlait de moi et j'avais le sentiment de faire partie de sa vie depuis toujours. Spectatrice de nos palabres interminables elle avait su pénétrer dans les brèches de mon petit jardin d'intérieur. Moi, le si soucieux de préserver l'intégrité de celui-ci, sans me cabrer, j’entendais Marie la douce me dire tout ce que je refusais d’entendre.

 

Marie, son prénom, son scooter vert et son grand frère arrogant, voilà en tout et pour tout ce que je savais d'elle et l'affaire était pliée. J'allais passer ma vie avec cette grande fille droite et simple. Nous sommes allés manger des berniques et des sardines grillées sur la terrasse d’un petit restaurant aux volets bleus. Nous étions les seuls clients. Le serveur, sans doute impressionné par nos airs extatiques, nous offrait Françoise Hardy :

 

Tous les garçons et les filles de mon âge

Se promènent dans la rue deux par deux

Tous les garçons et les filles de mon âge

Savent bien ce que c'est qu'être heureux

Et les yeux dans les yeux et la main dans la main

Ils s'en vont amoureux sans peur du lendemain

Oui mais moi, je vais seule par les rues, l'âme en peine

Oui mais moi, je vais seule, car personne ne m'aime...

 

Le 45 tours du juke-box grésillait. Je disais à Marie : « J’aime bien Françoise Hardy…

 

Elle riait : « Et moi tu m’aimes comment ?

 

- Comme le beurre de sardines...

 

- J'ai peur... Tu vas me croquer...

 

- J'hésite...

 

- Menteur !

 

- Quand j'étais petit j'aurais vendu mon âme au diable pour une bouchée de pain qui avait saucé le beurre de sardines...

 

- Je note et je commence à te croire…

 

- Je t'aime tout court !

 

- Que tu dis.

 

- Avant toi je ne l'ai jamais dit.

 

- Menteur !

 

- Et toi tu m’aimes ?

 

- Je ne veux que toi !

 

- Alors c'est simple, puisque je t'aime plus que le beurre de sardines, je vends mon âme au diable pour toi.

 

Nos mots, nos rires, nos silences, le Muscadet, les deux babas au rhum couverts de Chantilly, le mitan du grand lit, des draps frais et parfumés, un rideau de gaze qui se gonflait sous la brise, nos caresses, nos premiers émerveillements, le coeur de la nuit, le lisse de ses cuisses, son souffle sur mon cou, nos enlacements, nos maladresses, le rose de l'aurore, la découverte de nos corps, notre désir. Chaque seconde était bonheur, simple comme le bonheur. Mettre des mots sur lui serait le rendre mièvre. Marie et moi on se fichait pas mal de le cerner, de le retenir, il nous était tombé dessus comme ça, c'était bon, c'était à nous rien qu’à nous. Le 24 mai 1968 fut le jour d'elle, le seul jour, l'unique et irremplaçable.

Aujourd’hui, je m’enferme et je pose la première pierre « D’extrait sec. »

 

Seule la dédicace est couchée sur ma page.

 

Peut-être ne verra-t-elle jamais le jour par la faute d’un éditeur insoucieux de mes amours.

 

Qu’importe !

 

Après le deuil, la renaissance dans la douleur de ce qui ne sera jamais abouti.

 

J’écris !

 

Elle est partie au bout de la terre et elle ne pense même pas à moi qui ne pense qu’à elle, ainsi va la vie.

 

Je m’accroche à la vie en pensnat à ce que me disait ma mère « à l’écoute de toi du passe trop de temps… »

 

Je lis aussi.

 

Dans ce texte écrit deux ans avant sa mort, l’ancien Premier ministre, qui n’a «pas une goutte de sang corse» explique pourquoi il voulait reposer à Monticello. Lues par son fils aîné lors de la cérémonie au temple de l’Etoile, ces lignes nous ont été transmises par un ami de la famille.

 

Michel Rocard : «J’irai dormir en Corse»

 

Le temps viendra bientôt, pour moi, comme pour tous, de quitter la compagnie des vivants. Enfant de la guerre, préservé presque par hasard des souffrances les plus atroces qu’elle a pu engendrer, j’en ai côtoyé le risque d’assez près pour avoir ensuite voulu découvrir, observer, savoir, analyser, comprendre, visiter aussi les lieux d’horreur d’Alsace, d’Allemagne, de Pologne, plus tard d’Algérie ou du Rwanda. Toute mon adolescence, j’ai rêvé que ma trace soit porteuse de paix. Je ne pense pas avoir manqué à ce vœu. Certains le savent encore en Algérie, tous en Nouvelle-Calédonie, je fus un combattant de la paix. N’était la violence des hommes, la nature étant si belle, la vie aurait toutes ses chances d’être merveilleuse si nous savions y créer l’harmonie. Ce fut l’effort de mon parcours.

