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28 janvier 2007 7 28 /01 /janvier /2007 00:11

Marie avait du différer son départ pour Yeu afin de régler son dossier universitaire. Elle ignorait que je m'y trouvais déjà. Au téléphone je lui racontais des bobards. Officiellement je faisais la moisson avec mon père ce qui expliquait que je ne pouvais la joindre que tard dans la soirée. Il n'empêche que je piaffais d'impatience. Pour me calmer, sous la lune, j'allais en compagnie d'Achille, me jucher sur l'une des tours du vieux château, face à l'océan et j'échaffaudais le scénario de notre première journée ensemble sur l'île. J'avais prévenu Jean : je m'octroyais un jour de congé. Ce vieux gauchiste avait ronchonné, sans doute un peu jaloux de cette future rivale. Nos journées étaient bien remplies, l'affaire tournait bien. Mon plan de rigueur, suite à l'incident des enchères, portait ses fruits. Nous allions pouvoir de nouveau claquer un peu de fraîche. Je me découvrais expert dans le maquillage de comptes, je ne savais pas que ça me servirait dans une autre vie, plus glauque. Ce que je préférais dans notre turbin c'était chiner et livrer. La chine c'est l'art d'enfumer le gogo, de lui faire accroire que certaines de ses petites merdes ont de la valeur, de bien les payer, pour mieux le rouler dans la farine en y incluant la seule pièce de valeur. Jean, à qui on avait toujours envie de donner deux balles pour qu'il se fringue en un peu mieux qu'une cloche, était un maître. Je me délectais, surtout chez les vieilles peaux permanentées.

Pour les livraisons ce qui me fascinait c'était les intérieurs de nos clients. Je découvrais, chez ces gens-là, l'extrême élégance du beau niché derrière les modestes façades chaulées des petites maisons îliennes. Loin de l'ostentation des villas de la Baule, cette gentry de gens fortunés, cultivait le simple et le bon goût. Jean excellait là aussi. Nous passions des heures à converser avec eux, autour d'un verre de Muscadet ou de Gros Plant. Jean était des leurs. Moi, à chaque visite, je n'arrivais pas à sonder la profondeur du fossé culturel qui nous séparait. C'était affreux, j'étais un ignare. Déjà, avec le père de Marie, face à ses toiles, en l'écoutant, je me sentais nu, mal équarri, un fils de paysan. En d'autre temps, c'est-à-dire avant l'irruption de Marie dans ma vie, je me serais rué sur des livres. Je me serais goinfré. J'aurais bachoté. Gavé comme un canard gras j'aurais pu étaler ma culture fraîche. Là, à ma grande stupéfaction, j'écoutais. Je m'imprégnais. Après dîner, en sirotant des bières, Jean, avec force de digressions, ajoutais des couches aux strates du jour. Parfois, au téléphone, avec Marie, je devais réfréner mon envie de lui parler de mes découvertes.

Juste avant le 14 juillet, enfin, Marie m'annonçait qu'elle partait pour l'Ile d'Yeu. " Viens me rejoindre pour le week-end du 14 me dit-elle..."
- S'il fait beau ça va être dur. La moisson n'attend pas...
- Moi je t'attends. Tu me manques...
- Alors j'y serai.
L'ambiguité de ma réponse me plut. Marie était aux anges. J'ajoutai pour ajouter une touche de mystère " c'est dit nous y serons..."
- Tu ne viens pas seul ?
- Surprise ma belle...
- Une vraie ?
- Une énorme !
- Une bonne ?
- Tu verras petite curieuse...
- Un petit indice pour te faire pardonner...
- Me faire pardonner quoi ?
- Ton absence...
- Alors pas de prob petit coeur ma surprise est à la hauteur de ton pardon.
- Dis-moi ?
- Je t'aime ! Pense aux femmes de marins...
   

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 00:26

Un petit incident technique a fait que cette chronique prévue pour plus tard s'est mise en ligne pour les abonnés sans crier gare. Alors puisqu'elle y est, elle y reste. Désolé pour ceux qui trouvent que je suis boulimique, pour une fois c'est pas moi c'est la bécane...

