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26 février 2017 7 26 /02 /février /2017 06:00
La disparition des seconds rôles dans le cinéma français, ils avaient des gueules de populo…

Les seconds rôles n’ont pas vraiment disparu mais, sans tomber dans la nostalgie, il fut un temps où le cinéma français regorgeait d’un vivier de très grands seconds rôles qui avec leur humour, leur humanité, leur gouaille, mettait en scène le peuple avec une forme de génie.

 

J’ai toujours eu un faible pour les seconds rôles dans le cinéma français et à mon Panthéon j’inscris en tête :

 

Jean Bouise, Charles Denner, Georges Géret, Bernard Fresson, Marcel Bozzufi, Maurice Biraud, André Pousse, Hubert Deschamps, Robert Dalban

 

Ils avaient des gueules de populo, ils avaient des voix reconnaissables entre toutes…

 

Pourquoi j’évoque soudain les seconds rôles aujourd’hui ?

 

Tout bêtement parce qu’ils ne meurent jamais.

 

Pour preuve, je me suis fait piéger sur la Toile par l’annonce de la mort de l’acteur Julien Guiomar « qui s’est éteint le matin à l’âge de 82 ans. Originaire de Morlaix (Finistère), il a joué dans une centaine de films pour le cinéma et la télévision. Souffrant de problèmes cardiaques, il est décédé chez lui, à Monpazier en Dordogne.»

 

Sauf que je n’ai pas vérifié la date de la parution de l’article et j’ai posté «la nouvelle» sur mon mur Face de Bouc.

 

Et puis, pris d’un doute je suis retourné voir et l’article datait du 27/09/2013.

 

Mais la machine à chroniquer était lancée et comme la disparition du peuple des écrans radars politiques est d’actualité je n’ai pas coupé mon élan.

 

Julien Guiomar, fils du dentiste morlaisien n’a pas suivi les traces de son père. «Quand on était jeunes, on allait beaucoup au cinéma. Et dès que j’ai pu, je suis monté à Paris suivre les cours Simon et ceux de la Rue blanche, comme tout le monde (!) » déclarait-il dans nos colonnes en 1985. »

 

C’était dans Ouest-France ICI 

 

Ha ! Monter à Paris, ses chambres de bonne, ses petits boulots, manger des nouilles, les copains, les petits rôles…

 

Il y avait une floppée de Jacques : Dufilho, Legras, Monod, François, Fabbri, Jouanneau, Marin, Morel…

 

Des Marcel : Bozzufi, Dalio… Des Maurice : Biraud, Baquet, Barrier… Des Robert : Dalban, Le Vigan… Des Paul : Crauchet, Frankeur, Le Person… Des Pierre : Vernier, Mondy… Des Michel : Constantin, Beaume, Duchaussoy… Des François : Chaumette, Maistre… Des Charles : Denner, Gérard…

 

André Pousse, Roger Carrel, Henri Garcin, Claude Pieplu, Daniel Ceccaldi, Jean-Pierre Darras, Daniel Ivernel…

 

Et beaucoup d’autres ICI 

« Tu seras toujours un second, un brillant second certes, mais un second. Repère bien tes limites. Et n’en sors pas. C’est comme ça qu’on dure. » - réplique de Julien Guiomar dans Mort d’un pourri.

 

« Ses paupières tombantes sont surmontées de lunettes à large monture. L’irrégularité de ses dents se laisse deviner sous l’épaisse moustache noire qui s’étend au-delà de la commissure des lèvres. Il ne quitte jamais son costume terne, le plus souvent gris ou noir, qui lui donne l’air affable d’un notable de province. Posé et terre-à-terre, à la démarche sûre et contrôlée, Jean Bouise impose cette image auprès du grand public dans Le Retour du Grand Blond (1974), Le Vieux fusil (1975) et Le Juge Fayard dit Le Shérif (1977). Couronné d’un César pour sa performance dans Coup de tête (1979), l’acteur excelle lorsqu’il joue avec retenue et ambiguïté, sans laisser transparaître ses pensées, en déployant une gestuelle et une voix très maîtrisées qui forgent sa présence à l’écran. Du début des années soixante à la fin des années quatre-vingt, il incarne une grande variété de personnages qui ne le figent jamais dans un caractère unique. Son visage évolue d’un film à l’autre, barbu, moustachu, glabre, sans ou avec lunettes, et se modèle selon les professions qu’il interprète : ministre ou député, directeur d’usine ou garagiste, gangster ou homme d’église, magistrat ou commissaire, etc. Ce second rôle brillant est un professionnel, un homme de métiers, qui dévoile rarement son intimité et sa vie privée. Enfin, les rôles de Jean Bouise sont souvent connectés, de près ou de loin, à des événements sociopolitiques de premier plan, qui structurent profondément la filmographie de l’acteur. La révolution cubaine, la dictature franquiste, les scandales de la Vème République, le régime de Vichy, la société post-Mai-68 et l’héritage colonialiste contraignent directement ou indirectement l’action de ses personnages. »

 

« Dans Les Granges brûlées (1973) qui prend pour cadre un petit village enneigé du Jura, l’acteur défend ce territoire sauvage, déserté par les jeunes qui s’en vont vers les villes. « Notre beau pays du Haut Doubs est calme, traditionnellement tranquille, et ses paysans sont peut-être les derniers à pouvoir porter avec fierté ce qualificatif », dit-il à Alain Delon »

 

« Il est également admirable dans Coup de tête dans la peau de l’inoubliable Sivardière, directeur d’usine et président du club de foot de Trincamp. Malgré son influence dans les décisions politiques et la législation de cette petite ville imaginaire, il se retrouve piégé par la soudaine popularité de Patrick Dewaere, érigé en dieu du foot par la population locale. »

 

« Je fais ce que je crois pouvoir faire. Et tout se fait en se faisant. C’est souvent en regardant les autres qu’on apprend le mieux. En se taisant. Je ne sais jamais rien au moment où je vais jouer. J’ai une vague idée mais je me méfie des indications trop précises. Un seul mot parfois me met bien mieux sur la voie : l’exemple d’une couleur, d’un son... Jouer c’est aussi mystérieux, aussi indicible que lire un poème. On ignore pourquoi ça vous touche tant, mais on devine que c’est essentiel... »

 

Portrait de Jean Bouise ICI 

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25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 06:00
Lorsque 2 financiers suisses agités du bocal cuisinent des légumes moches ça m’intéresse…

« Si la Suisse était bien repassée, ce serait un grand pays »

 

Signé Jean-Luc Godard binational franco-suisse, son père Georges Godard, issu d'une ancienne famille protestante de Sancerre, en 1916, déménage avec sa famille en Suisse par conviction pacifiste et s'installe à Vevey, puis à Genève.

 

J’apprends par le journal Le Temps que « Patrick Bante et Luca Kuettel se sont rencontrés sur les bancs de l’Université de Saint-Gall. Après deux masters en banque et finance suivis de quelques expériences professionnelles dans le monde des affaires, les deux amis décident de sacrifier à leur passion: la cuisine. »

 

Ils créent « Oggi », qui veut dire "aujourd’hui" en italien, ne fait pas seulement référence à un menu, mais célèbre surtout l’essence même du style de vie et de la culture culinaire en Méditerranée.

 

Sixtine les a rejoints en Septembre 2016.

 

 

 

 

 

 

 

 

En Italie «oggi si mangia» correspond à la «suggestion du jour» du chef. Elle est inspirée par les arrivées du jour pour assurer une première fraicheur.

 

« Chez Oggi, les plats cuisinés sont d’inspiration méditerranéenne. Ils se composent d’ingrédients locaux et saisonniers et notamment des fameux légumes moches pas assez sexy pour la grande distribution mais dont la qualité reste au top. Un procédé économique qui évite le gaspillage alimentaire et qui colle à la philosophie «zéro déchet» des deux associés. »

 

Le Menu de la semaine 20.02. - 24.02.2017 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment Ça Marche ?

 

Deux Genevois qui en ont dans le bocal (gastronomique) ICI

 

Lors de mon prochain séjour sur les bords du Léman j’irai mettre mon nez dans les bocaux d’ « oggi si mangia » pour ensuite tester le rapport qualité-prix.

 

Pour convertir le Franc Suisse CHF en euros c’est ICI

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23 février 2017 4 23 /02 /février /2017 09:00
Journal d’1 chroniqueur de campagne (6) le pari de la recomposition de Mr X au PACS Macron-Bayrou en passant par l’ouverture de Rocard en 1988.

SOUVENIRS

 

Acte 1 : La grande affaire. : Monsieur X contre de Gaulle.

 

Ce titre barre la Une de l'hebdomadaire l'Express le 19 septembre 1963.

 

L'hebdomadaire joue aux devinettes avec ses lecteurs : « Il s'agit d'un homme politique exemplaire : il possède une équipe dynamique, il a beaucoup d'amis dans le milieu, de très bonnes relations avec les dirigeants des grandes entreprises ».

 

En fait, les dirigeants de l'hebdo, Servan-Schreiber, Ferniot, Françoise Giroud ont décidé d'inventer un candidat contre de Gaulle. Les supputations vont bon train. Le président du Sénat Gaston Monnerville, le radical Maurice Faure, Mitterrand, Antoine Pinay…

 

Une semaine plus tard, Le Canard Enchaîné annonce «Monsieur X est un homme Defferre». Triomphalement réélu aux municipales de Marseille, Gaston Defferre entame une tournée nationale et veut créer une fédération allant du centre droit aux communistes.

 

Guy Mollet, patron de la SFIO, lui barre la route en juin 1964. Defferre renonce mais soutient en coulisse Mitterrand. À l'été 1965, assuré qu'il n'y aura pas de candidat communiste, obtenant le ralliement des radicaux, ce dernier se déclare. « Il s'est inventé candidat » conclut l'Express.

 

J’EN ÉTAIS

 

Acte 2 : La France Unie de Mitterrand 2 en 1988 : Rocard à la barre

 

« La campagne présidentielle mitterrandienne, puis le premier gouvernement Rocard, ont mobilisé parallèlement des concepts-slogans «La France unie», «L’ouverture», «Gouverner autrement» qui ont laissé entendre que la porte restait ouverte, pour l’exercice du pouvoir, aux modérés aux « centristes » disposés à saisir la main tendue. »

 

Nous sommes en 1988. François Mitterrand, qui fait campagne pour sa réélection à la présidence de la République, promet un gouvernement "d'ouverture". Il envisage des débauchages individuels chez les centristes.

 

Une fois réélu, François Mitterrand nomme le socialiste Michel Rocard à Matignon. Son premier gouvernement comprend deux ministres UDF, Michel Durafour et Jacques Pelletier. Quatre personnalités non partisanes y figurent aussi: Pierre Arpaillange, Roger Fauroux, Jacques Chérèque et Hubert Curien.

