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28 août 2016 7 28 /08 /août /2016 06:00
Petit jeu avec le copyright : Un trône pour le ver de terre une nouvelle inédite de Dashiell Hammett vous est offerte !

J’ai acheté Le chasseur et autres histoires publié aux éditions Gallimard, à la librairie Gallimard boulevard Raspail à Paris.

 

La 4e de couverture dit :

 

« Jusqu’ici le nom de Dashiell Hammett restait associé au roman noir américain, dont il a posé les bases au milieu des années 1920 à travers une soixantaine de nouvelles policières et cinq romans fondateurs, dont Le faucon maltais, symbole s’il en est de la mythologie du privé coriace et taciturne.

 

Le chasseur et autres histoires réunit ses nouvelles littéraires inédites et trois scénarios. Plus qu’une curiosité, ce recueil donne pour la première fois l’étendue de son talent d’écrivain.

 

Une occasion rare, par ailleurs, de revenir sur la vie de Dashiell Hammett. Si, par leur qualité, ces fictions attestent ses ambitions littéraires, elles expriment également ses préoccupations sur la place de l’homme et de la femme dans une société en mutation. Le courage et l’altruisme, la cupidité et le cynisme traversent ces textes non dénués de légèreté, grâce à l’humour caustique de leur auteur. »

 

Dans sa Préface Richard Layman note :

 

« Après le faucon maltais, Hammett allait être considéré comme l’un des meilleurs écrivains des États-Unis ; cela aurait dû lui permettre de se faire éditer partout où il voulait. Cependant l’étiquette d’auteur de romans policiers –acquise auparavant – lui collait à la peau. Son lectorat principal était constitué de fans de polars qui aimaient l’association entre intrigue criminelle et fiction réaliste. Avant la parution du Faucon maltais, une nouvelle qu’il avait expédiée à un magazine sur papier glacé aurait directement atterri au service des manuscrits avec des centaines – voire des milliers – d’autres. Et pas forcément acceptée. »

 

« Le nouvelles sont publiées dans l’état où Hammett les a laissées. Nous avons renoncé à y apporter des améliorations et à moderniser le style. Par exemple, les noms composés sont reliés par un trait d’union, exactement comme Hammett les avait orthographiés. Sa manière un peu désuète de former les possessifs a été conservée. »

 

La nouvelle que j’ai préférée, Un trône pour le ver de terre, est un inédit.

 

Elle commence ainsi :

 

- Tu comptes rester là toute la matinée ? Ton petit déjeuner est servi.

 

La suite est ICI

 

La fin suit ci-dessous :

 

« Il exprimait d’une voix grave, avec une autorité naturelle. Napoléon Ier, ordonnant à ses escadrons de dragons de monter à l’assaut, ne se serait pas exprimé autrement.

 

D’un hochement de tête, un cireur de chaussures fut convoqué. D’un autre, l’employée pour la manucure. Avec deux hommes et une femme affairés, qui au-dessus de ses pieds, qui au-dessus de ses mains, Elmer Kipp se perdit dans la contemplation de l’image que le miroir lui renvoyait. »

 

Voilà, c’est tout, j’ai respecté le copyright et vous ai offert l’intégrale d’une belle nouvelle.

 

Bon dimanche.

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27 août 2016 6 27 /08 /août /2016 06:00
« En Corse, il vaut mieux savoir qu’on ne sait pas, plutôt que de croire qu’on a compris. »

Même si je suis maintenant toujours en vacances, la seule question que me posent mes amis, i et e, est simple « Quand pars-tu en Corse ? »

 

La Corse « une île à faire rougir de honte les toutes les autres.»

 

Julie Burchill, militante féministe autoproclamée, déclare dans le Times de Londres sa flamme à la Corse.

 

« Même l'Anglais le plus suffisant, le plus chauvin et le plus près de ses sous risque fort de devoir admettre, si on l'y accule, que quand même il est plutôt sympathique de pouvoir quitter la pluvieuse et humide Albion en prenant un avion à Gatwick à 6 heures du matin pour se poser en Corse environ deux heures plus tard. Et de là, en voiture pendant une ou deux heures de plus, avec son meilleur pote au volant, celui qui n'a peur de rien, emprunter les routes les plus tortueuses dans les montagnes les plus sauvage que connaisse l'homme.»

 

Comme l’écrit mieux que moi JMG Le Clézio « Il y a un esprit des îles... Ce n’est pas facile de dire en quoi cela consiste, mais cela se sent... C’est d’abord et avant tout, un sentiment de l’étrangeté. Ou de l’étranger. Être insulaire, être né dans une civilisation d’îles, cela veut dire qu’on est séparé, éloigné, écarté des autres... On est, naturellement, et irrémédiablement, isolé... Leurs frontières c’est la mer, et la mer n’est pas une véritable frontière. »

 

Malraux, dont on connaît l’art de la formule choc, écrivait « De Gaulle avait son mystère, comme nous avons la Corse » et il précisait « Il y avait en lui un domaine dont on savait qu’on ne l’éclairerait jamais. C’est cela que j’appelle la Corse »

 

Garder sa part de mystère, sa part d’ombre, c’est s’accepter homme, c’est accepter l’autre. La Corse irrite certains, elle me fascine car elle est singulière dans un monde qui se lisse. Oui, la Corse est unique, les insulaires le répètent à l’envi jusqu’à l’outrance. « Une montagne dans la mer » qui scinde son territoire avec l’« en-deçà »(le versant oriental) et l’«au-delà des monts » qui traduit une césure sociale « la terre du commun » et « la terre des seigneurs ». Dès que l’on pénètre dans les terres, que l’on monte « au village » on comprend ce qu’est l’isolement de l’intérieur. Fut un temps, pas si éloigné, où la plupart des villages perchés, nids d’aigles suspendus à la falaise, étaient inaccessibles. «Deux communes adossées aux flancs de la même montagne, et seulement par un trajet de quelques heures, demeurent sans communication d’aucune sorte pendant plusieurs années » Adolphe Blanqui Rapport sur l’état économique et moral de la Corse en 1838. Ce cloisonnement perdure, ici « le kilométrage théorique est moins utile que... le nombre de lacets de la route pour juger de la longueur du trajet. »

 

La Corse est une île méditerranéenne.

 

La Méditerranée, le mare nostrum, avec sa rudesse géographique et climatique qui est cause « de la fragmentation des peuples et de l’accentuation des particularismes. »Elle fait l’unité de ces sociétés promptes à se lancer des défis, à cultiver le paradoxe, sourcilleuses sur le sens de l’honneur, la cohésion de la famille, la pureté du sang... alors qu’il y a peu de régions au monde où le sang s’est autant mêlé. Le « miracle méditerranéen » réside dans la capacité de ces peuples à préserver leur identité. « Le Méditerranéen honore le père, emblème tout puissant de la famille patriarcale, vénère la mère, redoute la femme... » Paul Balta.

