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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 06:00
Magnifique andouillette à la fraise de veau ! – à Le Baratin. par Didier Feuillet
Magnifique andouillette à la fraise de veau ! – à Le Baratin. par Didier Feuillet

Magnifique andouillette à la fraise de veau ! – à Le Baratin. par Didier Feuillet

Rassurez-vous je ne vais pas vous entraîner dans les arrière-cuisines politiques dans lesquelles les fumets ne sont pas toujours très ragoûtants, ça sent l’huile de friture en ce moment…

 

Ma citation est liée à mon récent passage dans la ville de Lyon pour le congrès annuel  des naturistes. Édouard Herriot, grande figure du Parti Radical et de la IIIe République, en fut le maire de 1905 à 1940, puis de 1945 à sa mort, en 1957. 

 

Dans son Bloc-notes, François Mauriac a tracé de ce politicien lettré le portrait suivant : « En vérité, Édouard Herriot était un gros homme charmant. Son charme naissait de ce contraste entre la culture, tous les dons d’une intelligence royale et la ruse, disons la finesse, politicienne ».

 

Et puis mardi matin j’ai reçu en message privé, à propos de ma chronique sur le petit livre « célébration de la pomme de terre » un commentaire fort sympathique qui évoquait les éditions Robert Morel. Mes neurones se reconnectaient et je me souvenais qu’au temps où je chinais j’avais acquis plusieurs opus de cet éditeur dont « célébration de l’andouille ».

 

Dans mon foutoir je retrouvai l’ouvrage que je feuilletais pour en arriver à « comment démêler la question de l’Andouille et de l’andouillette. »

 

Je cite :

 

« À Lyon, où l’on ne parle jamais d’andouille mais seulement d’andouillette, l’on m’a assuré que ce problème se réduisait à une histoire de mots. Au pays  de la bonne chère et de la bonne société, si fidèlement dépeinte par Jean Dufour, où l’on ne se prive de rien en sauvegardant les apparences, la chose n’aurait rien que de plausible. « Puisque le mot d’andouille fait penser à des sots, nous réservons celui d’andouillette pour désigner la chose succulente dont il n’est pas question de se priver, m’écrit une Lyonnaise qui a de l’esprit à revendre, et le tour est joué. Il ne viendrait à aucun de mes compatriotes l’idée de déprécier quelqu’un en le traitant d’andouillette : le terme ne suggère que le souvenir  d’un délice. »

 

Le Littré la définit « Petite andouille faite avec de la chair de veau. »

 

La Grande Encyclopédie de Diderot … devient soudain lyrique quand elle aborde l’andouillette « Connue de toute l’antiquité, chez les Hébreux et les Musulmans, la robe de l’andouillette est prise dans les intestins d’un bœuf sain et sans tare. De nos jours, elle est fort appréciée et figure honorablement dans un menu de déjeuner. Les andouillettes de France sont les plus recherchées. Les plus renommées : Cambrai, Nancy, Troyes. Chaque fabricant a son secret. »

 

« L’andouille est de vile qualité mais l’andouillette reçoit des Encyclopédistes ses quartiers de noblesse ! Ils affirment sans vergogne que les andouilles de veau sont plus délicates que celle de porc, qu’elles soient faites de fraise de veau cuite et fourrée dans le boyau de cochon, ou de la même fraise fourrée dans un boyau de mouton. »

 

Mais revenons à Lyon où François Mailhes dans la Tribune de Lyon le 02 septembre 2015 écrivait :

 

 « En matière d’andouillette, il y a autant d’écoles et de points de vue définitifs que de chauvinismes de clocher. Mais les vrais Lyonnais, ceux qui ont des soyeux et des patrons de bouchons dans leur arbre généalogique, savent bien que la meilleure andouillette, entre toutes, c’est la lyonnaise. Pourquoi ? Parce qu’elle est à base de veau et non de cochon, ce qui est loin d’être une nuance.

 

DU FAIT MAIN Depuis lundi 24 août, une date historique de la gastronomie locale, le charcutier star de l’andouillette lyonnaise Bobosse a jailli comme un ressort en réutilisant le veau et en reconstituant une filière qui rouillait dans les abattoirs. Le premier à immédiatement l’intégrer dans son menu est le bouchon Le Café des Fédérations. Nous avons donc pu la dévorer après 15 ans d’abstinence. Le constat est net : l’andouillette à la fraise de veau est à la fois d’une saveur beaucoup plus délicate et d’une texture beaucoup plus fondante que la cochonne. Bobosse la fait mariner pendant trois jours dans de la moutarde et du beaujolais, ce qui apporte du caractère et de la douceur en bouche. Attention, elle n’est pas hachée comme les succédanés que l’on vous vend sous blister pour barbecue. Les morceaux de fraise – une partie de l’intestin particulièrement chiffonnée – sont introduits à la main (autrefois à la ficelle). »

 

Lire le tout ICI 

 

La consommation de vin à Lyon : 18 janvier 1964

 

Ce sujet est une enquête sur la consommation de vin à Lyon. Bernard FRANGIN interviewe le Docteur GENETI (?), médecin sportif, sur la consommation de vin et la santé. Selon lui, pour un quidam, 3/4 de litre de vin par jour est une quantité raisonnable. Le régime des sportifs de haut niveau est plus strict, un verre par repas. Pendant les compétitions sportives internationales, il ne leur interdit pas la consommation de vin, bien au contraire. Le Docteur GENETI (?) précise que les sportifs français sélectionnés aux Jeux Olympiques de Londres avaient manqués de vin ce qui avait créé des incidents psychologiques. Donc ceux qui seront sélectionnés aux Jeux Olympiques de Tokyo emmèneront du vin. Dans des débits de boissons, il interviewe deux cafetiers sur les vins préférés des Lyonnais, Beaujolais en tête, et leur consommation. Images d'archive INA

Institut National de l'Audiovisuel

 

- Le journaliste : Docteur Généti êtes-vous pour ou contre le vin ?

 

- Le Docteur Généti : Je suis pour le vin mais on ne doit jamais de toute façon dépasser 3/4 de litre par jour. On peut dire aussi qu'une notion qualitative du vin intervient et les vins frelatés et un peu tourmentés par les uns et par les autres seront des vins plus nocifs.

 

- Le Journaliste : D'autre part vous êtes médecin sportif donc vous devez avoir pour les sportifs des normes encore plus sévères ?

 

- Le Docteur Généti : Les sportifs peuvent boire du vin même en période de grande compétition et même s'ils ont la classe internationale mais du vin en quantité très restreinte pendant les repas seulement. D'ailleurs aux JO de Londres les français avaient manqué de vin et cet incident avait joué sur leur état d'esprit pendant un certain temps.

 

- Le Journaliste : Ça n'avait pas amené des contre-performances tout de même ?

 

- Le Docteur Généti : Non pas de contre-performances tout de même mais des incidents psychologiques. A Tokyo les français emmènent leur vin.

 

 

Faisait suite à cette interview une «Enquête sur la consommation de vin à Lyon.»

 

- Le journaliste s'adressant à un spécialiste du vin : Avez-vous l'impression qu'on boit moins de vin dans la région ?

 

- Le spécialiste : Ha, j'ai l'impression oui, très nette même, très nette, très nette ; d'abord les bonnes maisons de vin sont de plus en plus rares, que les anciens bistrots où on était vraiment recommandé pour le vin ont disparu, et puis d'un autre côté la jeunesse n'en boit pas.

 

- Le patron du bistrot : Il se boit quand même moins de vin que d'habitude. Chez nous nous vendons du vin c'est des vins d'AOC, du Beaujolais, des Mâconnais et des Côtes-du-rhône.

 

- Le journaliste : Quel est le vin qui a la prédilection de vos clients ?

 

- Le patron : C'est le Beaujolais. A Lyon les clients ce sont des connaisseurs, d'abord parce qu'ils habitent prêt du Beaujolais et ils ont l'occasion d'aller souvent le dimanche en voiture s'y promener. C'est une région très agréable.

 

- Le journaliste s'adressant à nouveau au spécialiste : Les amateurs alors penchent pour quel vin ?

 

- Le spécialiste : Ah be en principe les amateurs aiment le Beaujolais, le Mâconnais et tout ça...

 

- Le journaliste : Vous avez l'impression que vos clients sont des connaisseurs ?

 

- le spécialiste : Ah oui oui ! Les miens oui, la preuve vous n'avez qu'à les regarder voyez la bougie qu'ils ont (rires) ah ils ne viennent pas ici pour les 1/4 Vittel eux !

