Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 00:09

photo--97-.JPG

 

Taulier 9 ans ça suffit !


Un bail, 3, 6, 9 c’est déjà beaucoup, beaucoup trop dirons certains.

 

Décroche !

 

Débranche !

 

Passe la main !

 

Laisse la place aux jeunes pousses qui cherchent la lumière !


Et puis comme tu le sais fort bien la monoculture intensive appauvrit, y compris celle du vin. Ce monologue il tourne, dans ma petite Ford d’intérieur, depuis quelque temps, pour autant, tout laisser tomber, vous laisser tomber, prendre la clé des champs, fermer le barreau*, et ce seront les toiles d’araignées dans la grange, du chiendent dans l’aire et la friche dans les champs et les vignes. Et je ne vous dis pas la désolation qui s’installerait dans le chai. Rassurez-vous, ni coup de pompe, ni coup de boulgour, mais simplement, un grand besoin de renouvellement, une forte envie d’élargir plus encore l’horizon de mon espace de liberté, d’ouvrir plus grand les fenêtres sur le monde, de m’aventurer au-delà de notre petit cercle d’initiés. Lorsque je sens la routine pointé sa truffe j’ai moins de goût à l’ouvrage, je rousine*, je cherche, je ne tiens plus en place et, dans le cas présent, j’en arrive toujours au même point, à la même conclusion, si je veux continuer de chroniquer sur le vin il faut que reprenne mon bâton de pèlerin, que je sorte de Paris, que j’arpente à nouveau le terroir profond pour me redonner de l’élan.


Pour ne rien vous cacher à force de fréquenter, pour faire court, tous les lieux de dégustation éphémères de la capitale, et y’en a un fichu paquet, de plus en plus, dans tous les coins et recoins, je m’y sens de plus en plus mal à l’aise. Pas à ma place. Lorsque je débarque en des lieux exotiques, des restos chics ou des cambuses bobos, on pointe mon nom, on me confie un verre, un carnet de dégustation et souvent un crayon. Comme je n’ai que deux mains mon martyre commence. Vite je me propulse sur le champ de bataille où je contemple d’un air effaré, derrière des tables plus ou moins bien nappées, et vite souillées, un alignement de vignerons et vigneronnes troncs qui vont me servir gentiment un fond de verre de leur vin dans le verre syndical que je leur tendrai, verre que j’agiterai ensuite avec une inélégance, une gaucherie, d’un ridicule achevé, au risque de m’asperger, j’abrège mon Golgotha, ce fond de verre je l’ingurgiterai avec un air inspiré avant de régurgiter dans des récipients qui ne sont en général pas prévus à cet effet. Je devrais fuir mais je ne le fais pas, au contraire je passe, avec un air faussement dégagé, une forme d’inspection des troupes tel un général qui se dit qu’il serait mieux au mess des officiers à siroter. Bien sûr je croise d’éminents collègues, des gens dont c’est le job mais aussi une étrange faune dont je me dis qu’elle tue le temps ici. Quelques civilités et il faut y aller.


Que j’ai l’air con dans l’exercice de dégustation, ça c’est sûr mais ça n’est pas grave. Ce qui me pose question, et d’autres que moi devraient se la poser « est-ce que ma présence ici est justifiée ? », que fais-je là tout simplement ? Ne suis-je pas qu’un mauvais figurant encombrant mobilisé pour faire nombre afin de satisfaire le quota de crédibilité de l’agence ? Vous allez dire que j’exagère, que je force le trait à dessein. Je peux en convenir mais le bénéfice mutuel que nous devrions tirer les participants comme moi-même me semble souvent très mince. Je ne suis qu’un chroniqueur, pas un dégustateur. Quand je vois tous ces flacons je panique. Moi ce que j’aime c’est l’intimité, causer avec les gens, assis, échanger, glaner du grain à moudre en partageant le pain et le sel, en trinquant, en cherchant certains soirs la vérité au fond des verres, mais en ces lieux impersonnels je suis bien trop conscient que les vignerons n’ont pas fait le déplacement pour que je leur tienne la jambe (utilisant cette vieille expression française, que j’aime bien, j’ai évité le féminin). Alors vous comprenez mieux pourquoi j’ai besoin de me ressourcer au grand air.


Ce sont mes vaches, loin d’être folles, qui m’ont donné des fourmis dans les fesses lorsque je me suis retrouvé à passer tout un samedi après-midi dans une ferme des Monts du Forez. Alors je me suis dit c’est bien beau mon coco de chroniquer le cul sur ta chaise qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il grêle mais il faudrait que tu bouges à nouveau, tu fasses mouliner tes gambettes, pour aller puiser, au plus près des gens, du minerai pour raconter d’autres histoires. C’est donc ce que je vais faire, comme on le dit à la rentrée. Ces incursions éviteront bien sûr les grandes routes, j’ose même dire les biroutes*, mais emprunteront tous les chemins de traverses à ma disposition, le nez en l’air, la tête dans les étoiles, sans pour autant baguenauder, je prendrai mon temps sans forcément le perdre en poursuivant mes petites idées. Marauder sans vraiment chercher pour avoir la chance de tomber nez à nez avec celui ou celle que je désirais rencontrer. Voyez-vous, ce que je caresse comme projet c’est de ne pas en avoir, un peu comme la première fois où j’ai rencontré, chez lui, avant d’aller dîner chez le Pousson qui avait cuisiné du poulet, Patrick Hoÿm de Marien, l’emblématique président d’Embres&Castelmaure. Nous nous sommes assis. Nous avons conversé sur tout, la peinture, la céréaliculture de l’Ariège, les hommes des Corbières et du Midi, et rien, mais surtout assez peu du vin.


La monochromie engendre la monotonie. J’aime les couleurs, celles qui pètent, leur alliance, leurs dissonances et même si l’enseigne de ma crèmerie affiche « Vin&Cie » c’est bien sûr que son logiciel, comme disent les speakers de la télé, c’est le jus fermenté du raisin, mais, dès l’origine, lui a été accolé « l’espace de liberté » et ce n’est pas pour faire joli. Tout au long de ces neuf années la maison du Taulier s’est toujours efforcée d’élargir son horizon, d’ouvrir plus grand ses fenêtres sur le monde, de s’aventurer au-delà du petit cercle des initiés du vin. Ce qui m’a toujours surpris c’est qu’un noyau dur d’entre vous m’a toujours suivi, donc encouragé à repousser les limites de notre petit monde. Écrire pour écrire ne présente aucun intérêt, ce qui est intéressant pour vous, du moins je le crois, comme pour moi, c’est de nous aventurer sur des terres nouvelles en gardant notre dénominateur commun qu’est le vin sans pour autant ressasser, radoter, tomber dans la routine. Pour autant, je ne crois pas au changement pour le changement, à cette volonté forcenée de faire du neuf avec du vieux, de vendre le vaisselier de mémé pour acheter à la brocante du coin un superbe buffet en pur formica.


Comme je ne peux céder mon fonds de commerce en empochant un gros pas de porte ni ne veux opter pour la bonne vieille jachère qui consisterait à laisser pousser des herbes folles et des petites fleurs sur mon espace de liberté pour que les naturistes s’y ébrouent en proclamant que sous les pavés y’a de la vigne, j’ai décidé de revenir aux bons vieux principes de l’agronomie, pratiquer un assolement intelligent, une saine rotation des cultures et surtout revenir à une forme large de diversité, polyculture-élevage des mots où se mêleront prairies naturelles, la diversité des cultures en tous les sens du terme, des vignes, des ruches, des vergers, un potager, des vaches, des veaux et des couvées, de jolies fermières et d’accortes crémières, des blogueurs et des blogueuses qui se retrousseraient les manches, écriraient de belles chroniques joliment travaillées, une forme de petite maison dans la prairie posée sur les toits de Paris.


De façon moins bucolique voilà mon programme des temps qui viennent si Dieu me prête vie:


1-      Vin&Cie l’espace de liberté reste ouvert avec sans doute des horaires et des jours d’ouverture plus fantaisistes.


