Il croyait " aux forces de l'esprit", dans notre pays qui raffole des commémorations, dix ans après sa mort François Mitterrand est aux portes du Panthéon, nos écrans sont pleins de lui, un sondage le classe en pôle position de la Vième, mais comme le dit un homme du premier cercle Pierre Joxe " pétainiste et vraiment pétainiste, puis résistant et vraiment résistant " le jeune charentais monté à Paris est le miroir des passions françaises. Mon écurie de rattachement - Michel Rocard - ne fait pas de moi, loin s'en faut, un idolâtre, mais ayant servi dix ans sur le porte-avions France, même si je ne partageais pas ses méthodes, je respectais le pacha sinon je serais allé planter mes choux dans le bocage profond.
L'un de mes Ministres était du premier cercle, j'ai donc vécu de près les grandeurs et les servitudes des grandes et des petites décisions. Deux ont marqué des virages importants pour notre agriculture et même notre pays: les accords de Dublin et la première réforme de la PAC en 1992. Je m'en tiendrai ce matin aux accords de Dublin qui dévérouillaient la négociation d'adhésion de l'Espagne et du Portugal à l'Europe. Qui aujourd'hui se souvient de ceux qui nous prédisaient l'abomination de la désolation ? Moi !
Le Languedoc était rose soutenu avec quelques points rouges, des leaders syndicaux viticoles amateurs de vente de paroles en vrac, n'ayant pas eu besoin de passer en futs de chêne ou de flirter avec des copeaux pour être des déjà vieux (certains se sont arrondis et leur vêture est plus tendance), ressassaient leurs vieilles antiennes, à Paris le leader du syndicat unique agricole, tel un conductator, pourfendait le Ministre en place (le congrès de Narbonne fut un modèle de mépris) , nous étions les syndics de faillite de la viticulture méridionale. Entre la rue de Varenne et le château il y avait du tangage, notre position de négociation déplaisait à ceux qui "feuzait de lapolitike ", nous tenions bons, nous nouions des alliances sur le terrain, et dans le dernier virage, lors d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement à Dublin, Roland Dumas étant Ministre des Relations Extérieures, le " Président " trancha en notre faveur : ce furent les accords de Dublin.
Savoir choisir au nom de l'intérêt général, contre ses amis politiques, contre les leaders syndicaux qui brossent leurs troupes dans le sens du poil, sans se soucier des outrances de ceux qui seront un jour au pouvoir oublieux de leurs déclarations, c'était ça aussi François Mitterrand. C'était ma contribution aux fêtes du 10 ième anniversaire et si vous aimez le cinéma allez voir " le promeneur du Champ de Mars " avec un Michel Bouquet plus Mitterrand que nature.
Pour ceux que ça intéresse : un entretien avec ma pomme sur www.journee-vinicole.com