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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 07:00

photoB12.jpg« Chers vous tous,

 

Je ne sais pas faire grand-chose mais je vous assure que, même si je ne sais pas trop ce que je sais faire ici, ce que je vais faire ici je le ferai avec vous.

Un peu longuette mon petit Paul ta phrase

Le vin j’en bois depuis que je suis toute petite mais depuis que Michel Rocard, qu’est une fine gueule, s’est mis à me faire lichetroner du très bon, même si je n’ai pas le tarin affuté de Jacques Dupont, j’me défends. Ne comptez pas sur moi pour vous bassiner avec les petits fruits rouges. Le vin ce n’est pas de la confiture quoique pour certains on pourrait se tromper.

Oui Paul je brode un peu sur ton texte.

Pour la vigne, nada, vu que je n’ai pas souvent mis les pieds en dehors du macadam. Rassurez-vous j’me soigne : mes potes de Sève, le guide du Pous en tête m’ont offert le Roger Dion Histoire de la vigne et du vin des origines au XIXe et comme je dors peu je bouquine. Vous m’direz que ça ne va guère m’avancer du côté d’la culture. Quoique ! Mais de ce côté-là je compte beaucoup sur vous, moi je me contenterai de vous posez des questions à la con.

À part Cohn-Bendit et un chouïa le Bové, je trouve les Verts un peu cons-cons mais il n’empêche que puisque tout le monde n’a que le mot terroir à la bouche va falloir que nous nous en occupions, que nous le bichonnions. Z’en en avons les moyens, non ! À ce propos, sans verser dans la démago, comme on va s’faire le blot ensemble du côté du partage du gâteau le père Rocard et le frère convers Cantona ont des idées sur la question. Ils discuteront le bout de gras avec vous. L’avantage c’est que vous aurez du mal à en placer une avec Michel alors qu’Éric, en une poignée de mots, il vous donnera la pêche pour le boulot.

Donc, va falloir aller voir du côté des vers de terre, des abeilles et de la confusion sexuelle. Même des moutons ! Bon, j’vais pas faire l’intéressante mais je dois vous dire que je ne suis pas un fan de Monsieur Propre. Vive l’agriculture ! D’ailleurs j’ai vu que nous avions des chefs de culture, alors y’a pas photo nous allons en faire de la culture avec un petit et un grand C.

Comme moi j’ai grandi telle une herbe folle qui pousse dans les fentes des trottoirs, que chui pas le genre poulet aux hormones, moderato cantabile sur les engrais. Du côté maladie là je ne sais pas ce qui faut faire mais je m’en tiens à ce que je fais pour moi : quand je suis malade j’me soigne sans pour autant me bourrer de médocs. C’est basique mais j’ai entendu dire que pour faire du vin fallait récolter du raisin, et si possible qu’il soit mûr et sain.

Comme j’arrive à la vieille de la vendange vous allez m’avoir sur le dos. J’vous plains !

Reste le mystère du vin, ça j’ai hâte de voir et de sentir !

Que les maîtres de chai se rassurent je ne dirai ni ne ferai rien. Je suivrai leur vin à la trace jusqu’à l’assemblage. Moi ce que je souhaite c’est que nos vins épousent la personnalité de nos terroirs. Ce n’est pas de moi mais de mon grand ami Jean-Michel Deiss.

Voilà ce que voulais vous dire une grande sauterelle de la ville que vous appellerez Marie. Le boss ici c’est moi. C’est moi qui décide. Je ne suis pas sensible à la flatterie. Vous m’dites tout ce que vous pensez être bon pour qu’on fasse du bon boulot.

 Je lève mon verre à notre histoire commune...

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 07:00

photoB11.jpg

Champetier des Rib l’expert-comptable l’attendait dans le salon du château. À la grande surprise de Marie c’était un trentenaire bronzé, fringué en Armani, costar noir sur chemise blanche ouverte, qui arborait des petites lunettes cerclées d’écaille Tom Ford. Des Tod’s gold à picots aux pieds, mais une affreuse pochette bordeaux brisait son look étudié de dandy. Le bellâtre lui tendait une main manucurée ornée d’une chevalière blasonnée à l’annulaire :

- Hubert Champetier des Rib pour vous servir mademoiselle de Saint-Drézéry...

