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24 juillet 2016 7 24 /07 /juillet /2016 08:00
CHAP.17 extrait sec, à l’occasion, venez nous voir, me voir : il faut garder les liens. Peut-être entendrez-vous les grillons, sans doute écouterez-vous le silence… Michel Rocard

J’ai enfin fait mon deuil.

 

Toute une vie pour revenir à la vie, traverser mon chagrin, lâcher mon refus, ne plus maîtriser mes émotions et accepter la réalité de la perte.

 

« Le travail du deuil est incompressible, on ne peut ni l’accélérer ni sauter des étapes. Il ne connaît pas le temps, il a ses tours et ses détours, ses haltes, on ne peut que se rendre disponible pour ne pas entraver ses mouvements. »

 

« On devient jeune à 60 ans. Malheureusement c’est trop tard. »

Pablo Picasso

 

Entre Marie et Émilie, ma vie, trop tard !

 

Moi je me souviens du 24 mai 68

 

Elle et moi, comme isolé du monde, nous étions seuls au monde, sur une île, genoux contre genoux car elle venait de s'asseoir face à moi. Ce elle me crispait. L'échange était inégal. Insoucieuse de mon infériorité, elle se penchait vers moi pour me murmurer à l'oreille, en pouffant, « vous croyez que nous allons bâtir un monde meilleur... » Tout en m'extasiant sur ce nous, que je réduisais à deux, je réfrénais mon envie d'effleurer de mes lèvres la peau ambrée de son cou. Une trace de sel, d'embruns, je la sentais naïade. Tel un naufragé, abandonnant le souci du bonheur de l'humanité opprimée, je m'agrippai à cette intuition en lui posant une question étrange : « aimez-vous la mer ? »

 

Marie aimait l'océan. Dans son maillot de bain une pièce blanc nacré elle était sirène glissant vers le large pour n'être plus à l'horizon que le petit point blanc de son bonnet de bain. Moi, terrien balourd, emprunté je l'attendais, un peu anxieux, debout sur la grève. Elle était mon Ursula Andress que j’enveloppais à sa sortie de l’eau dans un grand drap de bain. La frictionner. Lui dire que ne nous ne nous quitterions jamais. Elle répondait oui vif et enjoué. La serrer fort pour entendre son coeur cogner contre ma poitrine.

 

Ce premier jour d'elle, à la terrasse du Conti, place Royale, pendant le temps où elle ne fut encore qu'elle, j'en garde bien plus qu'un souvenir, je le revis chaque jour. À ma question idiote elle avait répondu, en empoignant son grand cabas de fille, un oui extatique, en ajoutant « c'est mon univers Benoît... »

 

Nous nous étions levés, hors le monde, ce monde plein de bruits et de fureur. Naturellement elle avait glissé son bras sous le mien. Devant nous les cercles s'ouvraient. Nous les fendions sourire béat aux lèvres. Nos amis, nos camarades, des à elle, et des à moi, nous lançaient des petits signes de la main. Aucun ne s'étonnait de nous voir ainsi, c'était cela le charme de mai, ce doux parfum de folle liberté, coeur et corps, hors et haut. J'étais fier. Elle traçait un chemin droit. Nous laissâmes le fracas de la nouvelle place du Peuple derrière nous. Sur le cours des 50 otages nous croisions un groupe de blouses blanches remontées, bravaches comme s'ils allaient au front. Dans le lot, un grand type tweed anglais, nœud papillon et Weston, gesticulait plus que les autres, l'oeil mauvais et le rictus aux lèvres. Arrivé à notre hauteur, il vociférait :

- Alors Marie on se mélange à la populace...

Les doigts de Marie se faisaient fermes sur mon bras. Nous passions outre. Elle, devenue soudain Marie par le fiel de ce grand type hautain, d'une voix douce, me disait comme à regret, « ne vous inquiétez pas Benoît, ce n'est qu'un de mes frères... Il est plus bête que méchant... » Son vouvoiement, léger, mutin, me transportait, tout en elle me plaisait. Elle m'emballait. Je la suivais. Sur le trottoir du grand magasin Decré Marie me montrait un vieux Vespa vert d'eau. Nous l’enfourchâmes. Tous les gestes de Marie étaient déliés, aériens, dans ma tête en éruption je me jurais que je la suivrais tout autour de la terre, tout au bout du monde, là où elle voudrait. Pour l'heure, sans casque, nous filions vers Pornic. Filer est une façon de parler car l'engin ronronnait comme un vieux matou, il nous laissait le loisir d'apprécier le paysage et de papoter. Tout un symbole, Marie pilotait et moi, avec délicatesse, j'enserrais sa taille et je l'écoutais. Quel bonheur de se taire. Marie volubile parlait, parlait de moi et j'avais le sentiment de faire partie de sa vie depuis toujours. Spectatrice de nos palabres interminables elle avait su pénétrer dans les brèches de mon petit jardin d'intérieur. Moi, le si soucieux de préserver l'intégrité de celui-ci, sans me cabrer, j’entendais Marie la douce me dire tout ce que je refusais d’entendre.

 

Marie, son prénom, son scooter vert et son grand frère arrogant, voilà en tout et pour tout ce que je savais d'elle et l'affaire était pliée. J'allais passer ma vie avec cette grande fille droite et simple. Nous sommes allés manger des berniques et des sardines grillées sur la terrasse d’un petit restaurant aux volets bleus. Nous étions les seuls clients. Le serveur, sans doute impressionné par nos airs extatiques, nous offrait Françoise Hardy :

 

Tous les garçons et les filles de mon âge

Se promènent dans la rue deux par deux

Tous les garçons et les filles de mon âge

Savent bien ce que c'est qu'être heureux

Et les yeux dans les yeux et la main dans la main

Ils s'en vont amoureux sans peur du lendemain

Oui mais moi, je vais seule par les rues, l'âme en peine

Oui mais moi, je vais seule, car personne ne m'aime...

 

Le 45 tours du juke-box grésillait. Je disais à Marie : « J’aime bien Françoise Hardy…

 

Elle riait : « Et moi tu m’aimes comment ?

 

- Comme le beurre de sardines...

 

- J'ai peur... Tu vas me croquer...

 

- J'hésite...

 

- Menteur !

 

- Quand j'étais petit j'aurais vendu mon âme au diable pour une bouchée de pain qui avait saucé le beurre de sardines...

 

- Je note et je commence à te croire…

 

- Je t'aime tout court !

 

- Que tu dis.

 

- Avant toi je ne l'ai jamais dit.

 

- Menteur !

 

- Et toi tu m’aimes ?

 

- Je ne veux que toi !

 

- Alors c'est simple, puisque je t'aime plus que le beurre de sardines, je vends mon âme au diable pour toi.

 

Nos mots, nos rires, nos silences, le Muscadet, les deux babas au rhum couverts de Chantilly, le mitan du grand lit, des draps frais et parfumés, un rideau de gaze qui se gonflait sous la brise, nos caresses, nos premiers émerveillements, le coeur de la nuit, le lisse de ses cuisses, son souffle sur mon cou, nos enlacements, nos maladresses, le rose de l'aurore, la découverte de nos corps, notre désir. Chaque seconde était bonheur, simple comme le bonheur. Mettre des mots sur lui serait le rendre mièvre. Marie et moi on se fichait pas mal de le cerner, de le retenir, il nous était tombé dessus comme ça, c'était bon, c'était à nous rien qu’à nous. Le 24 mai 1968 fut le jour d'elle, le seul jour, l'unique et irremplaçable.

Aujourd’hui, je m’enferme et je pose la première pierre « D’extrait sec. »

 

Seule la dédicace est couchée sur ma page.

 

Peut-être ne verra-t-elle jamais le jour par la faute d’un éditeur insoucieux de mes amours.

 

Qu’importe !

 

Après le deuil, la renaissance dans la douleur de ce qui ne sera jamais abouti.

 

J’écris !

 

Elle est partie au bout de la terre et elle ne pense même pas à moi qui ne pense qu’à elle, ainsi va la vie.

 

Je m’accroche à la vie en pensnat à ce que me disait ma mère « à l’écoute de toi du passe trop de temps… »

 

Je lis aussi.

 

Dans ce texte écrit deux ans avant sa mort, l’ancien Premier ministre, qui n’a «pas une goutte de sang corse» explique pourquoi il voulait reposer à Monticello. Lues par son fils aîné lors de la cérémonie au temple de l’Etoile, ces lignes nous ont été transmises par un ami de la famille.

 

Michel Rocard : «J’irai dormir en Corse»

 

Le temps viendra bientôt, pour moi, comme pour tous, de quitter la compagnie des vivants. Enfant de la guerre, préservé presque par hasard des souffrances les plus atroces qu’elle a pu engendrer, j’en ai côtoyé le risque d’assez près pour avoir ensuite voulu découvrir, observer, savoir, analyser, comprendre, visiter aussi les lieux d’horreur d’Alsace, d’Allemagne, de Pologne, plus tard d’Algérie ou du Rwanda. Toute mon adolescence, j’ai rêvé que ma trace soit porteuse de paix. Je ne pense pas avoir manqué à ce vœu. Certains le savent encore en Algérie, tous en Nouvelle-Calédonie, je fus un combattant de la paix. N’était la violence des hommes, la nature étant si belle, la vie aurait toutes ses chances d’être merveilleuse si nous savions y créer l’harmonie. Ce fut l’effort de mon parcours.

 

Reste un rêve un peu fou, encore un : que ma dernière décision, l’ultime signal, le choix du lieu où reposer, soit pour tous ceux qui m’ont aimé, ou même seulement respecté, une évidente, une vigoureuse confirmation. Après tout, le déroulement de la vie elle-même a son rôle à jouer dans ce choix final.

 

Sylvie, ma dernière épouse, m’a fait, le temps de ce qui nous restait de jeunesse, redécouvrir l’amour, puis surtout rencontrer sérénité, tranquillité, confiance, le bonheur tout simplement.

 

A son père adoptif corse, elle doit le sauvetage de son statut social, mais pas l’affection. Elle lui doit pourtant un lieu, celui de ses joies d’enfant, de ses premières et longues amitiés, de l’exubérance de la nature, de sa beauté et de ses odeurs, au fond le lieu de son seul vrai enracinement. C’est un village, Monticello en Balagne.

 

Je n’ai pas une goutte de sang corse, et n’avais jamais mis les pieds sur l’île avant 1968. Le mois de mai de cette année-là avait échauffé les esprits. Je ressentis puissamment le besoin de rassembler pour une bonne semaine, la quarantaine la plus active d’étudiants et de cadres du PSU. La mutuelle étudiante rendit cela possible en Corse. «De la violence en politique et dans l’histoire, pourquoi ? Jusqu’où ?». Tous les jours exposés, découvertes de textes, réflexions, discussions… Tous les soirs et le dimanche, pour moi, découverte de cette merveille du monde, la Corse, qu’habitaient deux bonnes centaines de militants PSU… Paysans, historiens, chercheurs, animateurs du nationalisme non violent prirent à cœur d’être mes instructeurs. Je découvris la violence de l’histoire corse, ne l’oubliai plus, j’appris surtout à la connaître et à la respecter. J’en parlai beaucoup, j’écrivis même.

 

Mais je m’occupais d’autre chose, longtemps d’Europe notamment sur la fin. Vint cette situation bizarre où la régionalisation des élections européennes, combinée avec les manœuvres internes au PS firent de moi la «tête de liste» socialiste pour les élections européennes de 2004 en Corse… J’avais sur ma propre tête 22 campagnes électorales de toutes dimensions de la France entière à ma commune. La Corse m’honora de 28 %. C’est le record absolu de toute ma vie sur trente-cinq ans. C’est aussi le record régional du PS à ces élections-là. C’est enfin le record historique de la gauche sur l’île. Et puis Monticello : 37,2 % tout de même. L’occasion ne m’avait jamais été donnée de remercier. Ce sera fait. A Monticello, le cimetière est plein. Ne restait dans la partie haute, au-delà des caveaux, qu’une microparcelle trop petite pour une tombe, suffisante pour deux urnes, au ras de la falaise. Arbres et tombeaux, tout est derrière nous. L’un des plus beaux paysages du monde. Et puis bien sûr, qui dit cimetière dit réconciliation… Le grand Pierre Soulages s’est chargé de pourvoir à ce que les objets à placer là, une urne puis deux, un support, une plaque puis deux, magnifient la beauté du lieu plutôt que de la déparer.

 

A l’occasion, venez nous voir, me voir : il faut garder les liens. Peut-être entendrez-vous les grillons, sans doute écouterez-vous le silence… A coup sûr la majesté et la beauté de l’endroit vous saisiront. Quel autre message laisser que de vous y convier ?

 

Michel Rocard ancien Premier ministre

 

Boualem Sansal : «Nommez l’ennemi, nommez le mal, parlez haut et clair»

Le Monde.fr | 25.03.2016 à 10h13

 

Si, aujourd’hui, il est un mot à bannir du langage, c’est le mot « résister ». Résister, c’est donner l’avantage à l’ennemi, lui offrir l’honneur de porter le dernier coup, c’est capituler et mourir.

 

Résister c’est quoi, quand l’ennemi est déjà dans la forteresse et dispose alentour de réserves fraîches qui ne demandent qu’à passer à l’action ? C’est quoi, quand on a si peur de lui qu’on l’appelle ami, qu’on lui trouve toutes les excuses, quand en vérité l’ennemi c’est nous-même ? Il ne faut quand même pas oublier le début de l’histoire : cet ami qui égorge nos femmes et nos enfants et saccage nos demeures, nous l’avons accueilli, couvé, choyé et même, à tout dire, créé. Ben Laden était le fils de qui, le protégé de quelle compagnie ? Khomeiny habitait où, Bouteflika se soigne où et à l’œil, où Kadhafi a-t-il planté sa tente, etc., etc., etc., etc., etc. ? Ces hommes ne sont-ils pas, n’étaient-ils pas des ennemis de l’humanité, de peuples entiers à tout le moins ?

 

Résister c’est quoi, quand on travaille à faire taire toute contestation dans le pays et empêcher les citoyens de se mobiliser et de monter au front ? Priver un peuple du combat pour sa vie et son honneur, c’est le tuer et le déshonorer, ses enfants ne le lui pardonneront jamais. C’est un génocide. Ce combat, on le mène soi-même, il ne se délègue pas, ne se reporte pas, le sang du peuple doit couler héroïquement pour que les chants de gloire à venir soient de vrais chants.

 

Ce n’est pas tout. Contre qui et quoi veut-on résister ? Les Chinois, les Martiens, la fièvre jaune, la pollution ? Qui veut-on éliminer : des lampistes, des poseurs de bombes occasionnels, la finance internationale, une religion, une organisation secrète, une secte, des émirs ?

 

Nommez l’ennemi, nommez le mal, parlez haut et clair, tout est là, le reste est détail, il relève de la technique.

 

Si les autorités manquent de mots, je peux leur prêter les miens : l’islam radical, l’islam modéré comme son appoint, le salafisme, l’Arabie, le Qatar, les dictatures arabes malfaisantes.

 

Au stade où en est l’affaire, le seul mot valable est ­ « attaquer ».

 

Et là se posent deux questions cruciales. La première : sommes-nous capables de nous battre et de verser notre sang si on ne croit pas à nos valeurs, si on les a déjà trahies mille fois ? La seconde : quel est ce brillant et courageux chef qui va nous conduire à la victoire ?

 

Il faut y répondre avant tout ordre de marche, car s’apercevoir en chemin de l’inutilité de son combat et de l’incompétence de son commandant en chef, c’est offrir gratuitement son cou au couteau de l’ennemi.

 

Quand on sait cela, on sait se battre et on sait aussi être magnanime. La victoire n’est pas tuer mais sauver, aider, accueillir, construire.

 

« Aux arrrrmes citoyens, formeeeeez vos bataillons… » est-il toujours l’hymne de ce pays ?

 

Boualem Sansal, écrivain algérien, a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française 2015 pour ­2084 : la fin du monde (Gallimard).

 

Pourquoi nommer les choses

 

Si les espèces incarnent la vie sous toutes ses formes et que les nommer permet de les sortir de l’anonymat, alors il convient de bien choisir ces noms. Quel bonheur à ce titre que la bien nommée Umma gumma, une libellule étincelante désignée de la sorte en référence à un album des Pink Floyd, Ummagumma (qui signifie « faire l’amour » en argot). Quant aux libellules à longues pattes, Notogomphus kimpavita et N. gorilla, elles furent appelées ainsi en référence au saint patron et symbole de la conservation des régions en Angola et en Ouganda.

 

Mais qui donc part à la découverte de ces espèces, qui donc les fait connaître au genre humain ? La nature est aujourd’hui prisonnière des demandes et besoins sans cesse grandissants des hommes… L’expertise environnementale est à la solde du marché. Nombreux sont les biologistes qui ne sortent plus de leurs labos et, sans moyens pour découvrir et faire connaître, même les muséums d’histoire naturelle semblent avoir jeté l’éponge.

 

Seules 9 de nos 60 libellules furent découvertes par l’un d’entre nous alors qu’il travaillait pour une université ou un muséum. 33 autres le furent lors d’une mission de consultation et 18 autres par un professeur. Aujourd’hui, les meilleures recherches en biodiversité proviennent d’amateurs et d’universitaires dévoués qui y consacrent leur temps libre.

 

Dans nos sociétés gouvernées par l’argent, la bienfaisance réside dans ce que nous faisons à titre gracieux pour les autres. Mais nous ne pouvons pas uniquement nous reposer sur les bonnes volontés pour protéger l’environnement ; de même que nous ne pourrons conduire l’exploration de la vie sur la planète Terre sans de vrais renforts. La nature a besoin de plus d’explorateurs !

 

Valls hué: une injure à la République, une aubaine pour le FN ICI 

 

Menteur, narcissique, sociopathe : Donald Trump vu par sa plume cachée

LE MONDE | 18.07.2016 à 16h35| Par Luc Vinogradoff

 

Donald J. Trump est devenu, à la fin des années 1980, l’incarnation d’une certaine idée du rêve américain : le businessman charismatique et manipulateur, le self-made-man capable de vendre de l’eau à un homme qui se noie, l’homme qui ne doit rien à personne.

 

Cette image soigneusement entretenue a pris une autre dimension depuis que Trump s’est lancé, avec succès, dans la course pour la nomination républicaine à la Maison Blanche. A quelques heures de l’ouverture de la convention qui scellera son statut de candidat, un homme qui connaît très bien Donald Trump, et qui n’avait jamais abordé le sujet avec autant de détails jusqu’à présent, a parlé. C’est l’homme qui a façonné « le mythe Trump ».

 

En 1985, Tony Schwartz, alors journaliste, devient le nègre de celui qui n’est alors qu’un joueur parmi d’autres dans l’immobilier et les casinos de la côte Est. Après avoir passé plus de dix-huit mois en sa compagnie, il écrit Trump, the Art of the Deal, mi-hagiographie, mi-manuel de motivation pour devenir Donald Trump. Le livre fut un immense best-seller, rapportant des millions de dollars et cimentant dans l’imaginaire collectif l’image que Trump voulait donner de lui-même.

 

Or tout ou presque était romancé, exagéré ou carrément faux. Presque vingt ans plus tard, alors que le « héros » du livre peut potentiellement devenir l’homme le plus puissant de la planète, le désormais ex-journaliste qui a tout fait pour le rendre sympathique – « J’ai mis du rouge à lèvres sur un cochon » – prend la parole dans le New Yorker pour dire qu’il « regrette profondément ». Et qu’il a de plus en plus peur. Car toutes les tares et les traits de caractère qu’il avait perçus à l’époque (le mensonge systématique, l’absence d’empathie, le narcissisme extrême, une coupure totale avec la réalité) se sont dangereusement exacerbés depuis.

 

C’est un « sociopathe »

 

« Je pense sincèrement que si Trump gagne et obtient les codes nucléaires, il y a de très grandes chances que cela entraîne la fin de notre civilisation. »

 

Le constat de Tony Schwartz peut sembler exagéré, mais il le dit très sérieusement. Cela n’a rien à voir avec l’idéologie, dit-il, car il pense que Donald Trump n’en a pas. « Le problème était sa personnalité, que Schwartz considérait comme pathologiquement impulsive, égocentrique » et « obsédée par la publicité » écrit le New Yorker.

 

A ceux qui pensent que le Trump de la campagne, insultant, abrasif, moqueur, incohérent parfois, sera différent du Trump qui entrerait à la Maison Blanche, l’ex-journaliste répond : « Il n’y a pas un Trump privé et un Trump public […]. Tout ce qu’il veut, c’est de la reconnaissance extérieure, toujours plus. » S’il devait écrire à nouveau The Art of the Deal et être honnête, il l’appellerait Le Sociopathe.

 

« Les millions de personnes qui ont voté pour lui et croient qu’il représente leurs intérêts apprendront ce que tous ceux qui ont vraiment eu affaire à lui savent déjà : il se fiche complètement d’eux. »

 

Il n’a aucune capacité de concentration

 

Tony Schwartz se rappelle que, pour écrire le livre, il a dû abandonner la technique de travail habituelle, qui consiste à poser des questions à la personne dont parle le livre, car Trump se comportait « comme un gamin de maternelle qui ne peut pas rester tranquille en cours ».

 

« Il est impossible de le faire se concentrer pendant plus de quelques minutes sur un sujet qui ne concerne pas son auto-glorification (…). Il est stupéfiant de voir à quel point ses connaissances sont superficielles (…). S’il devait être briefé dans la “situation room” [salle de crise de la Maison Blanche], je ne l’imagine pas rester concentré très longtemps. »

 

Sa nécessité d’être au centre des choses est aussi « complètement compulsive ». Schwartz use d’une métaphore un peu douteuse avec un junkie voyant dans la présidence des Etats-Unis le fix ultime d’un homme qui s’est toujours shooté à la reconnaissance.

 

« Il a réussi à augmenter la dose pendant quarante ans. La seule chose qui lui manquait était d’être candidat à la présidence. S’il pouvait se présenter pour être empereur du monde, il le ferait. »

 

Il ment comme il respire

 

Le mensonge est un outil que tout homme politique qui veut durer a utilisé, mais pour Donald Trump, c’est plus profond – « une seconde nature » – et presque maladif, à en croire Tony Schwartz.

 

« Il a, plus que n’importe quelle autre personne que j’ai connue, cette capacité à se convaincre lui-même que tout ce qu’il dit est vrai, ou à moitié vrai, ou, au moins, devrait être vrai. »

 

Les mensonges que Schwartz a passés sous silence pour la biographie sont anodins (le prix d’un achat, le lieu de sa naissance), financiers (pour doubler un concurrent ou écarter un partenaire) ou plus profonds (le mythe du self-made-man s’effondre lorsqu’on sait que c’est le père, Fred Trump, qui a lancé le fiston), mais ils sont constants.

 

S’il était attaqué sur ses mensonges ou approximations, « Trump en remettait une couche et devenait agressif », ce qui n’est, note le New Yorker, « pas une qualité idéale pour un chef d’Etat ».

 

Donald Trump, qui n’a jamais caché ce comportement pendant la campagne, le prouve lorsque le New Yorker l’appelle pour les besoins de l’article. Il jure que Tony Schwartz – « très déloyal ! » – n’est que le « coauteur » et que c’est lui qui « a écrit le livre […], certains disent même que c’est le livre de business le plus vendu de tous les temps ». Ce que la maison d’édition dément totalement – « Trump n’a pas écrit une ligne ». Le milliardaire « s’est apparemment auto-convaincu de l’avoir écrit », constate le New Yorker.

 

La croix de Tony Schwartz

 

« The Art of the Deal », sorti en 1987, fut un immense best-seller, rapportant des millions de dollars et cimentant dans l’imaginaire américain l’image que Trump voulait donner de lui-même.

 

Après avoir lu cette longue confession, on comprend que Tony Schwartz a l’impression de porter une croix. Il se sent coupable d’avoir participé à la création d’un monstre, et à mesure que la candidature de Donald Trump passait de la blague à la réalité, il a décidé de dire sa vérité, même si cela s’apparentait à un crachat dans la soupe (en tant que coauteur, il a empoché la moitié des royalties, qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars).

 

« J’ai de profonds remords d’avoir contribué à faire de Trump quelqu’un de plus attirant qu’il ne l’est réellement, et à lui avoir donné un public élargi […]. Je garderai cela en moi pour le reste de ma vie. Il n’y a aucune façon de le réparer. »

 

Pour tenter de « racheter son âme », il va donner sa part des royalties reçues en 2016 à des ONG et œuvres caritatives « qui défendent des personnes dont Trump veut réduire les droits ».

 

Sa contribution à détruire l’idole qu’il a en partie érigée a beau être l’équivalent politique d’un bombardement au napalm, on a bien vu, tout au long de la campagne, que même les polémiques les plus toxiques glissent sur Donald Trump comme de l’eau sur les plumes d’un canard.

