Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
C’est le journal suisse le Temps qui m’a mis cette BD sous le nez, sans doute parce que l’auteur Stéphane Louis a 47 ans, habite Annecy.
Je l’ai sitôt achetée car il me semble important de parler de cette maladie qu’est l’alcoolisme, sans passion, sans faux-semblants, en regardant la réalité en face, en nous plaçant dans la peau d’un enfant d’alcoolique.
Comme le souligne l’auteur : il ne traite pas l’alcoolisme comme on l’aborde régulièrement, via les traitements, ça Stéphane le laisse aux médecins. Lui c’est alcoolisme de l’intérieur, du vécu.
« Nous ne sommes pas que nos faiblesses. Nous sommes ce que nous essayons d’en faire. »
Stéphane Louis est unauteur reconnu dans le milieu de la bande dessinée de science-fiction que je ne connaissais pas car j’apprécie assez peu la science-fiction, il publie une BD «Mon père ce poivrot » où il évoque les conséquences de l’alcoolisme sur la cellule familiale.
Le message de l’album tient en une seule phrase tirée de la BD : « C’était un poivrot Lulu ...mais c’était mon père !»
Les 72 pages content l’histoire de Lucien Basset, un père alcoolique qui souhaite revoir son fils Rémy et «lui sauver la vie», après des années de rupture. L’histoire tient en une seule ligne et étonne le lecteur jusqu’à la dernière page. S’il ne s’est pas directement représenté dans l’album au travers du personnage de Rémy, Stéphane Louis a bel et bien vécu cette histoire avec son père, Maurice, décédé en 2006.
Celui-ci né sous X, avait été appelé Lucien Basset, par erreur, jusqu’au jour de son certificat d’études. C’est la femme du dessinateur, également coloriste de l’album, qui l’avait incité à reprendre contact avec lui quelques années avant sa disparition. «Elle m’a surtout invité à le faire afin de ne pas le regretter par la suite, précise Stéphane Louis. Cet album n’est pas une thérapie, ni une catharsis. J’ai pu régler mes problèmes avec lui de son vivant.»
Le dessinateur a aussi voulu souligner l’importance de tendre la main à une personne ayant une addiction, même si au final on est souvent déçu. «Si elle retombe, on le prend pour un échec personnel. J’ai plusieurs fois tendu la main à mon père, mais j’ai toujours été déçu par ces tentatives et, au bout d’un moment, je me suis demandé à quoi cela servait de faire un nouvel essai.»
«Dans ces moments, je vivais avec mon père. Je sais que cette main à tendre demande un effort. Notre relation a toujours été difficile. Je l’ai renié, mais il n’a jamais levé la main sur moi», confie-t-il.
La BD est parfois confuse, avec ses retours en arrière, ses monologues touffus, mais on s’y fait et c’est ce que Stéphane Louis a voulu en faisant évoluer son trait « pour le rendre «moins propre» qu’habituellement. «Le dessin lâché m’a permis de représenter les visions que l’on peut vivre dans l’alcoolisme.» Sa volonté n’était pas de montrer sa propre interprétation de l’histoire de son père, mais de faire comprendre qu’il ne faut pas résumer un être à sa seule étiquette d’alcoolique. »
Bref, c’est une approche rare qu’il faut saluer.
« On estime à 5 millions le nombre de buveurs excessifs en France (trois millions d’alcoolo-dépendants sévères). Ça fait combien de victimes collatérales ? Combien d’enfants et d’adolescents qui vivent l’ENFER au quotidien ? Pas besoin de calculette. Ça fait beaucoup. »
Stéphane Louis, Mon père ce poivrot, Ed. Bamboo, 72 pages
Stéphane Louis est né en 1971. Autodidacte, il a fait ses premiers pas dans le monde des bulles grâce aux fanzines, prozines et autres magazines tels que Dixième Planète, Semic, Comic Box, Bugs Bunny Mag, etc. Professeur pendant huit années dans le 93, il démissionne de l’Education Nationale pour vivre de sa passion et travaille aussi dans des agences de communication, le web et la publicité. Ses influences de dessinateur proviennent du travail d’Olivier Vatine ou encore du duo John Byrne / Terry Austin sur les X-Mens. Mais également des mangas depuis leur parution en France ainsi que des Comics et surtout de la BD Franco-Belge qui a bercé son enfance (Raaah, Franquin, Seron puis Maëster, lui ont donné l’envie de prendre un crayon).
"C'était un poivrot Lulu... mais c'était mon père !" Stéphane Louis a 47 ans, il habite Annecy, il est dessinateur. Stéphane sort mercredi une bande dessinée qui lui tient terriblement à cœ...
Lors de mon passage à l’Office du Vin entre 1978 et 1981, avec l’aide des chercheurs de l’INRA de Montpellier, il a été possible de lancer une étude lourde sur la consommation du vin en France. Cette étude perdure. ICI
Sans vous assommer de chiffres, la première constatation de cette étude fut que le haut niveau de consommation de vin en France était le fait d’un petit pourcentage de gros buveurs.
Que la tendance lourde de la baisse de la consommation de vin c’était la chute régulière et inéluctable des consommateurs réguliers parmi lesquels se recrutent les gros buveurs.
À tous ceux qui se lamentaient sur la baisse de consommation de vin, tel Saverot de la RVF et les grands chefs du vin, je répondais que c’était une bonne nouvelle.
Ces gros buveurs, de vin et d’apéro, ont permis en 1956, à Sully Ledermann, de publier un ouvrage en deux volumes intitulé "Alcool, alcoolisme, alcoolisation". Dans son chapitre V : " Mesures du degré d'alcoolisation alcoolique d'une population" l'auteur expose une hypothèse. Il entend démontrer que la consommation moyenne d'alcool d'une population en détermine la proportion de buveurs excessifs. Le problème qu'il a tenté de résoudre est le suivant : nous connaissons, pays par pays, la quantité d'alcool pur consommé par an et par habitant, ou plus exactement la quantité totale consommée divisée par le nombre d'habitants de tous âges. En revanche, nous connaissons mal la distribution.
Notre démographe formule donc une théorie entendant démontrer que la consommation moyenne d'alcool d'une population détermine le nombre de buveurs excessifs (la proportion de buveurs excessifs augmentant selon le carré de la consommation moyenne en suivant une distribution log gaussienne). Cinquante ans plus tard, cette hypothèse, baptisée loi de Ledermann, continue d'être martelée par les ayatollahs d'une politique de santé publique aussi verbalement autoritaire qu'inefficace pour fonder la lutte contre l'alcoolisme. On est entre scientifiques, des gens sérieux, pas des gens qui vivent d'un produit dangereux, circulez y'a rien à voir même si Gauss doit se remuer dans sa tombe en les voyant utiliser sa théorie pour des distributions biologiques.
Bref, cette pseudo-loi a constitué le socle de la lutte contre l’alcoolisme des médecins de santé publique, et explique l’échec de leur lutte contre ce fléau dans notre pays.
Sans qu’il y ait vraiment une inversion de la doctrine on sent un frémissement chez eux, comme une envie de revenir au principe de réalité.
Si la consommation a été divisée par deux depuis les années 1960, la France continue d'être un pays de buveurs. Surtout, les modes d'alcoolisation ont changé, révèle une enquête de Santé Publique France.
ON DÉCRYPTE
Vin, bière, pastis… Les Français aiment boire, beaucoup, et en nombre : seuls 15% des plus de 15 ans disent ne jamais boire. Les autres consomment en moyenne un peu plus deux verres quand l'occasion se présente, c'est-à-dire un jour sur trois environ. C'est ce qui ressort d'une nouvelle enquête publiée mardi matin par Santé Publique France.
La France est aujourd'hui au huitième rang mondial des plus gros buveurs d'alcool. La bonne nouvelle, c'est que notre consommation d'alcool a été divisée par deux depuis les années 1960. Aujourd'hui, seuls 10% d'entre nous boivent tous les jours, contre 25% il y a un demi-siècle.
Pour les jeunes, boire moins mais plus rapidement. Cette tendance cache néanmoins des pratiques bien différentes selon les générations. L'étude montre en effet qu'un quart des plus de 65 ans continuent à boire de l'alcool tous les jours. "Parmi les plus âgés, on a davantage de consommation régulière quotidienne, comme le petit verre de vin à table, alors que chez les plus jeunes, les modalités de consommation principales sont plutôt des consommations épisodiques importantes, c'est-à-dire qu'on consomme en une fois beaucoup d'alcool et non pas de faibles quantités de façon régulière", détaille Viet Nguyen Thanh, responsable de l'unité addiction à Santé Publique France. "Ça correspond probablement à un effet de génération."
Une frange de très gros buveurs. Enfin, il existe chez nous une frange de très gros buveurs, plutôt des hommes âgés. Ils représentent 10% des consommateurs et à eux seuls, ils boivent 58% de l'alcool consommé en France. Côté mortalité, l'alcool a fait 41.000 morts en France en 2015 (16.000 cancers, 9.900 maladies cardio-vasculaires, 6.800 maladies digestives, 5.400 accidents ou suicides et 3.000 morts d'autres maladies comme des maladies mentales). C'est la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac et avant la pollution.
Michel Reynaud
Professeur émérite de psychiatrie et d'addictologie − Président du Fonds Actions Addictions, Université Paris Sud – Université Paris-Saclay
Alcool : ces 20 % de consommateurs qui font le bonheur des alcooliers
Le Baromètre de Santé publique France 2017 est une enquête probabiliste transversale : 25 319 personnes résidant en France métropolitaine, âgées de 18 à 75 ans, ont été interrogées par téléphone, de janvier à juillet 2017. Le taux de participation à cette enquête a été de 48,5 %.
