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27 octobre 2016 4 27 /10 /octobre /2016 06:00
« Le Veuf en daube » ou comment 1 ex-manieur de bistouri nous gobichonne le gosier en moulinant des mots saupoudrés d’ironie : la cuisinothérapie

Mon amour pour les petits livres est comme ma soif et ma faim : inextinguible…

 

Dimanche dernier, profitant d’un soleil à éclipse, je suis monté jusqu’au Monte en l’air pour tenter de l’étancher.

 

Bien m’en a pris car je suis tombé sur un opuscule de taille modeste mais tendre et fort goûtu. L’auteur, un ancien manieur de bistouri, a troqué celui-ci pour un écorche-poulet (écouter ci-dessous : La complainte du progrès de Boris Vian) afin de nous concocter un O.E.N.I : Objet écrit non identifié.

 

« La cuisine est l’affaire de tous et tout est à faire en cuisine… » écrit dans sa Préface Guillaume Gomez (MOF et président des cuisinier de la République Française) et qui cite Erasme pour qui un repas est insipide, s’il n’est assaisonné d’un brin de folie…

 

Autre référence de poids Frédéric Dard, grand amateur de tortore, « Un mec qui sait bâfrer enchtibe tous les autres. »

 

 

Bref, ne tournons pas autour du pot « Le veuf en daube » est un livre qu’il faut stocker dans son garde-manger « pour commencer à rêver de petits plaisirs, ceux qu’on avait eu dans son enfance, dans sa vie : la daube de mémé, la blanquette mijotée nappée de crème, les pommes au four, tièdes et dorées, avec la confiture  de groseilles qui ruisselle dans les craquelures… Évoquer, retrouver, reconnaître le lien à la mère, première nourricière (Freud m’entends-tu ?), c’est évoquer toutes les figures matricielles qui ont pris du temps pour nous faire plaisir ou pour nous consoler. On a toujours du chagrin quand on est petit, mais il se peut que plus tard on en est aussi. »

 

 

 

C’est tout moi ça !

 

« Enfin, et pour plagier Francis Picabia (Affiche pour le salon d’automne, 1922) l’auteur Jean Ronceray croit pouvoir affirmer :

 

qu'il est un loustic 

 

qu’il n’est pas un linguiste

 

qu’il est un idiot

 

qu’il n’est pas un cuisinier

 

qu’il est un professeur

 

qu’il n’est pas savant

 

et surtout

 

qu’il n’est pas sérieux

 

et si vous avez tout compris, c’est qu’il s’est mal exprimé. »

 

Et pour couronner le tout, tels des cerises sur le gâteau, les dessins de Jacques Colombay sont de vrais bijoux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin pour plaire à Jacques Dupont grand ferrailleur devant l’éternel  des abstèmes la définition de l’EAU par l’auteur ex-blouse blanche :

 

« WC Fields (in Fields for president 1940) disait qu’il n’en buvait jamais depuis qu’il avait envisagé tout ce que les poissons y faisaient. C’est l’acide hydroxique, (dihydrogen monoxyde ou DHMO), et ce n’est pas un produit très sympathique. Responsable partiellement de l’effet de serre et du réchauffement climatique qui vont obérer notre avenir, et d’innombrables maladies infectieuses ou parasitaires qui occasionnent beaucoup plus de décès que l’usage du vin. Enfin l’abus personnel peut conduire à l’hyponatrémie, l’œdème cérébral, et même au coma (water intoxication syndrom). De plus elle est « vénéneuse, car elle contient un autodépresseur  suractif, dont la consommation régulière peut conduire au suicide, au meurtre, voire même à s’abonner à Jours de France » Pierre Desproges. On peut admettre, cependant, que consommée avec modération – pour diluer le pastis ou l’anisette, voire légèrement le whisky – elle ne peut sans doute pas faire grand mal, car sa toxicité est contrebalancée par le pouvoir antiseptique de l’alcool. »

 

J’allais l’oublier le narrateur est un dénommé Hom (pour être moins cérémonieux que l’homme métaphysique, et moins neutre, moins insipide que ce vague et indéfini « on »), un veuf qui en réussissant la daube « prouvera à tous, que le vide peut se combler, que la peine peut s’éloigner, que Hom n’est pas mort, qu’il ne survit pas, mais qu’il vit. Comme le divin boiteux, mais dans un autre registre, il aura « Fait surgir un rire émancipé du gosier  de la mort. » Shakespeare, Peines perdues d’amour.

 

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 06:00
Jacques n’a plus la cote mais la Saint-Jacques est la star de l’automne… avec un brut nature Bourgeois-Diaz les bulles échappent à l’attraction terrestre…

C’est mon parrain Alain qui a décidé de mon prénom : Jacques, Jacques le majeur saint patron à la coquille de notre paroisse.

 

C’est par le plus grand des hasards que j’ai établi, depuis presque vingt ans, mes pénates dans un immeuble du boulevard Saint-Jacques dans lequel  se jette la rue du Faubourg-Saint-Jacques qui prolonge, à l’intersection du boulevard de Port-Royal, la longue rue Saint-Jacques  qui est probablement la rue la plus ancienne de Paris, son tracé est inchangé depuis au moins le 1er siècle av. J.-C.

 

Le prénom n’a plus la cote, c’est un prénom de vieux, désolé cher Jacques le bas-bourguignon, nous sommes une espèce en quasi disparition.

 

JACQUES EN CHIFFRES

 

Popularité actuelle : Prénom rare

 

Popularité depuis 1900 : Prénom très fréquent

 

Tendance actuelle : Prénom stable

 

Meilleure année : 1946 (15 408 naissances de Jacques)

 

Naissances en 2013 : 109 garçons ont reçu le prénom Jacques

 

Naissances depuis 1900 : 482 158 garçons ont reçu le prénom Jacques

 

Age moyen des Jacques : 75 ans

 

En 2013 le prénom Jacques occupe le rang n°446 du top des prénoms de garçon et le rang n°886 du classement des prénoms les plus donnés en France.

 

Les départements où le prénom Jacques est le plus populaire en 2013

 

Paris (75) : 26 Jacques Nord (59) : 7 Jacques Bouches-du-Rhône (13) : 6 Jacques Yvelines (78) : 6 Jacques Haute-Garonne (31) : 5 Jacques Bas-Rhin (67) : 5 Jacques Seine-Maritime (76) : 4 Jacques Alpes-Maritimes (6) : 3 Jacques Gironde (33) : 3 Jacques Loire-Atlantique (44) : 3 Jacques

 

En revanche cher Jacques Dupont ton compère Olivier Bompas célèbre la vraie coquille Saint-Jacques "Pecten maximus", fraîche et dans sa coquille, qui est enfin de retour sur les étals.

 

ICI 

 

Au passage je note que ma sainte mère souhaitait me prénommer Olivier.

 

 

 

Attention à la contrefaçon !

 

« Mais, attention, on parle là de « Pecten maximus », la seule, la vraie, et non des nombreux pétoncles qui ont droit depuis 1996 à l'appellation « Saint-Jacques », à des fins strictement commerciales. La différence est simple, la coquille Saint-Jacques est pourvue d'une valve inférieure bombée et d'une valve supérieure plate, les pétoncles sont formés de deux valves bombées. Une spécificité anatomique pas toujours simple à vérifier, ces nombreuses variétés étant proposées sous forme de noix décoquillées, le plus souvent congelées, et la plupart du temps transformées en plats cuisinés... 

 

Comble du raffinement, la plupart des « Saint-Jacques » d'importation sont « trempées », en d'autres termes, gorgées d'eau, jusqu'à 50 % du poids, et pour faire bonne mesure, « glazurées », c'est-à-dire protégées par une fine couche de glace. »

 

Ce sujet je l’avais abordé le 17 décembre 2013

 

« Confondre la pétoncle et la coquille Saint-Jacques dans une même appellation revient à autoriser la dénomination caviar pour les œufs de lump »

 

Les pétoncles seraient-elles des petites sœurs des coquilles Saint-Jacques ?