 

Dérapages de Wauquiez et Douillet : au secours, la droite revient ! ICI 

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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège Guaino. « On doit pouvoir stopper un camion qui ne répond pas aux sommations… Il suffit de mettre à l’entrée de la promenade des Anglais un militaire avec 1 lance-roquettes et il arrêtera le camion »

Je n’ai pas rechuté car je suis resté debout, parfois en vacillant, doutant, désespérant, mais l’amour, dit le poète, c’est le printemps. Il monte en vous, vous séduit doucement et tendrement, mais il vous arrime comme les racines d’un arbre. C’est seulement en s’apprêtant à partir qu’on s’en rend compte qu’on est incapable de bouger, qu’il faudrait se mutiler pour se libérer. Voilà ce qu’on ressent. Ça ne dure pas, du moins ça ne devrait pas. Mais ça vous serre la poitrine comme une pince métallique… »

 

Elle était à nouveau devant moi, belle comme au premier jour, Émilie me faisait face telle que je l’aime depuis  jour. Je m’extasiais, sa robe, ses sandales, son sourire, ses yeux, son allure. Le manque d’elle, radical, en un retour en force irrépressible s’apaisait. Certes je la voulais tout contre moi. La sentir. Graver son corps sur le mien. Explorer chaque courbe, chaque sente secrète du pays de son corps. L’embrasser. Caresser ses cheveux. La sentir palpiter. S’abandonner. Se donner. S’offrir à mes caresses. Ne lui laisser aucun répit. La faire prisonnière de mon désir dur, me libérer de la tenaille de cet amour sans avenir. J’inspirais. Me maîtrisais. Mes mains, mes mains, se contentaient d’effleurer ses épaules, de caresser ses doigts. Les mots me manquaient un bref instant, je laissais la tendresse m’investir doucement, dénouer ce nœud de regrets indémêlable, pourquoi diable étais-je tombé amoureux d’elle, amoureux à la folie, sans espoir de rémission ? Qu’importait, elle était là, face à moi, rien qu’à moi. Je me laissais aller à mon plaisir, j’étais heureux comme jamais je ne l’avais été. Apaisé.

 

J’aime tout autant partir que revenir, éminemment casanier j’ai passé ma vie à errer, à dilapider mes souvenirs, sans jamais quitter mon petit jardin d’intérieur bien cadenassé où nul n’était jamais entré. Sur mon lisse tout glisse, je m’étais toujours protégé de l’amour avec un grand A de peur que celui qui m’avait investi tout entier, avec l’irruption de Marie dans ma vie, ne s’érode. Ne se réduise en sable. Mon indifférence affichée me plaçait à la bonne distance, je me plaisais, me complaisais en des embrasements passagers, corps à corps, jeu de la séduction sans engagement ni serment. Je me laissais aimer. Je me lassais. Partait. Me retirait comme le flux de la marée pour revenir. Toujours au sec, bien à l’abri sans rechercher ce fameux bonheur que nul ne trouve jamais. Je me contentais de la chaleur de mes compagnes aimantes sans m’investir, agent dormant de l’amour, sdf dans son no man’s land, tranquille quoi. Et puis patatras, elle a surgi, venant de nulle part, me bouleversant. J’aurais dû fuir de suite, la fuir, fuir cet amour dur, tranchant, trop belle pour moi ! Tout me plaisait en elle. J’étais fichu, prisonnier à perpétuité. Ça me plaisait. Je l’aimais avec une force tranquille, paisible.

 

Une main invisible venait de me conduire là où je voulais aller depuis qu’Émilie était entrée dans ma vie.

 

« Je ne veux pas ici parler simplement d’attirance sexuelle. Je ne veux pas parler de l’automatisme rigide d’une habitude sexuelle bien établie. Je ne peux faire allusion à ce qu’on appelle « tomber amoureux ». Vous connaissez ces choses comme la plupart des gens. Ces choses existent dans le contexte de la vie et du monde tel que nous le connaissons. Ce dont je veux parler n’a aucun contexte, ça existe en soi ; c’est en soi un univers que cet élan qui se satisfait de lui-même »

 

Mon cœur cognait. Je touchais sans doute à la traduction de ce que j’étais en train de vivre avec toi.

 

« Vous êtes-vous jamais trop éloigné de la rive quand la houle est très forte après une tempête, et que la grande vague déferlante arrive sur vous avec fracas, vous dominant des tonnes de sa masse de marbre gris-vert, glacée et cependant en fusion, qui glisse vers vous car c’est bien de cela qu’elle a l’air avec sa frange emplumée d’écume qui fouette le bleu étincelant du ciel ? La masse se dresse et vacille sur le ciel juste au-dessus de vous. Vous savez que, si elle vous atteint dans sa chute, elle vous brisera les reins.

 

Mais plongez dessous. Percez-la. Entrez dans ses profondeurs. Insinuez-vous au plus intime de ses ténèbres frémissantes. C’est votre seul espoir. Alors vous entendez le fracas de la masse mortelle qui s’effondre derrière vous. Non, pas un bruit exactement ; une sorte d’exaspération des nerfs suivie par un silence, et dans ce silence vous entendez, littéralement maintenant, le grincement creux, susurrant, des galets écrasés au-dessous de vous dans la profonde aspiration de l’eau.

 

Ce dont je parle ressemble à cela. Si vous y êtes passé, vous comprendrez. Sinon, vous avez sans doute eu de la chance… »

 

Tu vois Émilie, contrairement à Jed Tewksbury le narrateur, et ses 17 ans, face à la très belle Rozelle Hardcastle, moi, au bout de ma vie, je vis ce moment avec toi, cet élan, comme un temps suspendu, incomparable, la plus belle chance de ma vie. Enfant, au bord de l’océan, je rêvais de me lover sous la peau de la mer et j’allais plonger sous les vagues en me disant que ma vie serait belle.

 

Elle l’est c’est grâce TOI.

 

Moi qui n’ai que peu de certitudes, j’en ai maintenant une, chevillée au cœur, Émilie nous nous aimons, à notre façon, à ta façon, et cela suffit à mon bonheur.

 

Nous nous sommes parlés comme jamais, avons échangé sans fard ni faux-semblants, tu m’as dit « je finirai vieille fille », j’ai avoué que tu m’avais rendu jaloux, que je l’aimais heureuse mais que je détestais ses petits amoureux. Elle a ri. Nous avons fumé. Le reste est à nous, rien qu’à nous.

 

Dans la cour des Invalides, ils m’ont invité à Matignon mais la page s’est tournée avec le catafalque drapé de tricolore porté par de jeunes hommes et je n’ai plus envie.

 

Lire, sortir, aller sur le toit d’Émilie.

 

Mes belles amies m’ont fêté, gâté, entraîné yeux bandés au bar Hemingway du Ritz, j’assume avec bonheur, sans ostentation mon statut de vieil homme indigne.

 

« Nous sortions dès la tombée du jour, suivions un sentier à travers le désert, puis descendions dans un petit canyon jusqu’à un terrain plat encerclé de quatre arbres. L’humidité de la nuit inondait le sol qui avait été chauffé à blanc depuis le matin, libérant des odeurs de terre et d’herbe. Nous nous allongions à cet endroit jusque tard dans la nuit, les narines saturées des fragrances alentour. Les arbres traçaient des frontières entre les étoiles sur la carte du ciel. Notre amour semblait dépendre de notre aptitude à ne pas le nommer. Nous avions la certitude que si l’un de nous prononçait « je t’aime », l’instant suivant, ce serait un mensonge. Alors nous nous aimions en nous jetant des sorts à la figure, avec des mots joyeux et grivois. Comme mon vocabulaire était plus étendu que le sien, elle finissait toujours par se boucher les oreilles. »

Dashiell Hammett

 

« Le mari de la concierge dans notre immeuble était conducteur à la RATP. Il était d’origine alsacienne et détestait les Allemands. C’était simplement un honnête homme, qui ne supportait pas de voir les Juifs arrêtés du fait de leur religion. Alors, mon père et lui avaient un code. Chaque fois qu’ils seraient réquisitionnés le lendemain matin – lui et son bus – pour ramasser des Juifs arrêtés dans un quartier en particulier – il se débrouillait pour en informer mon père. « Tu ne sais pas quoi, demain on m’envoie travailler à l’aube dans le 11e », lui lançait-il en rentrant du travail. Et mon père comprenait. Il prévenait un ami, qui prévenait son ami et le bouche-à-oreille fonctionnait, tant bien que mal. C’était un chauffeur de bus normal, conduisant un autobus normal pour faire un travail anormal, à des heures anormales.»

Claudine Rudel Swartz

 

Il y a 74 ans la rafle du Vel d'hiv.

 

« Le premier jour où j’ai porté l’étoile (7 juin 1942) je suis monté das l’autobus 26 pour aller au Lycée de jeunes filles du Cours de Vincennes, situé au 1, rue des Pyrénées, alors que nous habitions au 306. Je me tenais debout à la barre, un peu gênée par rapport aux autres d’être ainsi marquée comme une bête. Tout d’un coup, une dame assise dans le fond de l’autobus s’est levée et est venue vers moi. J’avais peur de ce qu’elle pourrait dire ou me faire ; elle m’a simplement serré la main en me disant : « Je tiens à vous féliciter pour votre courage. » Puis, elle est repartie s’asseoir. »

Sarah Lichtsztejn-Montard

 

« De Drancy à Bobigny, nous sommes soixante dans des autobus de la TCRP, devenue aujourd’hui la RATP, conduits par leurs chauffeurs habituels, de braves gens sans aucun doute, qui participent en toute tranquillité à notre extermination, de même que les cheminots qui conduisent les trains de déportés. »

Pierre Goltman

 

Turquie : les réponses à vos questions sur le putsch manqué

Plusieurs centaines de questions ont été posées au Monde dans notre suivi en direct du coup d’Etat en Turquie. Notre correspondante à Istanbul, Marie Jégo, et la rédaction du Monde répondent aux principales.

 

- Qui sont les putschistes ? Combien sont-ils ? Que sait-on d’eux ?

 

Marie Jégo : on ne sait pas grand-chose des putschistes sinon que leur noyau dur était composé d’une cinquantaine d’officiers, pour la plupart issus de la gendarmerie et de l’armée de l’air. Selon le premier ministre, Binali Yildirim, 265 personnes ont perdu la vie lors de la tentative de putsch, dont 104 insurgés.

 

Une purge est en cours dans l’armée. 2 800 militaires ont été arrêtés samedi 16 juillet, dont 5 généraux et 29 colonels.

 

Le président Recep Tayyip Erdogan, lors de son retour à Istanbul à l’aube, a dit reconnaître la main de l’« Etat parallèle » dans le soulèvement, une expression qui désigne la confrérie religieuse du prédicateur Fethullah Gülen, un ancien allié de M. Erdogan devenu son pire ennemi.

 

- Qui est Fethullah Gülen ? Qui sont les gülenistes ? Pourquoi sont-ils cités par Erdogan ?

 

Marie Jégo : Fethullah Gülen est le chef de la confrérie des Fethullahci (adeptes de Fethullah), un courant affilié au mouvement religieux sunnite Nurcu (« adeptes de la lumière »). Depuis l’époque ottomane, les confréries religieuses ou tarikat constituent un puissant maillage de la société civile. Démantelées par Atatürk en 1925, elles se sont maintenues dans la clandestinité pour resurgir sur le devant de la scène à la fin des années 1950.

 

Avec l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002, ces ordres mystiques ont gagné un poids considérable, négociant leur soutien aux partis pendant les élections, réclamant des privilèges, se frayant un chemin au sein des institutions.

 

Appelés parfois « les jésuites de l’islam » , les Fethullahci à leur apogée ont créé des milliers d’écoles partout dans le monde (Afrique, Balkans, ex-URSS). L’enseignement n’était pas religieux, aucune tenue religieuse n’était exigée des enseignants.

 

En Turquie, le mouvement de Fethullah Gülen était très puissant, jusqu’à sa disgrâce en 2013. Longtemps, il a constitué une formidable réserve de voix pour le Parti de la justice et du développement (AKP) fondé par M. Erdogan. Grâce aux écoles, dortoirs, cours de renforcement, bourses créées par la confrérie, celle-ci n’a pas eu de mal à infiltrer les institutions étatiques, telles que la justice, la police, l’armée.

 

Le 17 décembre 2013, la brouille a éclaté entre les deux alliés avec le scandale dit des « écoutes téléphoniques ». La divulgation des conversations privées de plusieurs hauts responsables – dont M. Erdogan, à l’époque premier ministre – jeta une lumière crue sur la corruption au plus haut niveau de l’Etat. Suivie attentivement par les médias, l’affaire mit le gouvernement dans l’embarras. Le numéro un turc vécut cet épisode comme un coup de poignard dans le dos. Un peu à raison, car les conversations avaient été dévoilées avec la complicité de policiers membres de la confrérie. La justice se dépêcha de clore le dossier des écoutes et jeta son dévolu sur les lanceurs d’alerte. Ce fut le début du grand nettoyage contre les gülenistes, lequel n’a jamais faibli depuis. La confrérie a perdu ses écoles, ses holdings, ses médias et le prédicateur Gülen, réfugié aux Etats-Unis depuis 1999, a vu récemment la Turquie réclamer son extradition, en vain.

 

- Les autorités turques parlent d’un « groupe de gülenistes ». Pourra-t-on réellement savoir si c’est bien le cas ou s’il s’agit plutôt d’utiliser un bouc émissaire commode ?

 

Difficile à dire dans le contexte d’étranglement des libertés. Des gülenistes dans l’armée ? Cela veut dire qu’ils auraient échappé à la vaste purge en cours contre ce courant religieux, mais c’est tout à fait possible. Il faut espérer que toute la lumière soit faite sur ce soulèvement mais pour l’heure “l’Etat parallèle” (le nom donné à la confrérie de Gülen par les partisans d’Erdogan) est accusé de tous les maux.

 

En avril, un haut gradé avait publiquement réclamé que l’armée soit nettoyée de ses éléments gülenistes. A la suite de cet appel, l’état-major avait publié un communiqué inédit puisque les militaires y disaient qu’ils n’allaient pas fomenter de putsch, qu’ils ne souhaitaient pas se faire instrumentaliser par le pouvoir politique. A l’époque, ce communiqué semblait totalement hors de propos. Il faut dire que les putschs de l’armée en Turquie sont une vieille habitude (1960, 1971, 1980), mais qu’à chaque fois l’armée était unie dans son désir de renversement des gouvernements en place. Cette fois-ci, les militaires sont apparus divisés, les putschistes étaient en minorité.

 

- Comment l’armée, qui dispose a priori d’un pouvoir logistique certain, n’a-t-elle pas réussi ce coup : y a-t-il eu des soutiens aux putschistes dans la population ? Ou au contraire, un soutien massif pour Erdogan ?

 

Marie Jégo : les insurgés ont échoué car ils n’étaient qu’une minorité, certes dotée de moyens importants mais visiblement très mal préparés. Comme certains d’entre eux venaient de l’armée de l’air, ils avaient accès aux hélicoptères de combat dont ils ont fait usage pour mitrailler les bâtiments officiels, surtout à Ankara. Mais très vite, ils ont perdu les pédales, se sont déchaînés dans la violence.

 

En publiant leur communiqué sur le site de l’état-major vendredi soir 15 juillet aux premières heures du putsch, les insurgés disaient que l’armée avait pris le contrôle du pouvoir politique, laissant entendre que l’armée dans son intégralité était impliquée. Les Turcs ont alors pensé qu’il s’agissait d’un putsch comme en 1980, quand les militaires étaient unis derrière leur chef pour renverser le gouvernement. Lors du soulèvement qui a duré sept heures dans la nuit de vendredi à samedi, les putschistes ont eu recours à la violence aveugle, tirant sur une foule qui manifestait en faveur d’Erdogan sur un des ponts qui enjambe le Bosphore ou encore tuant 17 policiers des forces spéciales à Ankara. Les gens ont dit non au bain de sang.

 

- Peut-on penser que cette tentative de coup d’Etat va d’abord servir à renforcer le président Erdogan ? Et qu’il pourrait avoir orchestré cette opération ?

 

Marie Jégo : de fait, Recep Tayyip Erdogan ressort auréolé de cette tragique tentative de putsch mais il n’a pas besoin de ça pour légitimer sa présidence, la moitié de l’électorat lui est favorable. Les kémalistes du Parti républicain du peuple (CHP) mais aussi le parti prokurde HDP, qui forment l’opposition et que l’on ne peut soupçonner de sympathie pour l’homme fort de Turquie, se sont tous deux prononcés contre le putsch. Comme en Turquie les partisans de la théorie du complot sont légion, cette lecture des événements sera certainement évoquée.

 

L'empereur du Japon a l'intention d'abdiquer

 

L'empereur Akihito, le 23 décembre 2010 à Tokyo où il fêtait son 77e anniversaire. Agé de 82 ans, il a confié à ses proches ce souhait de quitter le Trône du et d'abdiquer d'ici quelques années en faveur de son fils aîné, le prince héritier Naruhito

 

L'empereur du Japon a dit son intention d'abdiquer d'ici quelques années en faveur de son fils aîné, le prince héritier Naruhito, ont rapporté des médias japonais mercredi.

 

Akihito, âgé de 82 ans, a confié à ses proches ce souhait de quitter le Trône du chrysanthème, a rapporté la chaîne de télévision publique NHK sans citer de source.

 

En vertu de l'actuelle loi sur la maison impériale, qui régit le statut juridique de l'empereur, il n'est pas prévu de mécanisme légal d'abdication. Une révision de ce texte serait donc nécessaire pour satisfaire sa volonté.

 

Le prince héritier Naruhito, ainsi que l'épouse de l'empereur, l'impératrice Michiko, soutient la volonté d'Akihito, a rapporté la NHK, ajoutant que l'empereur avait l'intention d'annoncer prochainement de façon officielle cette volonté d'abdication.

 

L'agence de presse Kyodo a diffusé une information similaire à celle de la NHK, citant une source gouvernementale sans la nommer. Personne n'avait pu être contacté mercredi soir à l'Agence de la maison impériale pour s'exprimer sur ces informations de presse.

 

Le Japon, qui revendique une des monarchies les plus anciennes du monde, n'a pas connu d'abdication en 200 ans, a précisé la NHK.

 

Dans la Constitution imposée par les Etats-Unis en 1947 après la reddition du Japon à la fin de la Seconde guerre mondiale, le rôle d'Akihito est strictement limité à celui de "symbole de l'État et de l'unité du peuple japonais", afin de prévenir tout retour au militarisme qui avait marqué la première partie du règne de son père Hirohito, considéré comme un dieu vivant jusqu'à la défaite de 1945. Le trône jouit encore d'un grand respect de la part d'une majorité de Japonais.

 

Akihito, qui a souffert de nombreux problèmes de santé dont un cancer de la prostate et une opération du coeur, avait dit l'an dernier au cours d'une conférence de presse : "Je commence à sentir mon âge et il m'est arrivé de commettre des erreurs lors de cérémonies". Mais, selon l'agence Kyodo, aucune maladie n'est à l'origine de sa décision.

 

En 2011, le prince Akishino, son deuxième fils, avait dit à la presse quelques jours après la sortie de son père de l'hôpital que le Japon devrait envisager de fixer un âge limite au rôle d'empereur.

 

Bien que d'un naturel discret et contraint par ailleurs par la Constitution, Akihito a su pousser les limites lorsqu'il était prince héritier puis à sa place d'empereur. Il a rencontré Michiko, une roturière, en 1959 sur un court de tennis et leur mariage avait fait sensation dans tout le pays. Il a su également laisser entrevoir ses opinions de manière subtile pendant près de trois décennies de son règne baptisé Heisei ou "accomplissement de la paix".

 

Lors d'une réception dans les jardins du palais impérial en 2009, il avait été filmé en train de répliquer à un responsable de la municipalité de Tokyo qui voulait rendre obligatoire dans les écoles le drapeau et l'hymne national, une ode à l'empereur, que de tels actes forcés n'étaient pas souhaitables.

 

Et en 2001, lors d'une conférence de presse organisée avant son anniversaire, il avait dit qu'une partie de ses ancêtres provenaient de la péninsule de Corée, véritable chiffon rouge pour les nationalistes les plus durs qui revendiquent la pureté du peuple japonais. En août dernier, il avait exprimé de "profonds remords" pour la Seconde guerre mondiale, au 70e anniversaire de la fin du conflit

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10 juillet 2016 7 10 /07 /juillet /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, Mélenchon, mélange d’Hugo Victor et d’Hugo Chavez, Montebourg, l’Evo Morales de la Bresse, 1 monarchie républicaine proche de l'asile de fous !

« Les souvenirs sont doux à qui les raconte, chiants à qui les écoute. »

 

Frédéric DARD

 

« Venez, je vais mettre de la musique... » Sa main se tendait. Je la prenais. Elle me tirait vers le salon. Mon corps se dénouait. Elle s'accroupissait pour choisir un disque dans un meuble bas. Dans l'entrebâillement de son short, la vue plongeante sur la raie de ses fesses blanches, m'ôtait mes dernières inhibitions. Elle déposait avec précaution sur le tourne-disque la galette d'un 33 tours « When a man loves woman » de Percy Sledge, se relevait en balançant ses tongs devant elle. «Allez éteindre !» Je m'exécutais. Elle m'attirait à elle. Je la prenais par la taille «Dansons ça te fera du bien !» L'irruption du tu me propulsait sur la dernière marche de l’intimité. Ce slow « étalon du torride » des années 60 se prêtait à merveille à l'exercice. Sylvie dansait sans se tortiller, lovée, féline, son pubis effleurait mon sexe et je sentais le poids de ses seins peser sur ma poitrine. À mon grand étonnement, mes mains sur ses hanches nues et tièdes, la pointe de ses tétons durs sur ma poitrine, son souffle dans mon cou, son parfum capiteux, loin de m'exciter, me projetaient dans un étrange no’ mans land. Je me sentais spectateur.

Les femmes sauvagines, et Sylvie était de celles-là, possèdent un sens animal exacerbé, leur corps entend, leur corps renifle, leur corps vibre, leur corps tel un regard aigüe vous perce à jour. Notre corps à corps s'alanguissait et, sentant que je lui échappais, que j'étais ailleurs, la sauvagine se raidissait, posait ses mains sur mes épaules en écartant son buste pour me toiser. Très mec qui ne s'en laisse pas conter je la maintenais par les hanches collé à moi. Elle riait sans chercher à se libérer de mon emprise. M'ébouriffait les cheveux. « Tu es un type qui contrôle tout, toi. Je le sens. N'importe qui d'autre m'aurait déjà passé la main au cul et culbuté. Toi, tu donnes juste ce qu'il faut. Pas plus. Cette grande conne veut danser ! Alors le beau jeune homme paumé, il danse. Plutôt bien d'ailleurs. Pas plus. Il la méprise la grande avec son short de pouf et ses gros nichons. Ne proteste pas ! Je suis une professionnelle... Une ex... Une ancienne pute quoi ! Papa Brejoux il m'a, comme disent les braves gens, sorti du ruisseau ou du caniveau puisque je faisais le trottoir. Bon, je sais que ça fait très roman photo mais c'est la vérité. Là, ce soir, tu vois, je te fais ce que je sais faire de mieux. Comme t'es malheureux comme les pierres moi tout ce que je peux te filer c'est ma chaleur. Sous mes airs de fille froide je cache un corps de vraie mère-poule. Ce que j'aime ce sont les câlins. Caresse-moi ! Tu as de belles mains... » Elle prenait mes mains et les guidait sous le coton de son Marcel. Ce fut tendre. »

CHAP.16 code acratopège, Mélenchon, mélange d’Hugo Victor et d’Hugo Chavez, Montebourg, l’Evo Morales de la Bresse, 1 monarchie républicaine proche de l'asile de fous !
CHAP.16 code acratopège, Mélenchon, mélange d’Hugo Victor et d’Hugo Chavez, Montebourg, l’Evo Morales de la Bresse, 1 monarchie républicaine proche de l'asile de fous !

J’ai toujours eu un faible pour Houellebecq.

 

« Dans son roman La Carte et le territoire (2010), Michel Houellebecq prêtait à son personnage central, le plasticien à succès Jed Martin, le projet de constituer, via le médium photographique, « un catalogue exhaustif des objets de fabrication humaine à l’âge industriel ». Michel Houellebecq, on le sait – notamment depuis qu’il a exposé ses clichés il y a deux ans, à Paris (Before landing) –, pratique lui aussi, depuis plusieurs décennies, la photographie. Son ambition n’a certes pas l’ampleur de celle qui anime Jed Martin, mais leurs deux gestes se rejoignent néanmoins dans l’intention de dire le monde, tel qu’il est, tel qu’ils le voient et le ressentent – « Et c’est cela que nous devons atteindre / Si nous voulons parler du monde / Simplement parler du monde », écrit Michel Houellebecq dans le recueil Le Sens du combat (1996). Ainsi, la volonté d'établir le constat du monde où nous vivons, qui est l’une des lignes de force de ses écrits, romans ou poèmes, constitue-elle également le moteur de Michel Houellebecq, photographe – lui, préfère l’expression « producteur d’images », car, explique-t-il, « un photographe tente de capturer le réel, alors que moi, j’y recherche mes obsessions ou mes rêveries »

 

« On aurait préféré que l'événement se tienne à l'espace culturel Auchan de Mimizan. Mais c'est le Palais de Tokyo, haut lieu de la coolitude intégrée, qui accueille notre grand écrivain de la misère sexuelle et de la mélancolie consumériste. Reprenant le titre d'un de ses premiers livres, « Rester vivant » n'est pas une expo sur Houellebecq, mais une expo signée Houellebecq, un circuit touristique de ses obsessions.

