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7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 06:00
Isabelle Saporta la pinzuta et la brebis corse même combat !

Loin d’Hubert, de ses fastes, de ses paillettes, de ses cloches, de ses bottes, de sa valise à roulettes au prétoire, de sa fréquentation échevelée des hubs du monde entier,

 

Isabelle Saporta, nouvellement chroniqueuse dans l’émission de Thomas Thouroude « Ac Tuali Ty »sur France 2 à partir du 5 septembre à 17 h 45, a arpenté la Corse, son maquis, ses brebis bonnes marcheuses, ses cochons Nustrale en goguette, bouffant du gland, ses vaches à boucle d’oreille errant au long des routes départementales serpentant au flanc de la montagne.

 

 

Bien sûr, elle prend des précautions la leveuse de lièvres entre les ceps des GCC survitaminés par le paroissien de Jean-Pierre RICARD, archevêque de Bordeaux, évêque de Bazas, « Il ne faudra citer ni les noms ni donner de lieux précis. » Je connais ayant, bien avant elle, fréquenté avec ma casquette de « M. Corse de Michel Rocard » les sinueuses arcanes de la profession agricole des 2 Corse, la Haute et celle du Sud. En ce temps-là on risquait sa peau.

 

Leveuse de lièvres mais pas que, notre parisienne est aussi une grande défenseuse de la brebis corse !

 

« L’homme est bourru, un peu sévère. Derrière ses lunettes, il vous juge en un clin d’œil. »

 

Sont perspicace ces Corses !

 

Pour ce Corse « … hors de question… d’élever autre chose qu’une brebis locale. »

 

C’est pourtant vers les races lacaune ou sarde que les instances agricoles – comme les industriels qui lui achètent son lait – le poussent.

 

Pensez !

 

Pourquoi perdre son temps avec une brebis corse quand les autres sont de véritables pisseuses de lait ?

 

Elle est soupe au lait l’Isabelle quand il s’agit de défendre la corsitude ovine…

 

Sur le continent on parle d’éleveurs de moutons, en Corse se sont tous des bergers, du moins sont-ils inscrits à la MSA.

 

C’est au début des années 80 que cette poignée de bergers a décidé de sauver la race corse et travaillé pour que cette brebis perdure. « Ils ont porté cette démarche à bout de bras, sans financement. »

 

Enfin, si je puis dire, à la fin des années 80, les subventions arrivent mais quand la majorité change à la chambre d’agriculture le robinet se ferme et nos bergers se retrouvent « dehors, sur la route, avec leurs 150 béliers » j’oserais l’écrire sur les bras.

 

Pas question d’abandonner pour eux, avec l’arrivée d’une nouvelle génération et l’appui de l’INRA, ils obtiennent enfin la manne publique de l’Etat et de la région.

 

Notre Isabelle, fine lame politique, fait remarquer que tout ne fut pas une affaire de génétique dans cette affaire la politique y a tenu une large place « l’appartenance aux clans nationalistes des bergers corses a sûrement compté dans la méfiance de l’Etat. »

 

Les valeureux bergers d’Isabelle se voient accordé par l’Etat « un bail emphytéotique de 25 ha sur le domaine pénitencier de Casabianda, propriété du Ministère de la Justice. » pour y construire un centre de sélection.

 

« … en vingt ans, cette petite brebis de 35 kg est passée de 90 litres de lait par an à… 180 voire 250 pour les élevages les plus productifs. »

 

Je vois bien Isabelle Saporta donner des cours à Sciences-Po sur la courbe de lactation des brebis corses.

 

Combat identitaire.

 

« Bien sûr, on aurait pu aller chercher de la sarde qui crache plus de lait. Ça aurait été moins de contraintes. Mais quand on vend un produit corse, on a une identité à défendre, et cette identité, elle vient de nos brebis. »

 

Tout est dit, à méditer du côté de la charcuterie corse !

 

Pour autant, tout n’est pas rose au royaume de Jean-Guy et de Gilles, « l’élevage corse reste dans une posture difficile avec une chute importante de ses effectifs et un vieillissement des bergers. On enregistre une installation pour cinq départs. »

 

Beau combat qui réchauffe le petit cœur d’Isabelle mais une fois que le lait de la brebis corse est tiré – on dit trait – il faut en faire du fromage, du fromage corse.

 

Mais là la barre est encore plus haute, celle de nos services sanitaires « rationalisateur, les « tueurs » des petites structures, les DSV, la DGAL, les Ministres indifférents…

 

Face à l’hydre, en Corse, se dressa une association fermière, Casgiu Casanu, menée par une jolie pinzuta, Nelly Lazarrini, mariée à un Corse comme son patronyme l’indique. « Arrivée en 1999 sur l’île de Beauté, son diplôme de microbiologie en poche, elle affiche une volonté farouche de vivre de l’élevage, elle qui a passé toutes ses vacances à aider sa tante mariée, elle aussi, à un éleveur corse. »

 

Mais ceci est une autre histoire à lire dans Foutez-nous la paix ! de la néo-bergère Isabelle Saporta.

 

 

Plutôt que de chercher des POKEMON vous feriez mieux de lire !

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6 septembre 2016 2 06 /09 /septembre /2016 08:00
Les bras m’en sont tombés : le vigneron sans nez et les 2 métiers dont vous rêvez…

- Tu seras Rocco Siffredi mon fils, ou à défaut si t'es pas bien gaulé tu feras journaliste du vin !

Il n’y a pas de sot métier, même si certains sont plus durs que les autres, à ajouter au compte de pénibilité !

 

Les chroniqueurs du vin qui, chaque jour que Dieu fait, ou presque, se doivent de pisser de la copie et sont bien à plaindre puisque, la plupart d’entre eux, tirent le diable par la queue.

 

Je compatis.

 

Ainsi, au petit matin, intrigué par le titre de la chronique d'un des 5 du Vin La déception fait partie de notre métier, malheureusement…

 

J'ai lu ceci :

 

« On dit qu’il y a deux professions qui font rêver les non-professionnels, mais dont l’exercice est assez dur (sans de jeu de mots !), et qui n’en sont pas pour autant très bien payées: celle de journaliste du vin et celle d’acteur porno. Je n’ai aucune compétence particulière en ce qui concerne le second métier, mais passons. »

 

De l’humour britannique sans doute mais les bras m’en sont tombés. J’ai zappé…

 

À peine remis de mes émotions, je suis sitôt tombé sur un autre titre du Liquide et Solide : Le Vigneron sans nez.

 

Après les « sans dents » du président je me suis dit, en dépit du peu de crédit de l’auteur, que ça valait le coup de m’aventurer, sans trop me salir, sur les lignes du tout rond bas du plafond.

 

« C'est une histoire courte, aussi triste qu'incroyable. Vous m'excuserez de laisser son héros anonyme, mais cela me semble être un minimum. Sans compter qu'il y a là-dedans une part de secret médical. Et un aspect commercial.

 

On y parle d'un vigneron, réputé, en tout cas dans le Mondovino branché. Il y a quelque temps, le sort le frappe: un accident de voiture. Il s'en sort, mais avec d'importantes lésions faciales, au niveau du nez. Pas grave, me direz-vous, un nez (j'en sais quelque chose), ça se répare. Sauf qu'au passage, il perd l'odorat, et même l'autre sens qui y est lié, le goût. « Anosmie totale, probablement irrémédiable, et agueusie » tranchent froidement les médecins. Pour un vigneron (un vigneron, pas un viticulteur!), c'est évidemment catastrophique, rédhibitoire. Beethoven était sourd, cependant la musique s'écrit plus facilement que le vin.

 

Pourtant, miraculeusement, ses cuvées continuent de sortir, et ses fans de s'extasier. « Il a un assistant qu'il a formé, et qui a pris le relais » m'a-t-on expliqué. Pourquoi pas…

 

Mais vraiment, cette histoire me terrifie, j'en ai fait des cauchemars. »

 

Le pauvre garçon, même ses cauchemars, ses terreurs, sont à la hauteur de ses obsessions.

 

Si je ne connaissais pas le zèbre j'en aurais eu les bras coupés mais avec lui il ne faut s'étonner de rien, c'est un culbuto, un tordu, qui profite du moindre ragot, en la matière d'où tient-il son info, pour aigner son  énième règlement de compte avec le fameux « Mondovino branché » cher à ce spécialiste de l’évier. Je ne vois pas l’intérêt de tels propos, même sous le couvert d’un anonymat hypocrite.

 

L'ageusie intellectuelle congénitale c'est bien la pire !

 

Médisez, il en restera toujours quelque chose.

 

C’est profondément débile.

 

Je m’en tiens-là : à l’évier !

 

«Il y a trois sortes de savoir : le savoir proprement dit, le savoir-faire et le savoir-vivre ; les deux derniers dispensent assez bien du premier.»

 

Talleyrand

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6 septembre 2016 2 06 /09 /septembre /2016 06:00
Pub dans le métro berlinois d’un ophtalmologue qui propose de vous rendre indépendant de vos lunettes et autres lentilles de contact, par une opération au laser

Pub dans le métro berlinois d’un ophtalmologue qui propose de vous rendre indépendant de vos lunettes et autres lentilles de contact, par une opération au laser

Pour faire la nique, et je reste poli, aux autoproclamés défenseurs de la mémoire de Frédéric Dard, c'est du Dard dans un San Antonio « Tout le monde peut se tromper, comme disait un hérisson descendant d'une brosse à habits »

 

Mais moi je vais vous parler de Bardadrac de Gérard Genette

 

« Un Gérard Genette inattendu, plein d'humour, qui regarde son passé et son époque avec tendresse et lucidité. «Bardadrac», c'est le mot-chimère jadis inventé par une de ses amies pour désigner le fouillis de son grand sac à main. Autant dire qu'on trouve de tout dans ce livre : réflexions sur la société contemporaine, ses discours, ses stéréotypes ; souvenirs d'enfance, et d'une jeunesse marquée par quelques engagements politiques ; évocation de grandes figures intellectuelles, comme Roland Barthes ou Jorge Luis Borges ; goût des villes, des rivières, des femmes et de la musique, classique ou jazzy ; rêveries géographiques ; considérations sur la littérature et sur le langage, avec un éclairage corrosif du dialecte des médias ; et autres surprises.

 

Dans cet abécédaire enjoué et souvent ironique, l'auteur des Figures se place à l'intersection du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, des Chroniques de Vialatte et du Je me souviens de Perec. Un livre revigorant, dont la composition en fragments invite à la promenade et à la cueillette. »

 

Claude Duneton dans le Figaro

 

« L'UNE DES GLOIRES de la sémiologie du siècle dernier, réputée pour la richesse de sa pensée et l'obscurité de son langage, vient de virer sa cuti - comme on dit irrévérencieusement - en publiant un livre plein de légèreté, de saveur et d'insolence. On ne serait pas plus étonné si Kant avait soudain produit un recueil de blagues belges ou un traité de contrepèterie. Bardadrac, mot inventé pour désigner le fouillis d'un sac à main, est conçu par M. Gérard Genette comme un pseudo-dictionnaire où les réflexions, pensées, jeux de mots, souvenirs, confidences, courtes analyses se mêlent, se chevauchent, présentés tout à trac sous l'ordre alphabétique (Le Seuil, 456 p., 21,90€).

 

Tout le livre est malin, et si joliment écrit ! Il est imprégné d'ironie douce, de désillusion non carrément dite, de tristesse voilée comme il sied à un honnête homme qui a beaucoup voyagé, beaucoup appris, énormément réfléchi, et déborde de culture américaine. Le soulignage emphatique de l'anglais est familier à l'auteur : « Bien des gens ne savent pas vraiment ce qu'ils aiment : sans en avoir conscience, ils demandent toujours à autrui (par exemple au diktat du modèle médiatique) de leur dire ce qu'ils doivent aimer. » Très juste !

