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21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 06:00
Gabriel Simon sur FB : Depuis samedi , impossible de rentrer sur l’exploitation, les gilets jaunes bloquent l’accès et m’empêche de travailler .

Gabriel Simon sur FB : Depuis samedi , impossible de rentrer sur l’exploitation, les gilets jaunes bloquent l’accès et m’empêche de travailler .

En dépit de ce que je lis, et je lis beaucoup car j’ai du temps, je ne sais toujours pas qui sont les gilets jaunes, en effet celles et ceux qui en parlent le font soit d’en haut, du haut de leur chaire, de leurs présupposés idéologiques, d’une manière générale ; soit d’en bas en tendant des micros à des individus isolés, ceux qui veulent ou peuvent prendre la parole, les forts en gueule, les excités.

 

N’ayant ni les moyens, ni l’envie de me rendre à leur rencontre, je me suis dit ce matin : pourquoi ne pas faire un appel à témoignages auprès d’une population de référence : les vignerons.

 

Il doit bien y en avoir, même si dans l’esprit de nos concitoyens les vignerons « bénéficient » d’une image de privilégiés par rapport à l’ensemble de la population agricole.

 

Cette image, pas forcément conforme à la réalité économique et sociale, a été renforcée ce dimanche de manifestations, par la médiatisation des Ventes des Hospices de Beaune qui ont atteint des sommets.

 

@LaurentGotti

Vertigineux ! Il y a tout juste dix ans la vente aux enchères des Hospices rapportait 2,8 millions d’euros. C'est Près de 14 aujourd’hui. #HospicesdeBeaune

 

Vins : record historique pour les ventes des Hospices de Beaune

 

L’engouement pour les grands crus bourguignons n’a pas faibli, dimanche, à l’occasion de la 158e édition de ce rendez-vous prisé des amateurs et censé donner le pouls du vignoble.

Par Laurence Girard ICI 

 

De même, ce lundi, arpentant les allées de la dégustation de Biodivin dans le sous-sol du prestigieux et luxueux Grand Hôtel, je n’avais pas forcément le sentiment de côtoyer des gens candidats au port du gilet jaune.

 

Pour lever le doute je m’en remets à vous chers lecteurs vignerons ou non.

 

Apportez-moi votre témoignage j’en ferai bon usage !

 

Il ne s’agit pas pour moi d’instruire un quelconque procès, de trier le bon grain de l’ivraie, mais de comprendre les ressorts, les racines profondes de ce mouvement d’apparence spontané.

 

Une mobilisation née sur les réseaux sociaux

 

« Pour comprendre la singularité du mouvement des "gilets jaunes", il faut d'abord s'intéresser à sa genèse. Celle-ci se retrouve sur Internet, et plus particulièrement les réseaux sociaux. Jacline Mouraud, qui est devenue l'une des figures de proue de la contestation, s'est fait connaître en filmant une petite vidéo avec son smartphone et en la diffusant sur Facebook. C'est aussi sur cette plateforme que de nombreuses actions concrètes le jour J se sont organisées. Des pages avec une carte en direct des blocages ont été "aimées", donc suivies, par des dizaines de milliers d'internautes. Elles ont également mis à disposition des pétitions, partagées sous forme de Google Doc, à remettre aux députés de chaque région.

 

"La force des gilets jaunes, c'est celle des réseaux sociaux, des pétitions en ligne et de Facebook. La colère est réelle mais l'outil, lui, reste virtuel", analyse Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du Travail, au micro d'Europe 1. Pour Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux et du syndicalisme, "cette forme de mobilisation avec une telle ampleur est inédite dans le champ social". "On entend beaucoup de comparaisons avec le mouvement poujadiste ou les jacqueries moyenâgeuses. Il me semble que cela atteint vite ses limites", nous explique-t-il. "Si comparaison il faut faire, même si là aussi cela va trouver une limite, c'est plutôt avec les printemps arabes. Parce qu'on a quelque chose de commun : le fait que tout est parti, s'est organisé via les réseaux sociaux, de manière totalement horizontale." Et c'est cela qui est inédit. "Dans la façon dont la mayonnaise a pris, on est là face à un objet nouveau en France, mais pas si nouveau si on va voir ailleurs", conclut Stéphane Sirot.

 

La classe moyenne se mobilise

 

Du fait de sa naissance et sa propagation sur Internet, la colère était difficile à mesurer avant le 17 novembre. Tous ces "likes" sur Facebook allaient-ils se traduire par des barricades ? Les chiffres ne laissent aucune place au doute : avec 290.000 "gilets jaunes" sur le pont le samedi, et encore quelques milliers deux jours plus tard, les réseaux sociaux ont engendré une mobilisation bien réelle.

 

Ce qui s'est passé, c'est un délitement de ce qu'on appelait la classe moyenne, ces ouvriers, ces employés, ces paysans, ces petits indépendants.

 

Et ceux que l'on a retrouvés dans la rue ce week-end, c'est la classe moyenne, selon Christophe Guilluy, géographe et auteur de No Society – la fin de la classe moyenne occidentale. "Ce qui s'est passé, c'est ce qui se passe depuis dix, vingt, trente ans, c'est-à-dire un délitement de ce qu'on appelait la classe moyenne, ces ouvriers, ces employés, ces paysans, ces petits indépendants", analyse-t-il au micro d'Europe 1. Des gens qui souffrent, selon le géographe, à la fois d'une "relégation culturelle" et du fait qu'ils sont "de moins en moins intégrés économiquement". "Si vous n'intégrez pas ce qui représente la majorité des gens qui vivent dans ce pays, forcément il y a un problème", souligne Christophe Guilluy.

 

"Qui bloquait ce week-end ? Essentiellement le salarié médian", abonde Stéphane Sirot. "La sociologie des 'gilets jaunes' est essentiellement marquée par cette catégorie-là. Bien sûr, il y a un mélange qui va au-delà, mais c'est avant tout le peuple salarié moyen, voire très moyen qui est présent."

 

Gilets jaunes« : « Attention à ne pas les réduire à un mouvement extrémiste »

 

Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, décrit une « coalition de personnes de milieux et d’opinions parfois très différents ».

Propos recueillis par Faustine Vincent

 

Quelque 20 000 « gilets jaunes » ont poursuivi, lundi 19 novembre, les opérations de blocage pour la troisième journée d’affilée, tandis que le gouvernement affichait son inflexibilité sur sa politique économique. Samedi, ils étaient près de 290 000 à bloquer les routes sur plus de 2 000 sites. Le bilan humain a été particulièrement lourd. Une manifestante est morte, percutée par une automobiliste prise de panique après que des « gilets jaunes » ont tapé sur son véhicule, et 528 personnes ont été blessées, dont 17 grièvement. La presse locale a par ailleurs évoqué une agression homophobe, une raciste et une islamophobe.

 

Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, observe que « des extrémistes figurent parmi les manifestants » mais appelle à « ne pas généraliser », et revient sur les racines du mouvement.

 

ICI 

Champagne: "trop taxés", certains "petits vignerons" renoncent à vendre des bouteilles
Publié le  | AFP
Plus d'un million d'euros l'hectare: en Champagne, le prix du vignoble poursuit sa flambée, et les droits de succession avec. Face à des transmissions coûteuses, certains vignerons héritent de parcelles morcelées sur lesquelles il n'est plus rentable de produire le roi des vins.
 
"Gilets jaunes" : l’avertissement de Le Drian à Macron

Le ministre rappelle que le mouvement repose sur "un sentiment selon lequel la transition écologique est payée davantage par certaines catégories sociales".

ICI 

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20 novembre 2018 2 20 /11 /novembre /2018 06:00
« Ma principale objection contre la notation des vins est qu’elle se fonde sur la plus fausse des sciences. » Jim Harrison

En bon lecteur-chroniqueur un peu glandeur, genre fainiasse, je n’ai aucune coquetterie d’auteur, dès qu’un gars plus pointu que moi défouraille avant moi sur un bon bouquin, je pioche sans vergogne.

 

Ainsi, j’achète un Jim Harrison Un sacré gueuleton. Manger, boire et vivre, je commence à le lire et je me dis « Coco, chronique ! » lorsque je tombe sur Jacky Durand dans Libération et là, face à un concurrent de plume estimé, je cite :

 

« Jim Harrison y apparaît tour à tour bec fin, glouton, érudit sans fin mais avec une faim aussi imprégnée d’élégance qu’un baba au rhum quand il s’agit de se consacrer à l’archéologie d’un romanée-conti ou d’une langue de bœuf : «Je suis ce matin d’une nervosité extraordinaire, car à l’aube j’ai retiré de leur saumure deux langues marinées. Je n’ai jamais fait mariner de langue et cette denrée n’est pas disponible dans le Montana.»

 

Il défouraille sa goinfrerie comme ses crises de cafard. Sans l’hypocrisie d’un mangeur de club sandwich. Il engloutit comme il déglutit. Sans vergogne mais avec la franchise pointilliste de ses tirs de chevrotine les jours de chasse : «Avis à certains de vos lecteurs gauchisants, postillonneurs, écolo-gagas : je tue presque tout ce que je mange - canards, cailles, chevreuils, grouses, bécasses, truites, saumons, crapets, l’humble carpe (la carpe croustillante et épicée du Hunan). Ces chochottes devraient savoir que, d’un point de vue technique, leurs germes de soja hurlent quand on les arrache de terre. Tout ce qui vit finit en étron

 

Jim Harrison aimait citer Horace : «Un buveur d’eau ne sera jamais poète». Aux médecins qui s’étonnaient de le voir toujours en vie en dépit de ses excès, il fournissait une explication simple : «le vin».