Usages d’alcool en France métropolitaine en 2017, selon le sexe parmi les 18-75 ans. Baromètre de Santé publique France 2017.
Les données recueillies ont notamment révélé que la consommation d’alcool était plus fréquente chez les hommes, et l’écart entre sexes d’autant plus marqué que la fréquence de consommation augmentait. Ainsi, si 29,8 % des hommes consommaient de l’alcool entre une et trois fois par semaine (contre 20,3 % des femmes), ils étaient trois fois plus nombreux que les femmes à consommer de l’alcool quatre à six fois par semaine (7,6 % contre 2,6 %) ou tous les jours (15,2 % contre 5,1 %). De plus, la consommation moyenne un jour type était de 2,8 verres chez les hommes contre 1,8 chez les femmes.
Mais l’un des enseignements les plus intéressants concerne l’hétérogénéité de cette consommation d’alcool : en 2017, près de la moitié de la population (49 %) ne buvait que 3 % du volume total consommé dans l’année, un tiers (35 %) en consommait 91 %, tandis que les 10 % des plus gros buveurs consommaient 58 % du volume total.
Autrement dit, la courbe de la consommation d’alcool en France ressemble fortement au diagramme de Pareto :
Le modèle économique des alcooliers est bâti sur les consommations excessives
Ces chiffres mettent en lumière la structure du marché de l’alcool dans notre pays. Ils montrent en effet que les ventes de l’industrie alcoolière se concentrent à 80 % sur les populations ayant des consommations d’alcool excessives susceptibles d’engendrer un problème (soit 20 % des consommateurs), dont 58 % sur des individus ayant un problème avéré (soit 10 % des consommateurs).
En l’absence de données venant directement des producteurs ou de l’État, des éléments de confirmation peuvent être tirés des chiffres de la filière Vin et société : ceux-ci sont cohérents avec les chiffres de Santé publique France, puisqu’ils indiquent que seuls 16 % des Français seraient des consommateurs réguliers.
Les alcooliers prétendent prôner une consommation modérée, mais si 80 % des Français sont au-dessous du seuil problématique de trois verres par jour, il faut savoir que ce sont les 20 % restant (les consommateurs excessifs et les dépendants) qui consomment plus des trois quarts des alcools vendus. Le modèle économique des alcooliers est donc bâti sur les consommations excessives. La France n’est pas la seule dans cette situation : des données collectées au Royaume-Uni en 2013 dans le cadre de l’enquête Health Survey for England avaient également mis en évidence une structure similaire du [marché de l’alcool britannique]
Quelles conséquences en termes de prévention ?
Si la nocivité de l’alcool, même à faible dose, est établie, il faut néanmoins considérer les niveaux de risque pour proposer une politique respectant les choix individuels. Car certes, l’alcool est mauvais pour la santé, mais il est indiscutablement bon pour le plaisir. Source de plaisirs, de convivialité, d’empathie, vin et alcools font partie intégrante de notre culture. Chacun devrait donc pouvoir choisir en conscience le niveau de risques qu’il accepte de courir, au regard du niveau de plaisir qu’il recherche.
Néanmoins, lorsqu’on est au-delà des consommations modérées, les risques pour soi-même et pour autrui deviennent majeurs. Le risque relatif croit en effet de manière exponentielle en fonction de la consommation journalière. En s’appuyant sur ce constat, il est donc possible de réduire considérablement la morbi-mortalité en se concentrant sur les consommations excessives.
C’est l’histoire d’un mec, genre gandin à Richelieu lustrées ayant une haute idée de sa petite personne qui, un soir de février, en bute sans doute à un profond coaltar, faute de mieux se traîna dans un de ces néo-bistrots mal peignés dont Paris a le secret.
Mais, lui, le si bien coiffé, qu’allait-il faire dans cette galère pour hipsters tatoués ?
Mystère !
« Ah! Il veut faire le gandin à son âge! Ah! je ne lui suffis pas! Eh! bien, qu'il aille se faire consoler ailleurs ! » Feydeau, Dame de chez Maxim's, 1914, III, 18, p. 72.
Mais, notre dandy post-moderne, tel un vampire de Transylvanie, abhorrait l’ail…
Il s’enquit, d’une étrange manière, auprès du loufiat, qui peut-être avait aussi les ongles sales, si dans la tortore du chef il se trouvait un plat sans ail.
De nos jours c’est la mode du sans : sans gluten, sans sulfites, sans nitrite, sans lactose, sans OGM, viande sans viande…
La réponse tomba, telle le couperet du docteur Guillotin : « y’en a pas ! »
Que fit alors notre homme ?
Je ne le sais pas car il ne l’écrit pas.
Face à un tel outrage au bon goût, on peut imaginer, qu’il s’est alors éjecté de sa chaise en jetant d’un geste rageur la serviette qu’il venait juste de déplier puis, avec une belle arrogance, conchia cette gargote de bobos asexués, population élevée au Nutella et au burger qui voit dans l’ail une signature du terroir, ironisant sur cette volaille ignare qui se goberge en lichant des vins aux arômes d’écurie ou de pomme blette.
À mon avis, après quelques remarques acides, comme le vin nu du bouiboui tout à l’ail, il est resté sagement assis face à sa compagne en ruminant sa chronique.
Bien sûr, tout bon amant le sait, l’ail est un tue l’amour même s’il est un âge où il faut faire son deuil des belles pelles.
Mais, pour un fin palais, un dégustateur émérite, l’ail est aussi un tue le vin, à ne pas confondre avec Thunevin, Jean-Luc l’ex-garagiste.
Pas grave puisque dans cette galère du tout à l’ail on ne pouvait que lui servir des vins daubés.
Double peine !
Je compatis.
Mais l’ail c’est bon pour le cœur diront en chœur les bobos bouffeurs de racines et licheurs d’huiles essentielles.
Foutaises, obscurantisme, charlatanisme, le genre bio-cons, confirmé par un Diafoirus du cœur qui lui recommandait de s’abstenir de croquer de l’ail afin d’éviter les exhalaisons inappropriées comme on dit du côté de la Maison Blanche pour des relations buccales.
L’obscurantisme est très tendance de nos jours, on jette facilement l’anathème sur les médecines douces.
Alors, pour en avoir le cœur net j’ai consulté la bible de la pharmacopée : le Vidal
« L'ail est une substance phytothérapique à visée vasculo-protectrice.
L'ail est utilisé, en phytothérapie, dans la prise en charge de troubles circulatoires mineurs. »
Bien sûr, lorsqu’on diagnostiqua pour mon cœur un syndrome de Kent, un Wolf-Parkinson-White je ne me suis pas mis à bouffer des gousses d’ail, mais pour un chouïa de tension l’ail c’est bon !
Ceci posé j’avoue, qu’en cuisine, l’ail n’est pas ma tasse de thé.
Je n’en fous pas partout, de temps à autres, j’ai des envies de saucisson à l’ail et, bien sûr, j’adore le pesto de Genovese dans lequel l’ail tient sa place.
La fabrication de saucisson à Paris est ancienne. Au long des siècles, on relève plusieurs types de saucissons. Leur particularité est l’utilisation d’épices lors de leur confection. Il faudra attendre la description d’un saucisson à l’ail par Savary des Bruslons, en 1760, pour trouver les prémices de ce saucisson de Paris tel que nous le connaissons.
Sa texture est assez grossière, au tranché rose criblé de grains de gras blancs, et, bien sûr, au goût légèrement aillé. Il se loge sous un long boyau droit de bœuf de 30 à 40 centimètres et de 6 centimètres de diamètre.
Pour sa fabrication, le maigre (70% de son poids), le gras (25%) sont coupés en morceaux et salés séparément avec un sel nitrité ou non, ça influe sur la couleur. Le pré-salage dure de 12 à 24 heures. Survient ensuite le hachage des viandes, l’adjonction de blanc d’œuf, d’ail frais haché, de sel, de poivre et d’épices. Après le remplissage des boyaux, ceux-ci sont étuvés durant plusieurs heures. Les saucissons sont ensuite pochés dans un bouillon pendant une heure et laissés à refroidir dans ce bouillon.
C’est le saucisson du casse-croûte des gars et des filles qui marnent dans les vignes, du pique-nique du populo, mais il peut aussi se servir chaud avec de la choucroute.
Le 11 février 2011 je m’insurgeais :
Le saucisson à l’ail, lui, est un mal aimé, il pue de la gueule, il sent le gaz, relégué qu’il est en vagues rondelles sur le bord des tas de choucroute de la Taverne de Maître Kanter. Pire encore on le fume, non qu’il fût du belge mais parce qu’on lui inflige le supplice ou le maquillage d’un fumage industriel. Je trouve ce mépris insupportable. J’en appelle à un sursaut national. Je sonne le rappel pour que s’instaure une journée mondiale du saucisson à l’ail. J’invite les défenseurs de la charcuterie artisanale à contribuer au renouveau de cet emblème du bon goût français.
Dans « Bravo Docteur Béru »San Antonio, alias Frédéric Dard nous torchait un Bérurier, ex-interne des hôpitaux de Paris qui savait « aussi bien manier le stéthoscope que le saucisson à l'ail » (sic). Je rappelle qu’Alexandre-Benoît dit le Gros lichait essentiellement du Juliénas qu’il considérait comme son médicament quotidien.
Bien sûr je comprends que cette pitance populacière est fort grossière pour un palais de velours, un gosier raffiné, et que seuls des palais zingués comme les toits de Paris osent l’accord ail-vins qui puent.
Reste en suspens l’énigme première : mais qu’allait-il faire dans cette galère ?
