Hier, avant de partir faire un tour au Salon International de l’agriculture, j’ai lu dans la presse régionale que « le président du Conseil régional de Bourgogne voulait plus d'authenticité pour la prochaine édition de salon. » Ça m’a conforté dans ma première impression lors de mon passage le samedi de l’ouverture lorsque j’avais traversé les travées de ICI c’est la Bourgogne. En effet, les vendeurs de vin m’étaient tombés dessus tels des shrapnells à Gravelotte, pas de la petite drague mais du lourd. De plus, pas un nom tout au long qui m’évoquait des vignerons ou des maisons emblématiques de la Bourgogne. Je m’étais dit Taulier tu te fais des idées et je m’étais esbigné.
Retour au pavillon des Provinces en croisant cette fois-ci les mêmes musiciens chiliens, non plus congelés mais chamarrés (voir photo) Je me hissais donc par des escalators asthmatiques jusqu’au niveau de la Bourgogne. Pas grand monde mais sur 20 mètres le même cinéma que samedi, vraiment je dois avoir le profil type du parigot gogo : insistants les gugusses, je les ai carrément envoyés chier. Dans une autre allée, profitant que certains avaient capté un pigeon j’ai jeté un œil sur les tarifs : là aussi c’est du lourd. Sans doute faut-il amortir le prix du stand mais je me demande qui est encore assez con pour se faire avoir par de telles pratiques.
Mon cher François je comprends mieux que tu préféras humer une poignée de foin ou de la paille – normal tu étais vétérinaire – plutôt que plonger ton nez dans un verre. Tu es de goût très classique je le sais et pour ma part dans les Patriat je suis tendance Grégory, mais tout de même ce barnum de tapeurs de vins de Bourgogne écorne la belle image de la région. Je te concède que la plupart des régions, en matière de vin, sont logées à la même enseigne que ta Bourgogne, ce n’est pas la fine fleur qui est présente. D’ailleurs, je trouve que ce biseness du vin n’a rien à faire dans un espace sensé être la vitrine d’une des régions vinicoles la plus prestigieuse de notre vieux pays, ça date d’une autre époque lorsque les péquenots vendéens montaient à Paris et se murgeaient grave dans ce qu’ils avaient baptisé « le couloir de la mort » Il y a maintenant beaucoup d’autres lieux pour vendre du vin à Paris.
Pour me consoler je suis allé prendre quelques photos de bons vieux bourguignons qui faisaient de la musique et de la danse et qu’ont initiés les parigots tête de veau au ban bourguignon. C’était déjà ça François mais ça ne suffisait pas il va falloir secouer tout ça même si ça fait un peu de poussière. Facile à dire, difficile à faire, mais je me souviens d’avoir entendu chanter « et je suis fier, et je suis fier d’être bourguignon… » Bon courage François, demande à miss France de te donner comme hier un petit coup de main.
Dépité je m’en suis allé et j’ai même croisé une saucisse de Morteau avant de tomber nez à nez avec l’ami Philippe Bornard, le renard du Jura, qui fut ma première consolation avec un bon gorgeon de savagnin. Quelques pas plus loin des languedociens de ma connaissance m’offraient un petit canon de Picpoul de Pinet avec des huîtres de l’étang de Thau. Je commençais à être un peu rasséréné. Je reprenais ma progression en traversant les stands de nos DOM où l’ambiance était fort joyeuse et j’entreprenais un beau parcours de la biodiversité comme tu pourras en juger ci-dessous.
Et puis je me suis dit, mon cher François, que du côté de la Corse samedi dernier y’avait de l’ambiance : bonne pioche, de la musique un peu plus fun que tes bons bourguignons et un bar à vin où l’on servait du bon vin. Tout pour me plaire, et ça devrait t’inspirer aussi : les corses l’authenticité et l’identité c’est dans leur ADN. Bref, j’ai noté une nette corrélation entre ambiance et assistance. Les temps pas si rose pour venir ce faire ch… dans des travées où soit on te file du papier, soit on cherche à t’arnaquer avec de l’aligoté à 22€ j’oserais écrire le kilo tellement c’est gros.
Pour finir ma petite tournée mes pas m’ont portés jusqu’à l’Aveyron où j’ai eu le bonheur de trouver André Valadier, l’homme du renouveau du fromage de Laguiole avec sa coopérative Jeune Montagne. C’est un sage, un de ceux qui a pensé et compris ce qu’était une AOC accroché à son territoire pour créer de la valeur. Nous avons longuement conversé autour d’un verre de bière. Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes François toi qui es en quête d’authenticité tu peux la trouver chez le toujours jeune André Valadier capable de soulever des montagnes (la photo ci-dessous a été prise par moi lors de l'estive sur le plateau de l'Aubrac)
Voilà mon après-midi au salon de l’Agriculture François, rien qu’une déambulation d’un Taulier qui, bien que mal parti est plutôt bien retombé sur ses pieds…. sauf qu'il s'était tout de même pris les pieds dans son agenda... son grand âge sans doute...