 

ICI 

 

 

Bon nombre de considérations sur le vin sont problématiques et ouvrent des conjectures quasi infinies. Par exemple, quel est le sexe du vin ? Et ne nous embourbons pas dans un marigot quand nous réfléchissons à cette question, un piège imbécile où tombent tant d’œnologues professionnels ? Le cérémonial de la dégustation sombre parfois dans la parodie, mais c’est le cas d’autres rituels pratiqués par certains professionnels, depuis le savant fou jusqu’au politicien au cœur pur, en passant par la vertueuse stripteaseuse.

 

Néanmoins, il est toujours bon d’interroger la terminologie de nos enthousiasmes. Nous pouvons dire que le vin est essentiellement féminin, car il vient de la terre et nous ne disons pas « notre père la terre ». Les meilleures choses sont féminines, y compris les femmes et nous permettre cette association, c’est procurer à notre imagination une énergie inaccessible à toute autre terminologie. Les vins criards, excessifs, mauvais, sont bien sûr masculins.

 

[…]

 

Depuis ma plus tendre enfance campagnarde, je cueille les framboises, les mûres, les myrtilles ainsi que d’autres baies, mais je dois dire que je ne retrouve pas ces saveurs uniques dans le vin, contrairement à de nombreux autre amateurs qui me semblent parvenir à les y déceler. Mon honnêteté peut-être naïve m’empêche d’utiliser ces termes qui feraient mentir mon goût.

 

[…]

 

Il existe une vraie possibilité – et je le dis avec ma modestie habituelle – que je ne raconte pas des sornettes. Ainsi, mes notes sur les vins corses que j’ai goûtés n’ont pu être publiées qu’en étant copieusement expurgées. Peut-être bien qu’un vin ne devrait pas être autorisé à me rappeler « les cuisses d’une fille riche lassée jusqu’à l’épuisement », l’un de mes descriptions les plus innocentes. À l’inverse, on peut dire de vins en pichet qu’ils sont rustres, abrupts, un peu sales, évoquant le souvenir de vestiaires après le match de football par chaude soirée de septembre. Ce genre de choses. Inéluctablement, un truc mauvais en évoque un autre.

 

[…]

 

Avec le vin, nous redevenons des étudiants qui se demandent si leur professeur a corrigé leur brillante dissertation avant ou après  le dîner, avant ou après avoir baisé, avant ou après son fantasme habituel sur Ava Gardner dans la piscine. Ma principale objection contre la notation des vins est qu’elle se fonde sur la plus fausse des sciences.

 

[…]

 

J’ai passé un sacré bout de temps avec jeanne Moreau, l’actrice française, et le Cayron me rappelle Jeanne Moreau à vingt-huit ans, légèrement agacée parce que vous avez oublié de lui offrir des fleurs, mais parfaitement exquise dès qu’on partage une bouteille de Cayron avec elle.

 

En bonus :

 

« Amoureux des femmes, il ne peut s'empêcher d'évoquer entretemps la comédienne Jeanne Moreau et sa voix si particulière... « A New-York, lorsque je lui ai apporté des fleurs et une bouteille de champagne Cristal, Jeanne Moreau m'a récité un poème français qui parlait de tourterelles. Un timbre de voix peut se révéler plus aphrodisiaque que des seins ou des huîtres ».

Aventures d'un gourmand vagabond, Jim Harrison, Editions 10/18

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19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 06:00
Ce que les gilets jaunes veulent dire, contrairement à Onfray, Zemmour&Co, les si près du peuple, je ne comprends pas…

De nos jours plus personne n’ose avouer face à des questions complexes, inédites, sans précédent, « je ne comprends pas ce que cela veut dire… »

 

Tous ceux qui ont accès à l’expression, et ils sont nombreux avec la facilité qu’offrent les réseaux sociaux, livrent des réponses tranchées correspondant très souvent à leur appartenance à un bloc de pensée ou d’absence de pensée, pour ou contre le pouvoir, mélange d’exécration, de colère, de frustration.

 

Et puis, bien sûr, il y a les hauts parleurs, qui se disent intellectuels, bien au chaud, bien nourris, qui claironnent au bas peuple ce qu’il faut penser.

 

Et puis, il y a les tenants du pouvoir, et leurs supporters, qui se défendent  bien souvent avec un argumentaire pas très convaincant.

 

Et puis, il y a les exploiteurs d’audience, les chaînes dites d’infos en continue qui « tueraient père et mère » pour gagner quelques bouffeurs de tout et de rien.

 

Et puis, il y a les récupérateurs, des deux extrêmes, ceux qui se raccrochent à tout ce qui peut foutre la merde, ils ne reculent devant rien pour envoyer Macron dans le fossé.

 

Et moi, je ne comprends pas, mes références historiques, mon expérience du pouvoir, ne me donnent pas les clés d’explication d’un mouvement né grâce aux réseaux sociaux.

 

Alors, je cherche, je cherche à comprendre, même si ma position de Parisien privilégié, de mon passé au pouvoir, me discrédite aux yeux des défenseurs autoproclamés du peuple.

 

Mon père m’a inculqué que servir le bien public était une fierté, j’en suis fier et je ne me vois pas entonner les couplets de certains gilets jaunes.

 

Comprendre, ramener ce fatras à une forme de rationalité, on ne gouverne pas avec des slogans, preuve en est que ceux des campagnes électorales sont aussitôt bafoués, on dirige un pays, si tant est qu’on puisse le faire dans le nôtre, en élaborant des compromis avec les forces en présence. Se contenter de ne rien faire a été la règle de ces dernières décennies.

 

Pour élaborer mon approche je vais écrire une énormité : combien de gilets jaunes fument ?

 

Ça coûte très cher de fumer, on engraisse l’Etat de taxes et l’on a le choix.

 

Autant je suis prêt à comprendre celles et ceux qui n’ont pas le choix pour aller au travail, autant je ne suis pas très adepte de la fiscalité punitive, autant je voudrais bien qu’on m’explique comment on réclame plus de services publics, ou du moins leur non disparition ou leur éloignement, tout en proclamant son hostilité à la fiscalité.

 

J’ai connu, lors de la première réforme de la PAC, la révolte des céréaliers du Gers et d’Eure-et-Loir qui a donné naissance à la Coordination Rurale, des gens qui se disaient libéraux tout en se goinfrant du soutien des prix par l’Union Européenne – beaucoup sont aujourd’hui des gilets jaunes – ils ont menacé de bloquer Paris avec leurs gros tracteurs.

 

La Coordination rurale compte poursuivre son « blocus »

C. B. - LES ECHOS | LE 16/09/1993

 

Le mouvement anti-Blair House a reçu le soutien de quelques syndicats agricoles européens. Il pourrait cependant ne pas avoir assez de souffle pour durer jusqu'au 20 septembre.

 

Les agriculteurs qui manifestaient hier n'ont pas réussi à empêcher réellement l'accès à la capitale. La Coordination rurale, qui avait organisé le « blocus de Paris " pour marquer son opposition au volet agricole du GATT, n'en a pas moins affiché sa satisfaction. L'opération avait avant tout pour but d'alerter l'opinion et de maintenir la pression sur le gouvernement, avant le Conseil du 20 septembre, où les ministres des Affaires étrangères et de l'Agriculture des Douze se réuniront pour décider d'une attitude commune sur le préaccord de Blair House.

 

« C'est un harcèlement autour de Paris et non pas un siège pour affamer les Parisiens », a expliqué Jacques Laigneau, président de la Coordination rurale. Fort de son expérience de juin 1992, où un premier blocus contre la réforme de la PAC avait rapidement été démantelé par les forces de l'ordre, le mouvement s'est organisé en équipes motorisées autonomes et très mobiles. Les manifestants (quelque 10.000, selon la Coordination) étaient prêts à lever les barrages dès l'arrivée des forces de l'ordre, pour les reformer un peu plus loin.

 

Résultat: plus d'une vingtaine de barrages ou d'« opérations escargots » en constant déplacement durant la journée sur les routes et autoroutes de la grande couronne, à une quarantaine de kilomètres de Paris.

 

L'accès à l'aéroport Charles-de-Gaulle a été rendu difficile en début de matinée et la ligne du TGV Atlantique a été plusieurs fois bloquée. Selon le Centre régional d'information et de coordination routière, la manifestation n'a, dans l'ensemble, que faiblement perturbé la circulation. Malgré le mot d'ordre d'éviter tout affrontement à Paris, deux manifestants ont été arrêtés après avoir tenté d'échapper à des motards.

 

Dans l'après-midi, les agriculteurs mobilisés ont privilégié les barrages filtrants, qui permettent de distribuer des tracts aux automobilistes. Ils entendaient réaffirmer leur rejet du préaccord. « Nous demandons au gouvernement d'opposer sans délai son veto aux accords de Blair House et de convaincre avec énergie ses partenaires européens de rétablir la préférence communautaire », a précisé Philippe Arnaud, secrétaire général de la Coordination. Le mouvement réclame aussi d'être reçu par le gouvernement pour expliquer sa position. Créée fin 1991 pour rassembler les opposants à la réforme de la PAC « déçus » par les grandes organisations, la Coordination ne fait en effet pas partie des interlocuteurs du gouvernement. Jean Puech, le ministre de l'Agriculture, avait d'ailleurs mis en garde, mardi, les agriculteurs contre l'« isolement » que provoque ce type d'opération.