Masochisme ?
Collecte de gaz pour un blog en panne ?
C’est le sieur Vincent Pousson qui m’a alerté sur ce haut fait de la critique gastronomique&pinardière réunies, en me disant que j’allais me gondoler. Lui sait bien que je suis un être grossier cultivant le mauvais goût, un vieil homme indigne capable des pires outrances sur les fragrances d’écurie&d’évier réunis des vins qui ont du poil aux pattes.
Avant de conclure cette odoriférante chronique j’ai une pensée émue pour le Boursin ail&fines herbes, star des années 70, chère aux pousseurs de caddies si chers au cœur de Pousson.
La morale de cette chronique est limpide : aucun plat n’est indigne d’un vin quel qu’il soit.
Pour la partie musicale :
Le pire de la chanson populacière : Félicie pour Je m'offris une gibelotte / Elle embaumait l'échalote / Félicie aussi
Il pleuvait des cordes, ça dégoulinait, ça ventait, par la fenêtre de ma cuisine je contemplais les murailles sombres de la prison de la Santé, elles sont restées d’origine, au-delà desquelles un soi-disant architecte a érigé pour, le compte de la République, des blocs blanchâtres percés de fenêtres munies, bien sûr, de barreaux – innovation, elles sont à hauteur d’homme, et je vois ainsi les prisonniers dans leur intimité – et comme certains pensent que je passe mon temps à gueuletonner dans des établissements de luxe, que je dépense un pognon de dingue, qu’un jour les gilets jaunes viendront me faire rendre gorge, j’ai décidé de chroniquer sur l’en-cas que je me suis préparé.
Suis allé puiser dans mon stock de boîtes de sardines à l’huile :
Comme c’était dimanche j’ai choisi une boîte de luxe : Sardines au beurre Bordier YUZU à poêler 7 euros. Pas donné certes mais comme plat principal ça reste acceptable.
Y’en a à tous les prix, mais attention toutes les boîtes ne font pas le même poids, et ramener le tout au kilo n’est pas évident. Disons grosse maille pour des sardines de qualité ça varie de 15 à 25 euros le kilo.
Les miennes, de la Quiberonnaise, 4 sardines, reviennent à 63,50 euros le kilo. Donc sardines de luxe mais d’ordinaire je me rabats sur l’ordinaire mais foin de mauvaise conscience passons à l’exécution :
Tout d’abord réchauffer la boîte fermée sous le robinet d’eau chaude
Ouvrir délicatement, pas toujours facile avec le système moderne qui est tout de même plus pratique que l’ouverture ancienne avec une clé.
Verser le contenu de la boîte dans une poêle sous feu doux
Couper votre quignon de pain en 2
Présenter vos sardines sur des feuilles de salade
Humecter vos 2 tranches de beurre tiède
Couper vos sardines en deux et poser les parts sur les tranches
Ouvrir une bouteille de Maximus de Nicolas Carmaran
Vous verser un verre
Mangez et buvez
Voilà le travail ça fait un casse-croûte à grosse maille, avec les 2 verres de vin, à 8 euros.
Dans la foulée, pour le dîner, j’ai encore amélioré la performance puisque je me suis préparé des patates au four raclette. Je n’ai pas fait le compte mais même si mes patates étaient là encore des patates de luxe, j’ai dû tourner, avec le verre de vin, sans compter l’électricité, autour de 3 euros.
Un dimanche à 11 euros qui dit mieux ?
Moi, lorsque je mange des pâtes à midi et le soir en buvant de l’eau…
Jacopo de Barbari, Vue de Venise, 1500, Museo Correr. Visiter Idées similaires
Inventeur est pris ici au sens d’inventeur d'un trésor : « Personne qui trouve par hasard un trésor sur le terrain d'autrui et qui acquiert ainsi le droit d'en posséder la moitié. » C.N.R.T.L
Sitôt réceptionné j’entre, bille en tête, dans le Venise à double tour, le nouveau livre que JPK a eu la gentillesse de me faire parvenir.
Son choix d’un appartement dans la Giudecca me va comme un gant : bonne pioche !
« S’offrait à moi la vue la plus saisissante de Venise. Depuis la terrasse presque aussi vaste que l’habitation, on aperçoit quelques-uns des monuments des monuments et édifices dont je me suis entiché depuis ma première visite : la façade des Gesuati (1), les clochers jumeaux de l’Ange Raphaël, l’hôpital des Incurables, les coupoles de la Salute. On découvre aussi Saint-Georges Majeur et les Zitelle. La place Saint Marc échappe à la vue. Je n’en suis pas frustré. »
(1) à ne pas confondre avec les Gesuiti)
Mon rêve : y habiter !
J’écrivais en 2013
« L’île de Giudecca dans le Dorsoduro auquel elle fait face. J’adore ce chapelet de huit petits îlots reliés par des canaux. La « Spina lunga » la longue épine appartient à mon imaginaire. On y trouvait autrefois des maisons de campagne, des champs, des vignes, des couvents puis, au 19e siècle, ce fut un quartier d’usines et d’ateliers où s’installèrent des populations ouvrières. Le symbole, toujours debout et transformé en hôtel, c’est le moulin à farine que construisit en 1895 le Suisse Giovanni Stucky. (2)
Dans mon roman du dimanche en 2011 :
« Nous logions dans un petit appartement du sestiere de Dorsoduro, tout près du Palais Venier dei leoni qui abrite la fondation Peggy Guggenheim. J’aime beaucoup cette langue dure et pointue, plein sud, avec le long et large quai des Zattere qui relie la pointe de la Salute à la gare maritime où, au premier crépuscule comme à l’aurore j’aime marcher. En face, à l’extrémité ouest de la Giudecca, la vue du grand moulin Stucky maintenant transformé en Hilton, avec son architecture de style néo-gothique, construit au tournant du siècle dernier par un minotier mégalomane, Giovanni Stucky, qui fut assassiné en 1910 par l’un de ses ouvriers, par sa masse, sa hauteur, ses tourelles pointues, me fait toujours frissonner. Ici, où que l’on se place, tout est beau, même cet ancien bâtiment industriel, altier, pur, et je me rêve marchand, affréteur de navires pour faire le commerce des épices et des bois exotiques. Nous flânions, nous nous égarions sans jamais nous perdre. Loin des lieux infestés de touristes nous explorions la Venise secrète. Ainsi, derrière le Rialto, j’évoquais, alors que nous passions sur le pont delle Tette pour nous rendre au restaurant Antiche Carampane, dont la traduction littérale signifie « vieilles putes » les courtisanes qui s’y exhibaient les seins nus, pour attirer le client, au temps de la splendeur de la Sérénissime qui préférait encourager ses citoyens à commettre des péchés mineurs et lutter ainsi contre un péché majeur : l’homosexualité considérée comme « un péché contre nature ». Face à sa recrudescence, en 1511, les prostituées firent parvenir au patriarche Contarini une requête pour qu’il prenne des mesures. »
Pourquoi choisir Venise ?
Là, « l’ancien enfant de chœur de Corps-Nuds » pointe déjà le bout de son nez mais je n’en dirai pas plus.
La réponse vient : « Les églises closes de Venise (« églises closes » chiese chiuse), surtout celles qui s’ouvrent de temps à autre, suscitent chez moi un état de frustrations insupportable. »
« Mon séjour à Venise je vais le consacrer à forcer les portes de ces sanctuaires. »
Comment va-t-il faire ?
« C’est une affaire compliquée, sérieuse, étrange, presque inavouable. Jusqu’à présent je ne l’ai révélée à personne. J’ignore où je vais atterrir, je sais que ces sanctuaires morts mettent en jeu le registre du secret vis-à-vis de moi-même. Le secret, mot-clé. Il fait remonter à la surface non seulement ce qui est oublié, mais aussi ce qui a été séparé ou mis à part. L’injonction de lever le voile ! »
« Quête improbable »
« C’est curieux. Au lieu de me chiffonner, cette enquête qui n’arrive pas à démarrer me stimule. »
Note personnelle : comme JPK « je dois presque tout à l’Italie. Une idée du bonheur, mais je n’y ai jamais cru. J’aime la phrase de Bossuet : « Le bonheur est fait de tant de pièces qu’il en manque toujours une. » Comme on dit ici : « Le doge a ses chagrins, les gondoliers ont les leurs. »
« Au bonheur, je préfère l’allégresse que me procure chaque séjour dans ce pays. »
« D’emblée c’est ce que j’ai aimé dans l’Italie, son intimité avec le passé, presque une cordialité, se manifestant avec bienveillance et une simplicité qui jure avec la façon théorique, cérébrale et souvent tourmentée dont nous, Français, considérons le patrimoine. »
Revenons un instant à la Giudecca où JPK a ses habitudes… Il aime se perdre dans le labyrinthe de ses ruelles. Regarder la lagune de l’autre côté de l’île avec son chapelet d’îles.
« Sur ma terrasse, l’omnivoyeur que je suis savoure le panorama. »
« Le bonheur de manger des yeux. Il existe une manducation de la vision, une façon presque mécanique au départ de recevoir les images, de les absorber, de les assimiler non pas seulement pour qu’elles se transforment et comblent l’être, mais aussi pour les partager. Il faut en avoir été privé pour comprendre la portée de ce partage. Une épreuve parmi d’autres pour le prisonnier : avoir les yeux fermés par un bandeau. »
Et l’enquête du commissaire Kauffmann, où en est-elle, me direz-vous ?