- Paulo, sauf à avoir trop forcé sur le Vray Croix de Gay d’la baronne G j’avais noté que les comptes de la commandite étaient entre les mains de François Champetier...

- Mon père ! Il est souffrant vous voudrez bien l’excuser mais rassurez-vous c’est moi qui tenait votre dossier...

- Fort bien mon beau ! Célibataire, je suppose !

-... oui mademoiselle de Saint-Drézéry...

- Bon plan mon petit Hubert, meilleure santé à votre père mais dites-lui que la godiche ne cherche pas chaussure à son pied...

- Vous vous méprenez... nous... je...

- Epargnez-moi votre petite musique Hubert. Planquez-moi cette pochette de douille et parlons chiffres. Paul nous voyions bien tout le personnel à 17 heures ?

- Oui chère Marie. Ils vous attendent avec impatience.

- Comme il fait beau nous ferons cela dehors. Vous avez pensé au champagne ?

- Est-ce bien convenable Marie vous êtes en deuil.

- Moi oui, pas eux ! À ce propos mon p’tit Hubert filez-moi la masse salariale pour que je pèse toute la peine du petit peuple face à la perte de leurs tauliers...

- Vous exagérez mademoiselle nous appliquions à la lettre la convention collective...

- Ça devait leur faire une belle jambe... Comme toujours j’exagère ! Je suis très taquine. Faudra t’y faire dents blanches haleine fraîche. Maintenant file-moi le montant des honoraires de nos aimables œnologues consultants !

Marie chaussait ses lunettes, épluchait fiche par fiche, soupirait, soulignait avec un stabilo jaune, notait des chiffres sur son petit calepin en moleskine acheté à l’Écume de Pages. « Putain, ils se goinfrent un max les chancres... je vais montrer tout ça à Éric pour qu’il me tire une situation au cordeau... » Tintin au Congo entonna « Canto, Cantona... » ce qui plongea le fringant Hubert dans un état proche de l’attrition face à un Lénine qui marquait joyeusement et consciencieusement son territoire par des petits jets de semence fraîche.

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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 02:00

Avant de retrouver la France j’ai beaucoup lambiné. Sur mon cargo-mixte j’ai pris goût plus encore à me laisser vivre, à lire, à me retrouver à table à l’heure dites à la salle à manger du commandant, à dormir des journées entières, à passer des nuits entières sur le pont à regarder la mer. De Belém nous sommes allés à Lisbonne, superbe ville dans un Portugal crevant de pauvreté sous la férule de Salazar. J’y suis resté attendant le retour du « Ville de Bayonne » qui devait transporter, après le déchargement de sa cargaison à la Palice, du Cognac et des Bordeaux pour le port de Gênes. Le capitaine, un homme peu disert mais cultivé, m’avait à la bonne. Nous jouions au poker avec ses seconds en discutant politique. Vieux radical cassoulet c’était un antigaulliste viscéral, grand lecteur du Canard Enchaîné et donc adepte de contrepèteries plus ou moins fine du style « madame la comtesse est folle de la messe », « quelle piteuse mine vous avez, ce matin » « la femme du capitaine m’a fait mander à bord » « la Chine se soulève à l’appel des Nippons ». Je les plumais à chaque fois mais comme j’étais le plus gros pourvoyeur de devises, ils se rattrapèrent au cours de notre périple Lisbonne-Gênes via Gibraltar en me vendant à prix fort des grands crus classés soutirés à la cargaison. La manip était simple, demandant seulement du doigté pour ôter avec soin le capuchon de plomb et décoller l’étiquette, et ainsi de bonnes simples boutanches de Bordeaux ordinaires prenaient la place pour la plus grande renommée de la place de Bordeaux. Nous les buvions bien sûr. Arrivé à Gênes j’aurais pu filer jusqu’à Milan rejoindre Chloé. Je me contentai de lui envoyer un télégramme « Encore des détails à régler, j’arrive pour la nouvelle année. »

 