 

La coordination rurale émanait de dissidents de la FNSEA, donc d’un syndicat, avec des moyens, de la logistique alors que le mouvement des gilets jaunes est une galaxie territoriale, sans leader crédible, aux revendications hétéroclites, contradictoires.

 

Faire céder le gouvernement, le faire reculer, fait partie de notre ADN national mais et après ?

 

On ne fait la paix qu’avec ses ennemis mais encore faut-il les identifier pour renouer les fils avec eux…

 

Alexis Spire directeur de recherche au CNRS.

 

Il a publié, en septembre, Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat, aux Editions du Seuil. Dans un entretien au Monde, il analyse le mouvement des « gilets jaunes » avant la mobilisation de samedi 17 novembre.

 

  • Cette mobilisation des gilets jaunes est-elle originale ou s’inscrit-elle dans d’autres mouvements historiques contre les hausses d’impôts ?

 

C’est un mouvement qui ne ressemble pas tellement aux mobilisations des années 1980-1990 autour des prix du carburant, qui étaient surtout portées par des syndicats de transporteurs et des professionnels de la route.

 

Il diffère aussi du mouvement des « bonnets rouges » qui était impulsé dès le départ par le Medef local et la FDSEA [fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles], et qui était ancré territorialement, en Bretagne.

 

Dans le cas des gilets jaunes, il n’y a pour l’instant aucune organisation qui structure le mouvement et les foyers de la contestation sont très dispersés. Ce sont les réseaux sociaux et le très fort écho médiatique qui rendent possible l’existence de cette mobilisation qui prétend rester à distance de toute forme d’organisation politique et syndicale.

 

  • Certains ont parlé de nouvelle « jacquerie », d’autres de poujadisme

 

On peut voir une parenté avec les jacqueries dans le sens où elles étaient des explosions populaires qui rassemblaient dans les campagnes bien au-delà des seuls travailleurs agricoles et qui n’avaient pas de représentant mandaté ni de vision cohérente de l’émancipation. Autre point commun, ces mouvements étaient dirigés contre la noblesse qui était vue comme une caste sourde aux difficultés rencontrées par le peuple.

 

La comparaison doit néanmoins être nuancée. L’Ancien Régime était le règne de l’arbitraire et les inégalités fiscales étaient criantes. Les jacqueries partaient à l’assaut des châteaux en s’alliant parfois aux bourgeois des villes. Elles s’accompagnaient d’une grande violence de la part des insurgés mais aussi dans la répression qui en découlait.

 

Un point commun avec le poujadisme est le même discours anti-élites, qu’elles soient politiques ou économiques. Le thème des petits contre les gros est un fil rouge des mobilisations contre l’impôt mais ça ne suffit pourtant pas à en faire un énième mouvement poujadiste, car ce n’est pas la même morphologie sociale.

 

En 1953, ce sont des indépendants qui s’opposent à un nouveau mode de contrôle fiscal mis en place par l’administration. En prétendant fédérer les automobilistes, le mouvement des gilets jaunes s’adresse à un public très large et peut rassembler des catégories socio-professionnelles qui ne sont pas habituées à manifester ensemble, notamment des salariés subalternes et des petits indépendants. Cette alliance qui ne va pas de soi rappelle davantage les bonnets rouges, mais rassemble beaucoup plus largement dans tous les territoires où on ne peut pas se passer de la voiture.

 

  • Les gilets jaunes parlent des hausses de prix du carburant comme d’une goutte d’eau ayant fait déborder le vase. Pourquoi maintenant ?

 

Le carburant est un déclencheur d’un sentiment général d’injustice fiscale. L’idée qu’il y a trop de taxes et de prélèvements n’est pas nouvelle, elle existe depuis des années et elle a été nourrie par la succession des scandales fiscaux : il y a eu les affaires Bettencourt, Cahuzac ou Thévenoud, les Panama Papers, Paradise Papers et autre Luxleaks. Plus récemment, la quasi-suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune [ISF] a accentué l’idée que ceux d’en haut s’en sortent sans rien payer quand ceux d’en bas supportent tout.

 

Mais l’enquête statistique que j’ai menée dans le cadre de mes recherches sur un échantillon de 2 700 contribuables, révèle que c’est tout le rapport à l’Etat et aux services publics qui est aujourd’hui grippé. Paradoxalement, le sentiment qu’il y a trop d’impôt et de taxes est plus partagé dans les classes populaires, davantage bénéficiaires des politiques sociales, que dans les classes supérieures.

 

L’une des raisons est que les contribuables du bas de l’échelle sociale ne voient plus la contrepartie de ce qu’ils payent. Il n’est pas surprenant que le mouvement ait pris dans les zones rurales ou les villes moyennes : ce sont ces territoires qui ont pâti du recul et de la dégradation des services publics depuis plus de dix ans.

 

Ils ont vu partir les tribunaux, fermer les hôpitaux et disparaître les trésoreries. La contrepartie de l’impôt n’est plus tangible. Ils ont l’impression d’être prélevés pour entretenir le train de vie somptuaire des élites politiques.

 

Donc il ne faut pas se méprendre sur le sens de cette contestation du système fiscal : il ne s’agit pas de revendiquer moins d’Etat. En cela, le mouvement actuel diffère du Tea Party apparu entre 2008 et 2010 aux Etats-Unis. Alors que le Tea Party était un mouvement libertarien, contre toute intervention de l’Etat fédéral, les Français sont encore très attachés aux services publics et au modèle de protection sociale.

 

Propos recueillis par Aline Leclerc

 

Lire Carburants : les raisons de la colère

A RÉDACTION D'ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES

16/11/2018

 

Samedi 17 novembre, les gilets jaunes seront de sortie. Pointant du doigt la hausse des prix des carburants et de la fiscalité, ces automobilistes mécontents ont-ils raison de se considérer comme des « vache à lait » ? Sont-ils frappés indifféremment ?

 

Est-il possible d’imaginer une fiscalité écologique sur les carburants qui ne soit pas punitive, à tout le moins pour les ménages les plus pauvres et pour toutes celles et ceux dont la voiture est l’unique moyen de locomotion pour aller travailler ? Qui sont d’ailleurs ces Françaises et Français qui empruntent le plus leur voiture ? Alternatives économiques est allé dénicher des graphiques inédits pour mieux cerner le phénomène. Ce dossier spécial compile également des pistes de solution et des analyses sur notre consentement à l’impôt.

 

ICI 

 

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18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 07:00
Sur les réseaux sociaux, dans les médias, dans la vie l’émotion dégouline à plein tonneau mais du côté de l’empathie c’est le degré zéro…

Ce matin, en faisant ma revue de presse, je suis tombé sur une chronique dans le Quotidien du Médecin – oui je lis aussi le Quotidien du Médecin, éclectique comme le souligne Pax – « Comment se fait-il que ce qui fasse le plus défaut en médecine aujourd’hui soit l’humanité, la bienveillance et l’écoute ? En un mot l’empathie. »

 

Ce n’est pas un patient mais un médecin qui pose la question.

 

Cette année, et dans le passé, je suis passé entre les mains de sommités médicales de l’Assistance Publique, de grands professeurs, des sommités, compétents, et je dois à la vérité que je n’ai jamais eu à me plaindre de leur comportement même si parfois ils m’ont donné le sentiment de traiter un « beau cas », mon syndrome de Kent, Wolf-Parkinson-White par exemple, plutôt qu’un patient.

 

Il m’a fallu beaucoup pour dénicher un généraliste qui corresponde à ce qu’on nommait un médecin de famille, et non un débiteur d’ordonnances à la chaîne qui se contrefout de ce que vous lui dites. Je suis dur au mal, je ne demande pas qu’on me plaigne mais la douleur physique ça existe – mon valdingue à vélo, mon poumon perforé et mes côtes cassées ce n’était pas une partie de plaisir – et elle ne soigne pas qu’avec des médocs.

 

Récemment, une amie qui souffrait d’une double hernie vertébrale s’est vu balancer aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, « il faut souffrir, madame ! » après un parcours médical erratique elle a dû se faire opérer.

 

Le corps médical ne détient pas le monopole de l’absence ou du peu d’empathie, la pandémie touche toutes les catégories de la population, c’est le tout pour ma pomme qui prime à tous les étages de la vie sociale, au travail, à la ville, à la campagne, sur la chaussée, sur les trottoirs, dans les commerces, nous ne savons plus vivre ensemble.

 

Pessimiste ?

 

Oui, alors que l’émotion individuelle, en chambre, sur les écrans, vit de beau jour, l’empathie est une valeur rare.

 

Qu’est-ce que l’empathie ?

 

Étymologiquement, « empathie » provient du terme einfuhlung, qui fait référence à la projection d’une personne dans la situation de l’autre.

 

L’empathie, est la capacité à ressentir une émotion qui est appropriée, en réponse à celle qui est exprimée par autrui. En plus de ce ressenti de l’émotion de l’autre, il faut être capable de dissocier soi de l’autre, et de réguler ses propres réponses émotionnelles. C’est ainsi une source de connaissance de l’état psychologique de l’autre.

 

Il convient de faire une distinction entre empathie, sympathie et compassion.

