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30 novembre 2018 5 30 /11 /novembre /2018 06:00
J’ai maintenant 1 corps étranger dans mon corps, un implant dit-on, suis-je concerné par « Implant Files » ?

Fin janvier, on m’a implanté une prothèse de hanche, à droite, à la clinique Arago, classée comme la meilleure de France en ce domaine. Après deux mois de convalescence, sans aucune rééducation mais simplement  le respect des préconisations de mon chirurgien.

 

Cette prothèse, titane-céramique, me fait sonner aux portiques mais a bien résisté à ma grosse gamelle à vélo qui m’a valu un petit séjour de 15 jours en pneumologie à l’hôpital Cochin.

 

Ma prothèse de hanche

 

Bref, dimanche dernier, après avoir vu errer, place de la Bastille, une poignée de gilets jaunes en déshérence, les pauvres y’avait pas de télé, toutes sur les Champs Elysées où ça castagnait, je surfais sur le net afin de trouver des références pour l’écriture d’une chronique.

 

Soudain s’affiche à l’écran : « Implant Files » : un scandale sanitaire mondial sur les implants médicaux par Chloé Hecketsweiler et Stéphane Horel

 

Je clique, c’est le Monde, je suis abonné : ICI 

Dans le Journal Le Soir je lis : Implant Files: Heavy metal, le désastre sanitaire des prothèses de hanche

 

MIS EN LIGNE LE 25/11/2018 À 18:00      PAR ANNE-SOPHIE LEURQUIN

 

Commercialisées depuis 2003, les prothèses de hanche métalliques de la firme américaine DePuy ont libéré des ions de cobalt et de chrome dans le sang de certains patients, entraînant une nécrose des tissus.

 

Une prothèse de hanche se compose de trois parties : la tige, qui s’insère dans l’os du fémur, une cupule appelée « cotyle », qui se fixe sur le bassin, et enfin la tête fémorale, une pièce qui fait la jonction entre la tige et le cotyle dans lequel elle vient se loger. Les prothèses DePuy se targuaient d’une meilleure résistance grâce à un couple métal/métal (cotyle et tête fémorale). Mais le frottement des deux pièces a libéré dans certains cas des ions métalliques dans le sang, empoisonnant littéralement les patients.

 

Disposant du 06 de mon chirurgien je l’interroge : quelle est la marque de ma prothèse ?

 

10 mn après je reçois la réponse : ma prothèse est française marque SERF 

 

S’ensuit un dialogue intéressant sur le sujet.

 

Vous remarquerez que je me suis adressé à un chirurgien attentif à ses patients, disponible, confier son 06 est très rare. Je n’en pas abusé mais c’est très confortable pour la relation patient-médecin.

 

« Implant Files » : quand le patient ignore servir de cobaye pour une prothèse de hanche

 

Le laboratoire Ceraver a mené des essais cliniques illégaux en implantant une prothèse de hanche d’un nouveau type, censée annihiler les infections post-opératoires.

par Emeline Cazi 

 

Daniel Blanquaert n’est ni médecin ni chirurgien, mais, chaque jour, depuis son bureau de Roissy d’où il voit décoller les avions, il se rêve en cador des blocs opératoires. Le PDG de Ceraver, dont les prothèses de hanche, de genou et d’épaule made in France ont plutôt bonne réputation, est certain, en ce printemps 2011, que sa nouvelle prothèse de hanche, l’« Actisurf », mise au point par une chercheuse du CNRS avec laquelle il s’est associé, va révolutionner la médecine. Terminées les reprises d’opération pour cause d’infection. Pour la première fois, un moyen a été trouvé pour que les bactéries, ces bêtes noires des chirurgiens, ne collent pas à la tige implantée dans le corps du patient.

 

Les études réalisées sur des lapins sont bonnes, les greffes sur les brebis concluantes, lui a expliqué la professeure Véronique M., du laboratoire de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis. Voilà plus de vingt ans que cette ingénieure en matériaux travaille à recouvrir une prothèse en titane d’un film antibactérien. Une fois les derniers tests sur animaux effectués, les essais cliniques sur l’homme vont pouvoir débuter. Mais le patron de Ceraver ne l’entend pas de cette oreille. Ses concurrents américains et européens lorgnent sur le brevet, il ne faut pas traîner.

 

Daniel Blanquaert sait déjà à qui il va proposer une première mondiale : au professeur Alain Lortat-Jacob, le pape des infections ostéo-articulaire, longtemps chef de service de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. Son nom, associé à celui de l’entreprise, c’est le succès assuré. Lorsque Daniel Blanquaert l’a appelé pour lui dire qu’« il serait bien qu’[il] pos[e] la première » prothèse, le chirurgien s’est bien douté « que sur le plan administratif, ça frottait un peu sur les bords », a-t-il reconnu au cours de son audition devant les enquêteurs, dont Le Monde a pris connaissance. Mais il a « la certitude » que les patients ne courent aucun risque. Il y a juste un détail : il part bientôt à la retraite, il faut donc faire vite.

 

Des essais cliniques sauvages la suite ICI 

 

"Implant Files" : des chirurgiens orthopédiques corrompus par des fabricants de prothèses ICI  

 

"Implant Files" : comment le géant américain des technologies médicales s'implante dans les hôpitaux français

 

Medtronic, leader mondial de la fabrication de dispositifs médicaux, fournit gratuitement des salles d’opération de haute technologie ou prête du personnel. L'enquête de franceinfo montre que des contreparties existent bien.  ICI

 

 Tout va donc bien dans le meilleur des mondes…

 

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29 novembre 2018 4 29 /11 /novembre /2018 06:00
Alors que le storytelling est décrédibilisé les conseils du vin exhortent les vignerons : nous écrirons votre histoire ainsi vous attirerez des clients, des œnotouristes, et vous vendrez mieux vos vins…

L’œnotourisme, c’est le nouvel eldorado des vignerons, je crois même qu’il y a un Conseil Supérieur de l’œnotourisme présidé par un ancien Ministre en déshérence, récemment les aînés, comme on disait au temps de la JAC, les VIF ont même colloqués sur le sujet et les gamins-gamines ont fait joujou, en Val de Loire, sur le thème, aux frais de la princesse, ça s’appelle Vinocamp.

 

Tous psalmodient, à l’attention de ces pauvres vignerons, « il vous faut écrire votre histoire pour la raconter à ces braves gens qui vont venir vous voir dans le fin fond de votre campagne… », sous-entendu « comme vous n’êtes pas foutu de le faire, nous l’écrirons à votre place… »

 

Ce concept d’œnotourisme apparu sous l’action de Paul Dubrule, l’un des fondateurs du groupe Accor, aujourd’hui propriétaire de vignes en Luberon, relevait de ce cher Monsieur Jourdain pratiquant la prose sans le savoir. Bref, dans une petite chronique 16 mai 2009 je m’amusais :

 

Le maire de «Losse-en-Gelaisse» à l’attention de Mr Paul Dubrule président du Conseil Supérieur de l’Œnotourisme

 

« … et, je sens que le moment est venu d’attirer le tourisme dans notre région en utilisant nos ressources naturelles qui sont : notre absence totale d’organisation, notre réelle inefficacité et notre profonde apathie. » (photo titre)

 

Et le puis le 17 août 2009 je passais à l’attaque :

 

L’excès d’œnotourisme me saoule

 

« Dans le TGV du retour de Vinexpo je feuilletais le magazine papier glacé que nous propose la SNCF dans ses TGV lorsque mon regard est tombé sur le titre alléchant, très Libé de la grande époque, de la rubrique Bouche à Bouche : « L’œnotourisme n’est pas un vin mot ». Je me suis dit bonne pioche : le bon peuple voyageant dans ce fleuron de la technologie française va être alléché par des propositions de visites dans notre beau vignoble, que le monde entier nous envie comme le dit notre grand expert de la JV, avec ses châteaux, ses clos, ses domaines, ses mas … et patati et patata…

 

L’entame de l’article me laissa pantois : « Le vin n’est pas seulement une boisson de la vigne. Il peut être un but de voyage. C’est semble-t-il, ce qu’un nombre croissant d’acteurs de la filière découvre en ce moment. Poussé par la crise du vignoble hexagonal mis à mal par la concurrence des vins étrangers, le concept d’œnotourisme se développe. »

 

La suite ICI

 

Donc l’œnotourisme est tendance, pourquoi pas, mais ce que j’écrivais en 2009 reste toujours d’actualité pour le plus grand nombre de vignerons.

 

Alors, celles et ceux qui vivent du conseil à ces pauvres vigneronnes et vignerons désarmés dégainent leur arme secrète : le storytelling.

 

Qu’est-ce que le storytelling ?

 

Toujours avec quelques longueurs d’avance le 7 novembre 2007 je pondais une chronique

 

Le monsieur Jourdain du storytelling : c'est un peu moi !

 

Depuis 2001, sans le savoir, je fabrique des histoires et on me lit.

 

Rassurez-vous chers lecteurs, même si j'aperçois de mon balcon les hauts murs de l'hôpital Ste Anne, je ne suis pas encore atteint par un délire de prétention aiguë. Pour tout vous dire, je suis le premier étonné et pourtant, le premier symptôme de cet étrange manie, celle d'écrire, je l'ai constaté sitôt la publication de mon fichu rapport. L'ami Jean-Louis Piton, qui sait avoir la dent dure quand il le faut, m’avait dit au téléphone : « Ton rapport il ne ressemble à rien de connu... » et moi de répondre, « normal je l'ai écrit... » s'ensuivit un blanc au bout du fil - même si nous nous servions de portables - et moi d'enchaîner : « l'as-tu lu jusqu'au bout ? » la réponse fusa : « oui! » et de répondre : « c'était mon seul objectif, être lu ».