De Gênes nous sommes allés au Havre où j’ai définitivement posé mon sac à terre. Le capitaine m’a payé un dernier verre dans un caboulot quai des Amériques qui longe le bassin René Coty. Tout près du bistro un type couvert de cambouis, mégot au bec, tenait un atelier de réparation de motos. Je lui acheté une vieille Terrot. En ce temps-là pas de permis moto, nous vivions encore une période bénie où la route restait un lieu de liberté. Pour ma reprise de contact avec mon foutu pays je voulais prendre mon temps, rousiner, ne pas me précipiter vers Paris. Par les petites routes j’ai rejoint les piles de l’imposant Pont de Tancarville que j’ai ensuite traversé pour me rendre dans le Marais Vernier. Je retrouvai dans cette enclave préservée un peu du parfum de mon pays natal : les marais sont des lieux particuliers, mystérieux, où la population consanguine voit arriver l’étranger avec méfiance. Nous étions en novembre, mon corps qui venait de vivre dans le vase clos douillet du bord sous des climats cléments se rétractait. Par bonheur j’avais fait l’acquisition d’une canadienne en cuir qui retenait mon peu de chaleur intérieure. Comme je commençais à avoir faim je me suis arrêté à l’Hôtel de la Marine tout près de Saint-Samson-de-la-Roque. La cuisine de la patronne était si bonne que j’y suis resté plusieurs semaines. Le patron qui était chasseur m’a emmené dans un gabion sur le Marais pour chasser à l’appeau vivant. Á ma grande surprise le lieu était confortable, chauffé par un petit poêle en fonte, et nous avons passé une grande partie de la nuit à manger de la charcutaille, du fromage arrosés de cidre fermier en bouteille de limonade et de café renforcé au Calva. Comme les gens d’ici sont des taiseux, adepte du « méfie-te », ils ne me posaient aucune question de peur que je ne les soumette au même supplice. Le Marais Vernier fut mon sas de décompression, même les quelques jeunes rouquines que je croisais, tout particulièrement la serveuse de l’hôtel de la Marine, un sosie de la Marlène Jobert avec un peu plus de poitrine, ne me tirèrent pas de ma chasteté.

7515403.jpgPour reprendre pied je lisais la presse. Chaque mercredi j’achetais le Canard Enchaîné pour recoller « aux affaires ». L’immobilier chauffait partout, avec la Côte d’Azur comme lieu de prédilection. Dans un article « Les gars de la Marina » la nouvelle astuce pour coloniser la Côte était le port-prétexte » en l’occurrence ici « Cannes-Marina ». L’auteur ironisait sur ce port-privé niché sur un petit fleuve côtier afin d’échapper au droit maritime « l’Administration ayant la bonté de considérer le port comme une banale piscine » Mais ce petit trou d’eau pour 1700 bateaux  n’était rien à côté du complexe immobilier de 5 immeubles, 3 tours pour la bagatelle de 8 à 9000 résidents. Le nom de Roland Nungesser, l’homme qui siégeait dans le Conseil d’Administration des frères Willot, dont la déconfiture permettra à la fortune de Bernard Arnault de se faire un pied de cuve pour le franc symbolique, en tant que président du club nautique de « Cannes-Marina ». Pour laisser entrer les bateaux relever le pont de chemin de fer et le pont routier ne sera qu’une peccadille de plus pour la SNCF et les Ponts&Chaussées, la France est bonne pour les promoteurs immobiliers mais implacable pour tous ces planqués de cheminots et de fonctionnaires. Bref, le premier adjoint au maire de Cannes M. Ladevèze est bien sûr directeur de la société promotrice avec pour avocat le très célèbre Me Rochenoir conseil de la « Garantie Foncière » et du « Patrimoine foncier » des frères Willot. « Que le monde de l’Immobilier est petit ! » concluait le journaliste. La République Pompidolienne cultivait ses bonnes vieilles traditions, allais-je y replonger plutôt que d’aller jouer au con avec les fous-dingues de la Péninsule ?   

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30 juillet 2011 6 30 /07 /juillet /2011 07:00

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« Puis-je me permettre mademoiselle de Saint-Drézéry...

- Allons Paul cessez tous ces chichis appelez-moi Marie !

- Comme il vous plaira mad... Marie... mais vous m’interrompez si vous me jugez indiscret. Comment avez-vous connu tous ces gens si importants mais si différents ?

-  Mes extra !

- Vos extras ?

