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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 00:09

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« Je m'voyais déjà en haut de l'affiche

En dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalait

Je m'voyais déjà adulé et riche… » chante Charles Aznavour

 

Aimons-nous vraiment le succès, nous, les Français ? Dans certains domaines, oui, le sport par exemple car ça flatte notre fierté nationale mais lorsqu’il s’agit d’entreprises, d’entrepreneurs, ces drôles de petites bêtes qui gagnent de  l’argent une certaine réserve s’installe quand ce n’est pas de l’hostilité. Dans le monde du vin on aime rien tant que les petits, on adore que David défie Goliath, on se méfie des mercantis. Lorsque Sophie m’a proposé d’ouvrir une nouvelle rubrique consacrée à des success stories du vin, j’ai de suite dit oui. J’aime les bâtisseurs, ceux qui relèvent des défis, petits ou grands, ceux qui vont de l’avant, font, précèdent. Avoir l’ambition de sortir des sentiers battus, de mettre en œuvre sa vision des choses, avec une équipe partageant les mêmes valeurs, me plaît. Je laisse la plume à Sophie… 16744_1248312404614_1133553836_777687_5769906_n.jpg

D’un récent séjour bien trop court en Bourgogne, je garderai une émotion lumineuse : celle d’une pureté, d’une droiture fière et d’un ciselé sans pareil. Vous me direz que c’est chose commune sur les flancs de cette côte qui se pare d’or en Automne.  Les plus grands sont là. Inaccessibles et rares. Mais, là n’est pas mon propos. Cette belle et simple émotion m’a donné l’envie d’ouvrir une nouvelle rubrique sur le blog de Jacques Berthomeau : celle d’une « wine success story ». Cela serait l’histoire de domaines qui infléchissent leur destin, trouvent de nouveaux modèles. Des histoires d’entreprises viticoles qui ne s’accommodent pas des dichotomies usuelles parfois rassurantes : le vigneron sincère et le négociant mercantile, l’artisan authentique et la cave industrielle, les vins de terroir et les vins marketing…  j’aimerais pouvoir parler à leur propos d’une ambition, d’une vision et d’une stratégie. Ne serait-ce pas tout simplement les clés du succès que j’aimerais tenter de mettre en évidence dans une aventure viticole française qui mêle tout à la fois : management, écologie, passion, communication, marketing, technique…

 

Revenons en Bourgogne sur la Côte d’Or, ou plus exactement à Corton, mais en faisant un crochet dans l’espace et le temps, à Paris dans le 8ème arrondissement des années 70. D’un lieu festif et gastronomique des plus courus de la capitale, qui porte l’étrange et légendaire nom de Rôtisserie de la Reine Pédauque, les vins de Pierre-André Corton deviennent l’étendard. Une offre simple, pertinente et inventive ciblée sur le concept d’un magnum dans chaque couleur ; une invitation à la fête et à l’abondance : autant de promesses qui répondaient parfaitement aux attentes d’un marché dont la problématique était de gérer la croissance continue, la soif de vivre intensément une époque exubérante et confiante. De cette opportunité de marché, la société Pierre-André Corton ancre son métier sur celui  de l’assemblage de vins et de l’élaboration de cuvées que nous qualifierions aujourd’hui de premium avec des prix autour de 5€. Et si la Bourgogne demeurait le cœur de l’offre, le négociant développait des gammes de Beaujolais, de Côtes du Rhône mais aussi de Champagne et d’apéritifs à base de vin qui s’exportaient en Europe dans les circuits traditionnels.

 

La prospérité de l’entreprise s’éroda progressivement : évolution des modes de consommation, demande en berne, accroissement de la concurrence. La diversification de la gamme de vins ne suffisait pas à compenser la faiblesse de certaines appellations et la maison Corton vit sa crédibilité décliner sur un critère de qualité de plus en plus exigeant. Pourtant, elle possédait un atout exceptionnel que le groupe Ballande&Meneret perçut sans mal lors de son rachat en 2002 : son ancrage géographique. Le château André-Corton, dont l’architecture flamande 19ème alliant sans ostentation charme et harmonie, veille sur la colline de Corton et recèle 4 hectares et demi de vignes en Grand cru de Corton Charlemagne et un grand cru rouge de Corton. L’écrin est là, le mythe est en sommeil. L’évidence s’impose : celle de la renaissance d’un terroir, du retour aux fondamentaux d’un lieu immuable et unique.