2-      Je continue de m’occuper de mes vaches.


3-      À la rentrée de septembre je redécouvre, dans les plis et les replis de nos terroirs profonds, le goût  de la conversation autour d’un verre en partageant le pain et le sel avec vous.


4-      Toujours en septembre je relance le club « Sans Interdit »


5-      J’ouvre une nouvelle crèmerie aux services du monde du Vin : « Influence&Confluences ». pour de plus amples renseignements prière de contacter le Taulier via son e-mail indiqué sur le bandeau tout en haut de ce blog.


Bonne journée à vous tous et, pour les parigots tête de veau, ceux des alentours proches et les de passage n’hésitez pas à me faire signe pour prendre un verre si tel est votre désir afin de fêter ces 9 années passées en compagnie de certains d’entre vous.

 

* un barreau est une petite barrière en vendéen.

 

* rousiner : baguenauder sans trop savoir quoi faire en vendéen.

 

* les biroutes expression utilisée par un député gaulliste breton pour dénommer le doublement des nationales bretonnes dans le cadre du  Plan routier de cette province.


 

     photo120

Les statistiques générales de votre blog depuis sa création
Date de création : 30/05/2005
Pages vues : 2 876 962 (total)
Visites totales : 1 264 271
Journée record : 24/10/2012 (4 276 Pages vues)
Mois record : 07/2008 (59 413 Pages vues)
Partager cet article
Repost0
30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 00:09

Le Pierre il sait jouer du tam-tam pour rameuter le ban et l’arrière-ban de la fine fleur des dégustateurs pour son Concours National des Vins Bio. Mais moi qu’allais-je faire dans cette galère chargée d’amphores de vins bios ? Faire plaisir à Pierre, voir de près puisque c’était à deux pas de chez moi, m’obliger à faire un truc que je ne sais pas faire : noter d’excellent à mauvais, en passant par très bon, bon, insuffisant l’aspect visuel, l’intensité olfactive, la qualité olfactive puis gustative, la persistance gustative d’un vin. Donner une note à mon impression générale. Tout ça dans un puzzle de chiffres. Pire encore, faire la description du vin. Et pourquoi ne pas aussi me demander de deviner son nom de baptême planqué sous la chaussette !


Guigui-021.JPG

 

Quand faut y’aller faut y’aller, remonter à vélo puis descendre la rue de Tolbiac pour se retrouver rue des Terres du Curé et me faire doubler par Véronique Raisin. Lorsque je pénètre dans le hall d’accueil de la Maison des Associations de Solidarité * je suis impressionné par le beau linge qui l’occupe. Y’a même des filles, chic ! Pour nous faire patienter nous avons droit à un trio de chanteurs bios tendance rétro. Et puis nous pénétrons dans le Saint des Saints, tables de 4 numérotées, boutanches encapuchonnées, verres, petit pain, serviette et liasse de fiches de notation. Dans ma petite Ford intérieure je me dis qu’il me faut m’incruster à une table avec une pointure. Je convaincs aisément Pierre de me laisser gagner celle, la n°26, où siège déjà Myriam Huet le top du top de la dégustation. Ouf !  Elle sera le chef de cabine car dans le petit jeu du concours des vins bio nous devons nous causer, nous recaler les uns par rapport aux autres afin au bout du compte de décerner des médailles or, argent et bronze.


Guigui-004.JPG


Guigui-001.JPG

 

Rasséréné je m’aperçois enfin que je suis à une table de vins espagnols : 11 DDO Alicante, 3 DOC Alicante, 1 DOC Rioja, 1 DOP Utiel-Requena et une méthode traditionnelle Valencia par laquelle nous commencerons après avoir dégusté un échantillon de calage. C’est du sérieux, ça ne rigole pas chez le Guigui, d’ailleurs nous étions sur la haute surveillance de la DGCCRF et moi qui pensais faire le coup de la caméra cachée je me suis vite ravisé laissant ça à ceux qui font des docus pour Arte en se contentant de rabouter des bouts de ficelles. Et ça se dit journalistes en plus, je me gondole grave et je fais une petite batterie de photos.

Guigui-006.JPG

Guigui-024.JPGGuigui-016.JPGGuigui-017.JPGGuigui-009.JPGGuigui-015.JPGGuigui-012.JPGGuigui-010.JPGGuigui-014.JPGGuigui-015-copie-1.JPG

Guigui-008.JPG

Guigui-018.JPG

 

L’exercice Guiguien à notre table se déroula avec précision et efficacité sous la houlette de notre Myriam et des deux autres dégustateurs qui sont des pros. Moi je me concentre, je fais les gestes qu’il faut faire, je crache proprement, je gratte comme besogneusement, j’échange, je pose des questions, je me cale et je m’aperçois que je ne suis pas totalement con. Même qu’à l’échantillon 472 je me contente dans la description d’inscrire médaille. Nous lui donnerons l’argent. Je récidive avec le 444 où je suis un peu plus prolixe « me plaît beaucoup, bien équilibré, agréable, belle amertume  en fin de bouche » et médaille. Nous lui donnerons l’or. J’adorais le 426 très vin nature mais mes coéquipiers n’étaient pas emballés. Nous avons terminé dans les temps. Myriam a rempli le PV. Nous l’avons signé et nous avons cassé une petite graine très sympathique en dégustant les nectars des tables d’à côté. Mon amie Aurélie est venue nous rejoindre avec son château de Baal et son superbe sourire.


Guigui-020.JPG 

 

Tout était bien qui finissait bien. Une seule remarque par rapport à nos gentils vins espagnols : nos 3 médailles n’ont pas tout à fait le même poids spécifique que celles attribuées par d’autres tables d’un niveau bien plus élevé. Nous jouions en DRH alors que d’autres batifolaient plutôt en ligue 1. C’est le lot de ce genre de compétition qui mêle des compétiteurs de calibres fort différents mais comme les vins présentés ne boxent pas tous dans la même catégorie ce n’est pas très important.


 Guigui-023.JPG

photo116.JPG

photo117.JPGphoto118.JPGphoto119.JPG

 

De  Pierre Guigui quelques précisions :


« Nous avions toutes les régions de France avec une belle avancée à Bordeaux qui restait à la traine en terme de développement jusqu'à présent. Nous avions 110 jurés en très grande majorité des pros de la dégustation plus quelques dégustateurs-observateurs. La fiche de dégustations est aujourd'hui la plus précise dans notre secteur. J'ai fait le choix de ne pas attribuer de médailles selon un barème car celui-ci ne respecte pas l'avis des jurés. Certains mettent une médaille d'or sur une note correspondant au barème de bronze par exemple. Le règlement se trouve sur le site il est valable dans l'ensemble sauf sur l'ouverture à l'étranger puisque nous faisons cette année une première tentative en invitant uniquement l’Italie, l’Espagne et le Portugal. »


 

  • « La MAS est née de la volonté d'un chef d'entreprise, Olivier Lafon, désireux de mettre son expérience et son argent au service de l'économie sociale. C'est ainsi qu'après s'être retiré des affaires, cet ancien patron de centres commerciaux a fait appel aux deux principales fédérations d'associations du secteur sanitaire et social de l'Ile-de-France, l'URIOPSS et la FNARS, pour mener à bien son projet :" »Beaucoup d'associations ont des problèmes de locaux, d'autres n'ont pas assez de subventions, d'autres encore manquent d'expérience et ont besoin de conseils. En les rassemblant, j'ai voulu créer un outil innovant pour leur permettre d'avancer plus rapidement et donc d'être plus efficaces… »

Palmarès 2013 du Concours International des Vins Bio et en Conversion


483 inscrits, 416 français et 67 vins étrangers

133 vins médaillés soit 27%.

Prix Marc Jolivet : Sud-Ouest, Cahors Rouge 2009, Malbec XL, Château de Lacapelle Cabanac

Alsace, Vin d’Alsace, Gewurztraminer Blanc 2010, Vendanges Tardives, Pierre Frick.