Dans la vie que l'on vit, dans notre beau pays, sachons de temps à autre prendre le temps de prendre connaissance du regard que portent sur nous les autres, nos voisins par exemple. Dans le cas présent il s'agit d'une journaliste italienne Maria Laura Rodotà et c'est dans le Corriere Della Sera de Milan sous le titre : Ce pays qui donne envie de faire des enfants. Comme dab je vous en livre quelques extraits... Pour plus www.courrierinternational.com n° 847.

" (...) Aux USA, on nous signale un score historique : 51% des Américaines sont célibataires. Quant à la France, elle fête un record de natalité qui fait rêver des pays comme l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne : deux enfants par femme. Ce chiffre inclut les femmes immigrées, mais aussi et surtout (c'est là que réside l'anomalie) les Franco-françaises. Et dire qu'aux USA, depuis des années, la majorité des électeurs vote tranquillement pour des candidats socialement conservateurs, que les "family values" - les valeurs familiales - sont sans arrêt invoquées... Alors qu'en France on vit dans le péché à fond de train : PACS, unions homosexuelles, avortement incontestablement entré dans les moeurs, pillule du lendemain pour les lycéennes (idée de Ségolène Royal lorsqu'elle était Ministre), etc.
Alors, pourquoi ?
(...) Aux USA, family values ou pas, ce sont les lois du marché qui prédominent, et ce sont elles qui influencent les choix personnels de tout un chacun. Le mariage n'est pas considéré comme un emploi à vie. C'est le règne de la flexibilité. L'habitude de licencier un conjoint inactif ou surnuméraire - qui a été remplacé(e) - est ancrée dans les moeurs depuis des dizaines d'années (...) Enfin, avoir des enfants (s'ils décident d'en avoir, non sans quelques inquiétudes) représente pour eux un engagement énorme : à cause de leurs horaires de travail illimités, de leurs vacances trop courtes, de l'absence de lois nationales sur le congé maternité, à cause du niveau exécrable des écoles publiques et du coût énorme du cursus universitaire.
En France c'est tout autre chose et ce, grâce aux lois sociales. Avec des allocations familiales tout à fait correctes, des aides aux familles nombreuses, des crèches, des garderies financées par l'Etat, il est plus facile de faire des enfants. Ces lois sociales ne sont pas dues uniquement à la gauche et aux féministes ; elles ont été voté pour que les Français donnent plus d'enfants à la Patrie. Et, manifestement, ça marche (...)

Sans commentaires, à vous de les faire chers lecteurs !

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 00:16

 

Nous étions les seuls brocanteurs de l'île. Je dis nous car Jean, dès le premier jour, me présenta comme son associé aux voisins et aux clients. Située en bordure de la route qui mène de Port-Joinville à St Sauveur, au lieu dit Ker Chalon, la " Ferme des 3 Moulins ", bâtisse pourvue d'un étage et de dépendances, n'usurpait pas sa dénomination : ça avait été, au début du siècle, une des rares fermes de l'île, et nous étions entourés par trois Moulins transformés en résidence de vacances. 

 

Le magasin occupait tout le rez-de-chaussée, trois pièces, et Jean couchait dans l'une d'elle, dans un lit à colonnes partie intégrante du mobilier proposé à la vente. Ce lit, que nous disions toujours en voie d'être vendu, intriguait nos visiteurs. Un jour, las de ma réponse vaseuse, j'improvisai une histoire qui ravit mes interlocuteurs. Il y était question d'une nuit de tempête, du père de Jean parti accoucher la femme du sacristain de Port-Joinville, de la mère de Jean, elle aussi enceinte, et qui, seule, la cuisinière étant au chevet de son père à St Sauveur, mit au monde ce même Jean, dans ce grand lit en noyer. Jean trouva ça très drôle mais il me dit, sur un ton sérieux, " dis pas ça à mon père..." Moi j'occupais le grenier qui nous servait tout à la fois de cuisine, de salle d'eau et de salle à manger. A la tête de mon lit un petit coffre-fort contenait notre fortune. Foin des exigences comptables et fiscales nous y mélangions les recettes du magasin, nos dépenses domestiques, les achats de meubles chinés, l'argent de poche de mon employeur et bien sûr mon salaire de travailleur au black (il y a prescription)

