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25 juin 2019 2 25 /06 /juin /2019 06:00
La Trinité fondamentale : l’huile, le pain et le vin. « Au pain et au vin, « ces deux colonnes de la consommation occidentale » Jean-François Revel, s’ajoute l’huile qui en est la lumière.

Né dans un pays de bocage où l’on vivait depuis des siècles d’une forme d’agriculture vivrière de subsistance en pratiquant, sur des petites borderies en métayage ou en faire-valoir direct, polyculture-élevage, avec un bout de vignes, où l’on commençait tout juste à s’ouvrir à la vente d’une part de plus en plus importante de la production, à s’accoutumer au maniement de la monnaie, le blé, céréale reine, était l’étalon-or de  la prospérité.

 

Mon père, Arsène, entrepreneur de travaux agricoles, avec sa batteuse allait de ferme en ferme pour transformer les gerbes de blé en bons grains pour la boulange.

 

Alors, vous comprendrez aisément que je fus fort surpris en prenant mes quartiers rue de Varenne, plus précisément rue Barbet de Jouy, de constater que les gens de la vigne prenaient d’assez haut les péquenots et les bouseux.

 

Ils étaient l’aristocratie eux, vins fins et vins communs réunis, culture pérenne enracinée dans un terroir millénaire, nectar des Dieux, ivresse et plaisir de la fête mais aussi des piliers de bistrots.

 

Sans remonter à la Cène, où le pain et le vin sont transmutés, je me disais : pourquoi produire du blé pour faire du pain serait-il moins important, moins gratifiant, que produire du vin ?

 

La question est toujours d’actualité même si le blé sert de moins en moins à faire du pain mais entre dans la ration des animaux et sert comme arme de guerre des grandes puissances USA-Chine-UE-Brésil-Russie : les débats à l’OMC sont là pour le prouver, la ritournelle du lobby céréalier « nous produisons de façon compétitive pour nourris le monde » est un attrape-nigaud relayé par la presse économique.

 

 

 

J’ai vécu au première loge la première réforme de la PAC qui impactait le mode de paiement des céréales en substituant le soutien au produit par des aides compensatoires à l’hectare afin de soutenir la guerre commerciale avec les USA et les pays dit de Cairns. Tout le débat actuel sur une agriculture plus respectueuse de son environnement est biaisé par cette approche, le poids des céréaliers à la FNSEA allié aux productions animales intensives clientes des céréaliers empêche tout vrai débat pour en revenir à des pratiques, qui ne sont pas celles de mon grand-père, mais tenant compte de pistes qui n’ont rien de régressives.

 

Je m’en tiens là.

 

Le bon pain revient, le métier de boulanger retrouve ses lettres de noblesse et j’en suis très heureux.

 

Revenons aux origines.

 

 

Il y a comme cela, des époques étonnantes dans notre histoire. Des époques majeures, véritables concentrations de forces sous l’effet desquelles s’opèrent comme dans un creuset des transformations radicales de nos cadres de vie, de nos manières de penser. Brusquement, tout est remis en question, matériellement et spirituellement, car des évènements capitaux, dont on ne mesurera les conséquences synchronisées qu’avec du recul, donnent une poussée à nos civilisations à, bout de souffle. Alors, le vaisseau à bord duquel est embarquée l’humanité change de vitesse et de cap. Ces concours e circonstances scandent curieusement l’histoire, depuis qu’elle est connue, et que l’on peut attester de ses cycles, de demi-millénaire en demi-millénaire ;. Il n’est que de consulter une chronologie pour en être émerveillé.

 

VIe ou Ve siècle avant Jésus-Christ. Le jour se lève justement sur certains événements, qui, bien que tout à fait locaux, n’en sont pas moins considérables… Oui, c’est extraordinaire. Comme quatre lumières s’allumant aux quatre coins du monde alors connu, apparaissent des gens dont la pensée va modeler pour longtemps notre façon d’être car ne nous sommes surtout qu’en fonction de ce que nous pensons. L’homme était intelligent depuis belle lurette. Il va réfléchir désormais pour le plaisir de réfléchir. K’ong Fou-tseu (Confucius) en Chine, Gautama (Bouddha) en Inde, Zaroastre (Zarathoustra)  en Perse, Pythagore en Grèce. Quatre gigantesques. Mais quatre hommes modestes, dont on sait qu’ils furent aussi de mœurs frugales puisque la sagesse est l’ennemie de toute passion, de tout excès.

 

La nourriture, pour eux qui ne la méprisent point, est un double  don divin. Celui du savoir-faire concédé aux hommes et appliqué aux « fruits » offerts par la nature.

 

L’apparition des quatre sages à l’orée d’un nouveau cycle événementiel n’est pas un effet du hasard, mais elle est, par sa simultanéité, ou presque, la révélation exprimée, sous quatre horizons différents, de a meilleure pensée cachée au fond de l’homme. Et, voyez comme les choses sont bien faites, ces quatre sages furent à ce point universels que chacun peut trouver en leurs enseignements l’eau la plus vive et la plus pure à apporter à son propre moulin. Ici, nous en prendrons ce qui convient à nos préoccupations alimentaires, point si futiles que cela, puisque derrière l’aliment marche le monde.

 

Tout le long, pénible et patient travail assumé par les gens du Néolithique pour domestiquer plantes et bétail a permis de disposer de richesses que l’on va, à présent, savourer. Les Âges du bronze et du fer sont là. À la  satisfaction physique de la faim assouvie s’ajoutera le plaisir intellectuel de la gourmandise, point encore – et heureusement ! – dénoncée comme péché mortel. Plaisir qui, hélas !, deviendra vice lorsqu’on ne saura plus le contrôler, lui aussi.

 

Mais avant cette découverte de la cuisine si bien définie par Jean-François Revel, une nourriture sauvage, appréhendée au hasard des besoins, mais une alimentation pensée et organisée en fonction de ces besoins.

 

Comme l’art plastique est une des expressions de l’habileté et de la sensibilité des civilisations, l’art culinaire, cette gastronomie à la fois savoir-faire et savoir apprécier, « ce perfectionnement de la cuisine elle-même », commence à se faire jour en Grèce ; c’est, de génération en génération, l’élaboration de produits simples et savoureux, les premiers produits alimentaires manufacturés : le pain, l’huile et le vin.

 

Les seigneurs grecs de L’Iliade, héritiers des chefs de ces pasteurs aryens poussés jusqu’en Grèce par la famine, ne sont tout bonnement que des fermiers. Importants peut-être mais vivant sans folies des humbles ressources d’un terroir dont la principale bénédiction vient du soleil. Et les duels homériques, comme celui d’Eurymarque et d’Ulysse consiste souvent à tracer le sillon le plus droit.

 

Au pain et au vin, « ces deux colonnes de la consommation occidentale », comme le dit encore Jean-François Revel, s’ajoute l’huile qui en est la lumière. La révélation de cette trinité fondamentale pour la santé des gens et la prospérité des État, est attribuée à des divinités bienveillantes et pacifiques qui ne sont pas les plus redoutées mais restent en tout cas les plus chéries : Déméter, Dionysos et Athéna.

 

Naturellement, pain, vin et huile existaient avant les Grecs, mais nul avant eux n’a su aussi bien en parler. Pour pouvoir en parler davantage, s’attacher à les fabriquer du mieux possible, ils ont toujours eu de la discussion à revendre .Un autre de leurs dieux aimés n’est-il pas Hermès le Beau parleur mais aussi l’Habile ? Et lorsque l’on saura que Dionysos, dieu de la Vigne et du Vin, aura eu la vie sauve grâce à Hermès, on comprendra beaucoup de choses…

 

Et comment ne pas bien parler, lorsqu’on a commencé sa journée, à la façon des Grecs du Ve siècle av. J.C. : en trempant du pain dans du vin (acratodzomai, d’acratos : pur comme le vin), exceptionnellement pris ainsi pour les petits déjeuners tout comme il l’est pour les libations propitiatioires, la meilleure prière qui soit avant tout repas. Pourquoi le vin du petit déjeuner, dit pour cela acratos, doit-il être pur ? Parce qu’en lui consistent les prémices de la journée dont rien ne dit qu’elle  sera pas, à un titre ou à un autre, la plus importante de notre vie. En tout cas, elle devra êter profitable comme le pain, stimulante comme le vin, douce comme l’huile.

 

« Qu'est-ce que l’abondance ? Un mot et rien de plus, la nécessité suffit au sage », dit un Grec, Euripide.

 

Qui y-a-t-il de plus nécessaire que le pain, l’huile et le vin ?

 

Maguelonne Toussaint-Samat Histoire Naturelle&Morale de la Nourriture.

 

Chronique à suivre…

 

Le marché des céréales françaises - crédits Passion Céréales

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7 juin 2019 5 07 /06 /juin /2019 06:00

Noël Mamère et celui qu'il souhaite voir prendre sa suite le conseiller municipal vert Clément Rossignol - Photo : Sebastien Ortola -Photo : Sebastien Ortola — S. ORTOLA / 20 MINUTES

Souvenir du temps où, certains matins à la fin des années 70, à bicyclette, me rendant de mon domicile à mon travail au 232 rue de Rivoli, à l’Office des vins de table, je croisais à l’angle du boulevard Raspail, aux feux tricolores face au Lutetia, Noël Mamère lui aussi juché sur un vélo.

 

Lui se rendait dans les studios de la 2 au 13-15 rue Cognacq Jay.

 

Je croisais aussi, souvent au même endroit, l’icône des années Giscard, Alain Duhamel, enveloppé dans son imper mastic genre Colombo, coiffé d’un casque brun de jockey, il chevauchait un antique solex qui peinait à le conduire lui aussi dans les studios de la télé.

 

Résultat de recherche d'images pour "alain duhamel et son solex"

 

Mamère et moi sommes de la même classe, des baby-boomers de 48.

 

En juin 1988, il est élu comme suppléant du député socialiste de la 10e circonscription de Gironde, Libourne, Gilbert Mitterrand.