 

Le livre fourmille de satires dont certaines semblent sortir de chez La Bruyère - voir mégalauque. On y saute d'un clocher roman à une définition de l'homme, à des souvenirs de jeune militant : « La rue d'Ulm passait chez les politiciens de droite pour le bastion communiste qu'elle n'était pas tout à fait, malgré nos efforts, à quoi résistaient quelques-uns, non sans mérite », à l'agonie de la mère aux lèvres desséchées « qu'on ne cessait d'humecter avec un linge mouillé ».

 

La suite ICI 

 

Gérard Genette saute et gambade 

 

LE MONDE DES LIVRES | 26.03.2014 par Jean-Louis Jeannelle

 

« Il y a de cela huit ans, en 2006, Gérard Genette faisait paraître un nouveau livre au titre énigmatique, Bardadrac, dans une collection quelque peu sulfureuse pour un théoricien bon teint : « Fiction & Cie ». Ses lecteurs en furent déboussolés, tout étonnés que le pape de la critique formaliste fût également un écrivain. »

 

Bardadrac surprit tout le monde et valut à Genette un nouveau public. Composé de fragments de longueurs variables et classés par ordre alphabétique, le volume brassait souvenirs intimes, digressions théoriques, portraits d'amis plus ou moins célèbres ou encore dictionnaire des idées reçues. Le tout rehaussé par un humour corrosif dont les critiques s'étonnèrent, mais où les habitués reconnurent le propre de Gérard Genette, celui qui n'hésite pas à juxtaposer aux propos les plus sérieux une liste de « mots-chimères », en digne héritier de Lewis Carroll et de Joyce – « Anarchiviste : bibliothécaire bordélique », « Burlesconi : politique italien», « Crucifiction : sans commentaire », « Phallacieux : se dit d'un sophisme sexiste »…

 

Le pli était pris : en 2009, Genette prolongea Bardadrac d'une addition, baptisée Codicille, suivie en 2012 d'Apostille et, aujourd'hui, d'Epilogue.

 

 

BESTIAIRE

 

« L’éléphant se laisse caresser, le pou, non. »

Lautréamont

 

La pervenche n’est pas un oiseau : vous confondez avec la mésange.

 

La girolle n’est pas un poisson : vous confondez avec la girelle.

 

Le chevreau n’est pas le fils du chevreuil.

 

Le porcelet n’est pas le mari de la porcelaine.

 

La chouette n’est pas la femelle du fourmilier mais tout le monde peut se tromper, comme disait le hérisson en redescendant d’une brosse à cheveux.

 

L’alouette, qui jadis vous tombait toute rôtie dans la bouche, n’est plus guère connue que par la recette de son pâté, mi-alouette mi-cheval soit une alouette, un cheval, etc.

 

La grenouille, d’ailleurs, n’est pas la femelle du crapaud ; ce n’est pas elle qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, mais bien lui, et lui encore qui aspire sans pouvoir l’expirer tout l’air qu’on lui offre au moyen d’un tuyau ou d’une cigarette, et dont il ne peut que crever ; ne lui faites jamais ça, si vous ne voulez pas qu’on vous le fasse ; la grenouille, elle, n’aspire qu’à un roi, dont elle se mordra les doigts.

 

« Le biologiste passe, la grenouille reste. »

Jean Rostand

 

Mais ce n’est plus la même ; elle vit dans le bénitier, la punaise dans la sacristie, le cafard dans le confessionnal, les corbeaux dans le clocher : chacun son métier.

 

De mémoire de drosophile, on n’a jamais vu mourir un généticien.

 

« La vache à quatre pattes qui descendent jusqu’à terre, ce qui facilite la tâche du vacher : pour recenser son troupeau, il compte les pattes et divise la somme par quatre. »

Alexandre Vialatte

 

La carpe et le lapin ne passent pas leurs vacances de noces ensemble.

 

Le lapin et le canard jouent à cache-cache.

 

« Les juments ne sont pas engrossées par le vent. »

Virgile, qui la répand, n’était pas dupe de cette légende.

 

La vipère est lubrique, le rat visqueux, l’hyène dactylographe.

 

La souris ne peut rien sans la puce.

 

Une souris qui accouche d’une montagne, c’est une erreur de casting.

 

La chauve-souris n’est chauve ni souris.

 

Un bouc-émissaire peut-il être une vache à lait ? – Oui, et même, ça aide ses bourreaux.

 

L’œuf de Christophe Colomb n’est pas un œuf de colombe.

 

La musaraigne comme son nom l’indique, naît du croisement d’une souris (mâle) et d’une (araignée femelle), ou inversement.

 

L’orfraie ne pousse des cris que lorsqu’on la prend pour une effraie.

 

Le colibri, hybride de mouche et d’oiseau, est géostationnaire, comme l’alouette.

 

L’ornithorynque est inclassable.

 

La limace est incassable.

 

La cigogne ne demande rien à la fourmi.

 

La tortue brise à coup d’écaille le crâne des poètes tragiques.

 

Le chagrin a de moins en moins de peau.

 

Le congre n’est pas malingre, nongre.

 

La perche n’est pas facile à saisir.

 

« Le gerfaut naît dans un charnier. »

Heredia

 

Le paon n’est pas toujours grand.

 

« L’escargot va lentement, mais il ne recule jamais. »

Vialatte

 

Le zèbre n’ôte jamais son pyjama.

 

La murène adore les esclaves.

 

Les cornes de la gazelle sont comestibles.

 

Le renard aime les raisins, mais leur préfère un fromage ; celui de ma mère orné de faux yeux en verre qui me fascinaient, ne quittait son armoire que pour les grandes occasions.

 

L’anguille ne se met jamais au vert : il faut un Flamand pour l’y mettre.

 

Le flamant, lui, dort sur une seule patte, comme le fakir.

 

Le pinson est toujours gai.

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5 septembre 2016 1 05 /09 /septembre /2016 08:00
Polygraphies corses (5), le Ferry coule, Michel Rocard n’est pas encore arrivé à Monticello et « la Corse est 1 île compliqué pour 1 continental ; pour 1 Corse aussi. »

C’est du Jack Palmer de Pétillon dans l’Affaire Corse, une BD culte sur l’île et Dieu sait qu’elle n’épargne personne.

 

Oui la Corse c’est compliqué et alors ça fait des sujets de conversation pour les pinzutu : le tango corse de Fernandel, les vaches étiques à boucles d’oreille, les porcu neru vagabonds, le « saucisson d’âne » pour bobos parigots, le canal historique et le canal habituel, les roucoulades de Tino Rossi, les bonapartistes, les indépendantistes et les autonomistes, les panneaux indicateurs truffés de plomb, Pascal Paoli, les Porsche Cayenne, le PRG, les clans, le village… la liste reste ouverte… ICI 

 

Quand à mettre tous les Corses dans le même sac, comme le font les continentaux de tous poils il y a un pas que je me refuse à franchir… La réalité est bien plus compliquée que

 

Cyrille Graziani, journaliste politique à France Inter, qui vient de publier chez Fayard, une chronique élyséenne Le Premier Secrétaire de la République répond dans une interview à Settimana supplément hebdomadaire de Corse-Matin :

 

« … j’ai couvert l’élection de Gilles Simeoni en décembre dernier et j’ai été frappé de constater que personne à Paris, ni à l’Élysée ni à Matignon, n’avait compris ce qui était en train de se passer en Corse. La plupart des dirigeants actuels de gauche ont un logiciel totalement erroné… »

 

Bien d’accord avec lui, du côté de la droite la ligne est plus claire : ils n’ont pas mieux compris que la gauche ce qui se passe en Corse mais ils n’ont pas varié d’un pouce, ils sont derrière leurs électeurs conservateurs, ceux de la France une et indivisible.

 

En Corse on aime la politique, pour le pinzutu que je suis ce n’est pas toujours simple de décrypter les subtilités du débat politique tel qu’il est transcrit dans Corse Matin. Les subtilités du PRG de Paul Giacobbi et celui d’Émile Zuccarelli, les défections du groupe Prima a Corsica, le MCD de François Tutti (les tuttistes) rabiboché avec le PRG d’Anthony Alessandrini, l’ennemi intime de Jean Zuccarelli du même PRG, les divisions de groupes qui n’ont que très peu de divisions, et comme l’écrit Anne-C Chabanon : « D’un président à l’autre, et au milieu coule une gauche. »

 

Il y a un côté PSU dans la « gauche » corse, chez les nationalistes aussi. C’est sans doute pour cette raison, entre autres, que les Corses aiment Michel Rocard qui a eu la bonne idée de venir s’installer pour sa vie éternelle à Monticello en Haute-Corse.

 

Pour preuve l’édito de Jean-Marc Raffaelli sur la fameuse Rentrée dans Settimana :

 

« … C’est aussi la rentrée politique avec une droite à l’école primaire. Les candidats se déchaînent dans leur bac à sable. Les coups pleuvent et certains sont portés sous la ceinture. Cette famille politique croule sous le linge sale. On ignore qui de Nicolas Sarkozy ou d’Alain Juppé sortira vainqueur, on sait qu’il ne sortira ni plus grand ni plus fort mais épuisé et anémié. En face, c’est aussi l’école déprimaire. La gauche, balkanisée, répand ses morceaux incollables. Le prévisible Macron, l’Emmanuel scolaire, peut frustrer Hollande de son désir de réélection. Marine Le Pen a volontairement disparu des écrans pour mieux compter les coups, va exploser les compteurs quand elle décidera d’effectuer sa propre rentrée. L’élection présidentielle va ressembler à un challenge d’impopularité. De toute façon, gouverner c’est exaspérer.

 

La seule rentrée qui va nous émouvoir, ici en Corse, c’est celle prochaine, de Michel Rocard dans sa dernière demeure de Monticello. Ce réformiste radical version Camus a eu la mauvaise idée de nous quitter, mais il fera planer son esprit de rectitude et sa vision éthique qui se liguaient contre tous les chaos, qu’ils soient religieux, sociaux ou climatiques. De l’humanité, c’était un maître d’école. Qui n’avait rien de primaire. »

 

J’aime le ton de ce supplément vachard avec les pinzutu du marigot politique du continent qui charrient trop souvent des clichés éculés sur la Corse.

 

Première tête de turc : le Che de chez nous

 

Les journalistes se payent la fiole, sous le titre : Jamais 3 sans 4 de Jean-Pierre Chevènement, « revenant éternel » et « démissionnaire patenté ». Les Corses lui vouent un chien de leur chienne suite à sa prestation remarquée comme Ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin avec la rocambolesque affaire de l’incendie de la paillotte Chez Francis menée de main de maître par le Préfet Bernard Bonnet

 

3 démissions dans sa musette, en vertu de la maxime « un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne », la première sous Mauroy en 83, sous Rocard en 91 et sous Jospin en 2001, les paris sont ouverts pour le nouveau président de la fondation pour l’Islam.

 

Rappelons à la jeune génération que JPC, grand conducator du Territoire-de-Belfort, cryptocommuniste à la sauce Guy Mollet dans ses jeunes années, fut celui qui permis, en s’alliant à la droite des socialistes de Gaston Defferre, à Mitterrand de s’emparer du PS au congrès d’Épinay. Par la suite notre Che revenu du ciel fonda le MDC pour assurer sa survie électorale.

 

Seconde tête de turc : La poule qui philosophe.

 

« Pour booster le FN et les milices corses, la décision calamiteuse du Conseil d’État est idéale. »

 

Cette déclaration du sémillant Luc Ferry lui vaut un titre au vitriol : Le Ferry coule.