 

Mais me direz-vous, en quoi cette technique " apparue  aux Etats-Unis au milieu des années 1990, le « storytelling » ou l' « art de raconter des histoires » est-elle nouvelle ?

 

C'est tout simplement parce qu' « elle a été déclinée partout depuis sous des modalités de plus en plus sophistiquées, dans le monde du management comme celui de la communication politique. Elle mobilise des usages du récit très différents, du récit oral tel que le pratiquaient les griots ou les conteurs jusqu'au digital storytelling, qui pratique l'immersion virtuelle dans des univers multi sensoriels et fortement scénarisés » in Storytelling de Christian Salmon éditions La Découverte.

 

 

 

Certains d'entre vous vont sourire, le récit est aussi vieux que le monde, comme Roland Barthes l'écrivait « sous ses formes presque infinies, le récit est présent dans tous les temps, dans tous les lieux, dans toutes les sociétés ; le récit commence avec l'histoire même de l'humanité... »

 

J'en conviens aisément mais c'est qui est nouveau, comme l'écrit Ch. Salmon c'est l'ampleur du phénomène et surtout par son utilisation comme « une technique  de communication, de contrôle et de pouvoir [...] Popularisé par le lobbying très efficace de nouveaux gourous, le storytelling management est désormais considéré comme indispensable aux décideurs, qu'ils exercent dans la politique, l'économie, les nouvelles technologies, l'université ou la diplomatie. »

 

 Et d'ajouter :

 

« Les grands récits qui jalonnent l'histoire humaine, d'Homère à Tolstoï et de Sophocle à Shakespeare, racontaient des mythes universels et transmettaient les leçons des générations passées, leçons de sagesse, fruit de l'expérience accumulée. Le storytelling parcourt le chemin en sens inverse : il plaque sur la réalité des récits artificiels, bloque les échanges, sature l'espace symbolique de séries et de stories. Il ne raconte pas l'expérience passée, il trace les conduites et oriente les flux d'émotions. Loin de des "parcours de la connaissance" que Paul Ricœur décryptait dans l'activité narrative, le storytelling met en place des engrenages narratifs, suivants lesquels les individus sont conduits à s'identifier à des modèles et à se conformer à des protocoles ».

 

Ce même Christian Salmon vient d’écrire Sous le storytelling, la spirale du discrédit ICI 

 

Vous pourrez lire l’article gratuitement en vous inscrivant à la revue AOC

 

Extraits

 

Inconnu il y a dix ans cet anglicisme qui signifie l’art du récit, pour lequel on ne trouvait sur le web en français que deux occurrences, est devenu en une décennie la clef des discours politiques, un cliché du décryptage médiatique, le nouveau credo du marketing, une boussole pour naviguer sur les réseaux sociaux, une injonction de la mode… Longtemps considéré́ comme une forme de communication réservée aux enfants dont la pratique était cantonnée aux heures de loisirs et l’analyse aux études littéraires (linguistique, rhétorique, grammaire textuelle, narratologie), le storytelling a connu en Europe comme aux États-Unis un surprenant succès qu’on a pu qualifier de triomphe, de renaissance ou encore de « revival ». Toute chose en ce monde, hommes et marchandises, sujet ou objet, apparaissait soudain porteur d’une histoire, personnage d’une intrigue.

 

La capacité à structurer une vision politique en racontant des histoires devenait la clé de la conquête du pouvoir et de son exercice.

 

Le « storytelling » quittait le domaine enchanté du récit littéraire ou des contes pour enfants pour se répandre dans les entreprises, les agences de publicité les médias, les réseaux sociaux. L’art du récit n’était plus réservé aux romanciers ou aux scénaristes, il inspirait le néo-management, le marketing, la communication politique, les jeux vidéo sérieux (« serious games »), la diplomatie publique et jusqu’à l’entraînement des militaires. Dans des sociétés hypermédiatisées, parcourues par des flux continuels d’informations, la capacité à structurer une vision politique non pas avec des arguments rationnels et des programmes, mais en racontant des histoires devenait la clé de la conquête du pouvoir et de son exercice. Un conseiller en communication en fonction sous Nicolas Sarkozy m’avouait récemment dans les coulisses d’une émission de La Chaîne parlementaire consacré au storytelling combien le livre publié à La Découverte avait inspiré la communication de Nicolas Sarkozy pendant son mandat. Mais il ne fut pas le seul, loin de là. Toute la classe politique s’est peu à peu convertie à la nouvelle religion du storytelling et ceux qui comme François Hollande tentèrent d’y résister en s’essayant à un mandat sans récit furent rapidement rappelés à l’ordre et durement sanctionné par les sondages.

 

Mais le succès du storytelling ne s’est pas limité à la sphère médiatique et politique. Que vous vouliez mener à bien une négociation commerciale ou faire signer un traité de paix à des factions rivales, lancer un nouveau produit ou faire accepter à un collectif de travail un changement important, y compris son propre licenciement, concevoir un jeu vidéo « sérieux » ou soigner les traumas post-guerre des GI’s, le storytelling apparaissait comme une panacée, une réponse à la crise du sens dans les organisations et un outil de propagande, un mécanisme d’immersion et l’instrument du profilage des individus, une technique de visualisation de l’information et une arme redoutable de désinformation. Mêmes les narratologues et les théoriciens du récit se réjouissaient de voir leur sujet d’études coloniser de vastes domaines du discours et de la parole publique, indifférents ou aveugles aux effets corrosifs de cet usage excessif de la narration en lieu et place de l’argumentation.

 

Le mot même de « storytelling » se trouvait connoté par ces usages instrumentaux du récit. Il s’enveloppait d’une aura de mystère. On lui prêtait des pouvoirs magiques. Il finit par muter en une sorte d’assomption médiatique mise à toutes les sauces, comme équivalent général de toutes les pratiques sociales, unité de compte de l’économie discursive, ou source de légitimation, la raison d’une époque, ou sa pensée magique. Nouveau sésame d’un monde désorienté, le « Storytelling » devint la formule magique capable de fluidifier, d’orienter, de canaliser les pratiques.

 

Point crucial

 

L’essor du storytelling ressemble donc à une victoire à la Pyrrhus, obtenue au prix de la banalisation du concept même de récit et de la confusion entretenue entre un véritable récit (narrative) et un simple échange d’anecdotes (stories), un témoignage et un récit de fiction, une narration spontanée (orale ou écrite) et un rapport d’activité. La promiscuité même de l’idée de récit a creusé sa propre tombe. Le « tout storytelling » a produit le discrédit de la parole publique. L’explosion d’Internet et des réseaux sociaux après avoir créé un environnement favorable à la production et à la diffusion des histoires a produit une sorte d’incrédulité généralisée, de soupçon. De même que l’inflation monétaire ruine la confiance dans la monnaie, l’inflation d’histoires a ruiné la confiance dans le récit et dans son narrateur.

 

Conclusion : chères vigneronnes, chers vignerons, ne confiez pas votre plume à des fabricants d’histoire, ils vous vendront du baratin, du copié-collé, du formaté, rien de bien original, si vous souhaitez vous investir dans les réseaux sociaux, soyez vous-même, simplement, soyez nature, la spontanéité, la fraîcheur valent mieux que du préemballé.

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28 novembre 2018 3 28 /11 /novembre /2018 06:00
Les gilets jaunes sont les symptômes du mauvais état d’une part du tissu social de la France mais il serait vain de croire que le pouvoir dispose à court terme des moyens de le ravauder…

Commençons par une analyse qui me semble mesurée et pertinente : 

La couleur des gilets jaunes

par Aurélien Delpirou , le 23 novembre

 

Jacquerie, révolte des périphéries, revanche des prolos… Les premières analyses du mouvement des gilets jaunes mobilisent de nombreuses prénotions sociologiques. Ce mouvement cependant ne reflète pas une France coupée en deux, mais une multiplicité d’interdépendances territoriales.

 

La mobilisation des gilets jaunes a fait l’objet ces derniers jours d’une couverture médiatique exceptionnelle. Alors que les journalistes étaient à l’affut du moindre débordement, quelques figures médiatiques récurrentes se sont succédé sur les plateaux de télévision et de radio pour apporter des éléments d’analyse et d’interprétation du mouvement. Naturellement, chacun y a vu une validation de sa propre théorie sur l’état de la société française. Certains termes ont fait florès, comme jacquerie — qui désigne les révoltes paysannes dans la France d’Ancien Régime — lancé par Éric Zemmour dès le vendredi 16, puis repris par une partie de la presse régionale [1]. De son côté, Le Figaro prenait la défense de ces nouveaux ploucs-émissaires, tandis que sur Europe 1, Christophe Guilluy se réjouissait presque de la fronde de « sa » France périphérique — appelée plus abruptement cette France-là par Franz-Olivier Giesbert — et Nicolas Baverez dissertait sur la revanche des citoyens de base.

 

Au-delà de leur violence symbolique et de leur condescendance, ces propos répétés ad nauseam urbi et orbi disent sans aucun doute moins de choses sur les gilets jaunes que sur les représentations sociales et spatiales de leurs auteurs. Aussi, s’il faudra des enquêtes approfondies et le recul de l’analyse pour comprendre ce qui se joue précisément dans ce mouvement, il semble utile de déconstruire dès maintenant un certain nombre de prénotions qui saturent le débat public. Nous souhaitons ici expliciter quatre d’entre elles, formalisées de manière systématique en termes d’opposition : entre villes et campagnes, entre centres-villes et couronnes périurbaines, entre bobos et classes populaires, entre métropoles privilégiées et territoires oubliés par l’action publique. À défaut de fournir des grilles de lecture stabilisées, la mise à distance de ces caricatures peut constituer un premier pas vers une meilleure compréhension des ressorts et des enjeux de la contestation en cours.