« La politique, c’est comme l’andouillette, il faut que ça sente la merde mais pas trop » Édouard Herriot à Lyon les buveurs de vin ont la bougie…
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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 06:00
Le Stade de France s'est tu. Ce vendredi 11 novembre, près d'un an jour pour jour après les attentats qui ont notamment visé le Stade de France le 13 novembre 2015, une minute de silence a été observée avant le match France-Suède

Le Stade de France s'est tu. Ce vendredi 11 novembre, près d'un an jour pour jour après les attentats qui ont notamment visé le Stade de France le 13 novembre 2015, une minute de silence a été observée avant le match France-Suède

De mon enfance je garde le souvenir de chacun de ces noms égrenés par le maire chaque 11 novembre où nous répondions « morts pour la France »

 

Nous étions figés face au monument aux morts qui se dressait à l’entrée du cimetière et je ne pouvais m’empêcher de penser que ces braves petits gars de chez nous enrôlés sous notre drapeau avaient peut-être donné leur vie pour des ambitions qui n’étaient pas les leurs. Qu’ils n’avaient été que de la chair à canon.

 

Le grand pacifiste Anatole France écrivait « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels. » 

Novembre et nos morts: 11 et 13 novembre je m’en remets à Léonard Cohen pour les nommer…

De ces jours j’ai gardé une grande prévention pour les commémorations officielles.

 

Se souvenir : oui !

 

Se souvenir que nous sommes des enfants de la paix pour ne pas oublier les ressorts des ambitions des hommes, des démagogues, pour être sourd à ceux qui exploitent nos peurs, pour retisser les liens de notre vivre ensemble.

 

Ne jamais oublier mais ne pas céder aux discours officiels récupérateurs.

 

Ceux du 13 novembre étaient aussi de braves petits gars et petites filles de chez nous et d’ailleurs, de toutes les couleurs.

 

Mais eux  aussi pour qui, pour quoi sont-ils morts ?

 

Innocentes victimes dit-on, mais existe-t-il des victimes qui ne le soient pas ? Ils ont été fauchés, non sur un champ de bataille mais dans des lieux de fête, sans défense, au nom d’une cause absurde fille de l’obscurantisme. Aujourd’hui encore je ne comprends toujours pas pourquoi de jeunes hommes en sont arrivés à venir faucher des frères et des sœurs assemblés au nom d’un Dieu dont ils ignorent tout.

 

Comme au lendemain de cette sauvage nuit je suis atterré. Nul proche de moi n’a été touché mais je me sens responsable de toutes ces vies perdues ou meurtries.

 

Face à cet anonymat je n’ai qu’à opposer un silence respectueux, mes mots seraient vains, indécents, alors aujourd’hui, loin des commémorations officielles, j’en appelle à la voix d’un poète disparu, Léonard Cohen, pour évoquer le souvenir de toutes ces vies fauchées ou meurtries : une liste de noms qui résonnent dans le cœur de leurs proches, avive leur douleur, leurs pleurs, le souvenir de leur vie d’avant

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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 06:00
Aux journalistes français glosant sur la victoire de Trump 1 pensée de Coluche « De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent »

Mercredi matin je me suis levé de très bonne heure car avant de me coucher j’avais un mauvais pressentiment : avec le système américain des grands électeurs la marge d’erreur des sondeurs, la zone grise, tout était possible, Trump pouvait gagner.

 

J’ai donc assisté en direct à la victoire de celui que l’on qualifie un peu vite dans notre vieux pays du candidat anti-système.

 

Mais mon propos de ce matin s’adresse à certains journalistes français qui sur Twitter ont passé leur temps à gloser sur « tout ça va se passer de la même manière en pays gaulois. », les sondages se plantent tout le temps, la MLP va faire le même hold-up… j'en passe ... affligeant.

 

Je vous propose de lire le point de vue de Guy Sorman, avec qui je n’ai guère d’affinités, mais qui recadre bien ce qu’est un Président US

 

Guy Sorman - Trump ou la revanche de l'homme blanc

 

Les contre-pouvoirs aux États-Unis sont si contraignants que le pouvoir véritable de Trump sera une magistrature d'influence, estime l'essayiste.

 

« Les États-Unis étant le laboratoire de notre avenir, que nous enseigne le scrutin du 8 novembre ? Deux tendances de fond innovent. Tout d'abord, le partage entre droite et gauche, qui semblait universel, sous des appellations diverses, ne fonctionne plus. Il y a quatre ans, la confrontation entre Barack Obama pour les démocrates et Mitt Romney pour les républicains ressemblait à n'importe quelle élection antérieure aux États-Unis comme chez nous, la gauche américaine était seulement moins révolutionnaire que les gauches françaises et la droite américaine plus « conservatrice ».

 

Cette fois-ci, placer Clinton à gauche et Trump à droite n'explique rien. Les candidats à la présidence se sont situés sur un axe nouveau, qui va de la « société ouverte » (Clinton) à la « société fermée » (Trump). Du côté de la société ouverte, on accepte la diversité culturelle, l'immigration, les échanges internationaux. Pour les partisans de la société fermée avec Donald Trump, les traditions, les intérêts nationaux paraissent assiégés par les migrations, le multiculturalisme et la mondialisation. Que l'électorat de Trump soit plutôt blanc, plutôt masculin, plutôt chrétien décrit le malaise de cette population-là face aux métamorphoses de la société moderne, qu'il s'agisse des mœurs ou de l'économie. »

 

La suite ICI 

 

Et 6 idées reçues sur la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine

 

1. Donald Trump n’est pas élu « triomphalement »

 

La victoire de M. Trump est incontestable : le candidat républicain a déjoué les pronostics et dispose d’une avance confortable en termes de grands électeurs sur sa rivale (il pourrait dépasser le seuil des 300 grands électeurs, là où 270 suffisaient à assurer sa victoire). Un succès comptable qui s’explique notamment par sa victoire dans quatre Etats de poids où il partait en outsider : la Floride (29 grands électeurs), la Pennsylvanie (20), la Caroline du Nord (15) et le Wisconsin (10).

 

Paradoxalement, Mme Clinton ne s’en sort pas si mal en termes de nombre de voix. Elle fait même jeu égal voire mieux que M. Trump au niveau national avec 59,20 millions de votes contre 59,06 millions pour son rival, selon le décompte partiel disponible mercredi 9 novembre dans l’après-midi (le dépouillement est encore en cours dans le Minnesota, le New Hampshire, le Michigan et l’Arizona).

 

3. Il n’y a pas un effondrement de la participation

 

Le taux de participation au scrutin s’est élevé à 54,2 %, selon les chiffres de The United States Elections Project. C’est relativement peu, mais pas tant que ça comparé aux scrutins précédents : depuis 1980, la participation a été supérieure à quatre reprises (le meilleur score a été de 57,1 % en 2008) et inférieures cinq fois (avec un plus bas à 49 % en 1996).

 

Si l’on regarde la carte de la participation, on s’aperçoit également qu’elle a été plutôt au rendez-vous dans les Etats qui ont fait basculer l’élection en faveur de M. Trump : la Floride (64 %), la Pennsylvanie (61,4 %), la Caroline du Nord (63,5 %) et le Wisconsin (68,1 %). On ne peut donc résumer la victoire du milliardaire à une désaffection des électeurs pour les urnes.

 

4. Le candidat républicain n’a pas été élu que par le Midwest

 

Comme on pouvait s’y attendre, M. Trump a triomphé dans la majorité des Etats du Midwest comme l’Ohio, le Kansas, le Missouri ou le Nebraska, de même que dans le sud du pays (Texas, Louisiane, Arkansas…).

 

Mais il est aussi majoritaire en Floride, où la communauté hispanique représente un quart de la population, et dans des Etats de l’Est comme la Caroline du Nord ou la Pennsylvanie. Il n’y a finalement guère que la Côte ouest, de l’Etat de Washington à la Californie, ainsi que le nord-est, de la Virginie au Maine, qui lui ont résisté.

 

5. Donald Trump n’est pas élu que par les hommes blancs ouvriers

 

S’il faut toujours les prendre avec précaution, les premiers sondages réalisés à la sortie des urnes montrent un électorat bien moins homogène qu’on peut parfois l’entendre. Le New York Times a recours, comme d’autres médias, à l’institut Edison Research for National Election Pool, qui utilise un questionnaire envoyé à 24 537 personnes, donc un échantillon plutôt fiable.