 

Chaque matin, le père de Jean venait à pied nous rendre visite. Achille, le chien, courrait à sa rencontre. Jean, tel un gamin, trouvait toujours le moyen de s'éclipser.Le vieil homme s'asseyait dans un fauteuil et je lui rendais compte de notre activité, au début très honnêtement, puis, après l'incident des enchères à l'américaine, en maquillant la réalité tel un caissier de la mafia.

 

Mon cher Jean avait fait des siennes. Près de la ferme des 3 Moulins, une association restaurait une petite chapelle et, pour financer les travaux, son président, un officier de la Royale à la retraite, mettait aux enchères des tableaux offerts par la colonie des peintres en villégiature sur l'île. Ce soir-là j'avais envie de dormir. Jean, de mauvaise grâce, se rendit seul à la vente. Dix fois, avant de partir, il me répéta " tu comprends, je suis obligé d'y aller pour faire plaisir aux notables, mais, je t'assure, je n'achèterai rien. La peinture ce n'est pas mon truc. D'ailleurs, rien que pour voir leurs têtes, tu devrais m'accompagner, nous rentrerons aussitôt..." Une telle insistance aurait du me mettre la puce à l'oreille mais, fatigué par ma journée de ponçage de meubles, je n'y cédai pas. 

 

A minuit, alors que je dormais comme un bienheureux, un flot de lumière, des grommellements sourds et un bruit de verre me tiraient du sommeil. Jean, attablé face à une bouteille de Cognac bien entamée, semblait foudroyé. Assis sur mon céans je l'interpellai avec ménagement " allez, ne fait pas l'enfant, montres-moi le tableau que tu as acheté ?

 

" En guise de réponse j'eus droit à des borborygmes renifleurs accompagnés d'une salve ininterrompue d'allumettes craquées et sitôt éteintes. Ce devait être grave alors je me levai. Il fallait que je joue serré. Une petite faim me tenaillait. Je fis des pâtes. Pendant qu'elles cuisaient, sans me soucier de Jean qui alternait apathie et excitation, je disposai nos couverts et j'ouvris une bouteille de vin rouge. Un premier signe de retour à la normale me conforta dans ma stratégie : Jean venait enfin d'allumer sa pipe et elle se mit à grésiller doucement. Après nous avoir servi je m'assis face de lui. Nous mangeâmes en silence. Jean le rompit. " C'est affreux ! Quand je pense que cette superbe petite marine, un bijou, va se retrouver au-dessus du buffet Henri III de Turbé le quincaillier..."


- C'est ça qui te met dans cet état ?


- Oui !


Je respirai d'aise.


- Y'a pire que ça, non...


- Pourtant j'ai mis le paquet.


- Combien ?


- Dans les 8 à dix mille...


- Tu t'es arrêté à temps. C'est mieux comme ça.


- Non j'aurais du aller au bout !


- Ce n'est pas vraiment dans nos moyens.


Un silence s'installa. La mèche de Jean flottait au-dessus de son regard vitreux. Il descendit son verre de rouge. Fit claquer sa langue. Ré-enfourna son tuyau de pipe entre ses dents et tout à trac me déclara " le problème c'est que c'était des enchères à l'américaine..."


- C'est quoi cette engeance ?


- Tu couvres en liquide à chaque surenchère...


L'étendue du désastre me sautait à la gueule, dans un souffle je murmurai " alors t'as claqué 8 à dix milles balles pour des nèfles..." Jean opinait en affichant la tête d'un gosse pris les doigts dans le pot de confiture.  