 

La suite ICI 

 

Michèle Cotta, analyste pertinente du vieux monde politique, dans une chronique titrée Gilets jaunes : la nouvelle donne politique, met le doigt sur le désarroi du pouvoir :

 

Mobilisation, sociologie... Tout est inédit dans ce mouvement social, qui a échappé à tous les partis, mais aussi aux syndicats. ICI 

 

J’ajouterai nos inutiles sénateurs, soi-disant sont les représentants des territoires ruraux, confits dans leur Palais du Luxembourg, gavés de privilèges et de prébendes, qui n’ont, depuis des décennies, laissé cette France dites périphérique se vider, se déchirer, pire certains maires y ont mis la main en favorisant l’implantation de zones commerciales qui ont vidé les centres des villes moyennes et tué le commerce de proximité des bourgs ruraux.

 

Mais exonérer totalement de toute responsabilité les habitants de ces zones serait réducteur, en effet le « tout bagnole », en dehors de la pure nécessité pour des raisons professionnelles, a accéléré le mouvement, condamné les petites lignes de chemin de fer et de cars, fait fuir boulanger, épicier, boucher…

 

Cependant, comme l’écrit, Xavier Alberti, Avant qu’il ne soit trop tard, se contenter de pointer du doigt, d’analyser, souvent avec des œillères, le parti-pris de son idéologie, les causes du malaise, ne débouche sur rien de concret.

 

C’est à dessein que j’ai utilisé le verbe RAVAUDER.

 

Raccommoder à l'aiguille, rapiécer, repriser de vieux vêtements. Ravauder des chaussettes.

 

« Sa mère tôt veuve, lavant et ravaudant le linge des commères dans sa pauvre chaumine » Bernanos, Imposture, 1927, p. 364.

 

« Trois sœurs, destinées, non seulement à enseigner à lire, à écrire aux jeunes paysannes (...) mais encore à coudre, à tricoter, à ravauder, à rapetasser » Fabre, Courbezon, 1862, p. 47.

 

Raccommoder, rapiécer, ravauder, rapetasser… c’est l’ancien monde, celui de ma mémé Marie, aujourd’hui on jette, on rachète, on gaspille, on veut du tout préparé.

 

Nos politiques, aussi bien ceux, aux extrêmes, qui soufflent sur les braises en espérant tirer les marrons du feu, que ceux qui ont longtemps tenus les manettes du pouvoir et qui sont amnésiques, gourmands qu’ils sont de les reprendre, que ceux qui sont en charge des responsabilités et qui n’ont pas su maîtriser leur victoire.

 

À force de voter, depuis des décennies, pour des promesses non tenues beaucoup ne votent plus et maintenant descendent dans la rue avec pour seul point commun, ou presque, un gilet jaune et des refus.

 

« Pour ce qui est de notre environnement social, les signaux sont plus faibles en apparence mais ils sont bien là. L’accaparement du pouvoir, des ressources et des richesses, par une aristocratie qui ne dit pas son nom, ainsi que l’illisibilité de modèles technocratiques hors sols et l’empilement depuis des décennies de politiques publiques inefficaces, ont poussé les opinions à se retrancher et à revenir sur leurs bases arrières, celles de l’identité et de sa défense. Ce retranchement se traduit dans les urnes du monde occidental depuis plus de 10 ans et commence désormais à porter au pouvoir de grandes démocraties, des gouvernements ouvertement identitaires et nationalistes.

 

En France, la dernière élection présidentielle a offert, en guise de fin de non-recevoir à la classe dirigeante en place jusqu’à présent, une surprise démocratique et progressiste, un Président jeune, inattendu et déterminé. Pourtant, quel que soit son talent, son empressement a vite donné le tournis et a rendu son projet illisible à une bonne partie des Français pendant que son parler cash finissait de creuser le fossé qui séparait déjà le peuple et ses dirigeants. Son intention était sans doute bonne, la perception est néanmoins désastreuse. Pendant ce temps, les nationalistes français continuent  inexorablement de se nourrir du déclassement social ou de la précarité qui fragilise et qui pousse à vouloir se protéger, de tout et de tous.

 

C’est dans ce contexte que surgissent çà et là des initiatives plus ou moins structurées, qui témoignent d’un ras-le-bol qui se nourrit de tout et de rien. Ainsi, les  Gilets Jaunes ne sont-ils que la manifestation visible d’un mouvement social profond par lequel les populations qui subissent les violences économiques depuis des décennies, convergent finalement vers le plus petit dénominateur commun, la recherche de l’ennemi. C’est ainsi, et ça l’a souvent été dans l’Histoire moderne de notre continent, que le ras-le-bol mène à la colère et que la colère mène à la détestation… Aujourd’hui cette détestation n’habite pas chaque protestataire mais elle se lit, sur quelques barrages, dans quelques manifestations, dans quelques scrutins, dans quelques quartiers, dans beaucoup de sondages et évidemment, sur les réseaux sociaux, véritables caisses de résonance de la haine ordinaire.

 

Ainsi, loin de se satisfaire d’une simple revendication sur la taxe carbone, les gilets jaunes ont-ils rapidement emprunté les chemins qui mènent à l’opposition de classes ou de castes avant de se retrouver sur l’essentiel, la détestation, des politiques bien sûr, mais aussi des banquiers, des bourgeois, des bobos, des technos, des journalistes, des urbains, des homos, des Frangins, des juifs, des musulmans et bien sûr des migrants… On pourrait facilement se dire que dans nos sociétés pacifiées, ces mouvements naissent, s’agitent et disparaissent comme nombre de ceux qui leur ont précédé. Mais voilà, un jour, la détestation devient majoritaire, alors vient la violence. »

ICI 

 

Tout comme pour le tissu des banlieues déglinguées, celui de ces zones rurales délaissées, de ces citoyens qui se sentent ou se disent marginalisés, la seule délivrance d’une ordonnance vite fait bien fait sur le gaz, comme chez son médecin généraliste, ne suffira pas, elle ne fera qu’atténuer les symptômes sans s’attaquer au fond.

 

La détestation de Macron n’est qu’un exutoire qui ne fera pas long feu même si celui-ci, enfermé dans sa tour d’ivoire, trop inféodé aux analyses de la haute-fonction publique de Bercy, très éloigné de la méthode Rocard, a généré la mèche lente.

 

70 % des Français disent soutenir le mouvement des gilets jaunes mais reste bien au chaud pendant que la piétaille forme des barrages dans toute la France, envahit les parkings de la GD, défie le pouvoir sur les Champs Elysées.

 

C’est la révolte par procuration, la pétition en ligne un clic et c’est tout…

 

Tout et le contraire de tout, le refuge du virtuel, le miel des chaînes dites d’infos, l’audience, la consommation toujours la consommation… ICI BFM, UN LYNCHAGE PAR LE SIMPLE SILENCE 

 

Allons-nous faire nôtre cette citation attribuée à Félix Houphouët-Boigny :

 

« Nous étions au bord du précipice et nous avons fait un grand pas en avant ! »

 

Allons-nous confier notre sort à un pouvoir qui se dira fort ?

 

À force de dégager la volaille politique qui restera-t-il ?

 

Je n’ai pas de solutions clé en mains dans ma boîte à outils car c’est nous tous qui sommes la solution, car à des degrés divers nous sommes le système vilipendé.

 

Nos gilets jaunes sont nés sur le Net au travers d’outils érigés par les GAFA, ce ne sont pas tout à fait des gueux, des laissés pour compte, on les qualifie de Français moyen et, ne leur en déplaise, leurs revendications sur les taxes, le plus d’Etat, de services publics chez eux, ne seront que des cautères sur des jambes de bois.

 

Que faire ?

 

C’est notre défi.

 

Le défi du vivre ensemble qui, pour être relevé, ne pourra être que refus, exécration, dégagisme brutal, mais acceptation du compromis collectif, d’un nouveau pacte.

 

Belles paroles me direz-vous, mais on a souvent reproché à Michel Rocard ses visions planétaires tout en se moquant de lui lors de son discours d’investiture :

 

« Repeindre les boites aux lettres et les cages d'escaliers ».

 

Rocard surprend par son « parler vrai » qui contraste avec les envolées lyriques de Pierre Mauroy en 1981 et le ton mesuré de Fabius en 1984 : c'est le « style Rocard », le « ton Rocard ». Le Premier ministre va jusqu'à prendre des accents de Martin Luther King : « Je rêve d'un pays où l'on se parle à nouveau, je rêve de villes où les tensions sont moindres (...) ».

 

« Accueilli sur certains bancs par des ricanements ou de la commisération, ce discours est prémonitoire », jugent Pierre Favier et Michel Martin-Roland. « Il prend la mesure d'un mal, celui des banlieues, qui peu à peu s'imposera à tout discours politique de droite ou de gauche ». Le deuxième sujet, plus technique, présente les principales mesures sociales envisagées par le gouvernement Rocard, notamment le RMI et l'impôt de solidarité sur la fortune.

 

Embrasser d’un même mouvement l’infiniment petit du quotidien et les grands défis du monde, ravauder le tissu social tout en assumant les désordres du monde.

 

Ce n’est pas une mince affaire, vaste programme, mais j’ai du mal à croire que nous relèverons ces défis en confiant notre destin à la rue car l’Histoire nous enseigne où l’aventure se termine. Prenons notre destin en mains, l’intelligence n’est pas le monopole de quelques-uns, commençons par balayer devant notre porte avant de demander aux voisins de le faire. Sortir de l’aquoibonisme tout en exigeant de ceux qui nous gouvernent, qui tiennent les rênes de l’économie de donner l’exemple, je suis vieux jeu  je crois dur comme fer à la vertu de l’exemple.