 

L’histoire est ironique : c’est une entreprise bordelaise qui va réveiller la belle bourguignonne mais elle y met un familier de ces coteaux à son chevet, Benoît Goujon. Celui-ci va alors entreprendre, avec constance, cohérence, et non sans panache la montée en gamme de l’entreprise sur l’élaboration de vins modernes et accessibles capables d’incarner la grandeur des terroirs bourguignons. Sur un segment de prix deux fois plus élevé, il s’agit en 10 années de conquérir une nouvelle clientèle : celle qui a remplacé le consommateur «traditionnel», celle qui attend du vin un plaisir d’esthète et une part de rêve. Le travail se fait d’abord dans les vignes et dans les chais avec deux objectifs majeurs : l’établissement d’une proximité technique permanente avec les vignerons fournisseurs, la remise en question des systématismes en vinification et en élevage. Ces deux objectifs seront bien entendu soutenus par un plan d’investissement sur les dix années écoulées notamment pour la création d’un chai moderne et rationnalisé. Une politique d'image bien pensée, du site internet au packaging, parachève le tout et rétablit la part de rêve perdu.

 

Je m'attarderai un instant sur la vinification et retiendrai la décision de considérer la fermentation malolactique non plus comme un principe établi mais comme un facteur voulu, ou au contraire évité, celle de ne pas appliquer une norme dans la durée d’élevage (certains 2011 seront mis en bouteille avant les 2010) et d’avoir une seule règle à toutes les étapes : « celle de ne pas avoir de règles ». Au-delà d’une répétition de savoir-faire acquis, cette philosophie poursuit une quête permanente de la décision technique et du geste œnologique les plus adéquats à l’expression des qualités du raisin et à la finalité exprimée par Benoît Goujon « enfermer le fruit ».

 

Et cela se déguste dans les vins : Savigny, Saint-Romain, Meursault ou Monthelie se déclinent tous sur un fond de délicate élégance et de belle tension, qui laissent pleinement s’épanouir les particularités de chaque climat. Le domaine André-Corton a retrouvé son éclat. Et depuis le monde onirique de la Reine Pédauque (la reine au pied d’oie) conté par Anatole France et qui fût le berceau des succès d’André Corton, c’est une nouvelle légende qui s’ouvre. Parions enfin que l’attention bienveillante et compétente d’une œnologue maître de chai du nom de Ludivine n’est pas totalement étrangère à l’indicible magie de ces vins. Tous les ingrédients sont réunis et le secret ne résiderait-il pas dans cet aphorisme de Le Corbusier : « Etre moderne, ce n’est pas une tendance. Ce n’est pas un état. Il faut comprendre l’histoire car celui qui comprend l’histoire sait établir une continuité entre ce qui a été, ce qui est et ce qui sera. ». 

 

Visite ici link 

 

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 00:09

Sophie ce matin, profitant de mon transport hors des limites du périphérique parisien pour une belle journée en Beaujolais, effleure, en entame de sa chronique, d’une plume légère, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître pour mieux nous surprendre avec la découverte d’un enfant du Beaujolais qui retrouve ses racines profondes. Alors, avant de laisser les paroles à Sophie, mon esprit vagabond vagabonde sur la musique de David Bowie l’androgyne, l’extraordinaire major Jack Celliers de Furyo, le chanteur protéiforme jamais en reste d’une provocation, le Bowie apaisé de Wild is the wind... Souvenirs... Souvenirs. Comme l’écrivait récemment Hervé Bizeul dans une chronique « Basses pressions en perspective, moral plus 10 points, sentiment printanier que tout est à nouveau possible, la libido qui remonte avec les jupes qui raccourcissent, un peu de Charles Trenet et, tout d’un coup, on se dit que bosser dans le vin, d’un côté ou d’un autre la barrière est une bien belle chose. N’est-ce pas Jacques Berthomeau »

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Parfaite antithèse que le nom de baptême de cette cuvée ! L’année 1947 est celle du plan Marshall, de la naissance de David Bowie, de l’indépendance de l’Inde, de la création de Force Ouvrière, de la première représentation à New York de la pièce de Tennessee Williams « Un tramway nommé désir » et celle… du premier millésime de cette très vieille vigne de Gamay lovée au cœur du Beaujolais.