 

En 1989, il est élu maire de Bègles à la tête d'une liste « majorité présidentielle », contre le sortant communiste soutenu par les instances départementales du Parti socialiste et réélu jusque-là. Il échoue toutefois à se faire élire député lors d'une législative partielle (causée par la démission de Catherine Lalumière) le 25 juin 1989 dans la 3e circonscription de la Gironde. Il échouera dans la même circonscription en mars 1993 sous l'étiquette écologiste.

 

En 1990, il crée avec Brice Lalonde Génération écologie (GE). Deux ans plus tard, il devient vice-président et porte-parole national de Génération écologie. En 1994, il quitte Génération écologie, à la suite du virage centriste de ce parti entamé sous l'impulsion de Brice Lalonde, et fonde Convergences écologie solidarité dont il devient le président. Cette même année, il est élu député européen sur la liste de Bernard Tapie, tête de liste « Énergie radicale », jugeant qu'il faut développer un véritable courant écologiste de gauche.

 

En 1997, il est élu député de la 3e circonscription de la Gironde et siège dans le groupe radical, citoyen et vert (constitué par les députés du PRG, du MDC et des Verts). En 1998, il adhère, avec l'ensemble de son mouvement, au parti écologiste Les Verts. Il est réélu député en 2002, il siège alors parmi les non-inscrits, les Verts n'ayant pas assez d'élus (trois) pour pouvoir former un groupe.

 

Lors de la primaire présidentielle des Verts de mai et juin 2001, il arrive en tête du premier tour avec 42,8 % des voix, puis est battu de peu au second tour par Alain Lipietz, qui obtient 50,3 %. Cependant, le 13 octobre 2001, à la suite d'une prise de position controversée sur l'amnistie des nationalistes corses, Alain Lipietz est évincé du poste de candidat lors d'un référendum interne. Noël Mamère, pressenti pour reprendre le titre de candidat annonce alors son refus catégorique : « Ma décision de ne pas me présenter est irrévocable, et rien ne pourra me faire changer d'avis. ». Mais après le refus de Dominique Voynet d'être à nouveau candidate, Noël Mamère est désigné pour remplacer Alain Lipietz par le conseil national des Verts, le 14 octobre suivant, par 70 voix contre 29. Le 29 octobre 2001, un second référendum interne approuve sa nomination à plus de 80 % des voix.

 

Après avoir obtenu 5,25 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, il appelle à voter pour Jacques Chirac, afin de barrer la route à Jean-Marie Le Pen au second tour. Il est le premier (et à ce jour le seul) candidat écologiste à avoir dépassé le score de 5 % lors d'un tel scrutin.

 

J’arrête là.

 

Un parcours certes un peu tortueux, son passage sur la liste Tapie montée à l’instigation de Tonton pour faire un croche-pied à Rocard m’est toujours resté au travers de la gorge, mais sans contestation arrimé à des convictions écologiques incontestables.

 

C’est dans le marigot vert un vrai politique à l’ancienne.

 

Je n’ai jamais eu beaucoup d’attirance pour ce mouvement politique hétéroclite, gauchiste, parfois sectaire, même si mes préoccupations environnementales auraient pu m’attirer vers eux.

 

Et puis, lorsque le PS à la sauce molle de Hollande pimentée par ses frondeurs, Hamon et Montebourg en tête, s’est dissous dans ses contradictions, Hamon soutenu par Jadot creusant le trou, et que Macron a ramassé la mise, le vieil électeur socialiste que je fus, à la fin sans enthousiasme, par fidélité, s’est retrouvé face au champ de ruines.

 

Surgissent les européennes où Wauquiez et Mélenchon furent aussi balayé via leurs pâles candidat(e)s et que surgit Jadot enfant de l’effet glyphosate. ICI

 

J’ai envoyé un SMS à Isabelle Saporta : « Dominer sa victoire ! »

 

Et puis patatras Jadot déclare : « Nous voulons conquérir et exercer le pouvoir » ICI 

 

Étonnant cette saillie, comme si auparavant les Verts n’étaient là que pour faire joli, grappiller quelques circonscriptions aux hiérarques du PS comme savait si bien le faire Duflot.

 

  • Comment va se faire le dépassement d’EELV dont David Cormand (secrétaire national) a parlé, cette nouvelle force politique que vous voulez construire ?

 

Il est absurde qu’il y ait différents partis écolos qui se fassent concurrence. Il faut créer la structure qui va rassembler la liste Urgence écologie, le Parti animaliste.

 

  • Avec Génération.s ou La France insoumise qui sont aussi écolos ?

 

Pour moi, ce ne sont pas des partis écologistes. Mais leurs militants, comme tous ceux qui se retrouvent dans les valeurs de l’écologie, sont les bienvenus s’ils souhaitent, avec nous, construire une société écologique et apaisée.

 

  • Avez-vous proposé à Nicolas Hulot de venir ?

 

On sort à peine de la campagne, mais il y aura sa place, bien sûr.

 

Là les bras m’en tombent, que Jadot prenne les insoumis avec des pincettes, je comprends, Mitterrand a bien fait alliance avec les cocos de Marchais, mais du côté du résidu du PS, le Hamon qu’il a soutenu à la présidentielle c’est vraiment étonnant.

 

Déjà aux européennes fallait avaler le boulet Rivasi alors avec les animalistes chers à l’ancienne patronne des patrons Laurence Parisot, ce brave Jadot tombe dans le grand n’importe quoi.

 

Et puis, Noël Mamère, maire de Bègles de 1989 à 2017 et député écologiste de 1997 à 2017 surgit de sa boîte :

 

TRIBUNE

 

« L’écologie “identitaire”, conçue comme seule réponse, est un rêve irresponsable »

 

Dans une tribune au « Monde », l’ex-candidat Vert à la présidentielle de 2002 presse les écologistes de ne pas cultiver une autonomie qui passerait par l’ignorance des autres forces de gauche.

 

Pour la génération d’écologistes à laquelle j’appartiens, longtemps considérée comme annonciatrice de l’apocalypse et accusée, entre autres, de refuser un « progrès » soi-disant bienfaiteur de l’humanité, ce qui s’est passé le 26 mai est à la fois un aboutissement et le début d’une histoire qui reste à écrire.

 

La surprise des observateurs politiques et des instituts de sondages devant ce bon résultat des écologistes est à la mesure de leur conformisme idéologique. Tout à leurs commentaires et débats d’experts sur le duel Macron-Le Pen et à leurs réflexes de classe embarrassés sur le mouvement des « gilets jaunes », ils n’ont pas vu entrer l’écologie dans la société. Alors qu’elle était en train de remporter une victoire culturelle, ils regardaient ailleurs.

 

Il aura fallu la démission fracassante de Nicolas Hulot, en forme de réquisitoire, pour que tout ce petit monde se réveille. Du jour au lendemain, les marches et les grèves des lycéens et lycéennes pour le climat, les actions en justice et autres initiatives de désobéissance civile non violente de la « génération climat » ont eu droit de cité dans les journaux télévisés et les magazines. Greta Thunberg est même devenue l’icône planétaire dont les médias se régalent… avant de s’en lasser !

 

L’écologie est devenue le paradigme politique du XXIe siècle

 

Quant aux rapports d’experts, aux alertes des scientifiques de plus en plus nombreuses et alarmistes sur les conséquences du désordre climatique pour nos propres générations, aux chiffres effrayants sur la chute de la biodiversité, ils sont enfin pris au sérieux.

 

Au point que la question taboue de « l’effondrement » – dont il ne fallait surtout pas parler en raison de son caractère « anxiogène » – est devenue « tendance ». Parce que la succession des canicules, des sécheresses, des tornades, des inondations et de tous ces épisodes climatiques d’une violence inédite sous nos latitudes entraîne des effets psychologiques déstabilisants sur les populations, qui renforcent leur vulnérabilité.

 

Ainsi, après des années d’ignorance et de mépris, l’écologie est-elle devenue le paradigme politique du XXIe siècle. Comme si la pyramide s’était inversée : l’écologie incarne désormais le réalisme face aux désordres du monde et le libéralisme sans frein, défenseur du statu quo, est relégué dans le camp des utopistes.

 

Il existe donc bel et bien, aujourd’hui, une conscience écologique planétaire, capable de faire vaciller les tenants du dogme de la croissance et du progrès à n’importe quel prix. La bataille sera difficile, brutale peut-être, mais le rapport de force est beaucoup plus équilibré qu’hier (cf : les victoires contre Bayer-Monsanto). C’est la bonne nouvelle de ce début de siècle. Parce que « nous n’avons qu’un seul monde », comme le dit l’un de nos slogans préférés, une majorité de ses habitants est aujourd’hui décidée à ne pas le laisser dépendre des appétits de multinationales à la voracité insatiable.

 

C’est sur ce « terreau-là » que la liste Europe Ecologie-Les Verts, conduite par Yannick Jadot sur une ligne d’autonomie, a réalisé le score que l’on sait et créé la surprise de cette élection européenne qui ne ressemble à aucune autre, en raison de son taux de participation et de « l’effondrement » de la droite et du Parti socialiste, qui structuraient le débat politique français depuis des décennies.

 

Dans ce contexte, les 13,5 % d’EELV ont une tout autre dimension politique que les 16,8 % de 2009. Troisième force du pays et premier parti de toutes les gauches, les écologistes sont devant une responsabilité historique, puisque aucun rassemblement alternatif aux politiques libérales ne peut se faire sans eux.

 

Relever le défi de l’alternative écologique et sociale

 

Soit ils décident de camper sur leur Aventin en cultivant une « autonomie » qui passe par l’ignorance des autres forces de gauche pourtant prêtes à se rassembler sur un projet à dominante écologique, soit ils ont la victoire généreuse, et ils prennent au plus vite les initiatives qui vont permettre de redonner du souffle et de l’espoir à toutes celles et ceux qui ne veulent pas se résigner à un face-à-face Macron-Le Pen.

 

Agir ainsi n’est pas sombrer dans la « tambouille politicienne », mais, au contraire, accepter de relever le défi de l’alternative écologique et sociale, ce qui est peut-être moins confortable politiquement, mais qui s’inscrit dans un projet historique dont les écologistes peuvent être le moteur. Car ils le savent bien, malgré leurs effets de manche, ils ne changeront pas le monde seuls sous leur panache vert.