 

Pour finir, un point de vue francophone :

Gilets jaunes et cols blancs ICI 

MIS EN LIGNE LE 25/11/2018 À 06:00      PAR VINCENT ENGEL

 

  

 

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27 novembre 2018 2 27 /11 /novembre /2018 06:00
Charles Huard Bouvard et Pécuchet

Charles Huard Bouvard et Pécuchet

Que Basile Tesseron du château Lafont-Rochet déclare haut et fort, pour que ça se sache, à la RVF, qu’il abandonne la culture en bio de son vignoble car il estime que l’utilisation du cuivre est nocive, c’est son droit le plus strict, et pour ma part, comme le disait finement le Grand Jacques « cela m’en touche une sans faire bouger l’autre. »

 

Je n’ai donc pas participé à la foire d’empoigne qui s’en est ensuivie, petite tempête dans un petit verre d’eau sans grand intérêt sauf pour les supplétifs, le menu fretin de la critique, qui y a trouvé l’occasion de monter au créneau pour pourfendre les défenseurs du label Bio officiel déjà bien à la peine avec le renouvellement de l’homologation du cuivre par les instances communautaires.

 

La première charge que j’ai lue est celle hallebardier qui mange à tous les râteliers : Lundi 19 novembre 2018 Basile, le bio et la patrouille  ICI 

 

J’ai adoré ce passage :

 

Panique électronique

 

« Le plus ennuyeux, c’est que la charge est menée par trois vignerons que j’aime beaucoup, autant que leurs vins respectifs, c’est dire. Des garçons intelligents avec des vraies convictions et toute ma considération depuis longtemps. Pour ne pas déclencher une nouvelle panique, je ne mentionnerai pas leurs noms. Il suffit de savoir que l’un est le roi du bordeaux sup’ de haut vol, le second est le king du bio très bon à Pomerol et le troisième, la nouvelle étoile qui brille dans le ciel de Saint-Émilion. Ceux qui savent, savent. Évidemment, leur notoriété et la qualité de leurs productions respectives agrègent autour de leur avis, une foule d’indignés en chewing-gum qui y vont tous de leur aigreur et n’ont pas de mots trop forts pour qualifier les propos de Basile. Je comprends bien que ces garçons défendent leurs convictions, mais Tesseron ne les attaquait pas et ce qu’il dit est mesuré, intelligent, lisible. On peut certainement en débattre, sûrement pas lâcher les chiens. Je connais Lafon-Rochet et Basile depuis plus de dix ans et je l’ai toujours vu se passionner pour plus de propreté dans ses pratiques culturales. »

 

La conclusion de ce bel esprit est à la hauteur de qui se dit journaliste dans le monde du vin « il n’y a pas de quoi fouetter un chat et ceux que le sujet intéresse pour de vrai, comme moi, adorerait lire un vrai débat sur le sujet. Dommage, il n’a pas eu lieu. »

 

Engagez-le donc ce débat camarade ! Qu’est-ce qui vous en empêche ?

 

Et puis le 24 novembre 2018, alors que le gris du ciel et les gilets jaunes me maintenaient cloîtré chez moi je suis tombé sur un monument, que dis-je une pépite, un besogneux exercice d’un plumitif qui fait des phrases boursouflées, bardé d’une culture très Wikipédia. Le titre de ce plaidoyer :

 

De la légèreté des débats – le cas Lafon Rochet

 

Je vous laisse le soin de lire ce plaidoyer qui fleure bon le réquisitoire ICI mais je ne résiste pas au plaisir de citer la chute qui vire à la défense et illustration de l’auteur. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. En plus, pour une fois, c’est gratuit.

 

Quelle que soit la cause, l’idée ou la rengaine, n’est-il plus possible dans notre mondovino de dire les choses sans être conspué par la politique de la pensée, la Stasi vinaire, la bien-pensance oenophilie ? D’autant que les commissaires sont souvent les défenseurs d’une cause commerciale que la sainteté dans laquelle les ont drapés leurs thuriféraires aveugle bien des consommateurs plutôt sincères.

 

Que l’on soit pour le bio, ce qui semble être un mouvement de fond et totalement dans l’esprit du temps, ou contre le bio, ce qui en soit est respectable, peu importe. Le seul élément de discussion que nous devrions avoir est la qualité du vin, sa force, son impression, sa beauté. En se conspuant ainsi, les acteurs du monde du vin jouent le jeu des abstèmes de l’ANPAA qui doivent rire à gorge déployée et attendre sagement que les consommateurs, dégoutés par tant d’engeances, se tournent vers d’autres cultures vivantes.

 

J’ose à nouveau en guise de conclusion, mettre en avant les mots du poète romantique Heinrich Heine. À son ami qui lui demandait pourquoi l’on ne bâtissait plus d’édifices comme la cathédrale d’Amiens, il répondit : « dans ces temps-là, les gens avaient des convictions. Nous, les modernes, avons des opinions. Il faut plus que des opinions pour construire une cathédrale ».

 

En s’écharpant sur la toile, en dénaturant le propos d’autrui, en conspuant le camp adverse, en accusant qui de collusions, qui d’infatués publicitaires, nous nous apercevons que le mondovino est mu par des opinions de pensées aussi futiles et éphémères. Guidé par la pensée, par les opinions par nature éphémères, le débat est un encéphalogramme plat. C’est bien dommage. Alors que nous avons besoin de profondeur, nous nous satisfaisons de légèreté.

 

 

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26 novembre 2018 1 26 /11 /novembre /2018 06:00
« La 1er fois que j'ai entendu Maupassant interrompu par la sonnerie de Las Ketchup – et ouais, ça a été un jour à la mode, cette daube –, ça m'en a foutu un coup »

Jugez par vous-même 

Le français, notre belle langue, que le monde nous envie, surtout nos amis anglais, au même titre que nos beaux vins, lorsqu’elle s’encanaille, argot, verlan, sabir du neuf trois, langue du populo, s’aère, prend l’air de la rue, et permet de dire crument ce qui est cru, loin de l’aseptisation hypocrite du parler sous cellophane.

 

Des expressions comme « avoir bu l’eau des nouilles » ou « avoir les bonbons qui collent au papier » ou « je m’en beurre les noisettes »,  sont les dignes héritières d’un Boudard, d’un Audiard, d’un Dard, d’un Lebreton, d’un Simonin ou d’un Coluche. Je n’en use qu’avec parcimonie même si mes doigts sur le clavier de ma bécane à puces me démangent souvent. Je me réfrène mais de temps en temps je me laisse aller à être très bord-cadre.

 

L'ancien français "dauber" signifiait au sens propre "frapper", et au sens figuré : "se moquer, railler, dénigrer"

 

« Je les dauberai tant en toutes rencontres, qu'à la fin ils se rendront sages. » Molière, Critique de l'école des femmes

 

Revenons à cette pauvre daube qui depuis plus d’un siècle, ce nom a quitté les fourneaux pour désigner aussi de la camelote et que, depuis quelques années, il traîne aussi dans les cités pour stigmatiser des substances illicites, coupées, donc de très mauvaise qualité.

 

Daube : du chevalier au souper

 

« La cuisine catalane connut un vif succès dans l’Italie du XVIe siècle et influença plus particulièrement l’Italie du Sud. Les premières attestations de daube, en français, proviennent au XVIe siècle des Pays-Bas espagnols. On trouve, dès 1571, à la dobe dans un Menu d’un souper de noces lillois, puis, en 1599, en adobbe, sous la plume du Flamand Marnix de Sainte-Aldegonde, et en 1604, en adobe dans l’Ouverture de cuisine du cuisinier des princes-évêques de Liège, Lancelot de Casteau. En 1640, le dictionnaire italien-français d’Oudin glose dobba « sorte de viande, peut estre ce que nous disons, à la dobe ou daube. » C’est à Paris que le bœuf en daube est devenu l’un des plats les plus populaires.

 

C’est en catalan, dans la Blaquerna de Raymond Lulle, qu’apparaît pour la première fois le verbe adobar avec le sens de « préparer un aliment » ; il s’agit d’une extension au domaine culinaire de la « préparation » du chevalier : cet adoubement consistait en un coup de plat d’épée (francique dubban « frapper »)

 

En Catalogne et en Espagne, adob a désigné la marinade, et le mot s’est répandu en Italie au XVIe siècle : dobba, viande marinée apparaît en italien au milieu au milieu du siècle, et y demeure jusqu’au XVIIIe avant de devenir un régionalisme sicilien. On estime généralement que c’est l’Italie, plutôt que directement depuis l’Espagne, que le mot est passé en français. Sa trajectoire, depuis le domaine germanique du nord de l’Europe, au sens général de « préparation », avec son emploi dans la chevalerie, manifeste la circulation imprévisible des mots culturels. »

Marie-Josée Brochard Dictionnaire culturel en langue française Le Robert

 

Dans une chronique La daube de bœuf dite ‘de la Saint-André’ … et les autres

Blandine Vié pose la question :

 

Pourquoi « C’est de la daube ! » est-elle une expression argotique péjorative et méprisante ?

 

Une bonne daube, c’est pourtant chaleureux et régalant. Eh bien, eh bien, dans son « Dictionnaire des argots », Gaston Esnault explique que « daube » serait un mot d’origine lyonnaise pour dire gâté, appliqué à des fruits et à de la viande. Autrement dit, on faisait mariner la viande qui était un peu limite au niveau fraîcheur, histoire d’atténuer son côté sauvage voire faisandé.

 

Or, si l’on pousse plus loin, on apprend que le mot « daube » s’est d’abord orthographié « dobe » et qu’en italien, « dobba » signifie marinade. Tiens ! Tiens !

Comme quoi la cuisine est une alchimie parfois un peu trouble, ce que confirme le mot « marmite » dont le sens initial (il était alors adjectif) est… « hypocrite » ! C’est au XIVe siècle que l’adjectif est devenu nom et a pris une connotation culinaire, par allusion au fait qu’on peut faire mijoter bien des choses suspectes dans un chaudron muni d’un couvercle.