 

De tels voyages vertigineux dans le temps font partie de la magie du vin et ne sont pas aussi insolites qu’il n’y paraît. En effet, ils marquent souvent l’immuable constance d’un savoir-faire, la fidélité sans faille à une tradition en affinité avec l’expression d’un terroir et d’un cépage. Et pourtant, le millésime 2006 de cette vigne plantée en 1944 dessine un visage du Gamay que vous n’avez, j’en suis sûre, jamais approché. Non pas tant que sa couleur, rouge profond presque noir, ou son nez complexe exhalant des notes douces de chocolat et de griottes mûres  vous emmènent dans des contrées gustatives plus sudistes que nordistes… mais sa densité en bouche, sa puissance souple et sphérique vous éloignent définitivement du Beaujolais-village gouleyant et festif que vous avez coutume de rencontrer au moins une fois l’an.

 

Et si le Gamay pouvait bien être le cépage du plus grand vin des petits vins de France ?

Pour cela point de macération carbonique…  Le pari de Laurent et Carine Jambon, le frère et la sœur, est bien de réinventer le Gamay de leurs grands-parents, d’explorer des pans méconnus de la chair de ce cépage.

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Faut-il rappeler que le Gamay, en Cru ou Village, est toujours vinifié, ici, grappes entières (sans égrappage). La macération carbonique, pratique traditionnelle en Beaujolais, consiste à favoriser une première phase de fermentation, sans oxygène  et surtout sans l’intervention des levures (elles prennent le relais après). Des mécanismes enzymatiques intracellulaires interviennent dans la baie de raisin pour transformer l’acide malique en éthanol et conduisent à la formation de composés aromatiques spécifiques que l’œnologie n’a pas encore parfaitement élucidés au demeurant… des notes de kirsch, de cerise, de noyau qui font le charme si gourmand des vins primeurs. Ces transformations chimiques particulières marquent le profil des vins : souplesse, fruité, fluidité et moindre extraction tannique.

 

De ses classes à l’institut œnologique de Dijon, Laurent a vraisemblablement conclu que le Gamay, fils du croisement entre le Gouais et le Pinot noir, pouvait exprimer des qualités variétales supérieures avec un mode de vinification tourné vers l’extraction plus poussée de ses pellicules et un mode d’élevage appliqué aux grands vins de Bourgogne. Un choix de vendange à parfaite maturité, un égrappage total, un travail continu sur la matière (pigeages notamment), une cuvaison longue, un élevage bois de 12 mois (précis dans la proportion fûts neufs et fûts d’un ou deux vins), une fermentation malolactique lente, très lente, voire retardée… 

 

Le résultat en est un vin étonnant, atypique, parfaitement équilibré entre fraîcheur et maturité, densité et fluidité. Une digestibilité parfaite pour une expression (la vraie ?) du Gamay encore à découvrir. Coup de chapeau à ces jeunes vignerons qui ont fait de leur retour au domaine familial un choix de passion et une vision de raison… bien loin du défaitisme économique résigné parfois croisé dans cette belle région viticole. Et si Carine pétille de gaieté en évoquant le Beaujolais Nouveau comme la fête des anciens, comme l’étendard du Beaujolais dans le monde et comme le régal d’automne pour accompagner le saucisson et les marrons grillés, ne serait-il pas exaltant de parler d’un Nouveau Beaujolais ?

 

Les commentaires de dégustation http://www.autrementvin.com/vins/7  

Pour trouver ce vin allez  : Les Caves du Roy 31 rue Simart 75018 PARIS

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 00:09

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Avec cette troisième chronique Sophie s’installe tranquillement sur mon espace de liberté. Elle s’y meut avec aisance car je crois qu’elle s’y sent bien pour y faire entendre sa différence, sa petite musique, et pour vous livrer son approche du vin loin des batailles stériles de chapelles. Sa quête patiente et précise de vigneronnes et des vignerons originaux qui occupent discrètement, mais avec passion, les plis et les replis de nos territoires participe bien sûr à la mise en avant, à la découverte de leurs vins mais surtout elle esquisse une approche plus attentive du quotidien de leur métier d’artisan, « de ce que fait la main », loin du tam-tam médiatique, dans cette solitude qu’évoquait ici-même Hervé Bizeul.   

(En bonus Sophie vous invite à une conférence-dégustation le 14 mars à Paris. C'est tout en bas de la chronique) 

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Sur les conseils avisés et bienveillants de Michel Smith, après mon passage chez Thierry Rodriguez le chasseur de cru link  je reste à fureter dans le Languedoc.