 

L’écologie ne doit pas céder au « complexe Mélenchon », qui pensait incarner la gauche à lui tout seul

 

Voilà pourquoi je dis à Yannick Jadot, dont les récentes déclarations et interviews me glacent, que ce n’est pas le moment de se laisser griser par l’ivresse des cimes – à la hauteur toute relative au regard de l’urgence écologique, démocratique et sociale –, au risque de lourdes déconvenues, mais d’expliquer aux victimes des « fins de mois » difficiles aux allures de « fin du monde » que la lutte contre la malbouffe, pour l’agriculture bio et locale, pour l’isolation des logements, pour les mobilités, pour la mixité sociale, contre les perturbateurs endocriniens, etc. est le meilleur outil pour en finir avec ce cumul obscène des injustices sociales et environnementales qui affecte les plus vulnérables de nos sociétés.

 

C’est apporter la preuve par l’écologie populaire que notre projet est d’abord au service de ceux qui souffrent le plus des inégalités et qui ont perdu l’estime d’eux-mêmes, vite transformée en haine de l’autre.

 

Jamais dans notre pays et, aujourd’hui, quelques autres en Europe, l’écologie n’avait rencontré une telle occasion politique de démontrer sa capacité à conduire la transformation du modèle dominant en un projet à hauteur d’homme. Elle ne doit pas manquer ce rendez-vous en cédant au « complexe Mélenchon », qui pensait incarner la gauche à lui tout seul. L’écologie « identitaire », conçue comme la seule réponse aux maux de ce monde en péril, est un rêve irresponsable qui peut vite tourner au cauchemar politique.

 

Proposer une nouvelle alliance écologique et solidaire

 

L’urgence et la responsabilité exigent des écologistes qu’ils fassent le premier pas vers leurs alliés naturels pour leur proposer une nouvelle alliance écologique et solidaire capable de redonner espoir aux enfants de ce siècle, qui nous en veulent beaucoup d’avoir cédé à nos égoïsmes.

 

Ils devraient méditer cette phrase de Scott Fitzgerald dans Gatsby le Magnifique : « Apprenons à montrer notre amitié aux gens pendant qu’ils sont vivants et non quand ils sont morts ! » A bon entendeur…

 

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4 juin 2019 2 04 /06 /juin /2019 06:00
Selon Jacky Durand le clafoutis n’est pas 1 dessert c’est 1 monde créé par Dieu pour les glaneurs de fin de marché, tous les maraudeurs de chemin creux comme moi.

Belle plume le Jacky !

 

Là y causait riche dans le poste : France culture.

 

Le clafoutis n’est pas un dessert. Le clafoutis est un monde créé par Dieu pour défier les saisons et les temps de peu. Il suffit d’une poignée de farine ou d’une autre mixture pour faire du solide ; d’un godet de lait ou de crème les jours fastes ; d’une poule pas trop feignasse pour vous pondre une rafale d’œufs et vous allez pouvoir jouer une partition sucrée ou salée avec ce qui vous tombe sous la main : cerises bien sûr, pêches, pommes, mirabelles mais aussi courgettes, poivrons, brocolis… il y en a pour toutes les papilles, tous les gâte-sauces, tous les glaneurs de fin de marché, tous les maraudeurs de chemin creux. C’est une recette de cambuse humble mais qui procure beaucoup de gourmandise sur les papilles.

 

Pourquoi le Jacques se décarcasserait à écrire des trucs et des machins sur le clafoutis, d’ailleurs y’a un bail qu’il a pondu, le  16 juin 2012

 

La cerise est dans le gâteau : le clafoutis… joie de saison… douceur simple… avec les filles de la Rochelle Valérie&Ségo et un Massia Vecchia Ariento in Toscania

 

Mangeons de saison ! L’irruption des cerises sur les étals des marchands de 4 saisons, qui n’en ont plus guère, marque d’ordinaire l’installation définitive du soleil dans notre quotidien. « Mariage pluvieux, mariage heureux » dit le diction populaire : l’irruption dans notre quotidien d’un PNR stoïque sous le déluge des Champs Elysée semblait nous faire entrer dans la sérénité d’un long fleuve tranquille avant que les filles de la Rochelle, qu’ont armés un bâtiment et partagé sa vie, viennent troubler ce tableau idyllique.

ICI 

 

Comme je suis un glaneur glandeur qui hante les chemins de traverse que je paye la redevance alors je copie-colle et podcast.

 

Pour la petite histoire, le berceau du clafoutis, c’est le Limousin.

 

Le nom de clafoutis fait l’objet de joutes étymologiques. Selon les uns, le mot tire son origine du dialecte occitan clafir ou claufir qui signifie « garniture » ou « remplissage ». Pour d’autres, l’origine du nom remonte au mot latin clavum fingere qui signifie « planter un clou », se référant aux cerises, qui sont « plantées » dans la pâte. En langage occitan, on l’appelle parfois pelhaire, ce qui signifie « chiffonnier », car le jus que rendent les cerises lors de la cuisson colore la pâte de violet et lui donne l’aspect déguenillé d’un chiffonnier.

 

Quand revient le temps des cerises, le clafoutis suscite un je ne sais quoi de liberté, de canaillerie et d’insolence. Dieu a fait une queue aux cerises pour que l’on s’en accroche une paire derrière l’oreille. Dieu a donné un noyau à la cerise pour donner du goût au clafoutis. Et puis une cerise qui viendrait d’être cueillie sur l’arbre et qui n’aurait pas de noyau, ce serait aussi improbable et mensonger qu’une cuite sans gueule de bois.

 

Franchement, on est injuste avec ce fruit printanier quand on lui attribue la malchance qui a inspiré un texte magnifique et juteux d’argot à Alphonse Boudard qui, dans sa préface de La Cerise, écrit : «Beaucoup de gens ignorent que la cerise c’est la guigne, la poisse, la malchance. Une vieille pote à moi, ma chère compagne, mon amoureuse folle que je retrouve à tous les coins de rue de mon parcours. Si elle me colle au train, la salope ! Me saoule, m’ahurit ! Toujours là, fidèle à tous les rendez-vous ! Fidèle comme un chien, fidèle à la mort

 

La recette !

Nous, la cerise, on a rendez-vous avec elle de la fin mai à l’orée de l’été. Mais bien avant, on se régale de son arbre quand il ponctue l’horizon, en fleurs, en jeunes feuilles, puis en fruits offrant une riche palette carminée. Et puis on songe déjà à notre cul de poule pour faire danser le clafoutis avec par exemple la recette de Lise Bésème-Pia dans 365 Recettes du pays d’Ardenne. C’est aux éditions Dominique Guéniot. C’est simple et rapide à réaliser pour le petit déj, quand toute la maison dort encore. Il vous faut :

 

1 verre de farine,

1  verre de sucre,

1 verre de lait,

2 œufs entiers,

1 cuillère à soupe de kirsch,

Environ 350 g de cerises.

Préférez des cerises noires si vous en trouvez.

Délayez dans l’ordre indiqué les ingrédients.

Ajoutez les fruits et versez la préparation dans un moule bien beurré.

Enfournez à four moyen (thermostat 6, 180 degrés) durant 45 minutes.

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2 juin 2019 7 02 /06 /juin /2019 06:00
Jean Bouise engagé, héros discret, comparse débonnaire ou salaud opaque, dessinant, au fil de seconds rôles fort peu secondaires, 1 sorte de portrait mouvant du Français, période Formica et impers couleur mastic

Je pose rarement mon cul sur le canapé pour regarder la télé, je sais tout juste manier la télécommande, pourtant un vendredi soir de retour de je ne sais où j’ai allumé la lucarne plate et je suis tombé sur ciné-classic qui affichait Jean Bouise, un héros très discret.

 

Le cul bordé de nouilles j’ai toujours été fasciné par Jean Bouise

 

La disparition des seconds rôles dans le cinéma français, ils avaient des gueules de populo…

 

Le 4 juillet 2006

Les seconds rôles

 

Seuls les gens de cinéma savent honorer les seconds rôles en leur attribuant des prix, Oscars ou César, lors de cérémonies d'autocélébration dont ils raffolent. Les seconds rôles donnent aux films leur pâte humaine, cette épaisseur des gens de peu, la petite musique de la petite vie que l'on vit. Deux acteurs, discrets et talentueux, ont représenté pour moi la quintessence de la grandeur et de la servitude du second rôle : Jean Bouise avec son regard doux de myope et sa voix chaude et profonde, Charles Denner l'homme qui aimait les femmes arpentant le monde juchées sur leurs longs compas.

 

Le documentaire est remarquable, il confirme mes intuitions sur l’homme d’abord et sur le comédien ; il a bouffé de la vache enragé avec Planchon et il a laissé un souvenir durable d’un type bien dans une profession où les gros ego sont souvent insupportables.

 

Jean Bouise, un héros très discret

Jean Bouise, un second rôle de premier plan

Cécile Mury  dans Télérama publié le 03/05/2019.

 

Qui a oublié sa silhouette mélancolique et son jeu tout en subtilité ? Avec le documentaire “Jean Bouise, un héros très discret”, et les films “Coup de tête” et “Le Vieux Fusil”, passez une soirée en compagnie d’un acteur incontournable des années 1970-1980. Vendredi 3 mai sur Ciné+ Classic.

 

Si l’on vous dit « grand escogriffe à moustache, incontournable figure du cinéma français des années 1970 », vous répondez… Jean Rochefort. Perdu : un Jean peut en cacher un autre. Jean Bouise, disparu en 1989, est un poil moins célèbre. Mais il a sans doute autant marqué son époque. Il suffit d’avoir vécu un bout des Trente Glorieuses et d’être un peu cinéphile pour identifier aussitôt sa silhouette mélancolique, son ironie finaude, son jeu minimaliste, tout en subtilité.

 

Chacun garde « son » Jean Bouise dans le patrimoine de ses souvenirs : le flic sobre et tenace qui enquête parmi les petits Blancs racistes de Dupont Lajoie (1975). Le magistrat indigné de Section spéciale (1975). Le patron de club de foot retors de Coup de tête (1978). L’ami bienveillant de Philippe Noiret dans Le Vieux Fusil (1975).

