Ma semaine commençait sous des auspices incertains. Mon impatience, que je masquais sous un détachement apparent, frôlait la braise, l’incandescence. Je sais que ça sonne un peu désuet, c’est du La Rochefoucauld, mais ça m’allait bien au teint en ce moment charnière : « L’absence diminue les médiocres passions et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies et rallume le feu. » Et puis, comme pour enfoncer le clou dans le béton de ma passion, à propos de son film Mon roi présenté à Cannes, Maïwenn déclarait un truc du genre : « Dans la vie, on est toujours le gentil ou le méchant de quelqu’un. Je voulais parler du fait qu’on ne choisit pas les gens qu’on aime. Il arrive de tomber amoureux de gens qui nous rendent malheureux : on ne peut pas vivre avec, on ne peut pas vivre sans... » Oui, je ne peux vivre avec mais je ne peux vivre sans...
Et puis mardi, en fin de journée, un rendez-vous mystérieux m’était donné au métro Jaurès à 20 heures. Le ciel charriait de lourds bubons. En avance, je me réfugiais à la terrasse d’un rade crade. Que boire ? Je commandai un Kir. Fade, mou, sans étincelle. Le ciel se déchirait. Soudain la grêle crépitait. Mon guide arrivait sous la tourmente. Nous papotions un bref instant, le temps qu’elle ne me serve une petite histoire de détour à faire pour une affaire de carte Métro, tout près, chez l’ami Claire. Bon prince je gobais. Nous marchions d’un bon pas. Mon guide rajoutait avec aisance plusieurs couches à son histoire. J’opinais. Elle sonnait. Claire nous ouvrait. Nous montions à l’étage. Je les suivais jusque dans la cuisine. Le choc ! La surprise absolue ! Debout, elles m’attendaient. Mon vieux cœur encaissait le choc. D’un seul coup d’un seul j’accueillais que du bonheur. Soirée merveilleuse et délicieuse, de celles dont on souhaiterait qu’elles ne finissent jamais. Aucun plaisir ne me fut épargné. Bien évidemment elle était là. La quintessence de mes rêves les plus fous me gonflait à l'hélium. Lui dire simplement je t'aime...
A propos de Cannes où les petites culottes font la une de la presse, « le philosophe et réalisateur Ollivier Pourriol laisse traîner son oreille sur la Croisette, dans les lobbies des hôtels et à l'issue des projections. Il en ressort de drôles de conversations, discrètes plongées dans les jupons de Cannes à l'heure du festival. »
- Le Audiard, quand même, c'est le programme de Sarkozy quand il voulait nettoyer les banlieues au Karcher. Un Sri Lankais qui vient faire le ménage façon puzzle chez les petits voyous de banlieue, c'est la guerre civile comme à la télé. J'ai lu une critique qui disait: « BFM en rêvait, Audiard l'a fait. » Et une autre qui prétendait qu'Audiard avait choisi un sujet social exprès pour avoir la Palme.
- C'est méchant et faux. Les critiques manquent de sommeil, ils tirent sur tout ce qui bouge, sans discernement. A Cannes ils se croient au ball-trap.
- N'empêche. C'est long de faire un film, ça prend au moins trois ans de ta vie. Je ne comprends pas qu'Audiard perde son temps avec un sujet aussi poisseux, son obsession pour les voyous me déçoit.
- A chacun ses obsessions. Audiard est un artiste véritable, sans concessions, qui suit son propre fil. Tu ne les partages pas, c'est ton problème. Mais pour ce qui est du temps perdu, ne me dis pas que tu n'as jamais passé trois ans de ta vie ou même plus sur quelque chose qui n'en valait pas la peine aux yeux des autres.
- Même à mes propres yeux.
- On ne parle pas d'amour.
- Pourquoi ? Parlons-en. Quand on se roule dedans, rien n'est plus important. Dès qu'on en sort, on a l'impression d'avoir perdu son temps. Le Sorrentino, c'est l'inverse: plus j'y repense, plus je l'aime. Il y a des images qui me reviennent. C'est la marque d'un grand film quand le souvenir que tu en as s'améliore de jour en jour.
- Et quel style inimitable. On dirait un mélange de Fellini et de Peter Sellers.
- C'est une très bonne définition. Tu permets que je la reprenne à mon compte ?
- Avec plaisir. Ce n'est pas de moi.
J’adore !
Tout comme le pur bijou, à la pointe sèche : Le portrait du Fou du Puy dans le Monde par Alexandre Lemarié journaliste en charge du suivi de l'UMP et Ariane Chemin grand reporter.
Si vous êtes abonnés Laurent Wauquiez, le « bad boy » de la droite
Quelques morceaux choisis :
« Depuis 2004, date de son élection comme député de Haute-Loire, cet as du storytelling peaufine autant sa statue que son curriculum vitae. A l’en croire, il est un pur enfant du plateau du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), cette terre protestante qui a sauvé un millier d’enfants juifs pendant la guerre. « Quand on est originaire d’un territoire comme celui-là, la politique ne se vit pas n’importe comment… » « C’est en face de chez moi qu’on a accueilli et protégé Elie Chouraqui… » Il explique aussi parfois qu’il est passé par le fameux Collège cévenol du bourg. Faux. « Il était à Victor-Duruy », confirme sa mère devenue justement en 2014… maire de la commune. C’est elle qui, lorsque son époux Philippe est muté à Lyon, en 1980, achète deux corps de ferme sur ce plateau, dans un hameau nommé Devesset, en Ardèche, pour y passer les vacances. Y compris lorsque, contrainte au divorce, elle quitte Lyon pour Paris afin d’élever son « quatrième » et petit dernier.
« Stage à l’ambassade de France au Caire, où il raconte « se mettre » à l’arabe (littéraire), commence un mémoire sur « l’Orient des lumières » et ne jure que par l’islamologue Louis Massignon.
Il en revient auréolé de sa plus belle légende : l’amitié de Sœur Emmanuelle. « Avec elle, j’ai passé plusieurs mois en Egypte, raconte-t-il à la presse dès qu’il le peut. Je m’étais engagé dans un quartier du Caire, le Moqattam. Quand sœur Emmanuelle me voyait, elle me regardait droit dans les yeux et me disait : “Mon petit Laurent, qu’as-tu fait de bon depuis que je t’ai vu ?” » Problème : personne, sauf lui, ne se souvient de ces rencontres entre la fondatrice des Chiffonniers du Caire et le stagiaire de l’ENA. A chaque nouvel article, ses camarades du Palais-Royal scotchent, moqueurs, les détails de sa geste égyptienne sur les colonnes de la salle Parodi. Est-ce la peur de se voir un jour passé au crible du fact-checking, ce cauchemar des approximatifs ? En décembre 2007, le tout frais porte-parole de Nicolas Sarkozy se rend dans une maison de retraite du Var où la religieuse, intubée, à moitié-consciente, attend sa mort : il ne sera pas dit qu’ils ne se sont pas rencontrés. »
L’Europe. La grande transgression. Un numéro déjà rodé à Paris, lors d’une réunion des ténors de l’UMP avant les européennes. Ce 15 avril 2014, Laurent Wauquiez entonne son nouveau refrain eurosceptique. « Parler de protectionnisme, c’est une idée stupide », assène Alain Juppé. « Un sparadrap dont on ne se défait jamais », renchérit Jean-François Copé, alors président du parti. « Irresponsable », peste Michèle Alliot-Marie. « Cela revient à flatter le peuple dans ses peurs, ajoute Jean-Pierre Raffarin. Je trouve invraisemblable qu’un quadragénaire comme toi, sorti d’une grande école, veuille que la France se recroqueville sur elle-même. » Même François Fillon rappelle son affidé à l’ordre : « Quand on est au pouvoir, on ne quitte pas Schengen comme ça. » « Ce jour-là, on lui a réglé son compte pour l’ensemble de son œuvre », résume un participant. »
« Qu’importent les contradictions, les volte-face, les reniements. « C’est simple : il est tellement rapide que le coq n’a pas le temps de chanter une première fois qu’il s’est déjà renié », lâche le nouveau patron de l’AP-HP Martin Hirsch, qui l’avait accueilli naguère dans la commission chargée d’inventer le RSA. « Je sais ce qu’il disait de moi avant et ce qu’il dira de moi après », explique aussi Nicolas Sarkozy, qui n’a pas oublié comment, en 2013, Wauquiez avait rendu ses « réformettes » responsables de la défaite. Sait-il que, avant que n’explose publiquement la bombe Bygmalion, Laurent Wauquiez donnait rendez-vous à des journalistes dans des bars, expliquant, avec des airs de conspirateur, qu’une brûlante affaire pourrait mettre la Sarkozie en feu, les incitant à mettre leur nez dans « les affaires du Qatar » ? « Je l’ai acheté très cher, ce qui m’oblige à lui lâcher des trucs », soupire l’ex-président quand on l’interroge sur l’investiture du jeune loup dans la région Rhône-Alpes. A Michel Barnier, furieux d’avoir vu la tête de liste lui échapper, il a répondu par cette formule étrange : « Je n’ai pas pu ouvrir ce front. »
Envie de gerber !
Je file acheter François Mitterrand, portrait d’un ambigu aux éditions Nouveau monde où Anne Pingeot raconte pour la première fois sa relation cachée avec l’ancien président de la République. Elle explique également comment le médecin Jean-Pierre Tarot aurait aidé l’homme de sa vie à mourir.
Dans cette biographie de près de 900 pages, réalisée en collaboration avec Philip Short, un journaliste de la BBC, Anne Pingeot révèle ses 32 années passées à aimer dans l’ombre François Mitterrand. Elle évoque sa cohabitation avec Danièle Mitterrand, l’épouse du président, mais aussi l’ultimatum qu’elle a posé à François Mitterrand : « Tu me fais un enfant ou je m’en vais ! ». Quelque temps plus tard, le 18 décembre 1974, naîtra Mazarine Pingeot dans une clinique privée d’Avignon.
Anne Pingeot fait une autre grande révélation dans cet ouvrage. Elle parle des dernières heures de Mitterrand et de l’accord passé entre l’homme politique et le docteur Tarot, qui veilla sur lui jusqu’à la fin : « François lui avait demandé : 'Quand mon cerveau sera atteint, vous me liquidez, je ne veux pas être dans cet état.' […] Et dans la nuit, (Tarot) a dû lui donner une injection pour terminer les choses. Donc à la fois je me sens coupable de l'avoir condamné, mais en même temps il y avait ce refus absolu de devenir inconscient, ce que je comprends ». François Mitterrand a-t-il été aidé à mourir ? « C’est ce qu’elle croit, mais le docteur Tarot n’a pas confirmé » a commenté Philip Short sur Europe 1. Toutefois, « c’est absolument vrai que Mitterrand a dit à plusieurs reprises, à Anne Pingeot et à d’autres, qu’il ne voulait pas être un légume. Il disait ‘épargnez-moi ça ! », précise l’auteur du livre.