Ma sérénité m’attriste, je ne suis pas malheureux je suis hors tout.
La dernière fois, au débouché de la Villette, avant qu’elle ne me largue à sa manière, froide, sans mots inutiles mais avec une volonté farouche de se débarrasser d’un poids mort, d’un importun qui s’était subrepticement glissé dans sa vie, j’aurais dû lui dire :
« Finalement nous n’avons pas eu d’histoire, toi et moi. »
« A-t-on besoin d’être deux pour avoir une histoire ? « Courage. Jeter ses épaules en arrière, aller tout droit, recommencer. Elle trouvera un homme neuf. Peut-être. Il ne faut jamais s’habituer. C’est ainsi qu’on reste soi-même. Intact. Pas de pliage parallèle des corps qui s’accoutument, s’endorment l’un contre l’autre, moins attendrissants que les chaises empilées à la terrasse des cafés après la fermeture. Pas de main posée sur un corps familier, dernier paragraphe sur un constat de petite mort. Rien n’est définitif. Il faut éviter ces leurres qui persuadent qu’on n’est pas si seul et dont l’absence, quand ils nous sont ôtés, est insoutenable. Dire le désir sans le séduire. Impossible, les coups et les caresses usent. C’est pourquoi on interdit aux visiteurs, et même aux aveugles, dont la pulpe des doigts est si sensible, de toucher aux statues dans les musées. Avoir du tact envers soi-même, oublier les anciens numéros de téléphone dont on sait, même si on avait le courage, une dernière fois, de les composer, qu’ils n’ont plus d’abonné. Oublier le nom, l’adresse de personnes dont on avait attendu la réponse. Elle ne viendra pas. Nos feus aimés se taisent. À quoi bon les rappeler, leur écrire des lettres ? À charge ou à décharge, ils pourraient les garder. Qu’ils les jettent. Poubelle. Autant se parler à soi-même. Oui, toi là-bas, seule dans ton coin, tais-toi, corps et rêves à l’encan. Lave tes yeux, oublie son nom, celui des lieux où vous avez été. »
Pourquoi, ce matin, suis-je tombé sur ce texte de Marie-Odile Beauvais ? Pur enchaînement après une soirée sur le qui-vive, à me défendre des assauts de mes amis « mais où est-elle ? » J’ai résisté. J’ai refusé de poster ce sms qu’ils me demandaient. Mal à l’aise, taraudé par l’envie, j’ai esquivé mais la plaie, que je croyais cicatrisée, s’est ouverte, béante, profonde. La musique, le brouhaha, des conversations qui me traversaient sans me toucher, mes cigarettes roulées en solitaire sur le trottoir, l’absence, ce je ne sais quoi qui m’aidait à vivre. Plus de message pour lui dire « suis arrivé à bon port ». Plus de post-it « lundi midi au Yard… » Alors, comme mu par un force invisible ma main ce matin à extirpé ce livre de la masse, l’a ouvert et mes yeux sont tombés sur ce texte de femme. Ce ne sont pas mes mots mais certains d’entre-eux disent ce que je n’ai plus le courage de dire.
Alors comme la Toile est une mer sans limite j’y jette ma bouteille, lundi je virerai face au métro Philippe-Auguste, station chère à mon cœur, j’accrocherai mon vélo puis j’irai m’asseoir à la même place, la nôtre et puis… la vie continuera…sans elle.
Les poubelles de la République débordent, c’est à qui y déversera son tombereau d’ordures.
Le Vicomte d’abord, Philippe de Villiers, l’autre fou du Puy, toujours aussi féroce, hobereau hâbleur, has been en déshérence, assez minable dans sa vulgarité surjouée, racontant un déjeuner avec son « ami » Fillon, le cocker triste, alors 1er Ministre du Lapin sur piles, un homme « sans aspérités » dit-il qui a la culture du secret, se livre peu. Fielleux, il ajoute que le François a été élevé à Solesmes et qu’il en a gardé l'air onctueux. « Il est monocorde et pratique le silencieux »
« Je me souviens d’un déjeuner, le 9 octobre 2008, à Matignon. Ce jour-là j’ai découvert que, derrière l’homme placide et impeccablement peigné, avec sa raie de premier communiant, il y avait une nature fragile, éruptive, explosive. Nous déjeunions sur la pelouse, tout près du pavillon de musique. Dès l’apéritif, son portable s’est mis à vibrer. Le visage crispé, il s’abandonne un instant :
– C’est Sarko. Il attendra.
