« Moi, je couche toujours le premier soir. C'est un principe ! » Bahia Benmahmoud pratique donc en vertu de ce principe « la lutte des corps » en ouvrant ses cuisses pour convertir ses ennemis politiques, de droite bien sûr. Fille d’un brave émigré algérien de la 1ière génération et d’une militante féministe post-soixante-huitarde, elle est trop française pour qu’on la prenne pour une beurette : « Bahia, c’est brésilien » l’interroge-t-on ? La rencontre entre cette tornade, au sourire éclatant, aux convictions brandies comme des étendards, avec Arthur Martin, est celle du feu avec l’eau qui dort. Lui, en effet, coincé de chez coincé, adepte du principe de précaution - tant dans sa profession au Centre Français des épizooties où il recense et étudie les oies bernaches mortes et lesquelles pèse la suspicion du fameux virus H5N1- qu’à titre personnel, jospiniste effacé, porteur d’un lourd héritage silencieux, est au sens propre en état d’attrition. Saisi ! Jacques Gamblin est un contre-point cravaté mais ébranlé face à une Sara Forestier formidablement vivante : vêtue que de ses petits brodequins violets on en oublie qu’elle est nue dans la rue.
Ce film est jubilatoire. Bien écrit, ciselé même, sans temps mort, c’est un feu d’artifice d’humour qui frappe juste, c’est aussi une comédie citoyenne joyeuse, profonde, pétulante, qui ne nous prends pas la tête, c’est la vraie vie projetée l’air de rien, sans gros sabots, avec le double questionnement sur l’identité nationale et intime. Ce film est une thérapie par un rire franc et massif. C’est un film qui à la sortie vous donne envie d’en parler. Chaque scène recèle des trésors de drôlerie, de tendresse, de vérités toutes bêtes. Moi ça m’a donné de l’oxygène, aéré la tête, m’a ému, m’a fait jubiler, rire à en pleurer. Sans déflorer le scénario, la scène avec Lionel Jospin, le vrai, détendu et rigolard – oui, oui... – est un vrai bijou de drôlerie et d’inventivité. Si vous ne courrez pas voir ce film c’est que primo, en dépit de vos protestations, vous ne me faites aucune confiance, et que secundo vous êtes d’affreux réactionnaires craignant de se voir retourner par la belle Bahia Benmahmoud qui affiche la couleur sans aucune impudeur malgré la propension de ses seins à jouer les montgolfières. Même Télérama trouve le film réjouissant alors allez-y en masse ou, lorsqu’il sortira, achetez le DVD et organisez une petite soirée entre amis.
À mon avis seul les irrécupérables de quelques bords qu’ils fussent, et je suis persuadé que du côté gauche y’en a un paquet qui va s’offusquer de la légèreté de ce film, vont détester. Mais qu’importe pour une fois que la critique et un large public sont d’accord ne boudons pas notre plaisir. Antidote à la morosité ambiante « Le nom des gens » vaut que l’on soutienne l’aventure des auteurs Baya Kasmi et Michel Leclerc – compagnons dans la vie – qui, comme l’écrit un critique : « lorsqu'ils se sont lancés, ne songeaient sûrement pas faire l'ouverture de la Semaine de la Critique 2010 et encore moins recueillir l'ovation méritée qui leur fut réservée à la fin de la projection. Et pourtant, rien de plus normal puisqu'ils signent simplement l'une des plus savoureuses comédies françaises de ces dernières années, tout en se targuant de convoquer Lionel Jospin dans son premier rôle » Moi j’aime les gens qui réussissent dans leur entreprise en redonnant à nos vies ce qu’il faut de sel pour ne tombent pas dans l’affadissement le plus sinistre. Rire bordel ça fait du bien !