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26 janvier 2007 5 26 /01 /janvier /2007 00:21

Du haut de sa chaire de la Sorbonne, l'éminent professeur Pitte, un fin connaisseur des choses du vin, une référence pour l'establishment, un homme qui boit grand et bon, un écrivain du vin, partenaire privilégié du président de la Sopexa, la totale donc pour moi petit écrivaillon sans quartier de noblesse, sous-expert à la solde de ceux qui veulent tuer notre nectar (cf dessin), ce monsieur bien sous tous les rapports donc, à qui le rapport du préfet Pommel donne des démangeaisons, surtout ces p... de copeaux de chêne, tonnait grave :

"Pleurs et grincements de dents proviennent depuis longtemps du monde viticole français ou, tout au moins d'une partie de celui-ci : les représentants des vins de table, des vins de pays, des grandes appellations génériques (bordeaux, bordeaux supérieur, entre-deux-mers, côteaux-du-languedoc, beaujolais, touraine, côtes-du-rhône, etc,). Une exception : la Champagne qui ne parvient pas à satisfaire toute la demande et réclame le droit de stocker ses excédents de rendements des années "fastes" pour les années de petite récolte, au mépris de toute éthique qualitative.
Que demandent les vignerons et négociants qui geignent ? Bien entendu, comme d'habitude en France des subventions, des dégrèvements fiscaux, des prix garantis par l'Etat et versés par celui-ci, même lorsque la mévente oblige à distiller pour déstocker. Qu'importe si l'on a tout fait depuis des décennies pour augmenter les rendements (clones productifs, engrais, etc...), qu'importe si personne ne veut plus consommer certains vins sans grâce ni esprit : la solidarité de la Nation doit jouer pleinement et les contribuables doivent éponger les résultats de choix économiques absurdes que l'Etat n'a rien fait pour éviter. Sous prétexte que les coopérateurs languedociens ont le sang chaud et qu'ils descendent vite dans les rues de Béziers lorsqu'ils sont mécontents, on n'a pas poussé la logique qualitative jusqu'au bout et on a laissé en production assistées d'immenses vignobles de plaine plantés en aramon et autres médiocres cépages. Sur les 18 millions d'hl de vin que produit le Languedoc, 8,5 sont des vins de pays dont beaucoup sont d'une insigne platitude et 4 des vins de consommation courante, au-dessous de tout. Il est évidemment impossible d'obtenir du bon vin sur des sols riches et profonds, en taillant long et en récoltant 200hl/ha. "

la suite de cette brillante prose sur :
http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/vin/VinScient5.htm

faites l'effort de cliquer sur ce lien et de lire et aussi de réagir un chouaïa

 

Il les habille pour l'hiver les gars du Languedoc, les coopérateurs cienbur, notre titulaire de haute chaire, sur un fond de vérités bonnes à dire tous les poncifs et les lieux communs sont en rendez-vous, bref y'a des jours où je me dis que Cohn-Bendit n'a pas fini le boulot à la Sorbonne, mais bon ça doit faire son effet dans les salons - pas ceux où on vend du vin - ceux du 6ème et autres arrondissements défavorisés de la capitale : " de la bibine ma chère, des breuvages d'une insigne platitude, au-dessous de tout, et tout ça avec nos impôts, mais que fait le gouvernement cher ami..." Moi j'y enverrai bien sous les ors et les damas, pour une dernière mission, notre "bougon des cépages", avec ses santiags, perfecto et rayban, pour mettre un peu d'animation chez les rombières et les agrégés, ça serait plus utile que les voyages en Chine, ne croyez-vous pas ? Je rigole mais j'avoue que les bras m'en tombent. C'est consternant et je suis consterné. Certains me diront qu'on n'en a rien à traire du point de vue du professeur Pitte, qu'on le laisse à son élitisme hautain, que tout ça n'est qu'une tempête dans un verre à dents. Peut-être mais ces gens là, avec les signataires de la pétition "naufrageurs du vin " donnent le la, continuent de mettre en avant une image caricaturale du monde du vin, influencent les décideurs politiques et médiatiques. Préparons-nous alors à assumer un plan de type sidérurgique pour les "pleunichards" chers au professeur Pitte. Ce n'est pas grave le "vin de négociant" se fera ailleurs, sous d'autres cieux, et ça n'empêchera pas les beaux esprits du 6ème arrondissement, les habitués de Le Divillec, les raconteurs d'histoire, de dormir...  