 

L’avoir à l’image, c’est presque un label de qualité, la garantie d’une œuvre soignée, taillée dans un bois solide.

 

Il est de tous les films engagés, héros discret, comparse débonnaire ou salaud opaque, dessinant, au fil de seconds rôles fort peu secondaires, une sorte de portrait mouvant du Français, période Formica et impers couleur mastic. Avec une préférence pour les notables discrets, les huiles de province dubitatives, les M. Presque-tout-le-monde, tous unis par la capacité d’incarnation de leur interprète, son humanité vibrante.

 

Sa filmographie se confond avec celle des grands cinéastes du moment (Costa-Gavras, Claude Sautet…) ou accompagne les débuts prometteurs d’une brassée de fameux débutants, de Jean-Jacques Annaud à Luc Besson.

 

Pas besoin de le chercher longtemps dans la distribution de ces films : Jean Bouise, c’est le type juste à côté de la star. A la droite de Patrick Dewaere ou Yves Montand, ou à la gauche d’Alain Delon. L’avoir à l’image, c’est presque un label de qualité, la garantie d’une œuvre soignée, taillée dans un bois solide. Le bois dont on fait les planches de théâtre : son talent singulier, Jean Bouise l’a découvert et ciselé au Théâtre de la Cité de Villeurbanne — devenu le TNP, où une salle porte son nom.

 

A gauche toute

 

Diplômé de chimie, ce natif du Havre a été détourné très tôt des éprouvettes par un coup de foudre pour l’art dramatique. Des vaches maigres au succès, il est resté le compagnon de route de Roger Planchon, s’illustrant aussi bien chez Shakespeare que chez Brecht ou Tchekhov, au long d’une carrière théâtrale aussi riche et fournie, sinon plus, que son parcours au cinéma.

 

Jean Bouise était un homme de troupe, généreux, toujours prêt à donner un coup de main en coulisses ou à jouer pour trois fois rien dans des courts métrages auxquels il croyait. Humaniste passionné, à gauche toute, il s’est même envolé pour Cuba en 1962, à l’aube de la révolution castriste. Il y a tourné deux films, avant de reprendre le cours de sa vie. A la première des secondes places

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29 mai 2019 3 29 /05 /mai /2019 06:00
Maté

Maté

Dans La cuisine de l’exil de Stéphanie Schwartzbrod chez Actes Sud on peut lire dans l’avant-propos : « quand on quitte un pays, la cuisine est peut-être la chose la plus facile à transporter. »

 

La Cuisine de l'exil

 

Ce qui l’intéresse « … c’est la façon dont chacun trace un portrait de la France dans sa manière de la regarder et de l’éprouver, et comment celle-ci, au fil des témoignages, transparaît. »

 

« … c’est le rapport à l’exil, à cette dualité, cette vie comme raturée… Tout au long de ces témoignages, on entend souvent les mêmes réflexions revenir, comme si, que l’on soit riche ou pauvre, parti dans de bonnes conditions ou non, cet exil traçait chez chacun un même sillon. »

 

L’exil la touche, moi aussi, même si comme elle je ne viens pas d’ailleurs…  le monde est pour moi sans frontières.

 

Par amour, pour accomplir leurs rêves, pour fuir la dictature ou la misère, ils ont quitté leur pays. Venus d’Europe, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, du Moyen-Orient, des États-Unis – des années 1920 à nos jours –, c’est en France qu’ils ont posé leurs valises, laissant derrière eux leur enfance, leur famille, leurs repères pour découvrir un univers inconnu, parfois fantasmé, et se confronter à une nouvelle réalité. Déracinés, comme coupés en deux, c’est souvent par la nourriture, les recettes emportées dans leurs bagages, qu’ils ont pu retrouver une part de leur passé, de leur culture, et se réapproprier leurs vies.

 

À travers vingt-quatre témoignages d’hommes et de femmes, chacun suivi de cinq recettes emblématiques du pays concerné (et d’adresses où se procurer les ingrédients les moins communs), ce livre parcourt la grande Histoire, les époques et les continents, mettant en lumière notre richesse multiculturelle. Il invite à découvrir l’altérité dans ce qu’elle a de plus convivial : les plaisirs de la table.

 

J’ai choisi l’URUGUAY d’Anna Karina.

le 1 juillet 2018 j'écrivais :

L’Uruguay, pays de tous les exils ?

 

« L’histoire de l’Uruguay est celle d’un pays aux exils multiples. Autrefois « Suisse » d’une Amérique rêvée par des millions d’européens partis en quête d’une vie meilleure, le pays a par la suite joué le rôle capital d’espace-refuge lorsque l’Europe connut ses pires drames (la guerre civile espagnole, la répression franquiste, la seconde guerre mondiale) avant de devenir à son tour, à la fin du même siècle, le théâtre de la tragédie de la dictature et de la répression organisée au sein du Plan Condor. Dans ce contexte, c’est au tour des uruguayens de s’exiler massivement vers les pays de l’aïeul européen : l’Uruguay de l’accueil devient celui de l’ostracisme. Ces différentes facettes de l’exil sont au cœur des œuvres de José Mora Guarnido, Carlos Liscano et Marisa Silva Schultze, des écrivains qui ont connu de façon directe ou non l’effet de ces itinéraires transatlantiques, des contraintes des dictatures et des répressions. Dans leurs œuvres, ils ont choisi de mettre en scène cette condition de l’exilé « en » ou « depuis » l’Uruguay, ces voyages et expériences d’une rive à l’autre de l’Atlantique, contribuant ainsi à façonner une pensée de l’exil uruguayen. »

 

ICI 

 

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Novembre 1979 URUGUAY-ANNA KARINA

 

« L’Uruguay est un pays éminent européen. Comme le dit bien Borges, on ne descend pas des Indiens, on descend du bateau… non pas des colons espagnols mais des mêmes bateaux qui accostaient à Long Island, à New-York, à la fin du XXe siècle, en provenance d’Italie, d’Espagne, d’Irlande… C’était exactement la même immigration, le même melting-pot : des Européens crevant de faim en Italie ou en Irlande s’enfuyant pour une vie meilleure. Mais arrières-grands –parents venaient d’Espagne et d’Italie… »

 

« L’Uruguay, c’est un tiers de la superficie de la France avec trois millions d’habitants, une étendue vide avec beaucoup de terre et du bétail, une classe moyenne éduquée très importante, une grande tradition démocratique, une Constitution basée sur la Constitution française et le droit de vote pour les femmes avant qu’il ne le soit en France. »

 

« Ma mère éprouvait un amour inconditionnel pour la France. On a vraiment été élevés avec une image magnifiée de la France. La France c’était le paradis ! Mais je n’ai pas été émerveillée par Paris, je trouvais la ville tellement grise, il faisait froid et je n’avais pas envie d’être là… »

 

« À l’école, je détonnais car j’avais des cheveux très frisés, je venais d’un pays que personne ne connaissait, je parlais parfaitement français et je ne faisais aucune faute  aux dictées Je ne ressemblais pas du tout à l’image des Indiens que se faisaient les Français… Mon père disait toujours : Vous voudriez quoi ? Qu’on arrive avec des plumes ?

 

« Aujourd’hui, j’ai la sensation d’être un vrai produit français, d’avoir été façonnée par l’école républicaine et laïque. C’est l’école qui m’a emmenée à la montagne, au musée, au théâtre, qui m’a fait découvrir la littérature, ce ne sont pas mes parents. J’ai découvert la peinture grâce à l’école et cela a été un choc esthétique qui m’a bouleversée. »

 

LA CUISINE

 

« En Uruguay, il y a deux choses importantes : la viande et les racines italiennes. On se dispute le fait d’avoir la meilleure viande avec l’Argentine comme on se dispute Carlos Gardel. Elle n’a pas vraiment le même goût. Mais on mange aussi des pâtes fraîches, des gnocchis, de la pizza… Si je veux retrouver les goûts de l’Uruguay, il faut que j’aille dans une épicerie italienne.

 

J’ai toujours mangé de tout et pour cela la France a été un cadeau… J’ai découvert le fromage que j’ai tout de suite adoré. La nourriture française a été un enchantement… »

 

« Je sais faire à manger avec ce que j’ai sous la main et ça, je le tiens de ma mère. Je ne fais pas beaucoup de cuisine à la française. Je mélange… »

 

« Quand je retourne chez mes parents, je sais que ma mère va me préparer du riz au lait car c’est le dessert de mon enfance. »

 

« Autre chose importante, le maté, une boisson très amère. En Uruguay, elle rythme la vie et tient une large place dans la vie quotidienne. C’est une boisson qu’on se passe, on boit tous à la même « tasse ».

 

TRANSMISSION

 

« Je me rends compte que j’ai beaucoup transmis l’Uruguay à mes enfants. »

 

CONCLUSION

« L’endroit où il y a tout n’existe pas. Même mes enfants ont du mal à dire quel est leur pays. Et ce n’est pas grave. Et c’est tant mieux. Cet endroit dont je pourrais dire c’est ma terre n’existe pas. Je n’éprouve aucun sentiment d’identité nationale et cela me réjouit. »

 

Bien sûr dans les recettes j’ai choisi les GNOCCHIS DE POMMES DE TERRE.

 

 

Spécialités culinaires uruguayennes ICI

 

specialites-culinaires-uruguayennes5

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28 mai 2019 2 28 /05 /mai /2019 06:00
En voilà un bel article de commande : Jean-Michel Cazes sait recevoir même les vieux ringards…

Le privilège d’être vieux c’est de pouvoir qualifier de vieux d’autres vieux sans être accusé de jeunisme.

 

Il faut savoir décrocher avant de sombrer dans le ridicule.

 

L’article qui suit est un bel exemple d’un critique gastronomique qui se pique de faire une analyse économique et qui se vautre lamentablement.

 

Les vins de Bordeaux échappent à la récession rampante

 

Les professionnel·les de la dive bouteille se sont retrouvé·es durant quatre jours, du 13 au 16 mai, à Vinexpo Bordeaux, soit 1.600 sociétés de vins et spiritueux venus de vingt-neuf pays, 30.000 personnes du business international.

