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11 septembre 2022 7 11 /09 /septembre /2022 06:00

Amazon.fr - Le pied roman-feuilleton iconoclaste éclaté / Bory, Jean-Louis  / Réf59231 - - Livres

Après le nez voici le pied, le pied des hommes qu’ils cachent dans leurs godasses comme le sein « que je ne saurais voir » dans les soutiens-gorge des femmes.

 

Comme  l’écrit Camille Froidevaux-Metterie dans son livre Seins en quête d’une libération le mouvement no bra né au début des années 2010 a vu certaines femmes remiser les soutiens-gorge au rang des accessoires inutiles.

 

Seins. En quête d'une libération - Poche - Camille Froidevaux-Metterie -  Achat Livre | fnac

 

Les hommes vont-ils faire de même avec leurs pieds enserrés dans des Richelieu bine cirées ou des tennis tendance ?

 

Au temps de mes culottes courtes je portais des sandalettes mais elles étaient fermées et l’on ne pouvait voir mes doigts de pieds.

 

Notre Chirac national excellait dans les sandales-chaussettes noires transparentes

 

En 1998 Jean-Louis Bory, un concurrent de gauche de Ciné papy, publiait Le Pied qui fut un succès de librairie mais qui me tomba vite des mains, je n’y pris pas mon pied.

 

Bref, je laisse la parole sur la sandale ouverte aux sachants et y’en a un paquet.

Le duo sandale-chaussette est perçu comme l’archétype du touriste allemand.

Pourquoi la sandale peine-t-elle à s’imposer aux pieds des hommes ? ICI 

 

 

 

 

Depuis quelques années, le pied masculin est moins récalcitrant à se découvrir en été. Pour autant, la tendance générale reste celle de la chaussure fermée peu importe la saison. De quoi les hommes ont-ils si peur ?

 

 

Tout commence au XIXe siècle, lorsque les vestiaires masculin et féminin se différencient de façon très prononcée. Celui des hommes se formalise et adopte une mode pudique tandis que les femmes passent à des tenues moins contraignantes. « L’homme travaille pendant que la femme assure la représentation sociale », constate Frédéric Godart, professeur agrégé à l’INSEAD. « La bourgeoisie, qui devient la classe dominante au détriment de l’aristocratie, établit les canons de la beauté masculine », concède Alain Quemin, professeur de sociologie à l’Institut d’études européennes.

 

La bourgeoisie capitaliste « porte le costume noir, qui ne se salit pas, et la chemise blanche, qui montre que l’on est propre sur soi », analyse Stéphane Bonvin, ancien journaliste de mode dans un entretien au Temps.

 

Le vêtement devient structurel c’est-à-dire qu’il régit désormais les rapports entre les individus. Dans le monde du travail, on attend des hommes qu’ils portent le costume et des chaussures fermées. C’est un milieu où les normes qui pèsent sur le vêtement masculin sont traditionnellement strictes. C’est également un monde très concurrentiel où l’homme est sous pression. « Il doit correspond à une certaine norme, un certain comportement, ne pas trop sortir des conventions de son milieu professionnel. Et chaque tentative de se libérer peut être punie », note Frédéric Godart. Dans le cadre professionnel, les hommes doivent cacher leur corps car ils sont « en représentation sociale professionnelle permanente. » Cette habitude vestimentaire masculine est invasive. Elle régit également la façon de se vêtir lors des loisirs durant lesquels les hommes préféreront porter, en majorité, des chaussures fermées.

 

Des représentations sociales fortes

 

La sandale est uniquement appréciée dans un contexte de décontraction. Elle n’est portée qu’en vacances, à la plage ou au bord de l’eau. « La sandalette est associée à la culture populaire dans l’imaginaire collectif, elle est synonyme de vacances au camping plutôt qu’à Cannes », analyse Alain Quemin. « La classe populaire et la classe moyenne ne situent pas en norme désirable leurs propres pratiques. Elles sont susceptibles de les adopter avec une forme de culpabilité », ajoute-t-il. Cette image populaire de la sandale agit comme un repoussoir sur les hommes qui sont moins enclins à la porter.

 

Seules les personnes branchées, vivant généralement en milieu urbain, osent franchir le pas. « Elles adorent récupérer les tendances qualifiées de ringardes et se les approprier, en les portant avec une marque distinctive. Cela leur permet de se différencier des personnes lambda et de se reconnaître entre eux », décrypte Aloïs Guinut, styliste personnelle. Elle constate chez les hommes âgés de plus 35 ans un réel blocage à porter des sandales. Les jeunes sont eux plus disposés à en porter car influencés par les réseaux sociaux, la mode et leurs stars préférées.

 

La sandale est un vêtement très connoté qui véhicule de nombreux clichés. Elle n’est pas intégrée comme un élément classique du vestiaire masculin contrairement à chez les femmes où « le pied féminin est plus facilement dénudable même dans un contexte formel comme celui du travail », détaille Alain Quemin. Le pied est donc genré et, cette fois, ce sont les hommes qui en pâtissent. Ils n’ont pas le droit de le montrer. « C’est là tout le paradoxe, on a l’impression qu’il y a un tabou sur la femme qui est en réalité sur l’homme », observe Frédéric Godart.

 

Le repoussoir allemand

 

Parmi les clichés les plus répandus, celui du touriste allemand se situe en bonne position. Très ancré dans notre société, il influe sur la perception des Français sur la sandale, vue comme une mode allemande. Or, « l’Allemagne est le pays anti-mode par excellence », explique Alain Quemin. La France n’a d’estime que pour la mode italienne et anglaise. Birkenstock a souffert, en partie, de son héritage germanique malgré l’avantage d’être une marque leader. Elle a dû travailler le produit pour le rendre attractif et devenir une marque séduisante auprès du public. La sandale est également perçue comme un vêtement religieux et associé à la vieillesse « qui n’est pas la norme la plus valorisée dans notre société », ajoute-t-il.

 

La styliste explique ce manque d’audace vestimentaire chez les hommes par le fait qu’ils « ne veulent pas trop sortir du rang et essayent de ne pas trop se faire remarquer. Alors qu’il y a des pays où le regard de la société sur les modes est plus laxiste et permet aux gens d’expérimenter plus car ils ont moins peur d’être jugés. » Cette peur du jugement et du regard des autres chez certains hommes les empêche de jouer un rôle de précurseur. Ils ont aussi une mauvaise perception d’eux-mêmes. Pour qu’ils commencent à porter des chaussures ouvertes, ils attendent de voir leurs amis ou leurs collègues faire de même. « Ils suivent la tendance à la traîne », admet Aloïs Guinut.

 

La charge esthétique des femmes

 

Les hommes ne portent pas de sandales car ils sont généralement gênés à l’idée de montrer leurs pieds en public, supposés plus odorants et plus moches. Évidemment, cela est faux. Les hommes n’ont pas été sensibilisés de la même manière que les femmes à l’entretien du corps et des pieds. La pédicure, notamment, est un adage quasi exclusivement féminin. « On parle de charge esthétique pour les femmes qui passent beaucoup plus de temps à s’entretenir physiquement, non seulement pour le regard des hommes mais aussi des autres femmes », explique Frédéric Godart. « L’homme n’est pas censé être attirant. La femme doit attirer les regards quand l’homme ne doit pas être dans la séduction mais sérieux », poursuit-il.

 

Paradoxalement, Aloïs Guinut juge le pied de l’homme mieux entretenu que celui de la femme concernant l’hydratation. Il passe toute l’année à l’abri du froid et des dangers extérieurs, il n’est donc pas soumis aux mêmes contraintes que le pied féminin. Il évite ainsi les petits défauts esthétiques. Le pied féminin profite également d’une attention particulière dont ne bénéficie pas le pied masculin : vernis, coupe des ongles régulière, gommage, pour ne citer qu’eux. « Si les hommes veulent montrer leurs pieds, ils doivent en prendre soin. Comme on entretient ses chaussures, il ne faut pas non plus que la sandale soit négligé c’est-à-dire plein de poussières ou peu présentable », concède la styliste.

 

Vers une libération des pieds ?

 

Les hommes parviendront-ils à porter des chaussures ouvertes en été et à s’affranchir des carcans qui pèsent sur leurs pieds ?

 

Frédéric Godart reste optimiste. Pour lui on assiste à « une tendance de fond générationnelle pour une convergence des styles et des modes » qui s’opère du haut vers le bas vers le bas du corps. Depuis une dizaine d’années, des collections unisexes, non genrées, sont pensées au niveau du vêtement. Pour les chaussures, cela n’existe pas encore car « c’est un domaine où la différence femme-homme est encore très forte », poursuit-il. Selon lui, cette situation peut s’expliquer par la différence morphologique existante entre les femmes et les hommes. Les fabricants doivent s’adapter à la différence de taille mais au vu des moyens de production, cela ne devrait pas poser de problèmes.

 

Alain Quemin, quant à lui, ne croit pas à une évolution du port de la sandale chez les hommes dans les années à venir car « les représentations sociales qui y sont associées sont trop négatives (...) Il y a trop de barrières à franchir. » Il estime que la sandale ne peut s’imposer dans le vestiaire masculin que si elle devient une tendance mode passagère.

 

Aloïs Guinut pense que la sandale ne devrait être assimilée qu’à l’été et à la chaleur et non pas aux vacances.

 

Et vous ?

 

Avez-vous franchi le pas ?

 

 

 

 

 

 

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9 septembre 2022 5 09 /09 /septembre /2022 06:00

Première approche des positions du buveur de Vin…

Quand on n’a rien à se mettre sous la dent et que l’on doit pisser de la copie pour son journal on accouche de ce genre d’article.

 

Pourquoi vous serez toujours nul en vin

CHRONIQUE

Ophélie Neiman

L’œnologie vous fait des nœuds au cerveau ? A quoi bon distinguer le cépage de l’appellation, le sucré du fruité, l’étiquette de la contre-étiquette ? Pourvu qu’il y ait l’ivresse…

 

 

Le vieil homme indigne que je suis  revendique haut et fort sa nullité en vin, je sors même ma sulfateuse lorsqu’on me met  dans les dents l’œnologie qui n’a rien à voir le plaisir de boire du vin, c’est un truc de pharmacien (les diplômes d’œnologie sont des produits des facs de pharmacie). Oui boire, pas déguster, je ne suis pas payé pour ça. Les dégustateurs ou trices patentés me font chier, car ils ou elles sont chiant(e)s et pontifiant(e)s. Les 68 hard, dont je suis, braillaient que « la culture c’est comme la confiture moins on a plus on l’étale. » « Foutez-leur la paix ! » clamait le président Pompe, arrêtez de nous gonfler avec votre science livresque, laissez-nous à notre plaisir, l’arrière-cuisine des appellations et autres machins dit signes de qualité, ça ne veut plus rien dire, vive l’espace de liberté des vins de France ! vive les vins nus qui puent dont les sachants ne causent jamais ! Prenons le pouvoir, mais comme « il est interdit d’interdire » laissons à la compagnie des dégustateurs et trices patenté(e)s le champ libre, faut bien vivre mon bon monsieur…

 

 Un communiqué de notre ami Lefred-Thouron. | Glougueule

 

1-Parce que vous ne savez pas hiérarchiser

 

Sur mon bureau (en désordre) se trouve une jolie bouteille de vin qui illustre parfaitement la raison de cette assertion. L’étiquette est moderne, avec un cercle doré sur fond bleu marine. Le nom de la cuvée s’étale en gros, attirant : Agapè. En dessous, en plus petit : Domaine Souleyrol. Notez que je n’en fais pas la promotion, je ne l’ai pas encore goûté et n’ai aucun avis. Mais mettons que vous, vous le goûtiez chez des amis. Et que vous l’aimiez. Comment ancrer l’expérience dans votre mémoire pour consolider votre culture bachique ? Prendre l’étiquette en photo ? Retenir scrupuleusement le nom du domaine et celui de la cuvée ?