 

Je dois l’avouer, je suis née à Bordeaux. J’ai fait du vélo à Léognan, bu mes premières lampées en Saint-Emilion et fait mon premier stage de vinification à Haut-Brion. Et si le nouveau monde était juste un peu plus à l’Est ? Nul besoin de franchir d’autres frontières que celles du chauvinisme viticole atavique que porte encore si bien ma grand-mère… Donc c’est vrai… je découvre le Languedoc après l’Afrique du Sud et il était temps.

 

Je m’arrête sur le vin de Costes-Cirgues pour plusieurs raisons. www.costes-cirgues.com

 

La première est qu’il est bon, la deuxième est qu’il est sans soufre, la troisième est qu’il est fait par une femme.

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Commençons par la troisième raison non pas que je crois en une opposition sexiste des modes de vinification (la virilité dans un chai peut engendrer des vins très féminins) mais parce qu’il s’agit tout simplement d’une femme atypique. Béatrice Althoff a cette douceur et cette discrétion qui dissimulent assez bien la ferme volonté qu’elle a dû exercer, tout d’abord comme dirigeante d’une entreprise de construction en Suisse, puis, en guise de conversion professionnelle, comme viticultrice suisse allemande exilée en Languedoc… sans parler des trois enfants qui se glisseront dans son parcours. « Etre une femme, étrangère et faire du bio il y a dix ans… » me dit-elle avec une moue modeste et amusée.

 

Ma perplexité s’accroît lorsqu’elle poursuit sur le thème du sulfitage. « Vous savez c’est une question d’habitude… dès le départ, j’ai travaillé sans soufre ». L’audace de la débutante? Et là j’en viens à ma deuxième raison. Je ne vous apprendrai rien sur l’utilité du sulfitage des vins, aussi bien à l’arrivée de la vendange que pendant l’élevage. Là n’est pas la question. Sur Costes-Cirgues 2007, pas d’altération, pas de note oxydative qui sont les risques inhérents (parfois recherchés) à toute vinification sans soufre.

 

Les dégustateurs d’Autrement Vin avaient salué un vin « bien fait ». Car Béatrice « fait » bien son vin. Non pas dans l’idéal confiant de laisser faire une nature bienfaisante, mais dans le réalisme d’une approche technique éclairée. Analyses microbiologiques, microscopie par épifluorescence pendant l’élevage et avant la mise en bouteille… l’absence de SO2 implique une vigilance extrême pour prévenir la foultitude de dangers microbiologiques qui guettent un vin en fermentation ou en élevage (brettanomyces, bactéries acétiques, …). La clé ne serait-elle pas avant tout dans l’action bien pensée de l’homme sur la nature ?

 

Mais écartons-nous d’un scientisme qui pourrait effrayer et revenons à la vigne. Car c’est là l’origine du vin. C’est là que se jouent les vrais enjeux de la viticulture. Le respect des équilibres, l’écoute de l’écosystème et la conduite en bio sont une règle d’évidence à Costes-Cirgues… et la biodynamie un corolaire, sans être une fin en soi. Les photos d’étiquettes nous rappellent que la vigne est une partie d’un tout, d’un monde végétal vivant et protecteur. C’est cette vibration que nous aimons retrouver dans le verre. Subtile et sans ostentation, il me semble l’avoir perçue dans Costes-Cirgues.

 

Sophie 

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INVITATION SOIRÉE CONFÉRENCE - DÉGUSTATION LE 14 MARS À 19h00 - PARIS SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS

  

STRATAGÈME : une balade géologique et sensorielle dans les vins du Languedoc.

 

Thierry Rodriguez, vigneron et chasseur de crus, Jean Natoli, œnologue-conseil et Philippe Combes, géologue, vous invitent à découvrir leur travail de recherche géologique et œnologique entrepris dans le cadre du projet Stratagème : 11 terroirs, 11 expressions minérales, 11 vins.

 

Programme de la conférence :

 

Philippe Combes :

Origine et histoire géologiques des terroirs du vignoble languedocien : de la mer à la terre.

Roche-mère et terroirs : comment s'est effectué le travail de sélection des terroirs.

 

Jean Natoli :

La vinification : accompagner l'expression des terroirs.

Dégustation commentée de quatre Stratagème : Poudingue, Calcaire, Marne et Basalte.

 

Détail de l'évènement

 

Lieu : Hôtel de l’Industrie, Salle Lumière, 4 place Saint-

Germain-des-Prés (face à l’église, à deux pas des « Deux

Magots »), 75006 Paris - métro Saint-Germain-des-Prés

 

RSVP : réponse rapide recommandée auprès de Victorine Crispel par mail à v.crispel@lagencevinifera.fr ou par téléphone au 05 34 55 88 06 ou 06 09 84 97 14.