 

Après les élections législatives de juin, le deuxième gouvernement Rocard compte dans ses rangs autant de socialistes que de non-socialistes. Parmi eux, le barriste Jean-Pierre Soisson, le centriste Jean-Marie Rausch, un CDS, une giscardienne et des personnalités comme Léon Schwartzenberg et Alain Decaux.

 

Le résultat très serré des élections législatives a donné encore plus d’acuité à cette idée de recomposition des forces ou des alliances politiques, en ne dégageant pas de majorité absolue pour le Parti socialiste (PS), alors que le Parti communiste (PC), contrairement à 1981, était dans une posture de prise de distance critique et de refus de participation à un gouvernement d’union de la gauche.

 

Avec 275 membres ou apparentés, le groupe PS n’avait que 47,8 % des effectifs de députés ; il lui manquait treize sièges pour atteindre la majorité absolue. La gestion politique de la situation par le gouvernement supposait donc, malgré l’existence de garde-fous constitutionnels, de réduire au maximum les « passages en force ».

 

D’où l’importance capitale des petits groupes parlementaires pouvant, par un vote positif ponctuel, ou par leur abstention, permettre de « passer en douceur ». Le PC possède alors 24 députés (4 %) et obtient de pouvoir reconstituer un groupe.

 

La plupart des députés membres du CDS fondent également leur propre groupe, la décision étant prise dès le 15 juin : 42 parlementaires s’y inscrivent ou s’y apparentent, soit un peu plus de 7 % des députés, le groupe enregistrant trois départs « d’ouverture », en 1988 et en 1990.  »

 

LIRE ICI 

 

L’ACTUALITÉ

 

Acte 3 : François Bayrou et le pari de la recomposition avec Macron

 

En se ralliant à Emmanuel Macron, le Béarnais espère prendre à revers la droite et la gauche et faire triompher, face au FN, une alliance des progressistes.

 

De l’art de transformer du plomb en or : crédité de 5 % à 6 % des suffrages dans les sondages d’intention de vote, François Bayrou ne pouvait aucunement prétendre emporter l’élection présidentielle de 2017.

 

En tentant sa chance pour la quatrième fois, le Béarnais pouvait en revanche faire chuter l’ovni Macron ; ce dernier est devenu la bête noire de la droite et de la gauche car leur électorat est très proche. Mais cela aurait été un choix négatif.

 

Il n’a pas pris cette option préférant au contraire surprendre et prendre une nouvelle fois la droite à revers en scellant une « alliance » avec celui qu’il appelait naguère le « candidat des forces de l’argent ».

 

On aurait tort d’interpréter cette décision à l’aune du seul dépit d’un sexagénaire sûr de son destin qui se serait fait doubler sur le tard par un trentenaire déluré. Le choix de François Bayrou se veut fondateur. Il repose sur la certitude qu’une recomposition politique est à l’œuvre depuis des années et qu’elle est arrivée à maturité.

 

Complexification du paysage politique

 

Les prémices étaient apparues lorsque, entre les deux tours de la présidentielle de 2007, Ségolène Royal avait tendu la main au centriste pour tenter de battre Nicolas Sarkozy. Cinq ans plus tard, c’est le Béarnais qui, par détestation du même homme, appelait à voter, entre les deux tours de la présidentielle de 2012, et à titre personnel, pour François Hollande.

 

La lune de miel s’était cependant rapidement interrompue, faute de réciprocité. Le nouveau président n’avait rien fait pour aider le centriste à sauver sa circonscription face aux assauts du Parti socialiste (PS). Pire, il avait négligé sa proposition d’organiser, à peine élu, un référendum portant notamment sur la moralisation de la vie politique et la réforme du mode de scrutin législatif, afin d’ouvrir le jeu et trouver « des majorités d’idées » alors que la France était confrontée au défi du désendettement et bientôt du terrorisme.

 

C’est ce projet que François Bayrou est allé vendre avec succès à Emmanuel Macron en y ajoutant un codicille sur la protection de « la rémunération du travail ». Dont acte.

 

En topant, les deux hommes complexifient un peu plus le paysage politique et précipitent la décomposition à l’œuvre sous le quinquennat : on ne compte plus comme naguère deux grandes forces politiques ni même trois mais cinq qui se disputent le podium : le Front national (FN), la droite, le centre, la gauche et la gauche radicale.

 

Union des progressistes

 

Cela veut dire que la qualification pour le second tour se jouera aux alentours de 20 % et qu’il faudra ensuite créer une majorité de rassemblement face au FN qui ne cesse de progresser.

 

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, avait été le premier à théoriser cette union des progressistes sans parvenir à séduire l’électorat de la primaire de la droite et du centre qui lui avait préféré le très droitier François Fillon.

 

François Bayrou reprend le flambeau en prêtant main-forte à Emmanuel Macron qui commençait à donner des signes de faiblesses.

 

Les deux hommes sont persuadés que le traditionnel clivage entre la gauche et la droite est désormais noyé par une opposition plus structurelle sur la mondialisation et le rôle de la France en Europe. Une opposition qui travaille les deux camps.

 

Leur pari repose sur le fait qu’au PS comme chez Les Républicains, les digues sont tout prêts de lâcher et que les électeurs ont déjà franchi le pas. Réponse le 23 avril.

 

Françoise Fressoz éditorialiste LE MONDE | 23.02.2017

 

 

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22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 11:30
Pourquoi, en amont du jeu de rôle entre « partenaires » orchestré par l’INRA, les viticulteurs, les consommateurs,  n’ont-ils pas droit à la parole pour exprimer leurs demandes de recherche ? signé le comité des gueux

Au salon de l’agriculture les chercheurs de l’INRA pensent pour vous : agriculteurs, viticulteurs, consommateurs… suivez sur twitter !

 

Que nos brillants chercheurs agronomiques innovassent, qu’ils fassent avancer la science me semble aussi évident que moi je pédalasse pour faire avancer mon vélo…

 

Alors quoi de plus normal qu’ils profitassent du grand barnum qu’est le Salon de l’Agriculture pour colloquer, pour je cite la communication de l’INRA des rencontres qui restituent le produit des réflexions à un large public de partenaires : professionnels agricoles, acteurs du système français de R&D, etc.

 

Nos chercheurs vont donc restituer le produit de leurs réflexions

 

Pour le Larousse, restituer c’est « Rendre quelque chose à son propriétaire légitime »

 

« Rendre ce qui a été pris ou ce qui est possédé indûment, injustement. »

 

Étrange formulation ou tout simplement une formulation qui traduit l’ambiguïté de notre recherche publique qui, contrairement à la recherche privée, à une mission que l’on peut qualifier de service publique.

 

Mais en est-il vraiment ainsi ?

 

À qui s’adressent-ils dans ces rencontres ?

 

À un large public de partenaires : professionnels agricoles, acteurs du système français de R&D, etc. nous dit-on.

 

Ce public est-il aussi large que cela ?

 

N’est-il pas au contraire l’expression publique d’un entre soi à des fins de Communication ?

 

Où sont, non pas les acteurs, en effet ceux qui mettent « les mains dans la farine » ne jouent pas un rôle, mais ceux qui au jour le jour sont confrontés à des questionnements qui mettent en jeu leur avenir, leur vie ?

 

Pourquoi en amont de ce jeu de rôle orchestré par l’INRA n’ont-ils pas droit à la parole pour exprimer leurs demandes de recherche ?

 

Ne serait-il pas primordial de leur restituer le pouvoir d’influencer l’offre de recherche de l’INRA ?

 

Mais je me doute que ça perturberait les rapports de l’INRA avec certains de ses partenaires ici innommés mais que l’on peut retrouver dans les participants à ces rencontres bien formatées.

 

Je vous donne le programme :

 

- Construire la viticulture de demain lundi 27 février 2017 ~ de 14h30 à 16h30

 

- L'innovation alimentaire : vers une alimentation sur mesure Mercredi 1er mars 2017 ~ de 10h à 12h

 

L'agriculture biologique, les enjeux d’un secteur en pleine croissance Jeudi 2 mars 2017 ~ de 16h30 à 18h30

 

- Alimentation durable Vendredi 3 mars 2017 ~ de 14h30 à 16h30

 

  1. Construire la viticulture de demain
  2.  

Cette rencontre associe la recherche dans les sciences biotechniques et socio-économiques et les acteurs économiques pour brosser la construction de la viticulture de demain.

 

Lundi 27 février 2017 ~ de 14h30 à 16h30

 

Suivez cette rencontre sur Twitter #Vigne

 

La production viticole est une production agricole majeure en France, à la fois par l’importance des surfaces, plus de 770 000 ha, son importance économique, en particulier à l’exportation et son empreinte sur les territoires. C’est une production qui a une composante culturelle très forte, qui explique à la fois sa place à l’exportation et les attentes des consommateurs.

 

Portés par la place des grands crus et des grands cépages, les professionnels du secteur viticole expriment des exigences qualitatives très fortes et un besoin de s’adapter aux évolutions du marché, tout en répondant également aux attentes exprimées par la société d’une réduction forte des produits phytopharmaceutiques largement utilisés pour la protection de la vigne.

 

A ces attentes sur le court terme, la viticulture doit également prendre en compte la montée en puissance des conséquences du dépérissement qui touche aujourd’hui la plupart des vignobles, et qui exige de considérer simultanément de nombreux leviers technologiques et organisationnels.

 

Enfin, en raison de sa pérennité, mais aussi de la forte typicité des produits viticoles associée à leurs terroirs d’origine, la viticulture doit anticiper dès aujourd’hui les conséquences du changement climatique en cours et imaginer les marges d’action.

 

Au travers de cette rencontre associant la recherche dans les sciences biotechniques et socio-économiques et les acteurs économiques, la construction de la viticulture de demain sera brossée.

 

Programme

 

Introduction

 

Christian Huyghe, Directeur Scientifique Agriculture de l'Inra

 

Séquence 1 : Des enjeux à moyen et long terme

 

> L’adaptation au changement climatique : les principaux acquis du projet Laccave

Nathalie Ollat, Inra Bordeaux et Jean-Marc Touzard, Inra Montpellier

 

> La lutte contre le dépérissement de la vigne : les enjeux et les actions mises en œuvre dans le cadre du plan national et de la création de la chaire industrielle de Bordeaux

 

Patrice Rey, Inra Bordeaux, Christophe Riou, IFV et Christian Lannou, Inra-SPE et président du CST de l’IFV

 

Discussion avec la salle

 

Séquence 2 : Les transitions à court terme pour répondre aux ambitions du plan Agroécologique et du plan Ecophyto

 

> La création et le déploiement de variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium

 

Didier Merdinoglu, Inra Colmar, François Delmotte, Inra Bordeaux et Carole Caranta, Inra-BAP

 

> Les transitions dans le monde viticole et l’adoption de nouveaux cépages

 

François Hochereau, Inra Ivry

 

Discussion avec la salle

 

Conclusion

Philippe Mauguin, PDG de l’Inra

 

  1. L'innovation alimentaire : vers une alimentation sur mesure

 

Cette rencontre vise à initier le dialogue avec les acteurs socio-économiques dans l’objectif de co-construire des projets ambitieux autour d’un domaine porteur d’innovation : l’alimentation sur mesure.