 

En vérité, tout cela ne vous apportera rien. Savoir son nom et qu’il est bon, c’est comme admirer une étoile dans le ciel. C’est joli, mais ça ne vous dit rien de sa position, de sa distance ou de sa taille. Cette bouteille, il aurait fallu au moins la retourner, pour lire la contre-étiquette. Et là, apprendre : qu’il s’agit d’un AOC ventoux (vallée du Rhône, défi pour les cyclistes) ; qu’il est à base de syrah, grenache et carignan (ce dernier apporte de l’acidité à un duo typique) ; que c’est un millésime 2020 (donc jeune).

 

Quand on veut apprendre le vin, il faut hiérarchiser les informations, même si les étiquettes ne vous facilitent pas la tâche. D’abord la région de production, puis l’appellation, puis le cépage dominant, puis le millésime. Voilà qui vous donnera un instantané de ce que ce terroir a pu produire cette année-là. Et, enfin, le nom du domaine et celui de la cuvée, qui vous serviront éventuellement à en racheter.

 

2. Parce que vous confondez encore cépages et appellations

 

Comment hiérarchiser correctement quand on ne sait pas de quoi on parle ? Non, chardonnay n’est pas une appellation. Et non, sancerre n’est pas un cépage. Ne haussez pas les épaules, je tiens ces bourdes du caviste installé à côté de la rédaction. Il faut bien distinguer variété de raisin et lieu de production. Car rares sont les cépages qui ne poussent que sur une seule appellation, et rares sont les appellations qui ne comptent qu’un seul cépage.

 

Note aux lecteurs à qui cette donnée semble évidente : la viticulture française est vicieuse. Jurançon est une appellation de vin blanc dans le Béarn (avec pour cépages principaux le gros et le petit manseng), mais le jurançon noir est un cépage qui pousse dans l’Aveyron et donne des vins rouges.

 

3. Parce que les appellations françaises sont terriblement compliquées

En France, nous sommes fiers de nos terroirs et il faut savoir composer avec cette difficulté. En 2020, notre territoire viticole comportait 363 appellations d’origine contrôlée (AOC) ou protégée (AOP). Ça fait beaucoup à apprendre.

 

Et là encore, la viticulture se montre diablement perverse. Ainsi, gare à ne pas confondre le buzet, dans le Lot-et-Garonne, et le bugey, dans l’Ain. Le premier est très typé Sud-Ouest, le second jouxte la Savoie et produit majoritairement des effervescents.

 

Dernier casse-tête pour la route : tout le monde ou presque connaît le madiran, appellation du Sud-Ouest, à cheval sur les départements du Gers, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques. Mais très peu connaissent le pacherenc-du-vic-bilh. En fait, il s’agit de la même aire de production. Elle se superpose au madiran… mais désigne les vins blancs, tandis que madiran n’existe que pour les rouges.

 

4. Parce que vous ne vous entraînez pas correctement

 

Boire des litres de vin ne sert qu’à s’esquinter la santé. Lire des centaines de pages ne donne qu’un bagage théorique. Pour bien s’entraîner, il faut un coach et des exercices. Le premier vous permettra de situer ce que vous goûtez : « Sur une appellation, voici un petit vin, un classique, un atypique ou un grand, et voilà pourquoi ». A partir de ce souvenir, il faut goûter d’autres vins de la même appellation (ou, autre exercice, du même cépage) et essayer de les évaluer : mieux, moins bien, différent. Mais d’abord, fixer un goût de référence. Et ne pas s’éparpiller. Mieux vaut connaître bien une région que mal tout un pays.

 

5. Parce que vous pensez que tout se joue sur l’odorat

Si vous pensez que les arômes l’emportent sur tout le reste, vous ne pourrez pas progresser. A moins d’avoir un nez de compétition. La plupart d’entre nous exercent peu leur odorat et ne peuvent guère s’appuyer dessus. Les plus flous en viennent à confondre l’odorat et le goût, associant à tort vins « fruités » et vins sucrés.

 

 

La bonne nouvelle, c’est que nous avons d’autres sens. La vue apporte parfois autant d’informations que l’odorat : l’intensité de la couleur, la nuance sur la frange, la viscosité témoignent de ce que vous vous apprêtez à boire. Et la botte secrète, c’est le toucher. Le toucher du vin dans la bouche. La façon qu’il a de graisser les joues ou de les assécher, de râper ou de chatouiller, de s’affaler ou de rebondir. Souvenez-vous de vos baisers d’adolescents. Il y a de ça.

 

6. Parce que vous vous en fichez

 

Et c’est sans doute la raison la plus valable.

 

24 juillet 2008

Les positions du Vin : debout, assis, couché…

 

Mes biens chers frères (les sœurs étaient systématiquement ignorées), c’est ainsi que le curé doyen, comme sans doute tous ses confrères,  commençaient ses sermons du haut de la chaire. Nous les fidèles nous étions assis. Dans mes débuts d’enfants de chœur pour scander les trois positions de la messe : assis, debout, à genoux, un préposé : le sacristain ou un enfant de chœur maniait avec vivacité un claquoir de bois.

 

C’est ce souvenir qui m’a inspiré l’idée de cette chronique sur les positions du vin, pour le boire bien sûr. À cette référence religieuse, certains d’entre vous eussent sans doute préféré que je m’appuie sur les positions du Kâma-Sûtra avec bien sûr photos en illustration : technique utilisée par les news magazines qui, sous le couvert d’enquêtes sérieuses sur des sujets de société, en profitent pour publier des photos suggestives. Comme je suis bon prince, et que les positions du vin n'ont pas le même potentiel de suggestion, je vous offre deux illustrations du livre originel.
 

Mais revenons à nos positions du Vin : debout, assis, couché… Qu’entends-je par-là me direz-vous ? Pas grand-chose aurait répondu Pierre Dac dans le Sar Rabin Drana Duval mais moi je vais éclairer votre lanterne – notez que je n’ai pas écrit tenir la bougie.

 

La suite ICI 

 

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8 septembre 2022 4 08 /09 /septembre /2022 06:00

https://media.sudouest.fr/1228184/1200x750/so-601ec66866a4bd4b1d392e5f-ph0.jpg?v=1646813640Le capitaine de l'équipe de France était un salaud - Sport/Foot Magazine

Samedi dernier, en fin de journée, je fais un raid  sur Compagnie 58 Rue des Écoles, l’une de mes librairies. Besoin irrépressible de nouveaux livres.

 

 

J’en flanque 4 dans ma besace et je repars vers Passerina où je m’assois en terrasse. Du beau monde, sur ma droite, normal, Édouard Philippe.

 

 

En attendant ma tortore et mon jus nu je balance la photo de l’un  des livres à mon ami Christophe qui bosse à l’Équipe magazine.

 

 

La soirée est douce et belle, je papote avec Stéphane, je commence la lecture de « Le Brassard. Alexandre Villaplane, capitaine des bleus et officier nazi », de Luc Briand, Plein Jour, 256 pages, 19 euros.

 

Dimanche  09:04 Christophe me répond :

 

Salut Jacques

 

L’ÉQUIPE consacre une double page à Villaplane aujourd’hui.

Bon dimanche.

 

J’enfourche mon vélo, cap sur le kiosque de Denfert-Rochereau, ouvert mais plus d’ ÉQUIPE, je prolonge jusqu’au prochain kiosque : fermé. Alors je me rabats sur les maisons de la presse de mon quartier, toutes fermées, sauf une qui n’a pas de journaux. Fatigué, j’envisage d’aller à la gare MONTPARNASSE, mais tant pis pour la double page, je tenterai le Net.

 

 

De capitaine des Bleus à officier nazi, l'obscure histoire d'Alexandre Villaplane enfin révélée au grand jour ICI 

 

Cette rentrée, deux livres sont publiés sur l'ancien capitaine des Bleus, en 1930, et fusillé à la Libération, en 1944. Ce personnage n'avait suscité jusque-là aucune biographie.

Vincent Hubé

03 septembre 2022

 

Un drôle de hasard. Deux ouvrages paraissent coup sur coup en cette rentrée sur un personnage qui n'avait pas semblé jusque-là séduire les éditeurs. La semaine dernière, c'était le Brassard, sous-titré « Alexandre Villaplane, capitaine des Bleus et officier nazi », par Luc Briand (éd. Plein Jour). Mercredi, est sorti Jouer, trahir, crever, de Frédéric Massot (éd. du Rocher). Et ce n'est pas fini. En 2024, les éditions Jungle devraient publier une bande dessinée sur le même sujet, signée, pour le scénario, par Arnaud Ramsay. Près de quatre-vingts ans après sa mort, ce maudit de l'histoire du sport, à la fois champion et salaud, trouve enfin sa place en librairie. Le chemin a été long...

Pas moyen de lire la suite, il n’est pas possible d’acheter au numéro, il faut s’abonner, désolé…

Alors je me rabat sur Le Monde puisque j’y suis abonné, un article signé Christine Rousseau (qui n’est pas apparenté à notre Sourdine Rousseau)

Le sordide destin du premier capitaine des Bleus - Edition du soir  Ouest-France - 28/06/2018

 « Le Brassard », ou l’histoire du capitaine de l’équipe de France de football en 1930 devenu nazi

Alexandre Villaplane, joueur combatif qui revêtit une vingtaine de fois le maillot de l’équipe de France, glissa dans les trafics et les escroqueries avant de devenir, pendant l’Occupation, un des hommes de main de la Gestapo française et d’être fusillé à la Libération.

Par Christine Rousseau

Publié le 01 septembre 2022

 

 

Livre. Après avoir connu les plus grands stades français et étrangers, la dernière pelouse qu’Alexandre Villaplane a foulée est celle du fort de Montrouge, à Arcueil (Val-de-Marne). C’est là qu’il est conduit au matin du 27 décembre 1944, afin d’y être exécuté en compagnie de celui dont il a été l’un des hommes de main : Henri Lafont, parrain de la Gestapo française. De la gloire à l’opprobre, ainsi s’achève le parcours de l’une des stars du football français des années 1920-1930.

 

Milieu de terrain sous les couleurs notamment du FC Sète, du Racing Club de Paris ou de l’OGC Nice, ce joueur infatigable et combatif a revêtu une vingtaine de fois le maillot de l’équipe de France. Mieux encore, à l’apogée de sa carrière, il fut le capitaine des Bleus lors de la première Coupe du monde, en 1930, qui se tint en Uruguay. Reste qu’après cette brève épopée sud-américaine où l’équipe de France est éliminée dès le premier tour, son goût pour les hippodromes et les tripots prend le pas sur sa passion du foot. Le public se détourne peu à peu d’un joueur devenu irrégulier et désinvolte, qui jadis régalait par des gestes techniques audacieux, tels que les têtes plongeantes dont certains lui attribuent la paternité.

 

De trafics en courses truquées et diverses escroqueries, le nom d’Alexandre Villaplane glisse insensiblement de la rubrique sportive à celle des faits divers. A partir du milieu des années 1930, qui marque la fin de sa carrière, il ne la quittera plus. Dès lors, l’ancienne star se mue en voyou, fraye avec le « milieu » et se montre prêt à tout pour de l’argent et sauver sa peau. Quitte à revêtir l’uniforme nazi et à commettre le pire.