« Je tente ma chance partout »
Les campo en déshérence l’attirent : « À Venise ils foisonnent. J’aime y rôder. Rôder n’est pas flâner. Le flâneur est un gentleman qui se promène sans hâte et se complaît dans une douce inaction. Le rôdeur est un dévoyé au comportement suspect. À la différence du flâneur qui va à l’aventure sans demander son chemin, le rôdeur veut constamment vérifier où il se trouve. »
« Ce n’est pas ton genre d’abandonner. » Joëlle Kauffmann
« Joëlle me rappelle à quel point ces églises font écho à mon dressage catholique. »
« Et cette façon d’avoir listé les sept péchés capitaux ! Ce sont tout de même ces vices qui mènent le monde. Reconnaissons aussi que, à part l’avarice et l’envie – deux passions tristes –, ils donnent du sel à notre condition humaine. Voilà pourquoi je me sens lié à cette religion. La rémission des péchés est une invention géniale. Il n’y a aucune faute, aussi grave soit-elle, qui ne puisse être remise. Avec le catholicisme, on trouve toujours des arrangements. Quiconque=que commet une faute sait qu’il sera accueilli à bras ouverts et reconnu en tant que pêcheur. La vraie indignité n’est pas d’enfreindre, mais de prétendre n’avoir pas enfreint. C’est Paul qui le dit : le péché véritable est de se croire pur, infaillible. »
JPK est mon aîné, né juste avant le baby-boom...
Dans Venise à double tour, à mon avis, il nous ouvre en grand la porte du JPK intime, tout comme ces portes d’églises fermées de Venise qu’il veut obstinément pousser. Le titre de cette chronique s’inspire de celui d’un titre de film : Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze (1999)
Et pour lui tout a commencé dans son église paroissiale « … où, enfant, tôt le matin, je servais la messe à deux reprises, la première étant dite par l’abbé, la seconde interminable, par le curé. Les deux services étaient devenus pour moi une corvée.
Alors, le jeune JPK, rêvait : « Cet ennui a fondé l’homme que je suis devenu. Dans les interstices de ce rituel, mon esprit s’introduisait et parvenait à prendre son envol. Rêver, rêvasser, je ne faisais pas de différence. Et laisser l’imagination, ce n’est pas ne rien faire. La tête dans les nuages, j’étais en fait très actif (…) Sorti de l’église, dans ma vie normale d’enfant, j’étais incapable d’atteindre cet ailleurs qui m’a constitué.
« L’aptitude à la solitude en même temps qu’à sortir de soi, une certaine expérience contemplative, bref, l’apprentissage de l’autonomie, je l’ai apprise dans une église de style néo-byzantin construite à la fin du XIXe siècle… »
S’il me permet ce clin d’œil à notre goût commun pour le vin, c’est son « pied de cuve » à JPK.
Enfant chœur, rêveur, rêvasseur, aptitude à la solitude en même temps qu’à sortir de soi, le petit vendéen que je suis ne peut qu’y être sensible même s’il a pris un autre chemin que JPK.
Lacan (La Vie avec Lacan, Gallimard, « L’Infini », 2016 Catherine Millot), Sartre (La Reine Albemarle ou le Dernier Touriste Gallimard, 1991), Morand (Venises Gallimard 1971, « L’Imaginaire » 2004) … Hugo Pratt…
L’ami Lautrec, pourquoi Lautrec ? Car Toulouse avec un z : ICI
Le Gran Vicario, le Cerf noir, Cerf Blanc… L’indispensable Alma... La discrète Joëlle...
« C’est curieux. Au lieu de me chiffonner, cette enquête qui n’arrive pas à démarrer me stimule. Je crois en avoir trouvé explication dans la nature hors du commun de cette ville. En fait, elle ne crée aucun temps mort. Aucune pause. Le spectacle de la beauté requiert le passant de partout… »
« Je tente de lui décrire l’objet de mes recherches. Il ne comprend pas mes intentions, ce qui n’est guère étonnant, elles ne sont jamais caractérisées par leur intelligibilité. J’ai toujours l’impression que mes explications sont fumeuses. Elles le sont d’ailleurs dès que je m’exprime. Á l’oral, je pars dans tous les sens. Je submerge mon vis-à-vis sous un flot de justifications, craignant qu’il ne saisisse mal le sens de ma démarche. J’ai beau faire, je donne l’impression de me disculper. »
« Le travers qui consiste chez moi à essayer de me projeter dans la conscience d’autrui et de me mettre à la place de mon interlocuteur, de supputer ce qu’il pense, ce qu’il veut, ce défaut me joue, il est vrai, parfois des tours. Pathologie relevant plus de la curiosité que de l’altruisme ou d’une nécessité morale. Cette illusion de se croire apte sinon à se substituer à l’autre, du moins à prétendre l’interpréter, m’expose parfois à des bévues et des contresens, mais je ne puis m’en empêcher. C’est une maladie, mais une maladie dont je ne souhaite pas être guéri. »
Et puis, une offre inopinée bouscule ses plans « elle ressemble presque à une frustration, une impression de trop grande facilité qui provoque un malaise. La vérité est que je suis pris au dépourvu. »
« C’est triste à dire, mais j’ai besoin de la difficulté. Les complications me stimulent. Il me faut être empêché pour que je m’accomplisse – enfin, jusqu’à un certain point, je en suis pas masochiste. »
« Ma cible, ce sont les sanctuaires inflexibles, les inapprochables, les impossibles, les coriaces, non les arrangeants, ni la catégorie des à-moitié. »
JPK réclame l’inattendu.
Mais, « J’en viens à regretter l’époque où je m’égarais dans les calle et campi, un bonheur à Venise parmi tant d’autres.
Peut-être ai-je perdu un peu de mon innocence vis-à-vis de cette ville. »
Mais « ce n’est pas en baguenaudant dans Venise que je vais me faire ouvrir les églises fermées. »
On dirait que vous prenez un malin plaisir à enregistrer toutes les difficultés que vous avez rencontrées et à glorifier vos échecs. Le Cerf blanc
« Depuis toujours, j’ai préféré le combat à la victoire Il y a une telle tristesse dans l’accomplissement de ce que l’on désire. La constatation que le but est atteint. Il n’y aura plus rien après. Une part d’inachevé, voilà qui donne à la réussite sa vraie mesure. »
Oui JPK je suis sans peine venu à bout de cette Venise à double tour mais, comme votre livre est d’une telle richesse, d’une telle sensibilité, d’une telle érudition, pour cette chronique j’ai choisi un angle, celui qui, d’une certaine façon, me reliait à vous, et je m’y suis tenu car il m’a semblé que, moi aussi, je me devais de laisser les portes de votre livre fermées, verrouillées, comme celles de vos sanctuaires inflexibles.
Oui JPK, « Un livre, s’il ne vous reste que la surprise d’une image, une fragile présence au monde, un trait inédit chez un personnage, c’est déjà gagné. »
Oui JPK je ne suis pas sorti indemne de votre livre, les dégâts collatéraux, comme le dit la novlangue, sont mon secret…
Je suis plus Hugo Pratt que JPK : un baguenaudeur tendance ramier :
« Ce qui passionnait Pratt, c’était la ruelle étroite cachant un passage secret, la porte dérobée derrière une colonne, le signe cabalistique au-dessus d’une entrée ou sur un puits, détails absolument visibles par tous, évidents, mais que personne ne voit faute de curiosité, de sens poétique. »
Le 6 juillet 2011 je notais dans une chronique :
« Prendre du recul, partir d’un coup d’aile, se retrouver, dans le grouillement de la cité des Doges gorgée de touristes étiquetés, bruyants et errants en bandes derrière des guides, obsédés du cliché débile, c’est pour moi faire retraite. M’isoler. Nul paradoxe dans ce choix car à Venise, hormis ses monstrueux nœuds touristiques, il est facile de se perdre, de se retrouver seul ou presque. Pas de voitures ! Ici l’Histoire est partout, il suffit de lever le nez, de se poser, de regarder, de pousser des portes, de flâner. C’est un luxe j’en conviens mais je l’assume sans aucune espèce de contrition.
Alors, oui, je vais au gré de mes intuitions qui ne sont pas, loin s’en faut, exclusivement nourries par le vin. Mon parti c’est celui de la curiosité sans exclusive. Lorsque je pars à Venise ce n’est pas pour écumer les bars à vin, les cavistes pour dresser la cartographie de l’offre des vins italiens. Pour ne rien vous cacher dans la cité des Doges je me gave d’abord de peinture : du Tintoret à Marcel Broodthears en passant par Jackson Pollock et Maurizio Cattelan. Dans les églises, les palazzo, les expos à chaque détour de calle… »
12 août 2016
En 1593, hors le Ghetto de Venise le cimetière de San Nicoló di Mira était cultivé en jardin potager et en vignoble. ICI
Bref, tout ça pour vous dire : achetez et lisez Venise à double tour
Notes en bas de page
J’aurais aimé titrer : Palma le jeune, le peintre fétiche de JPK, « il est comme le persil, on en met partout.»
Me dire que, tout comme JPK, le 25 septembre 1984, j’aurais pu assister, dans l’église San Lorenzo, à l’acoustique exceptionnelle, à la première de Prometeo de Luigi Nono, Claudio Abbado dirigeait l’orchestre, Renzo Piano avait conçu la scène miarche, mi-nacelle. En effet, je négociais avec les collaborateurs du Ministre italien de l’agriculture, Filippo Maria Pandolfi fin lettré et ils ne m’auraient pas refusé ce menu plaisir.
Thèmes de futures chroniques : la pierre d’Istrie, le tact « l’air de ne pas y toucher », le peintre Hundertwasser et son jardin d’Eden.