 

Reste un rêve un peu fou, encore un : que ma dernière décision, l’ultime signal, le choix du lieu où reposer, soit pour tous ceux qui m’ont aimé, ou même seulement respecté, une évidente, une vigoureuse confirmation. Après tout, le déroulement de la vie elle-même a son rôle à jouer dans ce choix final.

 

Sylvie, ma dernière épouse, m’a fait, le temps de ce qui nous restait de jeunesse, redécouvrir l’amour, puis surtout rencontrer sérénité, tranquillité, confiance, le bonheur tout simplement.

 

A son père adoptif corse, elle doit le sauvetage de son statut social, mais pas l’affection. Elle lui doit pourtant un lieu, celui de ses joies d’enfant, de ses premières et longues amitiés, de l’exubérance de la nature, de sa beauté et de ses odeurs, au fond le lieu de son seul vrai enracinement. C’est un village, Monticello en Balagne.

 

Je n’ai pas une goutte de sang corse, et n’avais jamais mis les pieds sur l’île avant 1968. Le mois de mai de cette année-là avait échauffé les esprits. Je ressentis puissamment le besoin de rassembler pour une bonne semaine, la quarantaine la plus active d’étudiants et de cadres du PSU. La mutuelle étudiante rendit cela possible en Corse. «De la violence en politique et dans l’histoire, pourquoi ? Jusqu’où ?». Tous les jours exposés, découvertes de textes, réflexions, discussions… Tous les soirs et le dimanche, pour moi, découverte de cette merveille du monde, la Corse, qu’habitaient deux bonnes centaines de militants PSU… Paysans, historiens, chercheurs, animateurs du nationalisme non violent prirent à cœur d’être mes instructeurs. Je découvris la violence de l’histoire corse, ne l’oubliai plus, j’appris surtout à la connaître et à la respecter. J’en parlai beaucoup, j’écrivis même.

 

Mais je m’occupais d’autre chose, longtemps d’Europe notamment sur la fin. Vint cette situation bizarre où la régionalisation des élections européennes, combinée avec les manœuvres internes au PS firent de moi la «tête de liste» socialiste pour les élections européennes de 2004 en Corse… J’avais sur ma propre tête 22 campagnes électorales de toutes dimensions de la France entière à ma commune. La Corse m’honora de 28 %. C’est le record absolu de toute ma vie sur trente-cinq ans. C’est aussi le record régional du PS à ces élections-là. C’est enfin le record historique de la gauche sur l’île. Et puis Monticello : 37,2 % tout de même. L’occasion ne m’avait jamais été donnée de remercier. Ce sera fait. A Monticello, le cimetière est plein. Ne restait dans la partie haute, au-delà des caveaux, qu’une microparcelle trop petite pour une tombe, suffisante pour deux urnes, au ras de la falaise. Arbres et tombeaux, tout est derrière nous. L’un des plus beaux paysages du monde. Et puis bien sûr, qui dit cimetière dit réconciliation… Le grand Pierre Soulages s’est chargé de pourvoir à ce que les objets à placer là, une urne puis deux, un support, une plaque puis deux, magnifient la beauté du lieu plutôt que de la déparer.

 

A l’occasion, venez nous voir, me voir : il faut garder les liens. Peut-être entendrez-vous les grillons, sans doute écouterez-vous le silence… A coup sûr la majesté et la beauté de l’endroit vous saisiront. Quel autre message laisser que de vous y convier ?

 

Michel Rocard ancien Premier ministre

 

Boualem Sansal : «Nommez l’ennemi, nommez le mal, parlez haut et clair»

Le Monde.fr | 25.03.2016 à 10h13

 

Si, aujourd’hui, il est un mot à bannir du langage, c’est le mot « résister ». Résister, c’est donner l’avantage à l’ennemi, lui offrir l’honneur de porter le dernier coup, c’est capituler et mourir.

 

Résister c’est quoi, quand l’ennemi est déjà dans la forteresse et dispose alentour de réserves fraîches qui ne demandent qu’à passer à l’action ? C’est quoi, quand on a si peur de lui qu’on l’appelle ami, qu’on lui trouve toutes les excuses, quand en vérité l’ennemi c’est nous-même ? Il ne faut quand même pas oublier le début de l’histoire : cet ami qui égorge nos femmes et nos enfants et saccage nos demeures, nous l’avons accueilli, couvé, choyé et même, à tout dire, créé. Ben Laden était le fils de qui, le protégé de quelle compagnie ? Khomeiny habitait où, Bouteflika se soigne où et à l’œil, où Kadhafi a-t-il planté sa tente, etc., etc., etc., etc., etc. ? Ces hommes ne sont-ils pas, n’étaient-ils pas des ennemis de l’humanité, de peuples entiers à tout le moins ?

 

Résister c’est quoi, quand on travaille à faire taire toute contestation dans le pays et empêcher les citoyens de se mobiliser et de monter au front ? Priver un peuple du combat pour sa vie et son honneur, c’est le tuer et le déshonorer, ses enfants ne le lui pardonneront jamais. C’est un génocide. Ce combat, on le mène soi-même, il ne se délègue pas, ne se reporte pas, le sang du peuple doit couler héroïquement pour que les chants de gloire à venir soient de vrais chants.