 

« La personne qui nous paraît « sympathique » est un peu comme notre propre reflet dans un miroir. A priori, puisqu’elle partage les mêmes sentiments que nous, elle nous paraît proche de nous. Ainsi, il est possible d’être sympathique (car partageant la même émotion) et pas forcément empathique (car je ne sais pas vraiment à qui appartient ce que je ressens ici et maintenant). »

 

« La compassion est définie comme le désir de mettre fin aux souffrances d’autrui et à leurs causes. L’objectif est plus orienté vers la notion de souffrance. Compatir, c’est “souffrir avec” d’après la racine latine cum patior. »

 

Revenons au cas spécifique du médecin, surtout lorsqu’on se retrouve en état de dépendance sur un lit d’hôpital ou lorsque la vieillesse vous prive de votre autonomie :

 

Dans un livre intitulé « Médecin, lève-toi ! » paru le 8 novembre (*), le Dr Philippe Baudon lance un véritable cri d’alerte auprès de ses confrères et les invite à renouer avec les valeurs du serment d’Hippocrate qu’il estime « quotidiennement bafoué, voire ignoré, par des médecins qui se placent au-dessus des fondamentaux de la médecine ».

 

 

Arrogants et méprisants

 

Dans cet ouvrage parsemé d’anecdotes personnelles, le généraliste raconte comment il a fait lui-même l’expérience de ces dérives alors que sa femme était traitée dans un grand hôpital parisien pour un glioblastome. Le Dr Baudon passe alors de l’autre côté du miroir et découvre la « maltraitante psychologique » dont sont victimes, dit-il, des patients déjà gravement malades. Il stigmatise plus particulièrement le comportement de certains médecins hospitaliers « toxiques », devenus « arrogants et méprisants » et dépourvus d’« humilité ».

 

« Madame, si dans six mois vous êtes toujours en vie, compte tenu de votre pathologie, vous ferez partie des 5 % de survivants », répondra à sa femme le praticien chargé de la suivre. « Qui peut, dans une situation d’inquiétude aussi majeure, supporter ce type de réponse ? », s’interroge le Dr Baudon pour qui le médecin, s’il a le devoir de dire la vérité à ses patients, ne peut en aucun cas réduire leur espoir à néant.

 

Certes, ces praticiens ont des circonstances atténuantes, reconnaît le généraliste : usure, manque de temps et de moyen, pression de la rentabilité… Mais ce n’est pas une excuse, suggère-t-il en écrivant que « nous, médecins, avons choisi d’exercer ce métier difficile et tourné vers autrui, quitte à s’exposer au burn-out, aucun malade lui n’a choisi d’être malade ».

 

Réapprendre à communiquer avec les patients

 

Comment sortir de ce cercle vicieux ?

 

En « positionnant l’humilité et l’écoute au sommet de la médecine », répond le Dr Baudon qui milite pour un enseignement de l’empathie au cours des études de médecine. Il faut « réapprendre à communiquer avec nos patients », écrit le généraliste qui prône une plus grande place pour l’interrogatoire et pour l’examen clinique qui doit être réalisé « avec la plus grande précision ». Cette séquence « immuable depuis la nuit des temps » serait aujourd’hui négligée par les praticiens, trop prompts à se réfugier derrière des examens techniques qui ne devraient que valider un diagnostic.

 

Le généraliste plaide également pour une meilleure coopération entre confrères. « En aucun cas il ne doit y avoir de compétition entre la médecine hospitalière et la médecine de proximité », écrite Dr Baudon qui évoque l'histoire vécue d'un enfant décédé dramatiquement en raison d'une mauvaise coopération entre praticiens.

 

Très critique, ce livre n'a pas la violence d'un pamphlet à la Winckler (« Les brutes en blanc »), et ne constitue pas une charge contre la profession dans son ensemble, mais davantage une invitation à se remettre en question, dans un environnement où la technologie prend toujours plus de place. « Aujourd’hui plus que jamais, notre humanité, notre intuition, notre bon sens et surtout notre empathie, sont nos seules chances d’exister en tant que médecins », considère le Dr Baudon.

 

Source : Lequotidiendumedecin.fr

 

Le serment d'Hippocrate

 

Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

 

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

 

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

 

J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.

 

Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

 

Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

 

Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.

 

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

 

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services  qui me seront demandés.

 

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

 

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.

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18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 06:00
Aucun épisode des temps modernes n’a marqué aussi profondément la paysannerie française que la 1ère guerre mondiale.

Le 100e anniversaire de cette saignée monstrueuse que fut la guerre 14-18, si l’on veut bien laisser de côté la glorification des chefs, pour en revenir à la chair à canon, majoritairement paysanne, devrait éclairer celles et ceux, jeunes ou un peu moins jeunes, qui ignorent les racines de la profonde et tenace césure qui continue de diviser les Français : d’un côté une ruralité, sans plus beaucoup de paysans dénommés aujourd’hui agriculteurs, fantasmée, et de l’autre, une urbanité souvent assimilée au comportement des arrogants parisiens, les élites, les bobos, les qui ne savent rien de la vraie vie.

 

La part de vérité est incontestable, qui peut nier la concentration du pouvoir politique, économique, culturel, à Paris intra-muros, pas moi qui en ai été.

 

Jean-Paul Kaufmann dans son excellent livre La remontée de la Marne nous fait toucher du doigt la vie de ces Français, à quelques encablures de Paris sont les habitants d’une France sinistrée : villages aux devantures vides, églises fermées, communes vidées, paysans ou agriculteurs aigris et parfois méfiants envers la rivière, traces de guinguettes disparues, baignades interdites…

 

De même, dans son livre les raisins de la misère, Ixchel Delaporte, note « Le centre-ville de Pauillac a été laissé à l’abandon, ouvrant la voie aux marchands de sommeil qui accaparent les logements insalubres loués aux saisonniers », constate l’étude sur le travail saisonnier en Médoc. » C’est à deux pas du château Mouton-Rothschild et des GCC.

 

Les lignes de fractures sont partout, et la ruralité prend de multiples visages : territoires sinistrés ou lieux privilégiés, ou les deux ensemble à quelques kilomètres.

 

L’opposition, gens des villes, gens des champs, perdure même si y’a plus beaucoup de paysans dans les champs et que les villes moyennes ont souvent bradé leur centre-ville au bénéfice des prédateurs de la GD.

 

Revenons à la Grande Guerre et à sa chair à canon, des paysans, des ouvriers qui vont pour la première fois se côtoyer dans les tranchées.

 

Gordon Wright, qui était chef du département d’histoire de l’Université de Stanford, grand spécialiste de l’histoire de la France du XXe siècle, dans son livre La Révolution rurale en France, porte un regard pertinent sur ce que furent les prémices du grand exode qui s’accéléra avec le Marché Commun, la révolution silencieuse de Debatisse soutenue par le pouvoir gaulliste, Pisani, on préservait officiellement l’exploitation familiale tout en la précipitant dans une économie de marché de plus en plus ouverte.

 

« 20 ans après, le Président du Conseil Edouard Daladier devait justifier sa reculade de Munich par le fait que la France ne pouvait « sacrifier un ou deux millions de  paysans de plus » ; et il ajoutait – à la Chambre des députés le 9 décembre 1938 – (soulevant à la fois des applaudissements et des protestations) que 80 % des soldats du front, lors de la première guerre mondiale, avaient été des paysans

 

Sans doute exagérait-il ; et pourtant il est évident qu’aucune couche de la société ne sacrifia autant à la guerre.

 

Lire : la géographie des « morts pour la France » 

 

 

La Vendée paysanne y figure malheureusement tout en haut du tableau.

 

Les sursis d’incorporation, qui étaient monnaie courante dans les villes, étaient de rares exceptions dans les campagnes ; les trois cinquièmes de la population active masculine de l’agriculture furent mobilisés, et la majeure partie de ces recrues fut affectée à l’infanterie.

 

Les exploitations continuaient leur activité, grâce surtout aux efforts des hommes âgés, des femmes et des enfants. Lorsque les listes des pertes furent closes à la fin de la guerre, on put constater que 53% des morts ou disparus étaient des paysans.

 

 3 millions et 1/2 de paysans mobilisés

 

673.700 tués ou portés disparus

 

Environ 500.000 grièvement blessés et frappés d’invalidités permanentes.

 

Certains conservateurs prétendirent qu’en maintenant à la terre une population nombreuse Méline avait fait gagner la guerre à la France.

 

Nul ne peut s’arrêter devant un « monument aux morts » de village sans être frappé par le souvenir cruel qu’i s’y inscrit dans la pierre.

 

Il est vrai que l’expérience de la guerre eut un autre aspect. Pour les paysans qui restèrent à la ferme, la période de la guerre leur apporta un niveau de prospérité (ou du moins d’une apparence de prospérité) sans précédent. Les besoins terribles en denrées alimentaires et matières premières firent monter les prix en dépit des contrôles gouvernementaux ; même le petit paysan qui pratiquait une agriculture de subsistance fut entraîné dans l’économie de marché et s’arrangea pour mettre de côté un petit magot de billets de banque. Durant les années d’après-guerre, une grande partie des dettes des exploitants agricoles purent être remboursées et de nombreux paysans purent agrandir leurs biens en achetant des pièces de terre longtemps convoitées. Dans une grande mesure cependant, ces bénéfices de guerre provenaient en quelque sorte d’économies forcées du fait de l’impossibilité d’acheter l’équipement nécessaire et des engrais pendant la guerre. Ils furent également en partie anéantis par l’inflation mondiale.