 

Il faut savoir que la filière ne cesse de se développer (la Chine et les États-Unis sont les premiers importateurs du globe). Bordeaux reste une capitale active pour le commerce, les échanges et les vins du monde –le saké japonais à base de riz est en plein boom, lié à la vente croissante des sushis et sashimis dans les boutiques et restaurants nippons.

 

L'an prochain, le premier Vinexpo Paris (en février 2020) s'ajoutera aux salons de Tokyo, de Shanghai, de Hong Kong, de New York, d'Italie et d'Allemagne. Sauvé, Vinexpo Bordeaux deviendra annuel.

 

La ville chère à François Mauriac reste un passage obligé car les terroirs et appellations girondines (on en compte cinquante) produisent 500 millions de bouteilles de 4 à 2.500 euros qu'il s'agit de vendre et de faire apprécier par les sommeliè·ers, cavistes, commerçant·es –et par les personnes qui en remplissent leur cave.

 

La suite ICI 

 

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23 mai 2019 4 23 /05 /mai /2019 06:00
Toujours en avance Hubert de Boüard avec son Silver Bell St Émilion Grand cru 2010 les gabelous bordelais se réveillent enfin.

Le 19 décembre 2013, je commettais une chronique d’une vulgarité sans nom, comment pouvais-je clouer au pilori un membre éminent et influent du Comité National vins de l’INAO ? Cet homme, désigné par la puissance publique pour défendre et promouvoir les appellations (les membres du CN de l’INAO sont nommés par les Ministres du Budget et de l’Agriculture) se permettait de leur chier dessus pour se faire plus d’oseille chez ces ignorants de chinois.

 

Sans être mauvaise langue, je le suis, la suite des événements a largement démontré que le boss des jurats de St Émilion, l’homme au petit sécateur, nichait à l’INAO pour mettre la main à la pâte de l’élaboration d’1 décret de classement des GC de St Emilion aux petits oignons, chouchouter les braves cons de la commission de classement, engranger le gros lot qui transforme le terroir en dollars.

 

Les appellations, lui, tout comme ses chers collègues des GCC, il s’en tamponne comme de son premier sécateur, leur château est une marque dont ils sont les propriétaires alors pourquoi ces emmerdeurs de la Direccte, fonctionnaires de surcroît, auraient l’outrecuidance de venir leur chercher des pous dans la tête. Z’ont qu’à s’occuper des naturistes en tongs !

 

Voilà le décor : le 19 décembre 2013 j’écrivais :

 

Comment se faire des couilles en or avec une cloche d’argent : les tribulations d’un GCC de Saint-Emilion en Chine.

 

L’étiquette ensuite : la Silver Bell a la gueule d’une Silver Bell donc pas grand-chose à  se mettre sous la dent sauf que tout en bas la mention est très explicite : signé Hubert de Boüard de Laforest, of Château Angelus avec en prime la cloche du château l'Angélus.

 

Je suis très admiratif, vraiment c'est de la belle ouvrage, du cousu main, je trouve ça beau comme la ligne de défense de l’INAO au plan international « Touche pas à mes AOC ! » qui disaient les gars de Montreuil. Les pauvres, va falloir les recycler vite fait sinon on va se demander à quoi servent leurs ODG. Ne parlons pas du Comité National qui, en dehors de s’empailler sur la chaptalisation, sucre de plus en plus les fraises pendant que d’autres mettent du  beurre dans leurs épinards.

 

Vive le droit des marques !

 

La suite ICI

 

Bien évidemment, mon libelle n’éveilla aucun émoi du côté de l’INAO et des gabelous, on ne touche pas à Hubert le cumulard !

 

Et puis, depuis quelques temps le vent semble avoir tourné, l’INAO est sorti de sa léthargie, les pandores de leur gendarmerie et les pieds plats de la Direccte de leur bureau chauffé.

 

Sur le Face de Bouc de Nicolas Lesaint, directeur technique du château de Reignac, je découvre un article du Journal Sud-ouest:

 

Comme il est pompé par lui je vous le livre en intégralité :

 

« Depuis quelques mois, un vent de panique souffle sur le vignoble. Les agents de la brigade des vins de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) ont visité des dizaines de châteaux et maisons de négoce, jusqu’aux plus prestigieux. Dans le viseur des limiers spécialisés dans la fraude dans le vin, l’utilisation des marques domaniales. Ou comment des noms de châteaux célèbres se retrouvent sur des étiquettes, même si le vin ne provient pas du domaine figurant sur le flacon…

 

Pendant longtemps, la filière bordelaise a veillé sur les attributs de son excellence. Baptiser une crème anti-âge grand cru, commercialiser le nom de Saint-Émilion ou accoler le mot Petrus sur une étiquette n’en contenant pas une larme, déclenche systématiquement une action en justice. Mais, parallèlement, depuis quelques années, fleurissent des étiquettes hybrides sur lesquelles figurent des références plus ou moins explicites à des domaines prestigieux, pour des vins souvent de qualité, mais issus du négoce ou de coopératives.

 

Le modèle vient de loin. Le premier à l’avoir éprouvé est le célèbre grand cru classé Mouton Rothschild. Dans les années 1930, le baron Philippe de Rothschild a eu l’idée de transformer son second vin, Mouton Cadet, en vin de négoce. Dès lors, le « petit mouton » n’avait plus rien à voir avec le nectar issu des vignes de la célèbre appellation de Pauillac. Aujourd’hui encore, la confusion amuse les initiés comme cet opérateur bordelais :

 

J’étais chez des amis en Suisse. Ils nous ont vanté un grand cru classé de derrière les fagots. Quand ils nous l’ont servi, c’était du Mouton Cadet ! Comme on est polis, on n’a rien dit ! »

 

Des dizaines de châteaux

 

Sauf que quatre-vingt-dix ans plus tard, le coup de génie du baron Rothschild a fait des émules. Premier à s’être lancé dans ce type d’opération ces dernières années, château Maucaillou, un très joli nom du Médoc, en Moulis. Il y a quelques années, il a créé son Bordeaux de Maucaillou : même logo sur l’étiquette, même typographie mais… du vin issu de coopératives.

 

Des dizaines de châteaux prestigieux ont, depuis, décliné leur nom en marque pour commercialiser des bordeaux, souvent excellents, mais qui ne sont pas issus des vignes auxquelles le château se rapporte. Sur les étals, on trouvera, par exemple, du Bordeaux de Gloria (un vin d’assemblage issu d’une collaboration entre château Gloria Saint-Julien et un négociant), un Esprit de Pavie (issu de raisins de vignes appartenant au propriétaire de Château Pavie, mais pas de celles du grand cru classé), ou encore, cette initiative du négociant Ginestet, qui a créé le Bordeaux de Larrivet Haut-Brion. Il assure bénéficier du « savoir-faire » des équipes de Larrivet Haut-Brion qui participent à la sélection des raisins. Mais ceux-ci ne proviennent pas du célèbre château en Pessac-Léognan.

 

Sur le bureau des gendarmes

 

Ces étiquettes, même si elles sont assorties de contre-étiquettes mentionnant un vin d’assemblage sont-elles de nature à tromper le consommateur non averti ? La justice, destinataire des procédures de la Direccte semble l’envisager pour certains cas. Plusieurs bouteilles sont déjà sur les bureaux des gendarmes, dans le cadre d’enquêtes préliminaires visant à s’assurer que les dites étiquettes ne relèvent pas du délit de « tromperie ». C’est le cas, par exemple, du Bordeaux de Larrivet Haut-Brion. Interrogé, le château n’a pas souhaité faire de commentaire. Quant à la Maison Ginestet, elle a tenu à préciser qu’elle ne faisait à ce jour l’objet d’aucune poursuite (ce qui est bien sûr exact).

 

Pascal Dourthe, le propriétaire de château Maucaillou confie avoir déjà reçu la visite des gendarmes.

 

J’ai été un des premiers à être contrôlé. Mon avocat me dit que je vais probablement être renvoyé devant le tribunal. »

 

Il est conscient que son destin judiciaire sera scruté de près. « J’ai alerté mes petits copains ». Plus de 500 000 bouteilles de Bordeaux de Maucaillou, très bien noté par les critiques, s’écoulent chaque année. « Au départ, je travaillais des raisins de mon autre propriété en Bordeaux supérieur. Puis, on a soigneusement sélectionné du vin de coopérative pour augmenter les quantités. L’idée était de créer un bordeaux de très haute qualité. C’était pas idiot », pense-t-il, assurant n’avoir jamais pensé « commettre une fraude ». S’il concède que « la Direccte m’a ouvert les yeux sur ce risque », il s’interroge : « Faut-il tuer la poule aux œufs d’or qui profite à tout le vignoble ? Grâce au travail des négociants, le Bordeaux de Maucaillou était plus connu en Asie que le château Maucaillou. »

 

L’alerte de l’Inao

 

L’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), le gardien des appellations s’est alarmé récemment. Dans une note, révélée par le site Vitisphère, il stipule que « la référence à un nom de château dans la dénomination du vin marque l’origine et l’appartenance ou la correspondance au château pour un consommateur raisonnablement averti » et que « lorsque les vins ne sont pas produits sur le parcellaire du château, mais résultent d’assemblages de vins de différentes origines, tel qu’un vin de négoce, ces constats pourraient qualifier le délit de pratique commerciale trompeuse sur l’origine du vin ».

 

Dans une revue spécialisée, Yann le Goaster directeur de la Fédération des grands vins enfonçait le clou, en février dernier. « Il est vivement recommandé de commercialiser sous une marque domaniale des vins exclusivement issus de l’exploitation qui les produit », écrit-il.

 

Les juges seront facilement amenés à considérer qu’un consommateur lambda assimile la marque domaniale et la marque du château qui porte le même nom. »

 

De son côté, le conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) assure « attendre les décisions de justice ». Toutes les subtilités des premières jurisprudences seront regardées à la loupe.

 

Depuis la visite des fraudes, le Bordeaux de Maucaillou s’est transformé en « B par Maucaillou ». « La langue française est bien faite », sourit Pascal Dourthe, estimant qu’en remplaçant le « de » par un « par », il ne sera plus possible de lui reprocher de laisser entendre que les raisins de son vin proviennent de son château.