 

Cette enquête montre bien que M. Trump a eu les faveurs des hommes blancs de plus de 45 ans, nettement plus que son adversaire. Néanmoins, selon cette enquête :

 

Certes l’électorat de Trump est majoritairement composé d’hommes (53 %), mais il est également composé à 42 % de femmes (les autres sondés ne se prononçant pas sur cette question). De même, si 58 % des « blancs » votent pour lui, contre seulement 8 % des Noirs, il obtient les suffrages de 29 % de Latinos, et 37 % d’« autres ethnies ».

 

Sur l’éducation également, si on constate que 51 % des non diplômés ont voté Trump (contre 45 % pour Hillary Clinton), c’est aussi le cas de 45 % des diplômés du supérieur (contre 49 % pour Mme Clinton).

 

Les revenus montrent également un vote moins tranché qu’on peut l’entendre ou le lire : les plus modestes (moins de 30 000 dollars par an) ont voté démocrate (53 % contre 41 %), et les plus riches (plus de 250 000 dollars annuels), républicain (48 % contre 46 %). Mais c’est finalement la « classe moyenne » (de 30 000 à 49 999 dollars par an) qui vote le plus Trump (50 % contre 46 %).

 

Le tout ICI 

 

De retour à la France et à ses échéances électorales :

 

  • Les Primaires de la Droite et du Centre : rien n’est joué, les sondages peuvent se planter eu égard à ce que c’est une première pour un électorat aux contours mouvants, mais extrapoler l’effet Trump c’est aller vite en besogne, d’autant plus que c’est un scrutin à 2 tours.

 

  • L’élection présidentielle elle-même : il serait urgent d’attendre d’avoir la donne avant de se livrer à des scénario improbables.

 

Bonne journée à tous…

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9 novembre 2016 3 09 /11 /novembre /2016 06:00
Renverser la table ou changer le couvert sous les pavés du cochon tout n’est pas bon : le débat de Lyon sur les vins à poils ferment de la Révolution !
Renverser la table ou changer le couvert sous les pavés du cochon tout n’est pas bon : le débat de Lyon sur les vins à poils ferment de la Révolution !

Au bon vieux temps du rideau de fer, des affrontements entre les bonzes du PCF et la myriade des groupuscules gauchistes, le slogan valise « la rupture avec le capitalisme » constituait le marqueur ADN des encartés.

 

Samedi dernier, au premier étage du Palais de la BOURSE de Lyon reconverti en lieu de salon, nous avons gentiment débattu sur la capacité des vignerons produisant des vins nature à changer la donne de l’ensemble de l’agriculture française.

 

Vaste programme aurait dit le Grand Charles !

 

La salle était bien garnie, très attentive, trop à mon gré.

 

Je m’explique.

 

Avant d’accepter l’invitation d’Antonin l’organisateur du salon Sous les Pavés la vigne à Lyon j’ai dû surmonter mon allergie aux estrades du haut  desquelles ceux qui savent dispensent leurs savantes analyses aux ignorants. D'ailleurs il y a une constante : les places des premiers rangs sont les moins occupées, preuve d'une forme de réserve à être proche des sachants.

 

Comme je l’ai déjà écrit je préfère  le débat en cercle ou demi-cercle à la même hauteur avec la capacité de vraiment échanger avec l’ensemble des participants.

 

À Lyon nous étions donc juchés. L’assistance jeune était bien sûr composée de convaincus, on ne vient pas à un salon de vins nus, et à un débat de surcroît, si on n’a pas déjà contracté le virus naturiste.

 

Ce fut bon enfant et je ne suis pas apte à juger du ressenti des auditeurs. Ce que j’ai tenté d’expliquer c’est que le modèle agricole dit productiviste, élevage et productions végétales, ne s’infléchirait que sous la pression des consommateurs. Demander aux producteurs d’être vertueux en notre lieu et place est trop facile. Nous devons faire des choix et les assumer dans notre quotidien.

 

Ce matin en commençant cette chronique j’ai découvert cette dépêche AFP :

 

Alimentation: les Français voudraient consommer plus "durable"

 

(AFP) - Les Français, inquiets de la qualité des produits alimentaires -en particulier sur la présence pesticides- souhaitent consommer plus "durable" mais craignent une augmentation des prix, selon un sondage Ipsos pour la fondation Daniel et Nina Carasso rendu public lundi.

 

Au cours des deux dernières années, une majorité de Français affirment avoir de plus en plus adopté des comportements dits "durables", c'est-à-dire qui permettent de réduire l'impact social et environnemental de leur alimentation.

 

Ainsi 71% disent consommer des produits bons pour la santé, 70% privilégient les produits régionaux ou issus de circuits courts, 67% essaient de réduire la quantité de nourriture qu'ils jettent et 62% passent plus de temps à cuisiner eux-mêmes.

 

Près d'une personne interrogée sur deux déclare consommer de plus en plus de produits ayant un faible impact sur l'environnement (47%), ou garantissant un juste revenu au producteur (44%).

 

Réponses paradoxales car les Français continuent majoritairement de se décider en fonction du goût et du plaisir pour leurs achats alimentaires (56%) et du prix (55%).

 

Le prix constitue ainsi le frein de loin le plus important à l'achat de produits issus d'une agriculture responsable (83% des personnes).

 

Une grosse majorité se disent prêts à aller beaucoup plus loin dans un grand nombre de domaines, en particulier dans le "consommer local", réponse à la crise de confiance dans les produits alimentaires.

 

75% se déclarent prêts à consommer au maximum des aliments produits à côté de chez eux, 68% à boycotter des marques montrées du doigt par des associations auxquelles ils font confiance et 68% à acheter plus souvent des fruits et légumes présentant des défauts ou abimés, afin de réduire le gaspillage alimentaire.

 

53% seraient prêts à réduire leur consommation de viande à une ou deux fois par semaine (contre 29% de non, et 18% qui le font déjà).

 

A la suite de différents scandales alimentaires, les Français sont une majorité (57%) à s'inquiéter de la qualité des produits alimentaires qu'ils consomment, contre 43% qui se disent confiants.

 

La principale préoccupation des consommateurs porte sur les pesticides, cités par 43% des répondants. La hausse des prix arrive en deuxième position (27%) devant l'utilisation des arômes artificiels et édulcorants (26%) et l'épuisement et la dégradation des ressources naturelles (26%).

 

Le sondage a été réalisé par internet auprès de 1.022 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus entre le 30 septembre et le 4 octobre.

 

Daniel Carosso est fondateur de Danone en France. La fondation se dit "indépendante du groupe agro-alimentaire".

 

Comme vous pouvez le constater entre les bonnes intentions et la réalité des choix il y a encore un large fossé à combler.

 

Pour enfoncer mon petit clou je vais me contenter de rebondir sur l’interrogation d’un jeune homme du premier rang :

 

« Qu’est-il possible de faire pour que ça change ? »

 

Et pour ce faire je vais m’appuyer, non sur la production de vin mais sur celle du cochon en vous branchant sur un débat qui s’est déroulé aux  22EMES CONTROVERSES EUROPEENNES DE MARCIAC, les vendredi 29 et samedi 30 juillet 2016, dans le cadre du festival Jazz In Marciac (Gers)

 

Avec quoi nous faut-il rompre pour réinventer l’avenir ?

 

Faut-il rompre avec l’élevage industriel ?

 

Avec Danielle Even, éleveuse et présidente de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, et Jocelyne Porcher, sociologue Inra, auteure de nombreux ouvrages "Vivre avec les animaux" et « Une vie de cochon » (Ed. La Découverte) et "Cochons d'or" (Quae).

 

Sujet polémique par excellence, la rupture avec l’élevage industriel cristallise entre deux conceptions du monde. Danielle Even, productrice de porcs dans les Côtes d’Armor et présidente de la Chambre d’agriculture du département, témoigne des évolutions en cours dans la production porcine classique. Jocelyne Porcher, ancienne éleveuse devenue sociologue (INRA), réclame une rupture radicale et un retour à l’élevage en lieu et place des productions animales actuelles.

 

  • Yann Kerveno, journaliste. Danielle Even, pouvez-vous nous raconter rapidement l’histoire de votre exploitation ?