 

Après 1918, il sembla un moment que, en définitive, la guerre avait tout simplement eu pour effet, comme l’écrivit un observateur – Michel Augé-Laribé – « d’accélérer l’évolution antérieure de l’agriculture, sans en changer le sens ». Trente ans après, le même observateur pouvait constater, avec une compréhension plus approfondie, que la guerre « marque dans l’histoire de l’agriculture française plus qu’une étape, une séparation », surtout parce qu’ « elle a modifié certainement la mentalité paysanne ». Des généralisations de cette sorte sont presque impossibles à vérifier, ou même à avancer avec grande précision ; cela ne leur enlève pas toute valeur. La mobilisation de toute une génération de paysans, et leur expérience de la vie des chambrées et de la guerre de tranchées eurent à coup sûr un retentissement profond sur ceux qui les subirent. Beaucoup de vétérans ne purent se résigner à la vie simple de village qu’ils avaient connue ; ils préférèrent rechercher un emploi d’ouvrier en usine ou d’employé. Chez ceux qui étaient restés à la ferme durant tout le conflit, il se produisit sans aucun doute une forme d’évolution plus nuancée. Le contact avec les hommes jeunes qui revenaient du camp ou du front, en permission au foyer, dut élargir leur façon de voir les choses. Pratiquement, pour la première fois dans l’histoire de la France rurale, leurs vies se trouvèrent intimement liées à des événements survenant loin du village. Leur importance accrue dans l’économie nationale et leur prospérité temporaire durent également leur donner un renouveau de confiance et d’amour-propre.

 

Et cependant les effets les plus marquants de l’expérience de la guerre ne semblent pas avoir été sous le signe de la confiance et de l’amour-propre ; on constate plutôt un amer ressentiment, une hostilité accrue envers les politiciens et le monde des villes, l’impression d’être des victimes et des incompris. Certains Français, durant les années qui suivirent, prétendirent que la guerre avait beaucoup contribué à combler le fossé entre la ville et la campagne. Plus souvent, elle semble avoir élargi ce fossé et créé de nouveaux sujets de tension. Les paysans pensaient qu’ils avaient mérité non seulement l’admiration et la gratitude des habitants des villes, mais une égalité de statut pleinement reconnue dans la société française. Au contraire, les citadins se plaignaient de la cherté des denrées alimentaires dans les années qui suivirent immédiatement la guerre et s’en prenaient au « paysan profiteur », gros, gras et rapace. Un journal parisien publia une description mordante du rustaud enrichi par la guerre conduisant fièrement une automobile neuve en vile, avec un veau étalé à son côté sur la banquette avant, et l’épithète humiliante de « cul-terreux » devint d’un usage courant. Au total, la tension entre ville et campagne fut probablement renforcée plutôt que réduite par l’expérience de la guerre ; et beaucoup de paysans en retirèrent une conscience de soi renforcée, mais aigrie.

 

À l’époque, ce changement psychologique semble être passé largement inaperçu. Le subtil Daniel Halévy, historien et essayiste, ne le mentionna pas en 1920 quand il fit l’un de ses pèlerinages périodiques dans une région rurale bien connue de lui. (Visites aux paysans du Centre). Ce fut la crise économique, dix ans après, qui ouvrit l’abcès de l’amertume paysanne longtemps réprimée. Quand Halévy retourna en province en 1934, il trouva les paysans en proie à ce qu’il appela une « sombre humeur » dans laquelle les souvenirs de la guerre tenaient la plus grande part. « On parle peu de ses tortures » écrivait-il, « mais on n’en oublie rien, et il en reste au fond des cœurs aigris, un désir de vengeance… La rancune a sommeillé quinze ans… Mais la crise a déchiré les voiles, elle a  libéré les anciennes colères, elle en suscite de nouvelles » Les impressions d’Halévy étaient celles d’un observateur étranger, parisien et intellectuel de cœur ; et pourtant il était suffisamment perspicace pour saisir un changement radical dans les attitudes rurales, et pour déceler que la conscience de soi nouvellement manifestée par les paysans au temps de la crise avait ses origines dans l’expérience de la guerre.

 

7 avril 2013

 

On se réfère souvent à la nature des sols où croissent les vignes, mon propos plus hétérodoxe nous ramène à l’homme replacé lui aussi dans son terroir d’origine

 

Même si pour beaucoup de jeunes gens ce retour à la compréhension de ce grand virage du XIXe au XXe siècle, la France paysanne qui va s’estomper pour laisser la place à une France sans paysans, peut paraître être à jamais englouti, effacé, que tout commence presqu’avec eux, il n’en reste pas moins vrai que, tout autant que les vignes qu’ils chérissent, l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont fait de la France un grand jardin cultivé, avec une précision, une minutie, un acharnement journalier est le véritable ADN du terroir. Pour autant, il ne s’agit pas de verser, comme l’a fait Daniel Halévy sur la fin de sa vie, dans l’idéologie qui a présidée au régime de Vichy, la terre qui ne ment pas. Simplement, dans la recherche d’une nouvelle identité paysanne, vigneronne, retrouver le sens de la communauté, du bien commun, de la fierté du bien faire. C’est à la fois la France vu d’en haut et d’au plus près des hommes, un Google Maps où la chair et la sueur, les rires et les pleurs, le temps pris ensemble fait partie intégrante du logiciel.

 

« Les travailleurs qui se groupent ici sont des métayers. C’est un fait nouveau. Il existe dans le midi de la France et dans la Brie, des syndicats de journaliers, ouvriers des champs qui travaillent la terre comme l’ouvrier de la ville travaille le fer, le cuir, le bois, et vivant au jour le jour du salaire de leurs bras (…) Le métayer est une sorte de contremaître que le propriétaire installe sur sa terre. Il exécute les besognes. En fin d’année, les fruits de toute sorte sont comptés. Deux parts sont faites : l’une va au propriétaire, l’autre est laissée au métayer. Il n’y a pas de salaire fixe. La fortune du maître et la sienne sont liées : on a pu dire, en ce sens que le métayage était une association. Ce n’est qu’un mot. Deux hommes de force très inégale ne peuvent être associés. Il est inévitable que l’un soit le maître et l’autre serviteur. »

 

Lire ICI 

 

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17 novembre 2018 6 17 /11 /novembre /2018 06:00
« Et boire aussi le blanc entêtant ; ajouter ce vertige aux nôtres, mon amant » L’invention du désir Carole Zalberg

Ma soif de petits livres est inextinguible.

 

Celui-ci est beau, d’une beauté nature, sépia, il capte mon regard, je l’effleure : sa peau est douce, sensuelle, je l’ouvre, je le feuillette, il se donne, met le feu à mes sens. Des mots volés, des phrases attrapées à la volée. Je caresse son dos nu, m’exalte, brutale apnée, mon cœur chahute, je crapahute jusqu’à la caisse. Je rends les armes, suis prisonnier.  

 

L'adultère aux éditions du Chemin de fer.

 

Carole Zalberg, la narratrice, entre fantasme et réalité, nous entraîne dans les plis et les replis d’une passion adultère. Sensualité, passion-fusion, une écriture limpide, toute en pudeur et retenue, douceur, désir, fraîcheur, une forme aboutie de poésie, de l’allure et de la distinction en un siècle qui en manque terriblement.  

Les dessins acérés et précis de Fréderic Poincelet , dont le sépia adoucit la froideur – les fantasmes ont rarement des couleurs et le désir dans sa fusion est métallique – accompagnent les courts récits.

 

À l’aide d’extraits glanés je vous livre des braises de ce petit livre :

 

« Ce sont elles qui ont décidé. Nos mains.

 

Nous étions dans ce taxi qui nous emportait vers nos vies respectives. Rien ne s’était passé. Tout avait pourtant été dit par nos yeux. Quelques mots aussi qui avaient entrouvert une porte. Mais nous étions encore chacun encerclé par notre propre histoire, le corps et le cœur en quarantaine de tout ce qui n’appartenait pas à celle-ci. Voilà, nous étions toi et moi dans deux sphères clairement limitées. Par instant elles se frôlaient et là naissaient une transparence, une fluidité – comme une béance dans notre enceinte et par laquelle nous étions happés.

 

Nous roulions donc, encore lointains, avec au ventre des envies de collision, d’une fusion même maladroite et comptée. Or nos vies, tout près, nous attendaient et rien encore ne se passait. »

 

« Voulez-vous manger avec moi, bel amoureux qui n’êtes pas à moi.

 

Nous serions allongés l’un dans l’autre, vous sur moi moi sur vous à côté qu’importe.

 

Il y aurait du vin frais dans les verres sur le parquet ; sur le lit : des fruits. Ce serait du raisin par exemple, qui craquerait sous la dent entre doigts et langues, à confondre les goûts, le dur et le mou, le jus explosant à travers le doux.

 

Ce serait aussi des pêches fondantes coulant au dos de ta main et plus loin.  Je suivrais ce ruisseau, remonterais à ta bouche une goutte de son mince flot, suc tiède du fruit mordu au champ d’été.

 

Et boire aussi le blanc entêtant ; ajouter ce vertige aux nôtres, mon amant.

 

Nous serions assis dans la nuit aux mille silences d’une montagne où nous aurions grimpés.

 

[…]

 

Retour en arrière, le jour où tout a commencé :

 

« Ce sont elles qui ont décidé. Nos mains.

 

Nous étions dans ce taxi qui nous emportait vers nos vies respectives. Rien ne s’était passé. Tout avait pourtant été dit par nos yeux. Quelques mots aussi qui avaient entrouvert une porte. Mais nous étions encore chacun encerclé par notre propre histoire, le corps et le cœur en quarantaine de tout ce qui n’appartenait pas à celle-ci. Voilà, nous étions toi et moi dans deux sphères clairement limitées. Par instant elles se frôlaient et là naissaient une transparence, une fluidité – comme une béance dans notre enceinte et par laquelle nous étions happés.