 

Et de recevoir une volée de bois vert.

 

« On se souvient que l’impétrant avait perçu son coquet salaire de 4500 euros nets en 2010-2011 sans enseigner à l’Université Paris VII Paris-Diderot : en situation de « détachement » il œuvrait au sein du Conseil d’analyse de la société, un énième comité Théodule gouvernemental. »

 

Comme dirait l’autre, ne pas enseigner ne dispense pas de donner des leçons, fut-ce à tort et à travers.

 

Enfin une grosse colère sur la fable de Sisco :

 

« Vous avez adoré :

 

« Les baigneurs pacifiques agressés par une horde fasciste corse… »

 

Vous avez été stupéfait par :

 

« On était tranquillement à la plage lorsque des fous furieux nazis nous ont agressés. »

 

Vous avez frémi devant le hit incontournable :

 

« Mon harpon, c’est du bidon. »

 

Vous vous réjouirez du nouvel opus :

 

« J’ai dû m’enfuir car des satanistes corses voulaient brûler ma famille… »

 

Sur tous les écrans des chaînes d’info en continu.

 

De quoi patienter en attendant le procès des protagonistes de Sisco. Sur l’air de « Ce pas moi, c’est eux. » On croit rêver. Tout le problème est qu’on ne rêve pas. »

 

Dans ce texte écrit deux ans avant sa mort, l’ancien Premier ministre, qui n’a «pas une goutte de sang corse» explique pourquoi il voulait reposer à Monticello. Lues par son fils aîné lors de la cérémonie au temple de l’Etoile, ces lignes nous ont été transmises par un ami de la famille.

·

Michel Rocard : «J’irai dormir en Corse»

 

Le temps viendra bientôt, pour moi, comme pour tous, de quitter la compagnie des vivants. Enfant de la guerre, préservé presque par hasard des souffrances les plus atroces qu’elle a pu engendrer, j’en ai côtoyé le risque d’assez près pour avoir ensuite voulu découvrir, observer, savoir, analyser, comprendre, visiter aussi les lieux d’horreur d’Alsace, d’Allemagne, de Pologne, plus tard d’Algérie ou du Rwanda. Toute mon adolescence, j’ai rêvé que ma trace soit porteuse de paix. Je ne pense pas avoir manqué à ce vœu. Certains le savent encore en Algérie, tous en Nouvelle-Calédonie, je fus un combattant de la paix. N’était la violence des hommes, la nature étant si belle, la vie aurait toutes ses chances d’être merveilleuse si nous savions y créer l’harmonie. Ce fut l’effort de mon parcours.

 

Reste un rêve un peu fou, encore un : que ma dernière décision, l’ultime signal, le choix du lieu où reposer, soit pour tous ceux qui m’ont aimé, ou même seulement respecté, une évidente, une vigoureuse confirmation. Après tout, le déroulement de la vie elle-même a son rôle à jouer dans ce choix final.

 

Sylvie, ma dernière épouse, m’a fait, le temps de ce qui nous restait de jeunesse, redécouvrir l’amour, puis surtout rencontrer sérénité, tranquillité, confiance, le bonheur tout simplement.

 

A son père adoptif corse, elle doit le sauvetage de son statut social, mais pas l’affection. Elle lui doit pourtant un lieu, celui de ses joies d’enfant, de ses premières et longues amitiés, de l’exubérance de la nature, de sa beauté et de ses odeurs, au fond le lieu de son seul vrai enracinement. C’est un village, Monticello en Balagne.

 

Je n’ai pas une goutte de sang corse, et n’avais jamais mis les pieds sur l’île avant 1968. Le mois de mai de cette année-là avait échauffé les esprits. Je ressentis puissamment le besoin de rassembler pour une bonne semaine, la quarantaine la plus active d’étudiants et de cadres du PSU. La mutuelle étudiante rendit cela possible en Corse. «De la violence en politique et dans l’histoire, pourquoi ? Jusqu’où ?». Tous les jours exposés, découvertes de textes, réflexions, discussions… Tous les soirs et le dimanche, pour moi, découverte de cette merveille du monde, la Corse, qu’habitaient deux bonnes centaines de militants PSU… Paysans, historiens, chercheurs, animateurs du nationalisme non violent prirent à cœur d’être mes instructeurs. Je découvris la violence de l’histoire corse, ne l’oubliai plus, j’appris surtout à la connaître et à la respecter. J’en parlai beaucoup, j’écrivis même.

 

Mais je m’occupais d’autre chose, longtemps d’Europe notamment sur la fin. Vint cette situation bizarre où la régionalisation des élections européennes, combinée avec les manœuvres internes au PS firent de moi la «tête de liste» socialiste pour les élections européennes de 2004 en Corse… J’avais sur ma propre tête 22 campagnes électorales de toutes dimensions de la France entière à ma commune. La Corse m’honora de 28 %. C’est le record absolu de toute ma vie sur trente-cinq ans. C’est aussi le record régional du PS à ces élections-là. C’est enfin le record historique de la gauche sur l’île. Et puis Monticello : 37,2 % tout de même. L’occasion ne m’avait jamais été donnée de remercier. Ce sera fait. A Monticello, le cimetière est plein. Ne restait dans la partie haute, au-delà des caveaux, qu’une microparcelle trop petite pour une tombe, suffisante pour deux urnes, au ras de la falaise. Arbres et tombeaux, tout est derrière nous. L’un des plus beaux paysages du monde. Et puis bien sûr, qui dit cimetière dit réconciliation… Le grand Pierre Soulages s’est chargé de pourvoir à ce que les objets à placer là, une urne puis deux, un support, une plaque puis deux, magnifient la beauté du lieu plutôt que de la déparer.

 

A l’occasion, venez nous voir, me voir : il faut garder les liens. Peut-être entendrez-vous les grillons, sans doute écouterez-vous le silence… A coup sûr la majesté et la beauté de l’endroit vous saisiront. Quel autre message laisser que de vous y convier ?

 

Michel Rocard ancien Premier ministre

 

Sur l’île mais pas que, la mort de l’ancien chef du gouvernement a suscité de l’émotion, la classe politique saluant la mémoire d’un homme d’État ayant eu des relations privilégiées avec la Corse.

 

 

LDH CORSICA : « Corse : Jacobins, ne tuez pas la paix », tel était le titre d’une tribune courageuse de Michel Rocard parue au lendemain de l’assassinat du Préfet Claude Erignac. Et de préciser « il serait dommage et dangereux qu’une frilosité républicaine bornée l’empêche d’établir entre la France et la Corse de nouvelles relations fondées sur la confiance réciproque ». Mettre en action aujourd’hui ce conseil de Michel Rocard, n’est-ce pas l’hommage qu’il revient de lui rendre, pour la Corse et la République, en construisant la paix.

 

Gilles Simeoni : Michel Rocard est mort. Nous le pleurons. Il fut un humaniste convaincu, un homme d’État, et un ami sincère de la Corse et de son peuple.

 

Paul Giacobbi : Michel Rocard était toujours en avance sur son temps, mélange détonnant d’originalité et de réalisme, de générosité et de rigueur.

 

Jean Guy Talamoni : Michel Rocard: un homme courageux, visionnaire et qui aimait la Corse. Pensées amicales à Sylvie, son épouse, et à tous les siens.

 

Dans un communiqué Le Mouvement Corse Démocrate rappelle que Michel Rocard était un « militant, un réformateur, un vrai progressiste qui avait à cœur de faire avancer les valeurs de la république. »

 

Dans un communiqué A Ghjuventù Indipendentista tene à salutà a mimoria di unu di l’omi pulitichi francesi chi avianu capitu a Corsica è i Corsi, l’anzianu Primu Ministru Sucialistu Michel Rocard. Per via d’un discorsu d’avant’à a sò Assemblea Naziunale, avia ricunnisciutu a culunisazione di a Corsica da a Francia, è messu in piazza una pulitica d’appertura, ch’ellu sustenia sempre ancu qualchi mesi fà, à l’Assemblea di Corsica. Si ne andatu oghje à l’età di 85 anni. Ch’ellu sia un esempiu per u guvernu francese attuale è per quelli à vene.

 

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5 septembre 2016 1 05 /09 /septembre /2016 06:00
Les coups de marteau des tonneliers retentissaient sur les barriques sonores ; on respirait une odeur vineuse, chaude, subtile...

« Parmi les choses qui énervaient François Mitterrand, il y avait le goût «immodéré» qu'on lui prêtait pour Jacques Chardonne. Il appréciait encore moins que, Chardonne à l'appui, on lui attribue «un tempérament de gauche et une culture de droite», hypothèse avancée par Régis Debray dans les Masques. Sans aller jusqu'à l'insolence d'un autre ex-conseiller (le roman Grand Amour d'Erik Orsenna donnait une vision farce des chausse-trapes élyséennes), Régis Debray avait touché un point sensible. Mitterrand n'aimait pas (tous les lecteurs au monde ont horreur de ça) qu'on l'enferme dans sa culture d'origine, les Barrès et Bourget de la bibliothèque maternelle, ou les grands stylistes secs dont le pessimisme hautain est, en effet, rarement de gauche. Et l'auteur des Destinées sentimentales était pro-allemand pendant la guerre. »

 

« Grâce à la NRF, l'adolescent d'Angoulême a découvert Montherlant, Gide, Drieu, Claudel. Avec Claude Roy, ils échangent Gobineau, Suarès, Rosamond Lehmann. Le jeune homme qui débarque à Paris en 1934 va bientôt écouter Valéry à la Sorbonne, Benda et Malraux à la Mutualité (Malraux sera trop cruel en 1965 pour qu'il le mette en bonne place dans sa bibliothèque). Il est déjà lecteur de son temps. Il n'est pas ­ pas encore du genre à rencontrer les mythes en chair et en os, à l'exception de François Mauriac (autrefois ami d'un oncle), dont la bienveillance lui est longtemps garantie dans le Bloc-notes : «C'est un garçon romanesque : je veux dire, un personnage de roman.» (1954). «Il aurait pu comme moi-même être un écrivain.» (1959)

 

Claire Devarieux

 

 

« Comme l’eût fait une femme bien née pour son rejeton, Chardonne débarbouillait sa phrase avant de la présenter au monde; littérature affinée, écrémée – écrêtée même! – car débarrassée du superflu qui encombre et affadit. En bon artisan, il polissait son oeuvre à l’infini, réécrivant, réduisant, remaniant jusqu’à ce que son propos prît la tournure souhaitée et reflétât au mieux la richesse de sa pensée. Un Flaubert sans gueuloir en somme.

 

Laissons aux anges la part qui leur revient. Les mortels auront le reste. Le cognac n’est jamais bien loin. D’une lente maturation, d’une savante élaboration et d’une fantaisie bien orchestrée auxquelles se mêle un soin tout particulier porté à l’exécution, la prose de Chardonne trahit sa double nationalité littéraire et familiale: cognac et Charentes pour le père, porcelaine et Amériques pour la mère. »

 

Patrick Bonney

 

 

« Regardant son tailleur de serge dans la glace de l'armoire, un matin Pauline eut envie de robes légères. Elle mit un canotier de paille blanche, une voilette de dentelle à grands dessins opaques et prit son ombrelle foncée à long manche. Elle voulait voir madame Corbeau, la couturière et s'arrêta au bureau pour demander de l'argent.

 

Elle sortit par l'écurie après avoir frôlé d'un petit coup des doigts les naseaux de son cheval et le cou soyeux, puis elle suivit les quais.