 

Mercredi 1er mars 2017 ~ de 10h à 12h

Suivez ce colloque sur Twitter #Food

 

En France, comme dans l’ensemble des pays industrialisés, les habitudes alimentaires ont beaucoup plus changé au cours des cinq dernières décennies qu’au cours des siècles précédents. L’évolution de l’alimentation accompagne les transformations de notre société : modifications des modes de vie, évolutions sociologiques, développement socio-économique, progrès technologiques, changement des goûts des consommateurs et des modes de consommation.

 

Cette mutation des habitudes alimentaires offre un champ de développement porteur de valeur ajoutée, notamment en matière d'aliments fonctionnels adaptés à un mode de consommation particulier ou à des besoins nutritionnels spécifiques, ainsi qu’en matière d’aliments « sur mesure » destinés à répondre à des demandes particulières de certaines catégories de populations telles que les séniors, les nourrissons et jeunes enfants, les femmes enceintes et allaitantes, les populations souffrant de syndromes allergiques ou les sportifs.

 

Les progrès scientifiques dans la connaissance des besoins nutritionnels et hédoniques, ainsi que la meilleure compréhension des préférences alimentaires et des comportements de consommation de différents groupes de population permettent de proposer des démarches de conception d’aliments mieux adaptés à la demande de ces groupes.

 

Par ailleurs, le développement des technologies de l’information et de la communication permet d’envisager de « personnaliser » l’alimentation, à travers des applications intégrant des données sur la composition des aliments, leur provenance, les indicateurs de santé de l’individu, son mode de vie et ses préférences.

 

Le principal objectif de l’Inra est de fournir les éléments scientifiques permettant d’améliorer la santé et le bien-être en encourageant le développement d’aliments mieux adaptés à l’Homme. Les recherches se situent dans un compromis entre le bien-être individuel et le contexte économique et socio-professionnel.

 

Par cette rencontre, nous souhaitons initier le dialogue avec les acteurs socio-économiques dans l’objectif de co-construire des projets ambitieux autour d’un domaine porteur d’innovation : l’alimentation sur mesure.

 

Programme

 

Introduction

 

Jean Dallongeville, Inra

> Alimentation sur mesure: rôles du microbiote intestinal

 

Patrick Veiga, Danone

> L’offre alimentaire personnalisée

 

Matthieu Vincent, WeCook / DigitalFoodLab : présentation des acteurs de type startup et innovant autour de l’alimentation personnalisée

 

Séverine Gailler-Legendre, WeCook / Alantaya : 2 exemples d’acteurs du coaching alimentaire ciblant à la fois le grand public et les pathologies

 

Discussion avec la salle

 

> Le projet de recherche Nutriperso: alimentation personnalisée et prévention du diabète de type 2

 

Louis-Georges Soler, Inra

 

> Utilisation d'additifs sensoriels naturels pour moduler l'appétit et le plaisir alimentaire : démonstration d'impact au niveau du cerveau et des comportements chez le modèle porcin. Collaboration Inra & Laboratoires Phodé

 

David Val-Laillet, Inra

 

Discussion avec la salle

 

Conclusion

 

Christine Cherbut, Directrice scientifique Alimentation et Bioéconomie, Inra

 

  1. L'agriculture biologique, les enjeux d’un secteur en pleine croissance

 

Cette rencontre aborde plusieurs questions sur les formes de gouvernance de l'agriculture biologique, l’appui des politiques publiques, mais aussi le soutien à la conversion ou l’organisation et la sécurisation de la production.

 

Jeudi 2 mars 2017 ~ de 16h30 à 18h30

Suivez cette rencontre sur Twitter #Bio

 

Au cours des 6 premiers mois de 2016, le nombre d’exploitations en agriculture biologique (32 000) a connu une croissance sans précédent (+10%), croissance équivalente à celle enregistrée sur toute l’année 2015. L’ensemble de la filière, y compris les opérateurs aval (transformateurs, distributeurs…), est concerné par ce développement. Le secteur poursuit sa structuration et plusieurs chantiers d’importance sont à l’agenda sur les formes de gouvernance, d’appui des politiques publiques, mais aussi sur le soutien à la conversion ou sur l’organisation et la sécurisation de la production.

 

Après un retour sur 30 ans de construction de la gouvernance des marchés (normes, certifications, accréditation), on aborde la question des outils de régulation mis en œuvre et de leurs impacts sur la dynamique des marchés. Le développement de l’AB est ensuite abordé du point de vue de l’agriculteur, en se centrant sur les défis qu’il doit relever lorsqu’il opte pour une conversion en AB. Le soutien public est un des ressorts du développement. Envisageant l'hypothèse d'un soutien public à l'AB fondé sur la rémunération de ses aménités, le ministère chargé de l'agriculture a souhaité disposer d'un état des lieux des connaissances scientifiques pour objectiver l’évaluation des externalités de l’AB. On revient sur ce travail, confié à l'Itab, avec l'appui scientifique de chercheurs de l'Inra. L’hétérogénéité en quantité et en qualité de la production issue de l’AB est une contrainte que doivent gérer les transformateurs. Le Réseau Mixte Technologique Transfo Bio présente les questions que cela pose et les pistes explorées par les acteurs de la filière.

 

Programme

 

Introduction

Christian Huyghe, Directeur Scientifique Agriculture de l'Inra

 

Séquence 1 : l'AB demain, quelques pistes de réflexion

 

> Les instruments de régulation de l’Agriculture Biologique (normes, certification, accréditation) et leurs conséquences sur les marchés

 

Allison-Marie Loconto, Inra

 

> Les défis de la conversion en AB : témoignage d’un agriculteur de la FNAB

 

Sébastien Lemoine, FNAB

 

> Les externalités de l’AB, résultats d’une expertise pilotée par l’ITAB

 

Natacha Sautereau, ITAB et Marc Benoit, Inra

 

> Interactions entre production agricole et transformation agroalimentaire : état des lieux et perspectives dans la filière Bio

 

Cyril Bertrand, CRITT Agroalimentaire PACA et RMT ACTIA TransfoBio

 

Séquence 2 :le développement de l'AB par les partenaires de la recherche

 

Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB

 

Catherine Decaux, Directrice de l'ITAB

 

Conclusion

 

Philippe Mauguin, PDG de l'Inra

 

  1. Alimentation durable
  2.  

Cette rencontre, co-organisée par l’Inra et l’Ademe, montre que l’alimentation durable est un défi possible à relever et une voie d’avenir.

 

Vendredi 3 mars 2017 ~ de 14h30 à 16h30

Suivez cette rencontre sur Twitter #Global

 

Une attention croissante est portée aux effets environnementaux et sanitaires de la production et de la consommation alimentaires. Un changement en faveur de systèmes et de régimes alimentaires plus durables s’impose pour protéger la santé de l’homme et de l’environnement, garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle, préserver les ressources naturelles et la biodiversité. Néanmoins, les moyens de la transition vers de tels systèmes restent encore matière à débat.

 

La rencontre, co-organisée par l’Inra et l’Ademe, propose d’apporter un éclairage sur des connaissances récentes et de présenter des actions mis en œuvre par des filières agro-alimentaires et des acteurs territoriaux, qui montrent que l’alimentation durable est un défi possible à relever et une voie d’avenir.

 

Programme

 

Introduction

 

Joëlle Kergreis, direction exécutive des programmes, Ademe

 

> Agrimonde-Terra- Impact des régimes alimentaires sur l’utilisation des terres

 

Olivier Mora, Inra

 

> Écoconception dans les filières agro-alimentaires

 

Vincent Colomb, Ademe

 

> Approche de l’alimentation durable par une filière agro-alimentaire

 

Amina Galiano, Agrosolutions et Flora Schmitlin, Mondelez Europe.

 

Discussion avec la salle

 

> Intégration des qualités nutritionnelles et environnementales de l’alimentation en France

 

Nicole Darmon, Inra

 

> Projet d’alimentation durable territorialisé

 

Nadège Noisette, Adjointe à la ville de Rennes en charge des approvisionnements

 

Discussion avec la salle

 

Conclusion

 

Philippe Mauguin, PDG de l’Inra

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21 février 2017 2 21 /02 /février /2017 06:00
Balzac connaissait-il la beuchelle tourangelle ? Bonne question Jean-Claude Ribaut ! Vive les rognons et les ris de veau !

Le week-end dernier tout ce que la France et la Navarre, ses annexes étrangères aussi, compte de hipsters à casquette, de tatoués, de naturistes en tee-shirts et grosses écrase-merde, de cavistes alternatifs engagés, de tenanciers et tenancières de bars à manger, de restaurateurs chics, d’agents divers et variés, d’amateurs de déviance, de filles branchées sur 100 000 volts, de bobos, de dragueurs éhontés, de licheurs désœuvrés et désargentés, de porte-plumes en déshérence, de blogueurs sans lecteurs, s’était ruée sur la Loire où les vins nus faisaient salons dans tous les coins de la région. L’Officiel, lui, dans sa zone industrielle, ravalé au rang de faire-valoir, vieillissait de plus en plus dans le silence et l’indifférence.

 

« Depuis toujours, les pays ligériens expriment une certaine joie de vivre sous un ciel clément. Balzac considérait la Touraine comme sa terre natale. Le Lys dans la vallée nous offre de cette contrée un portrait culinaire ramassé. Rares sont les cuisines, hormis la chinoise, qui ont su enflammer la passion d'écrivains de cette envergure. Mais il estimait que les rognons sont "un mets que l'on ne peut manger qu'entre soi, et surtout pas au dîner". »

 

C’est ce qu’écrivait, en août 2011, Jean-Claude Ribaut lorsqu’il chroniquait dans le journal le Monde et posait la question « Balzac connaissait-il la beuchelle tourangelle ? »

 

Qu’est-ce donc que ce plat qui semble fleurer bon une préparation locale très ancienne ?

 

Un plat mis au point par un Nantais : Édouard Nignon au début du XXe.

 

« L’origine du nom est simple, c’est la francisation du mot autrichien « Beuschel » que Nignon avait découvert en 1892 lors de son passage au Trianon ; les Viennois en étaient très friands. On le sert toujours à Vienne dans plusieurs restaurants, en général accompagné de quenelles à la mie de pain (semmelknödel).

 

C’était un ragoût à base de poumon et de cœur que Nignon a remplacé par des rognons et des ris de veau, nappé d’une sauce crémée, généreusement enrichie d’un fond de veau très élaboré. Il ajoutait des cèpes.

 

Tout le monde ou presque sait ce que sont les rognons ; en revanche assez peu savent ce que sont les ris, mot d’origine inconnue, qui désigne une glande endocrine présente chez l’humain, le Thymus. Elle est située à cheval sur le cou et le thorax ; elle s’atrophie chez l’adulte.

 

« Dans le veau, elle est parfois volumineuse, de la taille de deux poings. Elle forme une masse unique. Elle forme une masse unique, mais on peut la cliver en deux lobes (on les nomme « pommes »). »

 

Jean-Claude Ribaut en énonçait deux des multiples formes :

 

« C'est un ragoût de rognons de veau parés et émincés, de ris de veau blanchis puis escalopés, que Florent Martin (Le Martin bleu) fait simplement colorer dans un peu d'huile d'olive et de beurre ; il y ajoute des champignons des bois, fait flamber avec 20 cl de marc des côteau de la Loire avant de verser 50 cl de crème liquide et de laisser épaissir à feu moyen. Le grand cuisinier tourangeau Jean Bardet, aujourd'hui retiré, procédait de façon plus sophistiquée avec l'adjonction d'une garniture aromatique (oignon, carotte, céleri, ail en chemise, thym, ½ feuille de laurier), la cuisson du ris de veau s'effectuant alors dans un bouillon de volaille et vouvray blanc sec, afin de réduire de moitié la proportion de crème. Il ajoutait les rognons finement escalopés, poêlés au dernier moment. »

 

Né à Nantes en 1865, Édouard Nignon est un fils d'un journalier et d'une lingère ayant eu huit enfants, il entre en apprentissage à l'âge de neuf ans au restaurant Cambronne. Un an plus tard, il intègre le restaurant Monier où il apprend à lire et écrire.

 

Il se fait remarquer par son ardeur au travail et son intelligence, son ascension est rapide. Muni d’une recommandation, il passe par Angers, Cholet avant d’atteindre Paris à 15 ans où il entre chez Potel et Chabot. Aide saucier chez Bignon, chef saucier chez Voisin, chef entremettier à l’exposition de 1889, chef rôtisseur au Lapérouse, chef des cuisines au Marivaux.

 

À 27 ans il part à Vienne au Trianon où il est remarqué par l’empereur François-Joseph ; à 32 ans il se rend en Grande-Bretagne où il est maître chef des cuisiniers de l'hôtel Claridge de Londres de 1894 à 1901 ; à 35 ans il dirige l’impressionnante brigade au luxueux Ermitage de Moscou. En 1908, il devient propriétaire du restaurant Larue à Paris où défilent écrivains et artistes. La maladie en 1921 l’oblige à prendre sa retraite.

 

En 1933 il publie « l’Éloge de la cuisine française » préfacée par Sacha Guitry. La formule de la Beuchelle, il préfère le mot formule à celui de recette, y est détaillée.

 

Intéressé par les alliances de saveurs atypiques, il crée entre les deux guerres les huîtres au camembert.

 

Je ne sais si à Paris un restaurant propose une beuchelle tourangelle, mais si vous souhaitez manger du ris de veau je vous recommande celui de Julien Boscus au restaurant Les Climats rue de Lille il est comme je l’aime à la fois ferme et fondant.

 

RIS DE VEAU ET TRUFFE NOIRE,

Doré au sautoir crousti-fondant; gnocchi au parmesan, sucrine grillée et condiment Tuber Mélanosporum, émulsion de sauce blanquette.

Balzac connaissait-il la beuchelle tourangelle ? Bonne question Jean-Claude Ribaut ! Vive les rognons et les ris de veau !
Balzac connaissait-il la beuchelle tourangelle ? Bonne question Jean-Claude Ribaut ! Vive les rognons et les ris de veau !
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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 06:00
Ne confondre l’avocat « arbre à cojones » avec celui d’Hubert le Forestier, ils n’ont pas la même stratégie

Dans le film de Carl Reiner, sorti en 1977, Oh, God ! Dieu interrogé sur ses plus grandes erreurs, du tac au tac, répondait pince-sans-rire : « Les avocats. J’aurais dû faire des noyaux plus petits. »

 

Le mot avocat en tant que fruit n’a pas du tout la même origine qu’avocat dans son sens juridique qui vient du latin advocatus = défenseur, avoué, appelé auprès. Sous l’Ancien Régime, le rôle de l’avocat était de défendre les couvents, les villes etc. Ce n’est qu’en 1790 sous la Révolution française que le mot prit son sens actuel.

 

Il vient de l’anglais avocado (Sir Hans Sloan en 1699) et issu de l’espagnol aguacate, venant d’encore plus loin, à savoir du nahuatl (langue que les descendants des Aztèques parlent au Mexique) ahuacacuahitl qui signifie littéralement arbre à testicule (ahuacatl = testicule) en raison de la ressemblance de forme entre le fruit et l’organe.

 

Pour les professeurs de botanique du monde entier ce noyau est absolument parfait. « Sous sa peau marron, tous les éléments de la graine apparaissent en grand format. Il suffit d’un noyau propre, de trois cure-dents et d’un verre d’eau pour assister à un véritable cours sur la germination. La simplicité du mécanisme n’avait pas échappé aux tout premiers paysans, qui apprirent à le domestiquer depuis la découverte de ce fruit dans les forêts tropicales du Mexique et du Guatemala.

 

En effet, bien avant qu’apparaissent les Mayas ou les Aztèques, les peuples d’Amérique centrale savouraient déjà la chair crémeuse de l’avocat.

 

L’avocatier (Persa americana) n’est connu que comme espèce cultivée. Son ancêtre sauvage disparut des forêts d’Amérique centrale durant des milliers d’années qui ont suivi sa domestication. Une théorie suggère que les nombreux arbres néotropicaux à gros fruits s’éteignirent peu à peu juste après la disparition de ceux qui en disséminaient les graines : tatous géants, glyptodons, mammouths, gomphothères et autres membres disparus de la mégafaune du pléistocène (Janzen&Martin 1982). Vu la taille de ses graines, l’intervention d’un gros animal était sûrement nécessaire à touer dispersion de l’avocatier sauvage. (Bien sûr de nos jours, les humains s’en chargent parfaitement et les avocats poussent sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique !

 

MEXIQUE

 

La culture de l’avocat fait des ravages

 

L’«or vert» du premier producteur mondial provoque la déforestation et profite au crime organisé

29 août 2016 |Frédéric Saliba

 

Le monument en forme d’avocat géant trône à l’entrée de Tancitaro, dans l’ouest du Mexique. La sculpture symbolise l’importance de ce fruit pour les habitants de cette petite ville de l’État du Michoacan, devenue la capitale mondiale de l’avocat. Le boom de la consommation des Américains, mais aussi des Européens, Français en tête, fait flamber les prix du fruit, rebaptisé l’« or vert » du Mexique. Une ruée qui provoque une déforestation massive et profite au crime organisé.

 

Vus du ciel, des pans entiers de forêt sont zébrés de champs d’avocatiers sur les flancs des montagnes du Michoacan. La région concentre les quatre cinquièmes de la production nationale d’avocats. Cette terre volcanique au climat tempéré sied au fruit, dans un pays qui en est le premier producteur mondial, avec près du tiers de la récolte. En trente ans, les plantations sont passées de 31 000 à 118 000 hectares, selon le ministère de l’Agriculture. En 2015, la production a atteint 1,6 million de tonnes, en hausse de 6,6 % en un an.

 

Face cachée de ce succès économique : la destruction des forêts de pins, dont certains endémiques. « Les agriculteurs plantent clandestinement des avocatiers au milieu des pins », explique Victor Manuel Coria, le directeur de l’Institut national de recherches forestières, rattaché au ministère de l’Agriculture. « C’est un travail de fourmi, sur plusieurs années. Petit à petit, ils coupent les branches, puis les troncs desséchés. »

 

La faune est aussi menacée : coyotes, pumas et autres oiseaux rares habitent la forêt, qui accueille aussi des millions de papillons monarques lors de leur grande migration annuelle. Sans parler du problème de l’eau, consommée en masse par les avocatiers, qui affecte le niveau des rivières, ou de celui des pesticides

[…]

 

À qui la faute ? Plus de la moitié de la production est exportée. La France est le second importateur d’avocats mexicains, après les États-Unis, et avant le Japon et le Canada. Dans l’Hexagone, le fruit se mange plutôt en hors-d’oeuvre ou en salade, tandis que le guacamole, purée d’avocat épicée, a gagné ses lettres de noblesse dans les rayons des supermarchés.

 

L’article ICI 

 

Commentaire de Ronald Bouchard - Abonné

29 août 2016 13 h 58

Rien de neuf. C’est pas une nouvelle ça! Il est très connu, qu’au Québec, dans notre système judiciaire, « La culture de l’avocat fait des ravages ».

 

« Nous vivons dans un monde de graines. Le café du petit déjeuner, le coton de nos vêtements, le chocolat chaud que nous buvons avant d’aller nous coucher, du matin au soir, elles sont partout autour de nous. Elles nous fournissent en nourriture, en énergie, en stupéfiants et en poisons, en huiles, en teintures, fibres et épices. Sans graines, pas de pain, de riz, de haricots, de maïs ou de noix. Elles sont l’aliment par excellence, la base de tout régime alimentaire, de l’économie, des modes de vie partout sur la planète. Elles sont aussi l’essence même de la vie sauvage : les plantes à graines constituent plus de 90 % de notre flore. Elles sont si répandues que l’on a du mal à imaginer que durant plus de cent millions d’années, ce sont d’autres types de plantes qui dominèrent la Terre. »

 

Mais qu’est-ce qui à l’intérieur de la graine déclenche la germination et comment la plante avait réussi à développer un système aussi sophistiqué ?

 

Réponse de Carol Baskin professeur de sciences à l’Université du Kentucky

 

« Je raconte à mes étudiants qu’une graine est un bébé plante, dans une boîte, avec son déjeuner. »

 

Avec son analogie du « bébé dans la boîte », Carol réussit à parfaitement synthétiser l’essence des graines : portatives, protégées, bien nourries. « Mais je suis biologiste et on parle là de ma spécialité, alors je vais être un peu plus précise : certains bébés engloutissent leur déjeuner jusqu’à la dernière miette, d’autres se contentent d’une partie, d’autres encore ne mordent même pas dedans. »

 

« Votre noyau d’avocat a tout mangé », ajouta-t-elle d’un air entendu.

 

« Une graine contient trois éléments de base : l’embryon de la plante (le bébé), une enveloppe protectrice (la boîte) et un tissu nutritif quelconque (le déjeuner). Typiquement, la boîte s’ouvre au moment de la germination, l’embryon se nourrit du déjeuner tout en projetant vers le bas des racines et vers le haut ses premières feuilles. Mais il est aussi fréquent de voir le bébé dévorer son déjeuner avant l’heure, transférant toute l’énergie vers une ou plusieurs « feuilles séminales ou « cotylédons » : les deux moitiés d’une cacahouète, d’une noix ou d’un haricot – des feuilles embryonnaires si grandes qu’elles constituent à elles seules la majeure partie de la graine. »

 

La stratégie de l’avocat a quelque chose d’inhabituel.

 

« La plupart des graines sèchent en mûrissant ; leur enveloppe protectrice, épaisse, permet de tenir l’humidité à distance. Sans eau, la croissance de l’embryon ralentit, jusqu’à un quasi statu quo, un état d’arrêt de croissance qui peut persister des mois, des années, des siècles, même, jusqu’à ce que les conditions pour la germination soient réunies. « Mais pas les avocats, lorsqu’on les laisse se dessécher, ils meurent »

 

Pour un avocatier, le bon endroit est un terrain où ses graines ne se dessècheront jamais et où la saison est toujours idéale. Sa stratégie ? Chaleur et humidité constantes, des conditions que l’on trouve par exemple dans la forêt tropicale, ou bien en suspension au-dessus d’un verre d’eau… Ces graines n’ayant aucun besoin de survivre à de longues périodes de sécheresse ou de froid hivernal, elles ne s’accordent qu’une très courte pause avant de tenter de pousser à nouveau. »

 

« … en quelques jours, leurs noyaux commencèrent à se fendre en deux moitiés brunes écartées par des racines en pleine croissance à l’intérieur. À partir de la radicule dans l’embryon, chaque racine principale se développa à un rythme étonnant – une petite chose pâle et pressée plongeant vers le bas et dont la taille tripla en quelques heures. Bien avant l’apparition d’une quelconque feuille, chaque noyau se retrouva doté d’une solide racine atteignant le fond du verre d’eau. Cela n’avait rien d’une coïncidence. Si, en matière de germination, les détails varient, l’importance de l’eau est une constante et pour les jeunes plants la priorité numéro un est de pouvoir s’approvisionner à une source régulière. »

 

« … le noyau d’avocat contient quelques toxines peu virulentes qui lui permettent d’éloigner les nuisibles, mais rien qui ne soit susceptible de ralentir les choses une fois le processus lancé. J’observai la croissance et la ramification des racines durant des jours avant de voir apparaître la première pousse verte, une toute petite tige émergeant d’une fissure toujours plus grande située au-dessus de chaque noyau. « La phase suivante, en effet, se résume en un transfert massif d’énergie provenant des cotylédons », m’informa Carol, expliquant ainsi que ce qui avait d’abord été le « déjeuner » de la graine générait maintenant une poussée de croissance vers le haut. En quelques semaines, mes noyaux se métamorphosèrent en arbrisseaux qui n’avaient plus grand-chose en commun avec les graines d’origine.

 

Ne confondre l’avocat « arbre à cojones » avec celui d’Hubert le Forestier, ils n’ont pas la même stratégie
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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 06:00
Journal d’1 chroniqueur de campagne (4), évangile selon St Matthieu, respect pour les vrais voleurs, dans la tête de François Bayrou…

Lorsque j’ai ouvert cette chronique je n’imaginais pas que j’allais ouvrir une boîte de Pandore :

 

« Dans la mythologie grecque, Prométhée vola le feu aux Dieux pour le donner aux hommes. Pour se venger, Zeus ordonna à Vulcain de créer une femme faite de terre et d’eau. Elle reçut des Dieux de nombreux dons : beauté, flatterie, amabilité, adresse, grâce, intelligence, mais aussi l’art de la tromperie et de la séduction. Ils lui donnèrent le nom de Pandore, qui en grec signifie "doté de tous les dons". Elle fut ensuite envoyée chez Prométhée. Epiméthée, le frère de celui-ci, se laissa séduire et finit par l’épouser. Le jour de leur mariage, on remit à Pandore une jarre dans laquelle se trouvaient tous les maux de l’humanité. On lui interdit de l’ouvrir. Par curiosité, elle ne respecta pas la condition et tous les maux s’évadèrent pour se répandre sur la Terre. Seule l’espérance resta au fond du récipient, ne permettant donc même pas aux hommes de supporter les malheurs qui s’abattaient sur eux. C’est à partir de ce mythe qu’est née l’expression "boîte de Pandore", qui symbolise la cause d’une catastrophe.»

 

Jean-Louis Bourlanges, fin analyste du jeu politique s’alarme à juste raison :

 

« Fillon joue à la roulette russe avec son propre camp »

[…]

 

Il est désormais probable que Mme Le Pen aura entre 5 et 10 points d'avance au premier tour sur le deuxième finaliste. Trois hypothèses:

 

Le Pen-Hamon, il est plus que possible qu'elle soit élue.

 

Macron-Le Pen, et là je pense que Macron serait élu, que la droite sortirait brisée de l'épreuve, et que Le Pen structurerait l'opposition à Macron. D'où un risque de victoire du FN en 2022.

 

Fillon - Le Pen : la capacité de Fillon à rattraper son retard sur la candidate du Front national est très très douteuse. Contrairement à ce que disent les dirigeants de LR, Fillon a cessé d'être un rempart contre l'arrivée de l'extrême droite. Il est plus que temps que les responsables de LR et de l'UDI en prennent conscience.

 

Le fameux plafond de verre du second tour risque donc de se briser sous la double conjonction des ultras des deux bords ; rappelons-nous le deuxième tour des Régionales où dans deux grandes régions, bastion du FN, la Gauche s’est fait hara-kiri pour faire barrage. Il est moins que certain que la frange la plus radicale de la Droite classique en soit capable. Hamon ou Mélenchon, assis sur union circonstancielle, de type gauche plurielle, soit en capacité de faire barrage à une droitisation de la France profonde. N’oublions pas que Mitterrand pour se faire réélire avait joué la carte Rocard pour séduire la frange centriste et que le FN n’était pas dans le jeu.

 

Le problème de cette équation c’est Macron. En faire la dernière digue contre la fille de Montretout c’est supposer que la volatilité de son électorat ne le transforme en baudruche dans la dernière ligne droite.

 

Revenons au fil rouge d’une non-campagne.

 

Dimanche 12 février à Notre-Dame de la Paix, à Saint-Gilles ce n’était ni Don Camillo en chaire, ni Peponne flanqué de sa pieuse épouse, mais Russel Torpos et François Fillon sans Pénélope qui faisait ses dévotions.

 

Sous le soleil austral, face à l’Océan Indien, la « meute », avant qu’il n’entre à l’église l’avait bombardé de questions ironiques «Certains disent que vous avez beaucoup de choses à vous faire pardonner ? » ou encore « Qu’allez-vous confesser ? » face auxquelles le François avait opposé un silence dépourvu de sourire.

 

Notre « harcelé national » espérait sans doute trouver dans ce lieu saint, justement nommé, un répit, un havre de paix, mais il y a des moments, dans une campagne où l’on ne sait plus à quel saint se vouer. À l’intérieur de l’église, un éventail à la main, les paroissiens contemplaient le ballet des caméras autour du député de Paris. Et puis vint le moment de la lecture des Evangiles.

 

Et là, patatras, la tuile, le chapitre 25 du livre 5 de l’Evangile de saint Matthieu. «Accorde-toi vite avec ton adversaire tant que tu es en chemin avec lui pour éviter que ton adversaire ne te livre aux juges, le juge aux gardes et qu’on ne te jette en prison» «Amen, je te le dis, tu ne t’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou

 

Pauvre François ce n’est, depuis quelque temps, jamais son jour et dans son homélie le curé n’a pas été beaucoup plus charitable, il en a remis une couche : «Si nous pensons être quittes de tout ce que nous avons fait au motif que personne ne nous a vus, nous nous trompons.»

 

À Paris aussi il en prend plein la tronche :

 

« Chez Fillon, c'est très net. On a à faire à un candidat qui est, à la fois, sournois, arrogant et corrompu. C'est terrible pour son camp. C'est certainement le pire candidat que la droite de gouvernement pouvait avoir », assure Jean-Louis Bourlanges.

 

« À mon âge je n'ai plus la mémoire des gens que je ne vois pas », a affirmé l'ancien président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré.

 

« La République s'est construite parce qu'il y avait des journaux satiriques l'Assiette au beurre, Le Charivari, qui ont été des aiguillons qui ont empêché un certain nombre de déraillements », a-t-il estimé.

 

L'ancien soutien d'Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre a également salué le travail du Canard enchaîné. « Aujourd'hui, le Canard enchaîné a joué un rôle important pour éviter que lorsqu'on est au pouvoir, on abuse du pouvoir »...

 

Le Canard parlons-en !

 

Claude Angeli : « On ne peut pas se contenter d’une presse sage et complaisante »

 

  • Depuis trois semaines le Canard enchaîné a révélé le “Penelopegate“, qui embarrasse grandement François Fillon. Que pensez-vous de sa réaction depuis le début de cette affaire ?

 

Claude Angeli – Elle est similaire à celle de beaucoup d’hommes politiques qui ont été mis en cause par les informations du Canard depuis le début des années 1970. Ils se considèrent souvent comme des “intouchables”, même quand ils sont pris la main dans le sac. Ils nous accusent donc systématiquement de servir leurs adversaires, de faire du “lynchage médiatique”. A une époque, on nous accusait de “terrorisme journalistique”. Maintenant ce mot n’est plus à l’ordre du jour mais on parle de “tribunal des médias”, et on nous accuse de vouloir la peau de Fillon. Xavier Bertrand a même parlé de “méthodes fascistes” à propos de Médiapart. C’est une idéologie imbécile qui tombe systématiquement dans l’insulte pour éviter d’aborder les vraies questions. Bref, un déni de toute responsabilité mâtiné d’une dose de paranoïa.

 

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«Haïr le journalisme, c’est haïr la démocratie»

 

Edwy Plenel Le président et fondateur de «Médiapart» analyse le «journalist bashing» pratiqué par François Fillon.

 

  • Edwy Plenel, que vous inspire ce «journalist bashing»?

 

La haine du journalisme est toujours associée à la haine de la démocratie. Il est parfaitement légitime de critiquer les journalistes qui ne sont pas au-dessus des lois. Mais ce n’est pas cela qui est en cause avec ce «journalist bashing» qui, en fait, récuse le droit à l’information, à l’information qui bouscule, qui questionne, qui dérange. Il met en cause la démocratie elle-même, avec son agencement de pouvoirs et de contre-pouvoirs. Ce qui est visé, c’est le cœur même du droit d’être informé, indissociable de l’exercice de la démocratie. Et sans information indépendante et fiable, les citoyens peuvent voter pour leur pire ennemi et provoquer leur pire malheur. Nous ne stigmatisons personne, c’est pourquoi Médiapart s’est toujours refusé à parler de «Penelopegate». Nous ne cherchons que les faits.

 

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Fillon : saint François, victime de la transparence par Raphaël Glucksmann

 

Il était digne, propre sur lui, bien élevé, bien habillé, bien coiffé. Son passage dans l’émission "peopolitique" de Karine Le Marchand, en mode réhabilitation du Barbour versaillais et recette de pâtes à la saucisse, avait suscité un orgasme collectif dans nos chaumières droitières. Sa voix posée, sa famille parfaite, son drone, son sourire timide, sa chemise nickel, sa chasse aux "assistés" et son conservatisme revendiqué : tout en lui faisait rêver la France bourgeoise.

 

Il n’était ni vulgaire comme Nicolas ni empêché comme Alain. Les tristes temps du bonapartisme erratique et de l’orléanisme soporifique étaient révolus, la primaire avait vu triompher un légitimisme assumé et assuré. Toute une classe socioculturelle, rebutée tant par le bling-bling sulfureux du parvenu de Carla que par le néocentrisme bobo-compatible du géronte girondin, tenait enfin son héros.

 

Elle allait pouvoir voter pour un homme qui lui ressemble, un homme bien de "chez nous", un homme vivant comme si Mai-68 et Juin-1936 n’avaient jamais eu lieu, se moquant de la couv des "Inrocks" comme d’une guigne, refusant ostensiblement de se marrer aux blagues de France-Inter, osant rabrouer Charline Vanhoenacker en direct sur France 2, recadrant les journalistes sans hausser la voix, comme il convient à un bon père de famille ou un chef d’Etat, bref, un homme de qualité, un gentilhomme, disait-on jadis. Et patatras.

 

Il aimait l'argent. Trop

 

L’admirateur de Tante Yvonne aimait donc l’argent. Il ne l’aimait certes pas comme on le fait dans le Sentier, à Deauville ou chez les Balkany (il n’aurait probablement pas fêté sa victoire au Fouquet’s). Il l’aimait discrètement, lui, comme il se doit, comme avant, sans l’afficher, ni le proclamer. Avec pudeur. Secrètement. Mais il l’aimait quand même. Trop. Et les "journalopes" – ces "socialopes" masquées ! – ont sauté sur l’occasion. Ils l’ont livré aux loups (l’opinion), lui, sa femme et ses enfants. Et aujourd’hui la fierté retrouvée des conservateurs français laisse place à l’amertume. Voire parfois à la rage.

 

Les fans de François Fillon crient donc au complot du "système médiatico-politique". Le ridicule de leur plainte est à la mesure de leur déception, ne remuons donc pas le couteau dans leur plaie. Ses défenseurs avisés, en revanche, nous disent quelque chose de sérieux. Ils soulignent que des dizaines de parlementaires font la même chose, puis prennent un ton grave pour nous mettre en garde contre les "pulsions de lynchage" et dénoncer ce fameux "populisme" qui ébranle nos démocraties. En nous "acharnant" sur le candidat LR, nous ferions du tort à la République.

 

La suite ICI 

 

Insert personnel : la tentation politique de la comtesse !

 

Sur l’écran de Face de Bouc elle apparut soudain en supportrice du Stade Toulousain ; anguille sous roche me dis-je ; ça sent l’appel du pied au peuple du Sud. Mon pif flairait la suite logique de la Manif pour tous et la voilà faisant un selfie avec François. Défi difficile en terre rose cassoulet, sans compter avec les scories du passé, courageuse donc. Et puis voilà que son François, chevalier blanc, si en phase avec sa vision de la France, chute lourdement de son piédestal. Dur, dur, d’entonner le couplet du complot médiatique, de répéter les éléments de langage, de ramer à contre-courant. Sans ironie je compatis. Pour bien la connaître, je me dis que pour assurer un tel contre-emploi il faut, soit une forte dose d’inconscience, soit assumer un rôle par procuration. Ainsi va la vie, la roue tourne, chacun sa route, chacun son chemin.

 

Je suis né dans un pays où le curé nous faisait chanter « sauvez, sauvez la France Au nom du Sacré-Cœur »

 

Dieu de clémence, ô Dieu vainqueur,

Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur ;

Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur.

 

Pitié, mon Dieu ! C’est pour notre patrie

Que nous prions au pied de l’autel.

Les bras liés et la face meurtrie,

Elle a porté ses regards vers le ciel.

 

Attrapé sur un blog :

 

« Il y a chez les militants fillonistes des accents qui reflètent les attaches gaullistes et chrétiennes de leur Guide avec un zeste de ce pétainisme – ce n’est pas contradictoire – qui fleure encore bon la France profonde, la Sarthe comme la Vendée très chrétienne de son directeur de campagne Taïaut-et-Retaïaut. J’ai pensé à eux, à tous ces Croisés portant sur la poitrine le Sacré-Coeur de François. En d’autres temps, ils auraient chanté des cantiques sulpiciens inspirés de la sainte figure du père de Montfort. C’était un missionnaire breton de la Contre-Réforme. Il avait sévi dans tout l’Ouest au début du XVIIIème siècle. »

 

De Jacques Duquesne

 

« MEA CULPA » SUR LA POITRINE DES AUTRES

 

« Car la France a péché. Et c’est parce qu’elle a péché qu’elle a été battue en un mois de combat. Telle est la conviction qui s’est répandue au lendemain de l’armistice. Le Maréchal Pétain a donné le ton dans l’un de ses premiers messages, le 26 juin en dénonçant « l’esprit de jouissance ». Notre défaite, a-t-il dit, « est venue de nos relâchements. »

 

Weygand, le généralissime en chef, s’exonère à bon compte : « la France a mérité sa défaite ; elle a été battue parce que les gouvernements depuis un demi-siècle ont chassé Dieu de l’école. »

 

Les coupables, le Front Populaire en tête, comme aujourd’hui la foutue gauche molle et, bien sûr, les jouisseurs comme moi fruits dévoyés de mai 68.

 

Je goûte à sa juste saveur cette rhétorique de sauveur qui se hausse du col pour quitter ses anciens vêtements de serviteur du quinquennat de Nicolas. Revoilà la vraie droite et, pour ne rien vous cacher ça ne me déplaisait pas, comme le disait son ancien camarade de la bande à Philippe Séguin, Henri Guaino : «La droite n’aurait-elle rien de plus sérieux à proposer qu’une politique obéissant à la même inspiration que celle de Laval en 1935 ?»

 

Il s’agit du Laval de 1935, donc fréquentable !

 

Fermons le ban, et revenons au dur : le DROIT !

 

Affaire Fillon : pas d’atteinte à la séparation des pouvoirs

 

Par le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau

 

La séparation des pouvoirs ne signifie pas droit pour le pouvoir exécutif de faire ce qu’il veut, droit pour les parlementaires de faire ce qu’ils veulent, droit pour les juges de juger comme ils le veulent. Elle signifie que chacun des trois pouvoirs doit être indépendant dans sa formation et dans l’exercice de ses compétences.

 

Ainsi, pour les parlementaires, afin de protéger l’exercice de leur mandat de toute intrusion de l’exécutif et du judiciaire, l’article 26 de la constitution prévoit qu’aucun « membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou vote émis par lui dans l’exercice de ses fonctions ». Ce que la séparation des pouvoirs protège, c’est la liberté d’expression politique de la Nation qui parle par la voix du parlementaire – « ses votes et ses opinions » – ce n’est pas l’utilisation qu’il peut faire du crédit affecté à la rémunération de ses collaborateurs. Soutenir le contraire revient à dire que la Nation en la personne de son représentant peut utiliser les fonds publics à d’autres fins que le service de la Nation. Un juriste ne peut soutenir un tel raisonnement. Et, il faut l’espérer, pas davantage un politique.

 

D’autant que la révision constitutionnelle de 1995 a supprimé la nécessité de l’autorisation préalable de l’assemblée pour poursuivre un parlementaire qui doit désormais répondre de ses actes devant la justice comme n’importe quel citoyen. Il est donc parfaitement légal que le Parquet National Financier se soit saisi de la question d’un éventuel détournement de fonds publics par le député François Fillon – et non le candidat à l’élection présidentielle – puisque cette infraction entre dans son champ de compétence défini à l’article 705 du code de procédure pénale.

 

Le détournement de fonds publics est, selon l’article 432-15 du code pénal, « le fait par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public de détourner des fonds publics qui lui ont été remis en raison de ses fonctions ou de sa mission ». La Nation est titulaire de l’autorité publique et le parlementaire, qui est le représentant de la Nation, est le dépositaire de cette autorité publique. D’autre part, tous les parlementaires disent, à juste titre, qu’il n’y a pas de plus belle mission de service public que de représenter la Nation et de voter les lois qui façonnent le vivre-ensemble. Enfin, personne ne conteste que les crédits avec lesquels un parlementaire paie ses collaborateurs sont bien des crédits publics qui lui sont attribués en raison de sa mission et pour cette mission. Par conséquent, au sens du droit constitutionnel, le Parquet National Financier est parfaitement dans ses compétences pour enquêter sur d’éventuels détournements de fonds publics par un parlementaire.

 

La protection nécessaire du statut de parlementaire est faite pour lui permettre de parler librement au nom de la Nation, pas pour lui permettre de détourner des fonds publics. Derrière tout ce tohu-bohu, la question en droit est simple : le député François Fillon a-t-il utilisé les crédits publics pour payer des collaborateurs à faire des tâches sans lien avec l’exercice de son mandat de parlementaire ? Cette question ne porte atteinte ni au principe de la séparation des pouvoirs ni à la dignité du mandat de parlementaire ni aux droits constitutionnels des citoyens.

Dominique Rousseau

Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

 

À un petit paquet de jours du premier tour, des partants à grosse casaque, deux sont sûrs de concourir : la de Montretout même avec ses grosses casseroles et le Macron, même si des peaux banane vont se glisser sous ses Richelieu bien cirées. Pour les autres : Fillon droit dans ses bottes risque fort de chier dans les bottes de son camp, et à gauche Hamon, le petit héritier de Tonton, va sans doute absorber Jadot pour une poignée de circonscriptions, dont celle …, mais buttera, au grand désespoir de ceux qui rêvent du grand soir, sur l’ego de Mélenchon.

 

Mais reste l’héritier du MRP, l’ancien parti des curés, François Bayrou !

 

Y aller ou pas ?

 

Philippe Ridet du Monde c’est donc glissé Dans la tête de François Bayrou

 

On l’imagine tard le soir, dans la cuisine de sa maison de Bordères, dans les Pyrénées-Atlantiques. Tout le monde dort, sauf lui qui s’interroge. Y aller ou pas ? Etre candidat une quatrième fois consécutive à une élection présidentielle ? Pour gagner, pour peser, pour témoigner, pour perdre à plate couture ? De temps en temps un aboiement, un meuglement, un hennissement ponctuent la nuit. La campagne n’est jamais silencieuse.

 

Après trois échecs (2002, 2007 et 2012), quelque chose pousse encore François Bayrou à tenter sa chance. François Fillon pourrait être mis en examen, la « bulle » Emmanuel Macron pourrait éclater, ne laissant qu’une auréole. Quant à la gauche, elle restera en miettes. C’est maintenant ou jamais, pense-t-il, en ouvrant la porte du frigo à la recherche d’un petit quelque chose à grignoter. Il se sent prêt. D’un autre côté, il aura 66 ans en mai, il est même plus vieux que Jean-Luc Mélenchon, à quelques mois près. Juppé, Sarkozy, Hollande, Valls sont tombés. Il sait que les temps sont durs pour les hommes d’expérience au rang desquels il se compte. Le ball-trap ? Très peu pour lui. Compromettre sa carrière par une nouvelle candidature de témoignage ? A quoi bon. Pourquoi ne pas se contenter de Pau ?

 

Deux colonnes, pour et contre

 

Il y a plus de vingt ans, pareil dilemme s’était présenté à Jacques Delors et à Valéry Giscard d’Estaing. Le premier avait renoncé, arguant qu’il n’aurait pas de majorité pour gouverner en cas de victoire : « Vous savez, avait-il dit à la télévision, le 11 décembre 1994, me retrouver dans les salons de l’Elysée comme le couronnement de ma carrière, cela n’a jamais été mon but. » Trois mois plus tard, le 7 mars 1995, l’ancien président de la République jetait lui aussi l’éponge au terme d’un long débat intérieur constatant « avec tristesse » que ses idées « ne rencontrent pas d’écho dans l’opinion publique française ».

 

Longtemps après, Jacques Delors ajoutera : « Même si je ne m’en suis pas rendu compte immédiatement, c’était renoncer à la politique. Et renoncer à la politique, ce n’est pas renoncer aux glorioles, c’est renoncer au fait de faire quelque chose d’utile à un endroit. » Bref, la retraite.

 

François Bayrou, lui, ne s’y résout pas. Il prend une feuille blanche, qu’il divise d’un trait noir en deux colonnes. Dans celle de gauche, il écrit « Pourquoi je me présente » ; dans celle de droite, « Pourquoi je ne me présente pas ». Il mâchouille son crayon, fait quelques pas, revient s’asseoir. La nuit promet d’être longue. Et si je me faisais un café ?, se demande-t-il.

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18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 06:00
Marlène Dietrich et sa fille - photo : Horst - 1949

Marlène Dietrich et sa fille - photo : Horst - 1949

Dans sa très belle Préface de Dîner chez Marlène, Macha Méril , née Maria-Magdalena Wladimirovna Gagarina, avec le rang de princesse, de l'union de Marie Vsevolodovna Bielskaïa, issue de la noblesse ukrainienne, et du prince Wladimir Anatolievitch Gagarine, tous deux exilés avec leurs familles sur la Côte d'Azur après la Révolution de 1917, écrit :

 

« Et voilà qu’un jour je découvre Marlène cuisinière. Comme elle, j’ai cultivé toute ma vie l’arme puissante de la gastronomie. Car même aux moments les plus aigus du féminisme, auquel j’au évidemment adhéré en 68, je n’ai jamais voulu renoncer à mes casseroles, ainsi que le préconisaient les enragées de l’émancipation des femmes. Ah non ! Pour rien au monde je ne me priverais de cet art qui m’a procuré tant de joie, et tant de succès auprès des hommes ! Le chemin vers le cœur des hommes passe son estomac. Je l’ai maintes fois vérifié. Tous les hommes : les amis, les amants, les maris, les enfants, les collègues, les ennemis politiques, les producteurs et le metteurs en scène… Marlène l’avait compris avant moi, elle a peaufiné son registre de nostalgique Allemande pour trouver un style bien à elle, et elle a enjôlé von Sternberg, Jean Gabin, Billy Wilder, Orson Welles et les autres avec ses bouillons et ses pot-au-feu. »

 

« J’ai une admiration sans bornes pour ce genre de femmes, d’une grande intelligence, qui ont su s’emparer de leur identité à l’heure où l’émancipation des femmes n’existait pas encore. » Macha Méril est intarissable sur Marlene Dietrich. « J’ai été très flattée lorsqu’on m’a demandé d’écrire la préface de ce livre »

 

«Dîner chez Marlene : De L’Ange bleu au cordon-bleu» 

 

« Même pendant les tournages, Marlène était impatiente de se retrouver devant les fourneaux pour cuisiner…

 

En 1957, elle tourna avec son réalisateur préféré Billy Wilder Witness for the Prodecution (Témoin à charge). « En travaillant avec toi, j’ai appris à te connaître et à t’aimer, tu m’as enrichie et emplie de gratitude », lui avait-elle déjà écrit le 14 juillet 1948. Elle fut très heureuse durant ce tournage avec Billy Wilder, et Charles Laughton qu’elle adorait : « C’était un acteur remarquable, sans artifice ni prétention. Il ne manifestait ni exigences particulières ni mauvaise humeur à l’égard des réalisateurs ou des producteurs, contrairement à l’attitude de nombreuses vedettes…»

 

Lors d’une séquence, son interprétation était si impressionnante qu’à la fin du tournage… tous ceux présents sur le plateau restèrent immobiles, comme fascinés. »

 

Alors pour ramener tout le monde à la réalité, elle annonça soudain qu’elle allait préparer le déjeuner pour tout le monde !

 

Un goulasch hongrois avec des pâtes et une salade de concombres.

 

Dessert : fraises au vin rouge

 

« Et pour terminer un café absolument délicieux » selon Charles Laughton (carnet daté du 11 novembre 1957)

 

Le lendemain, même émotion « elle était si extraordinaire que tout le monde sur le plateau avait les larmes aux yeux. Elle aurait dû être épuisée, mais non, elle nous invita tous de nouveau à déjeuner de très fines escalopes viennoises avec un mélange de choux de Bruxelles et d’artichauts. Elle avait initialement prévu des petits pois frais à la parisienne, mais pendant la cuisson, elle trébucha et tout se renversa par terre. Comme dessert, elle prépara des crêpes et son délicieux café. »

 

Toujours Charles Laughton.

 

Quelques jours plus tard, après une scène où la tension était si intense que l’équipe en trembla « Eh bien ce jour-là, elle nous fit un poulet aux pâtes, des framboises accompagnées de quelques herbes, et une fois de plus son délicieux café. » note Charles Laughton conquis.

 

Tellement addict de la cuisine de l’Ange Bleu qu’il revint au studio lors d’un de ses jours de repos. Il s’arrangea pour passer à l’heure du déjeuner. « Marlène était en train de préparer un bœuf strogonoff qui s’avéra savoureux, léger et juteux comme je n’en avais jamais mangé… et toujours son merveilleux café. »

 

L’acteur avoue qu’à la fin du tournage « nous étions tous gonflés comme des baudruches, et je dus moi-même me mettre à la diète. »

 

Billy Wilder eut cette boutade « les hommes admiraient les jambes de Marlène dans l’espoir de profiter d’un bon repas. »

 

Une très grande dame et un livre exceptionnel…

Marlene Dietrich welcomes a soldier returning from World War 2 with a passionate kiss through a porthole, 1945.
Marlene Dietrich welcomes a soldier returning from World War 2 with a passionate kiss through a porthole, 1945.
Marlene Dietrich welcomes a soldier returning from World War 2 with a passionate kiss through a porthole, 1945.
Marlene Dietrich welcomes a soldier returning from World War 2 with a passionate kiss through a porthole, 1945.

Marlene Dietrich welcomes a soldier returning from World War 2 with a passionate kiss through a porthole, 1945.

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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 06:00
« Foyes gras mincés à la chicoté… du gavage au doigt des Égyptiens au virus H5N8, est-ce la fin du foie gras de Maïté
« Foyes gras mincés à la chicoté… du gavage au doigt des Égyptiens au virus H5N8, est-ce la fin du foie gras de Maïté

Dans le Sud-Ouest, le sacrifice de centaines de milliers de canards sains pour tenter de freiner la progression de la grippe aviaire n’est pas toujours bien compris par beaucoup.

 

Le virus porté par des oiseaux migrateurs venus du nord de l'Europe s'est propagé très vite lors du transport des animaux vivants à d'autres départements.

 

Le virus H5N8 qui se propage depuis fin novembre dans l'Hexagone est classé "hautement pathogène", comme l'était la souche H5N1 apparue en Dordogne fin 2015. Mais la grippe concernait alors « strictement la France et le sud-ouest ». Il était « sans doute issu d'un virus qui avait circulé depuis plusieurs mois dans les élevages » et son ampleur n'avait été repérée qu'à la fin 2015, explique Jean-Luc Guérin, professeur à l'École nationale vétérinaire de Toulouse et chercheur à l'INRA. Au contraire, cet épisode de grippe aviaire est beaucoup plus large et concerne « l'ensemble de l'Europe ».

 

Le premier cas, hors faune sauvage, a été rendu public le 2 décembre dans le Tarn. Des animaux venant de cette zone avaient été acheminés dans trois élevages du Gers le 30 novembre, ainsi que dans les Hautes-Pyrénées et le Lot-et-Garonne. L'ouest du Gers, où se multiplient les foyers, est une zone « assez humide » avec une « concentration très importante » d'élevages, ce qui favorise la propagation, selon Philip Everlet, responsable du pôle aviculture à la chambre d'agriculture du Gers. Il s'agit du deuxième département producteur de foie gras en France, derrière les Landes.

 

D’où la nouvelle stratégie des services sanitaires du Ministère de l’Agriculture :

 

Influenza aviaire hautement pathogène H5N8 : évolution de la stratégie de lutte pour éradiquer le virus dans les départements touchés ICI

 

Mais par-delà le strict point-de-vue sanitaire, certains pointent le doigt sur la responsabilité de l’industrialisation, de l’intensification, qui ont favorisé la concentration des élevages et la segmentation des fonctions entraînant des transports d’animaux vivants.