 

 

 

 

 

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25 janvier 2007 4 25 /01 /janvier /2007 00:08

Texte retrouvé dans mes archives signé Jérome David. Reproduit tel quel, sous sa responsabilité, si des erreurs ou des approximations s'y sont glissées je laisse le soin aux spécialistes de les signaler et rectifier. Vous pouvez aussi contribuer à l'édification des foules ignares des subtilités de nos belles appellations en brodant sur ce texte...


 

Si Bordeaux et Bourgogne sont des appellations, Bordeaux est le nom d'une ville et Bourgogne est le nom d'une région. La Corse est une île qui produit aussi des vins d'appellations.


Le Premier Cru est le top de la hiérarchie bordelaise devant le Deuxième Cru. En Bourgogne c'est le Grand Cru qui tient le haut de l'échelle devant le Premier Cru. Il n'y a pas de Deuxième Cru bourguignon mais il y a des Troisièmes Crus à Bordeaux et à St Emilion les Premiers Grands Crus classés A et B, dominent un classement où le Grand Cru Classé n'arrive qu'en troisième position. Jusque là c'est logique et donc facile à retenir, surtout si vous n'êtes pas français.


L'Hermitage est à la fois une appellation de la vallée du Rhône et une colline avec une petite chapelle alors que L'Hermitage est la marque d'un vin de St Emilion proche de L'Angélus. Le Clos de l'Eglise est un Côtes de Castillon mais le clos de l'Eglise est aussi un Pomerol, tout comme le Domaine de l'Eglise et le clos du Clocher. Heureusement Figeac, Yon-Figeac, petit Figeac, La Croix Figeac, Lamarzelle Figeac et La Tour Figeac sont des St Emilion. Si Latour est un Pauillac et Le Pin un Pomerol, La Tour du Pin Figeac des Giraud-Bélivier est un St Emilion. La Tour du Pin Figeac des Moueix aussi d'ailleurs alors que le clos de Latour n'est qu'un Bordeaux supérieur. Le Moulin Rouge et Lautrec avaient mauvaise réputation mais le Moulin Rouge est un Haut-Médoc tout à fait respectable.


Le Clos des Jacobins et le Couvent des Jacobins sont des St Emilion, tout comme Canon, La Gaffelière et Canon-La-Gaffelière. Si Canon de Brem et la Croix Canon sont des Canon Fronsac, par chance Corbin, Haut Corbin, Grand Corbin, Grand Corbin Manuel, Grand Corbin-Despagne, Corbin Michotte et Croque Michotte sont tous des St Emilion. On ne présente plus Petrus mais Lafleur, La Fleur Petrus, La Fleur de Gay, Lafleur-Gazin et Gazin sont aussi des Pomerol. La Fleur de Bouard n'est pas un Pomerol mais un Lalande-de-Pomerol et Pichon Comtesse de Lalande un Pauillac. Si Lagrange est à la fois un St Julien et un Pomerol, heureusement Léoville las Cases, Léoville Poyferré, Léoville Barton et Langoa Barton sont tous des St Julien et le Clos St Julien un vin de St Emilion. La Tour d'Argent est un restaurant parisien onéreux mais la Cour d'Argent est un Bordeaux tout à fait abordable.
Sans être un cas unique, Plaisance est néanmoins un cas particulier puisque c'est à la fois un Bordeaux supérieur, un Premières Côtes de Bordeaux, un St Emilion et le nom d'une villa sans la banlieue d'Arcachon.


L'Alsace est une région française qui produit le meilleur et le pire des Riesling et Moenchberg, Muenchberg, Pfingstberg, Pfersigberg, Hatschbourg, à vos souhaits, Zinnkooepflé et Wiebelsberg sont des Grands Crus alsaciens dont les noms sont imprononçables même par de nombreux français.