– Tu fais attendre le président ?
François, visiblement excédé, me répond :
– Il n’a qu’à me traiter autrement ! Chaque jour est une humiliation.
Le portable sonne de nouveau. Je suis stupéfait. Quelle ambiance ! Voyant ma surprise, il m’explique, fourchette en l’air, que Sarko ne respecte que les rapports de force. En souriant, je lui glisse :
– Tu es devenu méchant ?...
– Non, au contraire, je suis trop gentil. Si je lui faisais du mal, alors il me respecterait !
Je suis effaré par tant d’animosité entre les deux hommes. En partant, il me glisse à voix basse un précepte de son mentor Le Theule :
– Tu sais Philippe, en politique, pour nuire, il faut être proche…
Quelques mois plus tard, le 10 novembre 2009, il m’invite à déjeuner de nouveau sans autre raison apparente qu’amicale. Il s’en prend à ma naïveté en s’agaçant :
– Depuis que tu es dans le Comité de liaison de la majorité, je t’observe, tu as l’air tout coiffé de Sarko. Tu devrais faire attention. C’est un monteur de coups redoutable. Il va t’utiliser.
Alors il penche la tête, l’air désolé, avec son visage de jeune homme candide et offusqué. Il hésite un instant et, en frappant sur la table avec le manche de son couteau, il finit par me livrer cette confidence :
– Tu verras, Philippe, ça finira mal. C’est Sarko qui fera tomber Sarko. Il fait n’importe quoi et multiplie les imprudences. Je le lui dis pourtant, mais il ne m’écoute pas.
– Il y a des affaires embêtantes ?
– Sarko répète toujours à propos de Villepin : il finira pendu par moi à un croc de boucher. Eh bien, moi, je te dis, Philippe : si ça continue, c’est Sarko qui finira à un croc de boucher. Et c’est la Justice qui l’accrochera. Elle sait tout. »
Et puis y’a l’inconnu le Préfet Moisselin, membre du cabinet du Ministre de l’Intérieur Sarkozy que dirigeait Guéant, il vaut le détour : «L’argent n’est pas notre mobile quand on arrive dans un ministère, on prend l’argent quand il arrive, on ne dit rien quand ça s’arrête. L’argent vient ou pas, on fait avec.»
« Il s’est surpassé vendredi, toujours à la barre, narrant sa première remise en cash, en mains propres (!), de Claude Guéant. «Il m’a tendu une enveloppe. En la recevant, je n’avais pas l’impression d’entrer en clandestinité : c’était une pratique ancestrale, coutumière, certainement archaïque. J’aurais pu, d’un geste noble, renvoyer l’enveloppe à la figure de Guéant en criant : Arrière, Satan !» Il ne l’a pas fait, quitte à vendre son âme au diable. «Je ne l’ai pas déclarée aux impôts, je le reconnais. J’ai eu tort, ce n’est pas très glorieux, mais je savais que des policiers en recevaient autant.»
Gérard Moisselin est une caricature de haut fonctionnaire, passé par la préfectorale, notamment en Indre-et-Loire comme la plupart des prévenus. Comme un relent d’une «mafia orléanaise», doublée d’un passage préalable et obligé au cabinet de Charles Pasqua (1993-1995) avant de doubler la mise sous Nicolas Sarkozy (2002-2004). »
Pour le reste de notre pauvre et piteuse actualité nationale, nos soi-disant intellectuels, les innommés car ils le valent bien, saisis par la débauche des médias, s’épandent, se répandent, dévaluent le peu de valeur qui leur restait. Navrant ! Signe du temps, alors je tire la chasse sur eux avant 22 heures puisque je vais m’exiler en Suisse où il est illégal de tirer la chasse d'eau des toilettes ou de prendre une douche après 22 heures pour toute personne vivant dans un appartement. Quant à l’autre, qui fut Ministre de la République, c’est faire injure aux poissonnières que de l’assimiler à cette honorable corporation ; aucune appellation ne lui convient, elle n’a pas honte.