 

  • Danielle Even. Je suis installée en production porcine avec mon mari et deux salariés. Nous avons un élevage de trois cents truies. Parler d’histoire familiale, c’est une chose à laquelle nous tenons particulièrement, parce que l’histoire de la famille, notamment celle de mon mari, explique aussi pourquoi nous faisons les choses. Mon mari est fils d’agriculteurs d’une petite commune des Côtes d’Armor. Il vient d’une famille de sept enfants, dont quatre souhaitaient être agriculteurs. Dans les années 80, pour avoir la possibilité de s’installer en agriculture, il y avait cette option de devenir éleveur de porcs. Ce qu’il a choisi de faire. Dans une exploitation somme toute classique, en Bretagne, avec très peu de terres. Mes beaux-parents avaient une petite exploitation laitière de trente hectares, qui a été reprise par mon jeune beau-frère. Avant je travaillais dans le social, mais il y a 15 ans maintenant, j’ai rejoint mon mari sur l’exploitation.

 

  • Y. Kerveno. Jocelyne Porcher, une question un peu personnelle également. Qu’est-ce qui vous a conduit à travailler sur ces thématiques, et notamment celle de la souffrance au travail dans les élevages ?

 

  • Jocelyne Porcher. En fait, j’ai été éleveuse de brebis, puis j’ai repris une formation agricole en Bretagne. J’ai été amenée à travailler en porcherie industrielle. Comme j’avais été éleveuse de brebis, dans ce que j’appelle l’élevage, je me suis trouvée plongée dans un système que j’appelle production animale - et non pas élevage,  même pas élevage industriel-, dont le but est de produire de la matière animale. Et non pas d’élever les animaux. Voilà, le cœur de mon sujet est de différencier l’élevage et les productions animales. Et je pense que ce dont parle ma voisine relève de la production animale et non pas de l’élevage.

 

  • Y. Kerveno. On le voit vous parlez deux langues presque différentes. Nous allons donc essayer, sinon de vous faire vous rejoindre, au moins de pouvoir discuter. Danielle, quelle rupture peut-on opérer aujourd’hui dans la production porcine et pourquoi ?

 

 

C’est très instructif et ça met en perspective l’extrême difficulté d’opérer une rupture rapide avec le modèle hyper-productif aussi bien dans les productions animales très intégrées hors-sol ou lourdement  dépendantes d’intrants ou les grandes cultures.

 

Pour la vigne et le vin, si l’on veut bien tenir compte d’une réalité qui dérange : l’hyper-dépendance de la masse des vins produits au marché domestique et à un système de distribution qui privilégie les volumes et pèse lourdement sur les prix, le virage est entamé et la tendance est de plus en plus lourde pour qu’il débouche sur une viticulture propre, plus respectueuse de son environnement.

 

Restera ensuite la boîte noire du chai, du mode de fabrication du vin, et là les vins nature constituent le « petit caillou dans les grosses grolles des gros faiseurs opportunistes. »

 

Vive les emmerdeurs !

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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 06:00
Chronique pour une monstrueuse poussée d’ego : merci Alain Weill pour vos beaux cadavres exquis… dont un Pape Noir…

Ma sainte mère rêvait de me voir endosser la soutane pour des raisons complexes sur lesquelles je ne m’étendrai pas.

 

Face à ses tendres assauts appuyés par le curé-doyen de la paroisse Saint Jacques au tout début, étant déjà doté d’un bel ego, je lui répliquais que pourquoi pas si je devenais un jour pape.

 

Puis, la montée de sève aidant ma réplique jetant ma pauvre mère dans l’affliction : « J’aime trop les filles. »

 

Ça n’a pas changé depuis.

 

Mais revenant de mon camp de naturistes, après avoir fait le job au mieux de ma forme  lors du débat d’Antonin, je baguenaudais devant mes plus chers amours d’aujourd’hui : les livres. Dès le matin j’avais repéré un petit opus au titre noir : Cadavres exquis d’Alain Weill

 

Ne pas confondre avec l’Alain Weill le patron de Next-radio dont fait partie BFM.

 

Donc j’achètai l’opuscule que je glisse dans mon sac à dos.

 

Il pleuvait sur Lyon.

 

Je marchais vers l’horrible gare Perrache stigmate de la grande époque Louis Pradel.

 

La dualité des gares à Lyon fait que vous ne savez jamais vraiment où terminer votre voyage.

 

J’avais choisi la Part-Dieu mais le matin j’avais opté pour Perrache pour rejoindre à pied le camp des naturistes au Palais de la Bourse. Trajet plus intéressant.

 

À l’aller je dû changer de rame à la Part-Dieu sinon j’aurais filé vers la ville honnie des Lyonnais : Saint-Etienne.

 

Le soir idem, j’étais abonné aux Verts.

 

Donc, suite à ces je monte, je descends, bien calé dans mon fauteuil de 1er je réalisais une première photo d’un flacon de haute extraction.

Chronique pour une monstrueuse poussée d’ego : merci Alain Weill pour vos beaux cadavres exquis… dont un Pape Noir…

Puis, alors que la rame s’ébranlait je feuilletais Cadavres Exquis.

 

Soudain  je tombais sur le Pape Noir.

 

Et ça donnait ceci :

Chronique pour une monstrueuse poussée d’ego : merci Alain Weill pour vos beaux cadavres exquis… dont un Pape Noir…
Chronique pour une monstrueuse poussée d’ego : merci Alain Weill pour vos beaux cadavres exquis… dont un Pape Noir…

Hé oui, toujours à la pointe de l’info j’avais commis le 24 octobre 2011

 

Le Pape Noir est un blanc qui crèche de l’autre côté du pont d’Avignon : le taulier est allé au Verre Volé pour le vérifier sans être excommunié!

 

ICI 

 

Vous vous doutez bien que mon ego prenait 4 ou 5 degrés sur l’échelle de Richter de l’orgueil. Je bichais. Je réchauffais dans ma petite Ford d’intérieur mon moi.

 

Il faut dire que dans le camp retranché des naturistes je croisais beaucoup de fans qui venaient me serrer la pince et tailler une petite bavette.

 

Même que l’Olivier Horiot poussait loin le bouchon.

 

Et sur Twitter la belle Isabelle Perraud du Beaujolo écrivait :

 

isabelle perraud ‏@cotedelamoliere  19 hil y a 19 heures

Merci @letaulierN1, tu as posé le débat et tu es 100% dans le juste #salonrue89lyon

 

Belle journée pour votre Taulier avec cerise sur le gâteau la réception d'un petit SMS venu d’une contrée bien ventée mais c’est une autre histoire...

 

Chronique pour une monstrueuse poussée d’ego : merci Alain Weill pour vos beaux cadavres exquis… dont un Pape Noir…
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5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 06:00
Ne dites pas à ma mère que je suis dans 1 camp naturiste, elle me croît à la grand-messe du Primat des Gaules.

Ces derniers temps je me suis installé dans la peau d’un faussaire sur Face de Bouc, tel un César de la compression je récupère des citations pour les tordre et les attribuer à des signataires aussi divers que parfois avariés.

 

Les plus prisées :

 

« C’est plus de l’amour c’est de la rage. » Pasteur

 

« Attention ! Y’a une marche.» Chopin

 

« Courage, Fillon. » Sarkozy

 

« La place de la femme est au foyer. » Landru

 

Celle de mon titre est empruntée au roi de la Rolex  à plus de 50 ans qui en avait un livre, réécrite bien sûr pour cadrer ce qui m’arrive ce samedi.

 

Et qu’est-ce qui m’arrive ce samedi ?

 

Je prends le TGV pour Lyon où je vais me donner en spectacle sur une estrade dans un camp de naturiste place de la Bourse.

 

- Que diable allait-il faire dans cette galère ? s’interroge le Géronte bas-bourguignon Jacques Dupont.

 

Tout pour le zizi ! renchérit Pierre Perret.

 

- Il vient fomenter une  Révolution souriante proclame l’Antoine Gerbelle en descendant de son canasson.

 

Voilà, comme disent les attachées de presse chères au cœur de Jacques  Dupont, j’ai bien placé mon produit : mes 3 dernières chroniques de la semaine.

 

Maintenant un petit mot sur le Primat des Gaules

 

« Le primat des Gaules est un titre conféré depuis 1079 à l'archevêque de Lyon, ancienne capitale des Trois Gaules alors terre d'Empire, en vertu de l'ancienneté de son siège (remontant à l'époque gallo-romaine), et de l'autorité qu'il a exercée par le passé sur les autres évêques de France. Le titre de primat conféré à un archevêque lui garantit une juridiction théorique sur plusieurs provinces ecclésiastiques. En France, seuls les titres de primat des Gaules et de primat de Normandie, attribués respectivement aux archevêques de Lyon et de Rouen, sont encore utilisés (auxquels il faut ajouter le titre honorifique de primat de Lorraine porté par l'évêque de Nancy et de Toul). »

 

Donc départ pour Lyon à la gare de Lyon ce qui est logique sauf que la gare d’Austerlitz ne permet pas de se rendre à Austerlitz.