- Oui Paul lorsque je turbinais au Monop de la rue de Rennes je distribuais des petits papiers avec mon téléphone pour que les bourgeoises du quartier puissent me sonner lorsqu’elles organisaient des coquetels. J’adore voir du monde et dans cette faune j’ai fait le petit choix que voici que voilà. La baronne G elle vendait en appart ses boutanches non étoilés alors que le Michel je l’ai chopé à la Sorbonne dans un grand raout très « j’me secoue la tête pour voir s’qui en tombe ». Canto c’est au Flore qu’on s’est causé. Yannick lui c’est dans un truc caritatif qu’on a papoté. Catherine j’l’ai croisé chez une copine. Bref, mon idée de créer un think tank, qui plus est baptisé « Sans Interdit » les a séduit... Simple, non !

- Si vous le dites Marie mais vous faites quoi au juste ensemble ?

- Jusqu’ici, rien de précis, on se contente d’écouter Michel et de noter les saillies d’Eric... Mais la donne a changée nous allons pouvoir passer la surmultipliée : le genre Cap Bonne Espérance !

- Du sponsoring ?

- Non, non mon cher Paulo, de l’intelligence, du sens, ça va décoiffer les indéfrisables et jaser dans les châteaux...

- Je n’en doute pas mademoiselle Marie vous êtes déjà si attendue...

- Ils ont sorti l’artillerie lourde aux meurtrières les poteaux Paulo...

- Vous êtes un peu sévère Marie, les propriétaires vous attendent avec un réel intérêt, les tergiversations de vos malheureux tantes et oncles mettaient le marché sous pression. Vous pesez lourd dans la tendance !

- Fort bien cher maître, croyez-moi je ne vais pas les décevoir ces petits loups !

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 07:00

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Autour de François de Ligneris, de Candolle reconnu d’abord Yannick Noah, toujours aussi décontracté, puis la fameuse baronne G qui bavardait avec un grand costaud un peu rustaud : c’est Eric Cantona lui chuchota son clerc qui était un supporter de Manchester et aussi des Girondins, tout à côté de la baronne G Catherine Ringer devisait avec un vieux monsieur digne, un peu vouté, qui masquait un tout petit bonhomme en costume-cravate qui tenait le crachoir à l’hôte du lieu. S’il avait eu un dentier, de Candolle l’eut avalé, quand il découvrit l’identité du ludion : « Michel Rocard, je rêve... » Des bouffées soixante-huitarde montèrent sous le front déplumé du notaire qui, à Assas, en un lieu dédié à l’extrême-droite avait brandi l’étendard de la révolte, adhéré au PSU pour les beaux yeux d’une grande gidouille et accessoirement pour le futur maire de Conflans, avant de perdre et ses illusions et ses cheveux. Il n’empêche que dans l’isoloir, en 1988, il avait voté pour le François de Jarnac rien que pour voir son Michel entrer à Matignon. Marie claqua des bises à tout le monde, sauf au vieux monsieur, qu’elle salua d’un merci d’être venu Monsieur Hessel, qui lui valut d’être embrassée sur les deux joues. Le déjeuner fut joyeux, bien arrosé, animé par les bretteurs de service : la baronne G, Michel et François dont les échanges furent entrecoupés de quelques aphorismes forts de Cantona. Sans être mauvaise langue, Rocard le débiteur de mots trouva son alter ego en la personne de la baronne qui, elle, les alignait avec une fougue qui tirait des sourires à Stéphane Hessel. Marie pouffait avec Yannick pendant que de Candolle, béat, s’étonnait de voir son clerc, d’ordinaire si discret, discuter avec flamme de la discographie des Rita Mitsouko avec une Catherine Ringer un peu éméchée. Lénine reconnaissant en lui un frère campait sur les genoux de Cantona pendant que Tintin au Congo pompette entonnait « Maréchal nous voilà ! » Aucun sujet sérieux ne fut abordé, même si Michel Rocard brossa à plusieurs reprises des fresques planétaires, et lors des adieux Marie se contenta de lancer à la cantonade « Je règle mes petits problèmes d’intendance puis je vous fais signe pour notre remue-méninges... »