 

Bas-morceaux, morceaux choisis

 

« On peut braiser une pièce dans son entier (culotte par exemple ou épaule pour un agneau ou un gibier) ou la couper en gros cubes, le fin du fin étant de mélanger plusieurs morceaux — dits bas-morceaux (ce qu’on appelait les morceaux de 3ème catégorie dans les manuels de cuisine de nos grands-mères), c’est-à-dire situés dans la partie arrière de l’animal : culotte, tranche, gîte à la noix, jumeau, macreuse, paleron, basse-côte, galinette (très gélatineux) — pour avoir des textures différentes et une saveur finale plus riche, à la fois de la viande et de la sauce. Des morceaux nécessitant tous une cuisson longue pour être tendres. On peut même leur adjoindre des morceaux du cinquième quartier (on nomme ainsi tout ce qui dépasse de la carcasse et ce qui se trouve dans les entrailles), à savoir, dans le cas présent, joue et queue. »

 

La suite ICI 

 

 

Yves-Marie Le Bourdonnec : "Le black Angus, c'est de la daube !" ICI 
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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 07:00
Pour moi Bella Ciao c’était le chant emblématique des saisonnières des rizières de la plaine du Pô et des «partigiani» antifascistes de 1944, pas le tube de l’été 2018 de Maître Gims

La petite Sheila, emblème des yéyés en couche-culotte, chantait en 1963, « Papa, papa, papa, t'es plus dans le coup, papa… », cette œuvre  impérissable de Jil et Jan fit un tabac au hit-parade et fit l'objet d'un Scopitone (clip de l'époque).

 

Nos mouflets et nos mouflettes pourraient la reprendre à mon propos en changeant papa par papy s’ils ne trouvaient pas les paroles de cette bluette ringardes. En cela ils n’auraient pas tort.

 

Pourquoi diable sortir de la naphtaline ce monument de niaiserie ?

 

Tout simplement parce que l’autre jour une jolie petite mouflette de 3 ans et demie, Raphaëlle, fille d’une belle amie, s’est mise à chanter dans le ton Bella Ciao avec des bouts de paroles en français.

 

Étonnement du militant amorti que je suis.

 

Pour moi Bella Ciao, au début du XXe siècle, était un chant entonné par les saisonnières des rizières de la plaine du Pô pour se donner du cœur à l’ouvrage. En 1944, les « partigiani » antifascistes conservent la mélodie et changent les paroles pour transformer la complainte en un hymne à la résistance.

 

Yves Montand, Lenny Escudero ou Thomas Fersen, l’ont chanté sans que l’intégrité du texte ne soit écorchée.

Des dinosaures disparus à tout jamais depuis l’enterrement du XXe siècle pour ces addicts de séries sur écrans plats.

 

Eux, c’est sur Netflix qu’ils ont découverts ce chant emblématique grâce à ou à cause de la série espagnole La Casa de Papel, histoire d'un groupe de braqueurs sympathiques qui résistent à la police dans cette série à succès en 2017.

 

Là-dessus, deux reprises : l’une, version électro du DJ Hugel (feat. El profesor), et l’autre, plus variété, du collectif Maître Gims, Vitaa, Dadju, Naestro et Slimane, se mettent en ligne.

 

Succès de l’été 2018 !

 

 Dans la version de Maître Gims, Vitaa se retrouve à chanter des couplets tels que « Tu m’as tant donné, j’attends ton retour » - qui n’ont plus grand-chose à voir avec les paroles en italien…» comme l’écrit un critique :

 

« Qu’importe, il y a de grandes chances (de grands risques) pour que cela devienne un tube du printemps, voir, de l’été. Destin fabuleux d’une chanson qui a traversé les décennies pour faire sautiller des vacanciers en tongs dans les campings du sud de la France. »

 

Et voilà le travail !

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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 06:00
À quoi sert le Parti Communiste après que Mitterrand l’ai jeté à terre et que Mélenchon l’ai presque achevé ? « Mitterrand n’est pas socialiste. Il a appris à le parler. » Guy Mollet

Pierre Laurent, premier 1er secrétaire du PCF a être mis en minorité sur sa motion, avec son phrasé lent et doux hérité de son père Paul, déclarait jeudi matin sur France Inter : « Mélenchon n’a pas respecté les Communistes. »

 

Poussé gentiment dehors

 

Le Parti communiste lors de son trente-huitième congrès à Ivry-sur-Seine s’apprête à faire ses adieux à Pierre Laurent. Invités à se prononcer sur les quatre textes en lice pour servir de base commune à l’orée du Congrès national, les militants ont mis en minorité le sénateur de Paris, secrétaire national depuis 2010. Une première pour le PCF depuis les changements des statuts du Congrès de Martigues en 2000. A la place, les 110 000 adhérents revendiqués (dont la moitié est à jour de cotisation) ont préféré le "Manifeste pour un Parti communiste du XXIe siècle", porté par le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne.

 

Un congrès de crise comme les communistes n'en ont encore jamais traversé en cent ans d'existence, depuis leur fondation, au congrès de Tours en 1920. De premier parti de France à la Libération, le P.C.F est devenu un parti résiduel.

 

Pour quelles raisons?

 

Je ne vais jouer à l’Historien que je ne suis pas, ni analyser les causes idéologiques de la marginalisation du P.C.F, mais je vais tenter de mettre, à grands traits, les différentes stations du chemin de croix des communistes qui risque de les mener à rejoindre le cimetière des éléphants.

 

En ce cas je me dis en passant à vélo Place du Colonel Fabien « mais que va devenir le monument érigé par Oscar Niemeyer, une coquille vide ?

 

Rassurez-vous, contrairement à la rue de Solférino, le monument est classé monument historique depuis 2007, et malgré la perte de vitesse électorale du PCF ces vingt dernières années, la vente de son bâtiment, n'a jamais été sur la table. Le parti, qui loue en partie ses locaux ou les privatise pour des événements, en tire même une substantielle source de revenus.

 

Dénoncer depuis plus d'un siècle les «errements du grand capital» ne les a pas empêchés de dompter les subtilités de l'économie de marché. Pour preuve, alors que les trésoriers des différentes formations politiques s'arrachent les cheveux pour financer leur quartier général, au Parti communiste, le problème est soldé de longue date. Entretenir les 15.000 m² de leur imposant siège parisien place du Colonel-Fabien - légué par le fameux architecte brésilien Oscar Niemeyer - ne relevait pas de la sinécure. «Nous nous sommes professionnalisés dans la location de tout ou partie des étages, sur du long terme comme plus ponctuellement, pour des événements particuliers», explique Jean-Louis Frostin, membre du comité exécutif du PCF et administrateur du siège.

 

Louer à un bureau d'architectes et à une boîte de production. Le lieu accueille ponctuellement des défilés, des expositions, et des tournages de films et de clips, même si la monétarisation de ce temple du communisme reste une question sensible.

 

Les trésors perdus du Parti communiste français

Exposée au Centre Pompidou de Metz, « Les Constructeurs » de Fernand Léger est l’une des milliers d’œuvres d’art qui passèrent un jour entre les mains du PCF. Des joyaux aujourd’hui disséminés, dont le destin raconte les heures de gloire, puis l’inexorable déclin, du parti.

ICI 

Par Pascale Nivelle Publié le 30 juin 2017

 

Les stations du chemin de croix des communistes :

 

  • 1er station : Le choc de 1958 avec le retour de De Gaulle

 

  • 2e station : mai 68

 

  • 3e station : l’irruption du PS de Mitterrand et sa stratégie de l’Union de la Gauche

 

  • 4e station : le 10 mai 1981 l’élection de Mitterrand et les Ministres communistes dans le gouvernement Mauroy

 

  • 5e station : l’effondrement du bloc communiste

 

  • 6e station : Mélenchon piège le PCF

 

  • 7e station : l’effondrement du PS prive le PCF de sa bouée de sauvetage

 

  • 8e station : Mélenchon largue les communistes pour la présidentielle

 

  • 9e station : le PCF force d’appoint de qui lors des prochains scrutins ?

 

François Mitterrand et le Parti communiste (1945-1981) par Anicet le Pors

 

Quand bien même je puisse nourrir pour l’homme et ses qualités personnelles une admiration certaine, il ne me revient pas devant cette assemblée de me livrer à un discours hagiographique sur la personne au sujet de ses rapports avec le parti communiste français. J’ai beaucoup apprécié le travail sérieux des rapporteurs et notamment l’analyse des documents d’archives du PCF par Philippe Buton.

ICI 

 

Comment le PCF s'est arrangé pour tourner la page Pierre Laurent en douceur

 

"C'est un désaveu pour la direction sortante et pour Pierre Laurent", souligne Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine qui décrit toute l’ambiguïté qui flotte autour du futur ex Secrétaire national. "Sa modération est appréciée dans ce monde politique de plus en plus violent où l’invective a remplacé le débat. Ce n’est pas sa personnalité qui est remise en question, mais l’incohérence ou, pire, l’absence de stratégie du parti ces dix dernières années."

 

Ian Brossat, adjoint au logement à la mairie de Paris abonde à pas feutrés : "Il y a, dans ce vote du 6 octobre, une forte conscience chez nos adhérents de nous dire qu’on ne peut pas se permettre de se planter une fois supplémentaire." Dans son vaste bureau du cœur de Paris, celui qui a été nommé chef de file du PCF pour les européennes explique que "2017 a été vécu, au-delà même de l’échec, comme une humiliation". En novembre 2016, le PCF avait décidé à l’issue d’un vote très discuté (53,6 % des voix pour) de se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2017. "Au moment où nous avons fait ce choix, nous n’avions plus le choix en réalité de porter notre propre candidature", regrette aujourd’hui M. Brossat.