 

Plus délicat cette question de grand-messe que j’ai si longtemps servi au temps de mes culottes courtes : la soutane, le surplis, les burettes, l’odeur fade de la sacristie… Ma sainte mère pensait alors que je marquais des points pour aller, en aller-simple, au paradis.

 

Las, tout est allé de mal en pis. Tout d’abord mécréant me voilà maintenant en route pour l’enfer. C’est la faute des filles naturistes, tentatrices, enjôleuses, persuasives, elles m’ont jeté dans des bains de plaisir, des jacuzzis jouissives, les diablesses dont je ne donnerai pas les noms, elles se reconnaîtront.

 

Oui je jouis et je le sais je suis damné.  

 

N’attendez-pas de moi que je batte ma coulpe j’ai définitivement opté pour l’indignité et ça me plaît. Comme je ne fais de tort à personne libre à moi de faire ce qui me plaît n’en déplaise aux constipés, aux « ça ne se fait pas », aux bas de plafonds et tout autre engeance tendance culs bénis.

 

Vous allez me dire que tout ça est bien joli mais que vais-je faire un samedi à Lyon ?

 

Je vais faire salon avec les louloutes et les loulous qui font des vins qui ont des poils aux pattes. Plus précisément, à 14 heures je monterai sur une estrade, fier comme un petit banc, pour participer à un débat animé par l’Antonin belle gueule.

 

Bien évidemment j’ai organisé ma claque avec mes nombreux fans, fortement féminisés, afin de gagner à l’applaudimètre sur mes compagnons de chaîne : Antoine Gerbelle l’hyper-médiatique, Dominique Piron le boss du Bojo et Vincent Wallard le globe-trotter.

 

Ce que je regrette c’est que ça manque de femmes, même chez les naturistes on reste entre mâles ! Et pourtant, je connais des vigneronnes qui ont la langue bien pendue, si elles sont dans le public je leur refilerai le micro.

 

L’Antonin pour lustrer mon ego déjà surdimensionné m’a dit que j’étais là pour donner du sens. Sans doute du « Sans Interdit ». J’ai consulté Onfray afin d’être à la bonne hauteur face au défi.

 

Le thème du débat ★ un débat crépitant : «Et si le vin sauvait l'agriculture ? »

 

Et moi, au lieu de faire le vieux beau chez les naturistes, ne devrais-je pas plutôt songer à sauver ma pauvre âme en charpie ?

 

Lorsque vous lirez cette lamentable chronique je serai dans le TGV à me souvenir que l’un de mes tout premier discours, comme plume, fut pour le président de l’AN, maire de Vienne, sur l’inauguration du premier TGV Paris-Lyon, le 22 septembre 1981 par François Mitterrand fraîchement élu Président de la République.

 

Les rames étaient Orange alors va pour l’orange comme pour les vins !

 

À bientôt les courageux qui viendront se farcir le débat juste après le déjeuner. Dans la patrie d’adoption de Raymond Barre je pense que  ce sera excellent pour entamer un petit roupillon…

 

 

 

 

 

 

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 06:00
Le réveillon du millénaire chez Pierre Perret avec Alain Decaux, José Artur et Michel Rocard la Romanée-Conti 1900 offerte par Lalou Bize-Leroy…

Lorsque mon service de presse m’a informé que Pierre Perret venait de publier « Ma vie en vin » au cherche midi je me suis souvenu d’une confidence de Michel Rocard à propos de son initiation au vin et je me suis dit que le facétieux Pierrot en ferait état dans ses souvenirs.

 

Bingo ! J’avais tout bon !

 

Ce fut lors du réveillon du millénium dans la maison de Pierre Perret à la sortie de Nangis, en Seine-et-Marne, devant laquelle je suis passé si souvent en allant rendre visite à la grand-mère d’Elisa à Villeneuve-les-Bordes.

 

Ce soir-là, raconte Pierre Perret, une épouvantable tempête déracinait un pin qui en tombant libérait une centaine de poulets de leur poulailler. Les trois chiens de la maison, croyant que c’était un nouveau jeu en ont occis une soixantaine en 20 mn.

 

Panne d’électricité généralisée, radiateurs glacés, invités grelottants qui réclamaient des pulls, chapons aux truffes en rade faute de four… le changement de millénaire se présentait fort mal. Mais le karma inversa la vapeur, le ying l’emportait sur le yang et le « réveillon du 31 décembre 1999, prolongé jusqu’à pas d’heure de l’année 2000, fut sans aucun doute, le plus original et le plus rare réveillon de ma vie » écrit Pierre Perret.

 

Les invités José Artur, Alain et Micheline Decaux, ainsi que « Michel Rocard si heureux et si en verve ce soir-là. »

 

« De ce réveillon mythique, TOUT, ce soir-là, s’avéra extraordinaire.

 

Alain Decaux avait eu auparavant une alerte de santé, et la perspective de se retrouver en compagnie de tant d’amis avait illuminé ses yeux si rieurs.

 

Il avait précisé « Tu demanderas à Pierre si je puis me permettre, pour une fois, d’amener mon vin ? »

 

Rébecca, interloquée, lui avait rétorqué en souriant :

 

- Tu sais bien que tu peux amener ce qu’il te plaît, Alain, mais tu n’as pas oublié tout de même que Pierre a une cave bien pourvue, de ce côté-là. Et que…

 

Alain Decaux lui rétorqua que ce vin-là il ne l’a pas. Avant d’ajouter « si je tiens à partager avec vous c’est qu’elles (ces bouteilles) sont uniques, tout comme l’amitié. Et que la vie est courte. »

 

Le Pierrot fait alors une petite erreur sur le maroquin d’Alain Decaux, en lui attribuant la Culture alors qu’il fut Ministre de la Francophonie de Michel Rocard. Donc, à cette période-là, « madame Bize-Leroy elle-même eut la gentillesse de m’offrir trois de ses plus prestigieuses bouteilles de Romanée-Conti 1900. Nous en dégusterons deux ensemble, j’ai réservé la troisième pour notre fils, Jean-Laurent, qui adore le vin. »

 

Grande flambée dans la cheminée, buissons entiers de bougies allumées aux quatre coins de la grande table de la salle à manger « donnaient un petit parfum de XVIIIe siècle ».

 

Prémices du dîner : « des petits pains grillés sur la braise, abondamment tapissées de foie gras » qui « disparaissaient littéralement sous une épaisse rondelle de truffe fraîche et odorante.

 

Magnum de champagne Cuvée Louise 1982.

 

« Puis ce furent deux bouteilles de château Pétrus 1982 qui « aggravèrent » les mines étonnées de ceux qui prirent le temps de s’attarder sur ces fragrances. Ses senteurs étonnantes de truffe et de sous-bois étaient en parfaite symbiose avec les saveurs vanillées que libérait le vin de Pomerol unique au monde. »

 

NDLR : c'est Pétrus tout court cher Pierre...

 

Pierre Perret s’interrogeait : « les 2 flacons de Romanée-Conti 1900 – si prestigieux soient-ils (mais cependant centenaires) – auraient bien du mal à s’aligner aux côtés de ces deux prix d’excellence que venaient de remporter nos étonnantes demoiselles Pétrus 1982 qui avaient fait sans peine l’unanimité. »

 

L’atmosphère avait baissée d’un ton.

 

Le bouchon était en très bon état et le Pierrot, en grand amateur, note que les bouchons des années mythiques de la DRC sont changés tous les 10 ans par le maître de chai.

 

Le silence total s’était fait autour de la table, tout le monde admira sa robe pourpre vif pendant que le Pierre carafait la première bouteille dans un beau flacon de cristal puis, « versant trois bons centimètres au fond de mon grand verre ballon, je le fis tournoyer sous mon nez, attentif à la moindre fragrance suspecte. Lui aussi (comme la poularde) exhalait un parfum vanillé et comme truffé à la fois. Tout le monde attendait la sentence. »

 

- Il n’est pas bouchonné, dis-je soulagé. « La finesse de ses arômes égale même son grand panache. » Puis, en dégustant une gorgée que je fis délicatement aller-venir entre mes joues avant de l’avaler, j’ajoutai :

 

« Il a encore du jarret, sans brutalité, et n’a besoin de personne pour vous câliner les muqueuses. Savourez-le bien, les amis, ce vin est tout bonnement unique, ajoutai-je en les servant à tour de rôle. Je n’ai jamais eu de telles saveurs entre les cloisons. »

 

- Oui, renchérit Alain après l’avoir dégusté, j’aimerais bien posséder sa jeunesse jusqu’à mes cent ans.

