Ça part fort, imaginez 1 jeune mec trentenaire, ratiches aiguisées, mâchoire carrée, regard désabusé, débitant dans un palace, à la tronçonneuse, des commentaires et des notes de dégustation que sa collaboratrice transcrit sur un carnet. Black is black, grosse BMW, appart dans le cercle d’or parisien, ça douille sec pour le faiseur de guide vins. Y’en a dès que je connais qui vont être jaloux.
Du côté père c'est ronchon bourguignon, barbu bouchonné, et c’est la débandade, le domaine familial part en quenouille… en couilles si vous préférez.
Rajoutez à la sauce une NKM bourguignonne, fille du domaine d’en face, le meilleur forcément, « Mon royaume pour un cheval ! », des amphores, la découverte qu’il faut goûter le raisin pour savoir s’il faut vendanger, du foulage à la Derain en plus soft, et vous avez le film de Le Maire – pas le Bruno – mais Jérôme : « Premiers Crus »
Toujours dévoué à la cause du vin bourguignon je suis allé voir ce film au plus près de chez moi, à l’UGC-Gobelins, à la séance de 10H, c’est moins cher : 6,90 euros tout de même que le Président du BIVB devrait me rembourser. Bref, nous étions 6 dans une salle genre trou à rats.
Après la première séquence je me suis dit j’allais faire comme le Parker français qui a réussi : « Manque d’acidité, lourd, court… Mauvais 5/20.
Et puis je me suis ravisé.
Certes on ne fait pas un bon film avec de bons sentiments et des tonnes de clichés mais, par brefs instants, le réalisateur touche à une parcelle d’humanité. Tout n’est pas bon à jeter mais l’intrigue est bien convenue, le dialogue besogneux, la musique pompeuse et le happy end très américain. Gérard Lanvin a de la gueule et la mère de la NKM est bien campée.
Pourquoi me suis-je ravisé ?
Tout bêtement parce que le grand public, abreuvé de séries télévisées, peut trouver du charme à ce film tendance Harlequin, les sagas familiales ça plaît bien au peuple cher à Michel Onfray.
Et puis, ce que j’aimerais bien connaître c’est l’opinion du vigneron bourguignon : se reconnaîtrait-il dans ce film ?
Moi, ce qui me plairait c’est que le BIVB organise une projection à laquelle seraient invités que des vignerons suivi d’un débat avec le réalisateur. Ça aurait plus d’intérêt que les écrits laudateurs de la presse dite du vin et des critiques féroces de la Presse Parisienne.
Merci au Président et au Vice-Président de bien vouloir me répondre.
Moi j’ai fait le boulot à eux de faire le leur…
NB. L'un des grands moments de poilade du film est l'arrivée au domaine, en Porsche Cayenne noire, du staff d'un jeune négociant bordelais, habillé croque-mort tendance, sortis de l'INSEEC, pour acheter le stock...