 

Il en a réalisé toutes les photos, choisi toutes les teintes de gris. Et comme dans un voyage « all inclusive », le plaisir ne repose pas tant sur la surprise que sur l'impression de trouver ce qu'on attend. « Il est temps de faire vos jeux », annonce une bannière.

 

Ode à son corgi disparu

 

Entre paysages d'autoroute, érotisme soft et collection de dessous de table, ses lecteurs se sentent chez eux. Au lieu des stars cyniques de ses romans, Jeff Koons, Damien Hirst, l'auteur a invité des artistes moins populaires, dont Robert Combas, dans un cruel autoportrait de l'artiste en futur ringard.

 

Mais l'acmé lyrique de l'exposition, c'est Clément qui l'occupe, son corgi disparu en 2011, à qui Iggy Pop dédie un poème. A la dernière salle, ce photomontage qui donne peut-être la clé : « Nous habitons l'absence. » Présent partout et visible nulle part : avec ce parcours aux allures de parc à thème, Houellebecq réalise en somme le programme de Flaubert.

 

« Dans ma main droite le titre du petit bouquin m'étonnait : « Extension du Domaine de la lutte », ça sonnait comme du pur jus d'intello post-soixante-huitard non révisé, prétentiard. Si je l'ai ouvert c'est qu'il était édité par Maurice Nadeau. J'ai toujours eu un faible pour Nadeau.

 

« Au métro Sèvres-Babylone, j'ai vu un graffiti étrange : « Dieu a voulu des inégalités pas des injustices » disait l'inscription. Je me suis demandé qui était cette personne si bien informée des desseins de Dieu. »

 

Ce Houellebecq m'avait dérangé. Il m'énervait même si son style atone, minimal, s'élevait parfois jusqu'à devenir Bovien. Son Tisserand, l'un de ses personnages, venait de détruire mon postulat de la laideur. Ce type « dont le problème - le fondement de sa personnalité, en fait - c'est qu'il est très laid. Tellement laid que son aspect rebute les femmes, et qu'il ne réussit pas à coucher avec elles. Il essaie de toutes ses forces, ça ne marche pas. Simplement elles ne veulent pas de lui… » Ce type grotesque, lamentable, j'avais envie de tirer la chasse d'eau sur lui mais je ne pouvais pas. Que pouvait-il faire ce laid, en dehors de se résigner, d'épouser une moche, d'aller aux putes ou de devenir riche ?

Le système présidentiel monarchique français « rend fou », comme le diagnostique Daniel Cohn-Bendit qui prétend en être préservé. Pourtant, il avoue regretter de ne pas avoir participé par le passé aux primaires de toute la gauche. C’est bien la preuve que la folie est partout, et que la Ve République ressemble à cet asile dont les fous ont pris le contrôle, ce qui implique qu’on doit veiller comme des malades aux contre feux, aux « contre fous »!

 

 

Victoire des Bleus, défaite des Le Pen et Mélenchon par Bruno Roger-Petit

 

La victoire de la France face à l'Allemagne dans l'Euro provoque un moment de communion populaire que seul le football procure. Et comme tout est politique, cette victoire des Bleus et de Griezmann est aussi une défaite pour les archaïques et réacs de tous bords, de Le Pen à Mélenchon.

 

Tout est politique. Même le France-Allemagne de cet Euro 2016. Oui, ce match est un événement de portée politique majeure. Pas seulement parce que François Hollande s’affiche à chaque match des Bleus, non, cela va bien au-delà. En vérité, cette victoire contre l’Allemagne, ce moment où le football est roi, ne signe pas seulement la victoire de Griezmann et des Bleus, il signe aussi la défaite des Le Pen, Mélenchon, et autres archaïques de tous horizons, de gauche comme de droite, qui détestent le football qui rassemble.

 

On reprend, d’un point de vue politique, ce France-Allemagne de légende.

 

Nous sommes jeudi soir, le match est à peine terminé que déjà sur iTélé, Pierre-Louis Basse, la grande voix du foot des années Europe 1, en tire la conclusion politique qui s’impose. "Ce sont quand même des moments de fraternité chouette. On pourrait le dire", commence-t-il. Et de poursuivre, face à un interlocuteur qui s’étonne de cette sortie qui, d’un coup, associe football et politique, Griezmann et sociologie: "La politique elle nous rattrape toujours l’extrême droite par exemple, qui revendique ne pas aimer cet euro, on le comprend, parce que ces moments de fraternité, c’est fort. Des Irlandais qui boivent des coups avec des Italiens, c’est fort. C’est pas la guerre qu’on veut, c’est vivre ensemble, avec toutes nos différences". On salue ici le propos de Pierre-Louis Basse, qui situe impeccablement la dimension politique du football. Dans la société. Au cœur de la société. Et qui dit la vérité des heures que nous sommes en train de vivre, à travers l’épopée des Bleus de Didier Deschamps dans cet Euro.

 

"Une revendication sociale"

 

Arrigo Sacchi, le grand entraîneur du Milan AC et de la Squadra des années 90, eut un jour un mot formidable pour dire le rôle politique du football. "Le foot est une revendication sociale". Il entendait ainsi signifier que ce sport relève de l’identification, quel que soit le niveau et l’échelle où il est pratiqué. L’amateur de football projette son identité personnelle dans une identité collective, qui transcende les individus. L’histoire du football français, par exemple, en porte la marque. Clubs des villes communistes, avec Le Havre AC ou le Saint-Etienne des années Manufrance et Sanguedolce. Clubs des curés, avec l’AJ Auxerre et son stade qui ne s’appelle pas Abbé Deschamps par hasard. Club de l’industrie automobile, avec le FC Sochaux des Peugeot, dont l’emblème est un lion semblable à celui de la marque. Et l’on pourrait ainsi multiplier les références, en France où ailleurs, qui valide l’axiome de Sacchi.

 

Chaque fois qu’il faut fédérer une communauté, lui donner corps, rassembler et unir, on invente un club de football. Nécessairement, les équipes nationales n’échappent pas à ce phénomène. Et mieux encore, elles en constituent le climax. Le football ,c’est comme la Nation de Jaurès, c’est aussi le dernier des pauvres, ce qui rassemble encore quand on se sent exclu de tout.

 

Plus que la France Black-Blanc-Beur

 

Il fallait voir, ce jeudi soir, la foule venue sur les Champs-Elysées célébrer la victoire des Bleus, ce formidable rassemblement populaire dépassant les antagonismes, sans distinction de classe, d’origine, de culture et de couleur. C’était plus que la France Black-Blanc-Beur, la France de toutes les France. Et tout cela grâce à deux buts de Griezmann, deux arrêts de Lloris, un centre de Pogba, la hargne de Sissoko et une victoire contre l’ennemi héréditaire en football, l’Allemagne, terrassée à l'image de son géant gardien de but Neuer. Il n’y a que le football pour offrir de tels rassemblements populaires, de ces moments de communion fraternelle transcendant tous les clivages, toutes les oppositions, toutes les haines. C’est peu. Et c’est beaucoup. C’est ce qu’avait compris et traduit aussi un autre grand nom de l’histoire du football, Bill Shankly, qui disait: "le football n’est pas une question de vie et de mort, c’est bien plus important que cela".

 

Rédigeant ces lignes, on sait que l’on s’expose à la récrimination habituelle, cette sempiternelle rengaine des hostiles à la vertu fédératrice du football, qui rabâcheront, derrière les Finkielkraut et Zemmour, les Le Pen et les Dupont-Aignan, les Mélenchon et Nuit debout, que la France unie 2016 de Griezmann est une illusion, comme l’était la France Black-Blanc-Beur de 1998. Sauf que ce n’est pas le sujet. Il est des illusions nécessaires à la cohésion nationale, et le football est l’un de ces derniers vecteurs encore dispensateurs de vivre ensemble. « La revendication sociale », encore et encore. L’envie de vivre ensemble, encore et toujours. L’envie de descendre dans la rue pour une autre cause qu’un deuil national suite à des attentats ou des luttes contre un projet de loi porté par Manuel Valls. Célébrer la victoire contre l’Allemagne en demi-finale de l’Euro, c’est aussi affirmer, malgré tout, la volonté de vivre ensemble. De partager. De communier.

 

C’est l’époque, les grands moments de communion nationale ne sont plus inspirés par le souvenir du sacre de Reims ou le récit de la Fête de la fédération mais par une victoire de l’équipe de France contre l’Allemagne. Oui, c’est populaire, totalement populaire, absolument populaire, mais cela ne mérite ni mépris, ni opprobre.

 

Voilà pourquoi les identitaires n’aiment pas le football. Les souverainistes non plus. Les nationalistes encore moins. Et voilà aussi pourquoi à l’extrême gauche, on ne l’aime pas non plus. Les communistes aimaient et aiment encore le football, mais pas les mélenchonistes et les militants les plus farouches des gauches de la gauche, la rupture culturelle mérite d’être notée. Idem pour certains écologistes qui continuent de dénoncer le football, royaume de l’argent fou et des fausses valeurs, sans prendre en considération sa part de revendication sociale.

 

Ces personnes qui fêtent Knysna

 

Pour tous ces courants, le football est un ennemi parce que les valeurs qu’il emporte vont à rebours de ce que souhaitent ceux qui, à droite et à l’extrême droite, à gauche et à l’extrême gauche, jugent qu’il est utile à leur combat d’entretenir les oppositions et les divisions, les antagonismes et les ostracismes, les rancœurs et les haines. Ceux-là, le football ne les intéresse que dans la mesure où il sert leur dessein. Quand il génère des polémiques à n’en plus finir, divisant et clivant à l’infini, il est formidable. Mais quand il rassemble, c’est le drame. Plutôt Benzema que Griezmann. Plutôt Nasri que Pogba. Plutôt Ribéry que Giroud.

 

Voilà pourquoi Marine Le Pen et Eric Zemmour, Alain Finkielkraut et Michel Onfray, chacun pour la défense de leur chapelle respective, préféreront toujours une tragédie semblable à celle de Knysna, le naufrage de la Coupe du Monde 2010, à une victoire de l’équipe de France contre l’Allemagne dans l’Euro 2016, ce grand moment de l’histoire du sport français.

 

Knysna, Ribéry et Evra à la dérive, Domenech à la ramasse, c’était formidable, qui permettait aux uns de dénoncer les ravages politiques et culturels engendrés par l’immigration, les petits caïds, les voyous, l’insécurité culturelle, et aux autres de stigmatiser les milliardaires mal élevés du football, le foot opium du peuple, la sous culture qui abrutit les masses… Divisons, divisons, il en restera toujours quelque chose…

 

Avec le France-Allemagne de cet Euro 2016 se clôt une décennie de malheurs et de heurts autour des Bleus, prétexte à tous les déchaînements possibles des mélancolies françaises. Pour tous ces gens-là, archaïques et réactionnaires de tous horizons, le génial Griezmann, le probable successeur de Kopa, Platini et Zidane est une malédiction. Les Français peuvent encore s’aimer grâce au football. Que la défaite est cruelle...

CHAP.16 code acratopège, Mélenchon, mélange d’Hugo Victor et d’Hugo Chavez, Montebourg, l’Evo Morales de la Bresse, 1 monarchie républicaine proche de l'asile de fous !
CHAP.16 code acratopège, Mélenchon, mélange d’Hugo Victor et d’Hugo Chavez, Montebourg, l’Evo Morales de la Bresse, 1 monarchie républicaine proche de l'asile de fous !

Tereza, elle, n'est pas une grande fan de football. Photographe venue travailler au pair à Paris il y a quelques mois, elle a tout de même suivi la brève aventure française des siens dans les bars de la rue Oberkampf, où les Tchèques installés à Paris se retrouvent régulièrement. Surtout, avec l'arrivée en masse de touristes et de supporters étrangers, elle a découvert une nouvelle facette de la capitale française, une ville dont elle n'attendait rien de spécial, mais qui ne cesse de la surprendre et de la fasciner. Cet amour naissant, les clichés sur les Français et notamment les Parisiens, mais aussi la passion locale pour les grèves et les mouvements sociaux qu'elle n'attendait pas si puissante, la jeune femme revient pour nous sur son Euro, principalement passé à découvrir un pays où elle a décidé de rester.

Un préfet multipropriétaire logé en HLM à Puteaux

 

« Comment expliquer qu’un haut fonctionnaire, propriétaire de dix appartements et déclarant plus de 190 000 euros de revenus annuels, ait obtenu un logement social de trois pièces appartenant à l’Office public de l’habitat [OPH] de Puteaux ? » Christophe Greber, l’infatigable opposant (Modem) à la maire (Les Républicains) de la cité des Hauts-de-Seine, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, également présidente de l’office public HLM de la ville, a posé franchement la question, mardi 5 juillet, en conseil municipal.

 

Le haut fonctionnaire en question est le préfet Alain Gardère, 59 ans, proche de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, ex-directeur de cabinet adjoint de Claude Guéant au ministère de l’intérieur, directeur du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), organisme de contrôle de ces entreprises, jusqu’à sa mise en examen, en janvier, pour « corruption passive », « prise illégale d’intérêts », « recel d’abus de biens sociaux » et « détournement de fonds publics ».

 

Selon un article publié, le 30 juin, par Mediapart, M. Gardère jouirait d’un salaire net mensuel de 9 800 euros, d’une prime annuelle de 18 000 euros et de 55 000 euros de revenus fonciers, qui le placent largement au-dessus des plafonds de ressources ouvrant droit à un logement social.

 

L’appartement en cause, de 75 m2, avec un loyer de 2 000 euros, est l’un des treize logements sociaux sur 65 au total d’un ensemble flambant neuf, aux allures un peu kitsch, style Disney, du tout nouveau quartier du Théâtre, à Puteaux.

 

« Aucun avantage économique »

 

Selon le cabinet du maire, il s’agit d’une construction financée par un prêt locatif social (PLS), de gamme plutôt haute dans la complexe hiérarchie des logements sociaux, auquel a été appliqué le surloyer maximal. Mais le plafond de ressources exigé en PLS, dans ce secteur géographique, ne dépasse pas 45 000 euros par an pour un couple, et il doit être respecté à l’entrée dans les lieux, le surloyer ne pouvant s’appliquer qu’à un locataire déjà en place, dont les ressources ont progressé au fil des ans et outrepassent les plafonds.

 

Le code de la construction stipule, en outre, que l’attribution d’un HLM ne peut se faire à une personne déjà propriétaire d’un logement correspondant à ses besoins. « Mon client, M. Gardère, a perdu son logement de fonction et, avec ce nouveau logement, ne bénéficie d’aucun avantage économique, puisque son loyer est même légèrement au-dessus de celui du marché privé dans cette ville », précise son avocat, Me Jean Veil.

 

« De nombreux candidats ont refusé cet appartement, précise le cabinet du maire. Il a été finalement attribué par une commission où siègent des représentants de la préfecture des Hauts-de-Seine, et sur le contingent préfectoral. » Dans un communiqué, la préfecture des Hauts-de-Seine a répondu, vendredi 8 juillet, que « M. Gardère n’a jamais figuré sur les listes d’allocataires proposés par les services de l’Etat, qu’il s’agisse des publics prioritaires ou des fonctionnaires, sur le contingent préfectoral relevant de l’OPH de Puteaux ».

 

« Totalement inacceptable »

 

Mardi, en conseil municipal, Mme Ceccaldi-Raynaud – elle aussi fidèle de Nicolas Sarkozy – s’est retranchée derrière le récent rapport, de mars, de l’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols), qui critique plusieurs attributions irrégulières de logements sociaux, mais, a-t-elle plaidé, pas celle-ci. Or, l’Ancols a examiné les attributions de 2009 à 2013, pas de 2014, année qui a vu exaucée la demande de M. Gardère.

 

La ministre du logement et de l’habitat durable, Emmanuelle Cosse, a vivement réagi : « Cette situation, qui déroge aux principes et aux règles d’attribution des logements sociaux, est totalement inacceptable. Toute la lumière devra être faite sur les conditions dans lesquelles elle est intervenue et les responsabilités en cause. J’y veillerai personnellement. »

 

Depuis sa création, le 1er janvier 2015, l’Ancols – aux pouvoirs renforcés par rapport à l’ancienne Miilos (Mission interministérielle d’inspection du logement social) – peut suggérer au ministre diverses sanctions. Vendredi, le préfet des Hauts-de-Seine a demandé « à la maire de Puteaux, en qualité de présidente de l’OPH, de prendre les dispositions nécessaires pour mettre fin à cette situation »

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3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, « Je suis une bâtarde et j'aime bien les bâtards » Carla Bruni-Sarkozy.

Je ne lâche rien !

 

Je tiens bon…

 

« Ne pas aller au bout de ses possibilités, c’est faire la preuve d’une certaine décontraction, éviter la frénésie, entretenir une forme de nonchalance, et même de je-m’en-foutisme. Rêvasser ou bavarder à la terrasse d’un café parisien constitue sans doute l’une des façons les plus simples de pratiquer la joie de vivre. Surtout, ayons toujours à l’esprit que toute forme d’absolu tend vers la bêtise la plus sombre, que les fanatiques n’ont pas d’humour, et qu’aucun sceptique n’a jamais tué personne. Les plus dangereux sont les hommes de conviction, surtout ceux qui veulent faire du bien. Ils ne reculent devant rien. Méfiez-vous des idéalistes qui préfèrent aller « au bout de leurs rêves », le cauchemar n’est pas loin. Comme le disait Céline à propos des hommes, « il faut les empêcher de se passionner ». Quand ils se passionnent, les hommes, ils innovent, ils inventent, ils découvrent, il y a une phase radieuse, mais ils ne savent pas s’arrêter à temps, c’est le grand problème de l’humanité, le toujours plus. C’est le propre des entreprises humaines, elles atteignent toujours, tôt ou tard, leur seuil d’inversion, par excès, par cupidité, par arrogance… »

 

« … la pratique de la joie de vivre procède toujours de la grande loi des banquets : « bois ou va-t’en ! », et toujours, elle implique les autres. Il n’y a pas de joie de vivre solitaire, il ne peut y avoir de la sérénité dans la solitude, mais la joie de vivre est toujours liée à autrui, à l’amitié, à l’amour. L’amour, la seule force qui résiste à la mort et nous arrache à l’ennui. »

 

« … Accueillons avec joie toutes les romances. Sans la romance, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Sans elle, nous serions réduits à pratiquer des amours de bêtes, à nous repaître de coïts furtifs, âpres et sans joie. »

 

Olivier Bardolle De la joie de vivre par temps hostiles

 

Je suis une zone d’accueil, une citadelle sans remparts, sans contrôle de police, mon cœur est une ville ouverte prêt à subir tous les assauts, les bombardements, à se rendre sans conditions, reddition en rase campagne, à signer les traités les plus contraignants…

 

Alors la Carla a beau protester qu’elle a beaucoup changé, qu’elle n'est plus « la séductrice frimeuse de [ses] 20 ans » et que pendant longtemps elle n'a pas été une vraie amoureuse, dans le sens où elle était très égoïste, je ne mords pas l’hameçon. Si elle avait croisé le Sarko dans la rue, elle ne l’aurait même pas vu, tout ça ce n’est que de la poudre aux yeux. La Carla elle s’est casée « Avec mon mari, j'ai découvert quelque chose que je ne pensais jamais vivre, un coup de foudre comme dans les romans d'amour. Et je suis devenue la femme d'un couple classique, comme je pensais que je ne le deviendrais jamais. » C’est beau comme un roman feuilleton, un pur jus de communication et vive la tradition avec en bonus la fidélité érigée en une condition sine qua none du mariage, « il me semble, puisque, lorsqu'on se marie, on signe un contrat dans lequel on s'engage à la fidélité. C'est pour cela que j'étais heureuse de me marier à 40 ans plutôt qu'à 22, j'ai ainsi pu mesurer la portée de l'engagement qu'est le mariage ! » Allons, allons Carla, je serais prêt à te croire si tout cela n’était pas étalé dans ELLE. Bien sûr le bon peuple va aimer « Presque neuf ans, vous vous rendez-compte comme ça passe vite ! Les débuts de l'amour, c'est ce qu'il y a de meilleur au monde. Mais l'amour qui dure, c'est comme un miracle. Je le découvre. » Pauvre chou, tu dis aimer les bâtards, je serais prêt à te croire si tu les aimais sans avoir consulté leur curriculum vitae !

 

« Ah, Carla ! Elle avait 16 ans, moi, la trentaine. Mais bon, j’ai connu pire comme différence d’âge depuis. » Ce soir-là, Bertignac rentrait chez lui« dans le passage au Pré-Saint-Gervais » et il est alors tombé sur « deux loutes avec des grands cheveux raides, belles comme pas possible ». Sur le coup, il n’a pas compris qu’elles l’attendaient : « Bon, moi qui essuyais un nombre de râteaux invraisemblable, même avec des moches, je me suis dit : « Qu’est-ce qu’elles foutent là ? », persuadé que ce n’était pas pour moi. En réalité, si. Une minute après, elles sonnaient à la porte : « On a trouvé ton adresse et on aimerait bien boire un coup avec toi.»

 

« Inter­loqué, Louis Bertignac a accepté : « Et là, c’est comme dans un film : j’ai eu mes 20 secondes de courage, ces 20 secondes qui peuvent changer ta vie. Je les ai fait entrer, puis j’ai dit à Carla : « Viens en haut, j’ai quelque chose à te montrer. » Arrivés à l’étage, je l’ai embrassée. Elle n’était pas encore mannequin, mais je la trouvais merveilleuse. » Suivra une belle relation de deux ans, avant que leurs chemins ne se séparent.

 

Comme le notait la fille de BHL, Carlotta la mante, celle qui avait débauché le fils de son amant en le tirant du lit d’elle Justine Lévy, dont les femmes bafouées disaient « qu'elle a couché avec la terre entière... » et que « si elle ne revoyait pas ses ex elle ne verrait personne... »

Marra­kech, août 2000. Cet été-là, comme à l’ha­bi­tude, Justine Lévy, accom­pa­gnée de son sémillant époux, Raphaël, a choisi de rejoindre son père, BHL, et sa belle-mère, Arielle Dombasle, au palais de la Zahia, le magni­fique riad de l’écri­vain. Grand seigneur, celui-ci adore y rece­voir ses meilleurs amis. Jean-Paul Entho­ven, le père de Raphaël, éditeur de BHL chez Gras­set, est de ceux-là. Un fin lettré, qui adore se montrer bien accom­pa­gné. Ce jour-là, joli trophée, c’est Carla Bruni qui déboule en maîtresse à son bras. Très enjouée, l’ex-icône de mode, qui se prépare à enta­mer une fulgu­rante carrière de chan­teuse, déborde d’en­train.

Un abat­tage de séduc­trice monstre. « On l’a vue arri­ver, genre le monde est à moi, et les mecs aussi… », écrira Justine. A vingt-cinq ans, la fille de BHL se montre d’un natu­rel assez réservé et peu sûre d’elle. Mais elle ne demande qu’à sympa­thi­ser : elle a déjà goûté à cette fasci­na­tion pour les mannequins auprès de sa mère, un irré­sis­tible et fantasque top model des années soixante-dix. Pour­tant, Carla Bruni a beau la bapti­ser « Belles Fesses » et la trai­ter en amie, la jeune femme, jalouse, sent bien­tôt monter une compli­cité dange­reuse entre son Raphaël et l’enjô­leuse.

Rien de grave de Justine Lévy
 

Aimer ça ne veut pas dire se ressembler. Aimer ça ne veut pas dire être pareils, se conduire comme des jumeaux, croire qu'on est inséparables. Aimer c'est ne pas avoir peur de se quitter ou de cesser de s'aimer. Aimer c'est accepter de tomber, tout seul, et de se relever, tout seul, je ne savais pas ce que c'est qu'aimer, j'ai l'impression de le savoir aujourd'hui un peu plus.

 

 

Rien de grave de Justine Lévy

"J'en ai marre de ce froid en moi. Marre de ne plus avoir chaud ni mal. Marre de passer à coté de la vie, du bonheur, du malheur, des gens, des corrida, de la mort. Merde la fausse vie. Merde le noir, le silence, l'anesthésie, les chats, les jeans. Il a raison, Pablo. Faut arreter de pas vivre. Faut arreter de pas pleurer. Faut arreter la rétention de larmes, ça va me donner de la cellulite dans le visage, à force. Faut que t'arretes d'avoir peur d'etre vivante. Chaque fois que tu mets la radio à fond dans la salle de bains, je sais que tu vas pisser. Faut arreter, Belle du Seigneur. Faut arreter l'amour sublime, les amants beaux et nobles et parfaits. Le matin, on est chiffoné, on a mauvaise haleine, c'est comme ça, faut accepter, c'est ça aussi la vie. La vie c'est qu'un jour je quitterai Pablo, ou Pablo me quittera. Je lui préférerai quelqu'un ou il en aura marre de moi, et ce sera triste mais ca ne sera pas tragique. Et puis la tristesse passera, elle aussi, comme le bonheur, comme la vie, comme les souvenirs qu'on oublie pour moins souffrir ou qu'on mélange avec ceux des autres ou avec ses mensonges. […] La vie est un brouillon finalement. Chaque histoire est le brouillon de la prochaine, on rature, on rature, et quand c'est à peu près propre et sans coquilles, c'est fini, on n'a plus qu'a partir, c'est pour ça que la vie est longue. Rien de grave."