 

La réponse est non même si elles ont un petit air de famille. Sur ce sujet je ne vais pas vous embrouiller dans les méandres des classifications des naturalistes. L'histoire de la dénomination du pétoncle est complexe. « Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, il a servi pour nommer une grande diversité de coquillages avant que Jean-Baptiste de Lamarck n'en fasse un genre précis (Pectunculus). Les pétoncles de Lamarck et des naturalistes du XIXe siècle ne correspondent toutefois pas du tout aux coquillages que nous connaissons aujourd'hui sous ce nom. »

 

« Les plats cuisinés portant la marque « Produit en Bretagne » (le phare) nommés « Coquille de Noix de St Jacques, Recette Bretonne » sont le parfait exemple, on vous sert des noix de pétoncle du Chili dans des valves de vraies coquilles avec une recette pseudo bretonne ! »

 

« En surgelé, là pour savoir ce qu'on bouffe, qu'une solution, regarder sous les gros titres mensongers, car tous les coquillages de cette famille peuvent s'appeler « noix de Saint -Jacques » (noix car ils sont décoquillés), le nom scientifique de l'espèce et le pays d'origine du coquillage doivent être indiqués dans l'étiquetage. Pecten Maximus c'est de la véritable coquille Saint-Jacques. Mais bien souvent, on trouvera que des pétoncles aux noms exotiques, des noix du Chili (Argopecten purpuratus) ou des de Chine (Clamys farreri), mais des européennes : Chlamys varia et Chlamys opercularis. Ne pas se leurrer avec la présence de corail, certains pétoncles en ont aussi. Dans les rayons plus de 90% des produits proposés sont des pétoncles ! L'aquaculture des pétoncles est très développée dans les pays asiatiques, mais il y a encore peu d'importation de ces produits pour des raisons sanitaires.

 

Reste pour terminer un sujet de discordance avec les 2 compères du POINT : le vin !

 

En effet, pour eux, le vin nu est réservé aux jeunes zozos adeptes du jus de raisin qui vit sa vie en union libre.

 

Je pousse un peu loin le bouchon rien que pour les embêter car dans les conseils d’accords Olivier propose le champagne Bourgeois-Diaz 

02310 Crouttes-sur-Marne

Tél. : 03 23 82 18 35

Champagne - Cuvée 3C extra-brut

 

Jérôme Bourgeois :

 

Nous exploitons un domaine de sept hectares, une trentaine de parcelles réparties à Crouttes sur Marne et sur les communes environnantes. Nos vignes, au sol argilo-calcaire, sont en majorité exposées sud-ouest et plantées à 55 % de Pinot Meunier, 30 % de Pinot Noir, et 15 % de Chardonnay.

 

Nous avons toujours travaillé les vignes comme des jardins et cela se ressent dans nos vins. A la vendange, les raisins sont triés à maturité parfaite et pressés sur pressoirs traditionnels. Seules les meilleures parcelles sont vinifiées dans nos chais.

 

Nous travaillons le sol, raisonnons toutes nos interventions sur la vigne, et visons à obtenir un rendement moyen en employant les tailles nobles champenoises. Les vignes sont systématiquement ébourgeonnées à la main et certaines vendangées en vert si cela est nécessaire.

 

Nous portons un soin extrême à l'élevage de nos vins. Ils sont vinifiés dans des cuves inox, et dans des fûts de chêne pour les cuvées spéciales. Nos cuvées vieillissent au minimum 27 mois en cave pour les cuvées de base et jusque 5 ans pour les plus grandes cuvées. Elles sont élaborées par assemblage des trois cépages champenois, avec des proportions différentes, favorisant l'équilibre et le fruité du vin. Travailler le vin est pour nous une passion, et votre satisfaction la meilleure des récompenses.

 

ICI 

Jacques n’a plus la cote mais la Saint-Jacques est la star de l’automne… avec un brut nature Bourgeois-Diaz les bulles échappent à l’attraction terrestre…
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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 06:00
Le cerdon est un vieux luron qui plaît aux jeunes fripons !
Le cerdon est un vieux luron qui plaît aux jeunes fripons !

Le 20 octobre 2008 au tout début de mon blog je titrais, oui, oui, « L'Ain et le Cerdon "Clos de Bierle", c'est le luxe au naturel »

 

Revenons à l'Ain et au Bugey et sa petite merveille qu'est le Cerdon qui, pour moi, est un vin d'initiation par excellence. Lorsque je l'ai découvert et apprécié, voilà plus de 10 ans, au restaurant Square Trousseau et que j'ai ensuite entrepris une tournée chez les cavistes parisiens pour m'approvisionner je suis revenu bredouille. Pas un seul flacon de Cerdon et, pire encore, certains cavistes ignoraient jusqu'à son existence. Je dû, par l'internet, contacter le vigneron, Thierry Troccon pour savoir où je pouvais me procurer son nectar. C'est à Boulogne-Billancourt qu'il se nichait et je dus prendre ma petite auto pour enfin combler mon désir de Cerdon.

 

Depuis, chez moi c'est devenu le must des jeunes pousses.

 

Ils adorent... C'est frais, c'est rouge, c'est peu alcoolisé, c'est désaltérant, c'est joyeux car ça pétille naturellement, que demander de plus...

 

 

Avec un léger temps de retard mais avec plus de pertinence dans le choix l’ami Olif le 23 juin 2009 titrais : Sers donc un Cerdon!

 

« Le Cerdon, c'est la boisson préférée des enfants, depuis qu'ils sont un peu plus grands. Du fruit, un peu de sucre, de la bulle, festive et gouleyante, peu d'alcool (7,5° pour celui-ci), il faut reconnaitre que ça surclasse nettement le Champomy. »

 

La suite ICI 

 

Bref, sans me pousser du col, j’étais en avance sur la tendance que note  le dernier numéro du LeRouge&leBlanc : « Pétillant naturel rosé, plein de douceur, le cerdon constitue une curiosité parmi les vins français. Son faible taux d’alcool le place dans l’air du temps ; sa méthode ancestrale de fermentation l’ancre loin dans le passé. »

 

Nos austères dégustateurs s’enthousiasment : vin de gourmandise, vin proche de l’idéal commercial du XXIe siècle… mais très éloigné du modernisme… Ouf ! « D’anciennes archives l’évoquent déjà comme un breuvage apprécié au XVIe siècle par Marguerite d’Autriche, princesse de Bourgogne, future infante d’Espagne et duchesse de Savoie. » Un pedigree à mettre en joie les héritiers du baron Le Roy et de Capus réunis.

 

Mais, nos amis du LRLB se font poètes « ce vieux monsieur aux allures de tendre jouvenceau l’a pourtant échappé belle… »

 

De quoi, de quoi, d’où venait le danger pour ce produit ancestral « pet nat » (sic) ?

 

Des vignerons eux-mêmes qui dans la seconde moitié du XXe ont failli le faire tourner en vulgaire mousseux en trouvant plus pratique et plus rentable gazéifier au CO2 un vin dont la fermentation s’était achevée en cuve plutôt que de taper la méthode ancestrale.

 

Celle-ci, expliquée ci-dessous pour les petites louves et les petits loups qui m’alpague pour que je leur fasse un speech sur la dite méthode. La technique et moi ça fait 2.

 

 

Et savez-vous qui a sauvé le cerdon de n’être plus qu’une vulgaire limonade au gamay ?

 

Je vous le donne en mille, ça va faire plaisir à Philippe Cuq, l’Union Européenne !

 

En effet, la suppression de la catégorie VDQS où était parqué le cerdon a permis aux vignerons du village de Cerdon et leurs voisins en passant AOC, en 2009, « de refuser tout autre processus de fabrication que la fermentation en bouteille, seule garante de la finesse des arômes et de la bulle. » Il faut souligner que quelques vignerons dynamiques avait relancé le cerdon méthode ancestrale soutenus dans leurs efforts par des loulous comme ma pomme.

 

Bref, si vous voulez tout savoir sur le cerdon achetez LeRouge&leBlanc de l’automne.

 

Quelques conseils judicieux des experts LRLB :

 

  • Le cerdon se boit jeune et frais (froid même aux alentours de 6°C pour que le sucre ne prenne pas le meilleur sur l’acidité.)

  • Tous les producteurs sont formels il est meilleur quand il est bu dans l’année de production. Au vieillissement, il perd de son fruité sans gagner de complexité.

  • Enfin, il ne gagne rien à titrer plus de 8°5, bien au contraire la montée en alcool annihile les arômes de fruits frais.

Aujourd’hui ma crèmerie vous recommande le Cerdon de Raphaël Bartucci disponible à la Cave des Papilles rue Daguerre.

 

 

Les limiers du LRLB l’ont visité : quelques extraits !

 

Issu d’une famille calabraise il a quitté la Moselle, où il exerçait la profession d’électromécanicien pour s’installer à Mérignat, en 1983.

 

 Raisons : il supportait mal « d’être réveillé par son patron » et voulait « produire quelque chose de A à Z »

 

Converti au vin qu’il avait appris tardivement à aimer, il a repris 2,5 ha dans un environnement où l’étranger, au départ, n’était pas bien vu.