 

Voir ICI link 

Partager cet article
Repost0
29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 00:09

Ma plume a volontairement fourché je pensais écrire les belles quilles des bords de Loire comme le dit notre Eva 100% Ligérienne mais comme elle n’était pas sur la Seine ce lundi après-midi étrangement ensoleillé je me suis dit faut oser. Je n’ai osé tout de même la fillette chère aux licheurs de ma vieille Vendée pour une raison que vous comprendrez aisément ; si tel n’était pas le cas appelez le n° Vert : letaulierN1 sur Twitter (abonnement conseillé)


Cooper-Oporto-1.jpg 

 

Pour m’y rendre j’ai enfourché ma flèche d’argent, grimpé au train vers le sommet de la place d’Italie pour fondre plein pot sur la Seine, viré sur le quai qu’est au pied de la TGB – qui n’est pas le repaire des LGTB – et mettre le cap sur le Batofar. Ma belle enchaînée je me rendis à pied jusqu’à la Seine où défilaient des belles qui ensorcellent sous le soleil d’un été qui s’annonce aussi torride qu’un cachet d’aspirine. Précisions pour les canaillous fort nombreux : primo ma belle enchaînée est ma flèche d’argent qui est anglaise ; secundo les belles qui ensorcellent sont je le rappelle les quilles chères à notre Eva 100% Loire et qui est une belle Tronche de Vin.


Comme le dirait mieux que moi le sémillant Patrick Baudouin, amoureux du Chenin couché sur schiste, il flottait sur ce quai de Seine « une douceur angevine » et, verre à la main, je me sentais prêt à exercer mon art consommé de juge aux élégances. Avant de me lancer, je serrais avec effusion des louches amies. Clap ! Silence on tourne ! Le casting et les prises de vues sont du Taulier pour le scénario prière de s’adresser à celles et ceux qui ont remplis des cahiers entiers de notes. Qui trop embrasse de belles quilles mal étreint…


1-     Plan large sur le ★ DOMAINE DES BÉRIOLES link 

 

photo--99-.JPG

 

2-     Plan séquence sur le « Clos de Venise » de ★ LA TAILLE AUX LOUPS link 


photo--100--copie-1.JPGphoto101.JPG


3-      Arrêt sur image sur L’Insolite ★ DOMAINE DES ROCHES NEUVES link


photo102.JPG

 

4-      Gros plan sur les Côtes de la Charité ★ ALPHONSE MELLOT link

photo103.JPGphoto105.JPG

 

5-      Zoom avant sur Le diable rouge de ★ PATRICK BAUDOUIN link


photo06.JPG 

 

6-      Plan américain sur le ★ DOMAINE HUET link 


photo106.JPG

 

7-      Contre plongée sur ★ ALAIN MABILLOT link


photo107.JPGphoto108.JPG

 

8 -     Panoramique sur ★ DOMAINE DES HUARDS link


photo109.JPG

 

9-      Travelling sur ★ JEAN-FRANÇOIS MÉRIEAU link


photo110.JPG photo111.JPGphoto112.JPGphoto113.JPGphoto114.JPG


10 -   Profondeur de champDomaine Le Clos du Serres link


photo115.JPG

Partager cet article
Repost0
28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 00:09

407188403-f326a46fd0.jpg

 

« Un homme courtois ne marche pas sur l'ombre de son voisin. » proclame un proverbe chinois.


C’est à la fois mon exaspération face à des agressions verbales à propos du sujet qui fâche certains, le mariage pour tous, et les réponses de l’acteur Jacques Bonnaffé qui m’ont inspiré ce billet. À la question, très Télérama dans sa formulation, « votre motif d’énervement le plus récurrent ? », répondait du tac au tac « Le manque total de courtoisie des Parisiens ». En amont de cette interview, il donnait l’une des clés de cet état de fait : « L’odeur de Paris c’est… celle de l’ego »


Oui, ici, à Paris, et sans doute aussi ailleurs mais, comme j’y vis je me réfère à ce que je vis et ce que je vois, plus ça va moins ça va car, dans l’espace public, la règle comme c’est chacun pour sa pomme, je suis le plus beau, le plus fort, le féminin s’impose aussi, range-toi que je m’y mette, que je passe, que je te bouscule, que je fonce au rouge : automobiliste, motocycliste, vélocipédiste et aussi piéton, jamais un soupçon de pardon ou de politesse dans les transports en commun. Renfrognés ou agressifs, arrogants ou menaçants, grossiers ou mal léchés, incivils, irrespectueux, mal ou trop à l’aise dans leur ego, l’insulte toujours prête au bord des lèvres, règnent en maître. Les sauvageons, chers au Che, ne se recrutent pas exclusivement chez les capuchés mais aussi dans toutes les catégories sociales sans aucune exception.


Objection votre Honneur, va-t-on me rétorquer, la courtoisie c’est ringard, c’est coincé, c’est vieux jeu, nous, nous sommes cools, décontractés, à l’aise, alors ta politesse avec un petit zeste d’élégance et un soupçon de générosité c’est bon pour le placard poussiéreux des accessoires inutiles. Entendez-moi bien, je ne pratique pas le baisemain et je ne consulte jamais le Guide du protocole et des usages de l’ex-préfet Jacques Gandouin car la courtoisie n’a rien à voir avec l’hypocrisie du « bonjour cher ami »  à l’attention  de son pire ennemi ou l’obséquiosité des flatteurs qui pratiquent la brosse à reluire ou le léchage de bottes. Pratiquant journellement un espace de liberté je ne vais pas m’enliser    dans un tissu élimé de vieilles règles conventionnelles et guindées qui m’empêcherait d’exprimer ce que je pense avec franchise. La transgression, le langage vert, la discussion animée mais argumentée, même parfois les noms d’oiseaux peuvent voler, mais sans volonté de piétiner son ou ses contradicteurs, relève d’une forme de courtoisie proche de celle d’une pratique sportive sans concession mais respectueuse des règles du jeu et des autres compétiteurs.


Je laisse volontairement de côté la Toile où, pour certains, en règle générale sous le couvert de l’anonymat, tous les coups, les bas et les mauvais surtout, sont permis. Sur les fameux réseaux sociaux, et surtout avec l’irruption de Twitter, des échanges confus, décousus, s’installent. Ça fuse. Ça dégouline. Ça regorge d’une insolence érigée en principe d’expression pour atteindre l’overdose de l’ironie facile. Ça perd toute saveur. Ça ne présente et ne suscite que l’intérêt d’un petit cercle sauf à être repris par les grands médias. C’est lourd, indigeste, lassant. C’est le bal des ego où certains personnages publics se vautrent dans la vulgarité en espérant se distinguer, où des journalistes se marquent à la culotte, papillonnent, se mettent en scène, pour tenter d’exister, où des quidams se défoulent, se laissent aller, bavent, dénoncent, se prennent pour le centre du monde, tous les je pensent que, les qui ne savent même pas de quoi ils parlent, les qui prennent le sens du vent, les ouvriers de la 25e heure…  Aucune tenue, aucune élégance morale, aucune hauteur de vue, c’est une forme revisitée du  café du commerce sans la saveur des brèves de comptoir car c’est fardé, insincère. Nous sommes face à une forme de pornographie de l’esprit.