 

La seconde bouteille, s’avéra encore meilleure que la première, à l’appréciation de tous « Je l’avais carafé tout de suite après la première, elle avait eu le temps de s’oxygéner. Elle dégageait à présent un bouquet plus musqué de champignon et de sous-bois… »

 

Pierre Perret en conclusion que s’achève ici le cortège des amis disparus depuis cette mythique soirée de réveillon chez lui à Nangis.

 

J’ai gardé pour la bonne bouche ce qu’il écrit sur l’homme qui reposa aujourd’hui sur les hauts de Monticello.

 

« Tu étais, Michel, un intarissable bavard sur mille sujets qui ne laissaient jamais personne indifférent. Tu adorais que je t’emmène cueillir les cèpes au bois. Sans être un très grand connaisseur, tu aimais bien le vin… mais tu préférais le whisky ! Je ne répèterai pas ici les généreuses digressions que tu fis ou que tu écrivis, même à propos de certaines de mes chansons, mais elles me touchèrent infiniment. La finesse de tes analyses me fit découvrir l’extrême sensibilité qui t’habitait.

 

Oui, l’ami que tu étais nous manquera éternellement, mon cher Michel. »

 

Merci, cher Pierre Perret, de l’écrire…

 

Je n’ai pas encore pris le temps  de découvrir le restant de ton livre mais je partage avec toi ceci :

 

« Je ne connais rien aux femmes : je les aime. Je ne connais rien au vin : je l’aime.

 

Je les ai découverts tous les jours un peu plus.

 

Tout au long de ma vie… »

Le réveillon du millénaire chez Pierre Perret avec Alain Decaux, José Artur et Michel Rocard la Romanée-Conti 1900 offerte par Lalou Bize-Leroy…
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3 novembre 2016 4 03 /11 /novembre /2016 06:50
Ceci n’est pas une chronique car ceci « Soif d’aujourd’hui » d’Augereau & Gerbelle n’est pas un guide !

En ce moment je n’ai guère l’âme chroniqueuse, allez savoir pourquoi ? C’est un secret d’État !

 

Alors quand j’ai reçu de l’Antoine Gerbelle, un ex de la RVF qui m’aime tant depuis que j’ai osé  brocarder les agissements de son président, même si j’ai reçu en son temps les excuses de madame Prouvost, et d’une fraîche chroniqueuse de cette même RVF, Sylvie Augereau, je me suis toi mon coco t’es verni.

 

Et oui, cette compil des vins au naturel, concept adroit, ces 250 vignerons, ces 300 vins, 100% jus de raisin, c’est du pain béni pour un ancien petit rapporteur qui, en son temps, fut brocardé pour avoir mis le doigt là où il ne faut pas le mettre.

 

Comme je le confiais dans ma chronique sur le dernier opus de Jacques Dupont, avant de pondre mon rapport j’ignorais jusqu’à l’existence de la RVF et j’aurais été bien incapable de  vous dire qui était Michel Bettane.

 

Je ne faisais pas parti de la famille des gens du vin, le vin j’y suis entré par la porte du politique, au temps où il fallut, avec Michel Rocard, tourner la page du gros rouge qui tache des coopé du midi et des négociants de place, avec sa cohorte de subventions communautaires qui le maintenait en état de survie. Ce fut sportif, la mèche lente et les cagoulés des CAV ne faisaient pas dans la dentelles.

 

D’ailleurs, je ne sais toujours pas si j’y suis entré dans cette vaste famille mais au gré d’un blog né dans un placard j’y ai beaucoup baguenaudé et me suis petit à petit familiarisé avec ses us et ses coutumes.

 

Ma culture du vin est celle d’un buveur assis à une bonne table et c’est là que mon goût du vin s’est doucement et simplement façonné. Pour autant, le Vendéen que je suis, né dans un pays où la férule des maîtres et des teneurs de goupillon nous tenait en laisse, n’est pas entré en religion et le prosélytisme  lui fait peur.

 

Ce que je défends, c’est la démarche de ceux qui quittent les autoroutes pour réemprunter les chemins de traverse, non par passéisme ou pour un je ne sais quel « c’était mieux avant » mais parce qu’ils font une large place au doute, à la complexité, à l’observation, loin des « assurances tous risques », à l’intelligence de la main.

 

Alors vous comprendrez aisément que, dans ce qui n’est pas un guide mais un « catalogue (même si je n’aime guère ce mot) de belles personnes aux usages vertueux (là aussi je tique un peu, je préfèrerais respectueux) qui vous ouvriront à un autre monde » je retrouve une flopée de vigneronnes et de vignerons amis.

 

Pour autant, je ne suis pas naïf, je reste dubitatif sur la démarche révolutionnaire de ces divers nids, ces tribus. Comme l’ami Gilles Azzoni j’appelle de mes vœux depuis longtemps que s’instaure entre eux une réelle solidarité. Mais pour l’heure, tel sœur Anne, je ne l’ai guère vu venir.

 

Ayant, dans ma vie professionnelle, accompagné un éternel minoritaire, reposant aujourd’hui sur les hauts de Monticello, j’aime beaucoup ces Indiens fonctionnant par nid mais j’ai du mal à percevoir comment ils renverseront un jour la table. Ce sont des lanceurs d’alerte, des petits cailloux dans les grosses grolles, des emmerdeurs, des passeurs, et c’est très bien dans un monde si convenu et c’est pour ça que je les aime et, à mon niveau de vacancier éternel, je les accompagne dans leur combat.

 

Alors, c’est en Alsace Jean-Pierre Ritch…

 

C’est Karim Vionnet en Beaujolais…

 

C’est Olivier Tescher le fils de mes amis Claire Laval et Dominique Tescher compagnons de combat et de discussions, à Pomerol…

 

C’est le Dominique Derain en Bourgogne…

 

C’est Alice et Olivier de Moor à Chablis…

 

C’est Claire Naudin sur les hautes-côtes-de-beaune…

 

C’est Thomas Pico à Chablis…

 

C’est Pascal Agrapart, Francis Boulard, Olivier Horiot, Bertrand Gautherot, Jacques Selosse en Champagne…

 

C’est la famille Arena, Nicolas Mariotti-Bindi et Muriel Giudicelli en Corse…

 

C’est Jean-François Ganevat dans le Jura sans oublier Pierre Overnoy et emmanuel Houillon...

 

Jeff Coutelou, Gilles Azam... en Languedoc.

 

Alexandre Bain, Christine et Éric Nicolas, Gérard Marula, Noëlla Morentin, Thierry Michon mon voisin vendéen, au long de la Loire…

 

Éric Pfifferling,  Gilles Azzoni, Marcel Richaud, le long du Rhône…

 

Jean-François Nicq, les frères Parcé, en Roussillon …

 

En Savoie c’est Dominique Belluard, Jacques Maillet…

 

Dans le sud-Ouest Mathias et Camille Marquet, Cathy et Jean-Marie Le Bihan, Sylviane et Michel Issaly…

 

Et bien d’autres présents dans « les élucubrations d’Antoine » (désolé je n’ai pas pu m’en empêcher ) ou absents de ce non guide.

 

« Je n’aime pas les patrimonio de chasseurs… » Muriel Giudicelli

 

Pascal Agrapart aime « les jus qui mouillent les dents, mordent le bout de la langue. »

 

« Le chablis c’est du champagne sans bulles » Olivier de Moor

 

Explication par les auteurs :

 

« C’est vrai qu’à Chablis, il faut des lunettes de ski  pour résister à la réverbération du calcaire cimenté. »

 

A propos de sa Levée 2014 Alexandre Bain note « En 2012, je pensais avoir fait ma plus grande bouteille… »

 

Ses pairs n’en n’ont pas voulu alors que tout était vendu. Nous on préfère ces sauvignons plus minéraux que variétaux, plus exotique que pipi de chat…

 

Bon y’a plein d’articles tel celui sur le grand retour du cheval de trait dans les vignes… et un répertoire : La groupie du caviste des vendeurs de vins à poils… France entière comme quoi les bobos parisiens ont bon dos… les vins nus envahissent tout le territoire…

 

 

 

 

 

 

 

 

Ceci n’est pas une chronique car ceci « Soif d’aujourd’hui » d’Augereau & Gerbelle n’est pas un guide !
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2 novembre 2016 3 02 /11 /novembre /2016 06:00
Le vin et moi, Jacques Dupont ne travaille pas au Bigarreau Madame…

Le Jacques Dupont, bas-bourguignon, « qui à 10 ans a fui l’école catholique et refusé de faire sa communion », a fait sienne le célèbre texte de Blaise Pascal « Le Moi est haïssable » (1) en titrant Le Vin et moi, laissant à celui-ci la première place en une forme de révérence sans génuflexion, d’amitié entre La Boétie et Montaigne « Si l’on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ».