 

« J’ai pourtant eu la chance de connaître les six vieux vignerons du village qui travaillaient encore en méthode ancestrale. Ils m’ont appris beaucoup. Puis ce fut la rencontre avec Marcel Lapierre et Pierre Overnoy. Marcel Lapierre est venu vendanger et m’a appris à vinifier avec le minimum de soufre. J’en mets 30 à 40 mg/l au pressurage, c’est tout. La chimie ne me convenant pas, en 1986 je suis passé à la culture biologique. »

 

Raphaël Bartucci vendange tard, jusqu’en octobre, et ne levure ni chaptalise. Les 10% de poulsard apportent de la finesse, de la douceur et de la légèreté, alors que le gamay reste simplement fruité.

 

 

C’est lui qui obtient la meilleure note (j’adore les notes) 14,5/20

 

Je note aussi que l’équipe du LeRouge&leBlanc se régalait au resto Le Baratin où les cerdon étaient versés à flots… Bravo ! et maintenant vous buvez quoi les gars et la Sonia Lopez-Calleja ?

                                        

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14 octobre 2016 5 14 /10 /octobre /2016 06:00
Le diagramme des trois aimants (Three Magnets) de Howard, où il pose la question : « Où iront les gens ? » avec comme choix : « ville », « campagne » ou « ville-campagne »
Le diagramme des trois aimants (Three Magnets) de Howard, où il pose la question : « Où iront les gens ? » avec comme choix : « ville », « campagne » ou « ville-campagne »

Le diagramme des trois aimants (Three Magnets) de Howard, où il pose la question : « Où iront les gens ? » avec comme choix : « ville », « campagne » ou « ville-campagne »

Le mouvement Incredible Edible est un mouvement participatif citoyen libre,  indépendant, éthique, solidaire et apolitique au sens partisan du terme. Il est non marchand et sans but lucratif, et s’inscrit dans une démarche de gratuité.
Il est mondial et autonome. Il vise l’auto-suffisance alimentaire des territoires et la nourriture saine et partagée pour tous.

Il est ouvert à toutes celles et ceux, hommes – femmes – enfants, de tous peuples et de toutes nations, de tout âge et de toute condition, simples citoyens du monde, qui se reconnaissent dans l’unité de la vie et du genre humain, et aspirent à de nouveaux rapports entre les hommes et à un mode de vie totalement transparent, éthique, solidaire et co-responsable du tout.

Il rassemble celles et ceux qui, très concrètement, veulent « faire leur part » pour accéder, par le changement de regard sur eux-mêmes et sur le monde, à une nouvelle réalité heureuse, féconde et bienveillante : celle de l’abondance partagée, fruit de la terre et de la participation consciente, libre et souveraine de celles et ceux qui veulent en faire l’expérience, individuellement et collectivement.

***

La suite ICI

 

Dans son livre « Ville affamée » Carolyn Steel (cette chronique lui doit tout) écrit :

 

« Si tous les projets utopiques sont voués à l’échec et que tous les utopistes activistes se leurrent, pourquoi se donner la peine d’analyser l’utopie ?

 

Pour la simple raison que l’utopisme est le seul à se rapprocher un tant soit peu d’une histoire de la pensée transdisciplinaire sur le thème de l’habitat humain.

 

 

 

 

 

Les Lumières nous ont appris à penser en termes de disciplines, ce qui est également très utile, jusqu’à un certain point. Cependant, ces deux siècles de pensée disciplinée nous ont donné l’architecture, l’urbanisme, la sociologie, la politique, l’économie, l’anthropologie, la géographie, l’écologie et l’ingénierie  de la circulation, chacune de ses branches étant capable de fonctionner dans un vide virtuel. Mais ils ne nous ont pas donné le moyen de penser à l’habitat de façon holistique. Or, l’utopisme constitue au moins une tentative à cet égard. On pourrait dire qu’il nous a apporté l’ « urbanisme intégré » plusieurs siècles avant que les ingénieurs d’Arup n’inventent cette expression.

 

Prises séparément, les utopies activistes tendent à paraître extravagantes, fantaisistes ou déficientes. Mas envisagées ensemble, elles révèlent une remarquable cohérence.

 

Leurs buts sont souvent identiques : rapprocher l’homme de la nature, fusionner la ville et la campagne, partager le travail, renforcer le sentiment d’appartenance communautaire. On peut dire la même chose de ce qu’elles rejettent : les conurbations tentaculaires, la mondialisation, la concentration des richesses, l’asservissement

 

[…]

 

Le problème réside dans la nature mêle de l’utopie. Si elle est un « bon lieu », elle n’est aussi « aucun lieu » car le monde réel ne peut jamais être parfait.

 

[…]

 

En échouant aussi invariablement, l’utopisme nous enseigne un certain nombre de leçons essentielles. Il nous avertit des dangers que représentent la myopie, la mégalomanie, la monoculture. Il nous montre ce que l’urbanisme peut accomplir ou pas. Il prouve l’importance de l’échelle, de l’histoire, de l’air du temps. Il nous révèle que nous ne pouvons ni contrôler le monde, ni lui échapper. Et par-dessus tout, il nous rappelle nos propres limites. Nous aurons beau  essayer de changer le monde, nous en faisons toujours partie. Paradoxalement, sa plus grande leçon est de ne pas perdre de vue la réalité. »

 

Howard Ebezener, modeste et discret, n’avait pas le profil-type du visionnaire. Après être parti aux Etats-Unis à l’âge de 21 ans  « pour s’apercevoir, entre autres, qu’il n’était pas fait pour l’agriculture, il passa le reste de sa vie à Londres où il travailla comme sténographe parlementaire. »

 

« Son concept de cité-jardin consista en un amalgame d’à peu près toutes les idées utopiques existantes, de Platon à More en passant par Owen, Marx et Morris. Chose remarquable, Howard parvint à tirer de cet embrouillamini une proposition d’une telle cohérence et d’un tel attrait qu’elle gagna aussitôt le soutien de convertis dont la plupart des utopistes ne purent que rêver : des capitaines d’industries plein aux as. »

 

En 1902, Howard exposa à nouveau son concept dans Garden Cities of to-morrow : les Cités-jardins de demain.

 

Dans cet ouvrage il expose des projets détaillés de ce qu’il qualifiait d’ « aimant-ville » une cité-jardin associant les bienfaits de la vie urbaine à ceux de la vie rurale, tout en neutralisant les inconvénients des deux.

 

Son « aimant-ville » occuperait 2400 ha dont 200 seraient urbanisés et le reste cultivé.

 

Le point crucial c’est que « l’ensemble des terres seraient détenues par la communauté et administrées par fidéi-commis en son nom, toutes les rentes étant affectées à la gestion de la cité et au financement des travaux et édifices publics. Si bien qu’à mesure que la valeur de la terre augmenterait, la cité s’enrichirait, et non les propriétaires individuels. Du fait du lien étroit entre ville et campagne, le domaine agricole prospérerait, bénéficiant des débouchés pour ses produits ainsi que des déchets de la ville pour accroître la fertilité de son sol. »

 

Réaliste Howard précisa dès le départ que ses plans devaient être considérés comme « une simple suggestion dont on s’écartera probablement beaucoup. »

 

Il préconisa que son « groupe de villes » ou « ville-grappe », comprenne une agglomération centrale légèrement plus importante avec 58 000 habitants, afin de ne pas sacrifier les bienfaits de la vie urbaine.

 

« Nous obtiendrons un groupe de villes […] autour d’une unité centrale, de telle sorte que chaque habitant de l’ensemble, quoique en un sens vivant dans une petite ville, vivrait en réalité dans une grande er magnifique cité, profiterait de tous les avantages, et disposerait pourtant moyennant quelques minutes de promenade à pied ou à cheval, de tous les frais plaisirs de la pleine campagne, avec des champs clos de laies et de bois, et non pas seulement de parcs et de jardins bien peignés. »

 

Cité-jardin de Letchworth © Maud BACCARA

 

« La première tentative d’implantation d’une cité-jardin commença à Letchworth en 1903, selon les plans réalisés par Barry Parker et Raymond Unwin, architectes et urbanistes du mouvement Arts & Crafts (Arts & artisanats). Si Letchworth conféra une expression architecturale au concept d’Howard, la réforme agraire et l’ambition sociale sur lesquelles il reposait ne se concrétisèrent malheureusement pas. Malgré ses soutiens initiaux, cette cité-jardin manqua dès le début de financements, peinant à attirer aussi bien des investisseurs que des résidents. La direction exclut rapidement Howard du Conseil d’administration et ne procéda pas au transfert initialement prévu des fonds à la municipalité, tandis que les résidents au lieu d’établir des liens entre eux et de préparer des repas communs, restèrent en grande partie dans leur coin et allèrent travailler dans une usine de corsets située en dehors de la ville. Loin de  concrétiser la vision de Howard, Letchworth confirma simplement ce que More et Marx avaient toujours su. Quand il s’agit de créer une communauté, il n’y a pas de recette miracle ; pas de préparation instantanée « bonne ville » qui fonctionne par le simple fait d’y incorporer des habitants. »

 

LES CITÉS-JARDINS DE EBENEZER HOWARD : UNE ŒUVRE CONTRE LA VILLE 

 

Les cités-jardins histoire et actualité d’une utopie

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5 octobre 2016 3 05 /10 /octobre /2016 06:00
« La cuisine est une petite friponne » Pellegrino ARTUSI se moque des « cuisiniers de baldaquin » et prône une table simple et familiale !