 

« La mère, la mort, l’honneur... », le clan, le clientélisme, le paraître, la théâtralisation du quotidien, la violence, la loi du silence... « Le fait est établi, il n’y a guère qu’en Corse qu’une épouse, qui a des éléments à communiquer sur l’assassinat de son mari, ne témoigne pas... » Mais, pour avoir vécu la Corse quand je tenais le dossier au cabinet du Ministre, Dieu sait si la Corse peut-être bavarde, bruir de rumeur, caisse de résonnance d’un lieu clos de 260 000 habitants, grande lectrice de journaux, auditrice de ses radios, spectatrice de sa Télévision. Oui « En Corse, il vaut mieux savoir qu’on ne sait pas, plutôt que de croire qu’on a compris. »

 

Jean-Louis Andreani dans son remarquable livre « Comprendre la Corse » – dans lequel j’ai largement puisé pour écrire cette chronique – « La Corse existe, avec son histoire, sa mémoire, la fierté d’une île et d’une humanité très anciennes, qui n’oublient rien, marquées par la mort et le tragique ; la Corse existe avec ses archaïsmes, ses contradictions, ses rigidités, sa revendication d’identité et son envie de vivre comme le reste de la France, ses richesses humaines et ses petitesses, ses énergies et ses forces destructrices, sans conteste plus fortes qu’ailleurs. C’est un monde particulier, au bord du continent. Il ne sert à rien de le nier, ou de faire comme si on pouvait, justement, ne rien faire et laisser filer, pour ensuite s’insurger de la situation »

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25 août 2016 4 25 /08 /août /2016 06:00
Penser est notre activité première. Mais au fond, avons-nous jamais appris comment.

J’ai acheté ce petit livre Petite philosophie des grandes trouvailles puis il est entré dans l’une de mes nombreuses piles submergé par d’autres livres. Mais, avant de partir sur mon île je me suis dit qu’il fallait que je fasse un peu de spéléologie.

 

 

Mathématicien de formation, Luc de Brabandere a occupé de hautes fonctions dans la banque et la finance avant de reprendre des études de philosophie. Il est aujourd’hui consultant pour le Boston Consulting Group. Il a signé chez Eyrolles Petite Philosophie de nos erreurs quotidiennes (2009), Petite Philosophie des grandes trouvailles (2010) et Petite Philosophie des mathématiques vagabondes (2011).

 

L’ouvrage prend racine dans une question d’un des participants à une conférence sur l’innovation : « Vous dites qu’il faut sortir du cadre mais de quel cadre parlez-vous ? ».

 

Je l’ai donc retrouvé et je l’ai lu.

 

Il s’agit d’un petit livre pratique, dans à peu près tous les sens du terme. Court, percutant, drôle, facile à lire, pétri d’idées et d’observations confrontées à la théorie philosophique. Compter 3 heures de lecture.

 

Ça tombait bien car un des chapitres J’OUBLIE ET PUIS J’Y PENSE cadrait bien avec mes dernières chroniques.

 

J’OUBLIE ET PUIS J’Y PENSE

 

On pense toute la journée. Le matin, on pense à ce qu’on va faire et le soir on pense à ce qu’on a fait. Ou à ce qu’on doit faire le lendemain. Ou à mille autres choses. Parfois la pensée aboutit. Elle permet alors de conclure, de choisir, de décider. Mais souvent, elle est inachevée. On a essayé de comprendre, on a tenté d’expliquer, on a testé une hypothèse, mais en vain. Il faudra donc qu’on y repense.

 

L’occasion s’en présentera d’ailleurs vite, car il n’est pas possible de ne pas penser (sauf peut-être pendant le sommeil, et encore). Penser est notre activité première. Mais au fond, avons-nous jamais appris comment faire ? Pas vraiment. Petit, on nous a expliqué comment nouer nos lacets, rouler à vélo, ou réciter une poésie pour la fête des Mères. Ensuite, nous avons commencé l’apprentissage du calcul et celui d’une deuxième langue. Et puis, on nous a enseigné la géographie et l’histoire, la littérature et les mathématiques, et beaucoup d’autres choses encore… Mais avons-nous le souvenir d’un professeur qui aurait commencé son cours un jour en disant « aujourd’hui, nous allons apprendre à penser » ? Probablement que non. C’est bien dommage…

 

Prenons un exemple. Il nous est demandé tous les jours de « penser au futur de la planète ». Voilà bien quelque chose que nous croyons indispensable, que nous recommandons à tout le monde de faire. Mais l’attention se porte immédiatement sur la Terre et sur tous les défis écologiques qui nous attendent. C’est oublier un peu vite que dans l’expression « penser au futur de la planète », il y a aussi le mot « penser » et que ce mot, à lui tout seul, est un énorme défi. Car il est possible de penser mieux, ce qui est un grand bénéfice quel que soit l’objet de la pensée, qu’il s’agisse de réchauffement climatique ou de l’organisation de vos prochaines vacances.

 

Sans arrêt, nous pensons aux choses, nous pensons les choses. Mais finalement, qu’est-ce que penser ? Je vous propose une réponse en trois temps. Si l’on accepte de dire que réfléchir c’est jouer avec les idées, examinons alors sur quel genre de terrain se déroule le jeu, comment un génie a remporté une partie mémorable au XVIIe siècle, et quelle serait donc la meilleure manière de jouer.

 

Dans une de ses nouvelles fantastiques intitulée « Funes ou la mémoire », qui fait partie du recueil Fictions et qui a été publiée en 1944, Jorge Luis Borges raconte l’histoire étrange d’un homme accidenté. Ayant subi un violent traumatisme, sa mémoire est tout à coup devenue illimitée, et il se souvient désormais de tout.

 

Borges décrit très bien la conséquence effrayante de la situation. Incapable d’oublier, Irénée Funes devient incapable de penser ! Revenant d’un voyage, il ne peut le raconter. Ayant lu un livre, il ne peut le résumer. Et encore moins l’évaluer, le comparer à d’autres, etc. Incapable d’éliminer des détails, il ne peut synthétiser, il ne peut forger de concepts et a fortiori émettre la moindre opinion. Il ne supporte pas que le mot « chien » désigne autant d’animaux différents. Cela le gêne même que le chien de 3 h 14 vu de face ait le même nom que celui de 3 h 15 vu de profil, alors qu’il s’agit pourtant du même. Enfin, pas tout à fait… Pour se remémorer un jour entier, il lui faut un jour entier !

 

Et quand il se regarde dans la glace, il se voit comme une personne différente à chaque instant. Avec une conséquence effrayante que Nietzsche avait bien perçue : un tel homme incapable de voir ce qui est constant en lui ne peut appréhender son identité (du latin idem, le même), il ne peut croire à son propre être…

Borges nous invite à revenir à l’essentiel : pour pouvoir penser, il faut pouvoir oublier. Sans une prise de distance par rapport au monde, l’homme ne peut forger de concept, il ne peut penser au monde. Pour pouvoir abstraire, il doit d’abord pouvoir s’extraire. Cet éloignement par rapport aux choses crée un espace où la réflexion peut se déployer. D’un côté, il y a les objets, et de l’autre, il y a nous, les sujets, obligés de prendre de la hauteur.

 

La suite ICI 

 

4e de couverture

 

« Tout a un jour été trouvaille : la soie, l'aspirine, la boussole, l'inconscient, la chasse d'eau, la colle, la géométrie, la pile électrique, le crayon, la relativité, la boîte de conserve, le code Morse, les lentilles de contact, Gaston Lagaffe, les surgelés, le parcmètre, le livre de poche, l'iPad, le frisbee, le code-barres, le laser, le test de grossesse, la comptabilité...

 

Mais finalement d'où viennent les trouvailles ? Y a-t-il une méthode sûre pour trouver ? Comment se différencient la découverte, l'invention et la création ? Comment Louis Braille a-t-il permis aux aveugles de lire ? Et pourquoi Thomas Edison a-t-il construit une chaise électrique ?