 

Les caisses de sapin rosé s'entassent au bord de la Charente, des barriques neuves roulent sur les rails de bois vers une gabare, et les laveuses agenouillées parmi les roseaux battent le linge; la rivière brille dans la lumière, glisse et se perd entre les prairies sous un ciel bleu, traversé de petits nuages effilés et ambrés qui portent encore des reflets de la côte marine. Devant une rangée d'ormes, les maisons d'un gris délicat, en pierres grenues, simples, solides, sans mystère, des persiennes blanches, un balcon en fer en corbeille, ont toutes leurs fenêtres ouvertes au soleil.

 

Pour s'abriter du sol étincelant, Pauline traversa le quartier des chais, par des ruelles ombreuses, entre des murs noirs, percés de larges portes basses, toujours ouvertes, qui lui soufflaient au visage une fraîcheur de cave. Les coups de marteau des tonneliers retentissaient sur les barriques sonores; on respirait une odeur vineuse, chaude, subtile.

 

Jacques Chardonne,

Les coups de marteau des tonneliers retentissaient sur les barriques sonores ; on respirait une odeur vineuse, chaude, subtile...
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4 septembre 2016 7 04 /09 /septembre /2016 08:00
CHAP.17 extrait sec, Zemmour « Le droit doit se soumettre à la sauvegarde de la nation en péril. Ce n'est qu'à ce prix que nous desserrerons l'étreinte de notre triangle islamique invasion, colonisation, conflagration. »

Tu prends les cartes, tu brasses les cartes, tu coupes… Dame de pique… Dame de cœur… Poker menteur… Je suis joueur… Interdit, je me suis fait interdire des tables de jeu… Interdit d’amour aussi. Je brouille les cartes… Fausses pistes… Trier le bon grain de l’ivraie… Écarter les pourquoi… Ne rien attendre… Écrire…

 

Des scories d’abord !

 

À Ajaccio le soleil se levait, l’air était tendre et la lumière fine, au marché nous avons baguenaudé entre les étals et Raphaël a fait une provision de charcuterie et de fromages de brebis, corses bien sûr, dans un grand cabas d’osier qu’il venait d’acheter au bazar qui jouxte le marché. Mon estomac criait famine. Jasmine, qui jusqu’ici planait dans la gaze de sa nuit blanche, me tirait par la manche en pointant son index sur des petites boules de pâte dorée constellées de sucre en poudre « j’en veux plein… je suis en manque de sucre… »

 

Sur la terrasse du bar PMU où nous nous étions assis, Jasmine, les lèvres barbouillées de sucre, me taquinait « Toi mon coco je suis sûre que tu tires ta science d’un séjour prolongé dans les bras d’une femme de braise de ce beau pays… »

 

- Tu te trompes jolie cœur. C’est pire !

 

- …

 

- Je connais les moindres replis de cette île.

 

- Et pourtant tu nous as dit n’y avoir jamais mis les pieds…

 

- Exact ma belle sucrée…

 

- Ne cherche pas à détourner la conversation en me flattant. Tu as encore pataugé dans les égouts…

 

- C’est mon fonds de commerce, tu le sais bien !

 

- Arrête ton char ! Ne fais pas ton Pasqua ! Je n’aime pas ça !

 

- Canal historique ou canal habituel ?

 

On s’acheminait doucement vers l’heure de l’apéro et les accros du Tiercé nous environnaient. Que des vieux comme seule la Corse sait en faire, en grappes, avec la somme de leurs petites habitudes. Jasmine s’est levée. Elle m’a souri en me caressant les cheveux puis, empoignant son sac, d’un pas décidé elle s’est engouffrée dans la salle du café. Les vieux n’ont pas levé les yeux. Je rêvassais. Raphaël dépiautait Corse-Matin. Et puis, alors que je m’assoupissais, une forme étrange de houle, imperceptible mais palpable, me ramenait à la surface. Les vieux avaient rectifié leur position. Il faut dire que le spectacle qui s’offrait à eux en valait la peine : Jasmine avait troqué son jean pourri et son sweet informe pour une ravissante et très courte robe à bretelles qui donnait un aperçu complet et convaincant de ses charmes. Sa peau mate déjà dorée, ses cheveux jais taillés courts, son air canaille et ses sandales de moines la plaçaient dans la catégorie des inaccessibles, celles qui choisissent. Elle se plantait face à nous « et maintenant que la fête commence ! »

 

Vous êtes perdus, moi aussi…

 

« Si tu restes toute la nuit éveillée à faire l’amour, disait-elle, tu te sens vraiment beaucoup plus reposée que si tu ronfles comme un bœuf pendant des heures. »

 

Salman Rushdie

 

Encore un retour en arrière et puis c’est fini :

 

Je lâchai prise, coupai tous les ponts, mais sans fuir. Sonné, KO debout, je me laissai glisser, comme ça, sans réagir, doucement, les yeux grands ouverts. Ce fut une glissade un peu raide mais toujours contrôlée, bien maîtrisée. Je savais ce que je voulais, mourir, mais à petit feu. Mon but : aller au bout de mon chemin, sans contrarier la nature, en me contentant de contempler ma déchéance. Simple spectateur de ma vie. Emmuré dans le chagrin, mes yeux restaient secs. Pleurer c'était prendre le risque de fendre ma carapace, de m'exposer à la compassion. Pour tenir je devais faire bonne figure. Alors, j'allais et venais, affrontant l'intendance qui suit la mort avec le courage ordinaire de ceux qui assument les accidents de la vie. Mon masque de douleur muette, souriante même, me permettait de cacher, qu'à l'intérieur je n'étais plus que cendres. La mort rassemble. Autour de la grande table chez Jean, le soir, nous parlions. Nous parlions même d'elle. J'acceptais même de parler d'elle. Nous buvions aussi. Le vin délie les langues et allège le coeur. A aucun moment nous étions tristes. Marie, couchée dans le grand lit de Jean, nous imposait son silence éternel.

 

On prit mon emmurement serein pour du courage. Aux yeux des autres, mes proches, mes amis, ceux de Marie, ses parents, j'étais admirable. Non, j'étais déjà mort. Seul Jean pressentait mon délitement intérieur. Il bougonnait, tournait en rond, maudissait le ciel et me pistait comme un vieux chien fidèle. Les mots des autres filaient sur moi sans y laisser de traces, alors que les miens, précis, menaient leur dernier combat. On me laissait faire. Avec Jean, nous décidions de porter nous-mêmes Marie en terre au cimetière de Port-Joinville. Qu'elle restât sur notre île, sans fleurs ni couronnes, relevait pour nous de la pure évidence. Ça ne se discutait pas. Le maire obtempérait, et c'est dans notre C4, au petit matin, avec Achille coincé entre nous deux, que nous sommes allés jusqu'au trou béant. De la terre remuée et ce ciel pur, cette boîte en chêne vernis à poignées argentées, un moment j'aurais voulu qu'on chantât le Dies Irae. Des mains serrées, quelques pelletées, des baisers, des étreintes, des sanglots étouffés, encore des mots échangés et nous sommes allé au café. Là, j'aurais bien voulu pleurer.

 

Sur la dalle, avec Jean, nous avions fixé une petite plaque en terre cuite émaillée – c'est un de nos amis potier qui nous l'avait confectionné – « Marie fleur de mai ». Il me fallait quitter l’île. Le père de Jean, vivant à demeure à Port-Joinville, me promit de venir chaque semaine lui porter des fleurs de son jardin. Dans un ailleurs flou, j’accueillais toutes ces attentions avec le sourire. Je n'étais pas malheureux. Je n'étais plus rien, un galet roulé, lisse, sur lequel je laisserais glisser ma vie. Avant de partir je suis allé sur la lande cueillir une brassée de fleurs. Jean m'attendait devant le portail du cimetière avec le grand vase de vieux Rouen qu’aimait tant Marie. Nous sommes descendus nous bourrer la gueule au port. Les marins piquaient le nez dans leurs verres. Le bateau a appareillé, sur le quai, Jean et Achille figés, vigies d’un temps heureux, me semblaient déjà s’engloutir dans le marais de mes souvenirs.

 

Revenons à la réalité, au bal des vanités.

 

Zébulon, l’écrivain par intérim, est donc désormais officiellement candidat à l’élection présidentielle, pardon à la primaire de la droite qui n’est pour lui qu’une simple formalité. Il va tous les bouffer ! Il a légué à ses petits copains, le Fou du Puy, Laurent Wauquiez qui tient maintenant les rênes du parti Les Républicains. Tout ça, selon Sarko à roulettes, c’est la faute à NKM qui aurait pu, si elle avait gardé pour elle ses ambitions présidentielles, occuper le poste de Laurent Wauquiez.

 

Dans Le Point du jeudi 1er septembre, il déclare droit sur ses talonnettes : «Elle a été ma porte-parole, numéro 2 du parti, et elle n'est même pas foutue de réunir les signatures de militants ? Elle serait restée bien tranquille, elle serait aujourd'hui présidente du parti ! » Normal, pour notre Sarko aux trois femmes officielles, il en est ainsi : les gonzesses doivent rester à leur place, bien tranquilles. Pas sûr qu’avec la Carla, multirécidiviste de mecs en tout genre, le concept dure aussi longtemps que les contributions indirectes. Une gamelle à la primaire et patatras retour à la maison la queue entre les jambes. Dur, dur, et plus dure sera la chute !

 

Pour l’heure celui que Jérôme Lavrilleux, ancien bras droit de Jean-François Copé, désignait comme « une raclure » suscite aussi les commentaires acerbes de certains membres de la direction du parti. Également cité par Le Point, Éric Woerth, secrétaire général de LR et donc deuxième tête de la direction du parti, lâche ainsi : C'est un fou ! Il est sans filtre, sans limite.



Luc Chatel aussi fait part de son effroi de voir une telle personne diriger le premier parti d'opposition. Cité par l'hebdomadaire, le président du conseil national des Républicains dit : Quand il me parle, il me glace. Il a zéro conviction mais il bosse énormément, ce qui le rend d'autant plus dangereux.

 

En résumé : Wauquiez est un fou dangereux sans filtre, sans limite et sans conviction. Ce qui est plutôt rassurant.

 

On se souvient qu'en décembre 2014, celui qui était alors n°3 du parti avait fait mesurer son bureau de l'UMP pour s'assurer qu'il était de la même taille que celui de NKM… Dernièrement, c'est sur le titre même de son poste que Laurent Wauquiez s'est insurgé. L'élu LR n'apprécie pas trop de voir accolé à son poste de président de Les Républicains le terme "par intérim". Il l'a donc fait supprimer des communiqués officiels, précise Le Point.

 

Nous vivons une époque formidable

Découvrez qui sont les 82 candidats déjà déclarés à l'élection présidentielle de 2017

 

A sept mois du premier tour, la liste des prétendants est pléthorique.

 

Benoît Zagdoun France Télévisions

 


publié le 02/09/2016 | 17:16

 

La succession de François Hollande fait visiblement des envieux. A sept mois du premier tour de l'élection présidentielle, au moins 82 Français ont déclaré leur intention de se présenter, selon un décompte réalisé par franceinfo et publié vendredi 2 septembre. Certains sont bien connus, d'autres au contraire en sont à leur toute première tentative… Pour s'y retrouver dans cette jungle des candidatures, franceinfo a établi un trombinoscope des prétendants à l'Elysée. Cliquez sur la photo de chacun des candidats pour découvrir son profil détaillé. Filtrez et triez cette liste selon les critères de votre choix.

 

ICI 

 

Mais ce n’est pas tout voici le Macron qui sème la terreur sous les lambris dorés du château :

 

Candidature Macron: ces chiffres qui font peur à l’Elysée

 

Par Ghislaine Ottenheimer

 

L’ex-ministre de l’Economie, presqu’aussi populaire qu’Alain Juppé, est le seul, selon les sondages, à avoir une chance de qualifier la gauche au second tour. Et de battre Sarkozy!