 

Ce n’est pas tout. Contre qui et quoi veut-on résister ? Les Chinois, les Martiens, la fièvre jaune, la pollution ? Qui veut-on éliminer : des lampistes, des poseurs de bombes occasionnels, la finance internationale, une religion, une organisation secrète, une secte, des émirs ?

 

Nommez l’ennemi, nommez le mal, parlez haut et clair, tout est là, le reste est détail, il relève de la technique.

 

Si les autorités manquent de mots, je peux leur prêter les miens : l’islam radical, l’islam modéré comme son appoint, le salafisme, l’Arabie, le Qatar, les dictatures arabes malfaisantes.

 

Au stade où en est l’affaire, le seul mot valable est ­ « attaquer ».

 

Et là se posent deux questions cruciales. La première : sommes-nous capables de nous battre et de verser notre sang si on ne croit pas à nos valeurs, si on les a déjà trahies mille fois ? La seconde : quel est ce brillant et courageux chef qui va nous conduire à la victoire ?

 

Il faut y répondre avant tout ordre de marche, car s’apercevoir en chemin de l’inutilité de son combat et de l’incompétence de son commandant en chef, c’est offrir gratuitement son cou au couteau de l’ennemi.

 

Quand on sait cela, on sait se battre et on sait aussi être magnanime. La victoire n’est pas tuer mais sauver, aider, accueillir, construire.

 

« Aux arrrrmes citoyens, formeeeeez vos bataillons… » est-il toujours l’hymne de ce pays ?

 

Boualem Sansal, écrivain algérien, a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française 2015 pour ­2084 : la fin du monde (Gallimard).

 

Pourquoi nommer les choses

 

Si les espèces incarnent la vie sous toutes ses formes et que les nommer permet de les sortir de l’anonymat, alors il convient de bien choisir ces noms. Quel bonheur à ce titre que la bien nommée Umma gumma, une libellule étincelante désignée de la sorte en référence à un album des Pink Floyd, Ummagumma (qui signifie « faire l’amour » en argot). Quant aux libellules à longues pattes, Notogomphus kimpavita et N. gorilla, elles furent appelées ainsi en référence au saint patron et symbole de la conservation des régions en Angola et en Ouganda.

 

Mais qui donc part à la découverte de ces espèces, qui donc les fait connaître au genre humain ? La nature est aujourd’hui prisonnière des demandes et besoins sans cesse grandissants des hommes… L’expertise environnementale est à la solde du marché. Nombreux sont les biologistes qui ne sortent plus de leurs labos et, sans moyens pour découvrir et faire connaître, même les muséums d’histoire naturelle semblent avoir jeté l’éponge.

 

Seules 9 de nos 60 libellules furent découvertes par l’un d’entre nous alors qu’il travaillait pour une université ou un muséum. 33 autres le furent lors d’une mission de consultation et 18 autres par un professeur. Aujourd’hui, les meilleures recherches en biodiversité proviennent d’amateurs et d’universitaires dévoués qui y consacrent leur temps libre.

 

Dans nos sociétés gouvernées par l’argent, la bienfaisance réside dans ce que nous faisons à titre gracieux pour les autres. Mais nous ne pouvons pas uniquement nous reposer sur les bonnes volontés pour protéger l’environnement ; de même que nous ne pourrons conduire l’exploration de la vie sur la planète Terre sans de vrais renforts. La nature a besoin de plus d’explorateurs !

 

Valls hué: une injure à la République, une aubaine pour le FN ICI 

 

Menteur, narcissique, sociopathe : Donald Trump vu par sa plume cachée

LE MONDE | 18.07.2016 à 16h35| Par Luc Vinogradoff

 

Donald J. Trump est devenu, à la fin des années 1980, l’incarnation d’une certaine idée du rêve américain : le businessman charismatique et manipulateur, le self-made-man capable de vendre de l’eau à un homme qui se noie, l’homme qui ne doit rien à personne.

 

Cette image soigneusement entretenue a pris une autre dimension depuis que Trump s’est lancé, avec succès, dans la course pour la nomination républicaine à la Maison Blanche. A quelques heures de l’ouverture de la convention qui scellera son statut de candidat, un homme qui connaît très bien Donald Trump, et qui n’avait jamais abordé le sujet avec autant de détails jusqu’à présent, a parlé. C’est l’homme qui a façonné « le mythe Trump ».

 

En 1985, Tony Schwartz, alors journaliste, devient le nègre de celui qui n’est alors qu’un joueur parmi d’autres dans l’immobilier et les casinos de la côte Est. Après avoir passé plus de dix-huit mois en sa compagnie, il écrit Trump, the Art of the Deal, mi-hagiographie, mi-manuel de motivation pour devenir Donald Trump. Le livre fut un immense best-seller, rapportant des millions de dollars et cimentant dans l’imaginaire collectif l’image que Trump voulait donner de lui-même.