 

Ha ! L’amour que de mensonges profèrent-on en ton nom…

 

Des mensonges il y en eut à la pelle, des tombereaux entiers, de l’autre côté de la Manche, pour emporter le vote de ceux qui sont sensibles à la démagogie. C’est un grand classique de la politique sur lequel devraient méditer la cohorte de ceux qui éructent en pensant que ça leur tient lieu de penser. Dire non est souvent salutaire mais il est alors nécessaire d’assumer ensuite les conséquences de son refus. Nous sommes en pleine confusion, quand j’entends un Gérard Filoche, archétype d’un PS des catacombes, taiseux sous Mitterrand, apparatchik de la plus triste espèce, donner des leçons de démocratie, j’ai envie de tirer la chasse d’eau.

 

Et, pour autant je suis moi aussi en colère lorsque sur mon vélo je croise chaque jour les nouveaux coolies de notre société : les livreurs de repas à domicile de DELIVEROO.

 

ÇA GAGNE COMBIEN UN LIVREUR DELIVEROO?

 

Petites économies collaboratives Rémi, livreur chez Deliveroo, a accepté de nous dévoiler ses revenus…

 

Le service de livraison de repas à domicile est déjà présent dans 15 villes en France. - Deliveroo

 

« L’économie collaborative, c’est du partage et des économies mais aussi de l’argent brassé. Au-delà des fantasmes, quels revenus tire-t-on réellement de ces nouvelles plateformes? Ce mois-ci, 20 Minutes se penche sur le service de livraison de plats cuisinés Deliveroo et décrypte les comptes de Rémi [1].

 

Depuis début 2016, ce trentenaire effectue régulièrement des «shifts» (rotations) chez Deliveroo, à Paris. Une activité qu’il occupe pour compléter les revenus tirés de son activité principale. Il y a quelques mois, Rémi a monté son entreprise d’impression textile, activité qui lui rapporte 1.200€ net par mois.

 

1- Ce qu’il a investi

 

Pour arpenter les rues de Paris et livrer des repas chauds à domicile, Rémi a du investir dans un vélo en janvier 2016. Acheté sur le Bon Coin, il lui a couté 70€.

 

Pour se connecter à l’application réservée aux livreurs (Driveroo), Rémi doit également être en possession d’un smartphone et d’un forfait comprenant une bonne connexion internet. «Je n’ai pas de très bonnes statistiques à cause de mon forfait. J’ai souvent des problèmes de connexion et ça me ralentit pour accepter les commandes», explique-t-il.

 

2- Ce qu’il gagne

 

Quatre soirs par semaine, de 19h à 23h15, Rémi effectue des «shifts longs» dans un des secteurs de la capitale. Il est «facturé» 7,50€ de l’heure, auxquels s’ajoutent 2€ pour chaque livraison. En moyenne, il confie arriver à faire «8 à 9 livraisons» par soir. Soit 50€ de revenus en moyenne par «shift long».

 

Tous les samedis, Rémi effectue également un «shift court». Il travaille donc 2 heures de 20h à 22h, payé au même tarif horaire. En général, il effectue «6 à 7 livraisons» par soir. Soit 30€ de revenus en moyenne par «shift court».

 

Par mois, Rémi gagne donc en moyenne 920€ pour 80 heures travaillées par mois. Une somme à laquelle il faut ajouter 50€ de pourboire. Soit un total de 970€ brut.

 

3 - Statut et cotisations sociales

 

Pour devenir livreur chez Deliveroo, il est obligatoire de se déclarer auto-entrepreneur (aujourd’hui micro-entrepreneur). La déclaration se fait par une simple déclaration en ligne sur le portail officiel des micro-entrepreneurs.

 

«C’est obligatoire. C’est l’ubérisation du travail. Officiellement, je ne suis pas salarié de Deliveroo, je leur facture un service», confie Rémi, qui affirme recevoir toutes les deux semaines une facture par e-mail avec le nombre d’heures, de courses effectuées ainsi que le détail des pourboires (lorsqu’ils sont versés en ligne). Rémi affirme ne pas déclarer les revenus tirés de son activité chez Deliveroo et ne s’acquitte donc pas des cotisations sociales.

 

Au vu de sa situation professionnelle, de son âge et de son parcours, Rémi pourrait profiter du dispositif d’aide au chômeur créateur ou repreneur d’entreprise (ACCRE) et bénéficier d’un taux de cotisation réduit d’environ 5%.

 

Si l’on applique ce taux, l’estimation de salaire net de Rémi s’élèverait à environ 921€.

 

S’il s’acquittait des cotisations sociales, le salaire net de Rémi s’élèverait à environ 921 euros pour 80 heures de travail par mois.

 

4 –Des coûts cachés et des inconvénients

 

Quand il effectue ses «shifts» Deliveroo, Rémi dit travailler sans assurance (il pourrait en souscrire une, entraînant des frais supplémentaires). «Quand je roule comme un fou dans Paris, je sais que si je tombe et que je pars à l’hôpital, ce sera pour ma pomme. Je ne pourrais plus travailler pour ma propre entreprise», admet-il.

 

«Le problème de ces boulots, c’est qu’il n’y a aucune sécurité. Eux, ils s’en foutent, ils te remplacent», reconnait-il. «Après, il faut assumer. Ils ne forcent personne.»

 

Si Rémi peut décider de ne pas effectuer un «shift», son «taux d’absence» est comptabilisé dans ses statistiques (qui prennent également en compte le temps mis pour se rendre au restaurant, pour accepter les commandes et pour les livrer). Aujourd’hui, ces mêmes statistiques l’empêchent de toucher des «primes». Chez Deliveroo, un «maillot jaune» peut en effet gagner jusqu’à 4€ à chaque livraison, contre 2€ actuellement pour Rémi.

 

«Au début, c’est bien, tu es content, tu gagnes de l’argent. Au bout de trois mois, je commence à être fatigué mentalement par le fait de jongler entre deux boulots», confie-t-il. Rémi souhaite d’ailleurs «arrêter très bientôt» son activité avec la plateforme.

 

Pourquoi j’aime la France, même en 2016

 

Il suffit d’oublier la politique pour aimer la France, lance Barbara Polla, écrivain et ancienne conseillère nationale genevoise, qui explique ses raisons de nourrir pour le grand pays voisin une admiration qui ne faiblit pas.

 

On entend les pires oracles. Ce pays est un désastre. Les riches sont partis depuis longtemps. La fuite des cerveaux est en marche. Ceux qui envisagent encore de pouvoir créer une entreprise viennent le faire en Suisse. La politique est une déréliction, la présidence va de Charybde en Scylla, l’état d’urgence bafoue la démocratie et faute de grives on mange des merles. Les médias sont unanimes: aux larmes, citoyens!

 

Oui. Mais moi, j’aime la France, aujourd’hui comme hier. Pour sa culture en premier lieu, d’une richesse intarissable, mais aussi pour sa politique sociale et les trésors, cachés parfois, d’engagement, d’initiative et d’innovation qu’elle recèle.

 

Les Grands Voisins, Aurore et Plateau Urbain

 

À l’époque où je travaillais à la Faculté Cochin, dans les années 1990, l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul était notre voisin. Il ferme en 2011. Le site, baptisé Les Grands Voisins, est en attente de reconstruction. L’association Aurore (fondée en 1871) y installe alors jusqu’à 600 logements pour personnes en situation précaire, SDF ou migrants solitaires, et fait appel à Plateau Urbain.

 

Plateau Urbain? Un groupe d’urbanistes, portés par une vision sociale et une vraie connaissance du terrain immobilier. Leur but? «Résorber la vacance, servir la création». Plutôt que de payer pour la sécurisation et le maintien en état d’un site inoccupé, les promoteurs immobiliers accueillent des locataires qui paient les charges et les taxes. Abolis les coûts de gardiennage pour les uns, ceux du loyer pour les autres avec, en prime, la mise en place d’une nouvelle mixité.

 

Contrepartie contractuelle, pour les artistes, les artisans, les entrepreneurs en herbe qui s’installent ici: faire vivre cette mixité. Une manifestation de ce que la France a de meilleur: une culture sociale forte, intelligente, philosophique et politique – mais agissant hors du champ classique de la politique.

 

Entre Bayonne et Biarritz, la Biennale d’Anglet

 

Au titre des Biennales, si l’Italie a Venise, la France a Lyon bien sûr, mais aussi, entre autres, Anglet. Une biennale sur la plage, intitulée la Littorale, qui met en scène les rivages maritimes, leurs tensions et leurs contradictions. L’art y est utilisé comme une boîte à outils permettant de repenser le monde et de porter un regard créatif sur la notion de citoyenneté.

 

Le commissaire de la Biennale 2016, outre les 12 œuvres monumentales de 12 artistes internationaux, en a choisi une 13e, une œuvre qui parle de violence et de paix, en un saisissant oxymoron: des troncs d’oliviers sont entourés de fil de fer barbelé, lequel se transforme en branches épanouies de l’arbre pourtant contraint. L’artiste, Abdul Rahman Katanani, né à Sabra, a exposé sa Forêt d’Oliviers à Nanterre (ville de gauche), avant qu’elle ne soit accueillie par la mairie d’Anglet (ville de droite), où elle deviendra Jardin d’Oliviers. Dans l’intervalle, l’œuvre est stockée dans la maison d’enfance du commissaire. Au-delà de tout clivage, l’engagement réciproque au service d’une culture collective et de la Res publica. L’artiste, lui, est au bénéfice d’un visa français «compétences et talents».

 

BlaBlaCar

 

Frédéric Mazzella, master en informatique de Stanford et MBA de l’INSEAD, développe l’idée, en 2004, d’une plateforme de covoiturage alimentée par une communauté de confiance. Avec ces objectifs: se déplacer de manière légère et durable, et travailler dans la joie.

 

La start-up française, devenue la plus large communauté de covoiturage longue distance au monde, met en relation des conducteurs voyageant avec des places libres et des passagers souhaitant faire le même trajet (distance moyenne 330 km), les coûts étant partagés entre les covoitureurs. Bla Bla? C’est qu’en plus vous pouvez choisir: parler un peu (Bla) beaucoup (Bla Bla) ou passionnément (Bla Bla Bla). Vive les rencontres! En 2016, BlaBlaCar, toujours basée à Paris, est active dans 22 pays, compte 500 employés dans 15 bureaux internationaux, continue d’embaucher, transporte 10 millions de voyageurs par trimestre et a permis en un an d’économiser 1 m de tonnes de CO2. Faut-il encore rappeler que BlaBlaCar est une société indépendante?

 

Il suffit d’oublier la politique pour aimer la France.

 

Barbara Polla, écrivain, ancienne conseillère nationale genevoise.

Yves Bonnefoy, c'est à la fois l'un des très grands poètes de la fin du surréalisme français, qui a constamment travaillé sur le langage, qui a minéralisé progressivement sa poésie. Et en même temps, ça a été un regard unique sur la littérature et la peinture occidentales", a déclaré pour sa part à l'AFP le ministre de l'Économie Emmanuel Macron, dont c'est "vraiment l'un des poètes préférés".

 

Le pays du sommet des arbres

 

L'enfant semblait errer au sommet de l'arbre, 
On ne comprenait pas son corps, enveloppé 
D'un feu, d'une fumée, que la lumière 
Trouait d'un coup, parfois, comme une rame.

Il montait, descendait un peu, il s'arrêtait, 
Il s'éloignait entre les pyramides 
Du pays du sommet des arbres, qui sont rouges 
Par leur flanc qui retient le soleil encore.

L'enfant allait chantant, rêvant sa vie. Était-il seul en son jardin de palmes? 
On dit que le soleil s'attarde parfois 
Pour une nuit, au port d'un rêve simple.

On dit aussi que le soleil est une barque 
Qui passe chaque soir la cime du ciel. 
Les morts sont à l'avant, qui voient le monde 
Se redoubler sans fin d'autres étoiles.



II



L'enfant redescendit plus tard, de branche en branche 
Dans ce qui nous parut un ciel étoile. 
Rien ne distinguait plus dans ce silence 
La cime bleue des arbres et des mondes.

Il chantait, il riait, il était nu, 
Son corps était d'avant que l'homme, la femme 
Ne se fassent distincts pour retrouver 
Criant, dans une joie, une espérance.

Il était le chant même. 
Qui s'interrompt

Parfois, le pied cherchant l'appui qui manque,

Puis qui reprend et, dirait-on, se parle, telles deux voix

A l'avant d'une barque qui s'éloigne.

On dit que la lumière est un enfant

Qui joue, qui ne veut rien, qui rêve ou chante.

Si elle vient à nous c'est par jeu encore,

Touchant le sol d'un pied distrait, qui serait l'aube.

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, « Sarkozy nous joue l'éternel revenant qui s'accroche. Il devrait prendre acte que pour lui, aujourd'hui, c'est fini» J.L Debré et Martinez ressuscita Sarkozy

« Le flot de rapports remontant des informateurs de la police implantés au Vatican révèle que le pape traite à l’époque plusieurs accusations de pédérastie, concernant des ecclésiastiques de son cercle proche. Caccia Dominioni connaît le pontife depuis sa jeunesse à Milan. Désormais maître des cérémonies pontificales, il est constamment au côté de Pie XI. Plusieurs comptes rendus de l’informateur haut placé au gouvernement du Vatican évoquent des relations avec des garçons et des jeunes gens.

 

Auparavant des accusations semblables ont concerné monseigneur Ricardo Sanz de Samper, majordome et préfet de la maison pontificale. Dans le dos de Pie XI, les proches du Vatican ironisent sur les apparitions du pape en public, « bien entouré, ayant à ses côtés deux pédérastes, Caccia et Samper. » De fait, lors des audiences publiques, Caccia Dominioni et Samper se tiennent de part et d’autre du pape.

 

Le destin des deux accusés sera très différent. Contrairement à Caccia Dominioni le Milanais, Samper le sud-américain n’a pas de liens antérieurs avec le pape. Le scandale brise sa carrière. Pie XI ne se contente pas de ne pas lui donner le cardinalat auquel il pensait avoir droit, il le congédie brutalement sans explication officielle à la fin de 1928. C’est ainsi que Samper, jusque-là l’un des hommes les plus visibles du Vatican, disparut du tableau.

 

Quant à lui, Caccia Dominioni subira pendant des années les rumeurs sur son penchant à ramener des garçons dans sa chambre du Vatican. Un flot de rapports secrets, de diverses sources policières, détaille cette chronique sordide. »

 

[…]

 

« C’est ce vaste réseau qui permet à Mussolini d’avoir vent des difficultés de Caccia Dominioni, menacé en 1928 par une enquête portant sur deux jeunes gens surpris en train de sortir de ses appartements. Pris et interrogés, ils ont livré des détails sur leurs relations illicites avec lui, jusqu’à décrire sa chambre. Mussolini découvre d’abord l’affaire par un informateur que les dossiers de la police désignent simplement comme « l’informateur identifié du Vatican ». L’identité de l’informateur, visiblement très bien placé au Vatican, demeure obscure. Entre 1925 et 1934, il rédigera des dizaines de rapports confidentiels, dont beaucoup sont envoyés au secrétariat particulier de Mussolini et lu avec avidité par le Duce.

 

Rapportant les derniers exploits de Caccia Dominioni en 1928, l’informateur ajoute que le chef de la police de Borgo, commissariat de Rome dont dépend le Vatican, collabore avec le Saint-Siège pour éviter que les accusations ne filtrent. Ce ne sera pas la dernière fois que la police romaine aidera le Vatican à dissimuler des informations embarrassantes sur les relations de Caccia Dominioni avec des garçons. »

 

David I. Kertzer Le Pape et Mussolini l’histoire secrète de Pie XI et de la montée du fascisme en Europe.

 

Les casseurs

 

  • Les dégradations commises contre l'hôpital Necker-Enfants malades.

Près d'un millier de casseurs étaient présents, selon la police. Pour ne pas se faire repérer, ces individus usent de la "technique du caméléon". Ces jeunes et moins jeunes arrivent au point de rendez-vous d'un peu partout, au compte-goutte, totalement incognito. Ils se mêlent à la foule, l'air de rien, comme des manifestants lambda. Un mode opératoire qui rend quasiment impossible leur identification.

 

Tout change quand le défilé commence. Au fil des mètres parcourus, ces individus se regroupent en tête de cortège, devant le cordon de sécurité des leaders syndicaux, et face aux forces de l'ordre. En quelques secondes seulement, leurs sacs de matériel sont vidés. Les capuches sont relevées, les cagoules noires, enfilées, tout comme les écharpes et les masques respiratoires. À ce moment-là, plus de confusion possible, il s'agit bien de casseurs. La masse, compacte, passe alors en action.

 

De ma fenêtre, j'ai vu des jeunes en cagoule avec des sacs à dos. Ils ont des projectiles, comme des bouts de pavé, qu'ils lance pour casser", témoigne Nicole, qui les a vus agir. Tout cela, sous les yeux des policiers et gendarmes, qui n'interviennent pas. C'est une tactique. En pleine action, les casseurs se mélangent à d'autres manifestants, eux pacifiques. Pas question de passer à l'action : il y a trop de risques. Les forces de l'ordre redoutent la bavure. Un scénario similaire à celui du site du barrage de Sivens, en 2014, quand le militant écologiste Rémi Fraisse avait été tué par un tir de grenade d'un gendarme.

 

Du coup, ce sont les casseurs qui donnent le tempo. Les forces de l'ordre ne peuvent pas rendre coup pour coup. Un pavé jeté ou un abribus saccagé ne justifient pas une charge de leur part. Les individus violents ont donc toujours un temps d'avance, puisque eux n'ont pas besoin d'ordre pour lancer les hostilités. Enfin, il faut savoir qu'à Paris tous les matériels de défense ne sont pas autorisés. Par exemple, les lanceurs de grenades lacrymogènes y sont bannis. C'est à la main qu'elles doivent être lancées.

 

Les forces de l'ordre sont vite débordées, à cours de munitions, déplore Rocco Contento, du syndicat Unité SGP Police. "On a du matériel à disposition, on ne nous autorise pas à l'utiliser. Les collègues n'en sont plus à assurer le maintien de l'ordre mais à défendre leur vie", explique-t-il. C'est comme cela que des canons à eau ont été utilisés en panique mardi. Une première dans la capitale depuis plusieurs années, pour aider les forces de l'ordre en grande difficulté.

 

Les syndicats ont leurs "gros bras"

 

Dans ce chaos, les syndicats forment des cordons de sécurité pour éviter l'infiltration des casseurs ? Ces "gros bras" sont, par exemple, des dockers venus du Nord, pour la CGT. Mais ils ne sont réservés qu'au seul carré de tête, c'est-à-dire là où se trouve les leaders syndicaux. Des leaders qui disparaissent du cortège souvent au bout d'une demi-heure. Leurs services d'ordre restent et gardent un œil sur la manifestation. Mais "ils ne contrôlent plus rien" et c'st bien cela le problème, reconnaît un ancien cadre cégétiste.

 

C'est comme cela que jusqu'à 200 militants de la CGT ont pris part aux violences, selon la préfecture. Sur des extraits de vidéosurveillance, que RTL a pu consulter, on y voit clairement des militants arracher des pavés. Une attitude ambiguë qu'a pu constater Joachim. La vitrine de son magasin d'optique a été totalement détruite au passage des manifestants. "J'en veux à la CGT. Je suis vraiment en colère contre eux. On a l'impression que tout cela était orchestré par eux", peste-t-il. "Déjà il n'y avait pas du tout de service d'ordre. Ils enfonçaient le clou, ils étaient vraiment contents de ce qui se passait, en nous disant que c'était bien fait pour nous", accuse-t-il.

 

Un sentiment d'impuissance généralisé, malgré la cinquantaine d'interpellations. Cette faiblesse est exploitée au maximum par les casseurs infiltrés, devenus de vrais professionnels de la guérilla urbaine.

 

  • le siège parisien de la CFDT dégradé en marge d’une manifestation sauvage
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Peu après 21 heures, ces manifestants ont quitté le quartier de Ménilmontant pour rejoindre celui de Belleville, dans l’Est parisien, brisant les vitres du siège de la CFDT, principal soutien au projet de loi El Khomri parmi les syndicats. En lettres rouges, ils ont inscrit sur la façade : « C’est fini de trahir. »

 

« Les actes de dégradations du siège de la CFDT sont une attaque intolérable contre la démocratie sociale », a réagi sur Twitter le Premier ministre, Manuel Valls. Sa ministre du travail Myriam El Khomri lui a rapidement emboîté le pas, condamnant sur le réseau social une « atteinte intolérable ».

 

Sur RMC-BFMTV, Laurent Berger a mis en cause l’extrême gauche. Dans une série de tweets, il a écrit : « Nos locaux à Paris viennent d’être saccagés par des individus cagoulés. Cette attaque violente est un coup direct porté à la démocratie. Stop à l’indignation sélective, ces agressions doivent être condamnées ! »

 

« La police est intervenue pour disperser cette manifestation sauvage », a dit une source policière. La centaine de personnes s’est dispersée en différents groupes, et chacun est parti de son côté. » Elle a ajouté que « la situation [était] calme pour l’instant ».

 

Selon une autre source policière, « un blessé avec plaie à la tête » a été constaté « parmi les casseurs rue Saint-Maur ». A 22 heures, neuf personnes avaient été interpellées au cours de ce rassemblement, a dit cette même source.

 

Quelques souvenirs du mois de mai 68

 

Après la folle nuit du 10 au 11 mai où la rue Gay Lussac donna aux évènements son vrai parfum de chienlit insurrectionnelle, le grand amphi de la Fac débordait. Au premier rang, très entouré, je donnais des nouvelles fraîches du front. Mon informateur, Armand Boulineau, avec qui j'avais usé mes fonds de culotte à l'école Ste Marie, venait tout juste d'émigrer sur le Boul’mich pour faire le serveur. « Toi Benoît tu peux comprendre. Même si faire le larbin en terrasse n'est pas toujours très marrant, c'est tout de même mieux que de rester aux culs des vaches à crever la dalle, sans un, sous les horions du vieux Boulineau... » Depuis le début des évènements, il me passait des coups de fils chez ma vieille pour me tenir au courant. L'Armand ça lui donnait une pêche d'enfer que de voir ces petits bourges casqués, masqués de foulards, en baskets donner le tournis aux mobiles. L'avant-veille de la fameuse nuit, le grand Boulineau m'annonçait son ralliement à la cause du peuple, enrôlé par Violette, une chouette nana de la Sorbonne, « une tête mon Benoît...et je t'en dis pas plus...mais après la bataille le repos du guerrier ce n’est pas dans les livres qu'on le trouve... » Vu sa carrure, son double quintal et ses pognes larges comme des battoirs de lavandière, l'Armand Boulineau du Grand Douar en abattait comme dix petits enragés.

 

Le 10 mai j'étais rentré tard rue Noire. Alors qu'en Lettres les anars tenaient le haut du pavé et commençaient à lupanariser leurs locaux flambants neufs, ; en Droit, le mouvement pataugeait, les chefs se marquant à la culotte. Moi je frayais dans tous les cercles et je me contentais de siffler des bières tièdes en écoutant les barbus ratiociner sur leurs obsessions programmatiques. Ma vieille baveuse goûtait modérément mes horaires erratiques. Elle bougonnait en glaviotant du dentier sans me prendre de front. La télé officielle apeurait le bon peuple et, comme sous ma tronche de propre sur lui je pouvais planquer un suppôt de la révolution, elle se méfiait. Ce soir-là j'étais tombé dans un sommeil lourd et je dormais comme un sonneur de vèze quand, à 7 heures du matin, je fus réveillé en sursaut par une main dure. Emergeant d'un coaltar cotonneux j'eus une vision d'horreur : une bouche sans dent et la réplique hirsute d'un balai de fragonnette me surplombaient. La bouche chuinta.

 

- Votre ami vous demande au téléphone...

 

Les yeux globuleux et irrigués de sang me fusillaient. Comme je dormais nu mon lever intempestif extirpa de la bouche molle une bordée de flatulences fétides. D'un geste ample je m'emballai dans ma vieille robe de chambre en grommelant un « je suis désolé... » peu crédible.