Cependant, comme ce n’est qu’un petit monde clos qu’il est possible d’ignorer, ça ne pourri pas vraiment ma vie, il suffit de me déconnecter. En revanche, dans l’espace public, avec l’émergence d’une droite stalinienne, dixit Jean-François Khan (lire ci-dessous), il est monnaie courante de se faire agresser sur le sujet qui fâche en ce moment, le mariage pour tous, alors que l’on ne l’a ni évoqué ni même effleuré. Ça m’arrive régulièrement dans les lieux où je croise des « confrères du monde du vin » si je puis m’exprimer ainsi. Des dames et messieurs d’un certain âge, qui se disent journalistes du vin, me tombent dessus à bras raccourcis comme si j’étais le délégué syndical des LGBT. Ma tête de métèque étiqueté de gauche sans doute. J’ai droit à des logorrhées confuses et interminables face auxquelles je ne réplique pas. Je reste courtois. Pourquoi argumenterais-je ? Tout ce que je pourrais dire serait retenu contre moi. Enfant de 68 je suis bien évidemment l’un des responsables de la décadence de notre civilisation occidentale,  l’un des ardents fossoyeurs de la famille Française et l’un des partisans de la fin de la fête des mères et des pères puisque cher monsieur un enfant pourra en avoir deux. C’est indécent, inconvenant, c’est un manque de courtoisie et de savoir-vivre évident. Et pourtant, ces gens bien-pensants, se vivent comme étant les représentants d’un monde policé, la France des convenances alors que, comme le note Jean-François Khan ils s’expriment comme les staliniens de ma jeunesse. Si tu n’es pas avec nous tu es contre nous. Ils n’ont même pas conscience de la valeur des mots qu’ils utilisent dans leurs slogans. Des mots qui font pourtant parti  de l’ADN d’une droite peu glorieuse et d’une gauche dévoyée, celle de Marcel Déat et de Jacques Doriot, qui ont collaboré avec l’occupant.


En conséquence, M.M. chers collègues du vin attachés à la valeur sacré du mariage civil et de la filiation, non je ne suis pas le délégué syndical des LGBT prière de rester courtois et de me lâcher la grappe. Merci par avance, sinon je sors ma sulfateuse et j’arrose large.


Manif pour tous: Découvrez ce qui caractérise ce nouveau mouvement politique par JF Khan


« C’était du temps de ma jeunesse. Dans les années 50 la vie politique française était dominée par un Parti Communiste puissant, fort, affichant plusieurs centaines de milliers d’adhérents, regroupant un quart des électeurs et affichant sans complexe son allégeance stalinienne.


Véritable France dans la France, il avait créé son propre monde, son propre univers. Il était le peuple. Il était la classe ouvrière. Ses exigences étaient celles des masses. S’y opposer constituait un affront à la démocratie. Quand il faisait défiler 30.000 personnes, il en annonçait 300.000. Parfois plus. La soi-disant démocratie bourgeoise n’était à ses yeux qu’une dictature. Les socialistes étaient des socio-traîtres (ce qui, entre parenthèses, n’était pas totalement faux) et les conservateurs libéraux des fascistes. Il affichait un patriotisme d’exclusion et s’était concocté sa propre langue, structuré par ses propres mots et ses propres formules; s’était confectionné, à l’aide de ses propres références, sa propre culture (qui valait bien, au demeurant, la sous-culture de la gauche bobo). Ancré dans ses propres certitudes portées par ses propres dogmes nourris par ses propres vérités confortées par ses propres informations diffusées par sa propre presse, il offrait à ses militants et sympathisants une famille–patrie de substitution qui leur tenait chaud l’hiver.


Eh bien, toutes ces spécificités et particularités on les retrouve, aujourd’hui, dans ce grand parti virtuel qui s’est constitué dans le combat contre le mariage gay et autour des « manifestations pour tous ». Ecoutez bien leurs porte-paroles et leurs activistes: ils sont le peuple, ils représentent la France réelle, même quand les sondages indiquent qu’ils sont minoritaires, lorsque 300.000 d’entre eux défilent – ce qui est beaucoup – ils affirment qu’ils étaient 1 million et demi. A les entendre, le pays vit sous une dictature socialiste, protégée par une police gestapiste, Hollande est un tyran et Valls une sorte de Beria. Les modérés sont des traîtres. Ils se sont confectionnés un langage à eux, arrosé par une idéologie à eux que cimente leur dogme à eux. Ils ne prêtent foi qu’aux informations qu’ils se sont eux-mêmes concoctés et que crédibilise leur propre presse, y compris Le Figaro. »

 

Partager cet article
Repost0
26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 00:09

RVF-026.JPG

 

Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille, je fais contre mauvaise fortune bon cœur, sans pour autant chanter pas sous la pluie « Singing In The Rain » en faisant des claquettes, tel Gene Kelly, mais j’ai vraiment une forte envie de foutre des tapettes à une catégorie de faiseurs qui me cassent les couilles et, de guerre lasse, je me dis qu’à force de subir sans broncher la débilité de certaines publicités apposées sur nos murs, un mur des cons s’imposent.


Que Rivoire&Carret, marque culte de mon enfance, un peu tombée dans l’oubli link en arrive à ce degré zéro de la publicité pour des ravioles en sachet « Si Mozart avait fait des ravioles il n’aurait pas fait mieux » me désole sans pour autant me plonger dans l’affliction, en revanche, en ce dimanche ventée de giboulée de mai, je dépose un recours auprès des vignerons qui nous délèguent, via les belles interprofessions qu’ils nourrissent de leurs cotisations, des petits génies du marketing qui nous bassinent d’un savoir mal digéré, débranchez-les !


Dernier exploit en date de cette engeance caquetante : une présentation des vins d’une charmante et sympathique appellation, plus précisément deux voisines, de deux couleurs, avec 2 poids lourds, l’un coopératif et l’autre vigneron indépendant, suivie d’un déjeuner placé. Seule ma bonne vieille éducation, par respect pour les vignerons et l’excellent restaurateur, m’a retenu à la table. Me faire prendre la tête tout le long du déjeuner sur le thème « nous allons faire du marketing pour extraire cette brave appellation des affres d’une notoriété terroiriste lourde et d’un autre âge… » m’a exaspéré. Je regrette de n’avoir pas pointé le nombre de fois où le mot marketing fut placé. L’overdose, le déni absolu de ce qui fonde l’échange : l’écoute et la capacité à ne pas fourguer un discours formaté.


Souvenir de mes bons vieux commerciaux de la SVF, des gars formés sur le tas à la bonne vieille école du terrain, me racontant comment faire pour convaincre le client, de l’épicier de quartier à l’acheteur de GD, de changer une part de son assortiment, d’essayer une nouvelle appellation moins connue ou un petit vin de pays ayant un bon rapport qualité/prix. Travail patient, liens de confiance, force de conviction, capacité à utiliser le langage de son interlocuteur, de le comprendre, d’éviter de le rouler dans la farine… pour vendre ce qui est difficile à vendre. Autre temps, autre mœurs, le temps est maintenant au positionnement prix, aux conditions commerciales négociées à la machette, remises, dégradation du prix, achat de linéaire et autres joyeusetés.


À qui va-t-on faire accroire, sauf aux braves vignerons en mal de notoriété, que c’est par une politique de marque que l’on va promouvoir une petite appellation. Pour faire bref, pour jouer cette carte il faudrait du pognon, beaucoup  de pognon et du pognon y’en a pas ou peu, et surtout les perspectives d’en gagner pour alimenter la noria du financement d’une marque sont inexistantes. Alors, merci chers amis vignerons de nos appellation de débrancher le haut-parleur des apprenti(e)s marqueteurs. Tout un repas, je vous assure ça lasse et, en parodiant l'empereur Joseph II après la première représentation au Burgtheater de Vienne de « L'enlèvement au sérail » de Mozart, premier opéra en allemand, et non plus en italien, vraiment «Trop de notes, mon cher M… ! ». N’est pas Mozart qui veut que l’on soit dans la nouille ou dans le cépage qu’on ne trouve pas beaucoup ailleurs…


Ceci écrit nul n’est tenu d’inviter un vieux con de blogueur qui ramène toujours sa fraise à tout bout de champ alors qu’il ne prend jamais de notes avant, pendant et après les repas…

 

Partager cet article
Repost0
24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 00:09

Mercredi dernier j’ai déjeuné à la Cagouille avec mon ami Jacques et, sans le savoir, en entrée, j’ai consommé une toute nouvelle Spécialité Traditionnelle Garantie : des moules de bouchot « brûle-doigts ». Ne vous y trompez pas jeunes louves et petits loups des villes, Bouchot n’est pas une contrée reculée de notre beau terroir mytilicole et « brûle-doigts » est la recette. En revanche qu’est-ce donc que cette Spécialité Traditionnelle Garantie que votre Taulier ignorait ?