 

L’Inao attaqué au tribunal administratif

 

La note de l’Inao (lire plus haut) n’est pas du goût de tout le monde dans le bordelais. Plusieurs instances, telles l’Union des maisons de bordeaux ont décidé de porter l’affaire devant le tribunal administratif.

 

Selon les informations de «Sud-Ouest», la date de l’audience n’est pas encore fixée. Quelle que soit son issue, elle ne devrait pas éteindre les procédures pénales en cours par ailleurs. Mais le bras de fer ne fait sans doute que commencer. La puissance d’une marque commerciale issue d’un domaine viticole semble séduire de plus en plus d’opérateurs. Par exemple, un château du bordelais a déjà accolé son nom à un whisky. Un autre envisage sérieusement de commercialiser des vêtements portant l’estampille de son domaine! »

 

Affaire à suivre !

 

L’INAO pourrait engager Me Morain qui connaît bien le terroir de Bordeaux.

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20 mai 2019 1 20 /05 /mai /2019 06:00
BILLET D’HUMEUR DE LUCIEN BOURGEOIS : Revenu agricole : pourquoi noircir le tableau ?

Qui c’est ce Bourgeois me direz-vous ?

 

Pas un gars de Calais mais un vieux de la vieille comme moi à qui on ne la fait pas, un gars de l’APCA, soit l’assemblée permanente des chambres d’agriculture, un truc de l’ancien monde, un homme de chiffres et de bon sens que j’ai croisé dans ma vie officielle quand nous discutions des chiffres officiels des comptes de l’agriculture.

 

L’un de mes ministres, Louis Mermaz, détestait l’annonce de l’évolution du revenu agricole en me disant avec un certain bon sens que le Ministre du commerce et de l’artisanat ne proclamait pas les chiffres de l’évolution du revenu des bouchers, des charcutiers, des vendeurs de 4 saisons.

 

J’avais beau lui dire qu’il n’y couperait pas, il boycottait la conférence de presse.

 

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Lucien Bourgeois, est à la retraite, il fut responsable des études économiques et de la prospective du réseau Chambres d’Agricultures à l’APCA à Paris, secrétaire de la section Economie et Politique de l’Académie d’agriculture, et ancien Président de la Société française d’économie rurale, consultant chez TransFormation associés depuis 2008, comme responsable des études économiques et de la prospective du réseau Chambres d’Agricultures à l’APCA à Paris. Il est membre des Comités de rédaction de la revue « Paysans » et du livre annuel DEMETER. Il est membre du Conseil scientifique de la Fondation ResPublica et de la Mission des Agrobiosciences.

 

 C’est un fervent mais lucide défenseur d’un volontarisme politique dans le secteur agricole au niveau national, européen et mondial. Lorsqu’il s’agit d’exprimer ses convictions, cet homme n’hésite pas à prendre la plume. Il est ainsi l’auteur de plusieurs ouvrages - « Politiques agricoles » (Flammarion, 1993), « La sécurité alimentaire, une affaire d’Etat  », dans la revue Futuribles (janvier 2007) -, ainsi que de nombreux articles dans la revue « Chambres d’Agriculture » et « Paysan ».

 

Il tient un blog ICI

 

Donc pas un ramier comme moi qui passe mon temps à boire des vins qui puent et à manger dans des cantines à bobos parigots têtes de veaux.

 

Il vient de mettre des points sur les I à propos des chiffres misérables du revenu des agriculteurs qui circulent sur les réseaux sociaux.

 

Je ne suis pas un adorateur des statistiques mais si on les prend pour ce qu’elles sont dans ce domaine : des indicateurs de tendance, elles permettent de ne pas colporter des informations fausses.

 

Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même [...] - Winston Churchill...

 

Je vous livre le billet d’humeur de Lucien Bourgeois :

 

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Des glaneuses  tableau de Jean-François Millet, peint en 1857 détourné de façon magistrale et humoristique par Banksy

 

C’est répété en boucle par les responsables des organisations agricoles, par le Ministre de l’agriculture et même par le Président de la République. Un tiers des agriculteurs, voire la moitié selon les diverses versions, gagnent moins de 350 € voire 450 € par mois. Peu importe le pourcentage ou le seuil exact, cela concerne un grand nombre de personnes et à un niveau de revenu indécent.

 

C’est la Mutualité sociale agricole (MSA), l’équivalent de la Sécurité sociale, qui est à l’origine de cette rumeur colportée depuis 2015. La MSA avait lancé cette alerte en s’appuyant sur les déclarations des cotisants à ce régime social qui ne concerne que l’activité proprement agricole des personnes concernées. Il aurait donc été plus juste de dire qu’un tiers des cotisants MSA qui sont aussi des pêcheurs ou des centres équestres déclaraient moins de 350 € par mois de revenu pour leur activité agricole et après déduction de toutes les possibilités d’optimisation fiscale et sociale. La MSA ne donnait par ailleurs aucune information sur les autres revenus éventuels d’autres activités non agricoles exercées par ces personnes.

 

Il est aussi très étonnant que malgré les variations de revenu dues aux aléas climatiques de 2016 et 2017, les chiffres cités soient restés à peu près les mêmes depuis 4 ans. Ces chiffres soient répétés en boucle sans que personne ne se soucie d’en vérifier la fiabilité.

 

On ne manque pourtant pas de statistiques. Le Gouvernement a mis en place depuis près de 50 ans une Commission des comptes de l’agriculture chargée justement d’éclairer cette question essentielle de la mesure du revenu. Cette Commission réunit deux fois par an les statisticiens et les Organisations professionnelles agricoles. Comment se fait-il que le chiffre le plus souvent repris n’ait pas été validé par cette Commission ?

 

Lors de la dernière réunion de fin 2018, les statisticiens ont exposé une situation moins alarmante. Les prévisions de l’Insee pour 2018 font état d’un redressement notable du résultat par actif non salarié après les baisses dues aux aléas climatiques de 2016 et 2017. Le niveau 2018 constituerait même un record historique pour les 18 dernières années.

 

Par ailleurs, le Ministère de l’agriculture traite chaque année les comptabilités d’un échantillon de 8 000 exploitations dans le Réseau d’information comptable agricole (RICA). Ce réseau représente les 300 000 exploitations qui ont un chiffre d’affaires de plus de 25 000 €. Ces exploitations réalisent 97 % de la production totale. Pour 2017, dernière année connue, le résultat courant avant impôt par actif non salarié était cette année-là de 2 300 € par mois. Il y a des disparités. La moitié des exploitations dégage moins de 1 725 € par mois. On est loin des 3 ou 450 € évoqués ! Ajoutons qu’en 2017, 14 % des exploitations ont un revenu négatif et 15 % un revenu supérieur à 4 000 € par mois par actif non salarié.

 

Il y eut certes des crises sévères qui ont secoué de nombreux secteurs. Cela a fragilisé le revenu de certains agriculteurs. Pourquoi s’obstine-t-on même parmi les responsables de l’Etat à noircir le tableau ? Pourquoi attacher plus d’importance aux chiffres d’un organisme social qu’aux spécialistes de la statistique publique ? Si la situation est aussi mauvaise qu’on le prétend, qu’attend-on pour utiliser les aides directes au revenu de la PAC qui comme leur nom l’indique devrait servir à assurer un revenu décent aux agriculteurs. Le montant de ces subventions représente, selon le RICA, en moyenne 33 000 € par exploitation en 2017. C’est une marge de manœuvre largement suffisante pour atténuer les disparités éventuelles. Fort heureusement, il y a en France, de très nombreux agriculteurs qui innovent en permanence et qui savent s’adapter au changement sans écouter les fausses nouvelles.

 

Lucien Bourgeois, le 14 Mars 2019.

 

 

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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 07:00
Le «black bloc» n’est ni 1 parti, ni 1 syndicat, n’a aucune existence légale, ni chaîne de commandement, ni unité de direction, c’est 1 agrégat, 1 assemblage hétérogène 1 réunion éphémère

Je suis frappé par l’amateurisme de certains journalistes qui présentent les « black bloc » comme une sorte d’armée de l’ombre, des commandos bien organisés de l’ultragauche, des casseurs politisés fer de lance d’une Révolution violente…

 

Alors, face à ces guerriers encagoulés, vêtus de noir, le bon peuple et certains politiques opportunistes proclament « y’a qu’à les encercler, les appréhender, les menotter, les foutre au trou pour les juger… »

 

Simple comme la bataille d’Alger pour les rues de Paris, Nantes, Toulouse… où les rizières du Vietnam pour les ZAD de Sivens ou de Notre Dame des Landes...

 

Éric Delbecque écrit dans Les Ingouvernables (voir plus bas) :

 

 

Un black bloc ne constitue pas une organisation internationale permanente aux multiples sections nationales. Le concevoir comme une espèce de pyramide  bureaucratique n’a aucun sens. Expression de l’âge des réseaux, on un agrégat, c’est-à-dire un assemblage hétérogène ou »doit l’appréhender comme une tactique, un mode  d’action collective visant à manœuvrer en groupe à l’intérieur d’une manifestation (la technique dite du « coucou », cet oiseau qui pond dans le nid des autres), chacun des « combattants » gardant son anonymat grâce à un masque et des vêtements noirs. Par conséquent, les journalistes commettent un abus de langage lorsqu’ils évoquent le « mouvement des black bloc » ou rendent comptent de leur action en les considérant – explicitement ou inconsciemment – comme une structure dotée de chefs, d’une hiérarchie, de directives élaborées en amont et de projets stratégiques.

 

Répétons-le : les vêtements, la capuche et le masque noirs visent évidemment l’anonymat et le repli rapide et efficace, furtif, dans la masse du black bloc. Emportant et cachant tout leur attirail dans leur sac à dos, ils se changent en plein milieu de l’évènement et enfilent de nouveau leurs « habits civils » lorsqu’ils doivent évacuer. Ce sont des « kidnappeurs de manifestations », pour reprendre la formule d’Alain Bauer. Ils surfent sur le rassemblement, qui n’est finalement pour eux qu’un prétexte. Au moment de la manif, le travail d’identification immédiat des policiers devient impossible ; ensuite, aucune surveillance a posteriori n’est envisageable puisque les forces de l’ordre et les médias ne disposent pas d’images exploitables.