 

L’« amateurisme marron »

 

De cette trajectoire sulfureuse dont l’histoire débute en Algérie, où Villaplane naquit en 1905, à sa chute dans l’ignominie, le magistrat Luc Briand tire un livre passionnant. Nourri d’archives de presse, judiciaires et de témoignages – dont celui d’un des rescapés des extorsions que Villaplane a menées en 1944 dans le Périgord –, Le Brassard met en lumière une figure sinon méconnue, du moins tombée dans l’oubli. Et avec elle, une époque charnière : celle des années 1920-1930, qui voit le football se structurer ; tant sur le plan international que national. Ainsi, en 1932, conjointement à la création d’un championnat de France, les instances dirigeantes mettent fin à un mal endémique : l’« amateurisme marron » dont usaient les clubs pour attirer les joueurs en les rémunérant, notamment au travers d’emplois fictifs. Un système par lequel Villaplane, représentant de commerce, agent d’assurances et même croupier, va être happé.

 

Au terme de son enquête où est ravivé le souvenir de grands noms du foot tels Alexis Thépot, qui révolutionna le poste de gardien de but, et Etienne Mattler, qui s’illustra autant en défense que dans les rangs de la Résistance, Luc Briand concède : « La vie d’Alexandre Villaplane ne révèle aucune contrainte ; nul destin, nulle autorité ne l’a conduit dans ce monde de petits trafics qui causera sa perte. (…) Comme explication de cette déchéance, il n’y a rien de plus que l’avidité grandissante d’un homme qui rencontrait la notoriété, côtoyait les puissants et s’éloignait ainsi du petit enfant qui courait après son ballon dans la rue Lamarck. »

 

« Le Brassard. Alexandre Villaplane, capitaine des bleus et officier nazi », de Luc Briand, Plein Jour, 256 pages, 19 euros.

 

Christine Rousseau

 

 

Alexandre Villaplane, un traître, un vrai le 30 août 2010

 

«C’est le plus beau jour de ma vie,» disait Alexandre Villaplane le jour de son premier match en tant que capitaine de l’équipe de France. Quatorze ans plus tard, le même Villaplane est exécuté pour trahison. Passer de héros à traître est plutôt facile de nos jours, nous avons pu le voir cet été avec l’équipe de France en Afrique du Sud. Ces mots prennent pourtant un tout autre sens lorsqu’on parle de la vie d’Alexandre Villaplane. Un véritable héros devenu un traître, un vrai.

 

Alexandre Villaplane naît en 1905 en Algérie, ses parents, Français, étant provisoirement installés en Alger à cette époque. Il arrive en France à l’âge de 16 ans avec son oncle. Il rejoint alors le club local, le FC Cette (l’orthographe de la ville ne changera qu’en 1928). Victor Gibson, l’entraîneur écossais de l’équipe, le repère et le fait rapidement jouer en équipe première, alors qu’il n’est encore que junior.

 

Il quitte le club pour une saison en 1923, après une dispute avec ses dirigeants. Une saison qu’il passe à Vergèze, petite ville coincée entre Nîmes et Montpellier, où évolue l’équipe de la société Perrier, en deuxième division. Remarqué sur le terrain, il montre déjà, à 18 ans, son amour pour l’argent. Un amour qui le conduira à sa perte.

 

Après un bref engagement dans une caserne militaire de Montpellier, qui lui permet d’être international militaire lors de deux rencontres contre les armées anglaise et belge, Villaplane revient à Cette en 1924. Il y dispute trois bonnes saisons. En 1924-25, le FC Cette parvient jusqu’en demi-finale de la Coupe de France. Il est repéré la même année par la FFF lors de la victoire d’une sélection d’Afrique du Nord, dont il fait partie, contre l’équipe de France B, à Cette.

 

La suite ICI 

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6 septembre 2022 2 06 /09 /septembre /2022 06:00

 

13,57 € / L (Prix E.Leclerc)

Mal lui en pris, les maîtres de Bordeaux et du Languedoc poussèrent de cris d’orfraie, jetèrent sur lui l’opprobre, comment pouvait-il écrire de telle horreurs qui saperaient notre beau modèle vigneron que le monde entier nous enviait ?

 

À Bordeaux on le prit de haut, dans le South of France les vieux clivages politico-syndicaux laissèrent un temps la place au débat.  

 

Tout ça est loin, 20 ans déjà, mais comme le cite la journaliste du Monde, Bordeaux vit le choc qu’a subit le Languedoc dans les années 80, « La surproduction en fait paniquer beaucoup : sur les 9 millions d’hectolitres produits chaque année, 1 million ne trouve plus de clients

 

Pour certains, le sujet n’est pas qu’il y a trop de vin mais qu’il n’y a pas assez de marques attractives dans la région»

Sebastien David L'Hurluberlu

Quelques extraits de l’hurluberlu…

 

Sous les grandes ombrelles que sont nos appellations d’origine contrôlée, surtout sous celles qui jouissent de la plus grande notoriété, s’abritent des vins moyens voire indignes de l’appellation.

 

Succès aidant ou pression d’une demande momentanée une grande part de nos vins de pays, petits nouveaux dans la cour, se sont laissés aller, comme certains de leurs grands frères A.O.C, à confondre rendement administré, moyenne arithmétique, et qualité du produit. On optimisait la déclaration de récolte.

 

Nous étions sur notre petit nuage, grisés, insoucieux telle la cigale de la fable, alors qu’il eût fallu capitaliser les dividendes de cette embellie en investissements commerciaux, en un pilotage fin de chacun de nos vignobles quel que soit son statut juridique, sa notoriété, - par les metteurs en marché. Nous en sommes restés, pour la part volumique de certaines appellations génériques et de beaucoup de nos vins de pays, à une conduite approximative du vignoble ; le viticulteur, la cave coopérative produisent du vin et attendent le courtier pour que les assembleurs que sont nos négociants généralistes, nos embouteilleurs-distributeurs, nos embouteilleurs pourvoyeurs des premiers prix pour la grande distribution et les hard discounteurs, l’écoulent.

 

On ne peut espérer être fort sur les marchés extérieurs avec ces vins d’entrée de gamme si on les traite ainsi sur son marché domestique.

 

Sous le prétexte, justifié, que les Français étaient peu sensibles aux marques dans le domaine des vins d’A.O.C, sans doute « traumatisés » qu’ils étaient par le souvenir des grandes marques de vin de table qui, en leur temps - bien avant les produits laitiers et les autres boissons- furent des précurseurs et des modèles de marketing adaptés à leurs consommateurs, beaucoup d’entreprises françaises ont répugné à marqueter leurs vins.

 

Aujourd’hui tout le monde salue le génie de Philippe de Rothschild pour son Mouton Cadet mais il fut un temps pas si lointain où sur la place de Bordeaux certains se gaussaient de cette initiative : comment un grand cru classé pouvait-il se laisser aller à jouer dans la cour des Bordeaux génériques. Ayant moi-même travaillé dans la seule société française détentrice d’un vrai portefeuille de marques (Vieux Papes, la Villageoise, le Carré de Vigne) : la SVF j’ai pu mesurer le fossé qui sépare la France vigneronne de l’univers des produits de marques.

 

Les grands ensembles viticoles méconnus

 

Dans notre imaginaire collectif, celui des non spécialistes, du consommateur ordinaire qui pousse son caddie dans les rayons des grandes surfaces, l’évolution de notre vignoble depuis 25 ans pourrait se résumer à la décrue inexorable des vignes à gros rouge du Midi à haut rendement et à la montée tranquille de vignobles d’appellation d’origine contrôlée maîtrisant leurs rendements au nom de la qualité.

 

La France viticole serait devenue l’eldorado du vigneron cultivant sa vigne comme un bon artisan, élaborant son vin comme un artiste pour le vendre dans sa bouteille au nom de son domaine, de son clos, et même de son château. Argument de vente fort puisque le réseau Leclerc proclame sur sa marque de distributeur «  nos vignerons ont du talent ». Cette vision est confortée par les cavistes, les guides, les revues spécialisées et les numéros spéciaux des grands news magazines : le Point en particulier. Elle correspond bien sûr à une réalité, celle des multiples joyaux nichés dans de plus vastes vignobles.

 

La batterie de chiffres que j’ai jeté en vrac dans le point précédent montrent que le ventre de notre production est bien dodu, qu’il ne répugne pas à la productivité : les hauts rendements ne sont pas là où l’on s’attendrait à ce qu’ils soient. En le soulignant je ne porte aucun jugement de valeur. Mon objectif est simplement de mettre en exergue ces grands ensembles vinicoles, ceux qui dégagent des volumes, ceux qui devraient permettre à nos metteurs en marché de trouver la ressource vin longue pour alimenter l’assemblage de produits de marque.

 

Amazon.fr - Carte des vins de Bordeaux - Benoit France - Livres

Le vignoble bordelais contraint à l’arrachage

 

La situation est inédite : trop de vin produit, des consommateurs qui boudent, des domaines invendables, une réputation d’élitisme… Excepté quelques noms de prestige qui ne connaissent pas la crise, le vignoble le plus célèbre au monde doit se réinventer.

Par Claire Mayer(Bordeaux, correspondante)

 

Frédéric Arino observe avec fatalité ses 19 hectares de vignes plantées sur deux communes proches, Pujols et Doulezon (Gironde), situées à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Bordeaux. Produisant dans l’appellation entre-deux-mers, il vend ses raisins à une coopérative. A 64 ans, fier du travail accompli, il aspire à la retraite, mais pour toucher les 600 euros mensuels de la sécurité sociale agricole, il doit trouver un repreneur. C’est obligatoire pour tout propriétaire de plus de 3,4 hectares. Or il n’y arrive pas. Il a bien reçu des acheteurs potentiels. « Mais ils ne pouvaient pas m’offrir le prix que je demande. »

 

Pourtant, Frédéric Arino n’espère même pas rentrer dans son argent. Les vignes, qu’il a commencé à acheter en 1998, lui ont coûté l’équivalent de 27 000 à 30 000 euros l’hectare. Aujourd’hui, le viticulteur ne peut guère en attendre plus de 12 000 euros. Et les parcelles les moins demandées de toute sa région atteignent péniblement les 6 000 euros l’hectare.

 

« La croix et la bannière »

 

Dans le Bordelais, sa situation est loin d’être isolée. Le recensement agricole réalisé en 2020 par la chambre d’agriculture montre que les propriétaires sont toujours plus nombreux à ne pas trouver de repreneurs. Et ce sera pire dans les années qui viennent. Plus de la moitié des viticulteurs du Bordelais ont dépassé les 55 ans et un gros tiers les 60 ans, révèle Geoffrey Desmartin, ancien conseiller à la chambre d’agriculture de la Gironde. Et puis le vignoble est touché par une surproduction qui en fait paniquer beaucoup : sur les 9 millions d’hectolitres produits chaque année, 1 million ne trouve plus de clients…

 

Le phénomène ne touche pas tout le monde. Quelque 300 propriétés et châteaux de grande ou très grande notoriété se portent bien, voire mieux que ça, car ils sont situés dans des terroirs et appellations prestigieux. « Mais ces bouteilles chères représentent moins de 3 % de ce que Bordeaux produit », note Allan Sichel, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). Dans l’ombre de ces châteaux de renom, on compte environ 5 000 viticulteurs bordelais, dont une bonne partie apporte ses raisins à une coopérative, ou produit des bouteilles de bordeaux ou de bordeaux supérieur vendues autour de 4 euros dans les hyper et supermarchés. Ceux que l’on retrouve souvent dans l’entre-deux-mers, les côtes-de-bordeaux ou les graves liquoreux ont du mal à vendre.