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 07:00

photoB8.jpgAprès la visite à la morgue et l’approbation des détails de la cérémonie des funérailles organisée par Me de Candolle avec l’aide du curé de Saint-Émilion ayant reçu mandat de l’archevêque de Bordeaux le cardinal Jean-Paul Ricard, deux questions d’importance restaient à trancher : « qui allait porter les cordons du poêle des 5 catafalques ? », soit la bagatelle de 20 noms à trouver, et le cas de la Prussienne Olga de confession luthérienne. Les réponses lapidaires de Marie stupéfièrent le notaire. « Pour les cordons du poêle vous prenez les 20 propriétaires de GCC dans l’ordre décroissant des prix de leurs primeurs... et pour le cordon bleu, le mieux, c’est de la laisser reposer en paix dans son potager... » Lénine criait famine. Tintin au Congo voletait en chantant « Mort au gorille... » Me de Candolle et son clerc lui indiquèrent que ses tantes et ses oncles n’ayant rédigé et enregistré aucun testament elle, Marie de Saint-Drézéry, marquise de Bombon, héritait de l’ensemble des châteaux et que, dès à présent, en vertu des statuts de la commandite simple, elle se retrouvait de fait et de jure seule gérante de la société. Ils se rendirent dans les cinq banques de ses oncles et de ses tantes pour qu’elle puisse faire agréer sa signature puis traversèrent la Garonne pour gagner Pomerol où les attendait l’expert-comptable de feu son oncle Pierre-Henri. À la sortie de Libourne Marie demandait au clerc qui conduisait la limousine de passer d’abord par Saint-Emilion car elle souhaitait déjeuner à l’Envers du décor. Me de Candolle, prudemment, s’enquérait de savoir si elle souhaitait déjeuner seule. Marie lui rétorquait tout sourire « Soyez sans inquiétude cher maître mes invités vont vous surprendre... »

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 07:00

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L’arrivée de Marie à la gare Saint-Jean ne passa pas inaperçue : Tintin au Congo, déchainé, criait à intervalles réguliers « Au feu, les pompiers ! » pendant que Lénine, altier, juché sur l’épaule de sa maîtresse, tout hérissé, plus Persan que jamais, donnait le sentiment d’être une grenade dégoupillée. Me de Candolle, flanqué de son premier clerc, ne savait trop que faire face à cette grande brigue en tongs qui baillait aux corneilles sans se soucier de la nuée de photographes et de journalistes qui la pressaient de questions. Marie, plus ébouriffée que jamais, souriait, tout en faisant claquer, à intervalles réguliers, son bubble-gum, ce qui avait le don d’exciter plus encore son chat. Une grande pouffe de Voici se poussait du col pour lui poser la question la plus bête de l’année : « Mademoiselle de Saint-Drézéry quels sont vos projets ? ». Sans se démonter Marie lui répondait « Goûter les vins du dernier millésime ! » ce qui laissait pantois le représentant du syndicat des courtiers qui s’était glissé dans la meute. Derechef, il appelait ses commanditaires « Cette fille c’est tout sauf une gourde, je suis sûr quelle va nous donner du fil à retordre... » Bonne pioche car, sous ses airs de godiche, Marie cachait un esprit plein de répartie, et comme elle avait passée la fin de la nuit, sitôt Abraham reparti, à consulter sur le Net le blog de Robert Parker link, elle savait tout sur les tendances de la campagne des Primeurs 2010. Au petit matin elle avait même réveillé Michel Rolland pour lui demander son sentiment sur la qualité du millésime de ses châteaux. Pour se procurer le numéro de téléphone de l’œnologue-star, ainsi que ceux des grands propriétaires de GCC, elle avait eu recours à son pote Léonard, un hacker pointu. En passant, avant de partir pour la gare Montparnasse, elle avait acheté un petit calepin en moleskine à l’Écume de Pages. Dans le TGV, tout en buvant du café à la paille, elle en avait couvert les pages de crobars. Face à Lénine et Tintin au Congo estomaqués en passant à la hauteur de la gare de Libourne elle avait proclamé « ça va bouillir ! »