 

Or tout ou presque était romancé, exagéré ou carrément faux. Presque vingt ans plus tard, alors que le « héros » du livre peut potentiellement devenir l’homme le plus puissant de la planète, le désormais ex-journaliste qui a tout fait pour le rendre sympathique – « J’ai mis du rouge à lèvres sur un cochon » – prend la parole dans le New Yorker pour dire qu’il « regrette profondément ». Et qu’il a de plus en plus peur. Car toutes les tares et les traits de caractère qu’il avait perçus à l’époque (le mensonge systématique, l’absence d’empathie, le narcissisme extrême, une coupure totale avec la réalité) se sont dangereusement exacerbés depuis.

 

C’est un « sociopathe »

 

« Je pense sincèrement que si Trump gagne et obtient les codes nucléaires, il y a de très grandes chances que cela entraîne la fin de notre civilisation. »

 

Le constat de Tony Schwartz peut sembler exagéré, mais il le dit très sérieusement. Cela n’a rien à voir avec l’idéologie, dit-il, car il pense que Donald Trump n’en a pas. « Le problème était sa personnalité, que Schwartz considérait comme pathologiquement impulsive, égocentrique » et « obsédée par la publicité » écrit le New Yorker.

 

A ceux qui pensent que le Trump de la campagne, insultant, abrasif, moqueur, incohérent parfois, sera différent du Trump qui entrerait à la Maison Blanche, l’ex-journaliste répond : « Il n’y a pas un Trump privé et un Trump public […]. Tout ce qu’il veut, c’est de la reconnaissance extérieure, toujours plus. » S’il devait écrire à nouveau The Art of the Deal et être honnête, il l’appellerait Le Sociopathe.

 

« Les millions de personnes qui ont voté pour lui et croient qu’il représente leurs intérêts apprendront ce que tous ceux qui ont vraiment eu affaire à lui savent déjà : il se fiche complètement d’eux. »

 

Il n’a aucune capacité de concentration

 

Tony Schwartz se rappelle que, pour écrire le livre, il a dû abandonner la technique de travail habituelle, qui consiste à poser des questions à la personne dont parle le livre, car Trump se comportait « comme un gamin de maternelle qui ne peut pas rester tranquille en cours ».

 

« Il est impossible de le faire se concentrer pendant plus de quelques minutes sur un sujet qui ne concerne pas son auto-glorification (…). Il est stupéfiant de voir à quel point ses connaissances sont superficielles (…). S’il devait être briefé dans la “situation room” [salle de crise de la Maison Blanche], je ne l’imagine pas rester concentré très longtemps. »

 

Sa nécessité d’être au centre des choses est aussi « complètement compulsive ». Schwartz use d’une métaphore un peu douteuse avec un junkie voyant dans la présidence des Etats-Unis le fix ultime d’un homme qui s’est toujours shooté à la reconnaissance.

 

« Il a réussi à augmenter la dose pendant quarante ans. La seule chose qui lui manquait était d’être candidat à la présidence. S’il pouvait se présenter pour être empereur du monde, il le ferait. »

 

Il ment comme il respire

 

Le mensonge est un outil que tout homme politique qui veut durer a utilisé, mais pour Donald Trump, c’est plus profond – « une seconde nature » – et presque maladif, à en croire Tony Schwartz.

 

« Il a, plus que n’importe quelle autre personne que j’ai connue, cette capacité à se convaincre lui-même que tout ce qu’il dit est vrai, ou à moitié vrai, ou, au moins, devrait être vrai. »

 

Les mensonges que Schwartz a passés sous silence pour la biographie sont anodins (le prix d’un achat, le lieu de sa naissance), financiers (pour doubler un concurrent ou écarter un partenaire) ou plus profonds (le mythe du self-made-man s’effondre lorsqu’on sait que c’est le père, Fred Trump, qui a lancé le fiston), mais ils sont constants.

 

S’il était attaqué sur ses mensonges ou approximations, « Trump en remettait une couche et devenait agressif », ce qui n’est, note le New Yorker, « pas une qualité idéale pour un chef d’Etat ».

 

Donald Trump, qui n’a jamais caché ce comportement pendant la campagne, le prouve lorsque le New Yorker l’appelle pour les besoins de l’article. Il jure que Tony Schwartz – « très déloyal ! » – n’est que le « coauteur » et que c’est lui qui « a écrit le livre […], certains disent même que c’est le livre de business le plus vendu de tous les temps ». Ce que la maison d’édition dément totalement – « Trump n’a pas écrit une ligne ». Le milliardaire « s’est apparemment auto-convaincu de l’avoir écrit », constate le New Yorker.