 

Luc de Brabandere apporte ici des éléments de réponse. Dans le style des autres ouvrages de cette série consacrés aux histoires drôles, aux erreurs quotidiennes et aux mathématiques, il dissèque les mécanismes de la créativité. »

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16 août 2016 2 16 /08 /août /2016 06:00
Le Gustave Flaubert n’y allait pas avec le dos de la cuillère « il y a le téton du boulevard, lassé mollasse et tiède, ballotant dans la crinoline… qui apparaît entre le noir du satin sur lequel on frotte sa pine. »

« Sur le sein des mères, le moutard à la broquette pointue éprouve des érections précoces ».

 

Lettre à Louis Bouilhet, 10 février 1851

 

« Après des études de droit inutiles, et avant de s’enfermer à Croisset pour devenir le premier martyr de la littérature, Flaubert part en Orient avec son ami Maxime du Camp. Voyage initiatique et décisif, il en reviendra transformé. La fréquentation des lupanars orientaux, où il copule avec des corps indistinctement féminins et masculins, donne lieu à cette lettre sidérante et troublante à son ami resté en Normandie. »

 

- 29 octobre 1849, départ de Paris.

 

- Novembre-décembre 1849 - Juillet 1850, l’Egypte.

 

- Juillet-novembre 1850, la Palestine, la Syrie, le Liban et l’Asie Mineure où il apprend avec tristesse la mort de Balzac.

 

- 12 vovembre-15 décembre 1850, Constantinople.

 

- 18 décembre 1850, arrivée à Athènes.

 

- Janvier-février 1851, la Grèce.

 

- 11 février-début juin 1851, l’Italie (Naples, Rome, Florence, Venise, Milan.)

 

Louis Hyacinthe Bouilhet, né à Cany (Seine-Maritime, arrondissement de Dieppe), le 27 mai 1822 et mort à Rouen le 18 juillet 1869, est un poète français. Il est le condisciple de Flaubert au collège de Rouen, puis un ami intime. Après l'abandon de ses études de médecine1, Louis Bouilhet exerce les métiers de professeur de littérature et de conservateur de la Bibliothèque de Rouen. Il a appartenu aux mouvements littéraires romantique et parnassien.

 

 

« Parmi les morceaux de sculpture que l'on a trouvés dans l'Acropole, j'ai surtout remarqué un petit bas-relief représentant une femme qui rattache sa chaussure et un tronçon de torse. Il ne reste plus que les deux seins depuis la naissance du cou jusqu'au-dessus du nombril. L'un des seins est voilé, l'autre découvert.

 

Quels tétons ! Nom de Dieu quel téton ! Il est rond-pomme, plein, abondant, détaché de l'autre et pesant dans la main. Il y a là des maternités fécondes et des douceurs d'amour à faire mourir. La pluie et le soleil ont rendu jaune blond ce marbre blanc. C'est d'un ton fauve qui le fait ressembler presque à de la chair. C'est si tranquille et si noble. On dirait qu'il va se gonfler et que les poumons qu’il y a dessous vont s'emplir et respirer. Comme il portait bien sa draperie fine à plis serrés, comme on se serait roulé là-dessus en pleurant, comme on serait tombé devant, à genoux, en croisant les mains ! J'ai senti là devant la beauté de l'expression « stupet aeris ». Un peu plus j'aurais prié.

 

Et c’est qu’il y a, monsieur, tant d’espèces de tétons différents. Il y a le téton pomme, le téton poire, le téton lubrique, – le téton pudique, que sais-je encore ? Il y a celui qui est créé pour les conducteurs de diligence, le gros et le franc téton rond que l’on retire de dedans un tricot gris, où il se tient là bien chaudement gaillard et dur. Il y a le téton du boulevard, lassé mollasse et tiède, ballotant dans la crinoline, téton que l’on montre aux bougies, qui apparaît entre le noir du satin, sur lequel on frotte sa pine, et qui disparaît bientôt. Il y a les deux tiers de tétons vus à la clarté des lustres au bord des loges de théâtre, tétons blancs et dont l’arc semble démesuré comme le désir qu’ils vous envoient. Ils sentent bon, ceux-là ; ils chauffent la joue et font battre le cœur. Sur la splendeur de leur peau reluit l’orgueil, ils sont riches et semblent vous dire avec dédain : « branle-toi, pauvre bougre, branle-toi, branle-toi. » Il y a encore le téton mamelle, pointu, orgiaque, canaille, fait comme une gourde de jardinier à mettre des graines, mince de base, allongé, gros du bout. C’est celui de la femme que l’on baise en levrette, toute nue, devant une vieille psyché en acajou plaqué.

 

Il y a le téton desséché de la négresse qui pend comme un sac. Il est sec comme le désert et vide comme lui. Il y a le téton de la jeune fille qui arrive de son pays, ni pomme, ni poire, mais gentil, convenable, fait pour inspirer des désirs et comme un téton doit être. Il y aussi le téton dame, considéré seulement comme partie sensible, celui-là reçoit des coups de coude dans les bagarres, et les poutres, en plein, au milieu des rues. Il contribue uniquement à l’embellissement de la personne et constate le sexe.

 

Il y a le bon téton de la nourrice, où s’enfoncent les mains des enfants qui s’écorent dessus, pour pomper plus à l’aise. Sur lui s’entrecroisent des veines bleues. On le respecte dans les familles.

 

Il y a enfin le téton citrouille, le téton formidable et salopier, qui donne envie de chier dessus. C’est celui que désire l’homme, lorsqu’il dit à la maquerelle : « donnez-moi une femme qui a de gros tétons. » C’est celui-là qui plaît à un cochon comme moi, et j’ose dire, comme nous. »

 

Et selon chacune de ces espèces différentes, il a, de tout faits d'avance : des tissus, des ornements et des phrases. Les fourrures d'hermine rehaussent de blancheur la poitrine des femmes du Nord. La batiste a été inventée pour les peaux transparentes comme les dentelles frissonnantes pour les seins agités. Blanche comme de la terre de pipe, la toile de Hollande couvre de ses plis le coeur honnête des Flamandes, ménagères à l'oeil bleu qui portent au front des plaques d'argent et qui, sur des bateaux lents, suivent leurs maris en Chine.

 

Là, pour des femmes jaunes, le ver à soie, au soleil, se traîne sur les mûriers. Sans le spencer de velours noir, que serait la joueuse de guitare des rues ? Chaque coeur a son rêve et sa breloque ; la croix d'or à ruban noir est pour la villageoise, la rivière de diamants pour la duchesse, le collier de piastres sonnantes pour les femmes du Nil.

 

Et on les convoite de cent manières, on les embrasse de mille façons, on les appelle dé toutes sortes de mots. »

 

Lettre à Louis Bouilhet, le 10 février 1851

 

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14 août 2016 7 14 /08 /août /2016 06:00
Pascale Robert-Diard c’est presque du Frédéric Dard… les attendus des juges sur les histoires de cul valent les saillies du beau San-Antonio…

Commençons par l’histoire d’un inconnu, dont le membre, indument badigeonné, à l’hôpital, d’acide acétique pur au lieu de sa formule diluée, avait dû être mis en jachère sexuelle pendant 2 mois et demi.

 

La faute reconnue par le médecin, il revenait au juge du tribunal de Saintes (Charente-Maritime) d’évaluer le préjudice subi par son patient.

 

Le plaignant demandait 12 000 francs de dommages et intérêts.

 

Le juge s’est livré au calcul suivant :

 

« La moyenne relevée en général dans les couples français étant d’un rapport par semaine, il [le plaignant] peut légitimement se plaindre d’avoir été privé de dix rapports conjugaux, ce qui fixe la valeur du rapport à 1 200 francs [183 euros]. » Le juge a trouvé que c’était beaucoup trop cher payé et a considéré que 3 000 francs (457 euros) suffiraient à réparer le préjudice « réellement » subi par le propriétaire du précieux outil endommagé.

 

« Pas de semaine sans Brigitte », titrait Paris-Match à l’automne 1961.

 

« Sa moue, ses lèvres, ses seins, ses cuisses dénudées et son insupportable liberté exposés à tous les regards scandalisent la hiérarchie de l’Eglise catholique qui voit en elle une « créature du diable ».

 

Le Vatican avait d’ailleurs choisi une photo de Bardot en transe dansant le mambo dans Et Dieu créa la femme pour incarner le mal et la luxure dans son pavillon à l’Exposition universelle de Bruxelles, en 1958. »

 

L’affiche de La Bride sur le cou, sur laquelle l’actrice apparaît en bikini jaune, les bras repliés en croix sur ses seins, est apposée sur les murs d’un cinéma de Cambrai (Nord). Cette fois, c’en est trop pour les puissantes associations familiales du département, qui assignent aussitôt le propriétaire de l’établissement devant le tribunal de police pour «outrage à la décence ».

 

 

Cette affiche n’existe plus, dans sa version française, sur la Toile : la faute aux attendus du juge Faugeroux.

 

 

Deux mois plus tard, le juge Faugeroux rend son jugement. Il s’ouvre par une inspection minutieuse de l’anatomie de la belle insolente :

 

« Attendu que le visage de l’actrice n’exprime pas la confusion, mais, sous deux yeux effrontés, une moue qui, pour être enfantine, ne laisse pas d’être équivoque. Attendu encore qu’à l’exception du côté droit, où la trame plus serrée du cliché accuse les contours extérieurs et le déhanchement suggestif, le corps est traité en très légère demi-teinte, le cache-sexe qui dissimule la région pubienne se distingue à peine du ventre délicatement modelé sur lequel l’ombilic se dessine avec la précision d’une planche anatomique et le fini d’un bijou. »

 

Le juge poursuit :

 

« Attendu qu’une femme dévêtue sur la plage ou dans une piscine n’est pas indécente, mais que, si elle se promène dans la rue dans la même tenue elle est indécente. Or l’affiche a été apposée dans la rue et par suite, il suffit d’imaginer qu’à sa place il y a le personnage réel… »

 

Attendu qu’à n’en pas douter, le juge Faugeroux s’est lui-même livré à cet effort d’imagination, il en a conclu que tout cela était bel et bien un outrage à la décence et a condamné le propriétaire du cinéma à 200 francs d’amende. »

 

Les petites annonces de Libé : « le représentant de l’accusation énonce gravement les objets du délit : « scorpion, larbin, sucettes, grand gars, cul très ouvert, gros pafs, mecs super-virils » et dénonce cette « volonté de provocation, la revendication d’une liberté absolue, sans limites, sans frontière, ce qui est impossible ».

 

L’avocat de Libération, Me Henri Leclerc, tonne :

 

« C’est donc ça, Messieurs, qui vous choque. Ce n’est pas le fait d’attirer l’attention sur la débauche, c’est qu’on parle de cul ! Est-il encore possible que l’on soit si loin de la réalité, si loin du monde où l’on a sa place de juge ? Vous ne pouvez pas continuer à rendre vos jugements enfermés dans vos salles d’audience, sans savoir que le monde change ! Mais comme il est difficile à la vie d’arriver jusqu’à vous ! »

 

L’exhortation de l’avocat est vaine, le tribunal correctionnel condamne Libération à 3 500 francs d’amende en relevant que « l’infraction est d’autant plus grave qu’elle est commise dans un journal quotidien d’information générale ».

 

La liaison présumée Valérie Trierweiler-Patrick Devedjian dans une bio de la dame.

 

Plainte du monsieur devant la 17e Chambre du TGI de Paris (que j’ai fréquenté par les bons soins d’Hubert).

 

Est-ce une diffamation ?

 

« Une diffamation, rappelle d’abord le tribunal, est « l’allégation ou l’imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération ». Celle-ci, précise-t-il, doit être appréciée « indépendamment de la sensibilité de la personne visée » au seul regard de « considérations objectives d’où s’évincerait une réprobation générale ».

 

Suit ce morceau d’anthologie dans la décision, rendue en juin 2013 :

 

« Attendu que l’adultère a été dépénalisé depuis près de quarante ans et que l’évolution des mœurs ne permet plus de considérer que l’infidélité conjugale serait contraire à la représentation commune de la morale, les propos incriminés, même si le demandeur a pu les juger désagréables, ne portent pas atteinte à son honneur ou à sa considération. »

 

Patrick Devedjian est condamné à verser 1 000 euros à chacun des auteurs au titre des frais de justice qu’ils ont été contraints d’engager.

 

Le député fait appel, mais la cour approuve la motivation du tribunal et la reprend entièrement à son compte. Patrick Devedjian se pourvoit devant la Cour de cassation. Et là, consécration suprême pour la juge Anne-Marie Sauteraud, qui a rédigé le jugement : dans un arrêt rendu en décembre 2015, la plus haute juridiction française confirme. C’est « à bon droit », observe l’arrêt, que les juges ont retenu que « l’évolution des mœurs et celle des conceptions morales ne permettent plus de considérer que l’imputation d’une infidélité conjugale serait à elle seule de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération »

 

En janvier 2012 La Le Pen qui selon Rivarol, qui, dans un long article particulièrement polémique sur son mode de vie, cite ce propos rapporté : « C’est une fille qui aime manger, boire et baiser comme son père. » poursuit à la fois pour « diffamation » et « injures publiques » ce journal d’extrême droite.

 

« Le tribunal rend sa décision un mois plus tard : il écarte la diffamation en relevant que « le fait d’aimer boire, même de façon importante », n’est pas contraire à l’honneur ou à la considération. Il ne partage pas non plus l’avis de Marine Le Pen sur « l’injure » que représente, selon elle, l’usage du verbe « baiser ». « Le choix d’un terme vulgaire pour évoquer de tels goûts, qui n’ont en eux-mêmes rien de répréhensible ni de contraire à la morale communément admise » ne suffit pas à donner « un caractère outrageant » aux propos, dit le jugement.

 

Rivarol est relaxé. La cour d’appel confirme. Mais la Cour de cassation ne partage pas l’avis des juges sur les plaisirs de la vie. En février 2014, elle casse la décision. Sous la plume d’un conseiller de la Cour, l’expression « aimer boire, manger et baiser » devient une « imputation de mœurs dissolues et d’un penchant pour la débauche » que la plaignante peut à juste titre considérer comme injurieuse. »

 

L’affaire du Carlton à propos de DSK et de ses besoins et pratiques sexuelles «hors norme»

 

Le procureur, dans son réquisitoire avait observé : « Chacun est libre de vivre sa sexualité comme il l’entend. Cela relève de la sphère privée. Ni le procureur ni le juge n’ont le droit de s’ériger en gardien de l’ordre moral. Ce que la morale doit parfois réprouver doit rester en dehors du débat judiciaire, dès lors qu’il ne s’agit pas d’une infraction pénale. Nous travaillons avec le code pénal, pas avec le code moral. »

 

La chronique dans son intégralité si vous êtes abonnés ICI De Brigitte Bardot à DSK, le juge, l’arbitre des bonnes mœurs 

 

LE MONDE Par Pascale Robert-Diard

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12 août 2016 5 12 /08 /août /2016 06:00
En 1593, hors le Ghetto de Venise le cimetière de San Nicoló di Mira était cultivé en jardin potager et en vignoble.

Le 29 mars 1516, La Sérénissime impose aux Juifs de Venise de se regrouper dans le lieu-dit « Geto », à l’extrémité nord de la ville, sur une île encerclée par des canaux. Deux portes, ouvertes le matin et refermées le soir à minuit, donneront désormais accès à ce lieu. Les habitants pourront le quitter dans la journée pour exercer leur profession, mais la nuit seuls les médecins seront autorisés à sortir pour soigner les Chrétiens hors les murs…

 

Plaque du mémorial de l'Holocauste

 

Bien avant l’institution du Ghetto, le 25 septembre 1386, deux Juifs influents, sont venus demander à la Seigneurie que leur soit attribué agricole en friche sur la rive de San Nicoló, pour y ensevelir leurs morts.

 

Terrain accordé, sans aucun loyer, mais dont les limites sont fixées : soixante-dix pas le long de la mer et soixante-dix de long de la lagune, une largeur de trente pas en direction de Venise et de Malamocco. Soit un demi-hectare situé à une extrémité non construite de l’île du Lido, couverte de vignes et de potagers, à proximité du monastère bénédictin de San Nicoló di Mira.

 

Ce terrain était par ailleurs le seul bien immeuble dont les Juifs pouvaient être concessionnaires à titre individuel. À noter qu’alors que les sépultures chrétiennes étaient souvent situées intra-muros, celles des Juifs devaient se trouver hors des limites de la ville, dans des terres incultes et non clôturées.

 

Les terres des Bénédictins – le couvent est le plus grand propriétaire terrien du Lido – sont louées à des paysans qui peuvent les cultiver pendant de longues périodes et transmettre l’utilisation de ce bien-fonds à leurs descendants.

 

Avec le loyer, les concessionnaires apporteront une contribution en nature : 2 chapons, un cierge pesant quelques livres, ou une somme d’argent destinée à l’église du couvent.

 

En 1593, le cimetière cultivé en jardin potager et en vignoble, comme les terrains des Bénédictins, est loué par un paysan pour 25 ducats à la Fraterna della Misericordia… Pendant longtemps les deux fonctions – la sépulture et les cultures – se côtoieront, plus encore, elles se trouveront physiquement superposées.

 

« Le contrat du 20 septembre 1609 établit que le maraîcher Francesco Zampieri, fils de feu Pasqualin, loue la vigne et la maison en brique à proximité du cimetière et devra la conserver en bon état. Avec un loyer annuel de 5 ducats, il doit livrer à la Fraterna 3 melons et un panier de pêches ; mais surtout il doit obligatoirement « bien tenir », « diriger », « améliorer » et ne pas « laisser se détériorer » le terrain, dont il doit conserver les limites et les fruits (figues, pêches, poires, pommes, prunes, laurier, saules et un berceau de vignes.) »

 

« Au milieu du XVIIe siècle, l’extension du cimetière – en dépit de sa forte valeur locative et de la riche production de ses « herbes exquises » pour le marché de la ville – à presque doublé : la surface a atteint un hectare et le nombre des arbres fruitiers à beaucoup augmenté, ce qui, une fois de plus, pourraient confirmer que les Juifs sont définitivement acceptés à Venise. »

 

Source : Ghetto de Venise 500 ans Donatella Calabi éditions Liana Levi

 

Lire 

29 mars 2016

Le ghetto de Venise a 500 ans...ICI

 

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11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 06:00
1907-1910 en Champagne : des vignerons quittaient leurs maisons, laissaient leurs terres aux friches. Mais le négoce se sucrait sur cette misère.

Pour les petits louves et les petits qui croient qu’en Champagne la vie des vignerons fut un long fleuve tranquille un tout petit rappel historique.

 

« Révolution dans le secteur, oui. Détonations, chant de refus, les vieux airs de carmagnoles paysannes. Pas compliqué à comprendre : le vigneron crevait de faim. La fin du siècle avait été atroce. La maladie gagnait, une lèpre. Le phylloxéra qui prenait la vigne à la racine, jusqu'à la mort du cep. Il avait fallu arracher les souches, défoncer à la pioche les terrains sinistrés, replanter. Travail de fossoyeur, de forçat, non rémunéré. Les vignes restaient sans rapport. Et pour finir, pendant quatre ans, pas une seule récolte pour se mettre le moral d'aplomb.

 

1907 : le raisin ne valait rien. 1908 : vendanges de nains. 1909 : la pourriture partout, des fumées grises, infectes, planaient sur les plateaux des pressoirs. 1910 : rien ne manqua, orages, gel, grêle, mildiou. On n'aurait pas fait une tarte avec tous les raisins de Champagne, tant la vendange était transparente. Il suffisait que la maladie entre dans un ménage pour que la ruine soit complète. Des terres qu'on se disputait autrefois comme on se dispute la vie ne trouvaient plus d'acquéreurs. Des vignerons quittaient leurs maisons, laissaient leurs terres aux friches. Mais le négoce se sucrait sur cette misère. »

 

« Les fraudeurs fabriquaient du Champagne avec n'importe quoi, des rebuts d'Anjou ou de Meuse, des piquettes achetées au comptant sur le quai des gares à des intermédiaires sans visage, et avec du cidre s'il le fallait. L'argent rentrait.

 

Les vignerons doutaient de tout, et même du ciel. Qu'est-ce qui leur restait ? Le front bas, la hargne, les hymnes provisoires, les drapeaux rouges qu'ils pendaient aux frontons des mairies. La fraude leur donnait le tournis. L'agitation seule arrivait à calmer leur souffrance du travail nié et insulté... »

 

C'est extrait d'un beau roman de Daniel RONDEAU « Dans la marche du temps » pages 126-127 chez Grasset.

 

 

21 janvier 1911 ; Champagne : la coupe est pleine

 

Publié le 20 janvier 2011 par Olivier Le Tigre 

 

Le champagne coule à flot mais dans la rue. Les verres s’entrechoquent mais jetés contre le mur. La révolte des vignerons en Champagne mousse et fait de drôles de bulles. Coalition des mécontents : les vignerons de la Marne souhaitent que le champagne soit véritablement une appellation contrôlée et que les négociants cessent d’importer des récoltes du Midi voire d’Algérie ou de l’étranger.

 

Les vignerons de l’Aube craignent que leur département ne puisse plus produire le précieux breuvage et que leurs revenus -déjà faibles – s’effondrent.

 

En quelques mois, la tension est montée de façon spectaculaire. En fin d’année 1910, un rassemblement de 10 000 vignerons s’était déroulé dans le calme à Epernay. En ce début d’année 1911, les choses prennent une autre tournure.

 

Récoltes répandues sur la chaussée, drapeau rouge hissé sur les mairies, maisons de négociants incendiées : la violence du mouvement commence à inquiéter le gouvernement qui organise une réunion de crise ce jour.

 

Il faut absolument éviter un embrasement généralisé semblable à celui de 1907 dans le Languedoc où la troupe – le fameux 17ème régiment d’infanterie – avait en partie fraternisé avec les émeutiers et où la vie locale avait frôlé la paralysie totale (grève de l’impôt et arrêt de toute activité économique).

 

Le plan que je propose aux ministres est adopté :

 

Partie «carotte», nous faisons accélérer les débats à la Chambre pour qu’une loi sorte dès février prochain pour lutter efficacement contre la fraude vis à vis de l’origine des récoltes et l’interdiction des transports de vins étrangers. L’appellation Champagne doit être définitivement protégée.

 

Partie «bâton», nous envoyons le 31ème régiment de dragons stationné à Epernay et réputé pour sa loyauté.

 

Le préfet reçoit des instructions précises pour mener des pourparlers de sortie de conflit avec les négociants et les vignerons.

 

Quand la réunion se termine, Briand commente : « Il va être aussi difficile de ramener le calme que de reboucher une bouteille de champagne !»

 

 

« En Champagne en 1911 : protestant contre l’importation de raisin à bas prix venant d’autres régions, les vignerons incendient les maisons des négociants et mettent leurs caves à sac. Les bouteilles finissent fracassées par dizaines de milliers sur la chaussée, et les tonneaux sont crevés. À chaque fois, on commence par s’attaquer au piano, souvent détruit à coup de massue : plus que tout autre, il constitue un signe extérieur de richesses. L’automobile aussi, mais le piano encore plus. »

Anne Steiner.

 

LES REVOLTES POPULAIRES DES VIGNERONS MARNAIS 1894-1911

ICI

 

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10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 06:00
Pacser le vin avec n’importe qui n’apporte rien à la mixologie : le Green Cadet c’est le citron qui suffit à créer la différence

Y’ a quelques années, les petits génies du CIVB sont venus à Paris pour séduire la jeunesse dorée qui préfère le Cuba Libre au petit blanc de l’Entre-deux-Mers.

 

J’ai le souvenir d’une soirée à l’Olympia où la mixologie bordelaise avait des allures de bouillie sans atteindre la notoriété de celle-ci.

 

Dégueulasse !

 

Contrairement au tout rond bas de plafond de Barcelone je n’ai rien contre la transgression, libre à chacun, à Cahors comme ailleurs, de faire ce que bon lui semble et l’honneur du vin n’en sera en rien outragé.

 

Certes braire fait de l’audience auprès de la petite poignée des adorateurs qui attendent l’érection du maître mais tout ça ce n’est que du vent !

 

Plus intéressant le foutage de gueule des petits génies du marketing : Emmanuelle Bossard, directrice du pôle vin et pétillant chez Rothschild France Distribution en charge de Mouton Cadet, explique que « pour créer ce long drink à base de Mouton Cadet Sauvignon Blanc, nous avons travaillé pendant un an et demi avec des bartenders parisiens pour trouver une recette qui permette de sublimer le vin sans le dénaturer. »

 

Pensez-donc 1 an et demi pour arriver à la conclusion qu’ « Un trait de sirop de sucre de canne – « qui vient tenir la dilution du vin et garder un équilibre dans le cocktail », un zeste de citron – « qu’on exprime et qui rappelle les arômes d’agrumes du Mouton Cadet Sauvignon Blanc », et c’est tout ! Nul besoin d’autres ingrédients pour ce long drink surprenant. Car c’est le citron qui suffit à créer la différence.

 

Pour en rajouter une louche de franche poilade Emmanuelle Bossard « Même si le fait est simple, le coup du zeste du citron vert rajoute ce petit quelque chose. J’aime aussi utiliser parfois le bec verseur "arrosoir" pour animer la confection du Green Cadet ! Une manière originale de théâtraliser ce cocktail pour créer une ambiance estivale sur table. »

 

Confidence pour confidence très chère madame je me dois de conseiller aux braves consommateurs ou même aux barmans de s’approvisionner en sauvignon hors votre marque fort onéreuse. Le résultat sera le même, sauf que bien sûr les barmans du : Le Comptoir de l’Arc (Paris 8ème), Le Californie (Cannes), La Terrasse du Plaza (Nice), La Bastide de Venelles (Aix en Provence) ou encore La Rascasse (Monaco) ne seront plus sponsorisés par vous.

 

Pas sûr d’ailleurs qu’il y ai beaucoup d’amateurs pour cette savante mixture qui vous a mobilisée un an et demi tout de même.

 

Si vous souhaiter lire l’ensemble de l’œuvre de Diane Ziegler du Figaro-vins c’est ICI son beau et bon publi-reportage pour Rothschild France Distribution.

 

Z’avez dit journaliste ?

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7 août 2016 7 07 /08 /août /2016 06:00
«Le sport sérieux n’a rien à voir avec le fair-play. Il est indissociable de la haine, la jalousie, la forfanterie, le mépris de toutes les règles et le plaisir sadique de voir de la violence. En bref, c’est la guerre sans les coups de feu.» - George Orwell

François Hollande accompagné de deux dames : Anne Hidalgo, maire de Paris, et Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, se rend à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Rio, afin de plaider la candidature de Paris aux JO de 2024.

 

Hormis les critiques liées à ce qu’il va être reçu par le très contesté Michel Temer, président intérimaire du Brésil depuis la mise en œuvre de la procédure de destitution de Dilma Rousseff, et qu’il aurait sans doute mieux à faire que de se transformer en VRP d’une nouvelle candidature de Paris, j’ai décidé de lui offrir le livre de Robert Redeker paru en 2008 « Le sport est-il inhumain ? »

 

 

Notre cher et vilipendé Président, grand amoureux du sport, aura eu tout le temps de le lire dans l’avion qui l’a transporté jusqu’à Rio-de-Janeiro.

 

Sans endosser les oripeaux des altermondialistes, je reprends à mon compte leur célèbre formule en l’appliquant aux athlètes : le sportif n’est pas une marchandise !

 

Et pourtant, comme l’écrit dans son livre Robert Redeker :

 

« Formulons, avant de l’examiner, une hypothèse : le sportif est un mutant soumis à l’impératif de la commercialisation. Il se doit d’être commercialisable. Il ne s’appartient pas – en ce sens, il est le contraire de l’homme libre - il appartient à ses sponsors, il appartient aux médias qui vivent de ses efforts, il appartient à la grande masse des consommateurs d’évènements sportifs. » Alors, continue-t-il « Personne ne se scandalise de ce que les footballeurs, les coureurs cyclistes, et à présent les rugbymen aussi, s’achètent et se vendent sur le mercato, marché interlope où pullulent des maquignons spécialisés dans la chair compétitive, assimilables à de véritables entremetteurs (…) Le sens de leur propre dignité s’est tellement éclipsé chez les sportifs professionnels qu’ils trouvent normale la tenue de pareils marchés. Comme s’ils étaient des bœufs, comme s’ils étaient des esclaves. »

 

Je sais que je risque de ne guère pas vous émouvoir car ce « bétail » palpe lourd, les salaires voisinent ceux des patrons du CAC 40. Mon propos ne se situe pas sur ce plan mais celui d’une véritable mutation des corps des athlètes de haut niveau.

 

Vous qui dézinguez dans la joie et la bonne humeur, comme au temps des chantiers de jeunesse, de braves épis de maïs mutants qui ne vous ont rien fait allez-vous rester insensible à l’érection de Robocops en short. Bien sûr je pourrais vous la jouer en émotion rétrospective, en vous chantant les arabesques de Gachassin, les dribbles chaloupés de Rocheteau, les coups francs de Platini, ou les coups de pédales fluides d’Anquetil ou de Charly Gaul. Des mecs comme nous, des gus dans lesquels on aimait se projeter. Bien sûr, certains, comme Anquetil, se sont un peu dopé à l’ancienne : « bien souvent je me suis fait des piqures de caféine… » Tom Simpson, anglais sympathique, est mort sur les pentes du Ventoux, en plein cagnard, le 13 juillet 1967. Mais comme l’indique Redeker « le dopage de son corps ne se limite plus depuis belle lurette à l’absorption occasionnelle d’une potion magique afin de se surpasser artificiellement. Loin de ce folklore passé de saison, le dopage s’inscrit dans la science en tant que technologie systématique de fabrication de compétiteurs hors normes sur la longue durée. »

 

Je cite toujours : « Le dopage contemporain se définit par la possibilité de changer le corps sur le long terme. La substitution des dopages génétiques et basés sur les nanotechnologies au dopage exogène pointe à l’horizon. Avec le dopage contemporain, et plus encore celui de demain, nous frôlons l’univers des chimères – ces animaux étranges, mi-hommes, mi-bêtes, auxquels les biotechnologies donnent naissance, univers préparé aussi par le dopage génétique. Insuffler des cellules souches embryonnaires d’un cerveau humain à une souris met au monde une chimère. Les sportifs de l’avenir seront peut-être produits sur le modèle des chimères. »

 

Et plus dure sera la chute : « Le dopage high-tech – celui que les contrôles ne parviennent jamais à déceler, mais que tous les responsables du fait sportif, ainsi que la grande masse des observateurs savent l’existence – est sur le point de fabriquer des HGM, des humains génétiquement modifiés, destinés à assurer le spectacle permanent de la compétition. »

 

 

Le mensuel d'avril 2009 de l'UFOLEP et de l'USEP, reprenait l'introduction de Robert REDEKER pour son livre “ Le sport est-il humain?” aux éditions PANAMA

 

« Le sport a bien changé. Les sportifs ont bien changé. Assister, depuis les travées d'un stade ou devant son poste de télévision, à un match de football, de rugby, aux jeux Olympiques ou au Tour de France cycliste, à un tournoi du Grand Chelem de tennis, engendre un plaisir qui n'est plus le même que jadis, car il est devenu impossible de se projeter sur les champions. Le plaisir du spectacle sportif, à présent, n'est plus l'antique plaisir de projection. Chacun pouvait se prendre pour Kopa, pour Poulidor, pour Fouroux ou Maso, pour Gachassin et même pour Platini, parce que ces sportifs, entre mille autres, possédaient une apparence physique semblable à la nôtre, nous, hommes du commun.

 

Lorsque, sur une chaine de télévision spécialisée dans la rediffusion d'événements sportifs du passé - la chaîne ESPN -, le désir nous prend de regarder l'épopée des «Verts», la fameuse AS Saint-Étienne des grandes années, celle de Rocheteau et des frères Revelli, nous ne manquons pas de marquer de la surprise devant la silhouette de ces vedettes de naguère. On dirait des gringalets ! On dirait des juniors ! Pour illustration, remémorons-nous l'allure de Dominique Rocheteau, ou celle de ce prestidigitateur footballistique que fut Jean-Marc Guillou! De Dominique Rocheteau, en ces années soixante-dix, il était encore possible de dire ce qu'Henry de Montherlant écrit, dans un superbe poème, de tout ailier : « un ailier est un enfant perdu ». Produit usiné pour être vendu aux chaînes de télévision, le football contemporain a substitué à ces « enfants perdus » des montagnes de muscle, des Robocop et des Terminator.

 

La même impression nous submerge au spectacle, sur la même chaîne de télévision, des matchs de rugby des années soixante et soixante-dix. On découvre à quel point le physique des sportifs s'est transformé. Leur allure reflétait celui de l'homme de la rue. Début février 2008, Jean Gachassin foula la pelouse du Stade de France, pour donner le coup d'envoi d'un match du Tournoi des Six Nations, France-Irlande. Sa présence fit ressortir avec netteté le contraste entre deux rugbys, deux époques, deux approches du jeu, du sport, du corps. Ce lilliputien dépassant à peine un mètre soixante, magicien d'un rugby défunt que pratiqua aussi le mythique demi de mêlée néo-zélandais Chris Laidlaw, de deux ans son cadet, semblait revenir d'un monde bien éloigné de celui des Goliath contemporains qui attendaient l'heure d'en découdre. (...)

 

Le plaisir de la projection trouve son fondement dans la possibilité d'imiter de façon imaginaire l'action ou le sentiment qui se donne en spectacle, sur la scène, sur l'écran, sur le stade. L'imagination est l'action psychique, au coeur de notre intériorité subjective, par laquelle nous imitons les actions physiques (la course, la pédalée, le coup de raquette, la passe, le drop, le coup franc ou le penalty, etc.) aussi bien que les sentiments (la joie, l'espoir, l'exaltation, l'abattement, la révolte) des champions. Plus : nous imitons également l'état physique, la fatigue ou bien la forme resplendissante. Tendance lourde, la transformation de l'aspect physique d'un nombre de plus en plus important de sportifs (...) interdit peu à peu cette imitation. (...)

 

Cette forme particulière d'intérêt pour le sport, dans laquelle l'imitation occupe la place centrale, ne court-elle pas le risque de se retrouver en voie d'extinction? Souvenons-nous de Tony Rominger, le champion cycliste suisse, descendant de vélo après avoir battu le record du monde de l'heure, en octobre 1994. Avait-il une autre allure que celle d'un extra-terrestre ? Une remarque radiophonique d'Eddy Merckx après la performance de Rominger incite à la réflexion: «Ce n'est plus un coureur cycliste. » De là à entendre « Ce n'est plus un homme »... (...)

 

Prenons place sur les gradins, dans le but d'assister à des affrontements rugbystiques; très différents des folles chevauchées à perdre haleine et à couper le souffle que nous offrait le rugby du temps des frères Boniface (...), les matchs contemporains engendrent en nous le sentiment d'une affaire de science-fiction, d'un combat entre des prototypes d'humains futuristes peuplant un jeu vidéo. D'un combat de Titans fabriqués d'acier, de chimie et d'électronique. Que sont d'autres ces trois-quarts centre perce-murailles de l’équipe de France, tel Damien Traille (1,94m, 104kg), sinon des destructeurs du rêve rugbystique? La grâce ailée des trois-quarts d'antan (...) a laissé place aux chars d'assaut sans subtilité ni poésie, pratiquant un panzer rugby. L'impression que ce sont des êtres humains ordinaires qui concourent sur le terrain s'est perdue chez beaucoup de spectateurs. Il importe d'en rechercher les raisons.

 

Comme le rappelle Daniel Herrero, évoquant dans un superbe livre, « L ‘ Esprit du jeu », l'uniformisation des corps, le rugby était naguère le jeu de l'humanité ordinaire où se retrouvaient, autour d'un ballon aux rebonds capricieux, le gros courtaud et le grand maigre. Don Quichotte et Sancho Pansa, Astérix et Obélix, le petit dynamique à qui revenait le poste de demi de mêlée, le bedonnant destiné au poste de pilier ou de talonneur. Chacun pouvait y jouer, chacun pouvait s'y illustrer. La Coupe du monde 2007 a montré autre chose : les différences deviennent imperceptibles entre un arrière, un trois-quarts centre et un troisième ligne. Universalisé par les médias, le rugby n'est plus jouable par chacun: il n'est plus un sport universel. (...) Une distance infinie s'est creusée entre nous, humains ordinaires, humains de la rue et des trottoirs, et les joueurs, humains fabriqués pour les grandes compétitions sportives, humains.