 

Le Léon, à l'autre bout du fil, chuchotait. « T'étonnes pas mon Benoît on se planque, ça fait plus d'une heure qu'on s'est réfugié dans un hôtel. On est dans le noir. Moi je suis au standard. Le gardien est reparti pousser son roupillon. Les autres sont installés dans des chambres aux étages. Faut pas que les bourrins flairent notre présence. Pour l'instant y z'ont pas encore pointé leurs truffes. Tu comprends, vers 6 heures ça devenait difficile de continuer de les balader dans le quartier alors on a eu l'idée d'ouvrir la porte de cet hôtel. Comme les casqués entraient de force chez les particuliers pour ramasser du manifestant on s'est dit que, cons comme ils sont, y penseraient pas à venir nous chercher là. Les filles mouillaient de trouille de tomber entre leurs pognes. Faut dire qu'y z'y vont de bon coeur les boeufs. On les a tellement fait chier qu'y z'ont le tournis les brutes épaisses. Y font la connerie de leur vie. Les bourgeois du quartier y sont horrifiés de voir pisser le sang de leurs mouflons. Bon va falloir que je te laisse car y faut que nous sortions de cette souricière. Moi, avec ma gueule de péquenot, je peux pointer mon nez dehors sans qui m'emballent. Tu sais Benoît je crois que la mayonnaise prend. Faut que vous vous bougiez le cul en province. Crois-moi si ça part de tous les côtés y sauront plus par quel bout la prendre cette affaire... »

 

Libérez nos camarades

 

Sur l'estrade la foire d'empoigne, entre la nébuleuse, pileuse et hirsute, des multiples groupuscules politico-syndicaux, pour prendre la direction du mouvement faisait rage. Contraste étonnant entre le joyeux bordel de la base et la teigne des apparatchiks, image saisissante de ce que ce mouvement véhiculera d'images contradictoires. Les émeutes du Quartier Latin, relayées par les radios périphériques, l'ORTF étant muette, nous avaient électrisés, la bonde était ouverte et plus rien ne semblait pouvoir arrêter le flot de nos délires. Pour ma part, même si je restais encore en retrait, sous l'action conjuguée de Pervenche l'insurgée et du grand Boulineau, j'appréciais l'irruption dans ma vie de coq en pâte d'une forte dose d'extraordinaire. Sans que je puisse l'expliquer, ce chaos naissant m'apparaissait comme une chance à saisir, un temps où tout devenait possible, un moment d'histoire dont j'allais être acteur.

 

Tout est allé très vite. Lors d'une brève accalmie sur l'estrade, je me levais pour me saisir du micro et, face à l'amphi bruissant, au lieu de brailler comme mes prédécesseurs, de servir des tonnes de camarades, de proclamer ma foi en la révolution prolétarienne, de faire allégeance à une bannière, sur le ton de la confidence je me suis entendu me présenter comme le porte-parole de ceux qui n'avaient jamais eu la parole. Très vite le silence se fit. Etonnés, pris de court, les chefs de meutes ne purent que me laisser faire.

 

Alors, sans trémolo ni grosse caisse, j'ai parlé des gens de peu de mon pays crotté, de notre servitude séculaire, de toutes ces années de génuflexion et de tête baissée. Des milliers de paires d'yeux me soutenaient. J'enchaînais sans élever la voix, en disant que le temps du silence, de la frustration et de l'obéissance venait de prendre de fin. On m'applaudissait. Je levais la main et l'amphi refaisait silence. J'osais. Oui cette parole arrachée à ceux qui nous en privaient nous n'allions pas nous la faire confisquer par d'autres. Les nouveaux chefs conscients du danger voulaient me jeter. L'amphi grondait. Ils reculaient. Alors, avec un aplomb que je ne soupçonnais pas, je proposais l'élection d'un Comité de grève. L'amphi m'ovationnait. Immédiatement je me portais candidat en tant que représentant des étudiants salariés. A mains levées il m'élisait. Tout étourdi de mon audace je rendais le micro à Dieulangard, leader de la tendance dure des Maos Spontex, qui me toisaient.

 

« T'es qui toi ?

 

- Un mec qui va te marquer à la culotte...

 

- Faudra d'abord ôter tes couches branleur !

 

- Et toi compter sur les doigts d'une main tes clampins décervelés...

 

- Tu nous cherches ?

 

- Non camarade je t'explique que le rapport de force est en ma faveur et faudra que tu en tiennes compte...

 

- Que tu dis...

 

- C’n’est pas ce que je dis bouffeur du petit Livre Rouge. C'est ! Regarde bien cet amphi. Ta Révolution, versus longue marche, ils s'en branlent. Ce qu'ils veulent c'est que ça change même s'ils ne savent pas ce qu'ils veulent changer...

 

- T'es qu'un petit bourgeois vérolé ! Tu n'as aucune perspective historique...

 

- Coupes ton magnéto petit Mao je connais par coeur tes sourates...

 

- On t'écrasera comme une punaise !

 

- Avec tes potes staliniens versus Budapest...

 

« Libérez nos camarades...Libérez nos camarades... »

 

L'amphi tonnait.

 

Les pathétiques et les lamentables

 

Le Comité de grève, réuni dans la grande salle de réunion de la Fac, recevait le Doyen, Claude Dupond-Pronborgne, flanqué de quelques professeurs, ceux qui ne s'étaient pas tirés, d'un paquet de maîtres-assistants et d'assistants penchant de notre côté. Nous avions convoqué le Doyen - avec la dose de grossièreté qui sied à une assemblée dont c'était le seul ciment - pour vingt heures, afin qu'il prenne acte de nos exigences. Pas question de négocier avec lui, même si nous n'étions d'accord sur rien, sauf de maintenir la mobilisation, il devait bouffer sa cravate. Sans protester, le Doyen et son dernier carré avait tout avalé. Tous arboraient le col ouvert, le tableau était pathétique. Tous à plat ventre, même Salin, l'un des futurs thuriféraires des papes de l'Ecole de Chicago nous donnait du cher collègue. Mais si eux étaient pathétiques nous, nous étions lamentables. Nous pratiquions une forme très primaire de langue de béton brut mal décoffré, grisâtre, granuleuse, du genre de celle qu'on utilise pour se lester avant de se jeter à la baille un jour de désespoir sans fond. « Sous les pavés, la plage... » Nous étions à cent lieues de la poésie de nos graffitis.

 

Vers onze heures, face à l'enlisement, je pris deux initiatives majeures : ouvrir en grand les fenêtres - le nuage de notre tabagie atteignant la cote d'alerte - et proposer une pause casse-croûte. Pervenche, avec son sens inné de l'organisation, à moins que ce fusse son atavisme de fille de chef, nous avait fait porter par le chauffeur de son père - sans doute était-ce là une application directe de l'indispensable liaison entre la bourgeoisie éclairée et le prolétariat qu'elle appelait de ses vœux - deux grands cabas emplis de charcuteries, de fromages, de pain et de beurre, de moutarde et de cornichons, de bouteilles poussiéreuses de Bordeaux prélevées dans la cave de l'hôtel particulier de la place Mellinet. Rien que de bons produits du terroir issus de la sueur des fermiers des Enguerrand de Tanguy du Coët, nom patronymique de mon indispensable Pervenche. Quant au Bordeaux, le prélèvement révolutionnaire s'était porté sur un échantillon représentatif de flacons issus de la classification de 1855. Face à cette abondance, la tranche la plus radicale du Comité hésitait sur la conduite à tenir : allions-nous nous bâfrer en laissant nos interlocuteurs au régime sec ou partager avec eux notre pitance ? Ces rétrécis du bocal exigeaient un vote à bulletins secrets. A dessein je les laissais s'enferrer dans leur sectarisme.

 

Sans attendre la fin de leur délire je sortais un couteau suisse de ma poche, choisissais la plus belle lame et tranchais le pain. Face à ce geste symbolique le silence se fit. De nouveau je venais de prendre l'avantage sur les verbeux, leur clouant le bec par la simple possession de cet instrument que tout prolo a dans sa poche. Eux, l'avant-garde de la classe ouvrière, à une ou deux exceptions près, en étaient dépourvus. Dupond-Pronborgne étalait sur sa face suffisante un sourire réjoui : il exhibait un Laguiole. Je lui lançais « au boulot Doyen, le populo a faim ! »Spectacle ubuesque que de voir notre altier agrégé de Droit Public embeurrer des tartines, couper des rondelles de saucisson, fendre des cornichons, façonner des jambons beurre avant de les tendre à des coincés du PCMLR ou des chtarbés situationnistes. Nous mâchions. Restait le liquide et là, faute de la verroterie ad hoc, nous séchions. Se torchonner un Haut-Brion au goulot relevait de la pire hérésie transgressive dans laquelle, même les plus enragés d'entre nous, ne voulait pas tomber. Que faire ? Face à cette question éminemment léniniste, nous dûmes recourir à l'économie de guerre, c'est-à-dire réquisitionner les seuls récipients à notre disposition soit : trois tasses à café ébréchées, oubliées là depuis des lustres ; deux timbales en fer blanc propriété de deux communistes de stricte obédience qui les trimballaient dans leur cartable, un petit vase en verre soufflé et quelques gobelets en carton gisant dans une poubelle. »

 

....

 

Debré cogne :

 

« Quand on veut être président de la République, on doit avoir le sens de l'Etat. Et Sarkozy ne l'a pas. »

 

« Rien ne m'étonne plus de Sarkozy. Il n'a aucun sens de l'Etat. C'est un chef de clan auquel il est interdit de résister, surtout au nom du droit ».

 

Evoquant la réforme de 2008 qui a modifié en profondeur la Constitution, Jean-Louis Debré affirme que « Sarkozy était prêt à tout casser, par caprice, parce qu'il avait envie de s'exprimer devant le Congrès ». Selon lui, «la Ve République a été brisée par cette réforme», car «les institutions ne fonctionnent plus». «A droite, la crise est pathétique. Les candidats à la primaire proposent tous la même chose et ne cessent de se dénigrer entre eux », «en face, au PS, ils prennent un malin plaisir à se combattre ».

 

Interrogé sur ses rapports avec François Hollande, qui passe son grand oral sur France 2 ce jeudi soir pour expliquer le sens de son quinquennat, Jean-Louis Debré affirme que les contacts qu'il a eus avec lui « ont toujours été faciles ».

 

Nicolas Sarkozy remonte point par point son retard sur Alain Juppé dont la cote s’effrite

 

Le patron des Républicains ne plastronne pas encore mais il commence déjà à faire rouler les tambours. Un sondage de popularité le place devant Alain Juppé auprès des sympathisants de droite et voilà toute la Sarkozie qui voit déjà son champion de retour à l’Elysée l’an prochain.

 

La CGT, son meilleur agent électoral

 

Sa remontée dans les sondages coïncide avec l’interminable crise sociale que traverse le pays et l’affaiblissement de François Hollande. Le procès en déficit d’autorité du pouvoir socialiste profite à Nicolas Sarkozy. Dès le début, l’ancien président a compris le bénéfice qu’il pouvait en tirer. Un passage au 20 heures de TF1 pour dénoncer la « chienlit » – l’occasion de réaffirmer son leadership pendant qu’Alain Juppé se perd en atermoiements.

 

Résultat : on constate le début d’un revirement. Nicolas Sarkozy est persuadé qu’en faisant campagne sur l’autorité plutôt que sur le redressement économique, il a vu juste. Force est de constater que la CGT est en ce moment son meilleur agent électoral. Pour Alain Juppé, l’avertissement est clair : on n’a jamais vu un candidat gagner une élection sans faire campagne !

 

Si ces concurrents le pressent de se déclarer candidat, Nicolas Sarkozy s’amuse lui de leur fébrilité. Et il n’a pas l’intention de changer son agenda : pas de question de se déclarer avant le conseil national du 2 juillet, encore moins pendant les vacances. Il profitera donc de sa double casquette jusqu’au bout. « La campagne commencera quand je serai candidat ! » aime-t-il répéter devant ses troupes. Il mettra fin au suspense à la mi-août. Après, le « bulldozer » Sarkozy aura cent jours pour réussir son pari. Comme dans le film « The Revenant », il va se battre pied à pied pour faire douter « Alain », son seul adversaire dans son esprit. Car il ne calcule pas les autres : il n’a que mépris pour son ancien Premier ministre François Fillon qui est, dit-il, «fini » et se moque du « prétentieux » Bruno Le Maire.

 

Mais pour réussir son retour et convaincre les Français de lui redonner le pouvoir, il va devoir résoudre un gros problème : rendre crédible sa parole d’ancien président qui promet de faire ce qu’il n’a pas fait pendant cinq ans notamment sur le plan économique. Nicolas Sarkozy a beau tout repeindre en positif, ses concurrents sauront lui rappeler que les Français ne l’ont pas réélus en 2012.Et que, pour l’instant, aucun autre avant lui n’est parvenu à revenir à l’Elysée.

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, André Santini se surpasse : « Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Baupin qu'on peut faire n'importe quoi avec sa baguette »

J’élague !

 

La lucidité de George Sand « Il ne faut jamais avoir honte de ses lettres d’amour, mais parfois de l’adresse. »

 

Ma propension à hiberner atteignait des sommets. Claquemuré je tentais colmater les brèches qui s’ouvraient de partout. Cette fois-ci je ne pouvais fuir, m’échapper. Le piège s’était refermé. Mes journées s’étiraient, se diluaient en une attente insupportable. Confronté pour la première fois de ma vie avec un manque profond je me laissais aller, me consumais. Il m’arrivait d’en rire. Rire seul, se moquer de soi-même, cruelle ironie de la complaisance, je ne touchais que la monnaie de ma pièce, le retour en boomerang de mon insondable égoïsme. Émilie ma volute, s’était échappée, même si elle ne savait pas où la menait le nouveau chemin qu’elle empruntait. Qu’importait ! S’apitoyer sur soi : intolérable orgueil, il me fallait me soumettre et rien que ce mot me glaçait. Toute ma vie j’avais forcé le cours des choses, plié les autres à ma volonté, à mes rêves et mes désirs, le temps était venu de faire mon deuil, de tourner la page : je ne pouvais l’aimer avec un quelconque espoir de retour. Alors je l’aimerais tout court car je l’aimais comme un dingue, de cette folie planquée sous mes grands airs, ma soi-disant distance. Allais-je abdiquer, lâcher prise ? Non j’allais grappiller, laisser de côté mon amour-propre, me foutre comme de ma première chemise de mes échecs, me contenter de peu. Ne rien concéder, prendre le risque de me faire jeter, c’était si neuf que ça me perfusait une rage indestructible. Somme toute la vie était belle, j’allais l’aimer sans me soucier, léger, me fondre dans son paysage, lire et écrire enfin sans me préoccuper du lendemain.

 

« Les rêves sont les seuls réceptacles de l’intime ».

 

Inscrire en exergue du Mauriac pur sucre « Il y a une manière d'être long, qui consiste à ne pas élaguer, à ne pas choisir et qui n'est en rien un signe de richesse. »

 

Étrange sensation tout autour de mon bunker, de mon balcon je contemple les bataillons de manifestants montant vers Denfert, pancartes, banderoles, équipement suranné, un autre monde, le passé, dépassé, mélange étrange de vieux briscards des défilés syndicaux, jeunes qui s’enivrent d’une improbable révolution, l’inatteignable rêve du peuple de la rue embastillé par les briseurs de rêve des appareils. Beaucoup livrent bataille sur les réseaux sociaux en évoquant la Grèce des généraux : Z de Costa-Gavras avec le petit juge Trintignant, Montand le politique et les barbouzes aux lunettes noires en oubliant l’Aveu avec le même Montand et ses lunettes de soudeur face à ses tortionnaires et ses juges aux ordres du socialisme réel. Ils raillent les social-traîtres mais où seront-ils dans 10 ans ?

 

Et puis, lorsque je m’extirpe de mon isolement, à vélo je croise des hordes de supporters beuglant, pack ou pinte de bière à la main, mais pourquoi dit-on qu’ils sont avinés ? Le foot, le foot, le nouveau jeu du cirque médiatique, mais n’est-ce pas aussi ce peuple dont se gargarisent ceux qui se parent facilement des oripeaux des Brigades Rouges ou de la Fraction Armée Rouge de ma jeunesse. Jeu de rôles insupportables entre un pouvoir en état de désintégration et des appareils obsolètes : n’est-ce pas là un prurit d’un pays qui ne sait plus se parler, s’entendre, brassant à souhait, à l’infini, son incapacité à affronter la réalité d’un monde où le non de ceux qui excluent et celui de ceux qui veulent accueillir toute la misère du monde se mélangent. Les éclatements, les césures, mènent à l’exacerbation des nationalismes, des guerres, du sang.

 

« On a appelé le XXe « le siècle de Sarajevo ». les cycles de l’histoire se moquent des chiffres ronds et de la façon dont, depuis toujours, l’humanité les arrête. Une époque s’épuise quand le temps est venu, elle ne tient pas compte des dates. On dit par convention que le XXe s’ouvre le 28 juin 1914 avec l’assassinat de l’archiduc par Gavrilo Princip. Pour les livres d’histoire le rapport de cause à effet ne pose pas de problème. Gavrilo appuie sur la détente et la Première Guerre mondiale éclate, on perd quasi dix millions de soldats et six millions de civils, sans compter les morts des « dommages collatéraux », épidémies, pénuries, famines. Autre convention : le siècle se termine à Sarajevo, emblème de toutes mes guerres des Balkans dans les années 90.

 

[…]

 

« Le temps écrase les perspectives, comprime les faits, érige des symboles, fait confiance à la vulgate. Homère raconte la guerre de Troie des siècles après qu’elle a eu lieu et il la sort de son contexte : la lutte pour le contrôle des Dardanelles et du Bosphore, passage essentiels pour le commerce. Il s’arrête aux personnages. »

 

[…]

 

Là, à l’endroit où l’Europe annonce l’Asie, une femme fatale. Ici, à l’endroit où l’Europe annonce l’Orient, un pénalty fatal lire ou relire ma chronique de dimanche dernier  Un nouvel Homère des Balkans pourrait gloser ainsi : il existait un jeu assez répandu et suivi qu’on appelait le football. Faruk devait sauver l’existence d’une nation avec un pénalty. Il le rata. Ce fut la guerre dans toute la région. Il pourrait gloser ainsi en vertu d’une aptitude toute yougoslave à chercher un bouc émissaire, à privilégier la narration épique aux dépens de la complexité d’analyse. Ce fut le cas avec l’irrédentiste yougoslaviste Gavrilo Princip, c’est encore le cas – bien que la distance rende les comparaisons un peu boiteuses – pour le yougoslaviste Faruk Hadzibegic.

 

Par crainte d’attiser les frictions entre grandes puissances, trop graves pour qu’on leur trouve un remède, on choisit clairement et immédiatement de mettre sur le dos de Princip et de ses complices une responsabilité qui les dépassait, bien trop grande pour eux. On s’absout soi-même en focalisant sur l’acte f=criminel d’un étudiant de 19 ans.

 

« Je pensais que l’attentat contre l’archiduc n’aurait pas de conséquences graves, mise à part ma condamnation…J’aimerais dire que j’avais des remords. Mais mon acte a eu des conséquences qu’on ne pouvait en aucune façon évaluer ni prévoir. Si j’avais pu imaginer la dérive qui a suivi, je me serais assis moi-même sur ma bombe pour me faire exploser. » déclarera lors de son procès Nedeljo Cabrinovic, qui avait raté le précédent attentat. »

 

Gavrilo Princip, en dernier. Jamais repenti, avec cette seule note de contrariété : « je ne prévoyais pas qu’après l’attentat il y aurait la guerre. Je croyais que l’attentat aurait agi sur la jeunesse, l’aurait incitée à propager les idées nationalistes. »

 

Ivic Osim le Bosniaque, le dernier sélectionneur de l’équipe de Yougoslavie, s’interroge :

 

« Je me demande ce qui serait arrivé si nous avions battu l’Argentine. Peut-être suis-je trop optimiste, mais dans mes rêves secrets je me demande ce qui serait arrivé si nous avions joué la demi-finale, ou la finale. Je veux dire : ce qui serait arrivé dans le pays. Peut-être que nous n’aurions pas eu la guerre, si nous avions gagné la Coupe du monde. Peut-être pas, mais je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer. Et donc, quand je suis allongé sur mon lit et que je ne dors pas, je me dis que les choses auraient pu s’arranger, si nous avions gagné la Coupe du Monde. »

 

Signé Gigi Riva

 

Le foot, le foot, illustration dans le Télégramme de Zagreb

 

« La Fédération croate de football est gangrenée par la politique et la corruption, ce qui rejaillit sur la sélection nationale, s’insurge ce quotidien de Zagreb. Ecœurés, de nombreux Croates ont décidé de ne pas encourager les Ardents pour l’Euro, au risque d’être accusés d’antipatriotisme.

 

« Les sportifs sont les meilleurs ambassadeurs de notre pays », disait le premier président croate [de 1990 à 1999], Franjo Tudjman. Au début des années 1990, presque tout le monde partageait ce point de vue : la Croatie était une jeune nation, encore en guerre à l’époque, et sa reconnaissance était à construire.

 

Soutenir l’équipe nationale de la Croatie, est-ce toujours faire preuve de patriotisme ? Est-ce le signe distinctif qui sépare les Croates loyaux de ceux qui ne le sont pas ? La réussite des Ardents [les joueurs de la sélection croate] est-elle une question d’intérêt national ? Autrement dit, est-ce un acte antipatriotique de ne pas supporter l’équipe nationale de football ?

 

La Croatie, nouveau favori de l’Euro ?

 

Dans les sociétés démocratiques, il est tout à fait normal et légitime de se moquer royalement du parcours de sa sélection nationale lors d’une grande compétition. Quand on est amateur de football, il est logique de soutenir son club, mais une éventuelle absence de soutien à l’équipe de son pays ne saurait être qualifiée d’antipatriotique. Car le patriotisme peut s’exprimer de diverses façons : en payant ses impôts et en respectant les lois nationales, par de belles performances dans le monde de l’économie ou de la culture, ou par un engagement visant au développement de la communauté locale ou de la société en général. Le patriotisme ne se mesure pas obligatoirement par le soutien à l’équipe nationale de football ou au représentant du pays à l’Eurovision.

 

Corruption et fascisme à tous les étages

 

Il faut rappeler que le foot reste, malgré ses implications sociales, juste un jeu. Mais en Croatie, les enjeux dépassent le jeu. Nous avons une Fédération nationale antidémocratique contrôlée par un seul homme, Zdravko Mamić, poursuivi par la justice pour des actes criminels et une fraude de plusieurs millions d’euros. Il existe un grand mépris à l’égard de la deuxième ville du pays (Split), de son équipe (Hajduk) et de son stade, au profit du Dinamo de Zagreb. Nous avons un président de la Fédération nationale de football, Davor Šuker, qui se fait photographier à Madrid sur la tombe d’un chef fasciste [Ante Pavelić, président de l’Etat indépendant de Croatie, fondé en 1941 avec le soutien de la puissance occupante allemande], qui reçoit des conseils de paris d’un roi des matchs truqués condamné par la justice allemande. Et qui ose affirmer que l’Etat, c’est-à-dire les contribuables, doit lui verser plus d’argent.

 

Nous avons un sélectionneur national, Ante Čačić, nommé à ce poste malgré un manque chronique d’autorité, de notoriété, d’expérience et probablement du savoir indispensable pour diriger une équipe à fort potentiel. Mais cela ne compte pas. Ce qui compte, c’est qu’il soit un produit maison, ouvert à toutes sortes de suggestions. Son assistant [Josip Simunić] n’a même pas le brevet d’entraîneur, mais il a excellé en hurlant le salut nazi dans les tribunes du stade de Zagreb.

 

De quoi vous dégoûter du maillot à damier

 

Nous avons des joueurs qui se taisent et approuvent tout cela tacitement. Nous avons un ministre des Sports qui fait tout son possible, y compris en recourant au mensonge, pour empêcher l’application de la loi censée introduire un peu d’ordre dans le football croate, car cela ne convient pas au big boss Zdravko Mamić. Sont-ils les meilleurs ambassadeurs de notre pays ?

 

Il y a là matière à vous dégoûter et à vous passer l’envie d’enfiler le maillot à damier pour l’Euro. Au risque d’être qualifié d’antipatriotique par ceux qui gouvernent notre football et la politique. Toutefois, soutenir une équipe relève de l’intime et n’a rien à voir avec l’Etat ou la Fédération, encore moins avec le patriotisme.

 

De plus en plus de gens ne reconnaissent plus leur équipe dans les Ardents. Ils se rendent compte que le patriotisme affiché ne sert qu’à cacher les intérêts crapuleux d’un groupe de personnes qui monopolisent les sentiments intimes, au nom d’un nationalisme dur, voire de sympathies pour le régime oustachi de la Seconde Guerre mondiale. »

 

François Hollande parie gros avec l'Euro

 

L’attente est forte, l’ambition est élevée. Toutes les conditions ont été réunies pour que vous puissiez être concentrés dans la compétition et engagés vers votre objectif. » Dimanche soir, avant de passer à la table des Bleus à Clairefontaine, François Hollande s’est voulu rassurant : rien ne peut détourner la bande de Didier Deschamps de son objectif, la victoire. Comme si le chef de l’Etat en quête de bonnes nouvelles voulait chasser les menaces qui planent au-dessus de cet Euro si capital. Pour le pays... et pour lui.

 

« L’Euro c’est la COP21 du football », résume d’un trait l’un de ses collaborateurs, en référence à la grand-messe diplomatique et climatique qui, en décembre dernier, avait réuni au Bourget plus de 170 chefs d’Etat et de gouvernement. Or, comme si la grogne sociale et le danger terroriste ne suffisaient pas, les inondations sont venues s’ajouter au climat anxiogène à quelques jours du match d’ouverture.