 

ICI

 

 

Le couple Macron à la Une: les nouveaux Sarkozy de la politique?

 

Par Bruno Roger-Petit

 

La ménagère ne parle plus macreuse, elle parle Macron. Et cela énerve la classe politico-médiatique traditionnelle. Macron à la Une deParis Match. Macron à la Une de VSD. Emmanuel et Brigitte, couple uni en route vers l’Elysée. « Ringard » et « vintage », « old school » et « années 80 » disent les critiques de l’establishment. Oui, sans doute, à ce détail près que dès que Paris Match affiche Macron en tête de gondole, les ventes de l’hebdomadaire s’envolent.

 

Le paradoxe est pour le moins surprenant. Voici un pur produit de la verticalité française, passé par l’ENA et la Banque, l’Elysée et le gouvernement, parrainé par les puissances de l’époque, qui font et défont les carrières, lancé tel une torpille contre le système qui l’a fait roi, en écho avec l’aspiration contemporaine à l’horizontalité. Macron est vilipendé par les journaux politiques de la tradition, qui par vocation détestent les détournements people de la politique, mais adulé par les journaux destinés à la ménagère en mal de nouvelle sensation.

 

ICI 

 

Hollande est-il vraiment plus bavard que ses prédécesseurs?

 

Par François Bazin

 

Ainsi donc deux questions d’une extrême gravité dominent-elles les débats de cette rentrée politique. La République est-elle soluble dans l’eau de mer dès lors que les femmes qui s’y baignent portent un burkini? La même République est-elle abaissée dès lors que le Président semble passer plus de temps à fréquenter les journalistes qu’à redresser le pays?

 

Faute d’avoir un avis tranché sur la première question, on se contentera ici de mettre notre grain de sel dans les discussions passionnées que soulève la seconde. L’auteur de ces lignes fait partie de ceux auxquels François Hollande fait parfois l’honneur d’ouvrir les portes de son bureau. Exceptionnellement, cette chronique traitera donc d’un sujet qu’il connait autrement que par ouï dire.

 

«Combien de fois?» me demandait récemment un confrère curieux. Bêtement, j’ai failli lui répondre : et dans quelles positions? J’avoue ne pas avoir compté le nombre de mes rencontres avec le chef de l’Etat depuis qu’il est en fonction. Ce qui est sûr, c’est que mes performances sont très nettement inférieures à celles de ces nouveaux Don Juan de la presse politique que sont mes confrères Rissouli et André (20 fois) et Davet et Lhomme (60 fois).

 

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4 septembre 2016 7 04 /09 /septembre /2016 06:00
« Si les impressionnistes avaient des dents… » Woody Allen ment comme un arracheur de dents ! « Gauguin… est un peu dérangé. Il boit de l’eau de Botot toute la journée. » signé Vincent Van Gogh

Au masc. Arracheur de dents, de cors. Jusqu'au XIXe siècle, celui qui arrachait les dents et les cors au pied sur les places publiques :

 

« Tout en flânant le long des quais, il lisait le titre des bouquins étalés sur le parapet; il s'arrêtait, aux Champs-Élysées, devant les faiseurs de tours et les arracheurs de dents... Flaubert, La 1reÉducation sentimentale, 1845, p. 17.

 

Locution proverbiale. [Allusion à l'insincérité des arracheurs de dents affirmant que l'opération ne fera pas mal] Mentir comme un arracheur de dents :

 

« Les années plus que les eaux sont peut-être coupables du fait : le temps qui nous promet ce qu'il nous vole est un insigne menteur, et un grand arracheur de dents. » Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 278.

 

Woody Allen, Stewart Königsberg pour l’état-civil, né en 1935, ne laisse personne indifférent, « comique, génial, subtil, pessimiste, nonchalant, névrotique, dévastateur, burlesque, visionnaire… c’est selon mais dans les cas nul ne peut lui nier son talent dans sa façon d’analyser les choses de la vie, de camoufler l’indicible sans pour autant le nier… »

 

Dans les extraits ci-dessous il imagine un échange de correspondance entre les frères Van Gogh qui exerceraient tous deux la profession de dentistes.

 

 

Cher Théo,

 

J’ai décidé de partager un cabinet avec Gauguin. C’est un très bon dentiste qui s’est spécialisé dans les râteliers. Il semble avoir de l’estime pour moi. Il m’a fait de grands compliments de mon travail sur M. Jay Greenglass. Si tu t’en souviens, je lui ai plombé une molaire, puis j’avais trouvé le plombage raté, et tenté de le récupérer. Greenglass se montra intransigeant dans son refus, et nous allâmes en justice.

 

Il se posa alors la question de la paternité de l’œuvre artistique et, suivant le conseil de mon avocat, je plaidai habilement pour récupérer la dent toute entière, et transigeai pour le plombage. J’ai obtenu gain de cause.

 

Quelqu’un a vu la dent, posée sur un coin de mon bureau, et veut qu’elle participe à une exposition ! On parle déjà d’une rétrospective de mon œuvre !

 

Vincent

 

Cher Théo,

 

Finalement, je me rends compte que c’était une bêtise de partager un cabinet avec Gauguin. Il est un peu dérangé. Il boit de l’eau de Botot toute la journée. Quand je lui ai fait reproche, il s’est mis dans une rage folle et a arraché tous mes diplômes du mur.

 

Quad il se fut enfin calmé, je parvins à le convaincre d’aller plomber les dents au porte à porte, et nous sommes allés travailler dans une prairie. Il pose des jaquettes à une certaine Angela Tonnato, et j’ai fait un pansement provisoire à M. Louis Kaufman.

 

C’est merveilleux ! Travailler de la sorte, ensemble, en pleine nature ! Des rangées de dents, éclatantes de blancheur sous le soleil !

 

[…]

Vincent

 

Cher Théo,

 

Toulouse-Lautrec est l'homme le plus triste du monde. Il brûle plus que quiconque de devenir un grand dentiste, et il beaucoup de talent, mais il est trop petit pour atteindre la bouche de ses patients, et trop fier pour monter sur quelque chose.. Les bras levés au-dessus de sa tête, il farfouille à l'aveuglette entre leurs gencives, et hier, au lieu de visser la dent à pivot de Mme Fitelson, il lui a plombé le menton.

 

Pendant ce temps, mon viel ami Monet refuse de travailler sur les petites bouches, il lui faut de vastes espaces. Quant à Seurat, qui est très cyclothymique, il a inventé une méthode pour nettoyer une seule dent à la fois, jusqu'à ce qu'il obtienne ce qu'il appelle une bouche "comme neuve". Je dois reconnaître qu'il obtient de bons résultats, mais est ce bien de l'art dentaire ?

 

[…]

 

Parfois je regrette de n’avoir pas suivi les conseils de Père et de ne pas m’être fait artiste peintre. Ce n’est pas un métier passionnant, mais on mène au moins une vie régulière.

Vincent

 

Cher Théo,

 

Oui c'est vrai. L'oreille qui est en vitrine au grand bazar Fleishmann est bien la mienne. Maintenant, je me rends compte que c'était une chose insensée, mais je tenais à envoyer un cadeau d'anniversaire à Claire dimanche dernier, et tous les magasins étaient fermés. Parfois, je regrette de ne pas avoir suivi les conseils de mon père et de ne pas m'être fait artiste peintre. Ce n'est pas un métier passionnant, mais on y mène au moins une vie rangée.

Vincent

 

Cher Théo,

J'ai pris quelques clichés de mâchoires aux rayons X cette semaine; je les trouvais excellents, mais je les ai montrés à Degas, qui a été sévère. Il a trouvé la composition mauvaise, toutes les caries étant accumulées dans le coin inférieur gauche. J'ai eu beau lui expliquer que c'était bel et bien la bouche de Mme Slotkin, il n'a pas voulu me croire.

Vincent

 

If the Impressionists had been dentists by Woody Allen, 1978

 

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3 septembre 2016 6 03 /09 /septembre /2016 08:00
Polygraphies corses (4) Laetitia Casta est née à Pont-Audemer, l’amatriciana en solidarité avec Amatrice et Onfray « n’a renoncé à rien », même à causer dans Corse-Matin…

Oui, oui, Laetitia Casta est née à Pont-Audemer, la Venise de la Normandie, c’est dans l’Eure, d’un père corse, Dominique Casta, et d’une mère normande, Line Blin. Elle y a passé son enfance.

 

Ha ! La Normandie, ses pommiers, ses vaches et notre incontournable, comme on dit de nos jours en s’enfilant des giratoires, Michel Onfray

 

Encore Onfray vont me dire ceux qui en pincent pour lui ! Suivez mon regard du côté de l’Alsace…

 

Rassurez-vous notre conteur de philosophie, sis en Normandie, ne cause pas biodynamie dans Corse-Matin mais de tout de ce qui fait notre monde qui ne tourne plus très rond.

 

Not guilty, comme on dit dans les séries ! Je plaide non-coupable.

 

Pensez-donc, alors que je coule des jours heureux, en père pénard dans la grande mare des canards, voilà que dès le premier jour de septembre Onfray occupe toute la dernière page de Corse-Matin.

 

C’est de l’acharnement, je n’ai rien demandé. Je ne l’ai pas cherché, le Michel il est comme ça, il ne peut pas s’en empêcher, faut qu’il ramène sa fraise sur tout et le contraire de tout.

 

À quand une interview dans l’Éveil de Pont-Audemer

 

Rassurez-vous notre Michel n’est pas venu en Corse à trottinette !

 

« Je ne suis pas d'accord avec Éric Zemmour quand il dit qu'il y a une féminisation de la société, je pense qu'il y a une infantilisation de la société », a-t-il dénoncé mercredi au micro de Ça pique mais c'est bon, la nouvelle émission d'Europe 1 animée par Anne Roumanoff. « Tout est fait pour qu'on ne soit pas adulte. » Au cœur des griefs du philosophe : « ces grands adultes sur des trottinettes avec des shorts, des chaussures de sport, des écouteurs, des tatouages partout comme ce qu'on faisait dans le temps avec des faux tatouages Malabar sauf que là ce sont des vrais, hélas ».

 

Et moi je vous assure je ne fais aucune fixette, ce garçon n’en peut plus, il déborde, s’étale, s’épand, comme le disait le vétérinaire des vaches de mon grand-père qui avaient du mal à vêler, c’est un beau cas.

 

Ses réponses à Corse-Matin valent qu’on s’y arrête.

 

- Quelle est la place du philosophe dans la cité du XXIe siècle ?

 

Le philosophe n'existe pas, il existe des philosophes.

 

Certains se font payer très cher par des laboratoires de pharmacie des conférences où ils enfilent des perles mondaines en citant Spinoza ou Hegel ; d'autres distribuent leur savoir lors de croisières semble-t-il très bien payées ou dans des principautés pour amuser des princesses ; d'autres invitent des chefs d'État à bombarder des populations innocentes au nom des droits de l'homme ; d'autres encore s'étranglent quand on leur fait savoir que ceci explique peut-être cela - comme vous voyez, tout est possible...

 

Note du Taulier : C’est Règlement de comptes à OK Corral ! Il est facile de mettre des noms sous ses insinuations…

 

- Vous aimez justement expliquer qu'un philosophe ne doit pas penser en dehors de la réalité de son époque. En intervenant après les attentats commis par Daech et en déclarant que « droite et gauche avaient semé la guerre contre l'Islam politique" vous vous êtes retrouvés au cœur de violentes polémiques, vous le regrettez ?

 

D'abord je n'ai jamais dit ça, c'est ce que les journalistes qui, eux, aiment la polémique, m'ont fait dire.