 

Si ç’avait été moi j’aurais titré : Les vins émois…  car, hormis, le double jeu des mots, l’érection d’Évin le honnis, cher Jacques, et tes émotions, le pluriel pour le vin s’impose car, ce n’est qu’un constat, non un reproche, tu goûtes à l’aveugle des vins d’une région bien identifiée et non du vin.

 

Dans ma vie professionnelle, au temps de la SVF, sur le Port de Gennevilliers, chaque matin à 11 heures j’allais goûter du vin. Des échantillons de ce qui  se dénommait alors le Vin de Table, des vins sans origine même s’ils en avaient une, des vins que jamais les critiques ne dégustaient, c’était normal ils n’avaient pas grand intérêt même s’ils constituaient l’essentiel  de la consommation  de l’époque.

 

Aujourd’hui, la règle des 80/20 en tirant large sur le 20 est toujours en vigueur. Les vins dégustés par la critique, sans les fourrer tous dans le haut du panier, ne se retrouvent guère installés dans les rayons de la GD, hormis lors de ses foires aux Vins, qui trustent le commerce de la grande masse des vins.

 

Tu t’adresses aux amateurs, à la manière des critiques littéraires qui ne vont pas se fendre d’un papier sur le dernier bouquin sorti chez Harlequin. Pour autant tu ne goûtes pas que des vins  « prout-prout ma chère » très chers, ta palette est large et, sans te cirer les pompes, tu es vraiment une exception dans ce métier.

 

Ce livre, ton livre, je l’ai lu avec des lunettes, c’est l’âge, mais sans œillères, car je n’ai jamais en matière de vins, au pluriel bien sûr, éprouvé le besoin de me faire guider. Ça peut vous paraître prétentieux, chers lecteurs, mais c’est ainsi, mon goût pour le vin n’est qu’une question de circonstances. En effet, avant le numéro Spécial  Vins du Point où tu avais pris le temps, cher Jacques, de lire mon fichu Rapport, j’ignorais jusqu’à l’existence de la RVF, je n’avais jamais consulté un guide et bien sûr pour moi le nom de Michel Bettane n’évoquait rien.

 

Depuis ce jour, qui ne peut être assimilé à la chute de cheval de St Paul sur le chemin de Damas, je suis entré sur la pointe des pieds dans un univers dont j’ignorais les codes. Et puis, ma placardisation vint et j’ouvrais mon espace de liberté, ce blog où aujourd’hui je m’exprime.

 

Comme le disait je ne sais plus qui : « je suis venu, j’ai vu et j’ai compris… » ce qu’était l’étroit marigot de ceux qui se disent « journalistes » de vin. Ton chapitre sur le voyage de presse – je n’en ai fait qu’un qui ne concernait pas le vin mais la viande et le fromage du côté de Laguiole – met l’exercice dans sa juste perspective : faire cracher un beau papier par les transportés qui flatte l’ego de celui qui les a invités et, « surtout il draine vers le journal qui le publie une manne non négligeable… » En l’occurrence le Bigarreau Madame.

 

Plus que toi, cher Jacques, j’ai pratiqué aux premières années de mon blog, un autre exercice, le déjeuner de presse, moins coûteux pour la puissance invitante mais tout aussi édifiant sur les mœurs de pique-assiette. En effet, j’ai noté une forte corrélation entre le standing du restaurant et le statut des dégustateurs. La piétaille pour les bistrots et la crème pour les étoilés. Maintenant que j’ai cessé ce genre  de sport dépourvu d’intérêt je suis avec délice sur Face de Bouc les agapes des maîtres de la dégustation.

 

Sur le chapitre des Mots du vin je n’écrirai rien car ce n’est pas ma tasse de thé même si un jour je me suis amusé à te taquiner sur la tension du vin. C’était en 2009. Je le recommande aux grands amateurs et je savoure à sa juste valeur la mise au point sur la « confusion permanente entre les suffixes « -phile » et « -logue », tout comme le dézingage du « passionné » : «dès qu’un gus, ayant fait fortune grâce à quelques supérettes de banlieue où durant sa vie professionnelle il a fliqué des caissières sous-payées, s’offre sur le tard une résidence secondaire entourée de vignes, le voilà décoré de l’ordre de la passion. »

 

Là, je retrouve le Jacques de « Lorraine cœur d’acier » !

 

Mais les deux chapitres le plus passionnants sont ceux consacrés à L’ivresse et à Naturellement (ou pas).

 

Le premier est un petit bijou de belle érudition qui a lui seul est le meilleur argument pour vous faire acheter l’opus. Assembler l’humour destructeur du Prévert de la Crosse en l’air (1936, la guerre d’Espagne) où l’évêque Barnabé bourré ose répondre au pape Pi qui le met à l’index : « Sais-tu où on le met l’index dans la rue de l’Échaudé. », le Carpe Diem d’Horace, l’humour décalé d’un Pierre Desproges « Jésus changeait l’eau en vin et tu t’étonnes que douze mecs le suivaient partout ! » c’est la patte de Jacques Dupont.

 

« Chassez le naturel et il revient au galop ! » et bien non, le Jacques n’instruit pas à charge le procès des naturistes mais il nous fournit un plaidoyer équilibré, sur le soufre en particulier, qui vaut la peine d’être lu.

 

« Le mot lui-même, l’adjectif « naturel », je peux m’en accommoder même si je suis  profondément attaché à l’idée que le vin est un signe de civilisation, parce que comme l’élaboration du pain, il signifie la maîtrise par l’homme d’un des phénomènes les plus complexes : la fermentation… »

 

« … le vin n’est rien d’autre que le pur produit de l’intelligence humaine dans la domestication de la nature et certainement pas un cadeau de celle-ci, encore moins le produit de je ne sais quelle  génération spontanée. »

 

« On me rétorquera que l’homme n’est pas obligé non plus, pour montrer combien il est incontournable dans ce processus d’ajouter toutes sortes de cochonneries pour rendre plus brillant le plumage et plus bavard le ramage. »

 

« Et là, je rejoins Rousseau qui répond à Voltaire : « Recherchons la première source des désordres de la société, nous trouverons que tous les maux des hommes leur viennent de l’erreur bien plus que de l’ignorance, et que ce que nous savons point nous nuit beaucoup plus que ce que nous croyons savoir. »

 

Le débat est ouvert me direz-vous ? Hé ! bien non chaque camp campe sur ses positions et jamais il n’y a de vrai débat sur un sujet qui dépasse largement une bataille de chiffonniers. Mon ancien job, où l’on se retrouve face aux problèmes du monde agricole, humains, économiques, sociaux, m’a toujours évité de verser dans le manichéisme clivant les bons et les méchants. Pour autant il est important de ne pas verser dans l’angélisme et ignorer le poids des lobbies et des intérêts économiques.

 

Et là j’en reviens aux vins au pluriel, la vraie césure elle est là, entre les 80 % produits pour la masse et le reste qui prétend être le nec plus ultra. À lui, à ceux qui font ces vins, d’être à la hauteur des enjeux qui se présentent à eux, à eux de faire des choix clairs. Quand on a les moyens de faire des choix on les fait, le vin est certes un produit de civilisation mais aussi un vecteur de juteux chiffres d’affaires. On se borde, on se protège, on en appelle aux faiseurs de vin…

 

Pour finir cette chronique je vous recommande l’histoire racontée au Jacques par un indigène tendance GCC de Bordeaux (appellation que je préfère à important acteur de la filière bordelaise, trop techno). « Elle ne se déroule pas au XIXe siècle mais au XXIe et je la garantis sur le fond authentique mises à part quelques modifications par moi apportées pour des raisons évidentes. »

 

La chute de l’histoire en dit plus long qu’un long discours. Ça me rappelle mes impressions lors de mes deux participations à la Fête de la Fleur.

