Le titre est de mon cru.
Le choix de la photo aussi, j'ai toujours aimé Reiser...
Le verbe instiller m’a été révélé par le François de Jarnac, grand maître de l’ambiguïté, lorsqu’il a, pour les élections de 1986, instillé une dose de proportionnelle aux législatives, provoquant le départ au cœur de la nuit de mon ministre Michel Rocard.
Quant à l’intelligence, il serait bon qu’elle revienne au galop dans tous nos débats.
Pour la bataille de chiffonniers, ma chronique Pour Onfray Steiner est un imposteur mais notre conteur de philosophie se prend les pieds dans le tapis de l’œnologie en faisant 1 drôle de méli-mélo entre les vins bios, biodynamiques et les natures. roule tranquillement vers ses 6000 lecteurs.
Depuis l’irruption de Face de Bouc sur la Toile les commentaires se font rares sur les blogs et pourtant certains s’y risquent encore tel celui-ci :
« Michel a raison sur bien des points surtout la dégustation des vins natures et autres biodynamique ...pour avoir dégusté de nombreux vins de la sorte j’en ressort toujours déçu bon à mettre à l’évier... aucune finesse...border line sur la volatile ou avec une bonne salade… désolé mais c’est la réalité d’un bon nombre de ces affreux breuvages...alors sous prétexte de l'écologie bobo parigo on devrait se coltiner ces vins infâmes… non, stop !
Après vous parlez de Pontet-Canet… ah oui très bien vin mais à quelle prix????? Descendez dans le monde réel et venez déguster des vins bio ou nature a 20 euros...et là c’est un autre plaisir… beurkkk… »
Seb œnologue de métier et passionné de bons vins (Sébastien Cruss)
NB. Même si plus personne ne s’en inquiète sur FB je me suis permis de corriger les nombreuses fautes d’orthographe, comme diraient les dégustateurs de Siqocert ce sont des défauts.
J’ai donc commis une nouvelle chronique Pourriez-vous me dire ce qu’est un amateur de bons vins ? pour que cet homme de l’art me réponde, mais, sans doute trop occupé à préparer sa trousse pour la prochaine campagne de vinification, il est resté muet.
Et pendant ce temps-là sur Face de Bouc, les divers camps s’écharpaient, s’invectivaient, les coups volaient parfois très bas, même au-dessous de la ceinture, et fallait même que Pierre Guigui, grand maître des amphores bios sommât l’inénarrable Fuster, grand vendeur de poudres et d’onguents, de débattre sur le sujet. Ayant viré ce dernier de mes amis FB je ne puis vous relater l’empoignade. Mais, avait-elle un quelconque intérêt ?
Je ne sais, mais ce que je sais c’est que le sujet révèle une ligne de fracture qui inquiète de plus en plus les tenants de l’idéologie dominante. Le revirement du couple Bettane&Desseauve sur la bio et la biodynamie en est la preuve la plus mercantile. Dans le dernier En Magnum l’immense Michel, Bettane, concède que le « désolant concept de vin nature » (sic) « produit de plus en plus souvent des vins bien fait et très plaisants. »
Bref, y’a le feu au lac ! Les grands de la chimie rachètent à tour de bras des start-ups de biotechnologie, beaucoup d’œnologues, tels St Paul sur le chemin de Damas, se convertissent, du moins officiellement, le CIVB bat sa coulpe doucement et lentement, le grand Gégé en bon commerçant se voit déjà en pape de la biodynamie, comme c’est étrange Michel Chapoutier est resté muet, et même si le millésime 2016 fut compliqué, provoquant la remontée des on vous l’avait bien dit, le virage d’une viticulture plus respectueuse de l’environnement se prend au grand dam de certains dirigeants aux casquettes multiples.
Le vin n’est pas pour moi une nourriture, même spirituelle, c’est un plaisir partagé et ceux qui mettent des tonnes de mots sur « leur dégustation » me saoulent. Je me contente de boire ce que j’aime, sans exclusive mais avec le souci que ceux qui le font aient une ligne de conduite qui corresponde à mes valeurs.
Comme je fais mien les propos de De Gaulle à propos des vins dit nature « Naturellement on peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en criant l'Europe, l'Europe, l'Europe ... mais ça ne mène à rien ! »
Mon passé de Vendéen qui a sifflé le vin des burettes fait que je ne suis idolâtre de rien, vin nature compris.
Ce qui me plaît, me passionne, c’est ce que font ceux des vignerons qui ne suivent pas les chemins balisés pour emprunter les chemins de traverse, libre ensuite à chacun d’aimer ou de ne pas aimer, de ne pas acheter leur vin, de dire qu’ils sont bons pour l’évier, mais comme ils ne mettent qui que ce soit en danger je demande un peu plus de respect.
Je me tais et je laisse la parole à un vigneron dont j’aime les vins et apprécie sa pratique : Jean-Yves Bizot de Vosne-Romanée.
Lors d’un cours de vinification que je donnais à des BTS, je posai la question : « que faut-il pour faire du vin ?
Du sulfite. »
Euh…
Même pas une cuve, ou un pressoir ou mieux encore, du raisin ? Non. Du sulfite. Le reste est secondaire.
Serait-ce de l’idéologie…
« Je compris que ce vin avait moins à voir avec le raisin qu’avec l’idéologie et qu’il procédait d’une croyance qui lui donnait sa loi.
Remplaçons « ce vin » par « le vin » et tout le monde sera en phase.
Merci Michel, finalement ! Car quelle que soit l’approche, on va dire usuelle (ou conventionnelle ?), biodynamique et/ou naturelle, il y a toujours une idéologie, quasiment la même d’ailleurs, qui se cache : la foi absolue dans la technique, la primauté de celle-ci sur sa finalité, qui la rend plus importante que le produit lui-même ; ce vin est bon (ou mauvais) parce qu’il est nature ; ce vin est bon (ou mauvais) parce qu’il est « technologique » (faute de mieux).
Dans le cas de l’approche usuelle, plus personne ne se rend compte de ce renversement. Elle est devenue naturelle à force d’être conforme. Impression renforcée par le profil des vins obtenus, qui répondent parfaitement à la définition des « bons » vins pour lesquels Seb se passionne. Mais profil tout autant conforme donc devenu naturel que la technique qui préside à leur élaboration. On est qu’on le veuille ou non, dans la convention. Technique et (donc) esthétique.