 

La croix de Tony Schwartz

 

« The Art of the Deal », sorti en 1987, fut un immense best-seller, rapportant des millions de dollars et cimentant dans l’imaginaire américain l’image que Trump voulait donner de lui-même.

 

Après avoir lu cette longue confession, on comprend que Tony Schwartz a l’impression de porter une croix. Il se sent coupable d’avoir participé à la création d’un monstre, et à mesure que la candidature de Donald Trump passait de la blague à la réalité, il a décidé de dire sa vérité, même si cela s’apparentait à un crachat dans la soupe (en tant que coauteur, il a empoché la moitié des royalties, qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars).

 

« J’ai de profonds remords d’avoir contribué à faire de Trump quelqu’un de plus attirant qu’il ne l’est réellement, et à lui avoir donné un public élargi […]. Je garderai cela en moi pour le reste de ma vie. Il n’y a aucune façon de le réparer. »

 

Pour tenter de « racheter son âme », il va donner sa part des royalties reçues en 2016 à des ONG et œuvres caritatives « qui défendent des personnes dont Trump veut réduire les droits ».

 

Sa contribution à détruire l’idole qu’il a en partie érigée a beau être l’équivalent politique d’un bombardement au napalm, on a bien vu, tout au long de la campagne, que même les polémiques les plus toxiques glissent sur Donald Trump comme de l’eau sur les plumes d’un canard.

 

Dérapages de Wauquiez et Douillet : au secours, la droite revient ! ICI 

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24 juillet 2016 7 24 /07 /juillet /2016 06:00
Anti-terrorisme État Islamique : comment l’armée française avait gagné la bataille d’Alger en 1957 grâce à des méthodes peu orthodoxes… certains y pensent…

Un éditorialiste écrit à juste raison :

 

« Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ne peuvent s’exonérer de toute part de responsabilité dans ces dérives extrémistes, dont celle d’un Laurent Wauquiez qui a demandé (une fois de plus) l’instauration d’un Guantanamo à la française, où l’on pourrait enfermer à volonté, selon le bon plaisir d’on ne sait qui, ceux qui pourraient être suspects d’un éventuel passage à l’acte criminel ?

 

L’un comme l’autre, en se lançant dans un procès en responsabilité de François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, ont libéré l’habitus sécuritaire, si ce n’est contre révolutionnaire, d’une partie de la droite que l’on baptise encore «républicaine» par convention sémantique. »

 

Les dernières sorties de Laurent Wauquiez et David Douillet ne sont pas le seul fruit de la vacuité politique de l’époque, elles sont aussi le produit d’une histoire propre à la droite française. Sa tradition. Son héritage. Sa vocation historique qui la pousse, dès que l’histoire lui en offre l’opportunité, à tenter de reprendre, en tout ou partie, ce qui a été concédé depuis 1789. »

 

L’exemple de la bataille d’Alger certains, les éradicateurs, y pensent au nom de l’efficacité.

 

Le 7 janvier 1957, c’est sous le gouvernement de Guy Mollet, dont François Mitterrand était Garde des Sceaux, que le ministre résidant à Alger Robert Lacoste confie les pouvoirs de police à Alger au général Massu, chef de la 10ème division parachutiste, afin de détruire l’organisation terroriste du FLN, qui s’attaquait aux civils français depuis le 20 juin 1956, et surtout depuis le 3O septembre par des attentats à la bombe commis dans des lieux publics.

 

 

« De janvier à Octobre 1957, l'Armée française s'efforce de juguler le terrorisme du Front de Libération Nationale par le démantèlement de ses réseaux à Alger et par une répression massive. Si la bataille d'Alger s'achève par une victoire militaire de l'Armée française, l'usage massif de la torture suscite de vives protestations de la Communauté internationale ainsi qu'en métropole.

 

Au commencement de 1957, les tensions sont particulièrement vives à Alger entre les différentes communautés. Dès lors, le 7 janvier, une ordonnance de Robert Lacoste confie au général Massu les pleins pouvoirs sur le Grand Alger. La 10ème division parachutiste, division élitiste qui compte en son sein de nombreux hommes nés en Algérie, anciens combattants d'Indochine, reçoit alors la mission de "pacifier" la ville.

 

Afin d'exercer une pression sur l'Assemblée générale des Nations Unies qui se réunit alors en session et l'inciter à adopter un texte sur l'autodétermination algérienne, le FLN ordonne de son côté une grève générale de 8 jours, à compter du 28 janvier. Cela permet également au FLN de faire la démonstration de son emprise sur la population algérienne. Cependant, immédiatement, les parachutistes du général Massu cassent la grève. A 7 heures le 8 janvier, ils pénètrent dans la casbah d'Alger et forcent les hommes à reprendre le travail et ouvrir leurs boutiques.