 

ICI 

À quoi sert le Parti Communiste après que Mitterrand l’ai jeté à terre et que Mélenchon l’ai presque achevé ? « Mitterrand n’est pas socialiste. Il a appris à le parler. » Guy Mollet
À quoi sert le Parti Communiste après que Mitterrand l’ai jeté à terre et que Mélenchon l’ai presque achevé ? « Mitterrand n’est pas socialiste. Il a appris à le parler. » Guy Mollet
À quoi sert le Parti Communiste après que Mitterrand l’ai jeté à terre et que Mélenchon l’ai presque achevé ? « Mitterrand n’est pas socialiste. Il a appris à le parler. » Guy Mollet
À quoi sert le Parti Communiste après que Mitterrand l’ai jeté à terre et que Mélenchon l’ai presque achevé ? « Mitterrand n’est pas socialiste. Il a appris à le parler. » Guy Mollet
À quoi sert le Parti Communiste après que Mitterrand l’ai jeté à terre et que Mélenchon l’ai presque achevé ? « Mitterrand n’est pas socialiste. Il a appris à le parler. » Guy Mollet
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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 06:00
Maison de Pasteur à Arbois

Maison de Pasteur à Arbois

Nommé en 1854 doyen de la nouvelle faculté des sciences de Lille Pasteur va cueillir ses premiers lauriers deux plus tard à l’été 1856 grâce à la betterave. Dans son discours inaugural il avait souligné l’importance pratique que les études scientifiques pouvaient avoir pour l’industrie locale qui, dans le Nord, comprenaient de nombreuses brasseries et distilleries.

 

L’un de ses étudiants, un certain Bigo, était le fils d’un important distillateur d’alcool de sucre de betterave. Celui-ci s’adressa à Pasteur car sa production d’alcool était en train de s’arrêter pour des raisons qu’il ne comprenait pas. Pasteur se rendit sur place à plusieurs reprises, il préleva des échantillons dans les cuves encore actives et dans celles désormais inertes.

 

Le jeune Bigo écrira, qu’au microscope « Pasteur avait remarqué […] des globules ronds quand la fermentation était saine, qui s’allongeaient quand l’altération commençaient, et devenaient très longs quand la fermentation devenait lactique »

 

« C’est en étudiant les causes de cet échec que le savant se demanda s’il n’était pas en présence d’un fait général, commun à toutes fermentation. Pasteur se dirigeait vers une découverte dont les conséquences allaient révolutionner la chimie. » René Vallery-Radot.

 

Son Mémoire sur la fermentation appelée lactique (celle qui rend le lait aigre) est la première étape décisive qui mènera la  recherche de Pasteur « des cristaux à la vie ». Il y expose résolument l’hypothèse que la fermentation n’est pas le processus purement chimique, mais qu’elle est aussi le résultat de l’activité de micro-organismes vivants.

 

C’est une victoire face à Justus von Liebig, son rival allemand.

 

Lui et d’autres chimistes vont laisser libre court à leur scepticisme, en raillant dans un article sur le rôle des micro-organismes dans la fermentation ces « animaux dans le vin » de la « forme d’un alambic de Beindorf » qui « mangent du sucre, évacuent de l’alcool de vin par le canal intestinal et de l’acide carbonique par la vessie Quand elle est pleine, la vessie a la forme d’une bouteille de champagne. »

 

Pour Liebig, cette hypothèse était comparable à la « croyance d’un enfant qui voudrait expliquer la vitesse du courant du Rhin en l’attribuant au mouvement violent des nombreuses roues des moulins de Mayence. »

 

Bonjour l’ambiance !    

                                            

En 1858, pendant  ses vacances en Arbois, « Pasteur puise assidûment dans les caves bien garnies de ses amis d’enfance pour mener à bien ses observations sur le vin gâté, en constatant de fortes similitudes avec ses recherches sur l’acide lactique. »

 

« Outre la levure, Pasteur observe régulièrement des traces de micro-organismes dans les échantillons de vin gâté qui sont absents des vins non altérés. »

 

« Il devint si habile dans l’identification de ces différents germes qu’il fût bientôt capable de prédire le goût particulier d’un vin après l’examen de son sédiment. »

 

 

Ayant réuni les producteurs et les commerçants en vin, il se produisit en un spectacle de magie. « Apportez-moi », leur dit-il, « une demi-douzaine de bouteilles de vins passés, mais sans me faire connaître leur mal ; moi, sans les goûter, je saurai vous dire leurs défauts ». Les producteurs de vin ne voulaient pas y croire, mais en souriant malicieusement, ils apportèrent les bouteilles de vins malades. Ils observaient les curieux pareils dans le vieux café et regardaient pasteur comme un pauvre maniaque. Ils décidèrent de se moquer de lui en apportant aussi quelques bouteilles de vin très sain. Pasteur, avec une fine pipette de verre, prit une goutte de vin dans une bouteille, la posa entre deux lamelles de verre qu’il plaça sous le microscope. Les paysans se donnaient des coups de coude dans les côtes et clignaient de l’œil pendant que Pasteur était courbé sur son microscope, et l’hilarité se répandait de minute en minute […] Brusquement, il leva les yeux et dit : « Ce vin est excellent, donnez-le au goûteur, et qu’il dise si j’ai raison. » Le goûteur goûta, fronça son nez rouge et dut admettre que Pasteur avait raison. Et il en fut ainsi pour toute la série de bouteilles : Pasteur regardait avec le microscope et annonçait, tel un oracle : « Ce vin est bon, cet autre est filant, celui-là est acide. » Le goûteur confirmait à chaque fois l’oracle. Es marchands de vin stupéfaits, chapeau bas devant lui, s’en allèrent en balbutiant des mots de remerciement. « Nous ne savons pas comment il fait », murmuraient-ils, « mais il est très intelligent ! Extrêmement intelligent, vraiment ! » Une grande concession pour un paysan français ! »

De Kruif

 

 

« Avec sa démonstration, Pasteur balaie le scepticisme et les moqueries des viticulteurs : la science fait son entrée triomphale dans les caves, en légitimant son rôle dans le domaine de l’œnologie. Mais l’un des aspects les plus remarquables – et le plus lourd de conséquences pour l’avenir, car ses effets se feront sentir sur l’image publique de la science jusqu’à notre époque –, c’est qu’elle ne le fait pas en tant que science. Pasteur n’explique rien aux viticulteurs, ni à propos de la méthode qu’il a suivie ni à propos des théories sur lesquelles elle repose. Les viticulteurs s’en vont, incrédules et admiratifs, sans avoir rien compris à ce qui se passait… »

Massimiano Bucchi Le poulet de Newton La science en cuisine. (cette chronique lui doit tout)

 

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 06:00
Entre pouvoir d’achat et transition énergétique, les Français ont tranché pour leur porte-monnaie, après eux le déluge…

C’est le résultat d’un sondage publié dans le JDD.

 

Les Français privilégient leur pouvoir d'achat à la transition énergétique. Selon un sondage publié dans le Journal du Dimanche, 62 % considèrent que la politique à mener doit favoriser le pouvoir d’achat plutôt que la transition écologique.

 

Y’a vraiment un côté biens nourris qui se foutent de léguer aux générations futures un monde brûlant ses dernières cartouches, après eux le déluge.

 

Et en plus, beaucoup d’entre-eux se plaignent, accablent le fameux système dans lequel ils sont un rouage essentiel, toujours moins contribuer et toujours demander plus aux amortisseurs sociaux, aux services publics, aux autres quoi.

 

Et pourtant, s’ils voulaient bien faire le bilan de leurs dépenses de consommation, compter plus intelligemment, prendre le temps de retrouver des comportements plus responsables, ils s’apercevraient que la défense de leur pouvoir d’achat passe d’abord par un changement radical de leur manière de consommer.

 

Faire porter sur le dos des pauvres un mode de consommation privilégiant à la fois la course au soi-disant moins cher du moins cher chanté par Michel-Édouard Leclerc et un gaspillage effarant, est indécent.

 

Pour la génération des pousseurs de caddies, les addicts des grands parkings des hypermarchés qui ont vidé les centres-ville, les bourgs de leurs commerces de proximité, le mieux consommer est un luxe de privilégiés.

 

Oser contester ce postulat, qui s’appuie sur la défense farouche du pouvoir d’achat par la GD, c’est en effet se voir immédiatement taxé d’être quelqu’un qui a les moyens de s’offrir une consommation plus responsable. De se voir taxé de mépriser les pauvres qui ont du mal à boucler leur fin de mois, d’être un représentant de la France d’en haut qui a le choix.

 

L’argument pèse son poids, il n’est pas négligeable, loin s’en faut, pour une catégorie de nos concitoyens, mais je ne pense pas que l’on lutte contre la pauvreté, l’exclusion, en défendant la pérennité, en l’alimentant,  du modèle développé depuis des décennies par la GD : 

 

Wal-Mart créateur de pauvres

 

« Le marché du discount repose sur une attention continuelle et quasi-obsessionnelle aux salaires et au coût du travail. Les discounters doivent avoir un turnover deux ou trois fois supérieur à celui des enseignes traditionnelles […] pour atteindre un profit équivalent. Quant à la vitesse de rotation des stocks, elle s’explique par des marges étroites, lesquelles exigent en retour que la part du coût de la main-d’œuvre ne dépasse pas 15% du total des ventes ; c’est-à-dire environ la moitié de ce que ce coût représente dans les supermarchés traditionnels. Et c’est Wal-Mart qui est aux avant-postes de ce marché du discount, avec des dépenses  liées aux ventes et à l’administration générale – principalement des salaires – environ 25% moins élevées que (les autres géants de la distribution). En 1958, quand les emplois industriels étaient trois fois plus nombreux que ceux de la distribution, l’impact de cette pression à la baisse sur les salaires serait sans doute resté limité. Aujourd’hui, alors que le nombre d’employés de la grande distribution dépasse celui des travailleurs de l’industrie, ce sont des dizaines de millions de salariés qui sont touchés par la baisse des revenus. »

 

Voir la suite en fin de chronique.