 

 

Le sport est-il inhumain? ICI 

 

29 juillet 2016 | Leszek Sibilskides

 

 

*Agrégé de philosophie et aujourd'hui chercheur au CNRS, Robert Redeker, 61ans, est l'auteur de plusieurs essais, dont Le sport contre les peuples (Berg, 2002). Fin 2006, il fut l'objet de menaces de mort après la parution dans Le Figaro d'une tribune critiquant l’Islam. La rédaction du Figaro se désolidarise de Redeker et présente des excuses sur Al Jazeera. Pierre Rousselin, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, estimera que cette publication a été « une erreur ». L'article est enlevé du site web du Figaro, mais il y est remis par la suite.

 

Lire aussi ma chronique ICI

Qui se souvient de Nadia Comaneci cette « machine poétique sublime » qui « jette la pesanteur par-dessus son épaule » au JO de Montréal en 1976

« Les Russes ont fasciné le monde entier avec Spoutnik, et, comme les Etats-Unis, ils garderont leur supériorité militaire. La Roumanie, elle, fait de celles que Béla appelle ses « fillettes missiles » le show mondial le plus adorablement fascinant avec l’arme suprême : la bombe Nadia C., qui exécute ce que des spécialistes américains évoquent en ces termes, « de la démence pure, une impossibilité biomécanique ».

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6 août 2016 6 06 /08 /août /2016 06:00
L’habit fait-il encore le moine ? Les tenants de l’uniforme civil de Steve Jobs à BHL en passant par Ardisson.

« Dans notre société hypermoderne et « performeuse », la pure spontanéité est devenue rarissime. Tout le monde est plus ou moins factice, joue un rôle avec une gravité sans faille. Du PDG qui enfile chaque jour son costume sombre de tueur en col blanc au bad boy des cités qui arbore ostensiblement sa tenue ultra-codifiée de gangstarap, tout le monde fait l'acteur, endosse une panoplie permettant de s'identifier socialement.

 

Il n'y a pas si longtemps, les métiers avaient un uniforme, dans la rue on pouvait voir passer le charpentier, le maçon, ou le bougnat, cette fierté d'appartenir à une corporation les dispensait d'avoir à jouer un rôle, il leur suffisait d'être, tout simplement. Depuis, les frontières se sont brouillées, et chacun choisit son propre habit de scène au magasin des accessoires, c'est-à-dire chez Armani ou chez Décathlon, ce qui aboutit, non à la diversité, mais au contraire, à une forme de standardisation fondée sur quelques archétypes convenus et débouchant sur l'anonymat pur et simple... »

 

Olivier Bardolle Des ravages du manque de sincérité dans les relations humaines L'Esprit des Péninsules

 

Le comble de l’uniformité serait-il de s’habiller tout le temps pareil !

 

Steve Jobs, le patron d’Apple, après avoir caressé l’idée au début des années 80 d’imposer un uniforme à ses employés, accumula au fil des ans plus d’une centaine de polos noirs à manches longues et col cheminée de la marque St. Croix, ainsi que des dizaines de paires de 501 Stonewashed et de New Balance grises, modèle 991.

 

 

L’écrivain Tom Wolfe, collectionne les costumes blancs qu’il arbore chaque jour, tout au long de l’année.

 

 

En France, BHL, Michou, Thierry Ardisson, ont forgé leur image autour d’une charte graphique précise : chemise blanche ouverte pour l’éternel nouveau philosophe courant sur tous les fronts de la planète, que du bleu pour le noctambule montmartrois y compris les lunettes, rien que du noir pour le poseur de question « est-ce que sucer c’est tromper ? »

 

 

« À chaque fois, ces tenants de l’uniforme civil, il y a la volonté de faire passer un message. Ils ne s’habillent pas, ils communiquent. Pour Ardisson, le noir est aussi le moyen, outre de cacher un imposant arrière-train, de marteler qu’il n’est pas un animateur télé ordinaire… »

 

Marc Beaugé.

 

Pour ma part je n’aime pas les uniformes civils ou militaires – lisez moi bien pour en porter un chaque jour – alors être habillé chaque jour en deuil comme Ardisson ou être accoutré été comme hiver d’un col roulé comme l'était Steve Jobs ce n’est pas ma tasse de thé.

 

J’aime changer de vêtements selon mes humeurs, le temps qu’il fait, du lieu où je vais…

 

J’aime les couleurs…

 

Le seul uniforme que j’ai porté fut un sarrau d’écolier, gris ou noir.

 

Détournement d’uniforme

 

« Des tenues de chantier aux habits militaires, les vêtements professionnels sont réinterprétés par les créateurs dans des matières plus nobles.

 

Lors des défilés de janvier dernier pour l'automne-hiver 2015-2016, combinaisons de chantier revisitées, vert militaire et orange signalétique, sacs marins et chaussures de sécurité pour la ville.

 

Dans un atelier de maintenance de la RATP, Dries Van Noten présente des dockers empreints de poésie. Ils sont vêtus de parkas, gilets de protection et autres cabans dont les bandes phosphorescentes se seraient changées en broderies ou étoffes moirées.

 

 

Chez Umit Benan, l'homme prend des allures (très littérales) de pêcheur - pull marinière et salopette en toile enduite jaune - quand, chez Jil Sander, Rodolfo Paglialunga applique le souci d'épure de la maison à des vestes multipoches assorties de pantalons resserrés à la cheville façon treillis, et de gros godillots à semelles crantées.

 

Bien entendu, ce n'est pas la première fois que le vêtement de travail sort du cadre professionnel. «C'est à la fin du XIXe siècle que la haute bourgeoisie commence par détourner les tenues de travailleur pour la pratique du sport. Par exemple, les chandails et tricots de corps en coton que l'on ose alors porter pour jouer au tennis. Fonctionnelles, pratiques et confortables, ces pièces sont ensuite devenues des classiques du dressing contemporain au fil du siècle dernier», rappelle Xavier Chaumette, historien de la mode. Dans les années 1960 et 1970, bleus d'ouvriers, uniformes de soldats et manteaux de marins ont accompagné l'émancipation de la jeunesse.

 

Reste que l'apparition du vêtement de travail dans les collections de prêt-à-porter témoigne généralement de l'essoufflement d'un modèle. Pendant la guerre du Vietnam, les jeunes hippies détournaient habits militaires et vestes de travail en symbole de paix. Plus récemment dans les années 1990, des labels comme APC les ont remis au cœur d'un style désigné comme antimode. «Ces pièces somme toute très basiques sont souvent le signe d'un ras-le-bol de la mode. Leur simplicité nous rend tous égaux et son côté passe-partout est un refuge», décrypte Xavier Chaumette.

 

 

« Les hommes ont la passion des idées simples, le complexe, l'ambigu, le raffiné les inquiètent, la mentalité générale procède d'une psychologie de basse-cour. Tout doit être conforme, convenu, prévisible. »

 

Olivier Bardolle

Carrière : haro sur les costumes insipides ICI

Quelle cravate : la bleue ou la noire ? Selon la BBC, la façon de s’habiller pour se rendre au travail revêt bien plus d’importance que ne le laisse transparaître cette question d’esthétique. Un costume gris ou noir classique, par exemple, ne permet pas à celui qui le porte de marquer les esprits lors d’une présentation. Un vêtement trop banal pourrait même freiner la carrière, assurent en chœur des stylistes de grandes maisons de couture. Venant du monde de la mode, cette affirmation est plutôt attendue. Mais la recherche scientifique va également dans ce sens. Ainsi, une étude allemande établit un lien direct entre la perception de soi et les vêtements portés. Professeure de psychologie à l’université du Hertfordshire, Karen Pine rappelle de son côté qu’on juge en quelques secondes une personne qu’on rencontre pour la première fois et que les habits jouent un rôle primordial dans cette première impression.

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