 

Nous roulions donc, encore lointains, avec au ventre des envies de collision, d’une fusion même maladroite et comptée. Or nos vies, tout près, nous attendaient et rien encore ne se passait. »

 

[…]

 

Dans cette brasserie bruyante d’une gare

 

« Après… je ne sais pas. Nos mains qui ne doivent pas et ne pensent qu’à ça.

 

Et nous ne pourrions pas. Mais si nous le pouvions, ce serait la bérézina. 

 

Toi et moi debout en même temps, écrasant la table entre nous, l’oubliant malgré les bords dans la chair. L’oubliant à la pulvériser.

 

Dans ce nuage de bois défait – cette victoire – nous serions seuls enfin, enfuis enfouis l’un dans l’autre de la tête aux pieds, mains fouilleuses arracheuses heureuses, bouches effleureuses dévoreuses courageuses.

 

Et ce serait le sol, un lit, un mur nu ; le ciel au-dessus et au-dessous. Le ciel au-dedans de nous. Et Ce Serait. »

 

[…]

 

« Verser une huile tiède dans tous les lieux lisses et les creux secrets que tu ne connais pas encore, que tu as dû mille fois dessiner. Pour que rien ne freine ton avidité. Que rien de moi ne gêne ton exploration tendre et folle d’appétit !

 

Et réveiller infiniment plus belle au matin de nos nudités. »

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16 novembre 2018 5 16 /11 /novembre /2018 06:00
Le « garagisme » à la Jean-Luc Thunevin est-il en train de prospérer dans l’univers déjanté du vin nu ?

Qu’est-ce qu’un vin de garage ?

 

Comme il vaut mieux s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints je vous donne la réponse de Jean-Luc Thunevin sur son blog ICI

 

 

Ce coquin de d’ex-DJ, un peu rocardien sur les bords, nous y dit « Je ne peux pas ne pas reprendre ce qu’a écrit Oz Clarke sur Valandraud…et moi »

 

« Jean Luc m’a expliqué que les prix élevés se justifient par le dur labeur et l’engagement. Quand on commence avec rien et qu’on ne peut produire que quelques milliers de bouteilles, il faut vendre cher. Et faire un vin à la hauteur. Et c’est là le secret d’un vrai producteur de vin de garage : c’est quelqu’un comme Thunevin qui se lance sans les moyens d’acheter des vignes décentes ni un équipement convenable, sans même la moindre expérience viticole, avec la seule conviction que sa méthode est imparable : se sacrifier corps et âme aux vignes qu’il a  pu s’offrir ; réduire leur rendement de moitié ; en prendre soin pied par pied ; différer la récolte aussi et même plus longtemps que la prudence le permet, la faire si nécessaire baie par baie ; transporter le raisin, dans le cas de Jean-Luc Thunevin, dans son garage blotti dans une petite rue du bas-quartier de Saint Emilion ; acheter les meilleures barriques ; se concentrer totalement à la fermentation et à la maturation du vin, sans triche ni compromis ; éliminer impitoyablement tout le vin susceptible de ne pas refléter sa passion. Qui fait tout cela est un vrai producteur  de vin de garage, capable d’obtenir un grand vin dont personne n’a jamais entendu parler. Si l’on accroche des négociants et des médias, et que le marché accepte de payer un prix exorbitant, on a prouvé  que l’ordre ancien peut  être bousculé et qu’une nouvelle méritocratie y  a sa place. Cela s’est vu en Californie et en Australie mais, jusqu’à mon interlocuteur, jamais en bordelais. »

 

Jean-Luc je l’aime bien, c’est un ami.

 

Vin de garage ne signifie pas bricolage !

 

Alors, comme le cardinal Marty, aveyronnais, qui fut archevêque de Paris, je m’interroge sur la soudaine épidémie de « garagisme » qui sévit chez les adulateurs de vin nu.

 

Voilà t’y pas que la première ou le premier venu se rue sur l’élaboration si facile du vin nu : pas de problème t’as rien à branler, simplement contempler tel un lou ravi le jus fermenter…

 

J’oubliais, soit tu trouves un bout de vignes au diable vauvert, tu le loues en fermage ou en métayage, soit t’achète des raisins aux viticulteurs du coin.

 

Voilà t’es vigneronne ou vigneron !

 

C’est facile, simple, vigneronne ou vigneron, comme chacun sait, ce n’est pas un métier c’est une passion.

 

Ces braves gens ne travaillent que pour la gloire, le pur plaisir des joyeux licheurs, ce sont des nonnes et des moines – chers aux bourguignons – qui ne sèment ni ne moissonnent, roulent en mobylette, se nourrissent des légumes du jardin, des œufs de leurs poules qui picorent dans la cour, des lapins du clapier, parfois boivent le lait de leurs chèvres, adorent se rouler dans l’herbe de leurs vieilles vignes, faire griller sur les sarments des saucisses, vivre de l’air du temps quoi !

 

Faudrait peut-être arrêter de déconner ne croyez-vous pas !

 

Embrasser le dur métier de vigneronne et de vigneron ce n’est pas faire joujou avec le raisin.

 

Le temps, le prendre, apprendre, observer, faire, prendre des gamelles, à la dure comme ma vigneronne préférée Catherine Bernard.

 

Le 19 avril 2006

 

Vin de vigneronne

 

Hier, j'ai gravi avec humilité la montagne Ste Geneviève. Rassurez-vous, en dépit du renouveau des chemins de croix, ce n'était pas un Golgotha après l'heure. Tout au contraire, juché sur mon grand destrier noir, je contournais le Panthéon pour me rendre 2 rue de l'Ecole Polytechnique afin d'y déjeuner au bistrot "Les Pipos"; un troquet qui serait bien trop petit pour accueillir en congrès nos joueurs de pipos mais qu'a une grande et belle ardoise de vins.

 

C'est le nouveau-né de Catherine, le 2005, son premier, que je suis allé découvrir sur les hauteurs de Lutèce. Pour les ex de Cap 2010 Catherine c'est Catherine Bernard qui, au temps où ils pensaient à compte d'auteur, pigeait, pas du vin alors, mais de la copie pour Libé et la Tribune. Moi, sitôt mon rapport de 2001 pondu, elle m'avait cuisiné des heures à la terrasse d'un café de la place de la Comédie. Précise, rigoureuse, accrocheuse et rieuse aussi, une pro comme on aimerait bien en croiser plus souvent. Avec ses papiers elle donnait des boutons à la conseillère du Ministre, vraiment une drôle de paroissienne Catherine qui pointait souvent sa plume là où ça dérangeait.

 

Bref, elle a bien tourné notre Catherine puisque la voilà aujourd'hui vigneronne à Castelnau-le-Lez dans l'Hérault. Elle a remis son sarrau, la théorie et la pratique, et c'est la bouteille de son premier vin qu'on posait sur la nappe à carreaux rouge et blanc. Du côté habillage c'est à son image, sans fanfreluches, une étiquette qui annonce sa bannière : COTEAUX DU LANGUEDOC avec en-dessous Appellation Coteaux du Languedoc Contrôlé et encore au-dessous, en discret, Catherine Bernard. 

 

Le 30 août 2010

 

La fiche technique de la cuvée 2009 de Catherine Bernard Vin de Pays de l’Hérault :

 

À la vigne

 

Trois hectares à Saint-Drézéry plantés de grenache, marselan et mourvèdre en AOC Coteaux du Languedoc

 

Deux fois trente ares de cinsault à Montaud.

 

Terroir argilo-calcaire, très argileux et très calcaire, allégé par des galets roulés du Rhône

 

Vignes travaillées en agriculture biologique, en cours de certification, doses de cuivre inférieures à celles autorisées grâce à des tisanes de prêle et d’ortie.

 

Vendange manuelle en caissettes

 

À la cave

 

Vinification en vendange entière sur un fond d’égrappé.

 

Courte macération pré-fermentaire à froid

 

Cuvaisons courtes et extractions légères.

 

Levures indigènes

 

Sans sulfite, non filtré, non collé, non dégazé

 

Composition du vin

 

Production cette année d’une seule cuvée, assemblage du cinsault (un tiers), du grenache (un quart), du marselan (un quart), et du mourvèdre (un tout petit quart)

 

«Dans les Vignes» Chroniques d’une reconversion, où elle nous parle sans fard de la taille :

 

 « C’est au cours des mois d’hiver que l’on entre en intimité avec la vigne. La taille est le premier geste de la saison et le tout premier geste vigneron  au sens où c’est une promesse de ce qui est à venir, un arbitrage entre la récolte qui se prépare et la pérennité de la souche, un geste singulier dans un ensemble d’autres gestes, un tête à tête qui devient un face à soi, et pour moi cet hiver-là, une première approche de la solitude. Jamais, avant ce mois de février, je n’avais éprouvé le sentiment de solitude. Jamais, je crois, je n’avais éprouvé un tel dénuement.

 

Quand je suis remontée dans la voiture, j’ai mis le chauffage et la musique à fond. C’est à ce moment-là que j’ai su que, toute la journée, des pensées avaient défilées dans ma tête, comme les nuages poussés par le vent du nord. Maintenant, elles pouvaient s’accrocher. Elles étaient claires. Je dis souvent : quand je rentre des vignes, je pense droit, comme si les vignes avaient la vertu ou le secret de me remettre la tête sur les épaules. Une nuit j’ai rêvé que j’étais un cep, enraciné dans la terre, le feuillage abandonné au gré du vent. »

 

« Après ma première journée de taille, j’avais les joues en feu. Sur la voie en face, les gens rentraient à la queue leu leu de leur bureau en ville dans leur pavillon à la campagne. Je faisais le chemin inverse. C’est la tombée de la nuit qui a sonné la fin de ma journée de travail, en même temps que mon entrée dans la force des choses.