 

« Un poète qui boit, ce n’est pas la même chose qu’un ivrogne qui écrit. »

 

Gérard Oberlé, Itinéraire spiritueux

 

(1) « Le moi est haïssable. Ainsi ceux qui ne l’ôtent pas, et qui se contentent seulement de le couvrir, sont toujours haïssables. Point du tout, direz-vous ; car en agissant comme nous faisons obligeamment pour tout le monde, on n’a pas sujet de nous haïr. Cela est vrai, si on ne haïssait dans le moi que le déplaisir qui nous en revient. Mais si je le hais, parce qu’il est injuste, et qu’il se fait centre de tout, je le haïrai toujours. En un mot le moi a deux qualités ; il est injuste en soi, en ce qu’il se fait le centre de tout ; il est incommode aux autres, en ce qu’il le veut asservir ; car chaque moi est l’ennemi, et voudrait être le tyran de tous les autres. Vous en ôtez l’incommodité, mais non pas l’injustice ; et ainsi vous ne le rendez pas aimable à ceux qui en haïssent l’injustice : vous ne le rendez aimable qu’aux injustes, qui n’y trouvent plus leur ennemi ; et ainsi vous demeurez injuste, et ne pouvez plaire qu’aux injustes. »

 

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 06:00
Nature vous avez dit nature : 4 flacons Carrefour market et Monoprix soumis à la dégustation…

Je ne suis pas comme St Pierre, je ne me renie pas, avant que le coq ne chante 3 fois, mon analyse partagée dans le document stratégique Cap 2010, j’y souscris toujours sans rougir ni battre ma coulpe. Une fois posé notre diagnostic nous demandions aux grands dirigeants de la vigne France de faire des choix clairs qui engagent l’avenir. Ils n’ont pas été fait alors  il ne faut pas s’étonner que la grande masse des vins français naviguent dans la belle ambigüité du « tout origine » AOP-IGP.

 

Le terroir rien que le terroir !

 

Aujourd’hui, en vacances éternelles, je me contente de boire ce qui me plaît sans pour autant stigmatiser ceux qui ne boivent pas comme moi. Ce que je n’admets pas c’est la bonne vieille technique de la fermière sur le pot de yaourt produit à la chaîne.

 

Le vin dit nature, brocardé, moqué, par les dégustateurs patentés mais drainant de nouveaux consommateurs est en passe d’être récupéré par notre chère GD.

 

La dénomination nature n’étant pas définie juridiquement – peut-elle l’être d’ailleurs – donc non protégée car non protégeable, peut être utilisée par tout un chacun avec le seul risque que la DGCCRF face à une telle extension sorte l’arme lourde : l’interdire.

 

Certains petits malins, profitant du marqueur « sans sulfites ajoutés » baptisent joyeusement leur cuvée en y incluant le mot nature. Profitant de la vague bio, ces petits malins, la main sur le cœur, affirment : certifié bio+sans sulfites ajoutés =  vin nature. Sauf que ça n’a rien à voir, le process d’un vin bio ne cadre pas exactement avec celui des vins nature. Il suffit de consulter le cahier des charges UE des vins bio pour s’en convaincre.

 

La boîte noire de la vinification, ce qui se passe dans le chai, nos naturistes d’occasion se gardent bien d’y faire allusion : la flash-pasteurisation ça nettoie bien le vin.

 

La meilleure dénomination du vin nature est sans aucun doute : le vin nu, le pur jus de Fleur Godart, le vin sans aucun intrant.

 

Certains m’ont reproché d’allumer salement Carrefour avec ses « cuvées nature » dans sa foire aux vins 2016. Un ancien acheteur de la GD m’a fait remarquer que ses anciens collègues étaient des gens sérieux. Je n’en  doute pas mais la question n’est pas là : ce qui m’intéresse c’est que le contenu du flacon corresponde à sa dénomination.

 

Moi je veux bien me faire avoiner et je suis tout prêt à reconnaître que mon jugement hâtif et non fondé, mais seulement après avoir mis mon nez dans les rayons pour vérifier.

 

J’ai  donc pris mon beau vélo et j’ai filé au Carrefour Market du 13e près du métro Nationale puis au retour je me suis arrêté au Monoprix du 13e rue Daviel pour acheter des flacons estampillés nature.

 

Dans le premier, où le rayon vins baignait dans un joyeux bordel, j’ai trouvé avec beaucoup de peine, en tête de gondole 3 représentants de ces cuvées dites nature : le Naturae de Gérard Bertrand sous 3 cépages : syrah, merlot, cabernet-sauvignon, le Intact de la coopérative de Buzet et le château Les Vieux Moulins un Blaye Côtes de Bordeaux.

 

Comme les vins de Gégé on les trouve partout, j’ai acquis les 2 derniers pour la somme de 9,90€ soit 4,95€ le flacon. Le Blaye est bio, le Buzet non. La mention sans sulfites ajoutés est inscrite en gros sur l’étiquette.

 

Nature vous avez dit nature : 4 flacons Carrefour market et Monoprix soumis à la dégustation…
Nature vous avez dit nature : 4 flacons Carrefour market et Monoprix soumis à la dégustation…

Chez Monop les étiquettes affichaient la couleur :

 

  • Esprit Nature by Rauzan Bordeaux
  • Nature Chiroubles
  •  

Le premier est biologique, l’autre non.

 

Le second applique une pastille verte « sans soufre ajouté » et le second rien du tout.

 

J’ai raqué 15,55 soit 4,95€ pour le Bordeaux de la coop de Rauzan et 10,60€ pour le Chiroubles du domaine Didier Desvignes estampillé d’un petit escargot rouge anima vinum 

Nature vous avez dit nature : 4 flacons Carrefour market et Monoprix soumis à la dégustation…
Nature vous avez dit nature : 4 flacons Carrefour market et Monoprix soumis à la dégustation…

À partir de là quoi faire ?

 

Les mettre à déguster chez des naturistes échevelés c’était risquer de les envoyer à l’abattoir, de les voir se faire déchiqueter.

 

Après réflexion j’ai opté pour une dégustation par des gens dont le métier est de guider madame et monsieur tout le monde dans le choix  du vin à boire à table. Des sommeliers donc, à l’esprit ouvert, sans préjugés.

 

La dégustation s’est faite sous chaussette, les dégustateurs ignorant tout de mes intentions.

 

Nous sommes le mardi 25 octobre en fin de journée juste avant l’heure du dîner, dans de beaux verres, sans façon.

 

Mes dégustateurs jouent le jeu. Leurs commentaires sont mesurés mais petit à petit se dégage une opinion commune : ces vins ont la gueule de vin de comptoir, sans défauts ni qualité, chaud, courts en bouche, et conclusion : nulle envie de les acheter.

 

Quand le tour de table des 4 cuvées a été terminé j’ai moi-même goûté. Rappelons qu’il s’agissait de 4 vins d’AOC : 1 Buzet, 1 Bordeaux, 1 Cote de Blaye et un Chiroubles qui est un cru, deux estampillés bio, tous « sans sulfites ajoutés ».

 

Rien à voir avec des vins nature, morne plaine, comme un vieux souvenir des dégustations d’échantillons de vin de table en fin de matinée à Gennevilliers. Même pas déçu, ces vins sont tous passés sous les fourches caudines de la dégustation d’agrément et dans leur créneau de prix : moins de 5€ ils sont bien dans la norme des acheteurs de la GD.

 

Rien à leur reprocher, c’est du tout-venant, sauf que l’on veut les faire passer pour des vins nature alors qu’ils n’ont comme seul dénominateur commun le « sans sulfites ajoutés ».

 

Est-ce si important ?

 

Mon opinion est mitigée.

 

Pour l’heure le consommateur-type de vin nature  est fléché caviste spécialisé alors la concurrence déloyale n’a pas beaucoup d’impact sur l’image de ce type de vin.

 

En revanche, l’utilisation sur l’étiquette du mot NATURE dans les 2 cuvées de Monop : l’une bio issue d’une coopé : Rauzan et l’autre non bio d’un vigneron rattachée à un logo commercial (le petit escargot) est indue et de nature, si je puis l’écrire, à « enduire » le consommateur en erreur.

 

Si vous n’êtes pas d’accord avec moi, faites comme moi, délestez-vous de 25€ et envoyez-moi un petit compte-rendu de votre buvaison.

 

Merci par avance.

Nature vous avez dit nature : 4 flacons Carrefour market et Monoprix soumis à la dégustation…
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