 

« Le président est inquiet, c’est vrai, même si nous sommes mobilisés », reconnaît un ministre de poids. Hier, au micro de France Inter, la priorité était donc de déminer, notamment sur le front social : « La compétition n’a rien à craindre », assure le président qui, toutefois, est à la limite d’adresser un carton jaune aux grévistes. « Personne ne comprendrait que la grève des trains ou des avions puisse empêcher le déplacement des spectateurs. » Les inondations ? « Aucune conséquence. » Ce qui le préoccupe le plus, c’est la sécurité. « Il y a très clairement une menace terroriste. [...] Mais nous avons mis tous les moyens. » Dans l’équipe type de François Hollande pour diriger l’Euro, Bernard Cazeneuve (Intérieur) se trouve ainsi propulsé en pointe, éclipsant le ministre des Sports. A cheval sur le maintien de l’ordre, Manuel Valls lui est à la baguette au milieu du terrain...

 

Malgré les risques, François Hollande a voulu « le maintien de la compétition ». Selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport (CDES), « l’Euro 2016 apportera un surcroît d’activité économique de 1,2 Md€ ». Et la création de 26 000 emplois. De quoi contribuer à inverser la courbe du chômage et à donner un peu plus de contenu à la ritournelle présidentielle du « ça va mieux ». Même Karim Benzema est renvoyé aux vestiaires. « Il ne doit pas y avoir de polémique », balaie Hollande, réfutant que l’équipe de France soit « raciste ».

 

A tous les niveaux, c’est l’image de la France qui est en jeu, notamment dans l’optique de la candidature de Paris aux JO de 2024. Le 5 août, le chef de l’Etat est attendu à Rio. « S’il arrive avec un Euro plombé, c’est foutu », glisse le député PS Régis Juanico, qui dirige le groupe parlementaire de soutien à la candidature.

 

Sans compter l’enjeu présidentiel. A un an de l’élection de 2017, rater l’Euro, c’est se mettre définitivement hors-jeu. Même si l’inverse ne garantit pas une embellie à la façon d’un Jacques Chirac surfant, en 1998, sur l’effet Coupe du monde. Selon un sondage Yougov pour i>télé, une victoire des Bleus « n’aura pas d’impact sur la popularité de François Hollande » pour 47 % des Français, contre 36 % qui pensent le contraire. Il n’empêche : outre les prestations de l’équipe de France, le président assistera avec la chancelière Merkel au match Allemagne - Pologne en ayant bien l’intention de mouiller le maillot. Ça tombe bien : hier, juste après avoir mangé un plat de pâtes à Clairefontaine à la table de Didier Deschamps et du capitaine Hugo Lloris, les Bleus lui ont offert un maillot dédicacé et floqué du no 24. Comme le 24e homme...

»

Hollande présent (et démonstratif) à tous les matches des Bleus : en fait-il trop ?

 

ASSIDU - L'image François Hollande jouant les supporters enflammés mercredi soir lors du France-Albanie amuse les réseaux sociaux. Le président de la République compte bien enchaîner les matches durant le mois qui vient. Est-ce bien raisonnable ?

 

François Hollande n'en loupera pas un. Le chef de l'Etat, qui a déjà assisté aux deux premiers matches de la France, contre la Roumanie le 10 juin et contre l'Albanie mercredi soir, va se livrer à un véritable marathon footballistique durant l'Euro 2016. Dimanche, il se rendra, en bon supporter, à la rencontre France-Suisse au stade Pierre-Mauroy, à Villeneuve d'Ascq.

 

Diplomatie sportive

 

Avant même le départ de la compétition, l'Elysée avait clairement balisé le terrain : le Président sera de tous les matches des Bleus et se rendra à la finale, quelles que soient les équipes. Il fera même des à-côtés à dimension diplomatique : il est ainsi attendu samedi au Portugal-Autriche avec les dirigeants de ces pays. Ce qui fait, pour cette seule semaine, quatre matches. Ce n'est pas fini : pour tous les autres matches, le protocole prévoit la présence d'un membre du gouvernement. Faut-il en faire autant ?

 

Que François Hollande soit un véritable fan de football, nul n'en doute. Qu'il veuille faire de l'Euro 2016, en pleine agitation sociale et sous la menace de nouveaux attentats, une occasion de "remettre le pays de bonne humeur", il l'assume lui-même.

 

De là à en faire de la récupération politique… A droite, on se souvient de l'assiduité de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy lorsqu'ils étaient en fonction et on se garde bien de se moquer.

 

Certains s'affichent même avec François Hollande, comme le président de la région Paca, Christian Estrosi, qui a publié une photo du petit gueuleton "protocolaire" avec le président albanais à la mi-temps. Image qui fait beaucoup ricaner sur Twitter.

 

 

Mais dans le climat actuel, certains s'interrogent sur l'opportunité d'en faire autant sur l'Euro 2016. "Le fait qu'il aille aux matches, ça ne me choque pas", explique le sénateur LR Roger Karoutchi, proche de Nicolas Sarkozy, à metronews. "Mais que François Hollande soit aussi démonstratif à chaque but pour gagner 0,1 point de popularité, c'est démago en diable. Du reste, en période d'état d'urgence, peut-être qu'un peu moins de ministres dans les tribunes et un peu plus dans les bureaux serait plus rassurant."

 

Les Français, en tout cas, ne devraient pas mettre cela au passif de François Hollande. Selon un sondage Odoxa pour i-Télé à l'ouverture de l'Euro 2016, 62% d'entre eux estimaient que le président n'en fait pas trop pour soutenir les Bleus, et 53% qu'il est dans son rôle lorsqu'il supporte l'équipe nationale. Des scores auxquels le chef de l'Etat n'est pas vraiment habitué.

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, «Ils ont intérêt à me bloquer sur la bretelle Quand je serai sur l’autoroute, personne ne pourra m’arrêter», Sarkozy octobre 2014

Voici deux ans que je vis sous l’état d’urgence, un état d’urgence absolu !

 

Lorsque je l’avais croisée, sans même y réfléchir, face à la situation, j’avais décrété «l’état d’urgence», je prenais enfin conscience que le temps m’était brutalement compté, il me fallait m’extraire sans délai de ma latence, rompre ma déshérence, l’aimer à me péter le cœur !

 

Quête hypnotique d’une seule femme, l’unique, elle !

 

« J'ai longé ton corps /Épousé ses méandres /Je me suis emporté /Transporté… J'ai tout essayé /J'ai tout essayé

 

Aucun express ne m'emmènera/Vers la félicité /Aucun tacot n'y accostera /Aucun Concorde n'aura ton envergure /Aucun navire n'y va /Sinon toi

 

Aucun trolley ne me tiendra /Si haut perché /Aucun vapeur ne me fera fondre /Des escalators au chariot ailé /J'ai tout essayé /J'ai tout essayé

 

J'ai longé ton corps /Épousé ses méandres /Je me suis emporté /Transporté

 

Par-delà les abysses /Par-dessus les vergers/Délaissant les grands axes / J'ai pris la contre-allée /Je me suis emporté /Transporté

 

Aucun landau ne me laissera /Bouche bée/Aucun Walhalla ne vaut le détour/Aucun astronef ne s'y attarde /Aucun navire n'y va /Sinon toi

 

J'ai longé ton corps/Épousé ses méandres /Je me suis emporté /Transporté /Par-delà les abysses /Par-dessus les vergers/Délaissant les grands axes/J'ai pris la contre-allée /Je me suis emporté /Transporté

 

Aucun express ne m'emmènera / Vers la félicité /Aucun tacot n'y accostera /Aucun Concorde n'aura ton envergure /Aucun navire n'y va/Aucun

 

J'ai longé ton corps /Épousé ses méandres /Je me suis emporté /Transporté

 

Par-delà les abysses /Par-dessus les vergers/Délaissant les grands axes / J'ai pris la contre-allée /Je me suis emporté /Transporté

Ce jour de juillet nous quittâmes, à vélo, sans trop de regret les mornes plaines des confins du XIIIe-XIVe pour rejoindre notre nouvelle demeure. Il nous fallut grimper, forcer sur nos pédales, pour atteindre les hauteurs de la Mouzaïa. À destination nous étions nimbés de sueur, fenêtre ouverte, face à elle sous la douche, je m’émerveillais « Y’a toujours des oiseaux à la Mouzaïa ». Affleurement, effleurement, nous fîmes l’amour avec délice sur notre presqu’île et le moka d’Abyssinie qu’Émilie prépara, avec les mêmes soins que Chouchou, bien mieux qu’un visa, me conférait le statut de résident. Je jetais mon statut d’apatride aux orties, j’abandonnais le no man’s land complaisant où je me vautrais depuis toujours.

 

« À cette époque, n’ai-je pas toujours été en retrait, dans la position du spectateur, je dirais même de celui qu’on appelait le « spectateur nocturne » *, cet écrivain du XVIIIe siècle que j’aimais beaucoup… Restif de La Bretonne» le Modiano de L’herbe de la nuit « J’ai souvent l’impression que le livre que je viens de finir n’est pas content, qu’il me rejette parce que je ne l’ai pas abouti. Comme on ne peut plus revenir en arrière, il me faut alors en commencer un autre, pour aboutir enfin le précédent. Donc je reprends certaines scènes pour les développer davantage. Ces répétitions ont un côté hypnotique, comme une litanie. Je ne m’en rends pas compte quand j’écris, et puis je ne relis pas mes livres plus anciens car ça me bloquerait… Vous savez, il est difficile d’avoir de la lucidité sur ce qu’on écrit. La répétition vient peut-être du fait que je suis travaillé par une période de ma vie qui revient sans arrêt dans ma tête. »

 

Quête hypnotique d’une femme que ses héros tentent de retrouver de livre en livre : «C’est la même personne qui revient de roman en roman, mais de façon fantomatique, pas parce que j’aime les êtres éthérés, mais comme une photo qui aurait été rongée par les moisissures du temps et par l’oubli. C’est l’oubli qui est le fond du problème, pas la mémoire. On peut avoir été très intime avec quelqu’un, et, des années après, cette personne apparaît comme rongée, avec des pans entiers manquant dans votre mémoire. Ce sont ces fragments d’oubli qui me fascinent. »

 

Comme Modiano mes petits carnets sont remplis de notes, de traces, d’épluchures de vie « Nous pouvions faire le chemin à pied, mais la perspective de suivre l’interminable rue de la Santé et de longer les murs de la prison puis de l’hôpital Sainte-Anne, à cette heure-là, m’a glacé le cœur. » Notre transport sur une presqu’île, paradoxalement rompait mon retrait, cet isolement me projetait dans le monde et j’allais devoir enfin l’affronter les yeux grands ouverts. Et puis, Émilie serait à deux pas de son travail, la rue de Crimée, droite comme un I qui grimpait jusqu’à Botzaris où la rue de la Mouzaïa son affluent venait se jeter après avoir bénéficiée de l’enfilade des Villas.

 

Tout était dit.

 

Octobre 2014

 

J’avais titré ma note au Premier « Juppé, dernier rempart face à l’effondrement du système… » Grandiloquent certes ce titre mais je n’avais pas trouvé mieux pour résumer mon analyse de la donne de la présidentielle de 2017. Face à la perspective d’un second tour Le Pen/Sarkozy, dans la mesure où l’alternance se ferait mécaniquement à droite, la candidature de Juppé permettait de jouer une carte à la Giscard, la France veut être gouvernée au Centre, sauf que le Centre n’existe qu’en tant que force d’appoint pour la Droite. Ce que Hollande avait raté à la suite de son élection en laissant Bayrou mordre la poussière alors qu’il avait appelé à voter pour lui, Juppé par construction le réalisait avant l’élection. Mais encore faudrait-il qu’il puisse se présenter en gagnant la fameuse primaire ouverte inaugurées par le PS. Avec ce fou furieux de Sarko, qui allait remettre la main sur le parti, ça n’était pas gagné d’avance, sauf à ce que le petit ne se fasse vraiment rattrapé par ses casseroles judiciaires.

 

Je préconisais donc de faire l’impasse sur la future présidentielle, une forme de repli en bon ordre sur une position préparée à l’avance : la social-démocratie assumée, et de manœuvrer pour que la primaire de l’UMP à la sauce Sarko soit polluée par de braves sympathisants votant massivement pour Juppé. Manœuvre, certes délicate, mais jouable à la condition de préparer le terrain et de jouer fin en sous-main. N’oublions pas que les primaires ouvertes à la sauce socialo se jouent à deux tours, et qu’entre les deux, à la condition d’avoir fait un score qualifiant, le jeu des alliances avec le centriste pourrait permettre à Juppé de tirer son épingle du jeu. Bien évidemment j’ajoutais, qu’en dépit de ma conviction que mon analyse et ma stratégie étaient pertinentes, je n’étais absolument pas partant pour remettre les pieds dans les soupentes de l’UMP comme je l’avais fait au tout début du septennat. Peine perdue, j’avais à nouveau péché par orgueil, me restait plus qu’à faire le mort pour qu’on m’oublie.

 

Le 9 novembre 2014 j’écrivais

 

« Maigre vapeur saisi en aller-retour à la poêle, carottes et navets de variétés oubliées rôtis à feu doux, câpres de Pantelleria, ciboule à fleurs, mince filet d’huile de cumbava, Claire au piano fut impeccable. Le catalan, un peu crispé à son arrivée, se détendit un peu lorsque je lui proposai ce dîner frugal. À table Émilie se tenait à ma droite, le premier Ministre nous faisant face. Ses sbires s’installèrent sur le canapé de l’entrée face à l’écran plat, par bonheur Canal+ diffusait un match de la Champion League. Un bref instant, Manuel et moi évoquâmes nos souvenirs de week-end de Pentecôte, chez Catherine et Jean-Paul, en Normandie. Filiation rocardienne devenue certes lointaine mais fil rouge de la fameuse ouverture du temps de la France unie de Mitterrand. Si Simone Veil avait basculé en 1988, le panorama politique aurait vraiment changé mais Antoine veillait au grain, Rocard dû se contenter de seconds couteaux à l’exception notable d’un Jean-Pierre Soisson suffisamment caméléon pour accepter l’aventure au Ministère du Travail. Le catalan m’écoutait. Émilie lui proposait une larme de chenin de Jo Pithon qu’il acceptait. Nous mangeâmes en silence sous le regard attendri de Claire qui préparait une compotée de rhubarbe vanille bourbon- riz au lait cru de vache Jersiaise.

 

La conjonction d’un excellent dîner, léger et rapide, et de mon introduction perche tendue, confortait l’animal politique, renforçait son capital de confiance en moi. Il n’avait rien à craindre, ce qui allait se dire autour de cette table nichée dans la Mouzaïa ne se retrouverait pas dans la presse ou dans un futur livre de confidences. La grande maison lui avait tiré mon portrait, rétif mais loyal, et il savait à quoi s’en tenir. Manuel prit la peine de se lever pour aller remercier Claire. Émilie servit le café. Réendossant ses habits de Premier Ministre Manuel nous gratifia d’une analyse assez sombre de l’état de la majorité présidentielle. « L’extrême-gauche tient le même discours économique que l’extrême-droite, incantatoire, irresponsable, elle joue la carte du retour d’une droite dure pour faire fructifier sa pelote contestataire ; les Verts sont du purin d’orties, puant et inefficace, à évacuer à l’égout ; le temps est donc venu d’enfoncer un coin dans la brèche ouverte entre les nouveaux mollétistes du PS et la gauche réformatrice. La recomposition du paysage politique est possible. Les synthèses molles à la Hollande ont fait la preuve de leur dangerosité. Je ne suis pas un homme pressé mais déterminé. Es-tu prêt à m’aider ? » Ce tutoiement tirait un léger sourire Émilie.

 

Ma réponse fit ciller Manuel « Oui car j’aime Émilie… C’est une reine même si je ne suis pas son roi. Elle est mon oxygène. Tu peux compter sur moi si elle est à mes côtés. Ce sera mon dernier combat… » Un ange passa avant que je ne reprenne la parole pour exposer mon plan de bataille. Objectif : faire passer à Juppé la barre des primaires de l’UMP afin de renvoyer talonnettes agité à la géhenne.

 

« La frange d’électeurs de la gauche modérée qui, à la fois, éprouve une répulsion persistante et ravivée envers un Sarkozy qui n’a pas changé, mais aussi une déception profonde envers François Hollande, doit se mobiliser pour aller voter Juppé aux primaires, un chiraquien modéré qu’ils choisiraient après que Chirac lui-même eut fait le choix de Hollande, radical chiraquien de Corrèze, afin de s’éviter un deuxième tour Le Pen-Sarkozy. Le maire de Bordeaux présente deux atouts majeurs pour toi : son âge et son alliance de fait avec Bayrou. Tu dois faire l’impasse sur la prochaine présidentielle, tout à perdre, sauf à ce que la déliquescence du PS fasse de toi le seul recours face à un désastre électoral annoncé. Reste la mobilisation, le passage à l’acte de ces électeurs qui ne sont pas des militants. Il faut partir de loin, les travailler au corps avec doigté, ne pas donner des munitions à l’homme pressé qui va tout faire pour torpiller les primaires dès qu’il aura mis la main sur le parti. Nous risquons d’être face à la même configuration que pour le duel entre Fillon et Copé. Tous les coups, toutes les turpitudes seront permis, Sarkozy fait le pari que son écrasante élection, le mois prochain, à la tête de l’UMP, suffira à le rendre incontestable.

 

«Ils ont intérêt à me bloquer sur la bretelle Quand je serais sur l’autoroute, personne ne pourra m’arrêter», fanfaronne-t-il devant ses lieutenants. Il va falloir jouer fin, en sous-main avec des gens sûrs et déterminés. Il hors de question de faire jouer un quelconque rôle aux semelles de crêpes de la grande maison afin de refaire le coup des Irlandais de Vincennes. Carte blanche, si ça merde c’est de ma faute, si c’est gagnant tu me donneras une médaille en chocolat avant que je ne parte vivre en ermite à Syracuse. » Manuel affichait un sourire satisfait « Tu as carte blanche, moyens illimités et tu ne réfères qu’à moi… » J’acquiesçais, il enfilait son affreux imperméable bleu marine, enroulait son écharpe rouge autour de son cou, me saluait avant de claquer des bises à Claire et Émilie. Ce petit intermède à la Mouzaïa l’avait rasséréné.»

 

Présidentielle: Cécile Duflot, pauvre petite victime que Hollande aurait tuée

Dans le registre «Hollande m’a tuée», Cécile Duflot est aujourd’hui à son meilleur. Alors que le congrès de son parti s’ouvre samedi à Saint Ouen sous de tristes auspices, pas un seul jour ne se passe sans qu’elle offre une nouvelle preuve des intentions homicides de l’Elysée à son endroit. Les écolos se meurent et leur chef de file affiche ses blessures. Tout cela est dit comme un lourd secret qu’on livre presqu’à regret tant il est douloureux. C’est que la victime est encore sous le choc. Jamais elle n’aurait pu imaginer pareille agression.

 

Pensez donc! Une tentative d’assassinat ourdie par un Président claquemuré dans son palais et dont l’unique obsession est de se venger de tous ceux qui ont eu l’audace de vouloir lui résister. Comment imaginer des mœurs aussi noires ? Comment croire que de telles pratiques puissent encore exister dans un pays civilisé, à l’aube du troisième millénaire?

 

Sacrée Cécile ! Lorsqu’on enseignera un jour l’art de la tragédie-comédie dans les écoles de la politique, c’est elle qu’il faudra convoquer en premier. Vous vous tirez une balle dans le pied ? Eh bien venez maintenant expliquer qu’on a voulu vous flinguer ! Ce numéro-là exige une parfaite maîtrise de soi. Pas de cris, pas de râles, juste une pointe d’indignation dans la voix. Pour être plainte, la prétendue victime doit être blessée sans avoir l’air abattue. Pour être soutenue, il faut qu’elle mette en scène sa douleur et sa détermination à la fois. Mourir, en politique, est un exercice de style réservé aux très grands acteurs du circuit. Dans sa génération, Cécile Duflot est, à l’évidence, l’un d’entre eux.

 

C’est qu’il en faut en effet du talent pour faire passer pour un traquenard ce qu’il n’est au fond qu’un combat perdu. Depuis qu’elle a rompu avec François Hollande en sortant du gouvernement, en mars 2014, Cécile Duflot est entrée en guerre. C’est son droit. Elle était l’alliée de référence. Elle est devenue d’un jour à l’autre le procureur implacable d’un quinquennat placé, à ses yeux, sous le signe du renoncement. Pourquoi pas! Elle a pris son risque. C’est tout à son honneur! Elle s’est plantée. Ça arrive ! La voilà qui explique désormais que son échec est de la responsabilité de celui qu’elle a voulu défier. C’est pour le moins original !

 

Au fond, Cécile Duflot ne pardonne pas à François Hollande de lui avoir résisté. Elle se comporte comme une compétitrice qui n’accepte pas d’avoir perdu. C’est comme si, dans une élection, elle faisait grief au vainqueur de l’avoir emporté. Il y a quand même quelque chose de tordu - et d’ailleurs assez révélateur en termes de tempérament - dans ce raisonnement qui repose sur l’idée qu’en politique, tous les coups sont permis, sauf celui de se défendre et qui suggère surtout que la défaite ne peut être que le fruit de la trahison.

 

François Hollande a sans doute beaucoup de défauts. Mais il est quand même un peu farce de le décrire, un jour, comme un petit bouchon, incapable de la moindre constance, pour le transformer, le lendemain, en un nouveau Machiavel. Plus il est faible, plus son avenir paraît compromis et plus on l’imagine en train de tirer les ficelles, en coulisse. Dès qu’une tête tombe – y compris dans la presse… - c’est sa responsabilité qui est pointée du doigt. S’agissant de Cécile Duflot, il est urgent de décevoir les complotistes de tous poils. Si la tête est tombée, c’est qu’elle ne tenait plus qu’à un fil.

 

Le seul grief qu’on pourrait d’ailleurs faire au Président est d’avoir voulu la sauver plus longtemps que de raison. Il serait amusant que Cécile Duflot publie l’ensemble des textos que lui a adressé François Hollande depuis quelques années. Il y a fort à parier qu’on y trouverait plus de mots doux que de menaces, plus de «Cécile, reviens» que de «Cécile, prends garde à toi».

 

François Hollande est un conciliateur dans l’âme qui a toujours préféré la pêche à la ligne à l’art de la chasse. A ceux qui, au PS ou à Matignon, le pressaient de tirer l’échelle, il expliquait, il y a encore peu, que son unique ambition était de ramener au bercail l’ensemble du troupeau écolo. C’est faute de mieux qu’il s’est résolu à faire entrer au gouvernement, en février dernier, la secrétaire nationale d’EELV et les présidents des deux groupes parlementaires. Pour le prix de Cosse, de Placé et de Pompili, il aurait volontiers acheté – est-ce le bon mot ? – un seul baril de Duflot.

 

Aujourd’hui, celui-ci ne vaut plus rien. A qui la faute? EELV est au bord du dépôt de bilan. Ses militants désertent en masse. Il n’ont été que trois milles à se déplacer lors du vote des motions de Saint Ouen. A force de jouer sur tous les tableaux à la fois, leurs élus locaux ont été laminés lors des dernières élections locales. Ils ne sont plus désormais assez nombreux pour parrainer avec succès l’un des leurs, lors de la prochaine présidentielle de 2017. Vu le score qui est promis à Cécile Duflot au cas où elle parviendrait finalement à se présenter - 2%, tout bien pesé -, il n’est d’ailleurs pas sûr que le jeu en vaille la chandelle.

 

Imaginer un instant que l’Elysée soit responsable d’une telle déconfiture est une belle plaisanterie. Cécile Duflot est trop roublarde, dans son malheur, pour ne pas le savoir. On lui fera la grâce de croire ici qu’elle ne l’entretient pas par hasard. Bientôt, c’est écrit, elle expliquera queFrançois Hollande et lui seul l’a empêchée de défendre, en 2017, ses couleurs et son projet. Il est même possible qu’elle justifie ainsi son ralliement à une candidature venue d’autres horizons. Là encore pourquoi pas. Mais était-il vraiment nécessaire de se donner tant de mal pour en arriver là ?

 

Michel Onfray : « Nous sommes déjà en guerre civile »

PAR JEAN-MARCEL BOUGUEREAU, PUBLIÉ LE 10 JUIN 2016.

 

Tout indique que la loi Travail n’est qu’un prétexte pour la CGT d’engager la bataille avec la CFDT.

 

Alors que les rues de plusieurs grandes villes ressemblent à des dépôts d’ordures, que la grève se poursuit à la SNCF, à la RATP et dans les raffineries, une question se pose : le gouvernement n’ayant aucune raison de céder sur la loi Travail, même si, ponctuellement, il a fait d’importantes concessions à la SNCF, que veut vraiment la CGT ? Que veut Philippe Martinez ?