 

Le lendemain matin, je me suis réveillé les doigts gourds, les articulations saillantes. Il en a été ainsi, de pire en pire, au fil de la saison. L’année suivante, je ne pouvais déplier les doigts au matin. Je me suis fait opérer d’un tendon à l’auxiliaire de la main droite et je me suis équipée d’un sécateur électrique, comme tout le monde. »

 

Fermez le ban !

 

Maintenant Catherine, pour me faire plaisir, fait du Vin de France...

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15 novembre 2018 4 15 /11 /novembre /2018 06:00
Que d’eau, que d’eau est passé sous le Pont Mirabeau alors que coulait à flots le bojolo nouveau dans les gorges des parigots… René Fallet… papa Bréchard dit pépé primeur… Jacques Puisais…caves ICI MÊME, PAPILLES, D'YVRY, des CLIMATS

À la grande époque du Beaujolais Nouveau ce que j’appréciais tout particulièrement c’était une forme joyeuse de dramaturgie orchestrée par de célèbres ripailleurs bons buveurs qui ne se prenaient pas la tête et qui s’affichaient en public dans les médias sans souci de leur image. On l’attendait comme le Messie le Beaujolais Nouveau dans le monde entier. Une belle saga qui a tourné au vinaigre. Comme chacun sait notre brave Bojolo Nouvo s’est payé une grosse gamelle, entrainant dans sa chute toute l’appellation, et après avoir été adulé il s’est fait méchamment dézinguer. Et plus dure fut la chute, beaucoup d’anciens laudateurs s’empressèrent de retourner leur veste pour rejoindre la nouvelle génération de buveurs qui souhaitaient faire la fête le fameux troisième jeudi de novembre avec un jaja un peu plus authentique, plus nature.

Ces lignes sont de novembre 2012

 

 

René Fallet.

 

« Et le Beaujolais nouveau arriva.

 

Et du Nord au Midi, comme tous les 15 novembre, un printemps d'affichettes bleu ciel, rouges, orange, vertes, fleurit aux vitrines des débits de boissons, pour annoncer aux passants mornes que le petit Jésus du vin était né. Et les passants mornes s'éclairaient à la vue de ces papillons, et une goutte de rubis tombait sur leur vie grise, leur demeurait à la lèvre en confetti de sang...

 

LE BEAUJOLAIS NOUVEAU EST ARRIVE !!!

 

Ce Te Deum éclatait sur Paris, sur toutes les grandes villes, roulait dans leurs artères, chantait Montmartre et Contrescarpe, défilait dans la rue St Denis, tintait louis d'or sur tous les zincs où se pressait le peuple pour voir et toucher le divin enfant de l'année (...)

 

Le Beaujolais nouveau est arrivé, la fête est revenue pour quelques jours, fête tuée par l'armée des pisse-vinaigre mais ressuscitée en cachette par les chante-la-joie increvables comme elle (...)

 

Le Beaujolais nouveau est arrivé ! Coquinet de la cuisse, un poil canaille, sans soutien-gorge, un rien pute, léger et court vêtu, un brin muguet, un brin de fille, un doigt de Dieu, un doigt de cour. Il coulait source dans les hommes, il ne repartirait qu'en leur laissant au coeur le plus clair de la vie, la vertu d'un sourire (...)

 

Il voyageait aussi, ce doux cul-terreux de la Saône, ce joli voyou de la Guillotière, que les anciens paraient du nom superbe et royal de " Fils de l'amour ". Il prenait l'avion, ce fils de la terre, et s'en allait à l'autre bout, fils du soleil, porter la bonne parole, la bonne aventure aux quatre coins, chez les Anglais, les Canadiens et les Américains. New Beaujolais is here ! En Allemagne et en Belgique, ce fafardet soufflait la mousse de la bière, le temps d'une embellie. En Suisse, son voisin et son premier client, il prenait l'accent de Lausanne pour crier "coucou!" dans le fond des bouteilles.

 

" Me voilà, je suis arrivé ! ", commençait-il partout. Et puis il pérorait avec les mains, bousculait l'éventail politique, perdait le fil, le retrouvait, touchait une paire de fesses par-ci, une paire de seins par-là, tendrement dingue, si gentiment zin-zin qu'on lui pardonnait tout ainsi qu'à un enfant gâté.

 

Papa Bréchard c’était pépé primeur

 

« Mais revenons à nos feuillettes. Longtemps, nos vins ont pu se contenter de n’être que de bons petits vins faits pour la carafe et le café. Sensible au charme « écologique » eu barriquaillage qui lui donnait la promesse d’un vin authentique de vrai vigneron – en direct du producteur au consommateur – la clientèle, essentiellement locale, pardonnait la faiblesse ou la rusticité de ce beaujolais de bonne franquette. Par exemple je me souviens de vin livré dans la précipitation et qui démarrait sa « malo » au comptoir, cette malo dont on ne savait pas grand-chose alors, sinon qu’elle faisait un temps le vin revêche et amer, quasi imbuvable et que l’on appelait seconde fermentation. Eh bien, personne ne se fâchait, on supportait cet avatar provisoire avec constance, comme une maladie infantile, la rougeole ou la varicelle, dont le vin sortirait plus fort et meilleur qu’avant. Essayez donc maintenant d’écouler du beaujolais qui n’aurait pas fait sa malo !

 

Avec la mise en place progressive du négoce qui a considérablement élargi les zones de diffusion de nos vins, mais aussi gommé le folklore, la clientèle frustrée de barriquaillage pittoresque, a retrouvé le goût juste et sans indulgence, elle exigé du primeur mieux élaboré, plus étoffé. Bon gré mal gré le vignoble a suivi pour le plus grand bien de tous. Les vignerons décidés à faire du primeur, ou ceux qui n’avaient pas de meilleure alternative – je pense surtout aux miens, ceux du Sud – se sont appliqués. Ils ont démontrés, nonobstant les tentatives ultérieurs d’autres vignobles attirés par la poule aux œufs d’or, que l’association terroir beaujolais/gamay noir à jus blanc, donnait par vocation et quand on le voulait bien, le meilleur primeur rouge du monde, souvent imité, rarement égalé, jamais dépassé et croyez-moi, c’est pas de la réclame mensongère...

 

On fit tant et si bien que le primeur est, en quelque sorte, devenu une appellation officieuse dans l’appellation beaujolaise. Conséquence plaisante, Chiroubles, Brouilly, tous les crus ont pu dans l’esprit du consommateur, se démarquer du simple label beaujolais puisqu’ils ne font pas le vin en primeur, prendre leur essor, s’imposer comme beaujolais haut de gamme porte-drapeaux de l’appellation. Conséquence plus préoccupante pour les beaujolais et beaujolais-villages classiques, coincés entre la notoriété universelle des primeurs et des crus. Sans image de marque précise, pour eux la partie se compliquait, elle l’est toujours hélas, et de plus en plus au fur et à mesure que le primeur gagne des parts de marché. » [...]

 

La suite ICI 

 

Sa conclusion sonnait juste « Le beaujolais n’est pas un produit industriel, et le vigneron beaujolais ne gagnera pas son argent en jouant sur la quantité. Voilà, c’est mon conseil, peut-être le dernier, à mes successeurs. »

 

Lundi, au hasard de mes pérégrinations vineuses je suis tombé sur un livre signé par Jacques Puisais

 

Avec l’irruption des naturistes sur la planète vin, le bojolo nouveau retrouve des couleurs, les cavistes, c’est ainsi qu’on baptise les marchands de vin du XXIe siècle, les vrais, les purs et durs, les alternatifs, les survoltés du clavier, les insoumis du litron, déversent ce fameux ce troisième jeudi de novembre des flots de beaujolais nouveau nature bien entendu.

 

Ça ripaille, ça picole, ça rigole, ça affole les Diafoirus modernes gardien de notre Santé Publique, ça rend folle la caisse enregistreuse, ça colle du rose aux joues des filles, ça vole pas toujours très haut mais ça fait du bien au populo des réseaux sociaux.

 

-              Ici Même 68 rue de Charenton, 75012 Paris dans l’épicentre des vins nus

 

 

  • La cave des Papilles du 35 rue Daguerre mes voisins du 14e

 

 

  • Paco le coco d’Ivry  40 rue Marat 94200 Ivry-sur-Seine

 

Bojos de Julien Merle et Jean Claude Lapalu, et à 17h00 , mise en bouteilles devant la cave du primeur de la Grange aux Belles avec le vigneron Julien Bresteau , c'est un grolleau, à 19h fanfare, dégustation gratuite et possibilité de boire sur place avec assiettes de salaisons et fromages.

 

 

Jean Claude Lapalu nous à livré ses Bojos nouveaux , c'est jeudi ...😉

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  • La cave des Climats 35 rue de Verneuil 75007 Paris là c’est le grand chic bourgeois

 

 

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14 novembre 2018 3 14 /11 /novembre /2018 06:00
Le Pithiviers sucré ou salé, fondant ou feuilleté, le taulier met les pendules de Guillaume Nicolas-Brion à l’heure…

C’est le sieur Nicolas-Brion, qui n’est ni la conjonction du caviste honni et du château qualifié de Haut, Guillaume de son prénom, qui m’a mis la puce à l’oreille. Ce licheur addict de vins nu, est une fine gueule qui mange à tous les bons râteliers de France, de Navarre et d’ailleurs.