(2) Giovanni Stucky connut un destin tragique…. Il fut assassiné par un de ses ouvriers…
« Au dernier moment je décidai de prendre le vaporetto de la ligne blu d’Aliguna car je venais de recevoir un sms d’un vieux complice du temps des années de plomb qui séjournait à l’hôtel Hilton Stucky sur l’île de Giudecca dans le Dorsoduro auquel elle fait face. J’adore ce chapelet de huit petits îlots reliés par des canaux. La « Spina lunga » la longue épine appartient à mon imaginaire. On y trouvait autrefois des maisons de campagne, des champs, des vignes, des couvents puis, au 19e siècle, ce fut un quartier d’usines et d’ateliers où s’installèrent des populations ouvrières. Le symbole, toujours debout et transformé en hôtel, c’est le moulin à farine que construisit en 1895 le Suisse Giovanni Stucky. C’est un grand bâtiment de briques que la ville accepta sans approuver aucunement son style de construction. Moi je l’aime et lorsque j’avais séjourné sur l’île dans les années 70 le Moulin Stucky, fermé en 1954, était une friche industrielle. Le chantier naval travaillait encore mais déjà la Giudecca était investie par une population, se voulant underground, qui allait chasser petit à petit les ateliers et les ouvriers. L’île est maintenant très bobo avec encore quelques traces d’une population populaire. Pour la petite histoire, Giovanni Stucky connut un destin tragique…. Il fut assassiné par un de ses ouvriers… L’article d’un journal suisse daté du 28 mai 1910 relate le drame :
«M. Giovanni Stucky, grand industriel, d’origine suisse, a été assassiné samedi à Venise, sur le palier de la gare.
M. Stucky, né à Venise, en 1843, d’un père suisse allemand et d’une mère vénitienne, avait créé la première minoterie électrique de Venise, il y a 25 ans. Après avoir assisté samedi à une séance du conseil municipal, M. Stucky s’était rendu à la gare pour y prendre le train de Portogruaro, où l’attendait sa famille ; mais, à peine avait-il mis pied à terre, qu’un ouvrier meunier, nommé Bruniera, se précipitait sur lui et avec un rasoir lui tranchait la carotide. Stucky s’affaissa sur le sol, baignant dans son sang, et ne tarda pas à succomber. On parvint peu après à arrêter l’assassin. Bruniera, ancien ouvrier de la minoterie, avait été condamné récemment à 6 mois de prison pour menaces de mort contre la famille Stucky. Il estimait avoir été lésé dans le règlement de l’indemnité d’une assurance, à la suite d’un accident qu’il avait subi»
Dimanche, le 10, le ciel déversait des seaux, il faut dire que le samedi les rues étaient encombrées de sots, je n’ai pas mis le nez dehors, j’ai lu, écrit et puis j’ai consulté ma boîte mail. Un message m’est sauté à la vue, il émanait de Gland, Gland c’est en Suisse :
Découvrez Alain Hasard, artiste de la côte chalonnaise !
Là, mon sang n’a fait qu’un tour, découvrir, découvrir, Alain Hasard, qu’est-ce qu’on me chante-là ?
Illico je plongeais dans ma cave de chroniques (normal c’est pour répondre à CAVE) et je tirais de la poussière un « petit joyau » (si je ne me cire pas moi-même les pompes, qui le fera à ma place ?) :
18 novembre 2008
Mes Riches heures en Bourgogne 1: le principe de «discrétion» appliqué par Alain Hasard vigneron d’Aluze
« Face au terroir, plus l'homme se fait discret, meilleur est le vin » Stéphane Derenoncourt
N.d.l.r : en ce temps-là, je vivais dans l'illusion française mais comme allez le constater, je doutais.
Lundi, veille du 11 novembre, dans ma quête des réalités du terroir profond, j’ai pris matinalement le TGV pour Beaune afin d’aller à la rencontre de vignerons qui travaillent autrement. Des atypiques comme les vins qu’ils produisent. Mais, comme dans notre beau pays on adore cataloguer, classer, réduire les choix au binaire, pimenter le tout d’un bon zeste d’engagement, bâtir des chapelles, je dois vous prévenir que je n’appartiens à aucune coterie, mouvement et que je ne souhaite pas être annexé par qui que ce soit.
Afin de bien être compris, les mots sont si commodes que certains prennent un malin plaisir à cacher sous eux des acceptions simplificatrices – je vous dois des explications à la fois sur mon intérêt pour tous ces vignerons qui revisitent leur métier et sur ma relative allergie vis-à-vis de la notion, très à la mode, de vin dit naturel.
Pour les urbains, coupés du cycle des saisons, consommant de la nature en WE ou maison de campagne, ça signifie des vins qui se font tout seul, en toute liberté, des sauvageons, des vins libres. Ce n’est pas tout à fait faux mais ce n’est pas exact : la main de l’homme y est bien plus présente, constante, qu’il n’y paraît, même si elle se veut peu intrusive, plus accompagnatrice que directive. C’est sur cette geste attentionnée, ce « non interventionnisme » que je souhaite chroniquer ce matin après mes visites chez Alain Hasard à Luze. Mais avant d’en arriver là parlons de la Nature.
La nature, l’originelle, ce sont les forêts primaires, intactes, jamais exploitées ni fragmentées, indemnes de la main de l’homme, qui représentent le plus haut degré de naturalité. Même les prairies naturelles de mon bocage natal, chères à mon cœur d’ancien gardien de vaches, reste bien éloignée de la naturalité. Mais comme la nature est « tendance », l’appropriation du naturel par les défenseurs de la nature est une tentation de tous les instants.
François Morel, dans son dernier opus « le vin au naturel » pressentant l’objection, s’en explique « On n’a peut-être jamais autant parlé de la nature que depuis aujourd’hui : depuis que, dans son complexe rapport à l’homme, elle apparaît menacée, voire en voie de destruction. Que l’homme soit partie intégrante de la nature, et en tant que tel agent essentiel de sa perpétuelle transformation, personne ne peut le nier. Au même titre que la dérive des continents ou la respiration des plantes. Mais l’homme est seul à avoir un pouvoir de choix ou de décision. Le sens des choix et des décisions est donc d’une importance fondamentale. Autrement dit, la nature n’existe pas en tant que donnée figée, définitive et immuable, elle est perpétuellement en train de se faire et l’homme en est indissociable. Elle est tout à la fois ce qui est donné et ce qu’on en fait.
[…] Pour les vignerons, dans l’immense majorité de ceux qui sont concernés, la référence à une conception « naturelle » du vin n’émane pas d’une théorie de « la Nature », bien hasardeuse. Elle résulte du choix d’une agriculture qui s’adapte aux écosystèmes, à l’opposé d’une industrie agro-alimentaire qui veut adapter les écosystèmes. Concrètement : une volonté de se démarquer de méthode de viticulture et de vinification qui multiplient les interventions et les traitements à tous les stades du travail de la vigne et de l’élaboration du vin et viennent modifier – dénaturer, donc – la subtile et complexe biochimie des constituants du vin par des intrants et des « produits chimiques » de plus en plus sophistiqués. Á l’opposé de la conception industrielle qui préconise engrais, pesticides, levures et bactéries « sélectionnées », sucre de chaptalisation, soufre, acidifiants et autres, il s’agit donc de la prise en compte de cette matière vivante qu’est le vin. Travailler à la qualité de la matière première plutôt que s’en remettre aux techniques correctives, s’attacher à des vins vivants.»
Il y a fort longtemps que je n’ai pas goûté ses vins alors je vous confis à un expert : Jacques Perrin.
« À l'heure où les prix des plus prestigieux vins de Bourgogne flambent littéralement, il y a encore de grandes et belles découvertes à faire dans cette région mythique, notamment au sud de celle-ci, à quelques encablures de la côte de Beaune et du mâconnais. En côte chalonnaise plus précisément.
Les Champs de l'Abbaye est le nom de la section cadastrale sur laquelle se situent la maison et le caveau d'Isabelle et Alain Hasard. Sis sur la commune d'Aluze, entre Rully et Mercurey, le domaine a pour symbole une clé de Fa, clin d'œil du mélomane et parallèle subtil entre champ et chant. Alain Hasard est d'origine ardennaise. Il tient de son père, œnophile accompli, sa passion pour le vin. Après avoir achevé des études de psychologie à Montpellier, il travaille dans un restaurant gastronomique en tant que sommelier puis s’oriente vers l’aventure vigneronne. L'aventure est lancée. »
Attiré par la Bourgogne et le pinot noir, il suit une formation à Beaune, puis effectue des stages chez des vignerons de côte de Beaune et chalonnaise. C'est en 1997 qu'il s'installe dans le couchois où il travaillera ses première vignes. En 2006, après cette première expérience, Alain, Isabelle et leurs enfants s'installent à Aluze. Ici, ils convertissent ce vignoble en bio avec une approche biodynamique appliquée avec bon sens. Ils optent pour de petits rendements et des vendanges manuelles.
Dans la même lignée, les vinifications sont très peu interventionnistes : après égrappage total ou partiel, la fermentation est spontanée, la cuvaison pour les rouges dure 8 à 10 jours, tandis que les blancs sont vinifiés sous bois. L’entonnage et l’élevage durent entre 11 et 14 mois avec 25 à 30% de neufs. Aucun soutirage n'est réalisé. La mise en bouteille se fait après très légère filtration, en douceur.
Les vins sont aujourd'hui célébrés par les journalistes les plus passionnées et exigeants, au même titre que les plus prestigieux crus de Bourgogne. C'est une découverte majeure, prioritaire !