 

Tout se passe comme si la CGT, tout en se défendant de vouloir saboter l’Euro, s’était donné des objectifs jusqu’à la re-discussion de la loi à l’Assemblée, en juillet. Pour le gouvernement, l’enjeu est de faire cesser un mouvement social coûteux en ce qui concerne la SNCF, mais surtout coûteux en termes d’image, également pour le tourisme, déjà très handicapé par les attentats.

 

Si l’on regarde plus attentivement ce « bras de fer », on se rend compte qu’il est largement mis en scène. On a l’impression que le pays est bloqué. Mais jeudi, à la SNCF on comptait moins de 8 % de grévistes, la grève restant très suivie par les roulants, mais chaque jour un peu moins. Face à la loi Travail, le nombre de grévistes demeure faible dans le privé mais aussi dans le public. Même dans les manifestations, ce n’est pas la foule : les syndicats eux-mêmes disent 100 000 personnes. La réforme des retraites en 2010, c’était 1,2 million de personnes certains jours. Alors, pourquoi ce bras de fer ?

 

Tout indique que la loi Travail n’est qu’un prétexte pour la CGT d’engager la bataille avec la CFDT, avec qui elle est en concurrence pour la première place. Alors que Bernard Thibault avait fait émerger une CGT moderne et réformiste, Martinez incarne un retour en arrière. Comme le note Jean-Marie Pernod de l’Ires, la CGT « est organisée sur le modèle des années 1960-1970, avec une structuration de branche qui date, calée sur les grandes entreprises et peu sur les PME. Elle n’a pas pris en compte les réorganisations productives qui ont transformé l’entreprise, modifié la structure du salariat, par exemple les rapports entre donneurs d’ordre et sous-traitants, l’appartenance croissante des PME à des groupes, la précarisation des travailleurs, en particulier des jeunes ».

 

Ces blocages sont le fait d’une minorité très déterminée de militants, dans les ports, les centres de traitement des déchets, les dépôts de carburants. Jusqu’à présent, selon les sondages, les Français soutiennent les mouvements d’opposition à la loi Travail. Mais les jours passant et l’Euro approchant, les Français pourraient faire volte-face si grèves et blocages en venaient à durer et à perturber la tenue de l’Euro. Ce retournement d’opinion est déjà en marche. Comment Philippe Martinez, après avoir lâché la bride à sa frange la plus hostile au compromis, va-t-il pouvoir faire machine arrière ? À moins que la rencontre entre Myriam El Khomri et le dirigeant de la CGT annoncée la semaine prochaine ne débloque la situation.

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5 juin 2016 7 05 /06 /juin /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, Régis Jauffret dans La Ballade de Rikers Island supposait même que DSK prenait des pilules érectiles...

Patrice de Mac Mahon : Que d'eau ! Que d'eau !

 

Le Préfet : Et encore, monsieur le Maréchal, vous ne voyez que le dessus.

 

Il aurait prononcé ces mots le 26 juin 1875, lors des terribles inondations de la Garonne.

 

Mac Mahon Maréchal de France, 3e président de la République française, fonction qu'il a occupée du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879.

 

Statue de Georges Diebolt le Zouave du Pont de l’Alma a de la flotte jusqu'à la culotte ; il mesure 5,20 mètres de haut et représente, dans l'imaginaire parisien, l'indicateur le plus fiable du niveau de la Seine.

 

En 1910, lors de la crue du Siècle, il avait eu de l'eau jusqu'aux épaules. En 1970, il a été remonté de 70 centimètres mais a gardé sa superbe, lui qui date de 1856 et représente le courage des soldats de Napoléon III lors de la guerre de Crimée.

CHAP.16 code acratopège, Régis Jauffret dans La Ballade de Rikers Island supposait même que DSK prenait des pilules érectiles...

Il fait un temps à ne pas mettre un cycliste dehors alors je lis en écoutant FIP.

 

« … les rues vides lui offrirent une allée de feux rouges qu’il grilla doucement jusqu’à s’insérer sur la route nationale 3.

 

Quatre voies grises et sans fin s’enfonçant comme une lance dans le cœur de la banlieue. Au fur et à mesure, voir les maisons devenir immeubles et les immeubles devenir des tours. Détourner les yeux devant les camps de Roms. Caravanes à perte de vue, collées les unes aux autres à proximité des lignes du RER. Linge mis à sécher sur les grillages qui contiennent cette partie de la population qu’on ne sait aimer ni détester. Fermer sa vitre en passant devant la déchetterie intermunicipale et ses effluves, à seulement quelques encablures des premières habitations. C’est de cette manière que l’on respecte le 93 et ses citoyens : au point de leur foutre sous le nez des montagnes de poubelles. Une idée que l’on ne devrait proposer à la capitale, en intramuros. Juste pour voir la réaction des Parisiens. À moins que les pauvres et les immigrés n’aient un sens de l’odorat moins développé… Passer les parkings sans fin des entreprises de BTP et saluer les toujours mêmes travailleurs au black qui attendent, en groupe, la camionnette de ramassage. Tenter d’arriver sans déprimer dans cette nouvelle journée qui commence. »

 

Ça c’est le capitaine Coste du SDPJ 93 dans Code93 d’Olivier Norek. À lire absolument, avec un polar qui renouvelle le genre, écrit par un jeune flic lettré, au plus près d’une réalité dérangeante, sans concession, dans ces marges que l’on désigne avec facilité par la banlieue, apartheid territorial non assumé. Bien plus que certaines enquêtes sociologiques illisibles, orientées, ce premier roman plonge dans un univers gris, glauque, où tout ne se résume pas par un affrontement entre les bons et les méchants.

 

La réalité du 93

 

La brigade de répression du banditisme (BRB) a démantelé un cercle de jeux clandestin qui opérait depuis un an à Montreuil (Seine-Saint-Denis), une vingtaine de personnes ont été interpellées depuis début mai, a-t-on appris vendredi de source policière.

 

Des croupiers, des serveurs, des voituriers, des tables de poker: le cercle de jeux clandestin fonctionnait comme un petit casino dans le bas Montreuil, en petite couronne parisienne.

 

Tous les soirs, dans un local commercial loué, des parties de poker étaient organisées avec des "mises très importantes", selon une source policière. "Ces parties pouvaient rapporter à l'organisateur plusieurs milliers d'euros", a précisé à l'AFP cette source.

 

L'organisateur, un homme de 34 ans, était lui-même joueur et connu des services de police notamment pour port d'arme prohibé. Les clients "avaient des profils différents", selon la source policière.

 

Sur cette affaire, la BRB a "effectué une vingtaine d'interpellations depuis le début du mois de mai", selon cette source, "l'organisateur, les croupiers serveurs et voituriers mais aussi des joueurs".

 

Lors des diverses perquisitions, les policiers ont saisi des tables de poker, 40.000 euros, des armes ainsi que 8kg de résine de cannabis.

 

L'enquête a été menée avec l'URSSAF et les Douanes.

 

L’actualité des médias nationaux charrie elle, Benzema, Baupin, le sexe... avec pour le premier, en défense, l’évocation du délit de faciès mis sur le tapis par Cantona. Le galactique accuse ce brave DD d'avoir cédé à « la pression d'une partie raciste de la France ».

 

M. Benzema, bienvenue dans la vraie France du racisme

 

Lire ICI 

 

Du côté du sexe harceleur, DSK, contrairement au zouave du Pont de l’Alma, jeudi dernier, a été épargné par les gouttes, le tribunal correctionnel de Paris lui a donné raison et condamné l'écrivain Régis Jauffret.

 

« Où commence la fiction et le travail d'un romancier ? Jeudi, Dominique Strauss-Kahn a obtenu la condamnation en diffamation de Régis Jauffret, l'auteur de "La Ballade de Rikers Island", un roman sur l'affaire du Sofitel. L'écrivain a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 1.500 euros avec sursis, ainsi qu'à 10.000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral pour certains passages de son ouvrage et à 5.000 euros pour des propos tenus à la radio pendant la promotion de son livre. La justice a aussi interdit toute nouvelle édition du roman comportant les passages jugés diffamatoires.

 

Les propos condamnés de Régis Jauffret avaient été exprimés au micro de Pascale Clark sur France Inter: « Ce dont j'avais été persuadé dès le début, j’en suis aujourd’hui aussi persuadé, c'est qu'il ne s'est pas aperçu qu'il l'avait violée, ou qu'il l'avait bousculée. Il ne s’est pas rendu compte. Quand vous voyez les images des caméras de surveillance, vous voyez très bien quand il sort qu'il n'a pas du tout conscience d'avoir commis un délit ». Plus tard, dans la discussion, il assénait à nouveau que, pour lui, DSK a commis un viol. « En effet, il n’y a pas eu de lutte. Ce n’est pas une femme qui était éduquée pour lutter, pour crier. C’est pour ça qu’il n’a pas cru qu’il l’a violée. » « L’enjeu de ce livre était d’arriver à être digne de l’avant-dernière phrase du livre qui n’est pas de moi. «Est-ce que tous les clients ont le droit de faire tout ce qu'ils veulent avec nous?» Aucun écrivain n'aurait pu l’inventer, c’est elle qui l’a dite. C’est là où tout bascule, c’est là que la responsable a dit non. » Régis Jauffret supposait même que DSK prenait des pilules érectiles... »

 

Sur le flanc politique le costar, puis son ISF, de Macron et la moustache de Martinez passionnent les journalistes et les réseaux sociaux.

 

Costard et ISF : la semaine qui a révélé les failles politiques de Macron 

 

« Désormais, Emmanuel Macron prétend à Mitterrand. Face aux attaques et aux rumeurs, le ministre de l’Economie dit à ses visiteurs qu’il se découvre le cuir de l’ancien président. Rien ne l’atteint, rien ne le blesse, rien ne le tue. Et il se sent plus fort encore les épreuves passées. Entre Nietzche et Mitterrand, il continuera d’avancer vers 2017, à la rencontre de son destin, sans désarmer. Quoi qu’il arrive. Quoi qu’il en coûte.

 

Détendu. Serein. Tel se présente ce Macron en campagne qui n’est encore en campagne et qui ne sait encore pas vraiment s’il le sera un jour. Déterminé, oui, mais pas encore décidé. Décidé, oui, mais pas encore déterminé. Ou alors dans des proportions qui demeurent à déterminer. C’est compliqué, mais c’est ainsi. Le phénomène Macron porte sa contradiction, donc sa limite, et la praxis Macron sa part de schizophrénie. En privé, Macron revendique l'indifférence aux attaques, façon Mitterrand. Et en public, il se dit blessé. Comprenne qui pourra. »

 

 

Philippe Martinez, le Lider Maximo de la contestation sociale 

 

« En quelques semaines, ses bacchantes sont devenues presque aussi célèbres que celles d’Astérix. Lider Maximo de la contestation sociale, dernier défenseur d’une lutte des classes à laquelle il croit dur comme fer, Philippe Martinez s’est trouvé propulsé sur l’avant-scène médiatique par son combat jusqu’au-boutiste contre la réforme El Khomri. Avant d’engager cette guerre d’usure, c’était un inconnu qui pouvait déambuler incognito avec ses deux gardes du corps. Mais c’était avant…

 

Depuis trois mois, le secrétaire général de la CGT est de toutes les manifs pour le retrait du projet de loi travail, bras dessus bras dessous avec Jean-Claude Mailly, son ex-frère ennemi de FO. Il est omniprésent sur les chaînes de télévision et les radios. Quand, le 21 mai, il va saluer ses camarades qui bloquent un dépôt pétrolier à Haulchin (Nord) et se fait photographier en train de jeter un pneu dans le brasier du piquet de grève, il est assailli par des militants qui veulent faire des selfies avec lui.

 

A la tête de la CGT depuis février 2015, Philippe Martinez, 55 ans, incarne la résistance à un pouvoir « dit de gauche » qui a trahi ses électeurs en voulant « casser le code du travail ». Nicolas Sarkozy et François Hollande, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. S’il a hésité sur le champ de bataille, songeant d’abord à porter le fer sur l’emploi et le pouvoir d’achat, voire sur sa revendication fétiche de la semaine de 32 heures, il a vite opté pour la lutte contre la « loi travail » qui lui a permis d’aborder son congrès confédéral, du 18 au 22 avril à Marseille, dans une posture combative. »

[…]

 

Philippe Martinez est le premier fils d’immigrés, espagnols en l’occurrence, à la tête de la CGT. Sa mère était femme de ménage et son père a combattu comme volontaire dans les Brigades internationales. Il naît le 1er avril 1961 à Suresnes (Hauts-de-Seine) et fréquente l’école Robespierre et le collège Les Bons Raisins, à Rueil-Malmaison. Il en hérite cet accent parigot dont il joue avec délice, l’air bourru et économe en sourires. En 1982, il est embauché comme technicien chez Renault à Billancourt, avant d’être muté au centre de recherche sur les moteurs à Rueil-Malmaison.

 

Délégué du personnel CGT dès 1986, il exerce les fonctions de délégué syndical central du groupe Renault de 1997 à 2004. Il s’engage dans les luttes, notamment contre la fermeture du site de Vilvorde en Belgique, et évite de se compromettre avec ses patrons, ne répondant jamais aux vœux annuels du directeur des relations sociales et refusant d’aller visiter avec « les tauliers » les sites de Nissan au Japon. Mais il fait partie de l’équipe de football de la firme, avec le dossard numéro 10. « Le seul point commun entre Martinez et Valls, s’amuse un proche, c’est leur amour du foot et du Barça [le club de Barcelone]. » Il reste fier de son entreprise et figure toujours dans ses effectifs, au point que le président de la fédération CFTC de la métallurgie, Joseph Crespo, l’a interpellé pour savoir « si on lui retire ses jours de grève »…

 

Elu secrétaire général de la fédération de la métallurgie CGT en mars 2008, il s’oppose à Bernard Thibault au comité confédéral de mai 2012 (où ce dernier sera mis en minorité sur sa succession), votant contre la désignation de la « dauphine » Nadine Prigent. En mars 2013, au congrès de Toulouse, il entre à la commission exécutive confédérale tandis que Thierry Lepaon est élu secrétaire général de la CGT. Commence ensuite une longue histoire qui va conduire Philippe Martinez à la tête de la centrale par effraction. Quand éclate l’affaire Lepaon, mis en cause pour les travaux entrepris dans son logement de fonctions et dans son bureau, il négocie un accord lors d’une réunion secrète le 3 décembre 2014. Sa fédération l’a mandaté pour demander la démission de Thierry Lepaon mais ce dernier obtient son soutien en échange d’une promesse de lui succéder en 2016. Philippe Martinez marche dans la combine avant de le lâcher.

 

Le 13 janvier 2015, lors du comité confédéral qui suit la démission de Thierry Lepaon, Philippe Martinez subit un camouflet. Avec 57,5 % des voix, il ne franchit pas le seuil des deux tiers des votants requis pour être secrétaire général mais il est désigné pour piloter un collectif chargé de préparer une session de rattrapage. Une faveur qu’il obtient grâce à une manœuvre qui conduit l’union départementale du Nord et la fédération de la santé, dont la secrétaire générale, Nathalie Gamiochipi, est sa compagne, à voter pour lui alors qu’elles étaient mandatées pour voter contre.

 

Qu’importe ! Le lendemain, il convoque la presse comme s’il était bien élu. Il s’installe dans le bureau de Thierry Lepaon au huitième étage du siège de Montreuil et se rend – sans cravate comme à son habitude –, aux vœux pour les partenaires sociaux à l’Elysée. Il devra toutefois attendre le 3 février pour être enfin promu avec 93,4 % des suffrages. Seule la fédération de la construction, dont l’ancien patron, Eric Aubin, avait postulé pour succéder à Bernard Thibault, vote contre. Le 27 mars, la fédération de la santé évince purement et simplement Nathalie Gamiochipi.

 

Une ligne d’opposition radicale

 

Peu à peu, Philippe Martinez, surnommé dans la CGT « Tapioca », comme le général de Tintin, ou « Zapata » comme le révolutionnaire mexicain, impose sa marque. Il part en guerre contre la « sur-institutionnalisation » des syndicats, reprochant au patronat de vouloir en faire « un syndicalisme délégataire » ou une « caste d’experts ». Il prône « une démarche permanente de consultation des salariés », présente la CGT comme un syndicat « qui conteste, propose, agit, négocie ». Dans une interview au Monde du 22 septembre 2015, il proclame que « le syndicalisme, par essence, est réformiste ». Mais il incarne vite une ligne d’opposition radicale au gouvernement.

 

Vent debout contre la proclamation de l’état d’urgence après les attentats terroristes du 13 novembre 2015, il se flatte d’avoir « un discours à contre-courant », une preuve de « modernité ». « Il est raide, difficile à cerner, imprévisible », note un dirigeant. « Il est colérique, ajoute un autre, même s’il peut être drôle dans l’intimité. » « Il est sûr de lui et assez fin manœuvrier, souligne Pierre Ferracci, expert du social et président du groupe Alpha, cabinet conseil dans les relations humaines et les conditions de travail. Il a réussi à souder la maison en peu de temps malgré les 30 % qui trouvent qu’il ne va pas assez loin. »

ABATTOIRS : « DANS LA TUERIE, L'OUVRIER EST LA SEULE MACHINE QUI NE FAIT PAS DE BRUIT »

 

Stéphane Geffroy travaille depuis 25 ans à l'abattoir de Liffré, près de Rennes. Avant son audition, la semaine prochaine à l ‘Assemblée nationale, il raconte son quotidien dans un livre. Sans filtre, entre condition animale et condition humaine.

 

D'une voix calme, timide presque gênée, Stéphane Geffroy raconte. Avec des mots souvent crus, il parle de se son quart-de-siècle passé dans l'abattoir de Liffré. Là, derrière l'image policée dépeinte par la grande distribution, il donne à voir, à sentir, à toucher, les conditions de vie et de mort des animaux, mais aussi les conditions de travail des ouvriers.

 

Un "pion qui doit rester à sa place"

 

L'odeur, d’abord. Ce mélange de lait caillé, de bouses, de sang, de peau brûlée... Une odeur acide, âcre, qui s’imprègne.

 

Le bruit, aussi. Les "clic-clic" métalliques, les chaînes et les scies électriques imposent leurs sons, leurs rythmes. "Dans la tuerie, glisse-t-il, l'ouvrier est la seule machine qui ne fait pas de bruit".

 

Les cadences, enfin. En moyenne, une minute et quinze secondes par bête.

 

La suite ICI 

Jean-Emmanuel Ray, Université de Paris I-Sorbonne : « La loi Travail opère un bon équilibre entre droit du travail et droit à l’emploi, mais passe un peu vite sur les effets du tsunami numérique en cours » 

 

« Au-delà de l'opposition à la loi El Khomri, qui constitue « une caricature de notre incapacité à négocier des compromis et à sortir des postures faciles et du tout ou rien », ce spécialiste du droit du travail pointe la nécessaire refonte des grands principes qui régissent le salariat depuis le XIXe siècle. Les nouvelles technologies sont passées par là.

 

C’est un lieu commun de le dire : la réforme du Code du travail, dite Loi Khomri, s’est en grande partie brisée sur les conservatismes. La faute au pouvoir politique qui n’a pas su en dégager le sens profond. La mission n’avait pourtant rien d’impossible, car il est dans la nature même du droit du travail d’être au point d’équilibre entre protection des travailleurs et efficacité économique. Or à l’examen, selon le professeur de droit Jean-Emmanuel Ray, le projet de loi adopté lors du Conseil des ministres du 24 mars entre deux manifestations répond à cette exigence en opérant “un bon équilibre entre droit du travail et droit à l’emploi”. Mais au-delà de la “bouffée d’oxygène” à donner aux outsiders pour leur ouvrir plus facilement les portes des entreprises, notre droit du travail doit aussi intégrer l’impact des nouvelles technologies et des changements de mentalités. Ces évolutions débouchent en effet sur des relations de travail de plus en plus basées sur la “confiance” et non plus sur “l’autorité”. Un vrai défi d’adaptation que le projet de loi aborde “trop vite” au goût de Jean-Emmanuel Ray.

 

Michel Rocard: « Le risque de la fin du PS existe » 

 

L’ancien Premier ministre Michel Rocard, père de la deuxième gauche, s’inquiète pour l’avenir de la France et… de la gauche. Il estime en revanche que Manuel Valls a trop misé sur cette loi travail mais qu’il ne doit pas démissionner.

 

- Cette crispation est-elle la faute du gouvernement, du Medef, des syndicats?

 

C’est d’abord la faute à l’Histoire de France. La France n’a jamais appris à discuter avec elle-même. C’est une très grave fragilité, une terrible faiblesse pour notre pays. La crise actuelle montre aussi que le gouvernement n’a pas su mener les négociations jusqu’au bout. Mais les partenaires étaient-ils prêts? La responsabilité est partagée par tous.

 

- Quel est l’objectif de la CGT?

 

La CGT est la mère des syndicats, elle en est la matrice. C’est une organisation plus que centenaire mais qui ne sait plus se faire respecter, qui n’a plus d’inspiration. Elle est donc en recherche d’identité et de prestige. Et elle ne sait le faire qu’à travers sa grande tradition de hurlement de slogans. Or les intérêts qu’elle défend sont minoritaires. L’opinion doit lui faire sentir que trop c’est trop pour qu’elle réalise que la sortie nécessaire suppose la reprise du dialogue. Mais la CGT n’est pas la seule coupable, elle amplifie juste les conséquences du désaccord dont elle n’est pas à l’origine.

 

- Peut-on réformer la France?

 

Il faut arrêter de penser que toute réforme doit passer par la loi. Le problème de la loi Travail, c’est justement que c’est une loi: ce qui régit la négociation entre les salariés ne devrait pas relever du pouvoir législatif mais de conventions ou d’accords. Pour cela, le patronat doit commencer par changer son comportement. Lui, mais aussi les syndicats ouvriers, doivent faire l’apprentissage de la négociation. C’est une absolue priorité que l’Etat doit encourager. Ce dernier doit également apprendre à se substituer le moins possible aux partenaires sociaux.

 

Et puis une pensée pour nos aïeux dans les tranchées « Nous ne mangeons que d'une dent, ne nous asseyons que d'une fesse... »: Jouvet au front

 

Infirmier de 1914 à 1917, Louis Jouvet ne cessa d'écrire à Jacques Copeau, son « bon patron », depuis l'enfer des tranchées. Extraits.

 

« En 1914, Louis Jouvet a 27 ans. Engagé comme infirmier, promu pharmacien auxiliaire, il fera la bataille de la Somme. Malade, épuisé, il sera évacué et affecté en février 1917 à l'infirmerie régimentaire du 1er groupe d'aviation de l'aérodrome de Saint-Cyr. En octobre, il partira rejoindre Copeau aux Etats-Unis. »

 

Les pages parmi les plus émouvantes sont celles où l'on côtoie le soldat Jouvet au plus sombre des nuits et des jours. Il chasse les rats, traque les poux et les puces.

 

Frigorifié au point de se faire «l'effet d'avoir la matière cérébrale en gelée de veau», il manie «les thermomètres, les urinaux, les bassins, le coton, les pinces, l'eau bouillie - et la teinture d'iode», mais ne rêve que pendillons, lanternes, maquettes, commedia dell'arte. Il écrit même le scénario d'une farce intitulée «le Malade, la Maladie et le Médecin»...

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29 mai 2016 7 29 /05 /mai /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, la CGT est la fille naturelle du patronat français, « Ils ont l'air malins la CGT. Ils manifestent contre un président pour qui ils ont voté » pur sucre Sarko…

Près de huit Français sur dix (78%) ne souhaitent pas que Nicolas Sarkozy soit candidat à la présidentielle et seul un sur quatre pense que l'ancien président aurait fait mieux que François Hollande sur la loi travail, selon un sondage Odoxa pour CQFD/Itélé publié vendredi.

 

Selon ce sondage, 78% des Français ne souhaitent pas que Nicolas Sarkozy se présente à l'élection présidentielle de 2017, contre seulement 21% qui le souhaitent.

 

Même une nette majorité des sympathisants de droite (60%) ne le souhaitent pas et seulement 50% des seuls sympathisants Les Républicains souhaitent une candidature du chef de leur parti favori.

 

Les Français jugent également à 59% que l'ancien président « ne gérerait ni mieux ni moins bien le conflit actuel autour de la loi El Khomri » et 15% estiment même qu'il aurait encore fait moins bien.

 

Et pourtant, cela ne l’empêche pas de railler, de brocarder à tout va : « De l'incohérence et du mensonge » le président des Républicains a pourtant tenu un discours très politique et virulent à l'encontre de l'actuel locataire de l'Elysée. « C'est pas la loi [El Khomri] qui est en cause. Ce qui est en cause mes chers amis, c'est le mensonge. Mettez-vous à la place de tous ceux qui ont cru les balivernes de François Hollande. Quand a-t-il dit à ses électeurs qu'il réformerait le marché du travail ? Quand tous les syndicats ont appelé à voter pour lui. Ils ont l'air malin à la CGT. Ils manifestent contre un président pour qui ils ont voté. Voilà l'incohérence »

 

Rien n’arrête Paul Bismuth, l’homme aux 26 téléphones payés par les contribuables, Au total, ces frais représentent une facture de 14 791 euros sur toute une année. « Si je suis reçu aussi gentiment et avec autant d'enthousiasme par les Réunionnais, c'est parce qu'ils savent une chose, c'est que je n'ai pas menti »

 

Présidentielle: pourquoi Nicolas Sarkozy croit encore en sa bonne étoile.