 

Sur Face de bouc samedi voilà t’y pas qu’il me met sous le nez un Pithiviers maousse costaud de  15,200 Kg, genre pâté En Croûte King Size.

 

L’auteur  c’est Yohan Lastre cuisinier à Lastre sans apostrophe 188 rue de grenelle 75007 Paris

 

Plein de hashtags :

 

#traiteurparis #pithiviers #gibier #truffe #truffes #foiegras #feuilleté #feuilletage

 

« Vive la France a-t-on entendu crier quand le pithiviers de Yohan Lastre est arrivé dans les assiettes. » nous dit GNB.

 

 

Les photos sont du chef pour la première et de GNB pour les trois autres.

 

Moi qui suis con comme un balai je croyais que les Pithiviers c’était sucré, alors je suis allé  fouiner tout au fond de la Toile pour élucider cette affaire, bien mieux que les petits limiers de BFM TV.

 

Pithiviers c’est une sous-préfecture du Loiret, peuplé de Pithivériens, 9100, « bordée par l'Œuf, elle se situe sur le socle calcaire de l'ancien lac de la région naturelle de la Beauce et présente peu de reliefs.

 

Un camp de prisonniers, puis de transit, fut installé dans la commune sous le Régime de Vichy durant la Seconde Guerre mondiale. » nous dit wikipédia

 

Mais revenons au pithiviers

 

Pithiviers prime les autres villes par ses bonnes épices ; il a aussi ses gâteaux d’amandes qui sont très en renom. Sa crème d’amandes au beurre est la plus ancienne et une des meilleures

 

Ainsi s’exprimait à la fin du XIXe siècle Pierre Lacam, dans son Mémorial historique et géographique de la pâtisserie.

 

Le célèbre gâteau fondant a son label depuis 2017 : l'authentique Pithiviers. La marque vient d'être validée par l'INPI, l'Institut National de la Propriété industrielle. Objectif: garantir au consommateur la qualité des gâteaux vendus sous cette appellation.

 

Les pithiviers fondant ou feuilleté sont deux gâteaux fourrés à la crème d’amande (frangipane) qui portent le même nom mais dont l’apparence et la texture sont très différentes. Parfumée aujourd’hui au rhum, la crème d’amande l’était autrefois au kirsch.

 

En dépit de leur apparence quasi identique, il ne faut cependant pas confondre la galette des rois et le pithiviers feuilleté. Ce dernier contient beaucoup plus de crème d’amande en garniture (trois fois plus qu’une galette des rois) et sa pâte feuilletée comporte plus de beurre. Aussi, la pâte du pithiviers nécessite quatre tours doubles et six tours simples alors que la galette des rois n’a besoin que de quatre tours simples.

 

« Le Pithiviers fondant, dont l’origine se perd dans la nuit des temps, est sans contexte l’expression originale de cette spécialité puisque le feuilletage n’est connu que depuis l’invention du sieur Feuillet, pâtissier du prince de Condé au XVIIIe siècle. Avec ses trois siècles d’existence, le Pithiviers feuilleté ne peut donc être qu’une variante « moderne » du gâteau traditionnel de Pithiviers.

 

Pithiviers, depuis son origine gauloise, a toujours été un carrefour important. Les étymologistes expliquent d’ailleurs que Pithiviers signifie « le carrefour des quatre chemins » dans la langue des Carnutes. A cette époque, Pithiviers était déjà un lieu important d’échanges commerciaux, il n’est pas surprenant qu’une spécialité gastronomique soit née de ces rencontres car les Carnutes étaient réputés dans toute la Gaule pour la qualité des galettes qu’ils confectionnaient avec le meilleur froment de nos plaines. De la rencontre de ces galettes avec les amandes échangées par de nombreux commerçants romains qui suivaient les armées naquit sans doute la galette carnute aux amandes, ancêtre de notre Pithiviers fondant.

 

Au XVIIIe siècle, la naissance des pâtissiers succédant aux talmeniers et l’invention du feuilletage débouchèrent sur la naissance du Pithiviers feuilleté. Il est certain que l’essor et la diffusion du Pithiviers résultent de cette recette qui donna une renommée nationale à notre gâteau.

 

Nous savons par une correspondance datée de 1772 du poète Collardeau à son oncle l’abbé Régnard, curé de notre ville, que « les gâteaux et pourlècheries des pâtissiers de Pithiviers ont une réputation bien acquise à Paris grâce à l’habileté des professionnels et à leur usage de la plus fine des farines beauceronnes… »

 

Citant les richesses particulières de nos provinces, Le Magasin pittoresque en 1847 remarquait le gâteau de Pithiviers parmi les spécialités de nos régions « que de choses y sont faites pour flatter la vue, le goût et l’odorat. Que de produits qui doivent à des circonstances particulièrement favorables, à l’intelligence, à l’habileté de ceux qui les préparent, une célébrité à la fois grande et lointaine… ». Fondant ou feuilleté, le gâteau de Pithiviers mérite plus que jamais cette renommée. »

C’est le site de la ville qui le dit.

 

Avec le pithiviers fondant ce sera champagne fidèle de Vouette et Sorbée et avec le salé rosé des Riceys d’Olivier Horiot.

 

 

 

 

 

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13 novembre 2018 2 13 /11 /novembre /2018 06:00
Votre serviteur garde toujours 6 longueurs d’avance sur la concurrence : il chanta les louanges du lardo di Colonnata acheté chez Alessandra Pierini en mai 2012 avec du jaja du regretté Stefano Bellotti

Je sais, je sais, j’entends déjà monter du tréfonds du fonds des affidés de la LPV et autres grands penseurs du vin mondialisé, à peine remis de leurs agapes de la Villa d’Este, des ricanements, « mais pour qui il se prend ce mec ? »

 

Ne leur en déplaise, ce mec il se prend pour ce qu’il est, ce qu’ils ne sont pas, un chroniqueur qui picore l’actualité au gré de ses envies, de ses coups de cœur, de son grain de folie, avec plus ou moins de fantaisie, de pertinence, d’insolence, sans se faire rincer la dalle, chez lui tout est gratuit sauf ce qu’il écrit.

 

Au temps où je m’intéressais de près au football il y avait un arbitre qui eut son heure de célébrité : Robert Wurtz toujours sur l’action. 

 

À notre époque, je me souviens que certains journalistes parlaient parfois de l’arbitre avant de parler des joueurs. « Ce soir, c’est M. Wurtz qui se produira à Gerland », titrait la Une de L’Équipe. Bah oui, ça correspondait. Car au-delà de l'arbitrage, je voulais donner du spectacle, montrer aux joueurs que je faisais partie du jeu. Attention, ça ne m’a pas empêché de faire des erreurs, hein. Un jour, on m’a d’ailleurs dit : « Vous faites des conneries comme les autres, mais les vôtres sont géniales. »

 

Mais revenons à nos moutons – sans allusion aucune à ce qui précède – l’érection du lardo di Colonatta au rang de bienfaiteur de l’Humanité des vrais mangeurs de bon gras.

 

Sous le beau titre : L’art du cochon dans Le Monde c’est Margherita Nasi qui s’y colle le 8 novembre de cette année 2018.

 

« Du lard, du sel, un cocktail d’épices mystérieux, le tout affiné dans des vasques en marbre de Carrare, la fabrication du « lardo di Colonnata » est un savoir-faire toscan jalousement conservé. Et une merveille adipeuse qui s’exporte dans le monde entier. »

 

Bravi, bravo, bravissimo… à genoux devant ce sublime lardo !

 

L’article ICI 

 

Oui mais, comme le proclamait le déplumé de Chamalières, le  22 mai 2012 je tirais le premier :

 

Le Taulier fait dans le genre guide du routard en plus chic pour vous faire découvrir la patrie du lardo di Colonnata et, avec ça, vous boirez quoi ?

 

Vanter du lard, même doté d’une appellation qui chante la Toscane : lardo di Colonnata, c’est du gras quoi, rien que du gras, c’est pure provocation, c’est nutritionnellement incorrect en nos temps de régime minceur, mais Dieu que c’est bon allongé sur une belle tranche de pain, juste tiédie, accompagné d’un verre de vin. Un délice, un régal, le goût des choses simples même si le lardo di Colonnata est rare, donc cher (44 euros/kg à Paris chez RAP épicerie : à la coupe ou en morceaux). Mais c’est le prix de l’excellence, celui du respect de gestes ancestraux, et puis, comme nous n’en mangeons pas tous les jours – plat des pauvres autrefois, des mieux lotis aujourd’hui – c’est le choix d’une alimentation qui joint le geste à la parole : moins mais bon.

 

J’écrivais pour justifier le titre :

 

Je vous propose donc ce matin un beau voyage du côté de Carrare en Toscane afin que vous découvriez la patrie de ce lard d’exception. Tout ce qui suit a été vérifié par le Taulier, les adresses du manger, boire et dormir seront indiquées en fin de chronique.

 

La suite ICI 

 

Elle n'a pas pris une ride ma chronique, oui, oui, elle est belle et fraîche comme une salade juste coupée sur le toit d'Emilie.

 

À vous de juger chères lectrices et chers lecteurs mais je ne suis pas peu fier de mon « nez » qui m’a permis d’aller, à l’époque, jusqu’au haut de la rue Rodier, m’approvisionner dans l’antre d’Ali Baba de la souriante et accueillante Alessandra.

 

Elle a guidé mes pas dans les trésors de l’Italie.

 

Merci

 

Et bonne journée !

 

 

RAP c'est ICI 

 

 

 

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