Ici le dénommé Rigoulet, qui se lamente « Unanimité critique, succès en salles, la cote d’amour de Clint Eastwood ne faiblit jamais vraiment. Au contraire. La Mule, où il se met en scène dans toute l’élégance décharnée de ses 88 ans, est vu par certains comme un magnifique chant du cygne (même s’il est peu probable que le cinéaste hyperactif en reste là). »
Qu’il n’aima pas La Mule c’est son droit de critique « On peut émettre des réserves sur le côté diesel du thriller, sur le manque d’épaisseur des seconds rôles et les grosses ficelles du drame familial… »
Pourquoi se range-t-on aussi facilement du côté de son discours passéiste et moraliste ?
« Le personnage d’Earl Stone a beau charmer et mettre à nu ses faiblesses, il cache sous sa douceur amortie la colère et le regard acéré du cinéaste. Avec une petite saillie sardonique pour chacun – les jeunes déshumanisés accros à leur portables, hypnotisés par la Toile qui détruit tout lien social ; les dealers mexicains tatoués jusqu’aux yeux ; les « gouines » charpentées comme des molosses qui roulent en Harley Davidson… »
Hé oui, camarade de Télérama, l’Amérique c’est l’Amérique, disons les Etats-Unis de Donald Trump et que Clint Eastwood est Clint Eastwood, un vioque avec qui je n’irai pas en vacances mais là je suis au cinéma pas dans un plaidoyer à charge contre » le conservateur, libertarien et virulent pourfendeur du politiquement correct. »
Comparaison n’étant pas raison c’est comme si moi je m’étonnais qu’un gus qui bosse dans un hebdo d’ex-culs-bénis fasse parti de l’odieuse Ligue du LOL !
Ras-le-bol de ces tartines de bonne conscience qui n’empêche pas Télérama de donner 2 TT à La Mule, faut bien vivre et brosser le lecteur dans le sens de son poil.
Pour moi c’était mon grand retour au ciné, à l’Escurial, et même si je suis abonné depuis la nuit des temps à Télérama je n’ai pas consulté Rigoulet avant d’y aller.
Au retour je me suis branché sur le Masque et la plume, où dans le Temps les Bory et Charensol avait du talent même s’ils étaient très souvent de pure mauvaise foi.
« Clint Eastwood (88 ans) incarne Earl Stone, un vieil horticulteur ruiné et endetté de l’Illinois qui se fait embaucher par un cartel mexicain pour transporter de la drogue dans son pick-up noir et traverser la frontière à petite allure. Ce qui va lui permettre de racheter la maison d’où il avait été expulsé, payer les études de sa petite-fille et cotiser pour le bal annuel des vétérans du Vietnam. Un flic (Bradley Cooper) se lance aux trousses de la mule… Ce film est inspiré d’une histoire vraie. »
Pour Eric Neuhoff
EN : Ça réconcilie avec Clint Eastwood parce que son film avec le Thalys (Le 15h17 pour Paris), c'était quand même une purge sans nom.
On regarde Clint Eastwood pendant de longues minutes en train de conduire son pick-up sur ces routes désertes. On regarde ses rides, on calcule son âge, on voit sa peau fine comme du papier de soie et on se dit "C'est peut-être la dernière fois qu'on voit Clint Eastwood". Et il doit le savoir aussi. Parce que s'il a tenu à revenir, à faire jouer sa fille par sa propre cadette, à jouer le rôle d'un type qui a toujours négligé sa famille, qui est allé à un concours d'horticulture plutôt que d'assister au mariage de sa fille… Il y a toute une série d'épisodes de repentir qui sont très touchants.
Il reprend les codes de Gran Torino : encore un vétéran de la Guerre de Corée, qui est raciste, qui se permet des blagues dont Clint Eastwood sait très bien qu'il est le seul à pouvoir encore les faire. Trimbaler de la drogue ne le gêne pas du tout : ça lui permettra de rembourser ses dettes et puis d'aider les gens qu'il a laissé tomber pendant toute sa vie précédente.
C'est aussi un morceau d'Amérique : on ne peut plus regarder Clint Eastwood sans penser que c'est tout un cinéma qui, peut-être, va disparaître avec lui.
Pour Pierre Murat, c'est "un très bon Clint Eastwood de fin de carrière"
PM : C'est une grande réconciliation, de mon côté en tous cas : non seulement le dernier était très mauvais mais quels films précédents n'étaient pas terribles (Jersey Boys, Au-delà…). Et là, c'est vraiment son retour dans un rôle qu'il connaît par cœur.
Il me semble qu'il n'est jamais meilleur que lorsqu'il interprète quelqu'un d'à côté des lois qui traverse le pays. J'ai vraiment pensé à des films plus anciens que Gran Torino, comme Honkytonk Man (1982), ou Un monde parfait (1993).
Il y a une sorte de paisible amoralité dans le film que je trouve vraiment très revigorante et très belle. C'est vraiment un très bon Clint Eastwood de fin de carrière.
Pour Michel Ciment y a vu l'autobiographie du réalisateur en filigrane
MC : C'est un bon film, mais c'est tout de même un bilan mélancolique sur lui-même. C'est un aveu tout de même terrible. On sait que son ex-compagne, Sondra Locke, est morte il y a deux mois. Il pense à tout ça… C'est un homme qui se rend compte que toute cette vie professionnelle l'a dévoré. Il ne le regrette pas, parce que c'est un artiste donc il ne peut pas sacrifier sa vie d'artiste - mais en même temps il a sacrifié sa vie privée. Et ça c'est bouleversant.
C'est un film aussi très drôle, il y a énormément d'humour !
Pour Jean-Marc Lalanne a trouvé "le film vraiment assez génial"
JML : On ne peut pas tellement chercher le film sur le terrain du racisme. C'est un peu facile de référer ce qu'on connaît des prises de positions politiques publiques de Clint Eastwood à ce film : tout ce qu'on en sait est absolument absent du film. Le film est plutôt au contraire sur l'Amérique comme pays raciste. Il ne faut pas chercher le film sur le terrain idéologique car il est assez irréprochable de ce point de vue là.
Dans les films des années 2010 de Clint Eastwood, il y en avait que j'aimais beaucoup, comme J. Edgar, mais on sentait qu'il y avait un poids de la production, on se demandait si c'était vraiment lui qui faisait le film et dans quelles proportions ; on sentait qu'il y avait une logistique mise à son service. Là, c'est vraiment un film totalement adapté à la pulsation de l'âge qu'il a. Il y a quelque chose de souverain dans la manière dont le film prend son temps et la manière dont il donne en spectacle son corps, sa vieillesse, c'est à la fois bouleversant et jamais solennel dans le côté crépusculaire.
C'est toujours d'une liberté, d'une drôlerie et d'une fantaisie vraiment revigorantes.
"La Mule", c'est un film DE Clint Eastwood, AVEC Clint Eastwood, et c'est aussi, à écouter les critiques du "Masque & la Plume", un film SUR Clint Eastwood. Au-delà de ça, c'est une œuvre qui ...
Même si ça étonne certains je suis encore capable d’enjamber le périphérique pour me rendre, en métro, un samedi après-midi, dans les profondeurs de la banlieue afin de nourrir mes vieux neurones de culture.
En allant faire mes courses sur mon vélo j’avais encore croisé des hordes de gilets jaunes errant, suivies par une armada de fourgons emplis des forces de l’ordre, toujours avec les mêmes slogans, la même vacuité, Viansson-Ponté avait écrit dans le Monde, avant mai 68, « La France s’ennuie », comme le sentiment qu’ils ne savent pas quoi faire de leur vie. Tout à la fin, les violents casseront, brûleront tout ce qui leur tombe sous la main. D’ailleurs, sur la ligne 13 les stations Varenne, Champs Elysées-Clémenceau, Miromesnil… sont fermées.
Pauvre ligne 13, poussive, avec sa Fourche, qui après avoir traversé les beaux quartiers s’enfonce dans la tristesse de terres délaissées, arrêt à Gabriel Péri. (1). La piste est bien fléchée pour le parigot tête de veau que je suis.
La salle est complète, public très couples de profs et jeunes gens en mission pédagogique « vous irez voir les Bacchantes ». Pendant la séance mes jeunes voisines tripoteront leur IPhone, trouvant sans doute le temps long. Je dois dire que moi aussi j’ai trouvé le temps bien long.
Mais revenons à l’affiche du TG2 de Gennevilliers, qui n’est pas dans le neuf.3 mais le neuf.2, souvenir du temps où j’embouteillais du vin sur le merveilleux port de pêche de Gennevilliers, les Bacchantes d’Euripide…
« Le mythe ne fait qu'un avec le tragique chez Euripide. Sémélé, aimée de Zeus, meurt enceinte de six mois. Zeus recueille le prématuré et l'abrite dans sa cuisse, jusqu'à la vraie naissance. L'enfant est Dionysos, dieu de la vigne et du délire extatique. Que Dionysos soit le fils de Zeus, cela est mis en doute par nombre de parents, dont Penthée, roi de Thèbes. Dionysos décide d'aller détruire Thèbes. Il y entre, accompagné comme à l'accoutumée de ses amies, les Bacchantes. » Michel Cournot
Pièce tardive d'Euripide, la tragédie des Bacchantes fut représentée juste après sa mort en 405 av. J.-C. Elle occupe une place particulière dans le répertoire tragique, car elle est la seule à mettre en scène Dionysos, le dieu du théâtre, et à évoquer explicitement son culte en le glorifiant. La pièce donne en effet à voir l'affrontement qui oppose le chœur des Bacchantes, mené par Dionysos lui-même, et le roi de Thèbes Penthée, qui tente de mettre fin à un culte qu'il juge usurpé. Pour affirmer sa puissance, Dionysos entraîne à sa suite les femmes de la cité en les frappant de délire et les pousse à mettre en pièces Penthée, dont la tête sera portée en triomphe sur scène par sa propre mère, Agavé. Le culte de Dionysos finit donc par s'imposer de manière éclatante, contre ceux qui niaient sa divinité et lui refusaient leur vénération.