 

La surproduction en fait paniquer beaucoup : sur les 9 millions d’hectolitres produits chaque année, 1 million ne trouve plus de clients

« La plupart ne font que du vin, secteur en difficulté, et ils ne peuvent compter sur l’élevage ou le maraîchage pour se retourner », explique Geoffrey Desmartin. Pendant des années, la tendance voulait que les domaines s’étendent pour subsister, ils ont donc acheté des hectares ici et là (une exploitation sur quatre a été absorbée en quelques décennies), jusqu’à devenir les grosses propriétés qu’un grand nombre de viticulteurs ont aujourd’hui un mal fou à vendre, selon l’expert, d’autant que leurs enfants auraient d’autres désirs que de poursuivre une activité peu rentable, où les investisseurs ne se bousculent pas pour aider les courageux.

 

Frédéric Arino parle vite et ne tient pas en place. Lui s’en sort grâce à un parcours atypique, cumulant deux métiers : ce fils de viticulteurs a travaillé pendant vingt-cinq ans dans la fonction publique, notamment à La Poste. Il peut compter sur 770 euros de retraite de fonctionnaire. Mais, pour son activité de vigneron, il sait que « toucher sa retraite, c’est la croix et la bannière ».

 

Un vignoble fragilisé

 

Allan Sichel fait le lien entre la surproduction dans le Bordelais et la baisse continue de la consommation de vin en France depuis cinquante ans : « Elle est grosso modo tombée de 100 litres à 40 litres par an et par personne, tous vins confondus. » Et le mouvement continue, les Français préférant la qualité à la quantité. De plus, le marché des vins sous les 10 euros est devenu ultra-compétitif et tendu. Dans cette bataille, le Bordelais est pénalisé car il est presque intégralement labellisé AOC, et donc soumis à des normes contraignantes que le Languedoc-Roussillon, son grand rival sur ce secteur, connaît moins. C’est ainsi qu’on ne parle pas de surproduction dans le Languedoc, 246 000 hectares et 16 millions d’hectolitres par an, et beaucoup dans le Bordelais, avec 120 000 hectares et 9 millions d’hectolitres… La pandémie et le retrait du marché chinois ont un peu plus fragilisé le bordeaux courant.

 

Ce vignoble pourrait donc vite connaître un tournant historique, d’autant que des milliers de propriétés n’ont les moyens de stocker les invendus que pendant « deux ans et demi, pas plus », précise Allan Sichel. Pour lui, et d’autres, une seule solution : le Bordelais doit rétrécir. « Produire moins de vin. » Et pas qu’un peu. « Aujourd’hui, le potentiel de production de Bordeaux est au-delà des volumes commercialisés, avec un écart de l’ordre de 20 % », pense le président du CIVB. Le chiffre avancé est faramineux.

 

Sur le terrain, dans la cave coopérative Les Veyriers, à Sainte-Radegonde, où Frédéric Arino dépose son raisin, le constat est le même. Arnaud Bernard, responsable du chai de cette cave, affirme qu’en deux ou trois ans à peine, il a dû récupérer 80 hectares de raisins que des vignerons n’arrivaient plus à vinifier et à vendre sous leur propre marque. « Ça montre que ça va très mal », dit-il.

 

Un autre signe du marasme est le nombre croissant de vignes à l’abandon. Frédéric Arino en montre des centaines d’hectares autour de sa propriété. « Ici, elles appartiennent à des Chinois qui ne les travaillent plus. » Ce n’est jamais bon, explique-t-il, car cela favorise les maladies sur la plante, au risque même de contaminer ses propres vignes. L’actuel vice-président du CIVB, le vigneron Bernard Farges, confirme : nombre de vignes du Bordelais sont abandonnées, « ce qui pose un gros problème sanitaire ».

 

Le risque de maladies est la raison pour laquelle la France interdit d’abandonner une terre viticole et impose une règle : arracher les ceps non exploités. Puisque Frédéric Arino ne trouve pas de repreneur, la sécurité sociale agricole l’incite elle aussi à arracher. Il s’y refuse. « Si je l’avais fait, mon terrain ne vaudrait plus rien », fulmine le vigneron.

 

« Trouver le bon système »

 

Arracher n’est pourtant plus tabou. Ce sera même fortement d’actualité dans les années qui viennent. « Des surfaces vont disparaître dans le Bordelais », affirme Bernard Farges. Combien ? « Arracher 20 000 hectares absorberait l’écart avec les ventes, mais cela ne pourra se faire que sur plusieurs années », répond Allan Sichel.

 

L’arrachage est pour l’instant freiné par deux questions épineuses. D’abord celle de la contrepartie ou prime qu’attendent les vignerons concernés : « Financer l’arrachage par des fonds publics était possible avant 2008 mais l’Europe nous l’interdit depuis », rappelle Bernard Farges, qui précise que plusieurs pistes de solutions sont à l’étude, comme la reconversion dans une autre activité agricole ou le boisement. « Il n’y a pas de solution miracle, mais la complémentarité de plusieurs options », ajoute Allan Sichel.

 

Pour certains, le sujet n’est pas qu’il y a trop de vin mais qu’il n’y a pas assez de marques attractives dans la région

 

Et, surtout, comme le rappelle ce dernier, il ne faut pas arracher des vignes n’importe où. « Nous devons éviter qu’un super-terroir que cultive une personne qui souhaite arracher soit perdu à jamais. » Le président du CIVB cite la région de Cognac, où un grand nombre d’hectares ont été arrachés contre une prime dans les années 1990, alors qu’aujourd’hui, pour répondre à la demande mondiale, les exploitants demandent que 2 000 à 3 000 hectares soient replantés chaque année. « Notre souci est de trouver le bon système qui nous permettra de bien identifier et de valoriser les territoires qui méritent d’être conservés et ceux qui peuvent être abandonnés », explique Allan Sichel.

 

Mais voilà que d’autres voix bordelaises, et non des moindres, s’indignent de voir le débat réduit à la surproduction et à l’arrachage. Pour elles, le sujet n’est pas qu’il y a trop de vin mais qu’il n’y a pas assez de marques attractives dans la région. Et de poser des questions qui fâchent. Pourquoi les consommateurs boivent moins de bordeaux, surtout à prix bas ? Pourquoi la région est-elle quasiment absente des cartes des vins de la riche bistronomie urbaine ? Pourquoi la région a-t-elle du mal à se défaire d’une mauvaise réputation – on a un temps parlé de « bordeaux bashing » ?

 

Une image d’« opulence »

 

Jacques Lurton, dont la voix compte dans la région, s’interroge également. Outre qu’il appartient à une grande famille du vin et qu’il préside les Vignobles André Lurton (son père), il est depuis peu à la tête du syndicat de l’appellation pessac-léognan. Et il préfère renverser l’équation : faire en sorte que le consommateur s’intéresse à nouveau au Bordelais pour ne plus parler de surproduction. Sa réponse est sans appel : « Les acteurs du vin bordelais sont en grande partie responsables du marasme de la viticulture bordelaise. » Jacques Lurton épingle notamment les agents du négoce, qui fixent les prix et auraient construit pour la région une image d’« opulence » qu’on ne retrouve dans aucun autre vignoble, y compris en Bourgogne.

 

Or cette image serait complètement fausse, portée par quelques grands vins au détriment de la multitude des petits. Avec cette conséquence : « Le consommateur croit que le bordeaux est inabordable, alors que les prix fous ne concernent qu’une soixantaine de marques à peine, naviguant dans une sphère qui n’a rien à voir avec celle du quotidien des vignerons et des Français. » Jacques Lurton enfonce le clou en s’inquiétant des « disparités de richesses ahurissantes entre vignerons », spécifiques à cette région et de moins en moins acceptées par les populations. A l’image, selon lui, de ce que l’on voit ailleurs dans une société mondialisée.

 

Jacques Lurton, comme d’autres, est persuadé qu’il faut reconstruire la « marque bordeaux ». « Les acteurs, gros et petits, doivent y travailler ensemble afin de séduire à nouveau les consommateurs. » Il ajoute qu’il sera difficile de faire bouger les choses, pointant le conservatisme et l’inertie de la région. « On passe des années à mettre en place des politiques d’arrachage, de changement de cépages, de couleurs de raisin, mais qui arrivent toujours trop tard, en décalage avec la réalité. C’est comme ça que ça fonctionne ici », se désole-t-il.

 

Claire Mayer(Bordeaux, correspondante)

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5 septembre 2022 1 05 /09 /septembre /2022 06:00

2018 Château le Pré du Moine Cuvée Peyrou Bordeaux | Vivino

Vieux Papes, vin rouge  chez Franprix

Vieux papes - 75cl

2,85 €

 

Vieux papes rouge, vin de la communauté européenne 75cl

 

Pas de pudeur de gazelle chez Aldi : le positionnement discount est aussi assumé que revendiqué, avec une gamme de produits aux prix restant aussi attractifs pour les consommateurs que serrés pour les fournisseurs. En témoigne la foire aux vins d’automne démarrant ce mardi 6 septembre « jusqu’à l’épuisement des stocks » dans les 1 300 magasins français de l’enseigne : 59 % des 61 références de vins y affichent un prix inférieur à 5 euros.

 

Et les Bordeaux y jouent le rôle de vins d’appel, avec 17 étiquettes sur 61. Hors promotion, la bouteille la moins chère du catalogue Aldi est la cuvée Peyrou du château Le Pré Du Marne, un bordeaux à 2,49 € la bouteille de millésime 2018 médaillée d’or à Mâcon et certifiée Haute Valeur Environnementale (HVE).

 

Avec l’offre de 6 bouteilles pour le prix de 4, le château la Tuilerie descend à 1,99 €/col* le bordeaux 2021 médaillé d’or par Gilbert & Gaillard.

 

La suite ICI 

Sans commentaires, HVE, de l’or à Macon et chez Gilbert & Gaillard, nul besoin de bashing, rien que des verges pour se faire fouetter.

Château Le Pre du Moine Cuvée Peyrou 2018


78% Merlot, 22% Cabernet franc

 

Quantité produite : 950 hl

 

Ce magnifique Bordeaux AOC possède toutes les qualités d’un très grand vin : une robe rubis étincelante, un nez fruité et légèrement vanillé, une bouche ample et gourmande, une excellente garde de 4 à 5 ans… 

 

INFORMATIONS SUR LE PRODUCTEUR

 

MME CHARRUT Christiane

 

Le Pelletan

33220 ST QUENTIN DE CAPLONG       Tél. : 05 57 41 22 51

Port. : 06 85 71 00 58

Site web : www.chateau-hautpelletan.com

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4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 06:00

C’est dimanche, alors pas de sujet prise de tête mais ce qui fut un best-seller de la bouclette. Mais, pour garder ma réputation j’enchaîne avec une pincée de science : Ce qu'il faut faire de vos crottes de nez, selon la science.

 

 

Certains en font des boulettes, les collectionnent sous la table ou les mâchouillent innocemment !

 

 Mais qui en connait vraiment tous les secrets ?

 

Au cœur de l'hiver, en pleine saison de récolte, voici réunie une somme impressionnante d'informations sur la morve ! Tout un gai savoir autour des nez dégoulinants qui va régaler les 5/8 ans, mais aussi les plus grands.

 

Saviez-vous ainsi que la crotte de nez basique est composée de glycoprotéines, de sels minéraux, de lipides et d'enzymes ?

 

Et comment décrypter la palette des couleurs de nos crottes de nez ? D'autres mammifères ont-ils le bonheur d'ingurgiter comme nous près d'un litre de mucosité par jour, sans même s'en apercevoir ?

Une histoire de nez - Le blog d'une généalogiste

Ce qu'il faut faire de vos crottes de nez, selon la science

Gabriel Filippellis , Michael Gillings et Mark Patrick Taylor — 

 

1 septembre 2022

En secret, dans la voiture ou derrière une serviette de table, tout le monde a déjà fouillé dans ses narines. Pourtant, cette chasse au mucus est plus dangereuse qu'il n'y paraît.

