Aphasie, alexie, agraphie, apathie, aboulie, ataraxie... à quoi bon continuer de ramer avec une petite pagaie dans ma coque de noix sur une mer d'huile, vide, sans horizon ? Je ne suis pas Bombard dans son canot, je n'ai rien à prouver, ni à vendre. Alors, décembre aidant, sans tambour ni trompette, sur la pointe des pieds, je vais me retirer sur l'aventin. Me mettre en jachère. Bien sûr, comme je suis soucieux de l'environnement, je vais maintenir un couvert scriptural sur mon blog. Vous allez enfin pouvoir respirer, vous occuper plus encore de vos affaires, ne pas distraire ces quelques minutes matinales de votre précieux emploi du temps. Tout compte fait j'ai mieux à faire que de continuer à secouer un cocotier qui ne porte pas de fruit.
Et pourtant, je n'ai pas à me plaindre. Vous me lisez fidèlement. Le lectorat augmente. Alors pourquoi ce retrait ? Parce que, à quelques exceptions près, vous êtes de bons consommateurs mais vous restez amorphes, sans réaction. Ce blog ne créé pas de liens, ces fils qui nous permettraient d'aller au-delà de la simple protestation. Nous encorder pour remonter la pente. Chacun vaque à ses occupations. Les miennes vont être autres car je n'ai pas vocation à prècher dans le désert. D'ailleurs personne ne me le demande, personne n'attend de moi que je soulève la pâte. Dans la vie il faut savoir prendre du champ, attendre que le temps soit venu, faire comme les opportunistes, les ouvriers de la dernière heure, récolter les fruits des autres. Se les attribuer.
Ce blog ne va pas s'auto-dissoudre pour autant, je vais mettre le vin entre-parenthèses, continuer de batifoler, d'écrire des chroniques quand ça me chantera, quand l'envie m'en prendra, tous les jours, plusieurs fois par jour, ou pas du tout, sans vous envoyer, pour ceux qui sont abonnés, le petit message matinal. Vous irez me lire, ou pas, si vous le voulez, quand vous aussi l'envie vous en prendra. Ce blog fut pour moi une belle expérience. Il m'a fait rencontrer des gens sympathiques. M'a fait aussi prendre conscience de la vanité de vouloir, par la simple force des idées, changer le monde. Les forces d'inertie sont les plus fortes. La France adore les réformateurs quand ils sont à la retraite ou au cimetière. Pour autant ne pensez pas que j'abandonne le combat. Je vais le mener ailleurs, autrement.
Merci de leur fidélité à tous ceux qui m'ont soutenu, encouragé, engueulé ou moqué. Par avance je remercie ceux qui continueront de lire ce blog dans sa nouvelle formule. Ne croyez pas que je sois triste ou amer. Bien au contraire, je me suis lancé de nouveaux défis et l'avenir nous dira si, cette fois-ci, le papy Berthomeau, si Dieu lui prête vie, a réussi.