8468360_p.jpg

 

Les faits d’abord : le Journal officiel de l'Union Européenne du 7 mai 2013 vient d’enregistrer en tant que Spécialité Traditionnelle Garantie Les moules de bouchot, spécialité française de moules élevées sur des pieux.

 

Bouchot n’est donc ni une ville ni un lieu-dit mais l’une des façons d’élever des moules « C'est un élevage spécifiquement français, et la production française est essentiellement en moules de bouchot » Selon l'Inao en 2011 41.000 tonnes de moules de bouchot ont été produites en France, sur le littoral de l'Atlantique et de la Manche.


Une pincée d’Histoire « C’est un voyageur irlandais, Patrick Walton, qui en 1235, a inventé la culture sur bouchot. Victime d’un naufrage dans la Baie de l’Aiguillon, il s’installe et se consacre à la capture d’oiseaux d’eau à l’aide de filets.


Il s’aperçoit rapidement que les piquets retenant ses filets, plantés dans la mer, se recouvrent de moules. Il multiplie les piquets et les réunit par des claies. Il baptise son invention avec les mots « bout » et « choat » : la clôture en bois. »


La STG, Spécialité Traditionnelle Garantie, est un signe européen qui met en valeur la composition d’un produit ou son mode de production traditionnel. Elle atteste de la spécificité et de la qualité d’un produit.


Encore un me direz-vous ? Oui, mais sachez aussi qu’il existe une AOP «Moules de Bouchots de la Baie du Mont Saint-Michel» La zone d’élevage s’étend de la partie de l’estran de la Baie du Mont-Saint-Michel située au sud de l’alignement du clocher de Carolles et de la pointe de la Chaîne, et à l’ouest de la limite entre les départements de l’Ille-et-Vilaine et de la Manche. « Cette zone offre aux moules les conditions d’une alimentation abondante, spécifique et variée, qui est liée à l’originalité de la Baie (présence d’un vaste estran), sédimentaire, hydrodynamique (interactions entre le courant issu du plus important marnage des marées de France et le flux des rivières qui se jettent dans la Baie), et écologique (transfert et interactions entre divers écosystèmes dont les polders, les vasières et les marais maritimes). Les mécanismes d’alimentation des moules dépendent également des caractéristiques (température, salinité, turbidité) des eaux de la zone dans laquelle elles sont élevées. »


Revenons à la STG, ne pas confondre avec la CSCG, réclamée par les producteurs français, « va permettre de définir une norme de calibrage, de type d'élevage, une norme qui est applicable et contrôlable » et éviter que certaines moules, provenant parfois de pays où il n'y a pas d'élevage de moules de bouchot, portent le nom de moules de bouchot lors de leur commercialisation, trompant ainsi le consommateur. ». Du côté de la mécanique c’est l’ODG représente et rassemble les opérateurs de la filière des produits labellisés « STG ». « Les règles de production sont consignées dans un cahier des charges dont le respect est contrôlé par un organisme certificateur. Le champ d’application du cahier des charges concerne uniquement les produits dénommés « Moules de bouchot », c’est-à-dire des moules d’élevage produites exclusivement sur bouchot dans les estrans après captage de larves en milieu naturel. Les produits de la pêche et tous les autres modes d’élevage en sont exclus. Les moules bénéficiant de la Spécialité Traditionnelle Garantie « Moules de bouchot» sont des moules fraîches entières, vivantes. »


Pour produire une moule de bouchot il faut une année : « C’est au début du printemps que naissent les Moules de bouchot entre la Charente et la Loire. Des cordes sont tendues horizontalement pour recueillir ce naissain qui peut se fixer facilement. En juin, les cordes sont disposées sur des portiques en bois appelés chantiers. Le naissain se développe ici jusqu’à la fin de l’été. Les cordes sont enroulées en spirale autour des bouchots à partir de septembre. Pour protéger les Moules de bouchot contre l’invasion des crabes, les pieux sont habillés d’une jupe ou tahitienne. Le développement des Moules de bouchot a lieu pendant l’hiver et le printemps suivants. Les artisans producteurs veillent au bon développement des Moules de bouchot et interviennent tout au long de leur croissance pour garantir une qualité optimale. Par exemple, le catinage consiste à entourer les pieux de filets pour que les Moules de bouchot ne soient pas emportées par les tempêtes. Les algues sont enlevées régulièrement et les invasions de prédateurs surveillées. Après un an sur le bouchot, les moules sont cueillies mécaniquement par bateau amphibie ou tracteur pour être lavées, triées et conditionnées pour l’expédition et la vente. »

 

Moules de bouchot « brûle doigts »

 

Ustensiles


- 1 poêle en tôle assez mince, genre plat à paella de bazar. Faites le chauffer à blanc, et versez-y les moules de façon à ce qu’elles tiennent sur une seule couche. Continuer à feu vif, en remuant jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent bien.


Pas de poêle antiadhésive.


Ingrédients


- Moules de bouchots bien sûr mais les coques et les couteaux peuvent subir le même sort.

- Poivre du moulin


Voilà mais ce n’est pas tout ça qu’est-ce-qu’on boit avec mes moules de bouchot « brûle doigts » ?

 

En bonus

 

1-      Une belle chronique de novembre 2006 du blog Cuisine de la Mer Moules à la brûle doigtlink

 

2-      Comme c’est bientôt l’été et que le soleil va nous cuire une recette du Taulier : une salade de pâtes aux moules de bouchotlink 


morvan-2007-041.jpg

Partager cet article
Repost0
23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 00:09

photo--96-.JPG

 

« Que d’eau, que d’eau... » et voilà qu’un petit bedeau fade, genre Mac Mahon au petit pied, « putain con » (la citation du pâle Maréchal fut proférée à Toulouse face à la crue de la Garonne) me somme de me nourrir bourguignon. Et pourquoi donc me faudrait-il accorder les vins de Bourgogne avec des plats locaux ? Au nom de l’authenticité du terroir sans doute, foutaise bien française que cet étroit et réducteur appariement. Comme mon père j’adore la sardine sablaise et le petit maquereau de ligne cru, est-ce inauthentique ? Pousson le mareyeur des Galiciens du Marejol (photo ci-dessous) sait bien que non. Chacun fait ce qu’il veut comme il veut sans avoir à en référer à la police des accords mets-vins. Nul n’est tenu de poser ses fesses dans un restaurant, d’autant plus que le susdit était prévenu de ce qu’il y aurait dans son assiette, allez savoir pourquoi ? Les promoteurs des Climats ont fait un choix culinaire, libre à eux, ce sont eux qui prennent le risque, et libre à chacun de le contester, mais pourquoi diable rabaisser, au petit niveau de copinage pratiqué dans le marigot du vin, le point de vue d'un autre ?  C’est celui qui dit qui fait disent les gamins dans la cour d’école.


969020_10200346630721288_994075632_n.jpg

 

Face à ce harcèlement textuel je partage le point de vue de Luc Charlier, notre belge internationaliste, qui adore beaucoup le susdit :


« Pour une fois, Jacques, un commentaire sans aucune facétie, factuel, lisse comme le cortex d’un député UMP après deux années de fonction. Tu fais remarquer que la cuisine proposée dans cette cantine se situe à des arpents de distance de celle de Lameloise. L’autre jour, un amateur très éclairé – je pense qu’en plus il est journaliste – me disait qu’il aime que le vin qu’il boit ait un lien géographique avec la cuisine qu’il mange. Je comprends parfaitement ce souhait et, tandis que je voyageais, je tentais toujours de « boire local ». En outre, c’est sympathique de voir un restaurant honorer les producteurs locaux.