Très beau texte, mais comme le dit mieux que moi Dashiell Donello Bernard Sobel n’a pas sorti les dieux de la machine théâtrale, au T2G
« En entrant dans la salle, nous voyons un film qui met en action des constructeurs de décors. Cela nous amène, peu à peu, dans l’intime du théâtre avant le théâtre, et nous nous imaginons que les colonnes en trompe l’oeil, vont restituer un temple de la période classique, probablement le Parthénon. Hélas ! Notre imagination était trop exigeante.
D’entrée quelque chose ne prend pas. Comme n’a pas pris la continuité du film au lever du rideau. Toute la belle énergie des « Titans » de la technique a disparu. Et notre pauvre Dionysos est plus proche d’un sympathique animateur que du Dieu terrible supposé. De tout ce qui magnifie le théâtre, Bernard Sobel ne nous restitue que quelques éléments de polystyrènes abandonnés à cour et à jardin avec, ce qui n’est pas nouveau, la machinerie à vue. Quant à la fontaine de Dircé où le feu divin brûle encore, c’est par respect, au grand homme de théâtre que nous avons aimé, que nous ne rions pas. Nous devons encore nous retenir à l’arrivée du chœur. Que dire ? Rien. Quand les costumes font fausse route au théâtre, ils ne font pas les moines, hélas ! Si le but est de ne pas faire réaliste, c’est presque parfait. clairement identifiés. Notre seule défense, c’est la transparence. »
Oui, mise en scène indigente, interprétation poussive, que je regrette que ne pas avoir été au Français en 2005, comme l’écrivait Michel Cournot :
« André Wilms met en scène Les Bacchantes à la Comédie-Française. Le décor est un jeu de fragments de piliers, sans ornements ni architecture d'ensemble définie. Une polychromie de grands bâtons de pierre dressés, dont les couleurs ne sont pas habituelles - des couleurs sans correspondance avec la nature, des couleurs disons "industrielles", qui ne sont d'aucune époque.
Soudain, après un noir bref, nous retrouvons tous ces piliers tombés à terre. Au décor de barres droites, dressées ou tombées, succédera un disque rouge sang, géant, qui se reflète dans un miroir ; c'est très frappant, très beau. Au centre de ce disque, une fosse dans laquelle sont couchés Agavé et le corps de son fils en morceaux.
La traduction française, de Mayotte et Jean Bollack, est simple et claire. Le texte, même celui du chœur, est réaliste, évite le lyrisme, alors que l'action et le dialogue irradient un mystère qui n'est pas celui des autres pièces d'Euripide, un mystère que l'on pourrait dire spirituel, et qui n'est peut-être pas sans lien avec l'Egypte.
Superbe interprétation maison. La troupe du Français est à son mieux. Denis Podalydès, Dionysos jeune, alerte, lumineux. Martine Chevallier, Agavé d'un tragique pur. Sylvia Bergé, Catherine Salviat, Véronique Vella, Anne Kessler, Florence Viala, Bacchantes attentives, plutôt assagies par leurs costumes sans érotisme ni bestialité excessifs. Catherine Samie, Coryphée d'autorité parfaite. Eric Ruf, roi de Thèbes sûr de lui. Daniel Znyk, vieux Cadmos impassible. Michel Robin, Tirésias imprudent.
C'est une représentation d'un style neuf, inattendu, très fort.
Les applaudissements au TG.2 furent poussifs.
Pour me consoler je me dis tu vas aller prendre verre au bar en grignotant un plat de Youpi ; là aussi catata, une tristesse infinie, je fuis.
Dans le métro, je souligne des passages dans le texte traduit par Mayotte et Jean Bollack :
TIRÉSIAS :
… Ce dieu, le nouveau, dont tu te moques,
Je ne pourrais pas dire combien il sera grand
À travers la Grèce. Il y a deux principes, jeune homme,
Dans le monde : Demeter, la déesse,
C’est la terre, quel que soit le nom que tu veuilles lui donner.
Elle nourrit les hommes dans le sec.
Lui, le fils de Sémélé, est allé au pôle contraire
Il a découvert l’humide dans la boisson de la grappe, et il l’a introduite
Chez les hommes ; elle libère les malheureux
De la douleur, quand ils sont pleins du jus de la vigne ;
Elle donne le sommeil, l’oubli des tracas du jour.
Il n’y a pas d’autre drogue contre la peine.
Ce dieu, né dieu, coule en l’honneur des dieux ;
Le bien des hommes, il en est la cause.
Et tu te moques de lui parce qu’une suture l’a implanté dans la cuisse
De Zeus ?
[…]
Fais couler le vin, fais le bacchant, mets des couronnes.
Ce n’est pas Dionysos qui forcera les femmes à la raison
En amour, la raison
Fait partie de la nature, en toute chose, toujours.
C’est cela qu’il faut avoir en vue. En pleine extase bachique,
La femme de raison ne se perdra pas.
PREMIER STASIMON
Antistrophe 2
Ce dieu, fils de Dieu,
Prend plaisir aux banquets,
Il aime Paix, prodigue
De trésors, la déesse nourricière de garçons.
À part égale, il a donné au riche
Et au petit d’avoir le charme
Sans chagrin du vin.
Il hait l’homme indifférent à cela :
Vivre jusqu’au bout le bonheur,
Dans la clarté et le long des nuits aimées ;
Tenir loin de soi coeur et tête de sophiste
Comme en ont les prétentieux !
Ce que croit la masse,
La pratique des gens ordinaires,
Dans ce lieu, je voudrais l’accueillir.
Bacchante (nom féminin)
Prêtresse de Bacchus
1537 - «Alors une grande partie de ces dames se leverent, pource que ainsi le faire madame la duchesse leur avoit faict signe, et en riant coururent toutes contre le seigneur Gaspard, comme pour le vouloir batre, et luy faire comme les baccantes Dorpheus, en disant tousiours ; Vous verrez a cest heure si nous soucions que de nous se parle mal.» J. Colin, trad. : B. de Castillon, Courtisan, II, 143 r° (J. Longis et V. Certenas) - R.K.
(1) « Gabriel Péri »
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Bonne nouvelle, nous avons pu trouver de nouveau des poules aux «œufs d'or» qui font de si jolis œufs à la coquille foncée.
C'est signé Etienne Godart qui est le papa de Fleur Godart, la grande-prêtresse de Pur Jus épisode 1 et 2, il élève des volailles dans le Périgord, nourries de céréales locales, en vadrouille dans la nature à partir de 10 semaines, occis à partir de 15 semaines (12 semaines pour les poulets industriels sous label), l’âge étant le facteur primordial pour le goût.
Si j’ai qualifié Etienne Godart de papy c’est que dans sa dernière lettre, oui il écrit beaucoup, il informe ses clients que Fleur, le 22 janvier, vient de lui offrir « un petit Odilon de frangin à Isidore. Poids et taille ? Chaiplu, mais tour de tête oui ; 42,5 cm. Mazette ! Bientôt on aura le nombre de doigts et la longueur des jambes ! »
Etienne est un producteur militant et ambulant : on le trouve sur les salons et ses bestioles sont vendues sur le marché des Enfants Rouges. On peut aussi les trouver dans des boutiques Papa Sapiens (7e, 17e, 2e), Viande (10e)… Fleur en même temps que ses jus ultra nu fournit la fine fleur des restos qui sont dans la tendance.
Etienne est militant, il défend son modèle « Nous avons 1000 poules en code 1 (plein air). Cela peut sembler industriel. En réalité nous sommes minuscules. Les élevages bios de 24 000 poules par ferme se développent. Ça y est, l’industrie s’est organisée pour fournir de l’œuf bio ou autre. Nous sommes désarmés face à ce rouleau compresseur qui avec un bel emballage et des appellations genre « l’œuf de nos campagnes » donnent une fausse idée de la réalité. Privilégiez les producteurs indépendants clairement identifiés. Notre seule défense, c’est la transparence. »
Une enquête de la Royal Society britannique nous révèle qu’en quelques décennies, avec l’élevage intensif, les hommes ont totalement modifié la morphologie des poulets d’élevage. Ainsi, leurs fossiles pourraient devenir un marqueur de l’anthropocène.
Par Frédéric JoignotPublié le 26 janvier 2019
Je veux que chaque laboureur de mon royaume puisse mettre la poule au pot le dimanche. » C’est vers 1600 que le bon roi Henri IV (1553-1610) aurait émis ce vœu, signifiant qu’il allait ramener la prospérité en France après plusieurs décennies de ruineuses guerres de Religion. Aujourd’hui, la poule au pot connaît un succès phénoménal… En effet, la France élève chaque année 500 millions de poulets de chair et 47 millions de poules pondeuses, et les Français mangent 26 kilos de poulet par an.
Et le Gallus gallus domesticus est devenu l’oiseau le plus répandu du monde, avec 22,7 milliards de têtes en 2018 – comparativement, les dindes sont 0,3 milliard et les canards 1,1 milliard. En 2016, sur les 70 milliards d’animaux terrestres abattus pour nous nourrir, 66 milliards sont des poulets. Les chercheurs se demandent s’ils ne constituent pas la population d’oiseaux la plus nombreusede l’histoire connue.