 

Le FLN réplique à l'entrée de l'armée dans la ville par la multiplication d'attentats concentrés à Alger, où l'impact médiatique est plus important. Le 26 janvier 1957 des bombes explosent dans trois cafés fréquentés par des Européens, l'Otomatic, la Cafétéria et le Coq Hardi, et le 10 février, les attentats du stade municipal d'Alger et du stade d'El Biar font 10 morts et 34 blessés. Le 9 juin 1957, l'attentat au casino de la Corniche tue 8 personnes et en blesse une centaine.

 

 

Les parachutistes de général Massu s'efforcent de démanteler le FLN. A cette fin, ils quadrillent la ville avec des troupes imposantes, bouclent les quartiers arabes et multiplient les points de contrôle. Surtout, en utilisant les fichiers de la police, l'Armée procède à des arrestations massives pour débusquer les militants du FLN dont le nombre est évalué à 5 000 à Alger. Des centaines de suspects sont regroupés dans des centres de triage, qui se transforment rapidement en centres de torture. L'annonce du "suicide" de Larbi Ben M'Hidi, un des fondateurs du FLN le 14 mars, puis de celui d'Ali Boumendjel, suscitent de vives protestations, dont celle de René Capitant, professeur d'Ali Boumendjel à la faculté d'Alger. En métropole, la presse, L'Express et Le Monde en tête, lancent alors une campagne de dénonciation des méthodes utilisées par l'Armée à Alger. Le président Guy Mollet, est dès lors contraint d'annoncer le 5 avril 1957, la création d'une Commission de sauvegarde des droits et libertés individuelles. Toutefois, cette mesure n'empêche pas la poursuite des arrestations et de la torture. Les 11 et 12 juin, Maurice Audin et Henri Alleg, militants communistes, sont arrêtés puis torturés. Maurice Audin, déclaré évadé par l'Armée, décède en réalité des suites des tortures subies. Au total, plusieurs milliers de "disparitions" sont recensées au cours de la bataille d'Alger.

 

Les renseignements obtenus sous la torture et l'infiltration des filières du FLN, permettent à l'Armée française de progressivement démanteler le réseau. L'arrestation de Yacef Saadi le 24 septembre, puis la mort d'Ali La Pointe le 8 octobre marquent la fin de la bataille d'Alger.

 

Ainsi, La bataille d'Alger se solde par une victoire militaire de l'Armée française, qui est parvenue à décapiter le FLN. Néanmoins, le prix de cette victoire est lourd. L'usage massif de la torture provoque de vives protestations à l'étranger et en métropole. Parallèlement, l'escalade de la violence entre le terrorisme d'une part et la torture de l'autre, conduit à une radicalisation communautaire, qui rend impossible la recherche d'un compromis.

 

Julie Le Gac

Anti-terrorisme : comment l’armée française avait gagné la bataille d’Alger (mais qui oserait employer les mêmes méthodes aujourd’hui ?) 

 

Guy Pervillé professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Toulouse - Le Mirail.

 

Gérald Arboit directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement et chargé de cours dans plusieurs universités français (Colmar, Strasbourg, Metz).

 

En 1957, la bataille d'Alger opposait les forces de l'armée française au FLN. Durant cette bataille, les Français ont fait face à de nombreuses initiatives terroristes, contrecarrées grâce à des méthodes peu orthodoxes. Pour autant, outre les notions de morale ou d'éthique, le combat contre l'Etat Islamique présente trop de différences pour appliquer les mêmes tactiques.

 

 

Guy Pervillé : Le 7 janvier 1957, le ministre résidant à Alger Robert Lacoste confia les pouvoirs de police à Alger au général Massu, chef de la 10ème division parachutiste, afin de détruire l’organisation terroriste du FLN, qui s’attaquait aux civils français depuis le 20 juin 1956, et surtout depuis le 3O septembre par des attentats à la bombe commis dans des lieux publics. Mais aussi pour éviter le développement de groupes contre-terroristes européens et le risque de tentatives de coup d’Etat militaire. Pour venir à bout du FLN dans les plus brefs délais, l’usage de la torture (eau, électricité) fut admis, et même recommandé pourvu qu’il reste limité.

 

Mais une équipe spéciale, confiée au commandant Aussaresses, était secrètement chargée de liquider les individus jugés dangereux ou en trop mauvais état pour pouvoir être confiés à la justice. Des « suicides » mystérieux (ceux du chef FLN Larbi Ben M’hidi, puis d’Ali Boumendjel, et plus tard en juin la prétendue évasion du communiste Maurice Audin) semèrent l’inquiétude à Paris et imposèrent au gouvernement Mollet la création d’une commission de défense des droits et libertés individuelles. L’Etat de droit était de fait suspendu, bien que le secrétaire général de la préfecture d’Alger, Paul Teitgen, ait été chargé de contrôler les arrestations et les assignations à résidence, mais sans pouvoir le faire efficacement. Cependant l’organisation FLN-ALN d’Alger fut rapidement démantelée de janvier à mars 1957, mais une organisation beaucoup plus réduite fut reconstituée par Yacef Saadi, et commit les attentats les plus meurtriers (bombes à l’arrêt des tramways, puis au Casino de la Corniche) au début juin 1957. C’est alors que la prétendue « évasion » du communiste Maurice Audin, qui fit scandale, obligea le général Massu à révoquer Aussaresses et à confier la lutte anti-terroriste au colonel Godard, qui la mena avec des méthodes moins violentes, plus subtiles et plus efficaces. A partir de la mi-octobre 1957, l’organisation du FLN-ALN disparut d’Alger, et elle ne put se reconstituer avant décembre 1960, mêmes si des attentats beaucoup moins meurtriers furent encore commis par des groupes venus des wilayas voisines entre juin 1958 et janvier 1960.

 

 

Gérald Arboit : Après avoir donné les pouvoirs spéciaux à l'armée à la fin de l'année 1956, on a envoyé la 2ème DB (Division Blindée des parachutistes) en raison de l'aspect psychologique. Cela pouvait rassurer les Français comme l'opération Sentinelle que l'on connait actuellement dans le cadre du plan Vigipirate. On a souvent donné à l'autorité militaire les pouvoirs de police. Pour Alger « la blanche » cela ne changeait rien tandis que pour l'Alger algérienne cela changeait tout. Dans les mois précédents, une succession d'attentats avaient eu lieu dans la Casbah. Pour les Algériens l'arrivée de la 2ème DB a eu pour conséquence la création de camps de rétention, le blocage de toutes les sorties de la casbah en direction de la ville blanche et on a interpelé tout mâle de 15 ou 16 ans pour les envoyer dans des camps de rétention. On a fait ce que les américains avaient fait avec les Japonais au lendemain de Pearl Harbour. Une fois qu'on a mis tout le monde dans les camps, on fait le tri entre les "bons" et les "méchants". On a utilisé la torture pour faire le tri. Dès le mois de mars le général Jacques Pâris de Bollardière démissionne puisqu'il est contre parce qu'elle ne sert strictement à rien selon lui. On a "terrorisé les terroristes", en tout cas ceux d'Alger. Mais ailleurs il y a eu de nombreux autres attentats. On a pacifié une situation violente mais en même temps on l'a exportée dans le reste du pays. D'un point de vue purement tactique la victoire est totale, mais à quel prix ? D'un point de vue stratégique la victoire est nulle.

 

La suite ICI et ICI 

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23 juillet 2016 6 23 /07 /juillet /2016 06:00
Amadeo Modigliani aimait l’osso bucco et le barolo de Rosalie mais aussi son collègue Maurice Utrillo dit Litrio…

Lors de l’une des nombreuses et somptueuses cérémonies qui ont marqué mon anniversaire, au bar Hemingway du Ritz, Judith, je crois, évoqua les riches heures du Montparnasse des artistes et dans ma tête un peu embuée par les vapeurs de nos buvaisons je me souvins d’une chronique pondue sur ce thème.

 

Grâce au petit moteur de recherche je l’ai retrouvée.

 

C’est une histoire vraie comme on n’en vit plus dans notre vie bien propre et bien sage disais-je le 16 juin 2008.

 

Rosalie Tobia, une romaine, qui au temps de la splendeur de ses appâts fut le modèle favori du maître des pompiers, le peintre Bouguereau, l’âge venant, s’épaississant, avait acquis pour 45 francs* une petite crèmerie, au 3 rue Campagne Première, où elle installa 4 tables et ce qu’il faut de tabourets.

 

Tout normalement elle baptisa sa crèmerie-restaurant Chez Rosalie.

 

La Rosalie, dure au labeur, a du cœur, n’aime pas les snobs et leur dit, s’emporte facilement pour redescendre aussitôt, prend parti et a un faible pour Amadeo Modigliani.

 

Entre eux deux c’est toujours la commedia qui vire souvent à la tragedia.

 

Bref, son Osso Bucco, sa lasagne al forno, ses tagliatelles et ses vins : barolo, valpolicella, frascati, lambrusco, chianti, le tout à petits prix, sont connus dans le monde entier. Rosalie est la madone des artistes dans la dèche et, Dieu sait, qu’ils sont légion dans cet état car comme le lui dit Modigliani :

 

« Un artiste ne peut gagner sa vie. Il peint… Le reste ? Pfutt ! Est-ce qu’on sait ? Vois !» en lui présentant une superbe étude de nu : Commediente l’Amadeo

 

Mais revenons à notre histoire.

 

Un jour comme tous les autres jours, un jeune type barbu aux joues creuses, déjà bien éméché, pousse la porte de Rosalie. Il s’enfile trois verres de vin rouge, les paye, puis demande qu’on aille lui acheter des « caramels de couleur » * chez le marchand de couleur voisin.

 

On s’exécute. Il les mets dans sa bouche et quand ils sont à point, bien mous, il se met à peindre directement sur le mur des esquisses de Montmartre. L’artiste c’est Maurice Utrillo surnommé par les poulbots de Montmartre pour son goût immodéré de la boutanche : Litrio.

 

Sur les entrefaites, Modigliani entre chez Rosalie. L’estime des deux peintres est réciproque : ils tombent dans les bras l’un de l’autre et entament des libations vineuses. Les bouteilles descendent sans que les deux larrons daignent mettre la main à la poche.

 

Rosalie s’inquiète, demande son dû et de guerre lasse les prie d’aller cuver leur vin ailleurs. Litrio balbutie pour se dédouaner :

 

« Regardez ce que je viens de vous peindre sur votre mur » et reçoit en retour une volée de bois vert « Je ne vais pas découper le mur pour payer mon vin » éructe-t-elle.

 

Rosalie se déchaine en exploitant toute la palette du vocabulaire d’une matrone du Transtevere. Pendant ce temps les deux maîtres se font assaut de compliments : « Le plus grand peintre c’est toi » « Non, c’est toi » pour en venir aux mains et tout casser dans la crémerie de Rosalie.

 

Les pandores en pèlerine, alertés par le souk des deux compères, ramènent leur gros tarin et les menacent de les embarquer au commissariat de la rue Delambre. Litrio, en dépit de sa vinosité avancée, trouve la force de bredouiller le sésame des artistes en perdition : « Lé-on Za-ma-ron » Les hirondelles se font alors clémentes.

 

Mais, me direz-vous, qui est ce Léon Zamaron ?

 

Si vous voulez le savoir rendez vous ICI 

 

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22 juillet 2016 5 22 /07 /juillet /2016 06:00
Supplique pour sauver le soldat Thierry Desseauve de l’anonymat... il faut que les mouches changent d'âne…

Fut un temps où pour accéder au faîte de la notoriété il fallait avoir sa marionnette aux Guignols de l’info.

 

Dans le Vinoland, de nos jours, l’irruption de Gros Vins de France qui semble avoir cessé d’émettre, du Glourafi sur Twitter et tout récemment Terre de Vinasse, secoue le convenu qui sied à nos grands, ou ceux qui aspirent à l’être (oui, oui, j’en connais) critiques notateurs commentateurs en mots fleuris et payants.

 

Ce matin, avant que la touffeur de cette fin de juillet ne m’oblige à sucer de la glace, je prends la plume pour réparer l’injustice faites à Thierry Desseauve.

 

Dans un couple, il y a toujours un dominant, voyez par exemple chez Pernod-Ricard c’est le père Paul qui a tenu le manche avant de le céder à un autre Ricard. Qui connaît les Hémard ? Moi bien sûr car je sais tout ou presque…

 

Chez Bettane&Desseauve y’en a que pour le premier.

 

Pour preuve Terre de Vinasse qui le met à nouveau à sa Une :

 

« Suite à un énième article volontairement polémique sur l’éternel sujet du vin bio (passé dans un premier temps de la rédemption à l’imposture, puis à l’avenir du vin, tout ça en moins de 3 ans) et du vin naturel (une « tromperie« , dont de plus en plus de spécimens sont cependant « quite good » ), publié cette fois en anglais, Terre de vinasse est allé à la rencontre de Michel Bettane, le critique francophone le plus anglophone de la planète wine, véritable dégustateur extraterrestre planant à des années-lumière au-dessus de ses contemporains. »

 

La suite ICI 

 

Et pourtant ces derniers temps le Thierry il est sorti de l’ombre pour monter au front sabre au clair et proclamer que le bio était l’avenir du vin.

 

Vent debout plein gaz : On ne peut plus dire aux consommateurs « buvez notre vin cher » tout en le cultivant comme un champ de patates ! » Thierry Desseauve 

 

« Comme toujours, il y a des gens en avance, reconnaît Thierry Desseauve. Mais au début des années 90, il n'y avait pas grand-chose ». Et puis une nouvelle génération de viticulteurs est arrivée, consciente que l'on ne peut plus polluer les sols impunément, soutenu par des cavistes et des bars à vin avant-gardistes. »

 

Pourquoi cet ostracisme à l’égard de ce bon Thierry ?

 

Moi je l’aime bien le Thierry, il fait du vélo comme Sarko…

 

 

Mon Ventoux de la journée ! notait-il le 14 juillet.

 

C’est tout de même lui qui tient les rênes de la boutique même si N de R ne lui coûte pas très cher en notes de frais vu qu’il se fait rincer au château en permanence.

 

Thierry il est encore jeune et beau même s’il a pris quelques kilos. Certes il a un côté gendre idéal qui sans doute le dessert mais que diable il mérite mieux que ce dédain.

 

Je lance donc un appel, suis même prêt à financer un publi-reportage dans la RVF afin que justice lui soit rendue.

 

Alors en parodiant Jean-Michel Larqué à propos de Thierry Rolland nous pourrons, vous pourrez affirmer « Tout à fait Thierry… » et celui-ci pourra répondre « J'ai bien l'impression que les mouches ont changé d'âne ».

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