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 00:09

 

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En ce début d’année Sophie, si je puis m’exprimer ainsi, est éruptive. En effet, avec sa deuxième chronique sur mon Espace de Liberté, elle nous transporte dans l’intimité des profondeurs de notre Terre pour vous faire part d’une rencontre d’un autre type : « quand la roche rencontre le vin… »

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Après l’eau le feu, après le pays basque les terres arides du Languedoc…

 

Comme dans ma première rubrique sur le vin de la mer, je reste fascinée par l’empreinte de l’environnement sur un vin. Et celle de la roche volcanique sur Stratagème basalte est à chaque dégustation un étonnement renouvelé. L’effluve chaud et cendré de la roche en fusion…

 

Est-ce le pouvoir d’évocation des mots sur la perception sensorielle ?

 

Pourtant je le hume, je le déguste ce basalte issu d’un magma né des profondeurs de la terre. Il transcende le cépage, le savoir-faire de l’homme, la tradition viticole… il est l’essence de la terre, d’un terroir extrême.

 

La démarche de Thierry Rodriguez www.prieuresaintsever.com, chasseur de crus, comme il aime à se définir, est de saisir l’expression particulière d’un sous-sol et de son influence intangible sur les arômes et la structure du vin. Si la notion de terroir implique bien-sûr une complexe interaction du sol avec le climat et les modes de conduite, l’intention dans la gamme Stratagème est de tenter d’isoler l’effet sol sur une base de cépages méditerranéens classiques. Thierry Rodriguez nous fait voyager au centre de la terre à travers Schistes, Calcaire, Poudingues et Granit… pour ne citer que quelques uns des 11 Stratagème de la gamme construite avec le concours d’un géologue œnophile, Philippe Combes, et d’un œnologue audacieux, Jean Natoli.

 

Mais revenons au Basalte d’Autrement vin (prix consommateur indicatif : 10 € à 12 €), le plus atypique des Stratagème. Le mystère reste entier : comment une force aromatique minérale aussi brute peut-elle se conjuguer en bouche à une suavité si douce et fraîche ? La groseille, la réglisse, le poivre de Se chuan atténuent avec subtilité le souffle empyreumatique de ce vin de basalte ; une texture fine et fondue enrobe des tanins concentrés et mûrs… l’émotion est grande quand la vigne est à l’unisson de la géologie.

 

Les palais conventionnels sont priés de s’abstenir !

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 00:09

 

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Puisque Sophie Pallas inaugure sa première chronique par le choix d’un vin de la mer, d’un vin océanique, je ne puis m’empêcher d’utiliser, avant de vous la présenter, une métaphore maritime. Vin&Cie l’espace de liberté vogue depuis plus de 5 ans sur la Toile, frêle esquif, fort éloigné des yachts ou des paquebots de croisière richement dotés. J’ai d’abord caboté – oui, oui je sais, cabot – le long  des côtes familières sans trop m’en éloigner, et puis l’air du large aidant je me suis aventuré en des courses de plus en plus lointaines cherchant à explorer de nouvelles contrées pour vous les faire découvrir. Navigateur solitaire se fiant à sa seule boussole j’ai toujours eu l’ambition de faire partager mon aventure à de vrais marins. Aujourd’hui donc, Sophie Pallas, tient la barre du voilier en vous proposant une chronique, qui sera mensuelle, « l’autre choix de Sophie ».

 

Le choix du titre de la chronique, si je puis m’exprimer ainsi, est un clin d’œil à une autre belle aventure : Autrement Vin www.autrementvin.com  où Sophie Pallas a su, dans des conditions difficiles, j’écrirais même contre vents et marées, mettre sur pied une manifestation, au 104 à Paris fort réussie, innovante, sortant des sentiers battus, où le grand vainqueur fut le vin dans tous ses états. Sophie sait aller avec détermination, précision, courage, jusqu’au bout à la fois de ses intuitions, et surtout de ses rêves. En effet, comme je l’ai accompagné, soutenu à la mesure de mes possibilités, j’ai pu constater que, par-delà son goût d’entreprendre, il y avait chez elle une réelle empathie pour les gens du vin et la volonté de participer à l’extension du domaine du vin. C’est donc avec grand plaisir que je l’accueille aujourd’hui sur mon petit bateau et que je lui souhaite bon vent...