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 07:00

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Marie avait la pépie, Abraham lui tendit un jéroboam de champagne que venait de lui passer le capitaine des Pompiers. L’orchestre entamait « Ce soir je mets le feu ! » Ayant étanché sa grande soif et reçu un bisou dans le cou, Marie entamait elle la dernière ligne droite de la nécrologie des Saint-Drézéry. « Le premier frappé fut Pierre-Henri. Foudroyé ! Philémon, qui se réjouissait dans son for intérieur de cette disparition, pour de bonnes et de mauvaises raisons, ne put réprimer son absence d’affliction. « Ce garçon, comme tous les invertis, avait une petite nature. Que voulez-vous mes chers sœurs c’est la vie ! » mais lorsqu’il vit Marie-Adélaïde tourner de l’œil la panique le saisit. Il héla Olga qui s’empiffrait des restes du gueuleton. L’ex-maîtresse du dernier président de la RDA, le souriant Ulrich, ne fit pas plus de trois pas, elle s’effondra. La conjonction de l’e-coli, de la listéria et autres saloperies les fit passer un à un de vie à trépas. Ce fut le maître de chai, avant d’aller soutirer, qui les retrouva. Il appela le curé de Saint-Émilion qui, conduit par François Des Ligneris, arriva dans l’heure pour procéder à une extrême-onction rétroactive. François fit office de chauffeur mais aussi d’enfant de chœur. Sitôt finie la cérémonie, et après s’être envoyé un bon millésime du château débouché par le maître de chai ils téléphonèrent à Me de Candolle pour qu’il rapatrie Marie. La nouvelle se répandit telle une traînée de poudre et, par l’odeur alléché de beaux hectares de GCC, les prédateurs divers et variés prirent position. La seule question qui revenait en boucle était « Mais qui est donc cette Marie dernière Saint-Drézéry en vie ? » Des bruits, des rumeurs, une théorie du complot de l’ex-Stasi, l’hypothèse d’un contrat, montèrent ce qui contraignit le Procureur de la République de Bordeaux à mettre les pandores de Saint-Émilion sur l’affaire. La médecine légale révéla vite l’étendue du désastre sanitaire et les journalistes ameutés en furent pour leurs frais... » Abraham avant de regagner sa caserne posait Marie chez elle. Lénine était furax d’une entrée si matinale, il feula et Tintin au Congo jura que c’était le dernier que les boches n’auraient pas.

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 07:00

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Le feu d’artifice interrompait Églantine. Abraham l’entourait de ses grands bras et elle aimait ça. Lui au moins il ne la tripotait pas, ses gestes étaient tendres et attentionnés. Les kanaks vénèrent leur terre, il la respecte et pour Marie l’essentiel partait de là. Quand les lucioles s’éteignirent Abraham chargeait Marie sur son dos et comme elle avait noué les lacets des rangers de son beau légionnaire autour de son cou le tableau de leur équipage ne manquait pas d’attirer l’attention des passants. Ils atterrirent au bal des Pompiers de la caserne située près de St Sulpice et, après avoir dansé un rock endiablé sous le poignet ferme de son beau kanak, Marie reprit son récit. « La Olga rentrait de sa Prusse natale d’où elle avait rapporté des graines germées qu’elle avait, pour le déjeuner de la commandite, préparées avec des tomates du jardin. En plat elle le leur avait concocté des boulettes faites avec de la viande hachée achetée au Mutant, le hard-discount du coin. Comme la bouteille de gaz butane était tombée en panne la cuisson des dites boulettes en était restée à un certain degré de crudité. Le plateau de fromages se résumait en des régatons oubliés, avant son départ, dans le garde-manger par la teutonne. En dessert Olga leur servit des crêpes flambées. L’opération faillit tourner au drame lorsque Marie-Charlotte, jamais en reste d’une connerie, s’était penchée sur son assiette pour, dit-elle, « reconnaître le millésime du rhum ». Elle s’enflamma et il fallut qu’Olga actionnât l’extincteur pour qu’elle ne se transformât pas en torche vivante. Finement Pierre-Henri fit remarquer « Tiens, ça sent le roussi ! » en pensant que la disparition de ce boulet ne serait qu’un détail. En général, lors des assemblées générales de la commandite, ils buvaient le troisième vin de l’une de leur propriété mais là, Philémon, pour faire pression sur ses associés, avait fait servir un magnum de Vieux Papes que lui avait offert Pierre Castel à Vinexpo. Au café, qu’Olga agrémentait de chicorée, une majorité fut trouvée sur le niveau de la hausse : 40% grâce au ralliement de Marie-Charlotte au clan des maximalistes. Son soudain embrasement lui avait fait comprendre, avait-elle souligné, « qu’elle devait se préoccuper de sa destinée... » Pour fêter cette heureuse conclusion Pierre-Henri ouvrit un flacon de Veuve Amiot et porté un toast qui avait fait rougir ses deux prudes sœurs « à nos femmes, à nos chevaux, et à ceux qui les montent ! »  