 

Allez, avouez que vous le faites. Que ce soit en compagnie de quelqu'un ou en cachette, quand on croit que personne ne regarde, nous nous fouillons tous dans le nez. Et les primates le font aussi. La stigmatisation sociale autour du curage de nez est très répandue. Mais devons-nous vraiment le faire… et où devons-nous mettre nos crottes de nez ?

 

En tant que scientifiques ayant fait des recherches sur les contaminants environnementaux –dans nos maisons, nos lieux de travail, nos jardins–, nous avons une idée claire de ce que vous manipulez réellement lorsque vous glissez avec satisfaction votre doigt dans votre narine. Voici donc ce que vous devez savoir avant de passer à l'action.

 

Un filtre biologique nécessaire

 

Se curer le nez est une habitude tout à fait naturelle: les enfants, qui n'ont pas encore appris les normes sociales, réalisent rapidement que la compatibilité entre un doigt et une narine est plutôt bonne. Mais il y a bien plus que de la morve là-dedans.

 

Pendant les quelque 22.000 cycles respiratoires quotidiens, le mucus formant des crottes de nez constitue un filtre biologique essentiel pour capturer la poussière et les allergènes avant qu'ils ne pénètrent dans nos voies respiratoires, où ils peuvent provoquer une inflammation, de l'asthme et d'autres problèmes pulmonaires à long terme.

 

Les cellules de vos voies nasales, appelées cellules caliciformes (en raison de leur forme de coupe), produisent du mucus pour piéger les virus, les bactéries et la poussière contenant des substances potentiellement dangereuses comme le plomb, l'amiante et le pollen. Le mucus nasal et ses anticorps et enzymes constituent le système de défense immunitaire en première ligne contre les infections.

 

La cavité nasale possède également son propre microbiome. Parfois, ces populations naturelles peuvent être perturbées, ce qui entraîne diverses affections, telles que la rhinite. Mais en général, les microbes de notre nez aident à repousser les envahisseurs, en les combattants sur un champ de bataille de mucus.

 

Surmonter l'habitude de se mettre le doigt dans le nez pourrait ainsi faciliter les stratégies de décolonisation
du staphylocoque doré
.

 

La poussière, les microbes et les allergènes capturés finissent par être ingérés lorsque le mucus s'écoule dans votre gorge. Et si ce n'est généralement pas un problème, cela peut exacerber l'exposition environnementale à certains contaminants. Par exemple, le plomb –une neurotoxine répandue dans la poussière domestique et la terre utilisée dans les jardins – pénètre le plus efficacement dans le corps des enfants par l'ingestion et la digestion.

Si vous reniflez ou mangez des crottes de nez au lieu de les expulser, vous risquez donc d'amplifier votre exposition à certains éléments toxiques présents dans votre environnement.

Les risques de la chasse

 

Le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus, parfois abrégé en S. aureus) est un germe qui peut causer une variété d'infections légères ou graves. Des études montrent qu'on le retrouve souvent dans le nez (on parle de portage nasal) et l'une d'entre elles a révélé que le curage de nez est associé au portage nasal du S. aureus. Surmonter l'habitude de se mettre le doigt dans le nez pourrait ainsi faciliter les stratégies de décolonisation du S. aureus.

 

 

Se fouiller dans le nez peut également être associé à un risque accru de transmission du staphylocoque doré vers les plaies, où il présente un risque plus grave. D'autant plus que les antibiotiques ne fonctionnent pas toujours dans la lutte contre cette bactérie. Un article a montré que la résistance croissante aux antibiotiques exige donc des praticiens qu'ils évaluent les habitudes de leurs patients à se mettre les doigts dans le nez et qu'ils les éduquent sur les moyens efficaces de prévenir cette pratique.

 

Le curage de nez pourrait également être un vecteur de transmission du Streptococcus pneumoniae, une cause fréquente de pneumonie (entre autres infections). En d'autres termes, se planter un doigt dans le nez est un excellent moyen d'enfoncer davantage les germes dans votre corps, ou de les répandre dans votre environnement avec votre doigt d'une propreté douteuse.

Se curer le nez de façon compulsive, au point de se mutiler (la rhinotillexomanie), c'est aussi, de plus, prendre le risque de provoquer des lésions et abrasions à l'intérieur des narines, qui peuvent permettre aux bactéries pathogènes d'envahir votre corps.

 

Que faire de ses crottes de nez? La suite ICI 

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3 septembre 2022 6 03 /09 /septembre /2022 06:00

- Avant ou après la baise ?

Daquin à Vincent son ami  avocat.

 

Or noir

Or Noir est un très bon millésime pour Dominique Manotti.

 

Dès les premières lignes on est dans le bain. Le bain d’huile plus précisément car ce qui se cache derrière ses meurtres commandités c’est la nouvelle répartition des cartes autour du business du pétrole qui se joue quelques jours avant le 1er choc pétrolier.

 

Mars 1973, le jeune commissaire Daquin débarque à Marseille en pleine succession sanglante pour le contrôle du milieu marseillais entre Zampa et Francis le Belge, après la chute des frères Guérini et le démantèlement de la French Connection, la filière de l’héroïne qui approvisionnait les Etats-Unis depuis la France, en particulier depuis la cité phocéenne.

 

Lorsque Maxime Pieri, un ancien lieutenant des Guérini devenu un homme d’affaires en vue de Marseille, est abattu par un tireur d’élite en sortant d’un casino de Nice, l’enquête est confiée à Daquin et à sa nouvelle équipe. Pieri était accompagné ce soir-là d’Emily Frickx, petite-fille d’un magnat des mines d’Afrique du Sud mariée à un important trader de minerais, et qui reste introuvable.

 

Remarquablement documenté et efficace, entremêlant trafics et coups tordus de toutes nature et origines, Or noir éclaire un moment fondamental de basculement vers un nouveau monde, et le cynisme et les ambitions sans limites qui vont naître de la libéralisation du commerce du pétrole et de l’économie.

 

signé MarianneL dans Sens Critique ICI 

 

Mars 73, c’est aussi la veille du choc pétrolier.  Le commissaire Théodore Daquin descendu de Paris pour occuper son premier poste a 27 ans. Il est intelligent, sensible, homosexuel et patient. Il débute par cette enquête. Mais quand après à l’ancien caïd de la drogue, son associé, vétéran des services secrets, est abattu, la piste du règlement de compte lié au banditisme est très vite écartée par cet anti-héros. D’autant qu’un autre cadavre liés à la Somar, entreprise que dirigeait Pieri, s’ajoute à la liste. La French Connection est tombée à Marseille. Et si la guerre de succession entre clans a fait rage, l’ancien monde bascule vers un nouveau monde de « cols blancs ». « L’avenir, ce n’est ni l’héroïne ni la cocaïne, c’est le pétrole. » Ce monde voit l’émergence de traders cyniques, sans foi ni loi, avides d’argent et de pouvoir.

 

Comme souvent, chez Manotti, tout est documenté. Entre les faits, les relations complexes entre les acteurs, les tensions entre les services de police héritées de leurs collusions avec le Milieu, le SAC ou la franc-maçonnerie, on se retrouve très vite dans les sombres arcanes des jeux de pouvoir. Daquin, nous ouvre les portes pour décrypter cette économie pas si parallèle que cela, cet aspect de la finance et de la politique, où blanchir l’argent sale n’est pas suffisant tant l’appât du gain est fort.

 

Jalonné de phrases courtes, ce roman noir nous berce dans une écriture fluide et rythmée entre le JE et le IL. Il n’y a aucune place pour le moindre temps mort. Certes c’est ce roman peut paraître minimaliste tant l’écriture est sans fioriture, mais Dominique rehausse la saveur à travers Daquin qui au fil de cet Or Noir, devient un personnage qui gagne.

 

YANNICK P. ICI 

 

  • Et pour vous, jeune homme, qu’est-ce sera?

 

  • Daquin hésite : des tomates… et pourquoi pas laisser faire la vieille : 

 

  • Donnez-moi de quoi faire une ratatouille pour deux.

 

  • Ah ! Une soirée en amoureux ?

 

 

  • Sourire. Si vous le dites

 

  • Je vais vous arranger ça.

 

Elle lui prépare tomates, poivrons, courgettes, oignons, aubergines soigneusement rangs dans un sac, puis le regarde d’un air suspicieux :

 

  • C’est vous qui cuisinez ? Vous savez la faire, au moins, la ratatouille ?

 

  • Pas de souci, j’ai ma recette…

 

 

  • Pas d’originalité surtout, la meilleure recette, c’est celle de  votre mère.

 

[…]

 

Plaisir de retrouver le contact des légumes frais dans les paumes de ses mains. Resurgit le souvenir de Beyrouth, et Beyrouth a un nom : Paul Sawiri, son amant plus âgé que lui et bien plus sage qui lui a appris à aimer cuisiner. La cuisine, lui disait-il, on ne la fait pas pour soi, mais pour un autre, ou des autres, amis, amants.

 

  • Chaque plat est un acte d’amour…

 

[…]

 

Il se met au travail. D’abord monder les tomates, quelques secondes dans l’eau bouillante pour enlever la peau. Couper les légumes en brunoise. Couteau affûté, gestes minutieux, précis, qui évacuent peu à peu les tensions de la journée. Puis faire revenir les légumes dans l’huile séparément en commençant par les aubergines, qu’on réserve ensuite sur du papier absorbant, pour éponger le surplus d’huile. Après les aubergines, faire revenir les oignons, les courgettes, les poivrons, le travail est moins prenant, la pensée vagabonde.

 

[…]

 

Maintenant, courgettes, oignons, poivrons sont revenus, l’essentiel est fait. Il n’y a plus qu’à mettre tous les légumes sauté dans la cocotte, y ajouter les tomates coupés en dés,, un bouquet garni, vérifier le sel, le sel, le poivre. Et laisser cuire, le temps nécessaire. Il s’allonge sur le canapé, met un disque de Count Basie. Il respire l’odeur des légumes qui mijotent, et pour la première fois, il se sent chez  lui dans cet appartement.

 

[…]

 

Quand Daquin revient avec un plateau, Vincent contemple le voilier du maire amarré dans le Vieux-Port à quelques dizaines de mètres de là, il se retourne, lui fait face, silencieux, offert,  Daquin pose le plateau, se penche vers lui.

 

  • Comme tu as changé. Il effleure de la main son visage : tu as maigri, les joues ont fondu, la charpente est enfin visible, libérée. Il caresse du bout des doigts le saillant de la pommette : j’aime toucher la force de ton visage. Il suit l’arcade sourcilière, l’arête du nez : l’œil s’est enfoncé, j’aime ce regard gris sombre. La main effleure la bouche, les lèvres s’entrouvrent, Daquin se penche, les embrasse dans un souffle.

 

Vincent demande :

 

  • Avant ou après l’apéro ?

 

  • Après le champagne et avant le foie gras.

L'Evêché à Marseille, c'est un peu comme le 36 quai des Orfèvres à Paris. A la fois hôtel de police et mythe. L'Evêché est le symbole d'une ville qui a été la capitale du crime organisé et qui continue à briller par "sa forte activité policière", dirons-nous. L'institution va déménager. ICI 

 

L'Evêché : drôle de nom pour un hôtel de police, lieu où l'on ne prie pas tellement a priori. L'Evêché était la résidence des évêques de Marseille. Depuis 1908, le bâtiment est la résidence des policiers. Le vieil immeuble n'étant plus aux normes, il se dit qu'un déménagement se déroulerait en 2028, délai ultime pour rejoindre le quartier Saint-Pierre.   