 

Il est persuadé que "le noyau dur" de la droite sera, derrière lui, au rendez-vous de la primaire. Ce sera "la surprise", dit-il ceux qui l’enterrent déjà. Et si la surprise de la prochaine présidentielle était précisément que, cette fois-ci, il n’y en ait pas ?

 

La suite ICI 

 

Et pendant ce temps-là, du côté de Denfert-Rochereau, d’où partent les défilés, les marcheurs, Nike ou Adidas aux pieds, fringués chez Carrouf ou Auchan où autres bradeurs de prix, smartphones à la main, protestent contre une loi qui, sans conteste, brise une part du droit du travail et, pour l’article 2, la fameuse inversion des normes, prive les grandes centrales d’une belle part de leur pouvoir, celle de ses permanents centraux et de branches, on est en droit de se poser cette question : le pourquoi de la dégradation des conditions de travail dans nos pays riches ?

 

Wal-Mart créateur de pauvres

 

« Le marché du discount repose sur une attention continuelle et quasi-obsessionnelle aux salaires et au coût du travail. Les discounters doivent avoir un turnover deux ou trois fois supérieur à celui des enseignes traditionnelles […] pour atteindre un profit équivalent. Quant à la vitesse de rotation des stocks, elle s’explique par des marges étroites, lesquelles exigent en retour que la part du coût de la main-d’œuvre ne dépasse pas 15% du total des ventes ; c’est-à-dire environ la moitié de ce que ce coût représente dans les supermarchés traditionnels. Et c’est Wal-Mart qui est aux avant-postes de ce marché du discount, avec des dépenses liées aux ventes et à l’administration générale – principalement des salaires – environ 25% moins élevées que (les autres géants de la distribution). En 1958, quand les emplois industriels étaient trois fois plus nombreux que ceux de la distribution, l’impact de cette pression à la baisse sur les salaires serait sans doute resté limité. Aujourd’hui, alors que le nombre d’employés de la grande distribution dépasse celui des travailleurs de l’industrie, ce sont des dizaines de millions de salariés qui sont touchés par la baisse des revenus. »

 

1968 : Grève générale et révolte étudiante en France : la trahison du PCF et de la CGT par Peter Schwarz

 

 

« A partir du 20 mai, l’ensemble du pays est arrêté. Deux tiers des salariés sont en grève, les étudiants occupent les universités. Le sort de De Gaulle et de son gouvernement repose à ce moment précis entre les mains du Parti communiste et de la CGT que ce dernier contrôle. Ils assurent la survie politique de De Gaulle et sauvent la Cinquième République. Le PCF représente encore en 1968 une force politique considérable. Il compte 350 000 membres et rassemble derrière lui 22,5 pour cent des électeurs (1967). Certes, le nombre d’adhérents de la CGT a chuté de 4 millions en 1948 à 2,3 millions, mais les secteurs clés de l’économie restent dominés par ce syndicat. Son secrétaire général, Georges Séguy, est membre du bureau politique du PCF.

 

Comme nous l’avons déjà vu, le PC et la CGT réagissent avec une hostilité à peine déguisée aux protestations des étudiants. L’article notoire dans lequel Georges Marchais insulte les étudiants le 3 mai, les qualifiant de provocateurs et d’agents gaullistes n’est pas une exception, mais la règle. L’Humanité ne se lasse pas de pester contre les « gauchistes ». Le journal y inclut sous ce label, tous ceux qui s’opposent à la ligne droitière du PCF. La CGT refuse toute manifestation commune des travailleurs et des étudiants et donne à ses membres l’instruction d’écarter des entreprises les étudiants qui cherchent à prendre contact avec les ouvriers.

 

Les occupations d’usine et la grève générale se sont développées contre la volonté et en dehors du contrôle de la CGT. L’occupation de Sud-Aviation, qui deviendra un modèle pour toutes les autres, se fera à l’initiative du syndicat Force ouvrière qui, dans l’entreprise, a du crédit auprès des travailleurs à bas salaire et qui sont rémunérés à l’heure. A Nantes, celui-ci est mené par un trotskyste, Yves Rocton, un membre de l’OCI. La CGT certes, n’empêche pas les occupations d’usines, mais cherche à en garder le contrôle en maintenant strictement les revendications au niveau de l’entreprise. Elle s’oppose à la création d’un comité de grève central ainsi qu’à la coopération avec des forces extérieures à l’entreprise. Elle s’oppose avec véhémence à la séquestration des directions.

 

Le 16 mai, la direction du syndicat concurrent, la CFDT, essaie au moyen d’une déclaration d’influencer la vague d’occupations. Contrairement à la CGT, elle traite positivement la révolte des étudiants. Celle-ci vise selon elle « les structures sclérosantes, étouffantes et de classes d’une société où ils ne peuvent exercer leurs responsabilités ». En ce qui concerne les entreprises, la CFDT lance le mot d’ordre de « l’autogestion » : « à la monarchie industrielle et administrative, il faut substituer des structures administratives à base d’autogestion ».

 

Séguy, le patron de la CGT, réagit par un accès de colère et attaque la CFDT publiquement. Il rejette toute tentative de donner une orientation commune au mouvement croissant, aussi limitée soit-elle. De fait, la revendication de la CFDT, qui à l’époque se trouvait sous l’influence du PSU (Parti socialiste unifié) de Michel Rocard, mène à une impasse. Elle ne met en cause ni le pouvoir capitaliste ni la domination des marchés capitalistes.

 

Le 25 mai, la CGT se précipite finalement directement au secours du gouvernement acculé. Les représentants des syndicats, des organisations patronales et le gouvernement se rencontrent vers quinze heures au ministère du Travail situé rue de Grenelle. Leur objectif : rétablir aussi vite que possible le calme dans les entreprises ! Bien que tous les syndicats soient représentés, les négociations se déroulent exclusivement entre deux hommes : le chef du gouvernement, Georges Pompidou et le patron de la CGT, Georges Séguy.

 

La suite ICI 

 

Ironie de l’Histoire, la CGT de Martinez verse dans le gauchisme pendant que la CFDT soutien la loi au nom d’avancées pour les salariés. La France industrieuse a profondément changée depuis mai 68, elle s’est désindustrialisée, a laissé partir des pans entiers de secteurs à fort potentiel d’emplois, les bureaucrates et le personnel malmené de la GD ne fournissent pas beaucoup de bataillons aux syndicats, ils ne leur reste plus que quelques places dites fortes, l’énergie, les transports publics, la Fonction Publique, qui par ailleurs ne seront que peu impactés par la nouvelle loi si elle est adoptée. Nous pataugeons dans le plus grand coaltar avec aucune espèce de perspective donnée aux français qui ne sont pas à une incohérence près puisqu’il mettent en tête de leur préférence : un vieux Juppé, qui veut revenir sur les 35 heures, et beaucoup d’acquis sociaux, et un jeune, venu du diable vauvert, Macron qui estime que la loi El Khomery ne va pas assez loin.

 

 

Cambodge - Inde. Pour les ouvrières d’H&M, mieux vaut ne pas tomber enceinte

 

Une alliance internationale de syndicats a interrogé 251 employés des usines qui fabriquent les vêtements H&M au Cambodge et en Inde. Il en ressort que, pour les femmes, tomber enceinte revient généralement à perdre son emploi. Certaines ouvrières préfèrent avorter pour conserver leur contrat.

 

« Les femmes qui fabriquent les vêtements H&M sont virées parce qu’elles tombent enceintes”, titre sans détour Broadly. Le site de Vice consacré aux femmes a rencontré des représentantes de l’alliance internationale de syndicats Asia Floor Wage Alliance (Afwa) pour découvrir “à quel point la vie est pourrie quand on fabrique un top à 5,99 dollars”.

 

Asia Floor Wage Alliance a interrogé 251 personnes travaillant dans des usines cambodgiennes et indiennes qui fournissent H&M. Et le bilan n’est pas glorieux pour la marque suédoise.

 

D’après le rapport [publié par Afwa], dans 11 usines cambodgiennes sur 12, des employés ont été témoin de situations de fin de contrat pendant la grossesse [d’une travailleuse], voire en ont été victimes. L’ensemble des 50 employés des usines indiennes interrogés ont également déclaré qu’il était fréquent que des femmes soient licenciées pendant leur grossesse.”

 

Broadly explique que certains facteurs structurels empêchent les employés d’échapper à la précarité. Au Cambodge, les usines ne fournissent généralement que des contrats d’un à trois mois, “ce qui signifie que dès que quelqu’un sort du rang (en prenant un jour d’arrêt maladie, en refusant des heures supplémentaires ou en arrivant un peu en retard), il court le risque de ne pas voir son contrat renouvelé”.

 

Pseudo-transparence d’H&M

 

Résultat : au Cambodge, il arrive que des ouvrières préfèrent avorter plutôt que perdre leur emploi. Même si l’avortement est légal dans le pays, les femmes se tournent généralement vers des solutions clandestines, par manque d’éducation et d’accès aux soins.

 

Made in India : un désastre environnemental dans nos garde-robes.

 

Interrogée par Broadly, la militante syndicale indienne Anannya Bhatta note que les engagements d’H&M pour une chaîne de fabrication solidaire ne sont que “pure rhétorique”.

 

En apparence, H&M est très présent sur cette question, ils répondent aux questions et aux mails. Mais ils manquent cruellement de transparence. Ils refusent de dire dans quelles usines ils testent des projets pilotes, et ne sont pas très coopératifs lorsqu’il s’agit de détailler comment ils comptent mettre en place des salaires décents”.

 

Les héritiers

 

La pomme ne tombe pas loin du pommier

 

Je suis prof. Mes deux parents sont enseignants. Les deux parents de mon père étaient enseignants. Mon arrière-grand-mère paternelle était institutrice, et son père était lui aussi instituteur. Pendant longtemps, cela m'a semblé une simple coïncidence amusante.

 

A l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, dans laquelle j'ai enseigné longtemps, on trouve partout des plaques commémoratives indiquant les noms des anciens élèves depuis la fondation de l'école il y a 200 ans. Et il n'était pas difficile de remarquer qu'on retrouvait souvent des noms identiques, entre les élèves actuels et les anciens. Pas tous évidemment, mais plus de patronymes communs que ce qu'aurait produit le hasard. Pendant longtemps, cela m'a semblé une simple curiosité.

 

L'idée que le statut socio-économique soit hérité nous paraît détestable. On a aboli l'essentiel des privilèges hérités et les derniers qui subsistent (comme les monarchies européennes) paraissent au mieux, des traditions désuètes. On lit avec intérêt les histoires de gens partis de zéro et arrivés au sommet, on raille les fils à papa qui n'ont rien fait pour mériter leur situation, on loue les milliardaires qui cèdent leur fortune à des œuvres caritatives plutôt qu'à leur progéniture.

 

La méritocratie et l'égalité des chances sont les idéaux de nos sociétés. Même si nous savons que nos statuts socio-économiques ne sont pas entièrement déterminés par notre mérite personnel, nous consacrons énormément de ressources à contrebalancer les inégalités de naissance.

 

Retour vers la moyenne, mais pas trop vite la suite ICI 

 

Thierry Mandon : « Notre machine à décider tourne dans le vide »

 

Qu’est ce qui ne fonctionne plus?


Depuis de nombreuses années, et bien avant ce quinquennat, c’est toute notre "machine à décider"! C’est l’ensemble de notre système de gouvernance qui est obsolète. À tous les niveaux, les mécanismes de prise de décision sont grippés en France. Nous devons mener une réflexion globale pour remettre cette machine en état de marche. Oui, il faut avoir le courage de revoir profondément la façon dont on dirige le pays…

 

"On gouverne et on parle encore aux citoyens comme il y a cinquante ans"

 

Par exemple?


Il y a un indicateur qui me frappe : selon l’OCDE, la France a, en une génération, multiplié par plus de deux le taux de ses diplômés. C’est inédit dans le monde. En vingt-cinq ans, on est passé de 20% de diplômés du supérieur à 44%… Les Français d’aujourd’hui sont plus cultivés, plus éduqués, ont davantage d’esprit critique. Or ces aspirations à participer et à être écoutés ne sont pas prises en compte. On gouverne et on parle encore aux citoyens comme il y a cinquante ans, alors qu’ils sont surinformés et maîtrisent même leur propre accès à l’information… Ce n’est pas par hasard, à mes yeux, si, place de la République, il y a énormément de jeunes diplômés, d’enseignants, de gens qui ne se reconnaissent pas dans la vie politique… Telle qu’elle est exercée aujourd’hui, elle n’est plus capable d’absorber ni même de comprendre ces initiatives citoyennes. Et puis, en tant qu’ancien secrétaire d’État à la simplification, je vois bien que la façon dont on prend des décisions politiques, la façon dont on vote la loi, la façon dont on met en œuvre les décisions publiques, et la façon dont l’administration traite les citoyens, tout ce logiciel date des années 1970. C’est tout notre système de gouvernance, du haut vers le bas, un système qui écarte les Français de la décision, qui n’est plus adapté. Notre "machine à décider" tourne à vide…

 

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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 08:00
CHAP.16 code acratopège, « Nous, socialistes, devons reconnaître que nous n’avons pas assez travaillé avant 2012 »

Ce mois de mai, en passe de se terminer, s’égare, il ne sait plus où il en est, sur le pavé ils défilent, alliance étrange de la vieille CGT qui tente de se refaire une beauté, de FO qui a depuis longtemps perdu les pédales, sauf à pédaler dans la semoule, d’une bande de jeunes acnéens tout juste sortis des jupes et des pantalons de leurs parents, des gentils, des sincères, du contingent classique des récupérateurs qu’ont usé leur fond de culotte sur tous les bancs de qui se dit de gauche, et, bien sûr, des fameux casseurs, les antifa, cagoulés, barre de fer, pois chiche incorporé. Ça donne quoi tout ça ? Pas grand-chose, ça s’étire, ça donne du grain à moudre aux réseaux sociaux. Paris brûle-t-il ? Bien sûr que non, hors les rares abcès de fixation, amplifiés, qui tournent en boucles, la ville vit sa vie sous l’état d’urgence avec une étrange normalité. Calme avant la tempête, un remake de Viansson-Ponté, avec juste ce qu’il faut de gaz lacrymogène, de baston policier, un pouvoir à la ramasse, une opposition occupée à sa Primaire, la droite extrême qui veut ramasser la mise du ras-le-bol policier, même pas la chienlit, reste le blocage du fluide essentiel : l’essence, ça pourrait fâcher la France qui roule.

 

« Poulets rôtis, prix libre. » pancarte en carton retrouvée à terre à côté de la carcasse calcinée de la voiture de police, des terroristes selon Péchenard le porteur d’eau de Sarko ? Le sociologue, chercheur au CNRS, Christian Mouahanna rappelle qu’historiquement, les groupes d’extrême gauche français ne sont jamais passés à l’action terroriste comme en Allemagne ou en Italie avec la bande à Bader ou les brigades rouges. « Il y a eu Action directe, mais on avait affaire à un groupe extrêmement réduit de 5 à 8 personnes » note-il. Intenter à la vie de fonctionnaire de police ou de gendarmerie relève-t-il de l’action terroriste ? Là encore tout est affaire de perception, et « de niveau d’acceptation de ce type d’actes par le pouvoir politique » comme le fait remarquer Laurent Mucchielli sociologue, directeur de recherches au CNRS.

 

Sans remonter à très loin, en 2008 dans l’Hérault, des viticulteurs en colère s’en étaient eux aussi pris à une voiture de gendarmerie avec 6 gendarmes à son bord. Après avoir renversé le véhicule, ils l’avaient incendié. Quand j’étais aux affaires des éleveurs de moutons des Deux-Sèvres avaient incendié un camion britannique transportant des ovins, manquant rôtir le chauffeur. Le Ministre de l’Agriculture de l’époque avait menacé de traverser le Channel dans un camion pour protester contre cette agression. Autre exemple, dans la nuit du 4 au 5 février 1994, à l’occasion d’une visite à Rennes du Premier ministre de l’époque Edouard Balladur, des milliers de marins pêcheurs excédés par la baisse de leur pouvoir d’achat manifestent dans le centre-ville. S’en suit de violentes confrontations avec les forces de l’ordre. De nombreux jets de fumigènes provoqueront l’incendie du parlement de Bretagne.

 

« Le seuil de tolérance par rapport aux actes des agriculteurs, des viticulteurs, qui eux aussi sont capables d’actes hyper violents est différent. Cela est dû au système politico électoral. Les agriculteurs votent et ont un poids important dans le département. Leur image est plus positive, plus saine, c’est le retour à la terre. Elle contraste avec celle de l’action violente de jeunes d’extrême gauche ou de jeunes de banlieues qui, elle, est perçue comme moins légitime » analyse Christian Mouahanna.

 

Inutile de rappeler ici que bon nombre de manifestations au fil des années et des gouvernements agrègent malgré elles la présence de casseurs. « Il y a toujours des groupes qui considèrent que la contestations politique doit se faire sur un mode violent. D’autres ont des motivations plus mercantiles. Ils profitent de la casse pour voler dans les magasins ou voler les manifestants eux-mêmes » explique Christophe Mouahanna. Pour Laurent Mucchielli, « il ne faut pas oublier non plus qu’il y a toujours deux acteurs dans les manifs : les policiers et les manifestants. La stratégie policière de ces derniers mois consiste à coller de près les manifestants au lieu de rester à distance. En créant ce système de nasse, les manifestants ont tendance à être plus énervés et à être plus solidaires avec les casseurs ».

 

Et moi, pendant ce temps-là, je me retrouve dans une salle de concert, Le Trianon, pleine à craquer, c’est la première fois depuis la nuit du Bataclan que je retrouve au pied d’une scène, au coude à coude, comment ne pas y penser puisque lorsque j’avais réservé ma place j’avais noté « Les dates d'Arno, initialement prévues au Bataclan, sont reportées au 19 et 20 mai 2016 à 20h00 Le Trianon 80 boulevard de Rochechouart. Tous les âges, toutes les conditions, Arno a mis le feu pendant deux heures avec ses musiciens qui envoyaient du bois, même que la salle a chanté juste avec lui Putain, putain, nous sommes tous des Européens et, bien sûr, tout à la fin, les filles du bord de mer, nous ont permis de reprendre en chœur : et encore, et encore… de faire tchouin, tchouin… que du bonheur. Y’a pas d’âge pour ça et ça c’est aussi Paris…

CHAP.16 code acratopège, « Nous, socialistes, devons reconnaître que nous n’avons pas assez travaillé avant 2012 »
CHAP.16 code acratopège, « Nous, socialistes, devons reconnaître que nous n’avons pas assez travaillé avant 2012 »

Parlons femme :

 

« C’est l’histoire d’une photo. Fin septembre 2012, l’habituel portrait de dernière page de Libé est consacré à Barbara Pompili. L’actuelle secrétaire d’Etat à la Biodiversité est alors une toute nouvelle députée. Nommée coprésidente du groupe EE-LV à l’Assemblée nationale, elle est la première femme de l’histoire, à 37 ans, à occuper une telle fonction.

 

Mais la photo qui accompagne le portrait et qui la montre assise en robe blanche sur un rebord de canapé, les cuisses et le décolleté apparents, n’est pas de son goût. Elle la trouve bien trop sexuelle. Il y a deux jours, devant l’association des journalistes parlementaires, elle a estimé que c’était l’épisode le plus «humiliant» de sa carrière politique, regrettant que Libé ne se soit jamais excusé, selon elle.

 

On est allé la voir, au moment du café, vendredi après-midi, en terrasse d’un restaurant de Saint-Germain-des-Prés, pour lui demander ce qui l’avait choquée, lors d’une discussion sincère sur le sexisme et la fabrique de l’information médiatique et politique. »

 

- Pourquoi vous êtes-vous sentie humiliée par cette photo ?

 

Parce que j’ai été trompée, déjà. Parce que, quand la photo a été prise, j’avais expressément demandé au journaliste quel était le cadrage de sa photo. J’avais dit : «Vous faites quoi, vous prenez le haut ?» Il m’avait dit: «Oui, oui, le haut.» Du coup, je n’ai absolument pas fait attention au bas, je n’ai pas fait attention que ma jupe était un peu redressée. C’est très formateur. Je n’ai plus jamais fait l’erreur.

 

Ce jour-là, il faisait très chaud, et j’étais habillée exactement comme le jour où j’avais été élue. J’ai ressorti des photos de ce jour. La robe est parfaitement normale, elle n’a rien de spéciale, et j’avais en plus une veste rouge. La seule chose que j’ai acceptée, à la demande du photographe, c’est de l’enlever. Je savais que j’avais un décolleté, mais je n’en ai pas honte.

 

Quelque temps plus tard, j’ai vu les autres photos prises lors de cette séance. Et quasiment toutes sont des photos de buste. Toutes sont des photos correctes, qui allaient bien avec le thème de l’interview. Là, quand le portrait est paru, ça m’a fait énormément de mal. Evidemment une photo comme ça, sauf à vraiment mentir, on sait que va attirer l’œil, c’est le moins qu’on puisse dire.

 

La suite ICI 

CHAP.16 code acratopège, « Nous, socialistes, devons reconnaître que nous n’avons pas assez travaillé avant 2012 »

Parlons toujours femme : Aude Lancelin virée pour avoir fait battre le cœur de «l’Obs» trop à gauche ?

 

« Y a-t-il une reprise en main politique de l’Obs ? Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction et numéro 2 de l’hebdomadaire, est convoquée ce vendredi après-midi à un entretien préalable en vue d’un licenciement. Marquée à la gauche de la gauche, proche du philosophe marxiste Alain Badiou et de l’économiste radical Frédéric Lordon, la journaliste a été brutalement écartée de ses fonctions la semaine dernière par le directeur du magazine, Matthieu Croissandeau, qui l’avait pourtant nommée à ce poste il y a deux ans, peu après son arrivée. Cette décision a été prise la veille d’un conseil de surveillance réunissant le 11 mai les actionnaires du titre : le trio Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse (deux tiers du capital) et Claude Perdriel, le cofondateur historique (un tiers). Très rare dans un magazine habitué à recaser ses plumes tombées en disgrâce, la sanction a provoqué l’émoi en interne et abouti à une motion de défiance contre Croissandeau, approuvée par 80 % de la rédaction.

 

La suite ICI 

 

Pour finir, sans oublier que je fus précurseur de tendance avec l’opération Chartrons : Juppé dans son miroir

 

« Juppé s’est installé dans le rôle incontesté du favori. Quel que soit les critère retenus – popularité ou intentions de vote –, il devance ses rivaux, à droite et domine ses adversaires, à gauche et à l’extrême droite. D’autres avant lui ont déjà occupé semblable position sans pour autant être élu, au final. L’élan qui les portait lorsqu’ils étaient loin du but était sans doute trop artificiel ou trop ambigu pour résister au choc d’une campagne. Alain Juppé est-il un de ceux-là ? Son succès actuel dans les sondages, en tous cas, laisse perplexe.

 

Les Français, qu’ils soient de droite ou de gauche, veulent du neuf. Alain Juppé file sur ses 71 ans.

 

Les Français, dit-on, veulent du renouvellement. Alain Juppé est entré en politique à la fin des années soixante-dix. Il a conquis son premier mandat national en 1986. Il a été Premier ministre, il y a de cela plus de vingt ans. Il a été ministre du Budget, ministre des Affaires étrangères à deux reprises, ministre de la Défense et même, quelques semaines, ministre de l’Écologie. Il a servi sous trois Présidents. Il a été député de Paris puis de la Gironde. Il est encore maire de Bordeaux.

 

Les Français ne supportent plus leurs élites. Alain Juppé est normalien, agrégé de lettres classiques, énarque et Inspecteur des Finances.

 

Les Français n’aiment pas les hommes de parti et rêvent d’être gouvernés par des représentants issus de la société dite civile. Alain Juppé a été le patron du RPR puis le fondateur de l’UMP. Il reste l’un des principaux dirigeants des Républicains.

 

Les Français ne supportent plus le système qui assure à leur élus une forme d’impunité politique. Alain Juppé a échoué à Matignon et c’est son impopularité abyssale qui en 1997, a conduit la droite tout droit à la défaite que l’on sait. En 2007, il a même réussi l’exploit assez rare d’être battu aux législatives dans la foulée d’une présidentielle pourtant gagnée par son camp. Ce qui ne l’a conduit qu’à une courte traversée du désert.

 

Les Français, enfin, veulent des dirigeants intègres. Alain Juppé a été au cœur des différents scandales qui ont terni l’image de la capitale sous la mandature de Jacques Chirac. En 1995, il a été contraint d’abandonner dans des conditions humiliantes l’appartement que lui louait à prix d’ami la ville dont il était l’élu. En 2004, il a été condamné à un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt dans une affaire qui certes ne mettait pas en cause son honnêteté personnelle mais qui révélait l’un des mécanismes de son ascension politique dans le sillage de son mentor de l’époque. »

 

Lire la suit ICI 

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