La Royal Society nous en prévient : la croissance en flèche de l’élevage industriel du poulet domestique devient un « marqueur potentiel » de la nouvelle ère biologique – et géologique – façonnée par les activités humaines : l’anthropocène. Ainsi, le corps du Gallus gallus domesticus a profondément changé au XXe siècle du fait de ses conditions d’élevage et de sa sélection génétique : « Sa taille a doublé depuis la fin du Moyen Age (…), sa masse corporelle a été multipliée par cinq. »
Il s’agit d’un « nouveau morphotype » de gallinacé qui ne vole plus, vit brièvement (cinq à sept semaines pour un poulet, un an pour une poule pondeuse), exploité industriellement (comme 97 % des poulets de chair aux Etats-Unis), massivement parqué en batterie au niveau mondial (en France, en 2017, 68 % des 47 millions de poules pondeuses vivaient en cage, 56 % en batterie). Ils sont de plus élevés dans des conditions effroyables de proximité, sans compter que, dans les fermes modernes, on épointe le bec des poussins et beaucoup des mâles sont broyés vivant.
La marque du « capitalocène »
Autres conséquences biologiques directes : la production mondiale de poulets se fait au détriment des terres cultivables : la Royal Society estime que « la superficie [mondiale] des terres et l’azote réactif émis par les engrais lors de la production d’aliments pour poulets sont nettement plus élevés [plus du double] par rapport aux cultures de base [riz, blé et pommes de terre]. » Une étude de 2007 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « Poultry and Environnent », nous a aussi appris que l’élevage et l’abattage aviaire massifs sont extrêmement polluants : prolifération d’insectes, pollution des sols et des eaux du fait des déjections, du fumier, des eaux usées et des carcasses enterrées, perturbateurs endocriniens contenus dans les litières, grande consommation d’eau, etc.
Ils contribuent encore, du fait des traitements prophylactiques, à accroître la résistance humaine aux antibiotiques, comme nous l’apprendBig Chicken(National Geographic, 2017), une étude de la journaliste scientifique Maryn McKenna. Enfin, les ossuaires de poulets, renforcés par les abattages de masse asiatiques consécutifs aux épidémies de grippe aviaire, constituent d’ores et déjà de telles traces fossiles qu’on peut raisonnablement penser, estime la Royal Society, « que le poulet de chair laisse un signal biostratigraphique étendu et distinctif de l’enregistrement sédimentaire, en tant que taxon-clé d’indice de fossile de l’antrhropocène ».
Dans leur ouvrage Comment notre monde est devenu cheap (Flammarion, 2018), l’économiste Raj Patel et l’historien Jason W. Moore, tous deux américains, préfèrent parler de notre faramineuse consommation de poulet comme d’un signe fort de notre entrée dans « l’ère du capitalisme cheap ». Ils voient dans l’universalisation du nugget à bas prix vendu dans des grandes surfaces low cost, fourni par les milliards de sous-poulets bon marché, surveillés et tués par des ouvriers sous-payés, nourris au soja subventionné, la marque du « capitalocène » : un système en quête perpétuelle de profit qui a mis « la nature au travail » et transformé la planète en une grande usine de bioproduits bon marché.
Frédéric Joignot
L’industrie alimentaire se détourne en masse des œufs de poules en cage
Le groupe Les Mousquetaires vient de bannir les élevages de volaille en batterie. Il suit un vaste mouvement de la grande distribution.
Anselme Selosse et moi, et bien sûr « il » voir plus bas.
Le 23/03/2009 je publiais anonymement, avec son accord, le texte d’un vigneron. Ce garçon discret m’avouait qu’il ne goûtait guère le côté place publique de la blogosphère, qu’il n’avait nulle envie de devenir un icône de tous les milieux alternatifs du microcosme de la viticulture française, qu’il ne souhaitait pas rejoindre telle ou telle micro mouvance, qu’il n'avait rien demandé à personne et n’avait aucune aspiration de la sorte.
Je pense, que son expérimentation est intéressante, la méthode Fukuoka, après avoir occupée pas mal les jardiniers dans les années 70/80, n'était à ma connaissance pas (ou rarement) pratiquée sur vigne - une des raison: comme le « maître l'avait mise en pratique sur d'autres plantes, il fallait soi-même « décider », si on osait faire une entrave à la doctrine, en taillant les vignes - mesure d'intervention dans le « naturel » pas négligeable et bien décisive, comme le dit aussi Éric Texier dans son texte.
« J'ai en horreur la confusion, savamment entretenue par beaucoup, entre méthodes d'agriculture bio ou «naturelle» et vins «nature» ou «naturels »
Ce texte avait provoqué une discussion très vive : 27 commentaires ce qui à l’époque était peu coutumier.
Si je le republie c’est qu’il pose assez crûment certaines questions. Bonne lecture.
« C’est grâce à Anselme Selosse, se souvenait-il en reprenant les notes préparatoires de Théorie de la bulle carrée, qu’il avait découvert les travaux de l’agronome Masanobu Fukukoa, grâce à lui qu’il avait lu La Révolution d’un seul brin de paille et l’Agriculture naturelle, théorie et pratique pour une philosophie verte. Mort en août 2008 à l’âge de quatre-vingt-quinze ans, Masanobu Fukukoa était un philosophe-paysan japonais qui avait tenté d’apprendre à ses contemporains à effacer les catastrophes de la société industrielle en revenant aux sources mêmes de la civilisation paysanne dans une espèce de corps-à-corps amoureux avec la terre. Limiter autant que possible les interventions humaines pour laisser faire la nature : voilà la philosophie du non-agir de Masanobu Fukukoa. Anselme Selosse l’avait adoptée en faisant en sorte qu’elle soit une pensée vivante, jamais une coquille aussi dure que l’acier.
En février 2004, à l’occasion d’un premier voyage au Japon, le vigneron avizois avait même eu le privilège d’être présenté à l’agronome nippon. « J’avais entendu parler de lui par l’Italien Francesco Batuello, ami de Freddy Girardet, le chef suisse du restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier. Francesco Batuelllo est un gastronome étonnant, qui a tout vu, tout lu, tout bu. Il n’est pas considéré par hasard comme le meilleur gourmet du monde par les Américains. Dans les années 1999-2000, lorsqu’il m’a parlé de Masanobu Fukukoa, j’ai retenu son conseil et lu la Révolution d’un seul brin de paille. Quelques années plus tard, lorsque des clients japonais m’ont invité dans leur pays, je leur ai demandé s’il était possible de rencontrer Masanobu Fukukoa. J’avais un contact grâce à Yasuko Goda, la directrice de Racines, le plus grand importateur de vins naturels au Japon. Cette grande dégustatrice connaissait Masanobu Fukukoa et allait me permettre de lui être présenté. »
Lui, ça ne l’étonnait pas que toutes les portes se soient ainsi ouvertes devant Anselme Selosse à l’occasion de son premier voyage au Japon. À l’est des nuages, le vigneron était l’objet d’une vénération singulière. Entendons ce mot selon la définition du Littré : « Grand respect joint à une sorte d’affection. » L’estime, l’admiration et la considération que l’on portait à cet homme n’allaient jamais sans un élan sensible, tant son caractère était attachant : de l’affinité, de la tendresse, de l’amitié. »
[…]
«… les amis nippons d’Anselme savaient l’importance qu’avait eue la découverte de l’œuvre de Masanobu Fukukoa dans son itinéraire « J’ai l’impression qu’il y a chez eux une reconnaissance de notre mise en avant de Masanobu Fukukoa. Nombre d’entre eux sont heureux d’avoir redécouvert le penseur qui leur a donné une autre vision de la nature et de l’agriculture. » On s’en souviendra dans un siècle. Jetant un pont entre l’Orient e l’Occident, la visite d’Anselme Selosse à Masanobu Fukukoa avait été un moment capital de l’histoire de l’agriculture moderne à l’instant où elle était en train de se perdre. »
[…]
« Quand je suis allé rendre visite à Masanobu Fukukoa dans sa ferme familiale, sur l’ile de Shikoku, il avait déjà plus de quatre-vingt-dix ans. Il était alité. Ce n’est pas facile d’avoir une conversation avec quelqu’un dont on ne comprend pas la langue. J’étais tétanisé, attentif à ne perdre aucun des mots qui sortaient de la bouche du traducteur. Masanobu Fukukoa m’a dit « Seul le paysan peut comprendre son pays. » Il parlait peu, mais savait trouver des métaphores capables de tout illuminer. Je le sentais dans la compréhension, dans l’aide. Mes questions le faisaient réfléchir, mais il n’était pas dans la posture d’un enseignant ou d’un maître s’adressant à son élève. Il m’a proposé de m’envoyer des graines d’orge pour que je les sème. J’ai vite senti que Masanobu Fukukoa n’était pas un homme prétendant délivrer des clefs à ses interlocuteurs. Il n’avait pas la vanité de les rendre intelligents comme quelqu’un qui dominerait tout. J’ai été frappé par son humilité. Le mot s’applique à tous ses compatriotes que j’ai rencontrés depuis, mais à lui de manière plus forte encore. Ce qu’il voulait faire partager, ce n’était pas tant son savoir que sa sagesse. C’était l’époque où j’avais décidé d’abandonner la biodynamie. À côté de cette école trop normative, j’avais besoin de poser quelque chose de beaucoup plus libertaire, envisageant l’homme non plus comme l’organisateur de la nature mais comme son découvreur. J’ai expliqué à Masanobu Fukukoa que je n’aimais pas les églises et les chapelles. Comment a-t-il entendu cela, lui qui vivait à proximité des temples Ni gourou ni un grand maître, il a dû comprendre. Sa conviction était que seule une personne intimement liée à une terre peut ressentir toutes les subtilités. »
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