Mais a contrario, comment vivraient les vignerons – n’importe où dans le monde – si on se bornait à boire leur vin en accompagnement des plats typiques de chez eux ? Ce n’est pas faire injure à certains « grands » d’affirmer que leur gastronomie locale ne permet pas de s’extasier. Tiens, charité bien ordonnée commence par soi-même : il n’y a pas de vraie cuisine catalane. Les quelques prétendues spécialités locales sont des resucées d’ailleurs (la bouillabaisse est azuréenne, les boles de picoulat sont de partout, le mar y muntana est alentéjan, l’ouillade est de la garbure, la cargolade est de la rigolade et le sagi est ... de la merde). Cela n’empêche pas une poignée de chefs de tenir une table remarquable dans le département, au départ de denrées issues de la production locale.

Tu vois, quand je veux. »


Bref, la cuisine bourguignonne est fort roborative, elle tient au corps, nourrit, et je l’apprécie vraiment par ce temps de Toussaint. Alors, si aux CLIMATS une Burgundy Touch s’insère dans la carte je n’y verrais que des avantages mais que diable les vins de Bourgogne, qui s’exportent de par notre monde mondialisé, se marient excellemment avec toutes les cuisines du monde. Alors à Paris tout est permis! J’ai qualifié Les CLIMATS de plus belle ambassade des vins de Bourgogne à Paris alors à quand le bœuf bourguignon à son menu ? Je suggère le dimanche au déjeuner, au coin du feu, y’a une cheminée, en hiver comme en ce moment. Vous inviterez, beau-papa et belle maman, et le cousin Pons et la cousine Bette, mais ni le père Goriot ni Bouvard et Pécuchet, même que vous pourrez boire un bon vieux marc de Bourgogne pour digérer. Que du bonheur pour une France qui respecte ses valeurs. Pourriez même inviter pour le bénédicité Mgr Ricard l’archevêque de Bordeaux y pourrait, après déjeuner, aller admirer l’Angélus de Millet au musée d’Orsay qu’est à deux pas des Climats.


Trêve d’embrouilles, « bien faire et laisser dire » et surtout commencer à faire mariner vos kilos de jumeaux dans une marinade faite avec un vin de Bourgogne auquel vous avez ajouté les carottes, les oignons, les clous de girofle, le laurier et le thym. Y faut une bonne nuit au frais… et puis après vous consultez la recette du « Bourguignon comme en Bourgogne » d’Hugo Desnoyer page 86 de ses « Morceaux Choisis » www.editionsfirst.fr

 

Deux questions pour finir ?


1-      D’où vient le bœuf ? Du Charollais ou d'ailleurs ?


2-      Quel vin de Bourgogne pour un « Bourguignon comme en Bourgogne » ?

 

Et pour François Desperriers de Bourgogne Live The Offspring - The Kids Aren't Alright

 

Partager cet article
Repost0
21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 00:09

Plongé dans « L’entrée du Christ à Bruxelles » un merveilleux et jubilatoire livre de Dimitri Verhulst,  déjà auteur en langue néerlandaise du best-seller « La Merditude des choses » adapté au cinéma link,  je lis à la Station 14 (le livre est calé sur le chemin de croix) que l’auteur note très justement qu'« Être bruxellois et belge n’est pas un mérite, et pour être honnête je me suis toujours méfié des gens qui arborent leur nationalité comme un label de qualité, un signe distinctif qui leur revient parce qu’ils ont tout bonnement été choisis pour voir le jour en un lieu aux coordonnées géographiques nobles. »


affiche.jpg9782207113745FS.gif

 

Ce gars-là, ce Verhulst, devrait plaire à notre Léon, alias Luc Charlier, lorsqu’il affirme « Je suis ce fou inoffensif qui rêve doucement d’un monde sans nationalités, sans drapeaux. Un monde sans passeports, comme c’était encore le cas avant la Première Guerre mondiale. Un monde sans argent, ça aussi. Et si je mets tout cela bout à bout, je dois reconnaître, je le crains, que je rêve sensu latiore d’un monde sans êtres humains. »


Ceci écrit, il dit « Attention je me sens bien dans mon superbe biotope belge, entouré de choses et de valeurs qui me sont chères : les boulettes liégeoises (.. .) les asperges à la flamande au mois de mai (…) le délire cycliste qui se répand partout lorsque s’annoncent au calendrier les courses de printemps… » mais il y a un mais, qui est un mets, de taille.


Que nous avoue-t-il ?


dyn010_original_300_273_pjpeg_2624192_bb516d685af3219e11385.jpg

 

« Si je devais passer un examen en tant que Bruxellois, où l’on me servirait un morceau d’authentique fromage maigre bruxellois, soit le ettekis (une flaque puante, si vous voulez tout savoir, une chose qui ressemble au dégueulis frais d’un chien agonisant, mais une friandise selon d’autres), eh bien, je serais recalé à cet examen. Je pourrais raconter à mes examinateurs que ce fromage à l’aspect de méduse échouée est fabriqué rue de la Potence, what’s in a name, et rappeler d’autres curiosités concernant ce produit du sadomasochisme culinaire, mais en avaler une bouchée comme preuve de mon origine : non, plutôt mourir ! C’est le genre de chose dont on dit qu’il faut « apprendre à en manger ». Et ça en dit long. »


Vexé de voir ma fromagitude prise en défaut, vexé comme un poux de ne pas avoir été mis au parfum par l’ami Léon et ses faux-frères, je me jetai dans une recherche fébrile et difficile sur la Toile vu que je ne maîtrise pas le néerlandais.


C’est fait avec du lait de vache écrémé, donc 0% de MG, qui subit un emprésurage de longue durée (48 heures minimum), puis est égoutté dans des sacs en nylon pendant 24 heures puis salé dans la masse et affiné pendant 4 mois. Des micro-organismes locaux, les mêmes que pour les bières Lambic, prolifèrent sur la croûte et en assurent son goût prononcé, et sa forte odeur. Ce fromage est reconnu par le VLAM comme un produit régional flamand. Très salé, il donne soif ce qui est bon pour attiser la consommation de bière. 


Ayant étanché ma curiosité j’ai tout de même continué à fouiner et là, patatras, que lis-je ?


La deuxième mort du fromage de Bruxelles


« Il n’y a plus de vrai fromage de Bruxelles. Fini. Den ettekeis es duut


“De Ster”, fromager à Lubbeek, était le dernier producteur dont les fromages avaient les caractéristiques organoleptiques dignes d’être associées à l’appellation de “Fromage de Bruxelles”.


La production a malheureusement connu le même sort que celle de la fromagerie Vander Gucht de Leeuw-Saint-Pierre, elle a été revendue avec la marque à Herve Société.


Tous les fromages de Bruxelles disponibles sur le marché sont donc produits par Herve Société. Et il faut reconnaître que ce n’est plus la même chose.


Finie la croute blanchâtre, craquelée devenant translucide avec le temps. Fini le nez profond et fort qui sentait la vache. Fini aussi le goût salé très très prononcé (10% du poids du caillé en sel dans les recettes originales) qui convenait si bien au pain noir et au café. » Suite ICI link 


Tout ça datait du 28 janvier 2009 mais pourtant la résistance s’était installée :


« Ce dimanche, le 27/04/2008, nous avons mis en route le train de la confrérie du Ettekeis. A 11 heures nous étions conviés à la salle paroissiale de l'église St Pierre à Jette. Robert Delathouwer, un des rédacteurs du journal électronique 'De Gazet van Brussel', journal écrit à 100% en Bruxellois et pour les Bruxellois, avait organisé, dans le cadre de la semaine Bruxelloise, un mini brunch autour du Ettekeis. Il y avait du pottekeis (mélange d'ettekeis, de plattekeis (fromage blanc) et échalotes) sur du pain à la Grecque, du pottekeis dans des feuilles de chicon crus et naturellement de la gueuze et de la kriek de la bonne brasserie Boon. Je remercie ici encore le prêtre de la paroisse qui nous a permis d'utiliser sa salle pour cela.