 

Ensuite j'ai fait mon travail en posant la question que tout philosophe devrait poser : d'où vient le terrorisme ? Soigner une maladie suppose qu'on en connaisse d'abord la cause.

 

Certains renvoient à la mauvaiseté congénitale des terroristes, au caractère intrinsèquement violent de l’Islam : on n’est guère avancés ! Pour ma part, je mets ce terrorisme comme partiellement en relation avec notre politique étrangère indexée depuis 1991 sur celle des Etats-Unis qui bombardent des pays musulmans et ont fait 4 millions de morts, musulmans, depuis cette date. L’Islande est-elle attaquée ? Et la Suisse ? Et le Portugal ? Et l’Irlande ? Étonnant, non ?

 

Note du Taulier : oui étonnant le Mimi, il a oublié le Luxembourg, le Lichtenstein, San Marin, le Vatican, quel génial géo-politologue ! J’en suis tout ébaffé, il devrait se faire embaucher à BFM-TV !

 

Quel homme ! C’est vraiment le maître-étalon du solitaire libertaire…

 

« En étant seul de son parti, en mettant en pratique ce qu’on enseigne, en se trouvant du côté du peuple, des sans-grades, des oubliés, en ne souscrivant pas à des idéologies liberticides, en croyant à l’éducation populaire, en ayant fait son deuil du grand soir (pour ma part, je n’y ai jamais cru…) pour lui préférer de modestes petits matins où l’on fait avancer lentement mais sûrement les idées auxquelles on croit. En ne tergiversant jamais sur la liberté et la justice. »

 

Et pas un seul mot sur la Corse !

 

Prudent le Michel, il aurait tout de même pu déclarer sa flamme à la très belle et très libre Laetitia Casta mais sans doute n’a-t-il pas voulu froisser sa Mylène Farmer.

 

« Mylène Farmer c'est aussi un corps, une mise en scène, c'est aussi une façon d'être dans le système. Elle n'est pas du tout au-devant de la scène, elle est un peu secrète, discrète, on ne sait pas grand-chose. Et j'aime assez que les gens produisent leur art et soient sur scène puis dispa­raissent et n'exploitent pas le filon de leur vie privée »

 

Revenons à des choses sérieuses :

 

En Italie, le séisme qui a frappé Amatrice et ses environs le 24 août dernier, qui a fait 284 morts et plus de 400 blessés, a provoqué un dégât collatéral mineur mais symbolique : l’annulation de la 50eAmatriciana, la traditionnelle fête en l’honneur de la sauce amatriciana qui accompagne les spaghettis, créée dans cette bourgade du Latium et célébrée chaque année le dernier week-end d’août.

 

« À peine l’ampleur de la catastrophe d’Amatrice connue, un vaste mouvement de soutien a en effet pris naissance à l’initiative de Paolo Campana. Ce graphiste et blogueur romain, familier d’Amatrice, a demandé à tous les restaurateurs d’ajouter à leur menu un plat de pâtes all’amatriciana à un prix libre, dont deux euros seraient reversés à la Croix-Rouge italienne.


Le mouvement Slow Food, à travers son réseau international dans près de 140 pays, a entrepris une démarche similaire sous le hashtag « Un futuro per Amatrice » (#unfuturoperamatrice), encourageant également les consommateurs à commander ce plat au restaurant.

 

Comme beaucoup de plats gastronomiques, les spaghettis all’amatriciana sont nés d’une recette de pauvres. Celle que les bergers des Abruzzes se confectionnaient avec les moyens du bord dans leurs alpages : pâtes, fromage, charcuterie. En l’occurrence, du pecorino romano, fromage de brebis sec et râpé, et du guanciale, joue de porc salée, ou de la pancetta à défaut. La viande ayant rendu son gras dans la poêle, on y mélangeait les pâtes sitôt égouttées puis saupoudrées de pecorino romano dont la saveur piquante venait relever le tout. Cette sauce subsiste toujours sous le nom de griscia, celui d’un village voisin, ou d’amatriciana« blanche ».

 

A ne pas confondre avec la « rouge », l’authentique, qui n’a pris cette couleur qu’avec l’arrivée des tomates au XVIIIe siècle. La recette définitive fut ainsi fixée et baptisée du nom de la ville d’Amatrice : pâtes longues, spaghettis ou bucatini (spaghettis percés d’un trou), guanciale coupé en dés, tomates de San Marzano, pecorino romano et, en option, oignons, piment, poivre noir et un verre de vin blanc. Ni plus ni moins. »

Polygraphies corses (4) Laetitia Casta est née à Pont-Audemer, l’amatriciana en solidarité avec Amatrice et Onfray « n’a renoncé à rien », même à causer dans Corse-Matin…
Polygraphies corses (4) Laetitia Casta est née à Pont-Audemer, l’amatriciana en solidarité avec Amatrice et Onfray « n’a renoncé à rien », même à causer dans Corse-Matin…
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3 septembre 2016 6 03 /09 /septembre /2016 06:00
Le mercato des membres de cabinet ministériel et présidentiel : la fuite des cabinets !

La fuite des cabinets c’était sur France Inter au début de cette année.

 

Ha ! Les membres des cabinets ministériels voilà du pain béni pour les railleries des réseaux sociaux.

 

La quasi-totalité des membres des cabinets sont des fonctionnaires alors 2 points de chute : la promotion à la tête d’une administration, d’un organisme public, dans son corps d’origine… ou le pantouflage.

 

Pour les non-fonctionnaires, s’ils ne repartent pas dans le privé, la voie royale est la nomination au tour extérieur dans un grand corps de l’État.

 

Lors de la cérémonie d’hommage à Michel Rocard aux Invalides nous nous sommes retrouvés une poignée de grognards de son cabinet qui avait suivi son petit bonhomme de chemin sans bénéficier des largesses de notre Ministre.

 

Recaser ses troupiers dans des postes dorés n’était pas le genre de la maison Rocard. D’ailleurs, certains dans le marigot politique ironisaient sur le sujet en faisant passer cette attitude pour du désintérêt.

 

N’étant moi-même pas fonctionnaire, n’en déplaise à ceux qui me collent l’étiquette de haut-fonctionnaire parisien, je me suis toujours débrouillé par mes propres moyens.

 

Lorsque j’ai quitté le cabinet de l’Agriculture en 1986 je me suis fait embaucher dans le privé, à la SVF, sans aucun filet de sécurité. En 1993, j’ai présenté ma candidature au poste de PDG de la SIDO, SA sous la tutelle de l’État, et j’ai été élu par les professionnels.

 

Bref, il ne s’agit pas pour moi de me draper dans une quelconque « pureté » avoir dirigé un cabinet de Ministre, ça aide à valoriser son CV.

 

Ce matin je propose à votre lecture un article « Typologie des cabinets » publié dans la revue Pouvoirs en 1986 par mon ami Guy Carcassonne. Guy et moi nous nous sommes rencontrés à la buvette de l'Assemblée Nationale en juin 1981, lui étant conseiller du président du groupe rose et moi conseiller du Président de l'AN. Nous étions fous, non du chocolat Lanvin, mais des macarons de la buvette. Par la suite, en 1983, nous nous sommes retrouvés voisins dans la galerie Sully, lui conseillant le Ministre sur les questions d’enseignement agricole (loi Rocard sur l'enseignement privé agricole votée à l'unanimité) moi pataugeant déjà dans le marigot viticole (accords de Dublin). Guy agrégé de droit constitutionnel, il chroniquait dans le Point, était un type original, sapé décalé, doté d'un humour corrosif, et la typologie qu'il donne des cabinets ministériels : 1. Les copains, 2. Les enfants, 3. Les valets, 4. Les lieutenants est un régal.

Guy nous a quittés en 2013.

 

Fondamentalement, un ministère se compose du ministre et de ses services.

 

Le cabinet n'est nullement un protagoniste à part entière, ayant en propre sa légitimité, sa compétence et sa fonction. Il n'a que celles que lui octroie le type de relations entre ministre et administrations.

 

Tantôt le premier est assez sensiblement assujetti aux secondes, et les conseillers sont les interprètes plus ou moins fidèles des directions, davantage que les courroies de transmission de la volonté gouvernementale.

 

Tantôt ils impriment effectivement la logique politique, mais alors ils parlent et agissent au nom et pour le compte de leur « patron ». Car la fonction de ministre, en fait, n'est jamais individuelle. Il n'est de ministre que collectif : « le titulaire du poste+son cabinet ».

 

Qu'on ne s'y trompe pas : une telle affirmation ne signifie nullement que les membres du Gouvernement seraient des personnes sous influence aux mains d'une équipe qui les manipulerait. Plus prosaïquement, une part considérable du temps qu'un ministre consacre à son activité est dévorée par des fonctions tenant de la représentation, réduisant ainsi à la portion congrue - ou plutôt incongrue - les moments disponibles pour le travail de fond. Aussi, et parce que l'adoubement présidentiel ne suffit pas à conférer l'omniscience, le ministre se démultiplie en autant de parties que son cabinet compte de membres.

 

 

La question essentielle n'est donc pas de savoir comment l'équipe se situe entre le ministre et ses services - elle est le ministre collectif - mais porte sur la manière dont les membres du Gouvernement utilisent les moyens que leur offre cette démultiplication.

 

En exigent-ils des informations, des conseils, des décisions ?

 

Veulent-ils accaparer ou déléguer ?

 

Toutes les combinaisons, avec tous les dosages, sont possibles entre ces divers éléments.

 

Les copains d'abord...

 

Le cabinet est majoritairement composé d'amis de plus ou moins longue date, appartenant à peu près à la même génération que leur ministre. Ils l'ont suivi sur tout son parcours ou, à tout le moins, ont toujours entretenu le contact, au point qu'appelé au Gouvernement c'est tout naturellement que leur chef de file fait appel à eux et se promet de constituer une équipe dans laquelle la chaleur des relations, la connaissance mutuelle suppléeront une compétence médiocrement affirmée.

 

Dans les recrutements complémentaires, la capacité à s'intégrer au groupe sera un critère déterminant, " les copains des copains " étant les premiers sollicités.

 

Ce type de cabinet atteint le plus haut degré de convivialité. Le tutoiement est de rigueur ou le devient très vite pour les nouveaux venus, chacun s'appelle, ministre compris, par son prénom ; rencontres et repas amicaux débordent les horaires de travail.

 

Parce qu'ils sont attachés à leur patron, les conseillers changent avec lui, le suivent imperturbablement dans toutes ses fonctions, si peu prédisposés soient-ils à tel ministère.

 

Dans ce genre de fonctionnement, l'unité de commandement n'est pas toujours assurée. Le directeur de cabinet - généralement le plus proche ou le plus ancien des amis - passe moins de temps à prendre et imposer des décisions qu'à essayer d'être toujours au courant de ce que ministre et conseillers, qui n'ont pas besoin de sa médiation, ont pu évoquer ou définir ensemble.

 

Le modèle "copain" n'est pas forcément inefficace - et notamment l'information y circule vite - mais il produit des effets à hauts risques. L'exercice du pouvoir n'est pas totalement pris au sérieux, les idées fusent - aucune inhibition n'interdisant d'énoncer même les plus farfelues - et l'on se soucie moins de mettre en oeuvre des réformes soigneusement pensées et expertisées, de se livrer à un travail méticuleux, que de monter des "coups", dont le caractère spectaculaire et enthousiaste est présumé devoir vaincre toutes les réticences. Faire bouger devient un leitmotiv et cette manie, si elle crée parfois d'heureuses surprises, provoque ainsi des catastrophes.

 

Les rapports avec les services dépendent étroitement du goût qu'ils peuvent avoir pour cet avatar du scoutisme. Les fonctionnaires les plus disponibles sont sensibles à ce vent virevoltant, la complicité est contagieuse et insuffle un esprit nouveau. Mais, plus fréquemment, il se heurte au dédain de grands commis qui acceptent mal qu'on traite les dossiers dont ils ont la charge avec ce qu'ils jugent être de la légèreté. Contestant la compétence du cabinet, ils s'autorisent de sa désinvolture pour le court-circuiter et, pensent-ils, sauvegarder les intérêts supérieurs de leur ministère.

 

Les réputations, individuelles et collectives, se faisant en outre assez vite dans le microcosme gouvernemental, les cabinets de "copains " ne jouissent pas d'une grande crédibilité dans les réunions interministérielles, où on vénère la compétence la plus austère, et en subissent un handicap notamment dans leurs relations avec les représentants du ministère des finances. "

 

Les enfants.

 

Un ministre relativement âgé, vétéran des campagnes politiques, expérimenté dans les fonctions gouvernementales, a souvent la tentation, voyant poindre sa retraite, de s'entourer d'une équipe jeune, qu'il formera et lèguera à la République. Plus il est lui-même « politique », plus il peut se permettre de choisir des assistants seulement « techniques ».

 

La sagesse conseillant de ne pas multiplier les risques, le directeur de cabinet sera, dans un premier temps, choisi parmi les contemporains du ministre, deux esprits circonspects n'étant pas superflus pour contenir la fougue qu'on prête à la jeunesse.

 

Les rapports au sein du cabinet sont alors de respect teinté d'affection. Respect des plus anciens pour la compétence qu'ils découvrent chez les plus jeunes et leur acharnement, affection des aînés pour ceux qui les font baigner dans la jouvence. Mais également respect des disciples qu'impressionne l'expérience, que ravissent les anecdotes puisées dans des souvenirs savoureux ou prestigieux, et avec lesquels la complicité crée, par-dessus les générations, un courant de sympathie.

 

Bien vite les conseillers, judicieusement choisis, acquièrent sur leur patron une influence réelle. Un peu de son autorité retombe sur leur comportement, sans qu'ils soient tentés d'en abuser, au risque d'un douloureux rappel à l'ordre, l'âge n'excluant pas plus la fermeté qu'il ne s'assimile à la sénilité.

 

Lorsqu'elle est réussie, cette combinaison donne d'excellents résultats. Le ministre connaît assez les traditions du fonctionnement administratif pour en inculquer le respect à ses collaborateurs. Ces derniers sont suffisamment conscients de l'intérêt de leur apprentissage, de la chance qu'il leur offre, pour se plier de bonne grâce aux volontés du « père » et faire globalement confiance à son jugement.

 

Contrairement aux copains, les enfants prennent de l'autonomie. Si leur père politico-spirituel est appelé à d'autres fonctions, tous ne le suivent pas. La formation et l'initiation qu'ils ont reçues en font des responsables recherchés que plusieurs ministres pourront se disputer.

 

Les lieutenants

 

Quoi que ce soit le système le plus approprié, ce n'est nullement le plus répandu. Tous les membres du cabinet sont choisis par le ministre lui-même, éventuellement à partir de propositions qui lui sont faites par le directeur mais auxquelles il ne souscrit jamais sans rencontrer d'abord les intéressés.

 

Quand il les a recrutés, il les investit de sa confiance une fois pour toutes. Elle leur sera acquise jusqu'à ce qu'il la leur retire en les congédiant.

 

Le directeur de cabinet est moins un commandant qu'un animateur et si, pratiquement, tout passe par lui, ce n'est pas pour qu'il exerce une censure mais uniquement pour qu'il soit toujours informé et puisse remplir son propre rôle de conseil et de coordination.

 

Les conseillers, entre lesquels est opérée une claire répartition des compétences, dont largement délégataires des pouvoirs du ministre. Leur parole vaut la sienne. Il leur a défini une ligne de conduite générale : à eux de savoir comment la mettre en oeuvre, quitte, lorsqu'ils ont un doute, à demander à en référer, quitte encore, lorsqu'ils commettent une erreur, à en assumer la responsabilité vis-à-vis de leur ministre (lui seul supporte le coût politique des fautes de son cabinet) dont les conséquences pourront aller de la remontrance au limogeage.

 

Matériellement, ils tiennent réunion toutes les semaines, souvent tôt le matin, et bénéficient de deux grands privilèges. D'une part ils exercent une influence réelle sur l'agenda du ministre en lui indiquant des audiences à accorder dont ils déterminent le délai ; d'autre part ils ont à tout moment accès au bureau du ministre, ces deux facultés leur étant consenties grâce à la certitude qu'ils n'en abuseront pas.

 

Entre eux, la rivalité, qui caractérise les valets, tourne à l'émulation et, dans certains cabinets, des séminaires réguliers fourniront l'occasion d'une réflexion de fond sur le long terme que le rythme quotidien interdit habituellement.

 

Dans la limite de l'emploi du temps, enfin, les déjeuners sont souvent pris en commun et permettent la circulation rapide de l'information, tandis que seront saisies toutes les opportunités de se retrouver tous ensemble, avec le ministre et dans son bureau, pour, lorsque la pression diminue légèrement, partager, verre en main, un instant de détente et resserrer les liens humains au sein de l'équipe.

 

Cette formule présente nombre d'avantages. Se sentant pleinement responsables, les membres du cabinet sont tout aussi pleinement mobilisés. Leur rôle est assez gratifiant pour assurer leur dévouement. l'autorité qu'ils exercent sur les services étant à la mesure de la confiance que le ministre leur accorde, ils peuvent travailler dans de bonnes conditions, sans crainte de désaveu (sauf définitif) ou de court-circuit.

 

Le verre à la main, tout est dit...

 

 

Les valets

 

   C'est évidemment la forme la moins aguichante, pas obligatoirement la plus rare ni la moins efficiente.


    Dans ce système, les recrutements, à une ou deux exceptions près (généralement le chef de cabinet et l'attaché parlementaire), sont laissés à la discrétion du directeur de cabinet.


     Celui-ci occupe une place stratégique, non qu'il se substitue au ministre mais parce que ce dernier a décidé de l'avoir comme interlocuteur unique, par lequel tout doit impérativement passer et qui est le véritable responsable de l'équipe.


     Les conseillers, réputés techniquement compétents, ne communiquent avec leur patron que par des notes dont ils ont rarement l'occasion de défendre personnellement le bien-fondé. Ils doivent toujours être prêts à exécuter les ordres, adopter une attitude respectueuse à laquelle une certaine obséquiosité ne nuira pas.


     Vis-à-vis des services, deux variantes sont possibles. Dans l'une, le ministre entretient des relations plus suivies avec les directeurs qu'avec son propre cabinet. Celui-ci ne peut alors exercer de véritable autorité sur ceux-là et son rôle se borne à veiller à l'application de décisions prises en dehors de lui. Dans l'autre, les responsables de l'administration sont également privés de contacts directs et fréquents avec le ministre, le cabinet regagne alors un peu de son aura dans la mesure où il est l'intermédiaire obligé, mais sans vraiment pouvoir s'imposer car son audience est connue limitée.


     Dans certains départements ministériels, ceux dont la conduite est la plus politique, cette substitution d'une brigade de valets à des conseillers personnels peut ne pas présenter de grands inconvénients et donner des résultats.


     Dans les autres, elle a deux défauts graves. Parce que le ministre ne veut voir personne et que le directeur de cabinet ne peut voir tout le monde, des frustations naissent rapidement, tant chez les membres du cabinet, dont la fonction est trop peu gratifiante pour provoquer la mobilisation souhaitable, que chez les fonctionnaires qui apprécient peu d'être de simples exécutants. En outre - et c'est le second défaut - le sentiment d'un travail d'équipe, et de la solidarité correspondante, est impossible à susciter lorsque chacun ignore non seulement ce qui sera fait de son avis mais aussi ce que font les autres membres du cabinet.


     Il est, enfin, un indice qui ne trompe pas pour déceler cette situation : la plupart des cabinets fonctionnant sur le mode ancillaire tiennent leur réunion hebdomadaire, quand elle existe, le mercredi matin, c'est-à-dire au moment où les obligations gouvernementales interdisent toujours la présence physique du ministre.

à suivre 

 

Ce type de cabinet est le plus répandu...

 

Les copains d'abord...

 

Le cabinet est majoritairement composé d'amis de plus ou moins longue date, appartenant à peu près à la même génération que leur ministre. Ils l'ont suivi sur tout son parcours ou, à tout le moins, ont toujours entretenu le contact, au point qu'appelé au Gouvernement c'est tout naturellement que leur chef de file fait appel à eux et se promet de constituer une équipe dans laquelle la chaleur des relations, la connaissance mutuelle suppléeront une compétence médiocrement affirmée.

 

Dans les recrutements complémentaires, la capacité à s'intégrer au groupe sera un critère déterminant, « les copains des copains » étant les premiers sollicités.

 

Ce type de cabinet atteint le plus haut degré de convivialité. Le tutoiement est de rigueur ou le devient très vite pour les nouveaux venus, chacun s'appelle, ministre compris, par son prénom; rencontres et repas amicaux débordent les horaires de travail.

 

Parce qu'ils sont attachés à leur patron, les conseillers changent avec lui, le suivent imperturbablement dans toutes ses fonctions, si peu prédisposés soient-ils à tel ministère.

 

Dans ce genre de fonctionnement, l'unité de commandement n'est pas toujours assurée. Le directeur de cabinet - généralement le plus proche ou le plus ancien des amis - passe moins de temps à prendre et imposer des décisions qu'à essayer d'être toujours au courant de ce que ministre et conseillers, qui n'ont pas besoin de sa médiation, ont pu évoquer ou définir ensemble.

 

Le modèle « copain » n'est pas forcément inefficace - et notamment l'information y circule vite - mais il produit des effets à hauts risques. L'exercice du pouvoir n'est pas totalement pris au sérieux, les idées fusent - aucune inhibition n'interdisant d'énoncer même les plus farfelues - et l'on se soucie moins de mettre en oeuvre des réformes soigneusement pensées et expertisées, de se livrer à un travail méticuleux, que de monter des « coups », dont le caractère spectaculaire et enthousiaste est présumé devoir vaincre toutes les réticences. Faire bouger devient un leitmotiv et cette manie, si elle crée parfois d'heureuses surprises, provoque ainsi des catastrophes.

 

Les rapports avec les services dépendent étroitement du goût qu'ils peuvent avoir pour cet avatar du scoutisme. Les fonctionnaires les plus disponibles sont sensibles à ce vent virevoltant, la complicité est contagieuse et insuffle un esprit nouveau. Mais, plus fréquemment, il se heurte au dédain de grands commis qui acceptent mal qu'on traite les dossiers dont ils ont la charge avec ce qu'ils jugent être de la légèreté. Contestant la compétence du cabinet, ils s'autorisent de sa désinvolture pour le court-circuiter et, pensent-ils, sauvegarder les intérêts supérieurs de leur ministère.

 

Les réputations, individuelles et collectives, se faisant en outre assez vite dans le microcosme gouvernemental, les cabinets de « copains » ne jouissent pas d'une grande crédibilité dans les réunions interministérielles, où on vénère la compétence la plus austère, et en subissent un handicap notamment dans leurs relations avec les représentants du ministère des finances. »

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2 septembre 2016 5 02 /09 /septembre /2016 06:00
L’industrie la plus florissante de la Corse dans les années 60 : l’usine d’amiante de Canari au Cap Corse… l’enfer blanc…

Au cœur du mois d’août beaucoup d’entre vous ont découvert Sisco sur la côte orientale du Cap Corse.

