Recettes Magiques en 30 mn chrono pour le Réveillon. C’est ce que je lis dans Régal de décembre « Magique ! Un bouillon versé sur les pétoncles parfumés de gingembre, et c’est prêt. » C’est une soupière de pétoncles une recette de Jacques Thorel. À la page d’avant, c’était brochettes de Saint-Jacques au bacon, purée de châtaignes.
Les pétoncles seraient-elles des petites sœurs des coquilles Saint-Jacques ?
La réponse est non même si elles ont un petit air de famille. Sur ce sujet je ne vais pas vous embrouiller dans les méandres des classifications des naturalistes. L'histoire de la dénomination du pétoncle est complexe. « Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, il a servi pour nommer une grande diversité de coquillages avant que Jean-Baptiste de Lamarck n'en fasse un genre précis (Pectunculus). Les pétoncles de Lamarck et des naturalistes du XIXe siècle ne correspondent toutefois pas du tout aux coquillages que nous connaissons aujourd'hui sous ce nom. »
Les documents officiels récents, qu'ils émanent de l'Administration, de l'Ifremer ou des organismes professionnels en rapport avec la pêche ou avec le commerce des produits de la pêche et de l'aquaculture, l'appellation «pétoncle» est sans exception associée à des pectinidés.
Mais pour le malheureux consommateur l’affaire s’est compliqué parce qu’en 1996, l’OMC a autorisé l'appellation « Saint Jacques » pour tous les pectens ce qui provoque une confusion entre les véritables coquilles « Saint Jacques » et les pétoncles. La DGCCRF, par ailleurs très complète en matière de produits de la mer, ne mentionne aucun pectinidé en dépit de leur importance commerciale.
Tout ça c’est la faute des anglo-saxons qui n'ont qu'un mot pour parler de coquille : scallop car les malheureux ne connaissent pas les vraies coquilles Saint Jacques. Ça été fait pour favoriser les exportations du Canada, du Pérou et du Chili.
Si vous achetez vos coquilles Saint-Jacques ou vos pétoncles fraîches chez votre poissonnier aucun problème sauf pour l’orthographe car « le Dictionnaire de l'Académie et le Littré font du pétoncle un substantif féminin ; il est masculin pour la plupart des autres dictionnaires, dont le Larousse et le GDT, ainsi — conformément à la désinence masculine du pectunculus latin — que dans les usages naturaliste, halieutique et commercial. » L’angoisse me ronge que vont décréter mes censeurs orthographiques.
Les noix fraîches de Saint-Jacques décortiquées, vendues par votre poissonnier sont des vraies, françaises ou d'importation écossaises ou irlandaises. On en trouve maintenant toute l'année.
En revanche, la confusion ne sert que les intérêts commerciaux des industriels du surgelé, des transformateurs et de ceux qui préparent des plats cuisinés. Ce véritable scandale, qui n’est pas encore dénoncé par le Sieur Pousson, l’est par un internaute qui met en avant « Les plats cuisinés portant la marque « Produit en Bretagne » (le phare) nommés « Coquille de Noix de St Jacques, Recette Bretonne » sont le parfait exemple, on vous sert des noix de pétoncle du Chili dans des valves de vraies coquilles avec une recette pseudo bretonne ! »
Il enfonce le clou « En surgelé, là pour savoir ce qu'on bouffe, qu'une solution, regarder sous les gros titres mensongers, car tous les coquillages de cette famille peuvent s'appeler « noix de Saint -Jacques » (noix car ils sont décoquillés), le nom scientifique de l'espèce et le pays d'origine du coquillage doivent être indiqués dans l'étiquetage. Pecten Maximus c'est de la véritable coquille Saint-Jacques. Mais bien souvent, on trouvera que des pétoncles aux noms exotiques, des noix du Chili (Argopecten purpuratus) ou des de Chine (Clamys farreri), mais des européennes : Chlamys varia et Chlamys opercularis. Ne pas se leurrer avec la présence de corail, certains pétoncles en ont aussi. Dans les rayons plus de 90% des produits proposés sont des pétoncles ! L'aquaculture des pétoncles est très développée dans les pays asiatiques, mais il y a encore peu d'importation de ces produits pour des raisons sanitaires.
Avec les surgelés, ne rêvons pas les produits sont souvent trempés ! Le poids net est donc augmenté. Ils subissent aussi un glazurage, opération à ne pas confondre avec le trempage. Le glazurage se fait après surgélation, il consiste à retremper après congélation le produit qui se couvre ainsi d'une pellicule protectrice de glace. C'est opération tout à fait réglementée et autorisée. Le poids brut du produit est donc augmenté. »
Alors pour ne pas avoir de souci achetez frais chez votre poissonnier et le tour sera joué vous pourrez ainsi en 30mn chrono concocter votre « soupe de pétoncles » pour vos invités !
Reste pour terminer à m’expliquer sur l’origine de mon titre « Confondre la pétoncle et la coquille Saint-Jacques dans une même appellation revient à autoriser la dénomination caviar pour les œufs de lump » C’est une citation attribuée à un sénateur en pétard après que l'OMC ait dénoncé en 1996 la réglementation de 1993 sur les dénominations commerciales pour favoriser les exportations du Canada, du Pérou et du Chili.
Moi qui ne suis qu’un petit vendéen de la côte j’avoue humblement avoir découvert les petits pétoncles avant les coquilles Saint-Jacques mets de riches. L'utilisation vernaculaire du terme « pétoncle » est attestée depuis le XVIe siècle au moins sur le littoral atlantique français, en particulier en Vendée et Saintonge. Alors vous comprendrez qu’ils sont chers à mon cœur (je fais dans le masculin pour plaire à tout le monde). Ceci écrit, le pétoncle est rare, bien plus que la Saint-Jacques qu’on peut acheter toute l’année.
Comme les gens ne nous disent pas ce que l’on boit avec leur soupe de pétoncles ne pourriez-vous pas pallier cette absence en conseillant mes chers lecteurs sur le service du vin ? Merci d’avance de me rendre ce service.