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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 00:03

En ces temps où dans le grand sac fourre-tout dit des signes de qualité, sans grand discernement, et surtout avec une impéritie coupable, nous laissons se diluer, se dissoudre, ce que des hommes courageux et visionnaires ont su en leur temps forger : l’appellation d’origine contrôlée, je me sens encore capable non de me mettre en colère mais simplement d’aller puiser un peu de réconfort dans l’étonnante simplicité de nos aînés.

Face à nos non-choix, à nos ambigüités, notre art de défendre des prés carrés qui ne sont que des grands lacs déversoirs, les « grisouilloux » de Bairlaymont on beau jeu de proposer, en vue de simplification, la fusion des AOP et des IGP. Mes positions sont connues (lire ou relire ma chronique http://www.berthomeau.com/article-comment-federer-des-ilots-d-excellence-dans-un-ocean-de-mediocrite-et-si-nous-reparlions-de-rene-renou-42562696.html ) mais mon bref passage près du château du Roi René me pousse à remettre sur l’ouvrage sur le métier.

Le 25 juin 1948, à Deauville, à l’initiative du Syndicat de la marque d’origine « Pays d’Auge » se tenait, sous la présidence du baron Le Roy président de l’INAO, le 1ier Congrès de l’Origine. A la fin du dîner de clôture, auquel le Ministre de l’Agriculture de l’époque n’assistait pas, le baron Le Roy « qui a présidé tous les travaux de la journée avec infiniment d’autorité et d’entrain » soumettait à l’assemblée un projet de DÉCLARATION. Mise aux voix, elle fut adoptée à l’unanimité. Pour les congressistes elle devait devenir « la charte des produits d’origine en créant l’unité de doctrine ».

baron.jpg

La voici, et ne me dite pas qu’elle sent la naphtaline, surtout le point I.

 

I.                   – Un produit est d’origine lorsqu’il a une originalité propre, une personnalité consacrée par des usages et une renommée constatée.

Les qualités substantielles que doit présenter un produit s’origine résultent :

1°- de facteurs naturels dont le rôle est prépondérant : le climat, la nature du sol, l’exposition, la flore spontanée, les variétés végétales cultivées ou espèces ou races animales élevées. Ces facteurs se situent dans les limites d’une aire de production qui constitue la circonscription d’origine ;

2°- de facteurs dus à l’action continue du producteur qui contribue à l’affirmation et au développement de l’originalité du produit : méthodes de cultures, procédés de fabrication, de transformation et de conservation.

 

II.- Les produits d’Origine constituent, pour la France, un patrimoine d’une richesse incomparable qui bénéficie d’une réputation mondiale qu’il convient, dans l’intérêt national de sauvegarder, de développer et de valoriser.

Dans ce but, il importe :

1°- que les producteurs intéressés consentent l’effort de discipline nécessaire pour maintenir et affirmer l’originalité ayant fait la réputation de leur produit ;

2°- que les Pouvoirs Publics, avec le concours des organisations professionnelles intéressées, aient une politique suivie en matière de protection des appellations d’origine, notamment dans les négociations avec les pays étrangers en vue d’éviter les usurpations et les fraudes, à charge de réciprocité ;

3°- que les groupements agricoles intéressés mettent au premier rang de leurs préoccupations cette protection agissante des appellations d’origine qui constituent un des éléments fondamentaux du relèvement de l’agriculture ;

4°- que, dans le cadre actuel de la politique économique de taxation des prix, les produits d’origine bénéficient d’un réajustement relatif de prix correspondant à leurs qualités substantielles.

 

III. – Décide, en vue de poursuivre l’action entreprise, la création d’un organisme professionnel de coordination et d’action ayant pour mission de veiller au maintien de l’unité de doctrine établie par le 1ier Congrès de l’Origine.

 

Vieilleries que tout cela diront certains ! Pas si sûr, même si bien évidemment nous ne sommes plus en 1948. Ce qui me frappe dans les évolutions actuelles, alors qu’à l’envi j’entends proclamer la nécessité de réguler nos productions agricoles, c’est l’abandon de la réflexion et de l’action collective pour refonder un système de création de valeur sur nos territoires.

Les fronts du refus ne débouchent sur rien. L’aquoibonisme conduit lui à un repli sans plus de perspectives. Reste à prendre de la graine sur ces bâtisseurs, à sortir des postures, à faire bouger les lignes, à inventer de nouveaux espaces d’initiative, à bousculer le conformisme des lamineurs simplificateurs pondeurs de directives. Leur laisser le champ libre c’est leur abandonner notre avenir et je sais d'expérience qu’il n’est pas dans de bonnes mains. À nous de sortir de nos ronchonnements pour reprendre le pouvoir, là où il est, là où il est toujours prenable. Je ne vais pas vous bassiner avec mes vieilles antiennes mais les absents ont toujours torts !   

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commentaires

O
<br /> <br /> J' ai toujours peur de la désignation de "meilleurs". Comment et pourquoi ?<br /> <br /> <br /> En plus nous en sommes au stade où nous n' avons même plus l' assurance qu' ils répondent au grand I . De plus en plus compliqué.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> C'est sûrement aux meilleurs vigneron-ne-s à se fédérer et à imposer leurs visions.<br /> <br /> <br /> Mais il y a immédiatement deux problèmes dans cette suggestion : 1/ comment définir "meilleur" ; 2/ la pluralité des "visions".<br /> <br /> <br /> Tentative de réponse : élire un collège indépendant (et pourquoi pas constitué d'"amateurs" issus des blogs, tiens) chargé de désigner les "meilleurs" ; ceux-ci définissant ensuite les différents<br /> cadres pour l'ensemble de la filière (AOC, bio, etc.).<br /> <br /> <br /> Fuckin' dreamer.<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> et l'on met facilement à l'écart les empêcheurs de directiver en rond!<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> Ce qui est simple à ecrire est trés souvent difficile à mettre en oeuvre. Cela demande du courage individuel et collectif. C'est ce qui nous manquent, aujourd'hui dans cette filière.<br /> <br /> <br /> <br />
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