 

Comment les coopératives agricoles ont ubérisé le foie gras ICI 

 

Comment les coopératives subventionnées préparent la fin du foie gras français ICI 

 

Mais, à propos, c’est quoi un foie gras ?

 

C’est un foie d’oie ou de canard, dont l’important volume et le poids sont obtenus grâce au « gavage ».

 

Mais qu’est-ce que le gavage ?

 

C’est obligé un animal à continuer à absorber de la nourriture alors qu’il a atteint la satiété, alors qu’il est repu.

 

Pour ce faire on dispose de nombreux procédés : par exemple entretenir sa soif et l’obliger ainsi à absorber beaucoup de bouillies imprégnées d’eau, mais ce n’est pas suffisant pour obtenir notre foie gras.

 

Mais, et c’est ce qui provoque des polémiques et de violentes oppositions, on réserve le terme gavage à celui réalisé grâce à la mise en place dans l’œsophage de l’animal, c’est donc un gavage « instrumental ».

 

Avec l’usage immodéré des gavages sous forte pression et la surgélation, conjugués avec la dégradation de la qualité maïs et une cuisson excessive, ont largement écornée l’image d’Épinal du foie gras produit d’un terroir où il fait bon vivre, « le bonheur est dans le pré ».

 

Mais quels ont été les pionniers du gavage ?

 

Ce sont les Égyptiens.

 

Mais dans quel but gavaient-ils ?

 

« Concernant les oies et les autres palmipèdes, sans aucun doute pour recueillir leur précieuse graisse ou donner de la saveur à leur chair.

 

Mais ils gavaient aussi des hyènes comme on le voit dans les illustrations « ils poussaient avec un doigt des aliments, et ce procédé imposait de maintenir la mâchoire en ouverture, ce qui pour les hyènes qui possèdent le record de puissance de mastication parmi tous les mammifères, n’est pas chose facile.

 

Pourquoi ce gavage ?

 

Les hyènes étaient domestiquées pour la chasse et certains prétendent que c’était dans le seul but de leur couper l’envie de dévorer le gibier.

 

Mais pour autant il est fort probable que les Égyptiens ne produisaient pas des foies gras car qu’auraient-ils fait de cet amoncellement de substance éminemment putrescible ? En effet, si la viande se conserve bien, par séchage ou salage, ce n’est pas le cas du tissu hépatique.

 

Même si l’usage de l’expression « foie gras » est attesté dès le XVIe siècle, sans doute cela désignait-il des « foies blonds », de couleur claire peu volumineux, plus moelleux, ils étaient émincés ou malaxés pour entrer dans la composition de pâtés ou de farces.

 

« Force est d’admettre que la production de « notre » foie gras n’est apparue, sous sa forme actuelle, qu’au début du XIXe siècle. Il est le résultat de la conjonction de trois facteurs : l’abondance du maïs, les améliorations pratiques du gavage, et au bout du compte l’appertisation. »

 

Auparavant les « boîtes de conserve » lorsqu’elles apparurent les éleveurs durent apprendre à s’en servir ; jusqu’à la fin des années 30, ils se contentèrent de mettre en place un joint de caoutchouc sur lequel ils posaient un couvercle mécanique, maintenu en place par des encoches. Ce n’était pas toujours étanche et un foie corrompu ça pue. Puis vint le sertissage, encore faut-il bien le faire car rien ne ressemble autant à un ouvre-boîte qu’une sertisseuse maniée avec vigueur. C’est pour cette raison, bien avant les vins de garage chers à Jean-Luc Thunevin, les femmes de garagistes qui possédaient de bonnes sertisseuses bricolées par leurs maris se lancèrent dans la conserve de foie gras.

 

Les Romains gavaient aussi les oies, mais là je vous laisse le soin de le découvrir dans la bible des Abats en Majesté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vais me contenter de vous donner la recette des « Foyes gras mincés à la chicoté » du cuisinier gascon Louis Auguste de Bourbon 1740

 

Cette recette illustre ce que l’on nommait, à l’époque, des foyes gras (au pluriel). À noter que l’on écrit mincer pour émincer.

 

Prenez de la chicorée accommodée comme pour les filets de mouton (il s’agit de feuilles), minces à l’ordinaire ; prenez ensuite des foyes gras blanchis que vous mincez le plus qu’il se peut.

 

Vous les jetez dans cette chicorée, prenez garde qu’ils ne bouillent ; ajoutez une pointe d’ail et servez ; vous en faites au cresson de même, le cresson bien blanchi avant de l’employer.

 

Louis-Auguste de Bourbon, marmiton princier !

 

Ce prince-là, de son prénom Louis-Auguste (1700-1755), était le fils aîné du duc du Maine et de Louise-Bénédictine de Bourbon-Condé, la petite-fille du Grand Condé. Un livre lui a été dédié, il s’agit du Cuisinier gascon imprimé à Amsterdam, en 1741, sans nom d’auteur. Cet anonymat ne trompait personne, du moins à la cour, car tout le monde savait qu’il était de la main de Louis-Auguste de Bourbon lui-même. Ce Cuisinier gascon est considéré comme l'un des livres de cuisine les plus célèbres du XVIIIe siècle. Il offre peu de recettes, mais celles-là sont désignées sous des noms pittoresques : poulet chauve-souris, yeux de veau farcis, poulets en culottes, sauce au singe vert, sauce au bleu céleste, veau en crotte d'âne roulé à la neuteau, hachis d'oeuf sans malice, etc. On y trouve aussi de nombreuses recettes italiennes très détaillées.

 

« Foyes gras mincés à la chicoté… du gavage au doigt des Égyptiens au virus H5N8, est-ce la fin du foie gras de Maïté
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11 février 2017 6 11 /02 /février /2017 06:00
Opération Harvey’s Hole : quand les grandes oreilles américaines jouaient les taupes à Berlin au temps de la guerre froide

Au temps où les téléphones étaient reliées à des prises murales ou stationnaient dans des cabines les communications étaient rendues possibles par la circulation de courants électriques dans des lignes bien réelles les standards téléphoniques constituaient des lieux stratégiques pour espionner les conversations.

 

Au temps de la guerre froide Berlin fut le terrain de jeu privilégié des services d’espionnage occidentaux, tout particulièrement de la CIA et du M16. Ainsi le Central de Berlin-Est où transitaient les lignes téléphoniques soviétiques fit l’objet d’une opération conjointe. « Pour pouvoir se connecter à ces lignes et donc écouter les conversations téléphoniques, les anglo-américains creusèrent un tunnel de 450 mètres de long depuis Rudow, dans Berlin-Ouest, jusqu’à Altglienke, dans la partie Est de la ville, alors occupée par les Soviétiques. »

 

« L’opération fut officiellement appelée Opération Stopwatch (« opération chronomètre ») ou Opération Gold. Elle fut couramment surnommée l’opération Harvey’s Hole (« trou d’Harvey »), en référence à William Harvey, l’un des chefs de la CIA à Berlin et ancien du FBI renvoyé par J. Edgar Hoover parce qu’il buvait pendant le service. »

 

« Les travaux commencèrent en 1954 et nécessitèrent de déblayer plus de 3000 tonnes de terre ce qui fut une tâche colossale. Sa construction prit plusieurs mois et coûta aux Américains 6,7 millions de $. »

 

« Au bout du compte, les espions de Rudow parvinrent à placer 172 lignes sur écoute et consignèrent quelques 443 000 conversations. Cependant, il y avait une taupe parmi eux, et pas de celles qui auraient pu les aider à creuser, bien au contraire. George Blake, un officier du M16 qui avait pris des notes lors des réunions au cours desquelles l’opération Stopwatch avait été mise au point, était un agent double. »

 

Bien sûr il transmit ses renseignements au KGB avant même que ne commence les travaux de percement du tunnel mais ce n’est qu’au soir du 21 avril 1956 que les Soviétiques « découvrirent officiellement » le tunnel.

 

« Pourquoi les Soviétiques laissèrent les écoutes se dérouler sans intervenir pendant près d’un an alors qu’ils étaient en possession de tous les éléments depuis le début, cela reste un mystère. La plupart des historiens pensent toutefois qu’ils voulaient éviter de compromettre Blake, leur agent infiltré, qui leur rendait de précieux services. »

 

« Mais les Russes ne savent pas sur quel pied danser. Le KGB ne veut pas perdre son meilleur atout, Blake, en révélant trop tôt le coup des Anglo-Saxons. Ils attendent donc que George Blake reçoive une nouvelle affectation de la part des Britanniques avant de faire leurs premiers mouvements. Mais, pour que ni le MI6 ni la CIA ne comprennent qu’ils sont découverts, il faut aussi que ceux-ci interceptent depuis le tunnel des conversations russes et est-allemandes. Résultat: le KGB n’avertit pas le GRU (son concurrent du renseignement militaire) et l’Opération Gold peut donc continuer un certain temps –onze mois et onze jours plus précisément. »

 

C’est dans la nuit du 21 au 22 avril 1956 que l’URSS décide de siffler la fin de la récréation et passe à l’action. Dans un livre, Battleground Berlin, publié en 1999, l’ancien directeur de l’agence de la CIA à Berlin David E. Murphy et le lieutenant-général Sergueï Kondrashev, directeur du département allemand du KGB, racontent la mise en scène et le déroulement de cette fausse découverte.

 

Grâce aux informations de George Blake, les Russes creusent à un point précis de l’autoroute Schönefeld. À 2 heures du matin, ils sont au-dessus de la chambre d’enregistrement et entendent une communication en russe: c’est la voix du capitaine Bartasch, un officier du contingent militaire soviétique en République Démocratique d’Allemagne. À 3 heures du matin, les Soviétiques, soucieux de ne pas apparaître en première ligne, sont relayés par des spécialistes est-allemands. L’opération est bientôt suspendue quelques heures.

 

Dans le courant de la matinée, les Américains s’aperçoivent que leur tunnel est sur le point d’être dévoilé. C’est sur les coups de 12h30 que la chambre d’enregistrement est en vue pour l’équipe est-allemande qui pratique un trou dans un mur, faute d’avoir pu passer par la porte en acier. Les auteurs de Battleground Berlin transcrivent les premiers mots de ces «explorateurs»:

 

«Oh, regarde-moi ça… Ça fait tout l’autoroute! C’est incroyable!»

 

Deux heures plus tard, les Soviétiques eux-mêmes entrent sur les lieux. Vers 15h30, les câbles américains sont coupés, un quart d’heure après les micros cessent d’enregistrer. »

 

Robin Verner dans Slate

 

LIRE Berlin et le tunnel des espions. Jeu de dupes sous le rideau de fer

 

Opération Harvey’s Hole : quand les grandes oreilles américaines jouaient les taupes à Berlin au temps de la guerre froide
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