Après cette introduction sympathique, un petit speech pour placer le sujet du jour: l'ettekeis. Les personnes présentes et volontaires pour être membre de cette probable future confrérie, pouvaient laisser leurs coordonnées. Et déjà pas mal de gens se sont portés volontaires pour sauver (si ce n'est pas encore trop tard) de l'extinction ce dinosaure de notre culture gastronomique locale, et tellement lié avec la culture bruxelloise en général. Suite ICI link  et ICI « L’heure est grave » link 


photo--93-.JPG

 

Angoissé des suites de ce combat hautement identitaire j’ai erré sur la toile et j’ai enfin découvert la bonne nouvelle sur le blog BRUXELLONS link  samedi 20 octobre 2012 B.O.E.F.


« Aujourd'hui, seule une poignée d'artisans fabriquent encore l'ettekeis (ou fromage de Bruxelles) selon la recette originale. Le 27 avril 2008 à Jette, pour empêcher sa disparition totale, un groupe de volontaires a appelé à la formation d'une confrérie, le Brusselse Orde van de Ettekeisfretters (B.O.E.F. ou Order bruxellois des bouffeurs d'ettekeis).

Le plattekeis (ou maquée de Brabant), consommé depuis longtemps en région bruxelloise, se déguste sur des tartines, salé, poivré et agrémenté de radis et de petits oignons. On obtient le Pottekeis en mélangeant à part égale de l'ettekeis avec du plattekeis préparé."

Extrait de Miscellanées bruxelloises, Editions Le Castor Astral, 2009

 

Pour en goûter, rendez-vous chez Moeder Lambic, rue de Savoie 68 à 1060 Saint Gilles ou Saint-Gilles-lez-Bruxelles est l'une des 589 communes de Belgique et une des 19 communes de Bruxelles-Capitale. Elle est officiellement bilingue comme toutes les communes de Bruxelles-Capitale.

 

Si vous souhaitez faire l'essai vous-mêmes, on trouve de l'ettekeis sur la plupart des marchés, notamment place Flagey le samedi et le dimanche. »La place Flagey (Flageyplein) est une des plus grandes places de Bruxelles. Elle est située dans lacommune d'Ixelles, au croisement de plusieurs axes importants : chaussée d'Ixelles, rue Lesbroussart, chaussée de Vleurgat, avenue De Gaulle, avenue des Éperons d'or, rue Malibran... ce qui en fait un des carrefours les plus importants de la ville et un pôle majeur d'échange de transport en commun (tramway et bus). Elle tient son nom de l'avocat Eugène Flagey, député et premier magistrat, ancienbourgmestre d'Ixelles de 1936 à 1956.

 

J’accuse donc les sieurs Lalau qui a une excuse, Vanhellemont et Charlier qui n'en ont pas, d’avoir lâchement esquivé le vrai combat du sadomasochisme culinaire en informant pas le Taulier des menaces pesant sur l'ettekeis et par avance je remercie Magalie Fromi, fromi, dable de me réserver un ettekeis, un vrai bien sûr, pour ma prochaine venue à Bruxelles.


photo--94-.JPG

 

Partager cet article
Repost0
19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 00:09

Le premier, mon ami François link, est sis à Saint-Emilion, dans le bourg comme on dit chez moi, au 11 rue du Clocher, en un lieu magique, l’Envers du Décor. Lui et moi, même si nous sommes un peu gris, de poils bien sûr, sourions sur le bandeau de mon Face de Bouc, alors que nous exercions le meilleur de nous-même chez Jean-Luc Thunevin, pas dans son garage, et qu’Armand Borlant nous immortalisait en une pause conquérante link. Deux années se sont écoulé sous le pont de Saint-Emilion, celui de la Barbanne, et pour « une partie de campagne » – un parcours en 8 expositions d’art contemporain organisé par ses soins au tout début d’avril de cette année, François, dans sa lettre à ses amis galeristes, évoquait « une lumière qui, après avoir percuté la surface de la rivière toute proche, est renvoyée sur terre par le dessous des nuages. Cette lumière a vraiment fait le chemin le plus long, le plus improbable et le plus mystérieux. Elle semble porter en elle un peu d’éternité et des reflets bleus de sels amenés par les marées. »

 

photoEDD2

 

 

Le dessous du ciel, Dieu que c’est évocateur, ces nuages vaporeux, froufrouteux, cotonneux, voluptueux… mais je ne m’aventurerai pas sur les rimes d’Alain Souchon et de Gainsbourg sur les dessous même si Jean-Luc m’attendait au virage. Ce qui m’intéresse en ce matin de Pentecôte ce sont les chemins longs, ceux désertés par les pressés, les chantres de l’instantanéité, les petits marquis des saillies sur Face de Bouc qui compensent l’ennui de leur vie. Notre « vigneron-aubergiste », en 2006, à un journaliste de l’Express venu enquêter en terres bordelaises pour écrire un énième papier sur le « mal être » de notre viticulture nationale et la thérapie qui va avec, répondait : « Pendant des décennies, le consommateur moyen - français ou étranger - a dû subir la loi simple du «prenez le précieux sang de la terre travaillé avec art, amour et tradition, payez (au prix fort), buvez (avec ou sans modération) et taisez-vous» et «Sur la carte routière du vin, il y aura des autoroutes et des départementales. Pourvu que je puisse toujours rouler sur les chemins de traverse, les autoroutes ne me dérangent absolument pas.»


photo--88-.JPG

 

Ces chemins de traverse sont les grands frères de mes petites rues parisiennes que je sillonne sur ma flèche d’argent et qui me mènent en des lieux où il fait bien vivre, soit bien manger et bien boire. Des tavernes avec des taverniers accueillants tels Tim Johnston du Juvéniles, rue de Richelieu link. Comme François Tim est un « tavernier-vigneron » puisque chaque année il produit un vin Purple avec l’ami Marcel Richaud à Cairanne et fait son propre assemblage de Beaujolais primeur avec le domaine du Vissous. Son antre vineuse et accueillante est ouverte depuis 1987, une éternité donc, et « au milieu des années 90 est devenu ce qu’on appelle un bistro à vins dont « le principe est toujours le même aujourd’hui : essayer de mettre sur la table des vraies valeurs, la cuisine est droite, pas de chichi, simple mais sur la base de bons produits que nous essayons désespérément de ne pas tordre dans tous les sens. Le vin évidemment, continue d’être le plat principal, et par bien des chemins nous sommes revenus aux vins de pays français, qui sont toujours de grande qualité. Ma théorie est simple : si on ne peut pas se payer une seconde bouteille de vin, c’est que c’est trop cher. »


Caillou_6012.jpg

Voici une bien belle parenté entre Tim et François par les liens de la vigne et de l’amour du vin. Chez eux le vin est le plat principal et un goût prononcé pour la liberté de pensée et de dire. Sans doute inspiré par les langues de feu qui volètent dans les cieux lourds de cette Pentecôte fraîche 2013, lendemain de la proclamation républicaine d’une Union entre adultes consentants, j’ai décrété qu’il me fallait, sur mon espace de liberté, afficher les bans du mariage des bons vivants. Comme il est de tradition en ce genre d’occasion d’offrir des cadeaux au couple, voici les miens.


-          La carte postale de l’Envers du Décor de François des Ligneris


photo--89-.JPG

photo--90-.JPG


-          Les croisades à mener selon Tim Johnston


photo--91-.JPG


« … il y a encore des croisades à mener. Par exemple pour les bouchons vissés, que j’adore pour de pures questions de qualité, et contre les vins natures que je ne peux pas sentir. Pour moi, un bon vin, un grand vin, est naturel, et le vigneron, s’il est honnête, fera tout ce qu’il a à faire durant les années difficiles pour sauver sa récolte, même si cela implique l’usage des sulfites. On a tendance ces jours-ci à  prendre pour des vins naturels des trucs pas bons, pas finis ou morts. En créant des labels un peu partout, on se trouve des excuses pour épargner aux vignerons certaines médiocrités. Heureusement, il y aura toujours des bons et des grands vignerons qui n’ont pas besoin de ces étiquettes et de ces modes, qui sont des autoroutes offertes au marketing. »


Extrait de « Manger ensemble » mars 2013 éditions  du CNRS Les Cahier européens de l’imaginaire 30€. It’s like Home Tim Johnson.