J’ai découvert Pellegrino Artusi et son livre La scienza in cucina L’arte di mangiar bene, chez Alessandra Pierini lorsque mon ami Daniele de Michele est venu présenter son livre : Artusi remix publié chez Mondadori dans la langue de Dante.

 

Lire ICI la chronique

 

Vu mon niveau en italien, sauf à demander à Alessandra de faire l’interprète, ce qu’elle fait fort bien, je ne pus pénétrer dans les subtilités de cette bible de la cuisine familiale italienne.

 

C’est possible maintenant grâce aux éditions Actes Sud qui viennent de la publier en français grâce à une traduction de Marguerite Pozzoli et Lise Chapuis.

 

 

Marguerite Pozzoli dans sa notice sur la vie de l’auteur, avant de citer Alberto Capatti, membre du comité scientifique de la Casa Artusi (centre dédié à  la cuisine familiale italienne basé à Forlimpoli, lieu de naissance d’Artusi) : note qu’avec ses fidèles alliés en cuisine, Marietta Sabatini et Francesco Ruffilli, qui l’aident dans ses achats et lui permettent de tester d’innombrables recettes, il bâtit un ouvrage qui :

 

« … à la différence des autres livres de recettes de cuisine impersonnels, accorde une place importante à sa propre mémoire et à son propre tempérament ; tandis qu’il prêche contre les cuisiniers prestigieux, appelés « cuisiniers de baldaquin », il prône une table simple […] et familiale. »

 

Marguerite Pozzoli poursuit « Adoptant un vocabulaire accessible à tous, rejetant les complications et le lexique, selon lui, « ampoulé » de la gastronomie française, dont il dénonce fréquemment l’hégémonie – tout en lui faisant quelques emprunts, signe de son absence de xénophobie. »

 

 

Dans sa prefazio (dans le rite catholique, il s’agit de la première partie de la prière eucharistique, au milieu de la messe) Artusi écrit :

 

« Méfiez-vous des livres qui traitent de cet art : la plupart sont fallacieux ou incompréhensibles, surtout les italiens, un peu moins les français. Tout au plus pourrez-vous, des uns comme des autres, tirer quelques notions utiles, si vous êtes déjà versé dans cet art.

 

Si l’on n’a pas la prétention de devenir un cuisinier émérite, je ne crois pas qu’il soit nécessaire, pour réussir, de naître coiffé d’une casserole ; il suffit d’être passionné, attentif et de se donner pour première règle la précision. Par ailleurs, choisissez toujours des produits de première qualité, cela vous fera honneur… »

 

Vous vous en doutez, je bois du petit lait, façon de parler je ne bois jamais de lait ni petit ni grand.

 

L’auteur cite ensuite une lettre que lui avait adressé le poète Lorenzo Stecchetti :

 

« Le genre humain se perpétue uniquement parce que l’homme possède l’instinct de conservation et de reproduction, et qu’il ressent vivement le besoin de le satisfaire. À la satisfaction d’un besoin se trouve toujours lié un plaisir : le plaisir de la conservation réside dans le sens du goût et celui de la reproduction dans celui du toucher. Si l’homme n’avait pas d’appétence pour la nourriture ou n’éprouvait pas de stimuli sexuels, le genre humain disparaîtrait aussitôt.

 

Le goût et le toucher sont, par conséquent, les sens les plus nécessaires, voire indispensable à la vie de l’individu et de l’espèce. Les autres ne font qu’aider, et l’on peut vivre aveugle ou sourd, mais non privé de l’activité fonctionnelle du goût.

 

Comment se fait-il donc que, dans la hiérarchie des sens, les deux les plus nécessaires à la vie et à sa transmission soient regardés comme les plus vils ? Pourquoi ce qui satisfait les autres sens – la peinture, la musique, etc. – est-il nommé « art » et tenu pour chose noble, et ignoble ce qui satisfait le goût ? Pourquoi celui qui prend du plaisir à voir un beau tableau ou à entendre une belle symphonie est-il jugé supérieur à celui qui prend du plaisir à manger un mets excellent ? Existerait-il entre les sens des inégalités telles que celui qui travaille n’a qu’une chemise et celui qui ne fait rien en a deux ?

 

La raison doit en être le pouvoir tyrannique que le cerveau exerce désormais sur tous les organes du corps. Au temps d’Agrippa Menedius, c’était l’estomac qui dominait ; aujourd’hui il ne sert même plus, ou du moins il sert mal. Parmi  ces forcenés travailleurs du cerveau, y en a-t-il un seul qui digère bien ? Ce n’est que nerfs, névrose et neurasthénie, et la stature, le périmètre thoracique, la capacité de résistance et de reproduction déclinent de jour en jour dans cette race de savants et d’artistes, qui ne se nourrit pas mis s’excite et ne tient qu’à force de café, d’alcool et de morphine. Voilà pourquoi les sens tournés vers l’activité cérébrale sont réputés plus nobles que ceux qui président à la conservation, et il serait temps désormais de casser cette injuste sentence. »

 

Qu’en pensent Jean-Yves Bizot et Jacques Dupont ?

 

 

Pour finir en beauté je vous sers le poème du toscan Filippo Pananti (1766-1837)

 

Toutes les fêtes toutes les réunions

Commencent et d’achèvent en gueuletons

Et pour que les esprits soient satisfaits

Les ventres doivent être rassasiés

 

Les curés, qui ne sont pas moins avisés,

Font dix lieues  pour un déjeuner.

Qu’ils portent l’extrême-onction

Ou fête le saint patron

Si les ripailles ne suivent pas

Le psaume ne finit pas en Gloria.     

           

Un clin d’œil à mon ami Don Pasta, les MACARONIS à la FRANÇAISE

 

« Si je les appelle ainsi, c’est parce que je les ai trouvés dans un traité culinaire de cette nation (le livre de cuisine de Jules Gouffé 1867)

 

300G de macaroni longs, de type napolitain. 70 g de beurre. 70 g de gruyère. 40g de parmesan. 1 petite casserole  de bouillon.

 

Faire cuire aux 2/3 les macaroni dans une eau pas trop salée. Mettez le bouillon sur le feu, portez-le à ébullition et jetez-y alors le gruyère râpé et le beurre : mélangez bien avec la cuillère en bois. Après quoi, versez sans attendre le bouillon sur les macaroni égouttés, et je dis bien sans attendre, sinon le gruyère tombe au fond et s’agglutine. Laissez les macaroni sur le feu jusqu’à cuisson complète, en faisant en sorte qu’il reste un peu de jus. Avant de les servir, assaisonnez-les avec le parmesan indiqué ci-dessus et présentez-les avec du parmesan à part pour ceux qui, n’appréciant pas les saveurs délicates, aiment ce qui est fortement assaisonné.

 

Cette recette de pâtes, comme les macaroni à la bolonaise, est très pratique pour les familles car elles permet de faire l’économie d’un pot-au-feu, une ^petite casserole de bouillon de la veille suffit à la préparation. Si l’on veut des macaroni maigres, on remplacera le bouillon par du lait.

 

Le gruyère, également connu dans le commerce sous le nom d’emmmental, est un fromage à pâte tendre, jaune et trouée, qui se présente sous forme de meules énormes. Certains n’apprécient pas son odeur particulière, vaguement rance. Je ferai toutefois remarquer qu’on la sent peu lorsqu’il fait froid, et qu’on le devine à peine dans les macaroni. »

 

Ça me fait penser que je devais écrire une chronique pleine de trous sur le gruyère et l’emmental pour faire plaisir aux Suisses.

 

                                        

« La cuisine est une petite friponne » Pellegrino ARTUSI se moque des « cuisiniers de baldaquin » et prône une table simple et familiale !
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4 octobre 2016 2 04 /10 /octobre /2016 06:00
Olivier millenaire d'Oletta

Olivier millenaire d'Oletta

Commençons par la Corse qui est la plus au sud de notre pays, face à l’Italie, où la culture de l’olivier est très répandue car les conditions climatiques lui sont favorables. L’île est, en dehors de petites zones, la seule région française où l’olivier se propage par semis. L’oléastre (olivier sauvage) fait partie du maquis spontané.

 

Les régions où l’oléiculture est la plus développée sont la Balagne, le Nebbio, l’Alta Rocca, le bas Taravo et la région de Vico-Cargèse.

 

Le verger traditionnel est constitué de variétés locales peu connues : la ghermana, la sabina, la zinzala, l’aliva bianca et la blancaghaja. La variété picholine a été introduite il y a une trentaine d’années dans les zones de plaine pour développer la culture d’olives de table, avec un succès mitigé.

 

« Consacrée en 2004 par l’obtention d’une AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), puis d’une AOP(Appellation d’Origine Protégée) en 2007, l’Huile d’Olive de Corse Oliu di Corsica AOP est caractérisée par une extrême douceur en bouche que l'on doit à la récolte des fruits à pleine maturité, et par une palette aromatique exceptionnelle où l'on retrouve les parfums intenses du maquis corse. »

 

Voir le site Syndicat d'huile d'olive Corse Oliu di Corsica ICI

 

 

Histoire

 

« L’huile que l’on fait en Corse ne vaut pas mieux que le vin, par défaut de fabrique ; mais elle serait excellente et à l’instar de celle d’Aix, si les Corses savaient greffer et cultiver les oliviers et apprendre la manière des Provençaux pour faire de l’huile. ». ce jugement négatif, porté par l’auteur anonyme d’un Mémoire sur le commerce de Corse remis à Louis XV dans les années qui suivirent le rattachement de l’île au royaume (1768), doit être tempéré car il ne rend pas tout à fait compte de la réalité de son époque. Déjà un mémoire de 1757, où la Balagne est qualifiée de « jardin de la Corse », témoigne d’une production d’huile de 25 000 à 50 000 barils selon les années, dont la »plus grande partie se porte à Calvi et y est embarquée pour le dehors. »

 

L’abbé Gaudin, qui n’est pas toujours tendre avec les Corses, constate lors de sa visite dans les années 1780 que la greffe – instaurée et propagée par les Génois à partir du XVIIe siècle – est largement pratiquée, et des témoignages légèrement postérieurs font état d’une réputation d’excellence pour les huiles de certaines régions de l’île.

 

Dans les premières années du XIXe siècle, le préfet Piétry, décrivant le département de Golo, signalait que le canton de Canale dont « les huiles sont fort estimées » et plus tard C.-J. Petit confirme dans son Guide du commerce de l’Epicerie relative à la France (1823) la bonne renommée de l’huile de ce terroir, même s’il regrette que toutes les potentialités de la Corse ne soient pas exploitées.

 

En 1904, les services du Ministère de l’Agriculture estimaient à 4000 tonnes la production d’huile corse destinée à l’exportation mais, la concurrence des huiles oléagineuses et des huiles tunisiennes vont faire que si « Jadis, les marchands d’Aix, de Salon et de Nice venaient en Balagne ; aujourd’hui ils semblent avoir désappris ce chemin » notait Ardouin-Dumazet dans son Voyage en France (1911).

 

À partir de cette époque la production d’huile ne fit que décliner…

 

 

Maintenant embarquons-nous pour la Calabre, à l’extrême pointe de la botte italienne :

 

« Le pressoir était devenu l’idée fixe de don Peppino Salemi. Il n’était pas indispensable pour ses propriétés – près de vingt-cinq hectares d’oliveraies. Ni même pour éviter de se faire pigeonner sur le rendu par un autre presseur qu’il aurait dû avoir à l’œil pendant toute la trituration. Ça, c’étaient des excuses bonnes pour faire taire les femmes. Ou plutôt non, il y avait du vrai, qu’on n’aille pas raconter qu’un presseur né de la dernière pluie baisait don Peppino Salemi, parce que, dans ce domaine, s’il y en avait un qui avait bien baisé les autres… Ils ne s’étaient jamais aperçus de rien, rien que des remerciements et le bouche-à-oreille comme quoi, avec lui, rien à craindre, pauvres cloches. Non, le pressoir, c’était plutôt sa manière à lui de se proclamer chef de famille et de garder le couteau du côté du manche parmi un régiment de femelles * qui, à la maison, avaient réussi à prendre le dessus. Et c’était surtout parce que, désormais, il n’y avait plus que dans son pressoir qu’il se sentait utile et vivant.

 

Il continuerait à les moudre lui-même, ses olives, au prix de sa sueur, jour et nuit, jusqu’à la dernière, comme au bon vieux temps. Quoi qu’en disent sa femme et ses cinq châtiments * du ciel. Quoiqu’en dise le village. Quoi que puisse marmouler le chevalier Scordino, prêt à nier un passage des Evangiles – lui qui ne ratait pas une messe – pour le seul plaisir de le contredire.

 

Comme il aimait les nuits passées au pressoir à moudre les olives ! Un délice, le clapotis de la pâte sous les deux grosses roues en pierre de la meule, le bruit sourd du moteur, les scourtins à remplir de pâte et à insérer dans la maie entre les disques des presses, l’huile qui coulait, l’odeur qui imprégnait les lieux. Un pressoir à l’ancienne, qu’il avait, avec une claie et des roues. S’il avait pu, il les aurait encore fait tourner avec une mule attachée au pilier. Les autres, par contre, s’étaient modernisés. Quelle connerie de se saigner aux quatre veines pour acheter des engins qui travaillaient la pâte à chaud, avec pour résultat de gâter l’huile, qui tournait à l’acide en moins d’un an. Une connerie pire encore, ensuite, de les remplacer par d’autres engins qui pressaient à froid. « Ça passe à travers ces diableries mécaniques, comment voulez-vous qu’il en sorte une huile baptisée ? » avait-il coutume de leur opposer. Pas moyen de les convaincre. Mais eux non plus n’arrivaient pas à le convaincre. Et il continuait comme il l’avait toujours fait, sans renoncer au cuisiné mangé dans la gamelle avec les ouvriers, pour l’essentiel des patates et des poivrons, ou de la morue rôtie, ou juste du pain assaisonné d’huile fraîchement pressée, toutes choses qui appelaient le vin, un cerasuolo ambré qui descendait dans la gorge mieux que l’eau et dont il se régalaient au verre doseur, un verre à peine plus grand que celui pour le rossolis, juste la quantité voulue pour boire d’un trait. »

 

Mimmo Gangemi La revanche du petit juge

 

*don Peppino Salemi n’avait que des filles, 5 exactement.

 

Et pour finir partons pour l’Andalousie avec la superbe chanson de Paco Ibanez « Andaluces de Jaen » qui s'inspire du poème « Aceituneros »(Cueilleurs d'olives) de Miguel Hernandez, publié en 1937 dans « Vents du peuple » : qui est une exhortation à ce que le peuple de Jaen (Ville au Nord-Est de l’Andalousie) prenne conscience que ses oliviers sont le fruit de « la terre silencieuse, du travail, de la sueur, de l’eau pure et des planètes du ciel », et non d’un propriétaire, d’un Seigneur ou de l’argent, et remette en question leur propriété. A qui appartiennent donc ces oliviers et leurs olives

 

La municipalité de Jaen a décidé en 2013, pour fêter le bicentenaire de sa formation, de créer, à partir des vers de ce poème, d’autant plus que Miguel Hernandez, bien que né à Orihuela, possédait une maison à Jaen près de la cathédrale, l'hymne de la province.

 

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2 octobre 2016 7 02 /10 /octobre /2016 06:00
Tintin et le vin…

Au Bourg-Pailler, mon premier trésor fut la collection quasi-complète des 24 albums de Tintin, créés entre 1929 et 1983 par Georges Remi dit Hergé, manquait le collector Tintin au pays des Soviets et, bien sûr ceux qui n’étaient pas encore publiés que j’ai lu par la suite.

 

Pour autant je ne suis pas devenu tintinophile, le petit reporter à la houppe et au pantalon de golf flanqué de Milou, du capitaine Haddock, du professeur Tournesol et des 2 Dupont t et d, est resté pour moi un souvenir d’une enfance loin du brouhaha du vaste monde. Bien plus que le fond socio-politique des histoires, ce sont certains personnages traversant certains albums qui m’ont fasciné. Ils avaient souvent plus d’humanité, en bien ou en mal, que les héros principaux : Abdallah (Tintin au pays de l'or noir, Coke en stock), le général Alcazar (L'Oreille cassée, Les Sept Boules de cristal, Coke en stock, Tintin et les Picaros), Bab El Ehr (Tintin au pays de l'or noir, Coke en stock), Chiquito (Les Sept Boules de cristal, Le Temple du Soleil), Dawson, J. M. (Le Lotus bleu, Coke en stock), Fan Se-Yeng (Le Lotus bleu), Séraphin Lampion (L'Affaire Tournesol, Coke en stock, Les Bijoux de la Castafiore, Vol 714 pour Sydney, Tintin et les Picaros), Mitsuhirato (Le Lotus bleu), Pablo (L'Oreille cassée, Tintin et les Picaros), la boucherie Sanzot, le colonel Sponsz (L'Affaire Tournesol, Tintin et les Picaros, ), Zorrino (Le Temple du Soleil) et bien sûr le fidèle Nestor.

 

J’en oublie sans doute, il y a fort longtemps que je n’ai pas feuilleté les albums de Tintin car mes neveux se sont chargés de lacérer les précieux albums et je ne les ai plus dans ma bibliothèque.

 

Vendredi matin sur France Inter, Patrick Cohen recevait 3 tintinophiles : Albert Algoud, Benoît Peeters et Bruno Podalydès… à propos de la rétrospective du créateur du célèbre reporter à la houppette qui s'ouvre à Paris au Grand Palais jusqu'au mois de janvier 2017.

 

« Quelle oeuvre née en 1929 est aujourd'hui aussi capable d'être lue par adultes et enfants »? a fait remarquer Benoît Peeters.

 

Bonne question et, pour ne pas être en reste je me suis empressé de m’en poser une autre : où est le vin dans Tintin ?

 

L’éternel jeune reporter est plus sobre qu’un chameau seul le capitaine Haddock  force sur la boutanche mais c’est le whisky qui a sa préférence.

 

Alors j’ai interrogé le je sais tout du XXIe siècle : Google.

 

Et je suis tombé sur ceci : le 13 juin 2011 Tintin, et l’eau se change en vin !

 

Dans le 13e album : les 7 boules de Cristal, écrite et dessinée entre 1943 et 1946, colorisée en 1948, Tintin se voit entraîné par le capitaine Haddock dans une relecture magique du mythe de Cana, déjà évoqué ici.

 

 

 

« De manière assez abracadabrante, c’est l’obsession du Capitaine Haddock pour un numéro de prestidigitateur qui va marquer le début des péripéties du reporter. Ayant assisté plusieurs fois au spectacle du prestidigitateur Bruno, Haddock croit avoir trouvé le ‘‘truc’’ qui permet au magicien de transformer de l’eau en vin rouge. Il passe donc un verre d’eau au travers d’un cône de carton orange, strié de noir (ou l’inverse) et demande à Tintin du juger du résultat. Inutile de préciser que cet essai a été réalisé en... vain ! » 

 

La suite ICI

 

Quelques photos :

 

Tintin et le vin…
Tintin et le vin…
Tintin et le vin…
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Tintin et le vin…
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Tintin et le vin…
Tintin et le vin…
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1 octobre 2016 6 01 /10 /octobre /2016 06:00
Victor Hugo dans les Misérables était locavore ou comment transformer la merde en or…« l’argent n’a pas d’odeur » Pecunia non olet

Le concept d’agriculture urbaine en vogue doit faire sourire, plus ou moins jaune, les tenants d’une agriculture dite moderne : un joujou pour bobos en quête d'un pansement sur leur mauvaise conscience d’urbains bien lotis ; confortés qu’ils sont par la hautaine ignorance du 78 rue de Varenne peuplé de hauts ingénieurs qui ne mettent même plus les pieds dans les vrais champs puisqu'ils ont le nez dans leurs papiers.

 

Sans donner aux initiatives allant dans le sens d’une forme de reconquête de territoires urbains un impact déterminant dans la prise de conscience  des consommateurs urbains de leur responsabilité dans le maintien d’une agriculture et d’un élevage tournés vers la seule productivité, les traiter par le mépris ou en faire des hochets de communication politique, relève de notre goût immodéré pour les solutions dites globales, proclamées et jamais mises en œuvre.

 

Les innovateurs, les précurseurs, les lanceurs d’alerte ont de tout temps été raillés, moqués, avant parfois d’être encensés par les habituels ouvriers de la 25e heure.

 

Ce matin, un peu d’Histoire, sans vocation d’exemple à suivre, mais simplement pour dire que si nous les citoyens urbains ne nous prenons pas par la main, attendons tout en gémissant des politiques, aucun virage sérieux ne sera pris dans la gestion de l’impact des villes sur l’environnement, la gestion des déchets, la pollution de l’air… etc.

 

« Ces tas d’ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boue cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux de la voirie, ces fétides écoulements de fange souterraine que le pavé vous cache, savez-vous ce que c’est ? C’est de la prairie en fleur, c’est de l’herbe verte, c’est du serpolet et du thym et de la sauge, c’est du gibier, c’est du bétail, c’est le mugissement satisfait des grands bœufs le soir, c’est du foin odorant, c’est du blé doré, c’est du pain sur votre table, c’est du sang chaud dans vos veines, c’est de la santé, c’est de la joie, c’est de la vie. »

 

À Paris « bien que les égouts d’Haussmann aient purgé la capitale avec la plus grande efficacité, la Seine n’offrait pas un courant suffisant pour évacuer les effluents. Aussi le fleuve n’était-il qu’un noir marécage gargouillant sur plus de 70 kilomètres en aval. 

»

Ce fut Pierre Leroux, philosophe de renom dont la théorie du circules constitua, en 1834, une réfutation directe de celle de Malthus. En effet, « il affirmait que si les hommes étaient à la fois producteurs et consommateurs, s’ils se contentaient de recycler leurs propres déchets, ils ne manqueraient jamais de nourriture. Sa théorie l’exposa longtemps aux railleries, mais tandis qu’il pansait ses blessures durant son exil à Jersey, il trouva un converti persuasif en la personne de Victor Hugo. Ce dernier fut tellement convaincu par les arguments de Leroux qu’il s’écarta du fil narratif des Misérables pour philosopher sur le sujet. » (texte ci-dessus).

 

« En 1867, cinq ans après la parution des Misérables, l’ingénieur hydraulicien Adolphe Mile, déjà converti à l’épandage des eaux d’égout, persuada son supérieur, Eugène Belgrand,  de l’expérimenter à Paris. Dans une ferme de Clichy, Mille prouva non seulement que l’irrigation de son terrain sableux avec des eaux usées filtrait ces dernières avec tant d’efficacité qu’elles sortaient plus pures que si elles avaient été traitées chimiquement, mais en outre cette technique rendait la terre extrêmement fertile. Comprenant 27 variétés de légumes, la première récolte expérimentale atteignit une valeur marchande six fois supérieure à celle du blé cultivé autrefois sur ce site, et sa qualité lui valut de de nombreux compliments à l’Exposition universelle de 1867. Ces résultats ravirent Chadwick qui avait soutenu le projet de Mille et l’avait défendu contre ceux qui rechignaient à l’idée de cultiver à l’idée de cultiver des terres amendées d’eaux usées :

 

« À Paris, je persuadai feu l’Empereur de faire exécuter des essais en ayant recours à l’épandage des eaux d’égout, qui produisirent, même si l’engrais n’était pas de la meilleure qualité, une énorme quantité d’herbe ; celle-ci fut jugée par un  membre de l’Académie bien trop drue et impropre à servir de fourrage. Je décidai de m’en remettre sur ce point au jugement d’une vache, à laquelle fut offert le choix entre de l’herbe engraissée à l’eau d’égout ou non ; son avidité montra que la première avait sa préférence, et son jugement fut confirmé par la production d’un lait d’une qualité supérieure, et de beurre en plus grande quantité. »

 

Il sembla que la merde pouvait être transformée en or.

 

« En 1869, Mille et son assistant, Alfred Durand-Claye, créèrent la première usine municipale au monde de traitement des eaux usées à Gennevilliers, paisible petite commune séparée de Clichy par la Seine. Afin de surmonter la résistance des riverains à l’implantation de l’usine, ils proposèrent à 49 agriculteurs d’irriguer leurs champs gratuitement. L’année suivante, les ingénieurs furent submergés de de demandes d’autres cultivateurs souhaitant bénéficier de l’irrigation de leurs propres terres. Les résultats  furent si remarquables que Napoléon III se sentit obligé de venir visiter la ferme expérimentale. Il arriva incognito, mais repartit les bras chargés de savoureux légumes. En 1900, 5000 hectares furent ainsi irrigués à Gennevilliers, chaque hectare recevant 40 000 m3 d’eaux usées par jour et produisant 40 000 choux, 60 000 artichauts ou 100 tonnes de betterave à sucre par an. Les eaux d’égout étaient utilisées pour arroser les racines des plantations, sans jamais toucher les tiges ou les feuilles, et ressortaient si pures après avoir été filtrées par le sol qu’elles pouvaient servir à un usage domestique. D’un petit bourg de banlieue, Gennevilliers devint le fournisseur agricole le plus prisé de la capitale, les meilleurs hôtels de Paris s’arrachant ses produits et les visiteurs venant s’émerveiller devant ces « véritables jardins d’Éden ».

 

 

 

Rappelons aux sceptiques – pas les septiques – que la célèbre maxime « l’argent n’a pas d’odeur » Pecunia non olet est de la bouche de l’empereur Vespasien qui leva des fonds en instaurant une taxe sur l’urine rejetée dans les latrines publiques. IL répondait, selon Suétone, à son fils Titus qui trouvait cette taxe indécente, en lui mettant l’argent de l’impôt sous le nez.

 

Extrait de Ville affamée de Carolyn Steel rue de l’Échiquier

 

Lire Experts contre experts : les champs d’épandage de la ville de Paris dans les années 1870 par Sabine Barles 

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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 06:00
« Nous te saluons et nous te souhaitons 1 long règne tout en haut du clocher, toi que les soldats de Vercingétorix portaient comme un emblème sur le plateau de Gergovie »

Je suis sûr et certain que vous ignorez où se situe Saint-Pierre-le-Moûtier

 

C’est dans le Bourbonnais capitale du « bon pays entre Loire et l’Allier »

 

2000 habitants

 

« Le 4 novembre 1422 le bailliage de Saint-Pierre rendit une sentence, contraignant les habitants de la terre de Poussery au finage de Montaron à assurer le guet et garde au château de Poussery, comme le demande le seigneur des lieux : Gaucher de Courvol. Ce bailliage rendit au fils de ce dernier : Philibert de Courvol, une autre sentence le 25 mars 1451, l'autorisant à faire passer le ruisseau des Ruaux, dans son pré de Chaulgy.

 

La ville est prise d'assaut, puis libérée par Jeanne d'Arc le 4 novembre 1429.

 

 

Elle fut chef-lieu de district de 1790 à 1795.

 

Au cours de la période révolutionnaire de la Convention nationale (1792-1795), la commune porta provisoirement les noms de Brutus-la-Vallée, de Brutus-le-Magnanime et de Brutus-le-Moutier.

 

La France profonde des terroirs, celle de nos ancêtres les Gaulois cher à notre petit Nicolas.

 

Résultats régionales Saint-Pierre-le-Moûtier (58240) – 2ième tour 2015

 

« Avec 2 030 habitants sur les 2 816 814 que l'on dénombre dans la future région Bourgogne, Franche-Comté, Saint-Pierre-le-Moûtier constitue un pays électoral difficile. François Patriat y avait arraché 35,91% des votes pour le premier tour des précédentes régionales. La liste portée par les Républicains était arrivée à la seconde place. Concernant le mouvement de Marine Le Pen, un votant sur 8 lui avait donné sa confiance. L'amplification de l'électorat du FN pourrait modifier l'équilibre des partis à Saint-Pierre-le-Moûtier ainsi que pour les résultats des régionales à Charrin.L'autre inconnue à prendre en compte reste indubitablement la participation qui, à 46,53% au premier tour se situait sous la participation enregistrée à l'échelle de la future région. Pour mémoire, les bureaux de vote à Saint-Pierre-le-Moûtier ont voté comme ceci lors des précédentes élections:

 

La suite ICI 

 

Voici un beau COCORICO relaté dans le Bulletin Municipal d’août 1952.

 

« La réfection complète du clocher de l’église de Saint-Pierre-le-Moûtier par les ouvriers de l’entreprise Danois de Moulins est maintenant terminée. Avant d’enlever les échafaudages, il restait aux ouvriers un travail suprême à accomplir : hisser le nouveau coq tout là-haut, à la fine pointe du clocher.

 

Cette opération, extrêmement délicate, s’est déroulée le vendredi 22 août 1952, quelques minutes avant midi, et a revêtu un caractère quasi solennel. Lorsqu’on vit un homme dresser une grande échelle le long de la croix surmontant le clocher, la cité toute entière comprit que le grand moment était proche.

 

De nombreuses personnes se rassemblèrent sur la place du Marché, tandis que d’autres se postaient aux fenêtres des étages supérieurs ou aux lucarnes des greniers. Tenant le coq d’une main, un ouvrier monta lentement les échelons et parvint enfin à la pointe du clocher, dominant Saint-Pierre et ses environs d’une hauteur de 35 mètres. Un autre compagnon grimpa derrière le premier et tous les deux, à cheval sur la croix, points à peine perceptibles suspendus dans le vide, se mirent en devoir de fixer notre nouveau coq, dont le corps majestueux, resplendissant au soleil de midi, étant entouré d’un large ruban tricolore, symbole émouvant de la foi inébranlable de tout un peuple dans les destinées de la patrie.

 

Durant quelques minutes, il sembla que le rythme normal de la vie s’arrêtait dans toutes les artères de la ville.

 

Dans la campagne environnante, l’homme des champs, la main au-dessus des yeux, observait intensément, lui aussi, cette besogne religieuse. Un frémissement anxieux et admiratif parcourait toute la population dont les regards étaient rivés sur ces deux hommes qui, pareils aux héros antiques, exécutaient une tâche semblant être particulièrement réservé aux dieux. Soudain, ce fut l’instant solennel : le coq était placé sur son piédestal. Entourant le vieil emblème des Gaules d’un bras, les deux ouvriers, assis sur la croix, défiant le vertige et le vide, levèrent leurs casquettes en signe de victoire.

 

Alors, les cloches de notre vieille église médiévale s’ébranlèrent et sonnèrent à toute volée, portant aux cieux l’hymne d’allégresse de toute une ville, célébrant l’avènement du nouveau coq saint-pierrois, tandis que de vigoureux applaudissements montaient jusqu’à ces hommes audacieux qui venaient d’accomplir une si belle prouesse.

 

Et maintenant, salut à toi, fier coq gaulois restauré, qui présidera de nouveau aux évènements sombres ou glorieux de notre petite capitale du « bon pays entre Loire et Allier » ! Nous te saluons et nous te souhaitons un long règne tout en haut du clocher, toi que les soldats de Vercingétorix portaient comme un emblème sacré au plateau de Gergovie, et qui lutta avec l’énergie du désespoir dans les plaines de Lutèce, avec Camulogène contre les aigles romaines des légions de Labinus. »

 

Pourquoi place-t-on un coq sur les clochers ?

 

 

Dans la tradition chrétienne, un coq est souvent placé au sommet du clocher des églises.

 

Au Moyen-Age, l’oiseau est un symbole solaire car son chant annonce le lever du soleil.

 

Il est le prédicateur qui doit réveiller ceux qui sont endormis. C’est en ce sens que le pape Léon IV décida, à l’époque, que les clochers de chaque église devaient arborer une telle girouette.

 

L’Eglise voyait l’animal comme le Messie annonçant le passage des ténèbres à la lumière. Le plus ancien coq de clocher connu vieux de près d’un millénaire se trouve à Brescia (Italie).

 

L’oiseau sacré chez de nombreux peuples, n’est cependant présent que sur les églises occidentales. Il n’y en a pas sur celles situées en Orient.

 

« Nos ancêtres les Gaulois », une invention de la Renaissance !

 

 

Inventée sous la Renaissance, reprise par la Révolution française, brandie par Napoléon III, cette notion de « nos ancêtres les Gaulois » repose-t-elle sur un fait historique ou n'est-ce qu'un mythe révisionniste ? C'est au tour de Nicolas Sarkozy de se réfugier derrière cette filiation pour justifier l'assimilation. Nous avons voulu en savoir un peu plus en interrogeant deux grands spécialistes de la Gaule : l'historien Dominique Garcia, spécialiste de la Gaule préromaine, actuel président de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), et l'archéologue Jean-Louis Brunaux, spécialiste de la civilisation gauloise. Ils ne sont pas toujours d'accord.

 

Le Point.fr : Quelle part de vérité dans cette assertion « Nos ancêtres les Gaulois » ?

 

Dominique Garcia : Dès que j'ai pris connaissance de l'affirmation de Nicolas Sarkozy, j'ai réagi aussitôt sur Twitter pour dire qu'il n'avait pas saisi ou pas compris. Certes, il se place dans la tradition voulant que les gens s'identifient à un passé. En revanche, imaginer qu'il y a une lignée de Français qui remonte aux Gaulois, ça, c'est une aberration.

 

Jean-Louis Brunaux : La revendication des Gaulois comme nos ancêtres est tardive dans notre histoire. Elle apparaît timidement à la Renaissance pour affirmer l'ancienneté de la France par rapport à l'Italie. C'est surtout ça, le but. Plus tard, cette revendication de la civilisation la plus ancienne entre les pays et les rois va s'exacerber jusqu'au XIXe. Être gaulois, ce n'est pas une identité, c'est ça qu'il faut bien comprendre. Être gaulois, c'est habiter la Gaule, sachant que la Gaule est un véritable pays, un véritable espace politique. Forgé notamment par les druides, qui ont eu une influence vraiment importante. C'est un concept politique et social. Les Gaulois ne connaissent pas le droit du sang.