 

Mon propos s’adresse en priorité aux consommateurs de cette fameuse classe moyenne, dont on ne sait d’ailleurs pas comment on calcule la moyenne, qui soit lorgne vers le haut, soit craint de se retrouver en bas, mélange de frustration et de peur, qui écoute de plus en plus attentivement les discours réducteurs, simplement pour poser la seule question qui vaille : quel est leur hiérarchie dans leurs dépenses de consommation ?

 

Sont-ils aussi réactifs aux poids de leurs smartphones dans leurs dépenses qu’à l’évolution du prix des carburants ? 

 

Moi qui suis un privilégié, j’ai choisi à mon arrivée à Paris, où alors je ne roulais pas sur l’or, de me rendre au travail, costard-cravate, de faire mes courses, quel que soit la météo, à vélo, non que je fusse un militant écolo, mais parce que c’était le moyen le plus efficace de me déplacer dans la ville, je constate avec horreur, les chiffres sont à peine croyables, que :

 

« Parmi les Français qui travaillent à moins d’un kilomètre de leur domicile, pratiquement six sur dix (58,4 %) se déplacent en voiture. Ils sont seulement un quart à s’y rendre à pied (ou à trottinette ou rollers) et 4,3 % à choisir le vélo, selon une enquête de l’Insee de 2015, publiée en 2017. Au-delà de 5 km, la proportion des transports actifs se réduit à une peau de chagrin. Et globalement, la part de la marche dans les déplacements quotidiens recule depuis les années 1980.

 

Le constat n’est guère plus brillant s’agissant des trajets domicile-école. Moins d’un enfant sur deux âgé de 3 à 10 ans va en classe avec un mode de transport actif. Certes, notamment dans certaines zones rurales, la route peut être trop longue (ou trop dangereuse) pour envisager des déplacements à pied ou à bicyclette. Mais près de la moitié des jeunes (45 %) vivent à moins de 2 km de leur établissement scolaire ou de garde, et un sur cinq entre 2 et 5 km, d’après les données de la dernière « enquête nationale transports et déplacements », datée de 2008 (notons au passage que cette étude, menée tous les dix-quinze ans depuis 1967, va être actualisée en 2018-2019). »

 

Pour autant je ne fais pas la chasse aux autos, j’en ai une petite, une Twingo essence, qui me permet de sortir de Paris de temps en temps. Il ne s’agit pas de condamner qui que ce soit mais simplement de demander à chacun de balayer devant sa porte avant de s’en prendre qu’à ceux qui nous gouvernent, même si ceux-ci sont très critiquables pour leur inaction passée : où est donc passé le ferroutage par exemple ?

 

La seule chose dont nous sommes victimes collectivement c’est d’avoir porté au pouvoir depuis des décennies des faiseurs de promesses non tenues, des brosseurs dans le sens du poil, des dirigeants dénués de courage, des partisans de l’immobilisme. Je ne donnerai pas le nom de ceux qui voulaient de colleter à la tâche, la vox populi s’est moquée d’eux, ils sont au cimetière maintenant.

 

Pour autant je n’ai que peu de goût pour ceux qui disent vouloir faire table rase du système sans proposer la marche à suivre pour faire émerger des solutions alternatives crédibles, aucune expérience du passé ou contemporaine atteste que leur radicalité verbale n’est qu’un leurre de plus.

 

Faire évoluer le fameux système dominant, complexe, intriqué, mondialisé, verrouillé, exige, par-delà les choix politiques majeurs, que le citoyen-consommateur reprenne individuellement et collectivement son destin en mains.

 

Nous sommes devenus des assistés, des détenteurs de droits, des abstentionnistes, nous ne vivons pas dans un pays du Tiers-Monde même si une partie de la population vit dans l’extrême pauvreté côtoyant un déluge de consommation ostentatoire, alors pour les plus aisés d’entre-nous, qui ne sommes pas des ultra-riches, apporter sa petite pierre aux choix qui permettront de freiner la course folle de notre planète n’est pas un lourd tribu.

 

Et pendant ce temps-là que lis-je :

 

Pour les combattre, la lutte contre l’épidémie d’obésité qui se répand partout sur la planète est une priorité.

 

Surpoids, obésité : une épidémie mondiale

 

Le constat est alarmant : l’obésité est en augmentation partout sur la planète, et touche les pays riches comme les pays en voie d’émergence. L’obésité infantile, notamment, se développe de façon préoccupante avec, en 2014, 41 millions d’enfants de moins de 5 ans en surpoids ou obèses. Selon Gilles Fumey, professeur de géographie à l’ESPE-Paris et auteur de l’ouvrage « Géopolitique de l’alimentation »

 

« Plus d’un milliard de personnes sont en surcharge pondérale dans le monde avec un indice de masse corporelle (IMC > 25) et au moins 300 millions de personnes sont obèses (IMC > 30). Le surpoids et l’obésité causent près de 3 millions de décès chaque année. »

 

Les répercussions de ces problèmes de poids sont préoccupantes, car ils sont à l’origine de nombreuses maladies entraînant une diminution de l’espérance de vie et grevant les budgets de santé publique. Il s’agit non seulement de maladies du métabolisme, comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, les maladies cardiaques et l’athérosclérose, mais aussi de pathologies ostéo-articulaires, de maladies pulmonaires et d’une augmentation de fréquence de certains cancers.

 

Malheureusement, en dépit de sa banalité, la problématique de l’excès de poids reste sans véritable solution sur le plan mondial, en raison de sa grande complexité. L’obésité résulte en effet de facteurs sociaux très hétérogènes : surconsommation, malbouffe, sédentarité, rythmes accélérés de la vie urbaine, stress, exclusion sociale… À ces facteurs s’ajoutent des facteurs génétiques, neuro-hormonaux, psychologiques, mais aussi des phases de restrictions alimentaires l’« effet yoyo »), des troubles du comportement alimentaire et des facteurs liés à l’histoire personnelle.

 

Les causes du surpoids sont donc à la fois individuelles et plurifactorielles, biologiques et socio-économiques.

 

Le rôle du plaisir

 

Le cerveau et le reste du corps communiquent et s’influencent en permanence. La moindre cellule graisseuse est reliée de façon bidirectionnelle au système nerveux central. Ce dialogue se traduit notamment par la place qu’occupe le plaisir dans l’alimentation. Le plaisir est anticipé par le cerveau, ressenti par les sens, en lien avec l’environnement affectif, mais aussi avec la mémoire, comme l’illustre la célèbre anecdote de la madeleine de Proust.

 

Le plaisir permet aussi une modulation hormonale des sensations d’appétit et de satiété, qui dépendent, pour chaque individu, de la sensibilité des zones cérébrales impliquées dans le système de récompense et d’autocontrôle. Cette cascade neuro-hormonale, qui découle d’un complexe mélange entre les émotions, le stress et l’alimentation, est propre à chacun. Elle se situe au croisement de la susceptibilité génétique et épigénétique, des paramètres psychologiques et des influences environnementales personnelles.

 

Comprendre comment s’auto-influencent ces divers facteurs pourrait permettre de mieux lutter contre l’obésité, en déjouant notamment les stigmatisations liées à la culpabilité ou aux jugements négatifs. De nombreuses personnes souhaitant perdre du poids sont, en effet, en souffrance psychologique. Or, l’angoisse, comme le plaisir de manger, peuvent inciter à se nourrir sans réel besoin physiologique.

 

Pour perdre du poids, tout ne se passe pas dans l’assiette

 

Les conséquences néfastes de l’obésité sur la santé ne se résument pas aux problèmes médicaux « physiques », pour lesquels une diminution de poids s’impose. Une autre conséquence, indépendante du niveau de corpulence, est la souffrance psychique. La complexité de la gestion de cette dernière vient autant de ses causes, multiples (troubles de l’estime de soi, pensées obsédantes…), que de sa prise en charge. La souffrance psychique peut en effet, paradoxalement, être aggravée par les mesures prises pour perdre du poids et doit donc être traitée indépendamment des questions de nutrition. Dans les suivis nutritionnels au long cours, le sentiment d’échec et de culpabilité est omniprésent…

 

La prise en charge de l’obésité et du surpoids nécessite un désapprentissage d’un grand nombre de pratiques actuelles devant l’échec reconnu du simple conseil hygiéno-diététique. À ce jour, aucune approche n’ayant fait preuve d’efficacité durable, les autorités de santé doivent rester à l’écoute de l’individu et offrir un accompagnement global corps-esprit, en tenant compte des contradictions de la société. Cette dernière met en effet en avant la consommation, crée des besoins, des envies… Et donc, par là même, des frustrations et des dépendances. Nous sommes les heureuses victimes de grandes surfaces aux innombrables rayons débordant d’aliments industriels, aux emballages irrésistibles, bourrés de calories !

Un modèle qui favorise le surpoids

 

Cette industrialisation des aliments s’est traduite par un enrichissement en graisse et en sucre, afin d’améliorer le plaisir du palais et, donc, d’augmenter les ventes. Il s’agit du principal facteur de maladies comme le diabète. Ces transformations alimentaires ont abouti à des aliments ayant des niveaux caloriques élevés dans de petits volumes. Nos capacités de régulation physiologique sont trompées par cette nourriture industrielle. La sensation de satiété repose en effet notamment sur la dilatation de l’estomac, qui est interprétée comme un signal que les besoins alimentaires ont été satisfaits.

 

Par ailleurs, l’apport alimentaire excessif entraîne l’apparition de comportements addictifs. En outre, déjà malmené par la nutrition, notre équilibre physiologique doit également s’adapter aux changements dus au mode de vie moderne, plus sédentaire.