 

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La subjectivité n’est-elle pas le corollaire du goût ?


Le vin n’est-il pas avant tout une affaire de goûts ?


Au risque de dédire les enseignements précieux qui ont nourri et éclairé mon parcours d’oenologue, je revendiquerai ici une totale et entière subjectivité. Cette subjectivité ne saurait être  exclusivement liée aux particularismes propres et imparfaits de mes capteurs sensoriels. Elle est aussi (et peut-être surtout) conditionnée par tout ce qui entoure le vin : un environnement naturel, un engagement humain, une audace technique, une histoire en quelque sorte…


C’est précisément l’intention qui guidait « Autrement vin » lors de sa première édition au 104  il y a tout juste un an. Il s’est avéré difficile de sortir des sentiers du « bien-dégusté », la surprise n’ouvrant pas forcément la voie de la tolérance. Mais cette difficulté n’a fait que renforcer une conviction que c’était bien là l’autre façon d’aborder le vin, une façon plus ouverte, et jamais dogmatique ; plus universelle, et parfois surprenante. Au diable donc, chapelles et gourous, querelles et sectarismes en tout genre ! J’ai envie de parler des bio, des pas bio, des techno, des nature, des traditionnels, des modernes, des grands, des petits,... parce qu’ils comptent tous et qu’ils m’apprennent tous quelque chose.


J’ai choisi pour ouvrir cette rubrique un vin qui m’inspire le vent du large, l’appel des grands fonds, le goût iodé des fruits de mer… Egiategia. Le pays basque a une signification particulière pour moi, celle d’une terre parfois douce, parfois hostile et surtout de caractère. C’est la terre originelle d’Emmanuel Poirmeur qui a décidé d’y retourner et d’y inventer un vin… un vin de la mer. Pourtant, Emmanuel avait une position professionnelle des plus enviables, brassant vignobles et domaines, pour le compte d’un grand institutionnel, avec un avenir confortable et sans risques. Qu’est-ce qu’il lui a donc pris de tout laisser tomber pour créer une nouvelle zone viticole et planter des vignes sur la corniche de Saint-Jean-de-Luz, d’immerger des cuves dans l’océan et d’embouteiller son vin au robinet dégustateur ?


Venez à marée haute lorsque les vagues tapent les murs de la cave, l’hiver quand le brouillard plane entre les cuves ou encore l’été lorsque la corniche, site exceptionnel Européen classé Natura 2000, offre l’infini de l’océan d'un côté et les Pyrénées de l'autre… vous comprendrez. Le vin dont je vous parle n’est pas encore celui que nous goûterons l’année prochaine, élevé sur lies en cuves et sous la mer à 15m de profondeur (la pression de l’eau changeant avec les marées entraîne un effet de convexion permanent démultipliant les bienfaits de l’élevage sur lies). Il s’agit aujourd’hui de la première cuvée de la cave Egiategia. Un vin blanc sec fait de raisins d’Ugni blanc et de Colombard, récoltés à un niveau de maturité point trop avancé pour une acidité et des arômes frais.


Malgré la pluviosité réputée du pays basque, il est assez surprenant de constater que les maladies cryptogamiques n’y sont pas prospères. Ou bien est-ce à cause de celle-ci ? Un indice rapporté par Guy Lavignac dans son ouvrage sur les cépages du Sud-ouest : la seule enclave viticole française qui fut épargnée par la crise du phylloxera est le pays basque… le pauvre parasite n’aurait pas résisté au climat, noyé par les averses océaniques ! Toujours est-il qu’Emmanuel n’a pas trop de mal à réduire les traitements de sa vigne au strict minimum, deux applications de bouillie bordelaise, en tout et pour tout. Le vent fait beaucoup aussi...


Maintenant, placez une douzaine d’huîtres à proximité et ouvrez une bouteille d’Egiategia. Fermez- les yeux. Un nez franc sur les agrumes mêlés aux embruns, une attaque douce qui fait vite place à une acidité qui claque et une longueur toute saline relevée d’une pointe de citron vert. Un vin simple, franc et sans détour. Un vin qui appelle l’huître, comme disait notre ami Patrick Léon lors de la dégustation d’Autrement vin. Une lame d’océan dans un verre.

 

Sophie Pallas

 

* Egiategia : l'atelier des vérités

 

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Pour plus de renseignements sur Emmanuel Poirmeur http://www.magazine-etc.com/Emmanuel-Poirmeur-createur-d.html

 

 

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