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 00:09

Mon immersion vénitienne se prolongea. Jasmine fit un saut de puce par avion Venise-Gênes  via Rome puis s’embarqua sur un ferry pour la Corse. Elle récupéra Matthias et revint par le même chemin. Nous avions dégotté, loin des foules de touristes une chouette maison Vialle Giuseppe Garibaldi dans le quartier du Castello. C’est Jasmine qui en avait eu l’idée « Tu vas aborder tes années de plomb en Italie, alors pourquoi ne pas t’installer ici. Tu serais tout près de Milan et tu pourrais te replonger dans les lieux où tu as vécu. Et puis, je ne sais pas pourquoi j’ai envie de couver notre nouveau petit ici...

- Mais qui te dis que tu es enceinte ?

- Moi car si je ne le suis pas encore je vais l’être !

- Et notre petit Mathurin qu’en faisons-nous ?

- Quand arrêteras-tu d’affubler ton fils de prénoms baroques ! Notre Mathias je vais le chercher gros bêta.

- Va falloir que je retrouve mes marques. Mais bon je crois que tu as raison ma belle ça me fera une rupture. D’ailleurs je vais mettre fin à ce chapitre 8 interminable. Mon retour sur la France n’a été rien d’autre qu’une balade de santé où sur le cargo mixte je me suis enfilé « A la recherche du Temps Perdu de Proust » cadeau de Clarisse.

- Une qui n’est pas passée par la case lit !

- Ironise, comme tu le sais je n’ai pas toujours eu le choix...

- En plus il faudrait peut-être qu’en plus que je te plaigne coq de basse-cour ?

- Non petit cœur ce fut pour moi une belle période de chasteté empli d’un plaisir exquis.

- Madame Verdurin !

- Oui Jasmine j’ai un faible pour la Verdurin car avec elle on ne sait jamais si ce qu’elle prévoit est pur égoïsme ou d’attention aux autres. Je crois que Proust se moquait un peu d’elle. J’adore ce que disait d’elle sur France-Culture le beau petit précieux Enthoven, le papa du premier mouflon de Carla, Madame Verdurin, tout au délice de son croissant, se trouve littéralement dans la position humienne de celui qui considère qu’ « il n’est pas contradictoire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de son petit doigts ». Il cause riche ce garçon je ne suis pas sûr que son successeur atteigne de telles hauteurs de vues...

- Arrête ton ironie facile, lis-moi ce passage, j’adore !

- Qui te dit que je l’ai sur moi ?

- Moi !

- J’abdique.

- Oui rends-toi tu as tant à te faire pardonner...

- Tu ne crois pas si bien dire mon cœur car ces années de plomb ont été surtout des années de sang...

 

« Mme Verdurin, souffrant pour ses migraines de ne plus avoir de croissant à tremper dans son café au lait, avait obtenu de Cottard une ordonnance qui lui permettait de s’en faire faire dans certain restaurant dont nous avons parlé. Cela avait été presque aussi difficile à obtenir des pouvoirs publics que la nomination d’un général. Elle reprit son premier croissant le matin où les journaux narraient le naufrage du Lusitania. Tout en trempant le croissant dans le café au lait et donnant des pichenettes à son journal pour qu’il pût se tenir grand ouvert sans qu’elle eût besoin de détourner son autre main des trempettes, elle disait : « Quelle horreur ! Cela dépasse en horreur les plus affreuses tragédies. » Mais la mort de tous ces noyés ne devait lui apparaître que réduit au milliardième, car tout en faisant, la bouche pleine, ces réflexions désolées, l’air qui surnageait de sa figure, amené probablement là par la saveur du croissant, si précieux contre la migraine, était celui d’une douce satisfaction. »

 

- C’est Le Temps Retrouvé ?

- Oui mère de mes enfants...

- Moque-toi !

- Que non ma belle toi tu n’es pas la Verdurin qui lorsqu’elle s’exclame «Ah, quelle horreur » ne sent ressent rien car pour elle c’est juste ce qu’il convient de dire en face d’une telle situation. Madame Verdurin tout ce qui ne la touche pas ne l’intéresse pas.

- Tu me flattes coquin !

- Non je t’aime...

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