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19 juillet 2016 2 19 /07 /juillet /2016 06:00
L’art de penser : se distraire à en mourir « aucun média n’est excessivement dangereux si ses utilisateurs en connaissent les dangers. »

Mon ami Philippe a écrit hier en commentaire de ma chronique Nous ne sommes pas à la hauteur : seule la mobilisation de la société française peut détruire le défi djihadiste 

 

« Merci Jacques, de penser. »

 

J’essaie Philippe, avec mes moyens, le legs de mon père passionné de la chose publique, préoccupé qu’il était du bien commun, sans avoir la prétention d’être un intellectuel je crois, et j’ai toujours cru dans la force de l’intelligence, pas la mienne, celle des sages, pas les maîtres penseurs du prêt à penser en kit, ceux qui traversant l’Histoire nous donnent des repères nous permettant de surmonter nos malheurs, les horreurs, sans pour autant nous dédouaner de notre part de responsabilité.

 

J’ai toujours aimé lire, enfant dans le grenier du Bourg Pailler je me nourrissais de tout ce qui me tombait sous la main.

 

En octobre 2011 j’écrivais :

 

Orwell craignait ceux qui interdiraient les livres. Huxley redoutait qu’il n’y ait même plus besoin d’interdire les livres car plus personne n’aurait envie d’en lire. Orwell craignaient ceux qui nous priveraient de l’information. Huxley redoutait qu’on ne nous en abreuve au point que nous en soyons réduits à la passivité et à l’égoïsme. Orwell craignait qu’on ne nous cache la vérité. Huxley redoutait que le vérité ne soit noyée dans un océan d’insignifiances. Orwell craignait que notre culture ne soit prisonnière. Huxley redoutait que notre culture ne devienne triviale, seulement préoccupée de fadaises. Car comme le faisait remarquer Huxley dans Brave New World Revisited, les défenseurs des libertés et de la raison, qui sont toujours en alerte pour s’opposer à la tyrannie, « ne tiennent pas compte de cet appétit insatiable de l’homme pour les distractions ». Dans 1984, ajoutait Huxley, le contrôle sur les gens s’exerce en leur infligeant des punitions ; dans le Meilleur des Monde, il s’exerce en leur infligeant du plaisir. En bref, Orwell craignait que ce que nous haïssons ne nous détruise ; Huxley, redoutait que cette destruction ne nous vienne plutôt de ce que nous aimons. »

 

Que des vieilleries tout ça, Orwell et Huxley, des concurrents de Maxwell qualité filtre et de Max Mosley l’ancien président de la Fédération du Sport Automobile ? Du même tonneau que Zadig&Voltaire sur votre table de nuit ! Pire, cette citation est tirée d’un bouquin paru en 1985 aux USA « Se distraire à en mourir ». Pensez-donc, la préhistoire, un temps sans tweet, sans Face de Bouc, sans sms, donc un temps de vieux, de vieux ronchons, de vieux cons quoi ? Lire, pourquoi faire, L’important c’est de capter l’instant, de se marrer, de faire du second degré. Tout commence avec nous, les bouquins ça se couvrent de poussière, nous préférons la neige de nos petits écrans.

 

La prise du pouvoir par les médias de masse avec comme projet exclusif le divertissement, l’entertainment, alors la langue s’est appauvrie, a perdu ses nuances et sa complexité, et l’effort nécessaire ou acquérir une culture ou un savoir tend à disparaître.

 

« J’ai toujours été navré – je l’ai beaucoup dit et écrit – de l’étrange guérilla à laquelle se livrent politiques et journalistes. Il est assez évident, pour tout observateur de bonne foi, que la télévision casse le travail des politiques.

 

Amplification de l’effet d’annonce, absence totale de toute mesure de résultat, présentation de toute intention de changement comme un conflit, annonce de toute décision dans sa sécheresse brutale sans rappel ou à peine des raisons et du contexte, transformation de tout débat en conflit, de tout conflit en crise et de toute crise en sécession ou éclatement, disparition du temps long, abolition de la complexité, tout cela est bien connu, répété tous les jours… »

 

Ces lignes de la préface du livre « Se distraire à en mourir » écrit en 1985 par un universitaire américain est de la plume de Michel Rocard qui s’exclamait : Enfin !

 

Certains me reprocheront sans doute de « profiter » des mannes d’un homme que nous venons d’enterrer en le couvrant de brassées fleurs et de regrets.

 

Qu’importe !

 

Lire, tenter de comprendre, de nourrir son action avec autre chose que de l’émotion, de réactions immédiates, à chaud, sans recul.

 

Que dit Neil Postman ?

 

« Le problème, en tout cas, ne réside pas dans ce que les gens regardent. Le problème réside dans le fait que nous regardions ? »

 

« C’est assez poignant quand on pense que nous utilisons si souvent, et avec un tel enthousiasme, des expressions comme « l’âge de l’information », « l’explosion de l’information » et « la société de l’information ». Il semble que nous ayons compris qu’un changement dans les formes, le volume, la vitesse et le contexte de l’information signifiait quelque chose mais nous en sommes restés là »

 

Oui nous en sommes resté là et, tels des Tesla, nous surfons à grande vitesse sur le Net, fonçons sur les autoroutes de l’information à tombeau ouvert, nous likons sur Face de Bouc sans prendre la peine de lire, nous commentons sans comprendre, ironisons, prenons des positions irréfléchies, condamnons, approuvons le meilleur et trop souvent le pire.

 

Et pourtant comme le note Postman « aucun média n’est excessivement dangereux si ses utilisateurs en connaissent les dangers. »

 

Toujours se poser des questions mais « poser la question c’est rompre le charme ».

 

« L’accumulation massive des données et leur traitement à la vitesse de la lumière aura été très utile pour les grandes organisations mais aura pour la plupart des gens résolu peu de choses vraiment importantes. »

 

La solution que suggère Postman « est la même que celle que suggérait Huxley » Il concède qu’il ne peut faire mieux que celui car « il pensait, comme H.-G. Wells, que se jouait une course entre l’éducation et le désastre. »

 

Dans Le Meilleur des mondes « il essayait de nous dire que la plus grande cause d’affliction des gens n’était pas de rire au lieu de penser mais de ne pas savoir pourquoi ils riaient et pourquoi ils avaient arrêté de penser. »

 

 

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