 

 

J’ai séjourné à Erbalunga.

 

Et puis, comme de bien entendu, j’ai exploré le Cap sous toutes ses coutures et j’ai découvert la Marina d’Albo à Nonza.

 

Si un jour vous passez à l’à pic de la Marina d’Albo, sur la côte occidentale du Cap Corse, vous serez, comme moi, stupéfiés par la couleur du sable de la plage : un étrange gris bleu.

 

 

En effet, dès 1948, les déchets de l’usine d’amiante de Canari y ont été déversés en mer, à quelques kilomètres du site, à proximité de la marina d’Albo. D’après les estimations de Guy Meria*, l’usine a déversé près de 12 millions de tonnes de « stériles » – les débris de la carrière – dans la mer, alors même qu’un arrêté préfectoral le lui avait interdit.

 

Plus loin, à flanc de colline, au bord de la route pittoresque du Cap Corse, entre montagne et mer, les anciens bâtiments de l’usine d’amiante de Canari, monstrueuse verrue qu’on ne peut ni désamianter, ni dynamiter. Je reviendrai sur ce point en fin de chronique.

 

Ma science je la tire du livre de Guy Meria L’aventure industrielle de l’amiante en Corse aux éditions Alain Piazzola

 

 

Avant de devenir une ruine et un bubon, le filon d’amiante découvert en 1898 et l’imposante usine de Canari achevée en 1953, ont dynamisé l’économie de toute la région. L’exploitation, par la société Eternit, n’a commencé que dans les années 1920. Le minage de cette fibre minérale aux propriétés ignifuges a d’abord été artisanal, jusqu’à la construction de l’usine.

 

 

La production a alors crû en flèche jusqu’à atteindre 28 000 tonnes de minerai par an. Un résultat qui a un temps placé la France au 7e rang mondial pour la production d’amiante, grâce au seul site de Canari. Celui-ci couvrait un cinquième des besoins industriels français en 1962.

 

« La mine d’amiante de Canari, est de loin l’entreprise industrielle la plus florissante de l’île, sa production de l’ordre de 25 500 tonnes par an, représente une valeur marchande de 9 400 000 MF, ce qui en fait la troisième richesse de la Corse après les produits de l’exploitation forestière et les spéculations pastorales. »

 

Pierre Sini

 

  • L’amiante 35,5% des exportations du port de Bastia en 1960 (72 000 tonnes) et 23,8% de l’ensemble des exportations insulaires (107 000 tonnes).
  • En 1960, la SMA a versé 2 595 000 MF et acquitté 1 929 743 MF.
  • La commune de Canari, propriétaire du terrain recevait 1% du CA (10 M AF).
  • Le département percevait 16 M AF de patente.

 

« Après la guerre, quelque trois cents familles sont venues s’installer à Canari et dans les villages environnants, sans compter ceux qui travaillaient pour les sous-traitants, raconte Armand Guerra. Ces familles étaient des continentaux, mais aussi des Italiens et des Polonais. On dansait tous les week-ends et les bars étaient pleins ! »

 

« L’usine a permis de restaurer beaucoup de maisons en ruines, dont les habitants avaient quitté le village, faute de travail. On a même pu créer un centre culturel. A cette époque, Canari était une municipalité riche », Thierry Santini premier adjoint. »

 

Ainsi le canton de Nonza, va prospérer de 567 habitants, de 1946 à 1963, de 127 à 1824.

 

Canari passe de 462 à 968 habitants.

 

Le village de Canari voit l’effectif scolaire passer de 46 élèves en 1950 à 160 élèves.

 

Envoyé spécial en 1963, André Remacle journaliste de la Marseillaise, après avoir contourné la Punta Bianca, écrivait « la route tombe brusquement dans un monde effarant de poussière, de boue, un véritable enfer blanc. »

 

« Dès qu’on se trouve près de la SMA, une odeur âcre vous prend à la gorge et l’on a tout de suite envie de fuir. »

 

« Le plus dur et le plus inhumain du travail était effectué par les tâcherons. Inutile de chercher des acteurs de ce drame, ils sont tous morts. Ils travaillaient par équipe de 2 ou 3 et s’enfonçaient dans la montagne par des galeries qu’ils creusaient eux-mêmes : objectif, trouver les filons d’amiante. Ils rentraient dans des boyaux de 2 m de diamètre pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres. À l’intérieur, pas d’aération ni d’eau, les tâcherons avaient juste des lampes pour éclairer la roche. Sur le sol courraient deux rails sur lesquels ils faisaient glisser des petits wagonnets chargés de gravats d’amiante. Pour percer les trous, de la dynamite, la direction de l’usine interdisait aux tâcherons de faire plus d’une volée par jour, mais aucun tâcheron ne respectait le règlement. La raison de ce non respect était simple, ils étaient payés au prorata des gisements d’amiante qu’ils découvraient et certaines fois les galeries résonnaient de deux, voire de trois explosions dans la journée. La poussière, prise au piège dans la galerie, mettait parfois deux jours avant de se dissiper. Les tâcherons transformés en taupes continuaient à percer la montagne, dans la poussière et la chaleur. Pas un seul n’a survécu. La durée de vie d’un tâcheron était de 5 ans après la cessation de son activité. »

 

Murati a commencé comme manœuvre puis, par la suite est devenu chef de poste : « ici, la poussière était si épaisse que les gars ne se voyaient pas. L’ensachage, c’était le plus terrible. Il y avait un gars qui tenait la gueule du sac et l’autre, avec une pelle en bois, remplissait. Dès les premières pelletées, l’amiante s’envolait partout, alors ils gueulaient pour savoir où ils en étaient. En disant cela il montrait de sa main tremblante, les quatre espaces séparés par des murs de ciment. Chaque espace correspondait à une qualité d’amiante. Il y avait la M1 puis la M2, des qualités supérieures, puis les autres. Quand les gars avaient fini de remplir un sac, ils le fermaient avec une grosse aiguille et un fil de couleur rouge pour la M1, bleu pour la M2. »

 

« Nul ne s’imaginait alors que l’amiante pouvait tuer. « Le matin, quand j’arrivais au travail, mon bureau était recouvert de deux centimètres de poussière d’amiante. Je passais un coup de chiffon », se souvient Armand Guerra. Des masques étaient mis à disposition des ouvriers, mais ils ne les portaient guère, les jugeant trop inconfortables. A l’extérieur de l’usine et de la carrière, des nuées de poussière grisâtre étaient constamment en suspension dans l’air et recouvraient les zones environnantes.

 

De graves soupçons ont bientôt commencé à peser sur la nocivité de l’amiante. Des ouvriers sont tombés malades. « La médecine du travail savait, l’inspection du travail aussi, mais on ne les voyait jamais sur le site », assure Armand Guerra. En 1963, un délégué syndical découvre par hasard les radiographies d’ouvriers envoyées par la Sécurité sociale à l’employeur, qui n’avait rien dit. Il était clairement indiqué dans ces dossiers que plusieurs ouvriers étaient atteints d’asbestose, une maladie chronique de l’appareil pulmonaire due à l’inhalation prolongée de fibres d’amiante.

 

« Il avait été démontré dès les années 1930 au Royaume-Uni que l’amiante était à l’origine de maladies professionnelles », tonne le retraité Guy Meria, ancien inspecteur des affaires sanitaires et sociales. Il a passé des années à rechercher d’anciens ouvriers de l’usine pour analyser leurs dossiers médicaux. « En 2001, parmi les 583 personnes auprès desquelles j’ai pu enquêter, 73 étaient décédées des suites de l’amiante, soit 12,5 %. Aujourd’hui, je pense que l’on a dû dépasser la centaine de victimes. » Impossible d’être plus précis. Guy Meria n’a pu retrouver la trace de la totalité des 1 413 ouvriers qui ont travaillé sur le site, ni des employés des sous-traitants ou des anciens habitants de Canari et des environs.

 

« L’usine a fermé définitivement ses portes le 12 juin 1965. Cinquante ans plus tard, cette friche industrielle et sa carrière continuent, année après année, d’engloutir des millions d’euros d’argent public, dépensés dans le seul but de limiter la menace qu’elles font peser sur l’environnement.

 

Lorsque la commune de Canari (Haute-Corse) décide, en 1973, de racheter le site pour un franc symbolique à Eternit, le géant français de l’amiante qui l’exploitait, elle est loin de se douter des tracas qu’il lui causerait. A flanc de colline, au bord de la route pittoresque du Cap Corse, entre montagne et mer, les anciens bâtiments de l’usine paraissent aujourd’hui difficiles à désamianter ou même à dynamiter. « Si on détruisait le site, les fibres d’amiante s’envoleraient dans l’air, se désole Armand Guerra, maire de Canari, réélu en 2014 (sans étiquette), qui a travaillé dans les bureaux de l’usine de 1959 à 1964. Laisser le bâtiment tel quel est le seul moyen de se protéger de la poussière toxique. »

 

Comme le relève un rapport d’information du Sénat de 2005, à cause de sa position topographique, de l’impact potentiel sur l’activité touristique, de l’ampleur du chantier et des impératifs de sécurité de plus en plus drastiques, la réhabilitation du site paraît aujourd’hui des plus improbables. A chaque fois que des travaux sont entrepris, les contraintes se multiplient : mesures de la concentration en amiante, port de combinaisons et de masques réglementaires, temps de travail fortement réduit, ou encore arrosage régulier du site pour empêcher les poussières de s’envoler. Aucune étude portant sur la destruction potentielle de l’ancienne usine n’a pour l’heure été menée.

 

Ce statu quo coûte très cher. Entre 2009 et 2014, des travaux de « mise en sécurité » ont été financés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), pour un total de près de 12 millions d’euros, et par le Fonds européen de développement régional. Il s’agissait notamment d’empêcher les éboulements sur la route en contrebas de la carrière d’amiante. De nouveaux travaux sont à l’étude, car les intempéries ont provoqué des glissements de terrain au printemps. Coût estimé par l’Ademe : 2,6 millions d’euros. »

 

Début 1965, la nouvelle de la fermeture prochaine de la mine fait le tour du Cap Corse où vivent la plupart des familles ouvrières.

 

La SMA, avait pourtant modernisé ses installations et obtenu la prolongation de son bail d’exploitation jusqu’à l’an 2000 (…) La SMA, voulait qu’on lui consente des prêts pour moderniser l’exploitation, mais, elle disait en même temps que les produits n’étaient pas de bonne qualité, que le prix de vente était bas, que les charges e l’insularité étaient lourdes et enfin que la concurrence d’autres pays, comme l’URSS ou le Canada était rude. Enfin elle ne pouvait résoudre seule, le problème du stérile qui polluait le littoral… »

 

Pendant cette période de négociation on apprend que les actionnaires de la SMA refusent d’augmenter le capital et que l’Etat rechigne, à aider une entreprise peu rentable au regard des investissements qu’il faudrait réaliser, tant au niveau de l’exploitation, que de celui de la protection du littoral.

 

Le 27 janvier les ouvriers participent faiblement à une grève.

 

Deux grandes manifestations ont lieu, à Bastia le 26 mai, et à Ajaccio, le 10 juin 1965.

 

L’usine fermera ses portes le 12 juin 1965, à 10 heures du matin, dans l’indifférence et même le soulagement.

 

Source : Guy Meria L’aventure industrielle de l’amiante en Corse et Loup Espargilière Cinquante ans après sa fermeture, l’usine d’amiante de Corse reste un problème insoluble

 

Le Monde.fr | 02.09.2015 ICI 

 

Lire La France VUE D'ICI / La France VUE D'ICI / UNE HISTOIRE FRANÇAISE DE L'AMIANTE 

 

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