 

D. G. : Les identités, les nationalités ne sont pas des éléments figés. Elles sont construites. Ce que l'on appelle les Gaulois, en fin de compte, n'est qu'un puzzle de populations sur des territoires relativement vastes, qui sont identifiés comme Gaulois par des populations venues d'ailleurs, les Grecs, les Romains.

 

L'élite gauloise a-t-elle collaboré avec le pouvoir romain ?

 

J.-L. B. : Je ne sais même pas si on peut dire ça. En fait, ce sont les Gaulois qui sont à l'origine de leur propre colonisation. Du moins une partie d'entre eux, ceux du Massif central qui ont demandé à César d'intervenir. Une grande partie des forces gauloises l'ont aidé à conquérir la Gaule. Mais à vrai dire, la romanisation est beaucoup plus ancienne que la guerre des Gaules. Il existait une proximité avec le commerce romain, dès les années - 150, - 100. Des nobles gaulois ne voulaient pas perdre ce commerce romain et cherchaient même à l'amplifier. Toute la noblesse était du côté de César.

 

L'intégrale  ICI 

 

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19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 06:00
Religion, politique et gastronomie : où trouver des fraises le 27 novembre 1655 à Mantoue pour le repas donné par le duc Charles II de Gonzague-Nevers en l’honneur de Christine de Suède ?

Les guerres de Religion, entre religions, la catholique romaine et les réformées, au XVIIe siècle déchirent l’Europe.

 

En 1644, Christine, qui a hérité du royaume de Suède quand elle avait à peine six ans, monte sur le trône. Elle a 18 ans et manifeste de suite un tempérament fort et un caractère imprévisible hors du commun.

 

Pensez-donc, « elle refuse de se marier malgré les pressions du parlement, elle a une longue histoire d’amour avec une dame de la cour, et cerise sur le gâteau, sollicitée par des membres de la curie romaine, elle abandonne la religion luthérienne et abdique en 1654 après s’être attribué une rente importante. »

 

Elle quitte la Suède la même année et, après quelques haltes, elle se dirige vers Rome, où le nouveau pape, Alexandre VII, l’accueille à bras ouverts. Elle s’installe à Rome en 1688.

 

 

Au cours de son premier voyage en Italie, le 27 novembre 1655, elle est à Mantoue, à la cour du duc Charles II de Gonzague-Nevers, qui organise pour elle un banquet somptueux préparé par le Bolonais Bartolomeo Stefani, chef des cuisines de Gonzague.

 

 

Dans son traité sur L’arte di ben cucinare, et instruire i men periti in questa lodevole profession « L’art de bien cuisiner, et instruire les moins expérimentés dans cette louable profession » publié en 1662, il souhaite laisser une trace de son travail et enseigner les bases à travers des recettes, des menus et des descriptions de repas.

 

Bien sûr il se souvient avec fierté du banquet en l’honneur de Christine à Mantoue : «Moi-même, je la servis avec des triomphes, des rafraîchissements et d’autres plats. »

 

« … Stefani entend rendre compte de son métier, plus que des évènements mondains, de la technique plus que du théâtre – ou, pour être plus précis : de la technique qui rend possible le théâtre. »

 

Sa première description concerne un plat de fraises « lavées avec du vin blanc », saupoudrées de sucre et entourées de coquilles de sucre remplies de fraises, alternant avec des petits oiseaux en massepain « qui paraissent vouloir becqueter les fraises »

 

 

« Aucun détail n’est épargné au « lecteur idéal » de Stefani, un homme de métier davantage qu’un amateur de frivolités mondaines. »

 

« Ses notes « personnelles » donnent à ce texte la dimension concrète d’un journal intime : il décore la tête de sanglier « avec une chevelure de pistaches décortiquées », qu’il a lui-même « très patiemment tissés avec du fil de sucre. »

 

« Ces préparations poussent à l’extrême le goût du Moyen Âge et de la Renaissance pour le mélange du salé et du sacré, de l’aigre et de l’épicé : la cuisine baroque de Stefani est un amalgame surprenant, mais pas imprévisible, de saveurs apparemment inconciliables. La « soupe royale » est exemplaire à cet égard : « faite de biscuits secs de Pise, fourrés de tranches de fromage gras et de tranches de gâteau de potiron, agrémentée de morceaux de blanc de chapon et couverte d’une escalope de viande faisan, garnie de laitages frits dans du beurre, d’yeux de veaux farcis et de viande de veau découpée en très fines tranches : la soupe fut assaisonnée avec du bouillon gras de chapon et de la crème de lait, arrosée de jus de citron et recouverte d’un couvercle de pâte fine ».

 

« Le compte rendu de Bartolomeo Stefani, axé sur l’activité de cuisine et de buffet, nous ferait presque oublier que, de l’autre côté de la table, quelqu’un est en train de manger – ou au moins d’admirer – ces beautés et ces délices. Essayons d’adopter le point de vue de sa Majesté et de ses hôtes. Que se sont-ils dit, quelles émotions ont-ils éprouvées en participant à un tel banquet ? »

 

« Par exemple : comment ont-ils accueilli en début de repas cet innocent petit plat de fraises au vin blanc, fut-il accompagné de sculptures en sucre des plus raffinées ?

 

« Nous ignorons en vérité de quel produit il s’agissait. Des fraises des bois ? Aujourd’hui, elles feraient certainement meilleur effet que les fraises cultivées, plus grosse et plus belles, mais aussi plus communes et moins savoureuse. Mais dans l’Europe du XVIIe siècle, ces dernières étaient encore rares : les tables médiévales ne connaissaient que les petites fraises sauvages, car l’autre espèce, d’origine américaine, ne fit son apparition qu’au XVIe siècle. Stefani avait probablement choisi les fraises «nouvelles » pour éblouir les yeux et flatter l’imagination des convives.»

 

«Examinons le calendrier. La visite de Christine au duc Charles Gonzague (...) a lieu le 27 novembre 1655. Où trouver, le 27 novembre, une provision de fraises fraîches à servir à l’illustre invitée ? Ce ne serait pas difficile aujourd’hui – le marché global ne connaît pas de saisons. Mais en 1655 ?»

 

[…] « Grâce à des novateurs comme La Quintinie, l’agronomie et l’horticulture font d’énormes progrès, accentuent la tendance déjà répandue à diversifier et à multiplier les espèces cultivées afin de « couvrir » la plus grande partie de l’année. Une sorte de stratégie pour « étirer le temps », en allongeant les cycles de production et en modifiant la notion même la notion même de « produit saisonnier ».

 

«Dans certains cas, cette pratique atteignait des sommets de virtuosité : nous ne savons pas où ces fraises ont été produites, mais c’était un véritable exploit d’en servir à Mantoue, dans les brouillards de la plaine du Pô, à la fin du mois de novembre. Contrairement à nous, qui avons en grande partie perdu le contact avec la terre et le sens des saisons, ces hommes savaient parfaitement quand poussent les fraises, les asperges ou les artichauts. Voilà pourquoi ce petit plat de fraises, que nous avions qualifié d’ « innocent », ne l’est en fait pas du tout. »

 

« Ce plat est un défi. Avec une telle entrée en matière, Stefani a déjà gagné. »

 

«À première vue. Mais c’est une idée qui ne peut venir qu’à « ceux qui n’ont jamais franchi le fleuve de leur patrie […] et qui aiment trop le pain de leur ville natale ». Que ces personnes apprennent qu’aucun produit n’est jamais vraiment hors saison. « Ceux qui ont de valeureux destriers, et une bonne bourse, trouveront en toute saison toutes les choses que je leur propose, et aux périodes dont je parle. »

 

« Même si nous nous limitons à l’Italie, songeons à tous les merveilleux produits que les côtes du royaume de Naples et de la Sicile offrent à a saison froide : cédrats, citrons, oranges, artichauts, asperges, choux-fleurs, fèves fraîches, laitues et fleurs. Des produits qui sont ensuite vendus et envoyés dans tout le royaume. Les mêmes primeurs quittent Gaète pour approvisionner Rome, tandis que la Riviera de la Ligurie ravitaille Milan, Florence, Bologne, Turin et la plupart des villes lombardes. De beaux fruits poussent dur les rives du lac de Garde et dans les potagers de Venise, « fertiles en asperges blanches, en artichauts et en petits pois, en particulier aux mois de janvier et février ». De merveilleux fenouils et de gigantesques cardons s’épanouissent en hiver dans la campagne bolonaise. »

 

Et si à Paris, Alessandra Pierini, était la digne héritière de Bartolomeo Stefani !

 

Source : Le Défi des fraises : Un déjeuner pour Christine de Suède dans Les Contes de la Table de Massimo Montanari aux éditions du Seuil, à lire absolument !

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