 

En fin d’action, les blacks soldiers se dispersent, changent de vêtements, retirent leurs masques et s’éloignent incognito en se mêlant à la foule. Cela même que prône le Comité Invisible dans L’insurrection qui vient : « Quand les gauchistes de tous pays ne cessent de « visibiliser » leur cause – qui celle des clochards, qui celle des femmes, qui celle des sans-papiers – dans l’espoir qu’elle soit prise en charge, ils font l’exact contraire de ce qu’il faudrait faire. » Il faut cultiver l’anonymat, la conspiration, « l’action nocturne ou cagoulée », sans leader, sans revendication et sans organisation visible…  

 

Black blocs : définition, histoire récente (1999-2019), et objectifs apparemment poursuivis

Écrit par Bryan MULLER, doctorant contractuel chargé d'enseignement en Histoire contemporaine, Université de Lorraine, et Hugo MELCHIOR, doctorant en histoire politique contemporaine, Université Rennes 2,

(5 Mai 2019)

 

Héritage contemporain du mouvement autonome implanté en ex-RFA dans les années 1980 et qui souhaitait défendre les « lieux de vie collectifs » contre les irruptions policières jugées illégitimes, le « black bloc » est devenu un acteur politique remarqué à l’échelle internationale, et par là même un mode opératoire imitable et universalisable, à partir de 1999, lors du contre-sommet de l’OMC à Seattle.

 

Un cortège de militants révolutionnaires habillés en  noir susceptibles de  recourir à  l’action directe

 

Ni parti, ni syndicat, n’ayant aucune existence légale et résultant de la réunion éphémère d’un certain nombre d’acteurs politiques ne se connaissant pas nécessairement en amont, mais qui sont issus des rangs de l’extrême-gauche « extra-parlementaire, anti-capitaliste et antifasciste » : un black-bloc pourrait se définir comme une forme d’action et d’apparition collective non conventionnelle de militants révolutionnaires habillés en noir dans le cadre d’une manifestation de rue. Autrement dit, comme un « cortège révolutionnaire d’action directe » ou, pour le dire encore d’une autre façon, « un cortège de militants révolutionnaires habillés en noir susceptibles de recourir à l’action directe ».

 

Ceux qui décident d’agir en commun en se regroupant momentanément dans l’espace public pour former un « black bloc » sont, le plus souvent, partie prenante de « groupes d’affinités » qui s’inscrivent eux-mêmes dans ce que l’on désigne de façon générique sous le nom de « mouvance autonome ».

 

Ils peuvent être également sans attache partisane, ni enchâssés dans des réseaux de connivences affectives et ainsi venir se greffer à la faveur de la constitution d’un black bloc à des groupes déjà constitués en nouant des relations amicales sur le tas. Enfin, ils peuvent – même si c’est moins commun – appartenir à des organisations légales évoluant dans le champ politique radical, qu’elles soient d’obédiences anarchistes, communistes libertaires ou marxistes-léninistes. Ces derniers, décidant de contribuer à la formation et à la mise en mouvement d’un cortège de type black bloc, viennent de leur propre chef et agissent en leur nom propre, c’est-à-dire qu’ils n’engagent pas leur organisation.

 

Ni chaîne de commandement, ni  unité de  direction

 

De ce point de vue, loin d’être monolithique, un black bloc est d’abord un agrégat, c’est-à-dire un assemblage hétérogène d’éléments qui adhèrent solidement entre eux et qui développent en réaction une puissance d’agir dans l’espace public à la vue de tous, et notamment des médias.

 

Par-delà leur relative diversité, les participants à un black bloc ont des dénominateurs communs qui leur donnent la possibilité d’agir ensemble. Outre la critique radicale de l’ordre des choses existant, l’intégration du recours à la violence physique dans le répertoire d’action, au risque d’être réprimé par les institutions coercitives – que ce soit la police et la justice –, il y a aussi le fait d’apparaître tout de noir vêtu et de s’encagouler de façon à demeurer anonymes aux yeux des autorités et des médias.

 

Cela leur permet de se rendre collectivement le plus remarquable dans l’espace public, tout en affirmant un refus des hiérarchies et des figures de leaders. Ainsi, n’étant la courroie de transmission d’aucune organisation politique et n’ayant aucun lien organique avec un quelconque syndicat, le black bloc est-il un cortège se voulant à la fois inclusif et autonome. C’est-à-dire que n’importe quel militant révolutionnaire peut venir prendre part à ce cortège non orthodoxe qui ne dépend de personne en particulier.

 

En l’absence de chaîne de commandement et d’unité de direction officielles et identifiables, les membres d’un black bloc peuvent autant décider de manifester seulement pacifiquement avec des banderoles renforcées et des drapeaux servant à publiciser leurs aspirations communes que de recourir, parallèlement, à des modes d’action illégaux qui relèvent de la « propagande par le fait non insurrectionnel » au sens qu’ils ne sont pas mortifères – contrairement à ce qui pouvait se donner à voir en Russie tsariste ou en France à la fin du XIX siècle.

 

Ces militants usant de la violence physique n’ont, d’ailleurs, pas la prétention que leurs dégradations et/ou leurs interactions violentes avec les forces de l’ordre puissent servir de levier pour permettre une montée impétueuse des masses subalternes ou engendrer un tel cycle de répression de la part du pouvoir d’État qu’il arracherait le peuple de sa torpeur, de son atonie sociale.

 

La revendication du rôle incontournable de  la  « violence révolutionnaire »

 

Recourir à l’émeute politique, c’est une façon d’exprimer publiquement sa tolérance, sinon son appétence, à l’endroit de la violence en politique. C’est revendiquer le rôle incontournable de la « violence révolutionnaire » dans un processus de recomposition générale des rapports sociaux au travail et en société. C’est récuser pratiquement le « pacifisme intégral » comme guide pour l’action collective, tout en affirmant que les procédures électorales ne sauraient constituer a priori une modalité d’accès au pouvoir envisageable pour des militants révolutionnaires.

 

Ces derniers doivent envisager a contrario

 

  • soit une stratégie révolutionnaire de conquête du pouvoir d’État par l’avènement d’une situation de dualité du pouvoir (grève générale insurrectionnelle, guerre populaire prolongée) ;

 

  • soit une politique visant à multiplier à l’échelle du territoire national des isolats, c’est-à-dire des « zones autonomes » émancipées du « règne de la marchandise » devant permettre de vivre le futur post-capitaliste dès à présent.

 

Automatiquement, en agissant de la sorte, ces militants révolutionnaires assument une forme d’insubordination par rapport à la loi en vigueur, consentent à se positionner en marge de la légalité. Toutefois, contrairement aux discours fantasmagoriques de certains commentateurs ou ceux émanant des services de renseignement, il n’est pas question pour ces militants, ayant momentanément recours à des modes d’action relevant de la « délinquance politique » du fait qu’ils transgressent des normes juridiques, de s’abandonner à une quelconque dérive militariste/brigadiste.

 

Le rejet de la lutte armée

 

En effet, aucun groupe ou réseau révolutionnaire connu à ce jour ne prône publiquement un recours à la lutte armée clandestine, et donc le maintien prolongé dans l’illégalité, dans nos sociétés démocratiques et libérales, l’enlèvement de personnes assumant des fonctions électives ou encore l’assassinat ou la mutilation de décideurs économiques.

 

De même, en ce qui concerne les militants formant des « black blocs », il est notable qu’ils ne viennent jamais en manifestation avec des armes à feu avec l’intention de causer la mort d’un ou de plusieurs policiers, mais avec un outillage composé exclusivement d’armes par destination (pierres, bouteilles, feu d’artifice…) qui sont, certes, susceptibles de provoquer des blessures plus ou moins sérieuses chez les fonctionnaires, mais qui demeurent néanmoins de faible intensité.

 

Outre les considérations morales et éthiques, outre le refus pour ces militants de risquer de sacrifier 20 ou 30 ans de liberté sur l’autel d’un engagement politique qui ne se veut en définitive ni total, ni absolu, il n’est pas question de recourir à la lutte armée du fait de l’échec historique de la stratégie des groupes ayant eu recours en Europe (dans des contextes politiques dissemblables) à la « violence révolutionnaire armée ».

 

Ainsi, si le Comité invisible fait l’apologie de l’émeute dans son dernier opuscule Maintenant, en tant qu’expérience collective sensorielle et émotionnelle au-dessus de l’ordinaire, son propos apparaît sans commune mesure avec celui tenu par la Ligue communiste au début des années 1970 qui défendait la nécessité « d’armer les masses du désir de s’armer » dans le cadre de « l’autodéfense ouvrière » et dans la perspective d’une conquête révolutionnaire du pouvoir d’État. Sans même parler du « Mai-rampant » italien et de ces dizaines d’organisations révolutionnaires ayant assumé une militarisation de leurs modes d’action dans le contexte politique de l’Italie des années 1968, celui « d’une guerre civile de basse intensité ».

 

Marquer l’ennemi au fer rouge

 

Dans le cadre d’un black bloc, il s’agit essentiellement pour ces membres de marquer l’ennemi au fer rouge, autrement dit de commettre des actes de déprédation à l’endroit de ce qui est identifié comme des cibles politiques – que ce soient les symboles de « l’État de classe » (commissariats de police, casernes de gendarmerie, véhicules des forces de l’ordre), du « mode de production capitaliste » (banques, assurances, agences immobilières, boutiques de luxe), de la démesure consumériste et « bourgeoise ». C’est-à-dire tout ce qui incarne, aux yeux de ces militants révolutionnaires, le « règne de la marchandise » et celui de la propriété privée et lucrative.

 

En parallèle, il s’agit d’assumer des interactions violentes avec les forces de l’ordre chargées de protéger le « statu quo pro-capitaliste », l’ordre usinier, et de façon générale la structure normative de la société que ces militants révolutionnaires voudraient abolir à terme.

 

Même si aucune victoire « militaire » n’est évidemment pensable du fait d’un rapport de forces totalement et définitivement asymétrique, les agents du maintien de l’ordre sont des cibles, car ils se situent à l’interface entre eux et les décideurs politiques et économiques introuvables et inatteignables le temps de la manifestation de rue. Aussi, s’en prendre physiquement à eux, c’est essayer d’atteindre – par personne interposée – les différentes formes de gouvernances jugées illégitimes se dissimulant derrière.

 

Par ailleurs, leur violence collective, qui demeure en France en permanence contenue et auto-limitée, se présente comme une violence ciblée et différenciée, mais aussi comme une réponse aux violences sociales, économiques et autres destructions environnementales. Elle se définit comme une contre-violence politique, comme l’expression de la légitime défense auxquels auraient le droit de recourir à un moment donné « les dominés », « les exploités », « les opprimés » et, plus largement, celles et ceux qui souhaiteraient que les sociétés modernes ne soient plus régies par « la morale de l’intérêt privé » et « la concurrence des égoïsmes » pour reprendre les expressions chères au philosophe Alain Badiou.

 

Dès lors, la réalité de cette violence militante sera toujours perçue et présentée par ses acteurs comme inversement proportionnelle aux multiples formes de violences structurelles d’un « système capitaliste autophage », pour reprendre l’expression d’Anselm Jappe.

 

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Article publié sur The Conversation : ICI 

 

(Mis en ligne le 5 Mai 2019)

 

Suis en train de lire Les ingouvernables : de l'extrême gauche utopiste à l'ultragauche violente, plongée dans une France méconnue, d'Éric Delbecque, éditions Grasset, 352 pages, 20,9 euros.

 

 

Expert reconnu en sécurité intérieure, responsable après les attentats de janvier 2015 de la sécurité de Charlie Hebdo, Éric Delbecque publie aujourd'hui un essai consacré à la montée des violences au sein des mouvements sociaux récents. À ses yeux, la multiplication des affrontements armés entre groupuscules d'extrême gauche et forces de l'ordre ne résulte pas du hasard, mais s'inscrit, au contraire, dans le cadre d'un projet pensé. Un projet qui vise à déstabiliser le système capitaliste occidental et qui menace, selon lui, d'ébranler les fondements du système démocratique et, par voie de conséquence, la stabilité de notre République. Pour l'auteur, docteur en histoire contemporaine et ayant enseigné dans différentes grandes écoles (École nationale d'administration, École nationale de la magistrature...), par ailleurs colonel de la réserve citoyenne de la gendarmerie, les plus hautes autorités de l'État n'ont pas vraiment pris la mesure du danger durant plusieurs décennies. Son livre, un brin alarmiste, fera sans doute bondir dans les rangs de La France insoumise. Éric Delbecque assure ne pas vouloir faire polémique mais seulement « amener celles et ceux qui pourraient être tentés par l'idéologie nihiliste de ces mouvements contestataires à prendre la mesure du chaos qu'ils contribuent à créer ».

 

  • Le Point : Vous avez écrit votre ouvrage bien avant la crise des Gilets jaunes. Mais son sujet entre étonnamment en résonnance avec l'agitation sociale que nous venons de vivre. Est-ce à dire que vous sentiez monter un climat insurrectionnel depuis plusieurs mois ?

 

  • Éric Delbecque : Il faudrait être aveugle pour ne pas avoir vu venir ce mouvement. Depuis le sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle, en novembre 1999, au cours duquel étaient apparus au grand jour les premiers Black Blocs, les manifestations anticapitalistes sont de plus en plus souvent violentes. Il y a eu des affrontements très rudes à Gênes en juillet 2001, à Évian en 2003, en marge du G8 et à Toronto, en 2010, au moment du G20. L'ambition des manifestants était claire en chacune de ces occasions : ils ne voulaient pas seulement défiler en criant des slogans de protestation. Ils voulaient perturber les meetings, interrompre les discussions entre chefs d'État (comme à Strasbourg en 2009, lors d'une réunion de l'Otan). En un mot, influer directement sur la marche du monde.

 

  • Ne caricaturez-vous pas ces mouvements de contestation sociale? Après tout, il y a aussi eu beaucoup de manifestations sans heurts. La suite ICI

 

À suivre lecture du roman d’Elsa Marpeau Black Blocs Gallimard série Noire plutôt démoli par les critiques :

 

 

  • Pas convaincu par les Black Blocs ICI  

 

 

  • ELSA MARPEAU: Black blocs (série noire 2012) ICI 

 

Le Comité Invisible revient : “Maintenant”, une injonction à vivre
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14 mai 2019 2 14 /05 /mai /2019 08:45
Jacques Dupont le Lucky Lucke de l’interview  le 05 mars dernier titrait Sébastien David : militant de la Loire

Il est comme ça le Jacques, capable d’interviewer le président Farges un dimanche matin alors qu’il est dans ses vignes sur son tracteur, de sulfater grave les visages pâles prohibitionnistes masqués, toujours sur l’action comme le célèbre arbitre de la vieille école Robert Wurtz.

 

La preuve : le 5 mars dernier il tendait son micro à Sébastien David :

 

Parcours atypique pour un bio, Sébastien David a passé sept ans aux États-Unis, à vinifier des « vins de fruits », des rosés élaborés à partir de pommes, poires, pêches… « Ça m'a permis de voyager à l'intérieur des États-Unis »… Il était aussi très intéressé par le côté chimie… « Ils ne voulaient pas d'intrants : la norme organique est plus compliquée aux États-Unis que le bio ici. » Revenu sur le domaine en 1999, à Saint-Nicolas-de-Bourgueil, un domaine transmis au fil des générations depuis le début du XVIIe siècle, Sébastien s'est très vite orienté vers le bio dans une sorte de continuité au travail que faisaient ses grands-parents autrefois : « C'était les chevaux, ils mettaient rien… » Avec Jacques Carroget installé dans les coteaux d'Ancenis, ils ont créé Loire vin bio, une structure qui rassemble désormais 1 280 adhérents, soit 70 % des vignerons bio de la Loire. « On s'est dit : On est un groupement reconnu par personne. On a pris notre bâton de pèlerin et, donc, on a une interpro bio, on est intégrés dans la confédération de toutes les structures qui interviennent dans les vins du Val de Loire, on a une voix parmi les huit autres. Il n'y a aucune autre région de France qui donne cette place aux vignerons bio. » Depuis 2017, Loire vin bio est représentée au sein de l'interprofession des vins de Loire.

 

  • Le Point : Il y a une sorte de paradoxe. Le bio a le vent en poupe. Les jeunes vignerons que l'on rencontre ont envie de travailler selon ces critères, mais sans label, car ils trouvent trop contraignant de devoir suivre à la lettre les principes, notamment la réduction du cuivre à 4 kilos par hectare. Les dernières années, les météos compliquées ont refroidi les enthousiasmes, notamment avec le mildiou. Estce que vous faites le même constat ?

 

  • Sébastien David : Je pense qu'il y a deux positionnements bien distincts : les vignerons bio attachés aux labels quels qu'ils soient, qui considèrent que le fait de l'engagement n'est pas uniquement une dialectique, mais plutôt le confortement d'un engagement personnel. Et, bien sûr, toute une partie (plus ou moins grande et nombreuse) de néovignerons, mais pas que, aussi de « retardataires » à l'allumage, qui sentent bien que le vent commercial a tourné depuis quelques années. L'implication de chacun révèle toute notre société actuelle. Les vignerons qui ne souhaitent pas de labélisation – sous couvert de coût ou de complications administratives – ne cherchent même pas à savoir si, depuis le temps que le fédéralisme bio existe (initialement dans les débuts 1970), il porte des leviers techniques et économiques (aides à la conversion ou au maintien). Le nombre de GAB (groupements des agriculteurs biologiques) en France est quasiment à son maximum. Avec les aides et outils techniques à l'heure d'Internet et du conseil « volant », chacun peut grappiller et récupérer des données, voire échanger avec ses confrères sur des forums ou dans des salons de plus en plus nombreux. Par idéologie primaire peut-être, en Loire, de façon officielle nous soutenons les acteurs de la filière bio en leur abaissant les coûts des stands lors des salons s'ils participent à ces groupes de travail bio officiels. On sait aujourd'hui que la technicité du travail en bio (réglages des labours, prise en compte de la faune et la flore, respect des bonnes pratiques) est la plus complexe de toutes les agricultures hexagonales. Le bio est le seul Siqo « environnemental » (signes d'identification de la qualité et de l'origine des produits agricoles) qui se trouve avoir une obligation de résultat, ce qui n'est pas sans conséquence sur l'économie de la ferme. Le dossier cuivre n'est pas terminé, mais il apparaît, clairement, que c'est à cause d'un manque d'investissements des firmes, des pouvoirs publics, et des agriculteurs eux-mêmes qu'on laisse planer un doute sur la filière bio (pas uniquement en vignes). On aura tous remarqué que le désengagement de l'État via l'Inra et donc l'Entav (Établissement national technique amélioration viticulture associé à l'Inra) dans les années 1980 a précipité le pôle pépinière dans l'impasse actuelle (mortalité énorme du parc français). Le nombre de déconversions en 2018 sera connu dans quelques mois, le 31 juillet. Mais il semble faible, voire infinitésimal, chez Demeter, par exemple (un des cahiers des charges le plus restrictif à l'heure actuelle). Les mises aux normes des exploitations (meilleurs systèmes de traitement, panneaux récupérateurs, etc.) dues aux Grenelles, et donc au plan Ecophyto, semblent être le seul point positif dont l'ensemble de la profession peut se targuer. En revanche, il est sûr et certain que de réels progrès sont dus à l'évolution des cahiers des charges non plus seulement à caractères couperets, mais grâce à des contrôles complémentaires participatifs. Ils ont comme but l'amélioration chez celui qui est « audité » et créent une émulation vers de meilleures pratiques. Le vigneron n'est plus seul dans sa démarche. À la moindre impasse technique, ses collègues sont là pour l'aider. La prise de conscience des dérives et autres travers est bien opérationnelle de nos jours.

 

La suite ICI 

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