 

Il n’est pas anodin que l’apparition de l’obésité dans un pays soit corrélée à son niveau de développement économique et industriel. Elle est favorisée par l’urbanisation et touche en premier lieu les classes sociales défavorisées. Au niveau économique, il s’agit donc de trouver un difficile équilibre entre les bénéfices liés aux profits du secteur agroalimentaire et de la grande distribution et les pertes dus à l’augmentation exponentielle des coûts de santé engendrés par l’obésité et la dégradation de la qualité nutritionnelle.

 

Trouver les ressources pour briser le cercle vicieux

 

À l’heure actuelle, pour perdre du poids, la solution la plus efficace est la chirurgie de l’estomac (chirurgie bariatrique). Compte tenu de sa nature intrusive et irréversible, elle reste toutefois réservée aux obésités sévères ou compliquées. La modification diététique et les transformations de l’hygiène de vie, comme la lutte contre la sédentarité, demeurent donc des incontournables de la diminution de poids.

 

Plus facile à dire qu’à faire : après avoir suivi une multitude de conseils médicaux, sociétaux ou amicaux, et s’être astreint à une longue période de difficiles efforts, de lutte, de perte de contrôle et de confiance en soi, nombre de personnes finissent par « craquer », et céder à une augmentation paradoxale de prises alimentaires et de poids. Pour éviter l’impasse, la compréhension des cercles vicieux qui aboutissent à cette résistance à l’amaigrissement est indispensable. Il faut pour cela explorer tant le plan neurobiologique que psychologique.

 

La personne souffrant d’obésité détient en elle-même des ressources insoupçonnées. Les nouvelles connaissances sur la capacité du cerveau à se remodeler suggèrent la possibilité de changer ses habitudes et de se transformer favorablement à tout âge.

 

Et pour ceux qui souhaitent vivre avec un excès de poids, se pose alors la question du libre arbitre et de la possibilité, pour chacun, de vivre autrement.

 

Cet article a été co-écrit avec Lélia Bracco, médecin endocrinologue. Il s’inspire très largement de son livre, « Obésité. Au-delà de l’impasse » dans la collection « Mes cerveaux et moi » dirigée par Fabien Dworczak (Maison d’édition Edp sciences). ICI  

Qui est Wal-Mart ?

 

« Créée il y a moins de 50 ans par Sam Walton et son frère Bud, cette compagnie originaire de Bentonville, Arkansas, est aujourd’hui l’entreprise du monde la plus rentable. Avec un chiffre d’affaires supérieur à 300 milliards de dollars par an, Wal-Mart a des revenus plus élevés que ceux de la Suisse. Elle a ouvert plus de 6000 énormes supermarchés dans le monde, dont 80% sur le seul territoire américain. Dans le domaine de la Grande Distribution, Wal-Mart n’a pas de rival sérieux […] Elle fait travailler plus de 1,9 million de personnes dans le monde, et est le plus grand employeur privé du Mexique, du Canada et des Etats-Unis. Elle importe plus de produits manufacturés chinois que le Royaume-Uni ou la Russie. Elle a prévu que son chiffre d’affaires augmenterait s’un milliard de dollars par an au cours de la prochaine décennie […]

 

La Philosophie de Wal-Mart

 

Wal-Mart prétend « que la pression qu’il exerce sur les prix contribue à l’élévation du niveau de vie de toute la population américaine, faisant économiser chaque année 100 milliards de dollars aux consommateurs, quelque chose comme 600 dollars par an pour une famille moyenne »

« Ces économies sont vitales pour des millions de familles aux revenus faibles ou moyens qui ont du mal à boucler les fins de mois » affirme le PDG de Wal-Mart H. Lee Scott. » Concrètement, c’est comme si elles recevaient de l’argent chaque fois qu’elles viennent faire leurs courses chez nous. »

 

Air connu, chanté chez nous par les laudateurs des prix bas. Démonstration tirée d’un petit ouvrage : WAL-MART L’ENTREPRISE MONDE Nelson Lichtenstein&Susan Strasser (universitaires américains) éditions les Prairies Ordinaires datant de 2006 et publié en France en mars 2009.

 

Wal-Mart un géant de la production

 

« Wal-Mart n’est donc pas seulement un énorme détaillant, mais aussi, et de plus en plus, un géant de la production qui en a toutes les caractéristiques sauf le nom.

La firme a installé son proconsul asiatique à Shenzhen, épicentre chinois de l’exportation de produits manufacturés. Une «équipe de 400 personnes y coordonne l’achat de quelques 20 milliards  de dollars de produits fabriqués en Asie du Sud. Grâce à sa connaissance intime du processus de production et à son immense pouvoir d’achat et de négociation, Wal-Mart a transformé ses 3000 fournisseurs chinois en simples « preneurs de prix » (price takers), plutôt qu’en partenaires, en vendeurs ou en décisionnaires oligopolistiques. Bien que la majorité de ces fournisseurs restent petits et sous-capitalisés, un nombre croissant d’entre eux président aux destinées d’entreprises d’une taille prodigieuse. Par exemple, Tue Yen Industrial, un fabricant de chaussures basé à Hong-Kong, emploie plus de 150 000 personnes à travers le monde, la dans des usines fabricant des produits bon marché dans le sud de la Chine. À Dongguan, le complexe industriel regroupe plus de 40 000 ouvriers, et l’usine géante de Huyen Binh Chanh, au Vietnam, en fait travailler 65 000, ce qui en fera bientôt le plus grand lieu de rassemblement de travailleurs au monde. »

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22 novembre 2018 4 22 /11 /novembre /2018 06:00
Cristiano Ronaldo vérifie l’effet Alfred Marshall en s’offrant au Scott’s de Londres, en 15 mn chrono, 1 Richebourg Grand Cru et 1 Pétrus 1982 pour 27 000 £

La Juventus de Turin, a recruté Cristiano Ronaldo en provenance du Real Madrid pour une indemnité estimée à 105 millions d’euros.

 

Un salaire proche de 30M€ nets la saison, indépendamment des primes diverses et sans savoir s’il lui revient tout ou partie de l’exploitation de ses droits à l’image. A lui seul, il vaut un quart de tous les salaires du groupe professionnel de la Juventus. L’international portugais a signé un contrat de quatre ans, jusqu’à la fin de la saison 2021-2022.

 

 

Alors qu’est-ce que 27 000 £, soit 30 500 € pour deux flacons de vin ?

 

Peanuts !

 

L’épaisseur du trait, presqu’un pourboire à la gloire des Grands Crus français.

 

Les faits :

 

De passage à Londres avec des amis et sa compagne Georgina Rodriguez, pour assister au Masters de tennis, Cristiano Ronaldo s’est fait plaisir en se rendant dans un restaurant chic du quartier de Mayfair. The Sun rapporte que le quintuple Ballon d'Or portugais, a passé quelques minutes au bar de l'établissement Scott's. Assez de temps pour dépenser une somme à cinq chiffres pour un Richebourg Grand Cru (sans doute un Henri Jayer) 18 000 £ ainsi qu'un Pomerol Petrus de 1982 à 9000 £.

 

« Il était de très bonne humeur, CR7 fêtait l'anniversaire de sa fille Alana Martina confie un témoin au journal anglais. Lui et son groupe sont seulement venus un quart d’heure. Ils n’avaient pas réservé, alors ils se sont posés au bar, et ont dû boire un verre et demi chacun avant de partir. » Sans même finir la seconde bouteille, assure le Sun. « Il n’a même pas cligné d’un œil quand il a fallu régler l’addition, relate le témoin. Ce fut le sujet de discussion du restaurant toute la soirée. »

 

Qu’en dire ?

 

Même si ça vous surprend : RIEN !

 

Ce n’est pas écrit LPV sur mon front.

 

C’est pour moi la démonstration de la recherche de la distinction sociale telle que décrite par l’économiste Alfred Marshall en 1966.

 

Celui-ci soulignait l’importance de ce motif dans la consommation : « si élevé soit le désir de variété, il est faible comparé au besoin de distinction : un sentiment qui, considéré selon son universalité, et sa constance, affecte les hommes de tous les temps, nous vient dès le berceau et ne nous quitte jamais jusqu’au tombeau et peut être ainsi considéré comme la plus puissante des passions humaines. »

 

L’acquisition de biens réputés avoir un prix élevé est un des moyens dont peuvent user les personnes pour affirmer leur pouvoir et leur prestige, pour se signaler à leur entourage. Pour de tels biens, toute baisse de prix produit des effets atypiques et induit une diminution de la demande, puisque le caractère ostentatoire se trouve mécaniquement amoindri, et ce bien que les quantités de l’œuvre n’est en rien changé. Lorsque le mobile qui guide l’acheteur est essentiellement la recherche de la distinction, c’est l’acquisition publique, à un prix record, qui importe, la valeur artistique étant reléguée au second plan. Ces achats peuvent être néfastes pour le marché car ils sont susceptibles de l’entraîner dans une hausse incontrôlée. En effet, chaque nouveau record vient alimenter une nouvelle information médiatique, et ce faisant est non seulement susceptible d’induire en erreur des acheteurs « naïfs » qui n’étant pas informés accordent une plus grande qualité artistique à l’œuvre que ce qu’elle n’en a réellement et sont de ce fait prêts à payer un prix élevé pour l’acquérir, mais elle vient également aiguiser les appétits de personnes en recherche de distinction qui trouvent dans ces nouveaux prix records un moyen d’afficher plus encore leur position sociale (effet Veben). Une spirale inflationniste est alors enclenchée. »

Dans La valeur de l’art contemporain Nathalie Moureau

 

Étonnant, non !

 

Ça ressemble fort à ce qui se passe sur ces vins dit les plus chers du monde.

 

 

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