LES GUÉRINI (PARTIE I) - Le Milieu du Grand Banditisme FrançaisLes frères Guérini, Antoine & Mémé, French Connection, Marseille

Le clan Guérini et ses défaillances

 

Marseille, 1er février. - Barthélémy Guérini, dit " Mémé " et cinq membres de sa bande - de sa " milice privée ", dira M. Perfetti. substitut - ont comparu vendredi devant la septième chambre correctionnelle du tribunal de Marseille, présidée par M. Trousselot. Une foule grave et respectueuse était venue pour l'occasion apporter son soutien à ce chef de la pègre admis et admiré, craint et respecté, pitoyable dans le " malheur " qui le frappe.

 

Par JEAN-PIERRE QUÉLIN

Publié le 03 février 1969

 

Tous les six ont des noms qui chantent, des réponses à tout et l'explication nonchalante; s'ils ont été surpris un soir dans un cabaret marseillais en possession de pistolets, c'est, à les en croire, qu'ils avaient les plus solides raisons de se tenir sur leurs gardes, une balle engagée dans le canon. Pour Pascal Mariant, c'est l'esprit de famille qui a armé son bras : " On avait tué oncle Antoine, je ne voulais pas qu'il arrive la même chose à Mémé. " Direct, Mimi Gérôme Sarola déclarait lors de l'instruction : " Quand je suis avec eux, je risque à chaque instant de prendre une balle dans la tête. " Dominique Poli, lui, explique : " C'était pour ma sécurité personnelle. " Henri Rossi : " C'était une précaution morale et bien entendu physique. " Michel Santarelli : " Je me suis armé pour la défensive en cas de quoi que ce soit. " Leur patron, Barthélémy Guérini, soixante et un ans - qui manie le truisme avec moins de facilité, - touche à l'essentiel dans l'explication qu'il donne sur la nervosité qui régnait au sein de ses troupes : " Us ont tué mon frère devant son petit (son fils), je ne voulais pas subir le même sort. " Bref, depuis que la chance avait tourné pour les Guérini, le " clan " devait perdre jour après jour de sa légendaire prudence, jusqu'à l'arrestation de la bande à Marseille, le 4 août 1967, dans le cabaret de Barthélémy Guérini, " le Méditerranée ".

 

Les faits qui conduisent à ce " désastre " s'étaient enchaînés très vite. Le 23 juin 1967, Antoine Guérini est assassiné par deux tueurs, qui déchargent sur lui leurs deux pistolets de calibre 11,43. Au retour de l'enterrement, dans le village natal de Calenzana, en Corse, la veuve, Alice Guérini, constate le vol de ses bijoux survenu dans la villa de la famille à Marseille. Le 22 juillet, le corps d'un jeune malfaiteur, Claude Mondroyan, est découvert près de Cassis, dans le massif du cap Canaille. L'homme a été tué à coups de pistolet, méthodiquement, sans qu'on lui ait laissé un chance. Très vite, les policiers font le rapprochement entre le vol des bijoux et Mondroyan. Le propriétaire d'un bar, Marcel Fillot, parle. Dès lors, les enquêteurs ont la certitude que les Guérini sont impliqués dans le meurtre du jeune bandit. Le 4 août, une descente de police permet d'interpeller Barthélémy Guérini et cinq de ses hommes, tous trouvés porteurs d'armes à feu.

 

Trois chefs d'inculpation seront finalement retenus par la chambre d'accusation d'Aix-en-Provence : assassinat, complicité d'assassinat et infraction à la législation sur les armes. L'inculpation pour port d'arme prohibée fut disjointe des deux précédentes, c'est la raison pour laquelle le tribunal correctionnel de Marseille fut saisi d'un des volets de cette affaire, qui ne trouvera son véritable éclairage que lors du procès d'assises, dont la date et le lieu n'ont pas encore été fixés.

 

Les débats de vendredi allaient donc laisser la part belle au pittoresque. Un pittoresque au demeurant triste et gênant venant de personnages sans envergure. Ils ont été pris en flagrant délit, tous le reconnaissent hormis Barthélémy Guérini, qui a trouvé une bonne âme en la personne de son neveu Pascal Mariani, qui, avec dévouement, soutient que " Mémé " ne portait pas d'arme sur lui ce soir-là. L'oncle le maintiendra malgré les témoignages accablants des policiers. Si on l'a vu, ou cru le voir, avec une arme, c'est un malentendu : il se portait vers Mariani au moment de l'entrée des enquêteurs pour l'empêcher de " faire une bêtise ". Le président va résumer la démarche : " C'est ça, vous craigniez que la jeunesse n'aille à la catastrophe. " Barthélémy acquiesce...

 

Pour M. Perfetli, substitut, " le dénominateur commun de tous ces hommes c'est leur appartenance au milieu, à un clan parfaitement structuré qui a choisi de vivre en marge de la société, dans ce monde secret, enfoui sous la " loi du silence ". Ils s'y sont parfaitement intégrés et peuvent être considérés comme des truands. "

 

" Pour les faits, poursuit-il, il y a la constatation flagrante des fonctionnaires de police, dont un seul point demeure contesté par Guérini ; celui de la répartition des armes, qui correspond pourtant au nombre de personnes. Mais Guérini s'est évertué à rejeter la responsabilité sur un autre : son neveu. Toutefois, il apparaît comme le véritable responsable, et les faits ne souffrent aucune discussion. "

 

Il demande des peines de prison ferme pour les cinq complices et six ans pour leur chef.

 

Il restait aux avocats - une douzaine, - dont Mes Pollak et Paul Lombard, à plaider. On retiendra cette phrase de l'un d'eux, qui demandera au tribunal de " se calfeutrer pour échapper à l'ambiance qui entoure Je mythe des Guérini et juger sereinement ".

 

L'affaire a été mise en délibéré. Jugement le 14 février.

 

JEAN-PIERRE QUÉLIN

MANOTTI Dominique

 

Se définissant elle-même comme "une romancière par désespoir et non par vocation", Dominique Manotti, en quelques titres, est devenue une auteure incontournable de romans noirs. Chercheuse et spécialiste de l’histoire économique du XIXe siècle, elle s’intéresse aux événements marquants de l’actualité et ancre ses œuvres dans ces contextes socio-politiques.

 

Agrégée en histoire économique contemporaine, elle enseigne au lycée, puis à l’université en tant que maître de conférences à Paris-VIII Saint-Denis à partir de 1968. Dès l’adolescence, Dominique Manotti s’implique corps et âme dans le militantisme politique, d’abord pour l’indépendance de l’Algérie, ensuite au sein de différents mouvements et syndicats des années 60 aux années 80, notamment à l’Union des étudiants communistes et syndicalistes à la CFDT. Considérant que l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir sonne le glas des espoirs de transformation radicale de la société, le roman noir lui apparaît alors, comme la forme la plus appropriée pour raconter ce que fut l’expérience de sa génération.

 

Elle se convertit à l’écriture sur le tard en se démarquant de ses confrères du néo-polar, car même si elle revendique ses engagements avec force, ils ne couvrent pas toute son œuvre. Par ailleurs, elle insiste beaucoup sur son absence de vocation, car elle n’écrit pas pour obtenir le statut social de l’écrivain, mais "c’est une manière de survivre à travers le chaos et de témoigner." Cette « absence de vocation » explique que ses ouvrages soient écrits dans un style plutôt sec, voire cinématographique, sans fioriture.

 

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 06:00

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La charge de Jean-François ayant reçu l’imprimatur d’A.O.C je la publie.

 

Remonté comme une pendule le Jean-François, même qu’il estropie par deux fois le nom de Bruno Le Maire (Brunon Lemaire)

 

J’ai apprécié comme un vrai vin nu, même si l’ode à l’ingénierie publique m’a fait sourire, elle avait beaucoup de défauts au Ministère de l’Agriculture.

 

En revanche, la condamnation prolifération de l’empilement des mots, des textes indigestes, des normes absconses, des autorités dites indépendantes, des cabinets de conseil, m’a plongé dans le ravissement.

 

J’ai adoré, en pensant à défunt Gorbatchev, son  Nous ne souffrons manifestement pas d’un manque de planification écologique, mais d’un excès de planification. Même l’Union soviétique n’en comptait pas autant.

 

Voilà, et pendant ce temps de vacances le Mélenchon alourdissait son empreinte carbone en Amérique du Sud, faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. Les mots, les mots, toujours les mots, paroles, paroles… comme le chantait la Dalida de Tonton.

 

 

La planification soviétique et le plan de transformation de la nature

 

Planification écologique, une fois encore E Macron promet ce qu’il ne peut tenir

 

E Macron, après JL Mélenchon, a fait de la « planification écologique » un des arguments majeurs de sa campagne électorale. Un décret du 7 juillet 2022 concrétise cette promesse en créant un secrétariat général à la planification écologique auprès du premier ministre.

 

Une fois de plus, il ne s’agit que de communication car la planification écologique existe déjà, mais elle ne sert à rien et l’Etat s’est méthodiquement privé des moyens qui lui permettraient d’agir sur la transition écologique. Un autre chemin est possible.

 

La planification écologique existe déjà, mais ne sert à rien

 

Depuis 2015, en application d’une « loi de transition énergétique pour la croissance verte », le gouvernement élabore et révise régulièrement une « stratégie nationale bas carbone » (SNBC) qui « est la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique » selon le ministère chargé de la transition écologique, qui ajoute : « elle donne des orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone, circulaire et durable. Elle définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050 ».  La dernière SNBC a fait l’objet d’un décret du 21 avril 2020 et elle couvre la période 2019 – 2033.

 

Pour faire bonne mesure, il faut ajouter à cette stratégie nationale bas carbone, l’élaboration renouvelée de « programmations pluriannuelles de l’énergie » (PPE) dont la troisième du genre couvrira la période 2024-2034 et devra être conforme à la « loi de programmation énergie climat » (qui doit être adoptée en 2023) dont le principe a été fixé par la « loi énergie climat » adoptée à la suite de la conférence citoyenne et du mouvement des gilets jaunes. Vous n’y comprenez rien, c’est normal, personne ne peut rien y comprendre et l’on se demande si les parlementaires qui votent ces lois, à jets continus, y comprennent eux-mêmes quelque chose.

 

D’autant que la liste de ces « stratégies » est loin d’être close avec ces quelques rappels. Il faut y ajouter, notamment, une « stratégie nationale biodiversité », sans oublier la « stratégie nationale portuaire », la « stratégie villes durables et bâtiments innovants », « la stratégie nationale des perturbateurs endocriniens », la « feuille de route intelligence artificielle et transition écologique », le « plan national santé environnement », le « plan de résilience économique et sociale », la « stratégie nationale de santé » et beaucoup d’autres.

 

Nous devrions donc être tranquilles puisque disposant d’une solide planification écologique qu’il ne reste plus qu’à mettre en œuvre.

 

Mais qui connait seulement le contenu de ces innombrables documents qui font chacun des centaines de pages ?

 

Quant à leur mise en œuvre et à leur évaluation, n’en parlons pas ; personne n’en parle d’ailleurs.

 

La planification soviétique

 

Nous ne souffrons manifestement pas d’un manque de planification écologique, mais d’un excès de planification. Même l’Union soviétique n’en comptait pas autant. La réalisation de ces lourds documents représente une part considérable de l’activité des fonctionnaires, des associations, des élus. À peine adoptés, ils sont oubliés. Leur principal usage est d’alimenter la communication hebdomadaire du gouvernement, de donner l’illusion de l’action et de créer une sorte de brouillard d’information dans lequel tout le monde se perd, y compris ceux qui le créent.

 

En revanche, leur impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la préservation de la biodiversité et plus généralement sur notre environnement est difficile à déterminer.

 

Plutôt que de s’interroger sur les raisons de cet échec, Emmanuel Macron nous promet une planification encore plus « planifiante », grâce à la création d’un secrétariat général auprès d’Élisabeth Borne. On pourrait en rire si tout cela n’était pas la manifestation du délitement de la conduite des affaires publiques.

 

Pour planifier la transition écologique, il faudrait que l’État soit capable de planifier l’économie nationale, ce qu’il ne peut faire dans une France, fortement intégrée à l’économie européenne et soumise à un droit européen supérieur au droit national.

 

Pour planifier la transition écologique, il faudrait que l’État puisse imposer que la France échappe aux principes de l’organisation mondiale du commerce qui permettent à la concurrence internationale de ruiner l’essentiel des efforts réalisés.

 

Pour planifier la transition écologique, il faudrait que l’État contrôle effectivement les agents économiques, ce qui reste de nos entreprises industrielles, les banques, les services, ce qu’il n’a ni l’intention ni les moyens de faire. Dans cette situation, la planification écologique sera au mieux un manuel de bonnes pratiques que les agents économiques observeront… ou pas.

 

De plus, la planification produite par les administrations de l’État ignore les interactions entre les différents secteurs d’activité que les économistes, en dépit de leurs prétentions, ne peuvent anticiper. Elle repose sur une vision extrêmement simplifiée des comportements humains réduits à leurs aspects économiques.

 

Il y a cependant des comportements sur lesquels le gouvernement pourrait agir facilement, sans planification compliquée, mais se garde bien de le faire. Je pense aux profits exceptionnels réalisés par les groupes du CAC 40, notamment les groupes énergétiques qui n’ont d’autre raison que la flambée des prix dont une partie ne s’explique que par la spéculation dans le contexte de la guerre en russe en Ukraine. Beaucoup de pays européens, même les plus libéraux comme le Royaume-Uni, ont taxé ces profits. Bruno Le Maire a considéré qu’il s’agissait d’un « comportement pavlovien ».

 

Quelle idée aussi, lorsque l’on est ministre de l’économie et des finances et que l’on alerte tous les jours sur la gravité de la situation des finances publiques, d’aller chercher de l’argent là où il y en a ! Le groupe Total a par exemple enregistré un résultat net record de 13,5 milliards d’euros en 2021, dont la moitié résulte de la flambée des prix du dernier trimestre de l’année. Il va consacrer 2 milliards de ce bénéfice au rachat de ses propres actions pour en faire monter le cours et enrichir un peu plus les actionnaires. Rien à voir avec l’investissement productif mis en avant par B Le Maire pour justifier la baisse continue des impôts sur les bénéfices des entreprises. Il faut tout de même signaler que dans même temps, le groupe Shell qui enregistre un profit comparable à Total va consacrer 6 milliards de dollars au rachat de ses actions. La Bourse a immédiatement sanctionné Total dont l’action a baissé de 2%. Si après cela vous pensez toujours que la Bourse contribue au financement de l’économie…

 

Enfin, on notera avec amusement que celui qui fut sans doute le plus libéral des présidents de la Ve République présente cette vieille notion de planification étatique comme la solution à tous nos maux, convaincu de réaliser ainsi un coup politique astucieux en volant à Jean-Luc Mélenchon une de ses principales idées.

Si la planification étatique ne marche pas et ne pourra pas marcher, c’est aussi parce que l’Etat s’est arrangé pour perdre progressivement tous les moyens d’action dont il disposait.

 

Un Etat incapable de tenir ce qu’il promet

 

Un gouvernement pléthorique et incohérent

 

Le gouvernement d’Élisabeth Borne compte 42 ministres et secrétaires d’État, ce qui en fait un des plus nombreux de l’histoire de la Ve République.

 

S’agissant de ce qu’il est convenu d’appeler la transition écologique, ce gouvernement partage entre plusieurs ministres des compétences que les précédents gouvernements avaient tenté de regrouper.

 

Le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, est assisté d’un ministre délégué chargé des transports, d’un ministre délégué chargé de la ville et du logement, d’un ministre délégué chargé des collectivités locales, d’une secrétaire d’État chargé de l’écologie, d’une secrétaire d’État chargé de la ruralité placée sous la double autorité du ministre chargé des départements et territoires d’outre-mer et de la secrétaire d’Etat à l’écologie.

 

La ministre chargée de la transition énergétique n’est plus placée sous l’autorité du ministre responsable de la transition écologique, alors que le rapprochement de l’écologie et de l’énergie était un des acquis de l’organisation des gouvernements précédents.

 

Le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle numérique est assisté d’un ministre délégué à l’industrie qui dispose de compétences importantes touchant aux matières premières et à l’activité minière.

 

Un secrétaire d’État à la mer dépend à la fois du premier ministre et du ministre de la transition écologique.

 

La complexité de la description de la répartition des compétences dans le domaine de l’écologie suffit à rendre compte de celle de l’organisation du nouveau gouvernement. Les chevauchements de compétences entre les différents ministres et secrétaire d’État sont la règle et l’on peut sans peine imaginer le désordre que cela va générer dans le fonctionnement quotidien des administrations chargées de répondre aux demandes de ces différents ministres et de leurs cabinets.

 

Les écologistes avaient salué, il y a quelques années, la création d’un grand ministère regroupant l’environnement, l’énergie et des transports. Ce regroupement disparaît et plus aucun ministre n’est chargé de défendre en tant que telle l’écologie. Ce dénouement était prévisible malheureusement.

 

On voit mal comment un fonctionnaire, le secrétaire général à la planification écologique nouvellement nommé, aussi doué soit-il, pourra jouer un rôle quelconque dans la cacophonie gouvernementale inévitable.

 

Le démembrement de l’État a conduit à son impuissance

 

La complexité de l’organisation de l’État ne se résume pas à celle du gouvernement. Depuis des années, les démembrements de l’État se sont multipliés sous l’influence de l’idéologie du nouveau management public, de la volonté d’imiter les pays anglo-saxons dont l’organisation serait par nature plus efficace que celle des pays latins, ainsi que pour satisfaire aux exigences du droit européen.

 

Le nombre des agences et des établissements publics ne cesse de croître. Ce qui était fait auparavant par les administrations centrales et déconcentrées de l’État a été confié à des établissements publics et à des agences qui ont progressivement absorbé les moyens financiers et les personnels compétents des administrations de l’État. Celui-ci n’exerce plus de rôle réel mais se console en pensant qu’il est le stratège d’une action publique qui lui a échappé en pratique.

 

Les opérateurs de l’État représentent aujourd’hui plus de 400 000 employés à temps plein et 20 % de la masse salariale de l’État, en plus de 63 milliards d’euros de dépenses annuelles, soit 15 % de la dépense publique. Ces opérateurs sont censés être sous la tutelle des administrations centrales de l’État. En réalité, moins de la moitié d’entre eux a signé avec son ministère de tutelle un contrat d’objectifs et de performance définissant ce que l’État attend. Pourtant, lorsqu’on a participé à la rédaction de ces documents, on sait à quel point ils sont creux et ne représentent en rien un moyen de contrôle de l’État sur ses opérateurs. Mais même cela doit être trop.

 

Au-delà de cet aspect bureaucratique, l’État a perdu les moyens intellectuels d’exercer véritablement un contrôle sur ses opérateurs à mesure que le temps passait. Les effectifs de ses administrations centrales ont fondu au gré des révisions générales des politiques publiques initiées par Nicolas Sarkozy et poursuivies par ses successeurs. Les fonctionnaires qui restent sont coupés de l’exercice réel des compétences de leur ministère, désormais exercées ailleurs.

 

La tutelle est un exercice impossible : soit les ministères conservent des effectifs importants, bien formés, ayant l’occasion de mettre en œuvre les politiques publiques de leur ministère ; ils seront alors en mesure de contrôler les établissements publics placés sous leur tutelle, mais ils feront doublon avec les effectifs des établissements publics et ce démembrement de l’Etat sera injustifiable. Soit les ministères diminuent les effectifs des services de tutelle (ce que la direction du budget leur impose) et les fonctionnaires qui s’y trouvent n’auront rapidement ni le temps ni les compétences nécessaires pour contrôler réellement les établissements dont ils sont chargés.

 

C’est ainsi que les opérateurs de l’État s’autonomisent progressivement, les fonctionnaires de l’État n’ayant plus qu’un rêve, le quitter pour rejoindre des établissements publics qui leur offrent des métiers plus intéressants, des perspectives de carrière et une meilleure rémunération.

 

Parallèlement à la multiplication des établissements publics, un grand nombre d’autorités administratives indépendantes ont été créées qui ont acquis un rôle essentiel dans la régulation de nombreux domaines de l’action publique. C’est le cas de la commission de régulation de l’énergie, du conseil de la concurrence, du conseil supérieur de l’audiovisuel ou de l’autorité des marchés financiers pour n’en citer que quelques-unes. Comme la chauve-souris de la fable de La Fontaine, les autorités indépendantes sont étatiques lorsque cela les arrange, c’est-à-dire dans leur pouvoir de créer de la réglementation et de sanctionner le cas échéant les infractions au respect de cette réglementation, dans leur mode de financement, mais elles sont indépendantes lorsque cela leur convient. L’administration de l’État fait preuve de beaucoup de prudence et évite de mettre son nez dans les affaires gérées par ces autorités indépendantes.  Il prend soin de n’être pas trop désagréable dans les moyens qui leur accorde, budgétaires et en personnel, préférant faire porter l’effort sur ses propres services.

 

Pour compléter le paysage, il faut ajouter les 48 agences européennes qui sont le bras armé de la commission de l’union européenne et qui ont une action de plus en plus directe dans chacun des Etats membres.

 

Ainsi, privé de bras et de tête, l’État fait penser à ce chevalier du film « Monty Python, sacré Graal » qui après avoir perdu ses bras et jambes dans le combat qui l’oppose à son adversaire l’accuse de fuir lorsque celui-ci se désintéresse du combat.

 

La place prise par les cabinets de consultants, considérée il y a quelques semaines comme un scandale d’État, résulte largement de cet appauvrissement organisé de l’administration d’État pendant des décennies qui l’a rendue incapable de produire ce pourquoi elle a été constituée.

 

L’État n’a plus la compétence technique lui permettant d’agir

 

Alors qu’il prétend organiser la transition écologique, l’État s’est privé des forces qui lui auraient peut-être permis de jouer un rôle dans ce domaine.

 

Il l’a fait de deux façons.

D’abord en supprimant l’ingénierie publique. Pendant longtemps, les directions départementales de l’agriculture et celle de l’équipement ont aidé les collectivités locales à réaliser des réseaux de communication, des réseaux d’adduction d’eau, etc. En 2008, Nicolas Sarkozy a décidé de mettre fin à cette partie de l’action de l’Etat, dénommée ingénierie publique, réalisée par les ingénieurs des corps techniques de l’État. Il voulait ainsi faire des économies et satisfaire aux règles de la concurrence imposées par le droit européen qui condamnent cette intervention de fonctionnaires dans un domaine où peuvent intervenir des entreprises privées. Depuis lors, les communes cherchent désespérément comment remplacer le service qui était rendu par l’Etat. Bien souvent ce sont les départements qui ont dû prendre le relais de ce que l’État a laissé tomber, mais sans disposer toujours des compétences techniques dont il disposait au travers de ses corps techniques. En abandonnant l’ingénierie publique, en se privant de l’expérience liée à l’intervention pratique de ses fonctionnaires dans la réalisation des investissements publics, l’État a perdu une partie de sa légitimité et beaucoup de savoir-faire.

 

Mais qu’importe, la technique n’a aucune importance aux yeux de cette génération de responsables politiques ; l’État a besoin de managers, c’est-à-dire de cadres dévoués qui appliqueront sans états d’âme les consignes qui leur sont données par les ministres et leurs cabinets.

 

Dans le même temps, les gouvernements successifs ont poursuivi une politique de réduction du nombre de corps de fonctionnaires qui constituaient les différents corps de métiers des ministères. Depuis 2008, les gestionnaires des RH de l’Etat considèrent que ces spécificités doivent disparaître au bénéfice d’un seul grand corps de fonctionnaires interchangeables, les « petits pois » chers à Nicolas Sarkozy. Emmanuel Macron qui en est le digne successeur pousse au bout cette politique. Il a supprimé non seulement l’ENA, sur laquelle il était facile de focaliser la colère publique, mais aussi le corps des préfets, le corps diplomatique, tous les autres corps de fonctionnaires issus de l’École nationale d’administration pour les fondre dans un corps unique de fonctionnaires interchangeables, ne devant leur position dans l’administration qu’à la décision du Président de la république qui les nomme et nullement à un savoir-faire ou à une expérience particulière. Le sort des quatre grands corps techniques d’encadrement qui subsistent est entre les mains du Président de la République.

 

Dans ces conditions, tout ce que l’État est capable de produire, c’est de la mauvaise littérature sur le développement durable, baptisée stratégie. Mais sa prétention à piloter ce qu’il appelle la transition écologique se heurtera à son incompétence technique et à son absence de relais sur le terrain car les services déconcentrés de l’État sont des déserts sur lesquels règnent des préfets qui pensent avoir tout gagné après avoir en réalité tout perdu au fil des réformes successives de l’administration territoriale de l’État.

 

Que faudrait-il faire ?

 

Ce constat ne signifie pas qu’il ne faut rien faire ou que rien n’est possible. Mais pour agir, l’Etat doit d’abord se remettre en ordre en chargeant le Parlement d’examiner tous les démembrements de l’Etat pour qu’il recommande le maintien des établissements publics et agences qui doivent l’être et la réintégration dans les services de l’Etat de ceux dont l’existence est injustifiée ou affaiblit la capacité d’action de l’Etat.

 

Le Parlement devrait également être chargé de proposer la réduction du nombre des autorités administratives indépendantes, non pas en les fusionnant, mais en réintégrant dans les compétences de l’administration de l’Etat les transferts de responsabilités excessifs.

Il faut cesser de faire perdre un temps considérable aux administrations et au Parlement pour élaborer de multiples documents de prospective qui devraient être faits par des organismes de recherche, des partis politiques ou des ONG.

 

Le Parlement est là pour voter des lois qui autorisent ou interdisent, qui créent des droits ou en limitent l’exercice dans des conditions qu’il définit, sous contrôle d’un juge. Il n’est pas là pour voter des textes programmatiques ou des déclarations d’intention.

 

Si les difficultés annoncées de fonctionnement du Parlement se confirmaient, on pourrait au moins espérer qu’elles permettront de limiter l’inflation législative à laquelle nous sommes soumis, qui porte atteinte à la démocratie.

 

La prolifération des normes, toutes catégories confondues, a progressé de 15% pendant le premier quinquennat Macron (source tribune de C. Elche-Duval, le Monde du 8 août 2022). Nous ne savions pas que nos activités étaient si diverses pour qu’il existe 78 codes réunissant les règles qui s’appliquent à chacune d’elles. Le Journal officiel, déjà trop volumineux en 1973 représentait près de 12 000 pages par an. Celui d’aujourd’hui, devenu numérique, en occuperait plus de 30 000 s’il était publié.

 

Quel citoyen peut se retrouver dans un tel fatras ?

 

Quel candidat aura le courage de se présenter pour dire qu’il ne fera voter aucune loi nouvelle pendant son mandat pour mettre fin à cette folie normative qui réduit l’action à la production de textes de loi bavards et remis en cause à peine votés ?

 

Pour toutes ces raisons, il faut dire non à la soi-disant planification écologique, imposer à l’Etat de se ressaisir en se mettant en ordre pour agir dans les domaines où il peut faire quelque chose et lui demander de cesser de croire et faire croire qu’il peut agir dans tous les domaines. Mettre un terme à son ambition de contrôler l’évolution de la société quand celle-ci repose sur l’action combinée de 67 millions de citoyens qui ont d’abord besoin qu’on les laisse agir pour pouvoir faire le tri dans ce qui doit être encouragé et ce qui doit être arrêté. 67 millions de citoyens qui demandent « qu’on leur foute la paix», comme le recommandait avec sagesse G. Pompidou lorsqu’il était président de la République.

Jean-François Collin

8 août 2022

 

 

 

 

 

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31 août 2022 3 31 /08 /août /2022 06:00

 

Le vin nature est-il le futur de l’industrie vitivinicole ? ICI

Publié: 25 août 2022,

 

 

Magalie Dubois Doctorante en Economie du vin, Burgundy School of Business

François Pariseau Auxiliaire de recherche, Université de Sherbrooke

 

Interviewés

 

Jacques Berthomeau

Fonctionnaire, consultant œnologique

 

Jean-Yves Bizot

Chef d'exploitation

Echezeaux Grand Cru Bizot (Domaine)  2008 - Lot de 1 Bouteille

 

Jérôme Siffermann

Sommelier

 

Robert Joseph

Editor at large, Meininger's Wine Business International, editor, The Wine Thinker, author

 

Remarque préliminaire à l’attention de mademoiselle Dubois : je n’ai jamais été ni fonctionnaire ni consultant œnologique. Prière de corriger : je suis un retraité licheur de vin nu.

 

 

Devoir sur table : « Le vin nature est-il l'avenir de l'industrie du vin ?  » c'est pour Magalie - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

À la différence des vins biologiques (certifiés par un des organismes indépendants accrédités) ou biodynamiques (certifiés par Demeter ou Biodyvin), les vins dits « nature » n’ont pas de définition unanimement acceptée par les acteurs de la filière vitivinicole française. Une telle définition n’existe pas non plus d’ailleurs à l’international. Alors de quoi parle-t-on ?

 

En France, le père spirituel du vin nature s’appelle Jules Chauvet. Né en 1907, ce chercheur à l’institut de chimie biologique de Lyon, dégustateur, et vigneron dans le Beaujolais affirmait : « Le vin, moins on le touche, mieux ça vaut ». Père spirituel, parce que si le vin nature est difficile à définir c’est qu’il s’agit avant tout d’une philosophie : s’approcher au plus près de la définition idéale du vin, qui ne serait que du jus de raisin fermenté, et rien d’autre.

 

La suite ICI.

 

Le vin nature apparaît comme l’un des futurs de l’industrie vitivinicole, car il répond à une demande des consommateurs (santé, transparence, circuits courts, respect de l’environnement) qui passe notamment par la réduction des intrants et en particulier des sulfites. Le rôle des pouvoirs publics sera déterminant dans les années à venir pour permettre d’étudier avec précision (et chiffres à l’appui) l’ampleur du phénomène. Il conviendra également de suivre l’engouement des importateurs pour les vignerons nature superstars. Il est évident que l’impact de ce mouvement sur l’industrie ne se fera pas via l’effet volumique ni via le nombre de consommateurs, mais parce qu’il constitue la pointe médiatique et incarne la direction que doit prendre l’industrie dans son ensemble pour relever les défis de demain.

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21 août 2022 7 21 /08 /août /2022 06:00

 

Bien sûr, on peut toujours attendre de voir un film sur son écran plat vautré dans son canapé tout en sifflant des verres de vin nu, mais pour ceux qui font les films la sortie en salle est l’acte fondateur.

 

 

Pourquoi Clara a-t-elle été brûlée vive ?

 

Ce féminicide atroce dévore de l’intérieur son enquêteur, Yohan… Un récit d’une noirceur salutaire.

 

Qui a tué Clara ?

 

Où, quand, comment, on le sait déjà : elle a été brûlée vive, une nuit, dans une rue de la région grenobloise. Alors, qui ?

 

À cette question, Yohan, l’inspecteur de la police judiciaire chargé de l’enquête, n’aura jamais de réponse. On ne divulgâche rien en écrivant que La Nuit du 12 est un thriller sans coupable. Le film lui-même l’annonce dès l’ouverture, avec un carton précisant qu’environ 20 % des enquêtes criminelles menées par la PJ en France restent irrésolues. L’histoire du film, tirée d’un fait divers, est de celles-ci.

 

C’est l’une des plus belles audaces de Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Seules les bêtes) et de son coscénariste, Gilles Marchand, que d’assumer d’emblée leur film pour ce qu’il est. Non pas un polar tendu vers la résolution d’une énigme et la révélation de l’identité de l’assassin — au fil des interrogatoires de police, tous les amants de passage de Clara s’avéreront capables de l’avoir tuée — mais la recherche, sombre et tourmentée, du mobile du crime.

 

Pourquoi ?

 

Pourquoi tuer, qui plus est d’une façon aussi atroce, une jeune fille heureuse de vivre, de séduire, d’aimer ?

 

La question tourne en boucle dans le cerveau de Yohan comme lui, chaque soir, tourne en rond sur la piste du vélodrome.

 

L’horreur du féminicide ruine progressivement la santé mentale de ce chef d’équipe taciturne et rigoureux tout en le forçant à changer de prisme. Comme lors de cette scène décisive et poignante, au mitan du film : l’enquêteur interroge la meilleure amie de Clara sur les relations sexuelles de cette dernière. La réaction de la jeune fille l’ébranle profondément, l’obligeant soudain à prendre conscience des ambiguïtés de son point de vue masculin. Plus tard, c’est encore une femme, une jeune collègue cette fois, qui, en une phrase, fera vaciller d’autres certitudes. À commencer par la neutralité de sa position, celle d’un homme chargé d’arrêter d’autres hommes, coupables de violences sur des femmes.

 

Fusion du réalisme et de l’imaginaire

 

Allant bien au-delà de sa dimension de thriller psychologique, attaché à dépeindre avec une grande justesse la mécanique de l’obsession, le film dresse par petites touches le constat désespérant d’une police et d’une justice au fonctionnement constamment entravé. Faire marcher l’imprimante de la PJ ou obtenir le budget d’une mise sur écoute sont autant de micro calvaires quotidiens. Épuisants. Yohan et ses coéquipiers se retrouvent au chevet d’un service public que les coupes budgétaires successives ont rendu inapte à prendre en charge ce genre d’affaires. Dans ce système perverti, les bonnes volontés ne suffisent pas. Le manque de moyens et la surreprésentation masculine semblent se liguer pour que s’impose naturellement la conclusion suivante : si les femmes sont tuées, c’est peut-être, finalement, un peu de leur faute.

 

En s’inspirant du livre 18.3. Une année à la PJ, une enquête très documentée de la romancière Pauline Guéna, le cinéaste et son scénariste ont tablé sur la fusion du réalisme et de l’imaginaire. Et évité le piège du film à sujet. C’est précisément parce que les personnages ne sont jamais instrumentalisés ni dévitalisés que La Nuit du 12 touche aussi fort. Servi par Bastien Bouillon, enfin au premier plan, mais aussi par de magnifiques figures féminines (dont la juge, interprétée par Anouk Grinberg dans l’un de ses plus beaux rôles), le récit coule, noir et pénétrant. Suffocant mais salutaire.

 

La Nuit du 12 - film 2022 - AlloCiné

Notre critique de La Nuit du 12: l’incarnation du mâle ICI 

Par Etienne Sorin

Publié le 12/07/2022 à

 

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