Caillou_6027.jpg

Partager cet article
Repost0
18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 00:09

photo--87-.JPG

 

Dans la vigne France, je sais, j’en énerve plus d’un, les chefs surtout, ce n’est pas nouveau, mais j’ai aussi beaucoup d’amis dans tous les grands et petits et beaux plis de nos terroirs, en Bourgogne par exemple, sauf sans doute monsieur Gotti et ce cher Patrick Essa que j’ai tant déçu avec mes amours naturistes, mais j’en ai aussi à Bordeaux qui, selon le grand Bob Parker, « donne incontestablement le plus grand vin du monde » au Monde mondialisé, et produit « la plus grande quantité de grands vins sur la planète », même que selon lui Bordeaux « ne perdra jamais cette aura ». Bref, je ne vais pas vous bassiner avec la liste de mes amis sur Face de Bouc et ailleurs, mais vous confier ce que j’ai encore sur le cœur. Comme le faisait dire à ses acteurs, Michel Audiard, « ils ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. »


Qu’est-ce-à-dire ? Où veux-je en venir, chers lecteurs ? Tout bêtement que certains de nos amis Bordelais, les gens du vin bien sûr, surtout ceux des étages élevés, ou supposés tels, ont souvent l’art et la manière de s’ingénier à se faire détester de leurs collègues des autres régions. En paraphrasant de Gaulle ils ont un petit côté « sûr d’eux et dominateur » pour de vraies et bonnes raisons, la bonne image de leurs grands vins est incontestable et ils contribuent très largement à la notoriété des vins français mais, là où le bât blesse, c’est qu’ils n’assument pas toujours dans leurs pratiques, avec la rigueur souhaitable, leur éminent statut. Les dernières réformes des AOC, loin de l’esprit d’excellence que voulait insuffler René Renou, en se contentant d’habiller le système, je dirais même de l’enserrer dans l’illusion des contrôles externalisés, n’ont eu souvent qu’un effet cosmétique qui masque les bonnes vieilles habitudes. Qu’on ne me fasse pas dire ou écrire ce que je n’écris pas : je ne jette aucun opprobre sur Bordeaux, tout Bordeaux, et surtout je ne circonscris pas mes critiques à Bordeaux, ce qui n’aurait aucun sens, je me contente de souligner que le statut de ce grand bloc d’AOC devrait déboucher sur beaucoup plus d’exigences. Je pourrais mettre en avant l’exemplarité, mais comme je n’ai aucune vocation moralisatrice je préfère être beaucoup plus terre à terre : si nous n’en revenons pas, à Bordeaux, comme dans d’autres AOC, à l’esprit des origines nous viderons le système des AOC de sa substance et une grande part de nos vins, dit d’AOC, concurrencés par des vins mieux adaptés aux exigences de la concurrence, trouveront de plus en plus difficilement preneurs, ou à des prix de braderie. Je sais qu’on « ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment » mais l’afflux massif de concurrents plus que sérieux sur les marchés en expansion va continuer de bousculer la donne.


Qu’on ne me taxe pas d’être un oiseau de mauvais augure que je ne suis pas, mais chacun sait, ou devrait le savoir, que c’est dans les périodes d’embellies qu’il faut savoir être courageux, mettre en place des mesures qui porteront leurs fruits lorsque les vents seront contraires. La crise venue c’est toujours le sauve-qui-peut. Alors me dira-t-on je devrais battre des deux mains face à l’initiative du Conseil  des Vins de Saint-Emilion de resserrer les boulons  de ses Grands Crus. Ce que je n’ai pas fait. Pourquoi ? Tout simplement parce que tout commence pour le vin l’excellence dans les vignes, plus encore pour un vin qui se pare de la mention valorisante de Grand Cru. Tous les systèmes de contrôles a posteriori, aussi sévères qu’ils soient dans la lettre, ne sont que des rustines sur des jambes de bois. En effet, les mauvais vins reconnus comme tels lorsqu’ils sont dans les chais, on en fait quoi ? Bien sûr on ne les versera pas dans le caniveau, ils se replieront en désordre et créeront le désordre chez ceux du dessous ce qui sera injuste si ceux-ci, eux, ont fait dans leurs vignes et leurs chais ce qu’il fallait. Lorsque le vin est fait, il se retrouve tôt ou tard sur le marché, sauf à le brûler avec subventions comme au bon vieux temps des distillations communautaires. Mieux vaut ne pas avoir la mémoire courte, y compris et surtout à Bordeaux.


Tout ça est bien loin, très loin, m’objectera-t-on. Tout va bien, ou presque. Je veux bien mais si je chante le énième couplet d’une vieille chanson c’est que, parodiant l’initiative d’Alain Juppé le maire de la ville éponyme ICI link , comme Bordeaux j’aime le vin et nul ne pourra me faire prendre des vessies pour des lanternes car comme le disaient ces deux farceurs de Pierre Dac et Francis Blanche car « ça brûle ! » Et puis, pour ne rien vous cacher, si j’ai pris la liberté de jeter, une fois encore, ces quelques réflexions sur la Toile c’est que j’ai reçu dans mon courrier électronique, suite à ma chronique sur le nouveau dispositif de contrôle appliqué aux Grands Crus de Saint-Emilion, une confirmation de taille provenant de quelqu’un qui n’est pas tout à fait rien à Saint-Emilion. Bien évidemment, comme tout journaliste, même si je n’en ai pas le statut, je protège l’anonymat de ma source, mais je puis vous assurer que ce qui suit ne sort pas de ma petite tête de chroniqueur compulsif. Il s’agit que d’un extrait car le reste mettrait de l’huile sur le feu et j’estime, comme mon correspondant, que puisque la majorité du Conseil des Vins de Saint-Emilion telle qu’elle est constituée, ne veut pas mettre en place un réel différentiel de rendement entre l’AOC tout court et les Grands Crus, le ver restera dans le fruit.


« (…) Une délimitation étant exclue car elle serait politiquement et pratiquement irréalisable restent des artifices pour que l'utilisation du terme très valorisant « Grand Cru »  puisse perdurer.

En effet 70 % de la superficie est déclarée en Grand Cru (30 à 40 % il y a 30 ans) et beaucoup d'autres AOC souhaitent pouvoir utiliser ces mots.

Le Languedoc, Bergerac, Montagne-Saint-Emilion, Lalande-de-Pomerol, etc....

Les Bordeaux souhaitant obtenir aussi la dénomination « 1ier  Cru ».

Saint-Emilion est donc attaqué de toutes parts et, de plus, d'après les contrôles effectués, 30% de Saint Emilion Grands Crus seraient qualitativement insuffisants.

Il faut reconnaître que le fait de porter le terme « Grand Cru » sur une étiquette fait gagner environ 2€.

En gros et HT, une bouteille de Saint Emilion est vendue 3,5€ alors qu'une de Grand Cru est vendue 5,5€.

Le différentiel de rendement autorisé est assez faible 55 hl / 49 hl en 2011.

Le syndicat de Saint-Emilion pense que la dégustation est capable de régler tous les problèmes et dit que 70 % en Grand Cru, si le vin est de qualité, est un pourcentage raisonnable.

Je ne partage pas cette opinion car, pour pouvoir présenter de belles bouteilles, il est nécessaire, surtout en année difficile, de trier.

Souvent le rejet n'est pas à la hauteur de l'image portée par le terme « Grand Cru ».

A Saint-Emilion les densités sont plus faibles qu'en Médoc. Pour avoir 49 hl très bon il faut se positionner à un rendement agronomique de 75 hl ce qui pose problème sur les petits terroirs en année compliquée.

Mais nous n'avons plus de petits terroirs à Saint Emilion ! »

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents