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5 avril 2015 7 05 /04 /avril /2015 00:09
Il avait connu aussi le petit matin blême où il se réveillait avec la gueule de bois et un goût de cendres en travers de la gorge

« …François avait trouvé ce qu’il recherchait une radicale solitude… »

 

« … La seconde fois où je me rendis là-haut, assis sur un rocher moussu à contempler longuement le lointain, je vis le bleu apparemment immuable virer subitement au gris argent et les nuages commencer à s’amonceler. Un orage s’annonçait. Dans l’ombreux repli, on le sentait d’un coup imminent, tant l’air chaud se condensait en une anxieuse attente. Tel un guetteur à l’avant-garde, j’étais happé par la grandiose vision des amas de nuages qui prirent brusquement des teintes d’encre de Chine striées d’éclairs. Ce moment aux couleurs dramatiques était trop tendu pour durer. Peu après, le ciel se décida à la donation totale. La digue, avec fracas, se rompit. Au loin, depuis la très haute voûte tombèrent tout à trac d’innombrables filaments d’eau enveloppés de vapeur, formant une immense armée en rangs serrés – de cavaliers ou d’anges ? – qui s’avança en notre direction, vers ce coin de terre partagé entre accueil et crainte. Mais très vite, ce fut le sentiment de reconnaissance qui domina, quand se répandit le tam-tam de la pluie battant les feuilles, amplifié par les cascades des sources dont résonnaient tout autour les rochers empilés. Quand l’orage eut tout délavé, faisant place à la clarté du couchant, un arc-en-ciel campa, souverain, son arche entre ciel et terre. »

 

Qui est ce François ?

 

« Un homme relativement jeune encore mais qui avait pas mal vécu. Il s’était adonné aux fêtes frivoles et aux plaisirs faciles, il avait connu aussi le petit matin blême où il se réveillait avec la gueule de bois et un goût de cendres en travers de la gorge. Il s’était bercé de rêves de puissance et de gloire, et il avait mal vécu aussi les nuits de défaite et d’emprisonnement où son âme sombrait dans la peur et le désespoir. S’ajoutait à ces expériences l’épreuve de la maladie qui lui avait fait frôler la mort. Il avait eu cependant des moments de sursaut en se disant que devait exister une vérité de la vie qui arracherait l’homme à son destin absurde… »

 

Texte de François Cheng de l’Académie Française

Il avait connu aussi le petit matin blême où il se réveillait avec la gueule de bois et un goût de cendres en travers de la gorge
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