Chablis, Petit Chablis et Chablis Grand Cru sont trois appellations mais Blanchot, Bougros, Les Clos, Grenouilles, Preuses, Valmur et Vaudésir sont des "climats" classés en Appellation Chablis Grand Cru par l'INAO. La Moutonne est un "climat" qui n'a pas été classé dans l'appellation Chablis Grand Cru mais qui est reconnu comme un Grand Cru de Chablis par l'INAO.


Perrières est un premier cru de Meursault qui mériterait le statut de Grand Cru mais La Perrière est un Premier Cru de Gevrey-Chambertin qui ne mérite pas son classement. Par chance, le clos des Perrières est un premier cru de Meursault qui mérite bien son rang. Corton, Charlemagne et Corton-Charlemagne sont trois appellations bien distinctes mais Charlemagne et Corton-Charlemagne ne produisent que des blancs. Si un Charlemagne peut aussi revendiquer l'appellation Corton-Charlemagne, l'inverse n'est pas vrai. Heureusement le Corton n'est pas une appellation mais un "climat" au sein de l'appellation Corton, qui, elle, produit à la fois du blanc et du rouge.


En dépit des apparence, le Grand Echezeaux n'est pas supérieur à l'Echezeaux puisque les deux sont des Grands Crus d'Appellation d'Origine Contrôlée, tout comme la Romanée-Conti, Romanée-Saint-Vivant et la Romanée. Cependant, La Romanée, est aussi un Premier Cru d'Appellation Communale Gevrey-Chambertin. Par chance, Chapelle-Chambertin est un Grand Cru d'Appellation d'Origine Contrôlée et Petite-Chapelle est un Premier Cru d'Appellation Communale Gevrey-Chambertin.


N'oubliez pas que les Côtes de Bourg, Côtes de Francs, Côtes de Blaye et Côtes de Castillon sont des appellations bordelaises, que le Côte de Beaune et la Côte de Nuits sont les deux secteurs qui composent la Côte d'Or en Bourgogne, que Côte Rôtie est à la fois une appellation de la vallée du Rhône et le nom d'un Premier Cru Bourguignon de Morey-Saint-Denis, que la Côte de Boeuf est une appellation très commune pour un restaurant en Champagne, que Cailleret est un blanc d'appellation Chassagne-Montrachet, Le Cailleret un blanc d'appellation Puligny-Montrachet et Les Caillerets un Volnay rouge qui tire parfois sur le rosé.


Heureusement pour le consommateur, Cheval Blanc est un vin rouge, Rolland Maillet un St Emilion et Michel Rolland un oenologue à Pomerol.


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24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 00:19
Piéger l'amour par un entêtant parfum de phéromones, jeter la confusion dans les ébats sexuels, priver les amants d'une nuit de l'accouplement, mais jusqu'où les chercheurs iront-ils ? Ceux de l'INRA de Bordeaux développent la technique de la confusion sexuelle en utilisant le langage olfactif des papillons de nuit. En effet, les femelles produisent des odeurs spécifiques (phéromones sexuelles) qui attirent les mâles pour l'accouplement. La méthode de l'INRA consiste à poser, dans le vignoble, sous de charmantes petites tentes suspendues, une grande quantité de diffuseurs artificiels (500 par ha) qui répandent des phéromones artificielles en grande quantité. Ainsi les mâles n'arrivent plus à localiser les femelles dans ces fragrances trompeuses. Plus d'accouplement donc plus de reproduction : CQFD. Les initiateurs font toutefois remarquer, qu'en dépit de son efficacité, cette technique est chère et utilisable uniquement sur des zones d'au moins 10 hectares. Les little sont pas toujours beautiful... 
Le cuivre et la bio ?

La surface cultivée en viticulture biologique de raisins de cuve est toujours en progression en France. Ce mode de culture est pourtant aussi exposé aux maladies et aux ravageurs que la culture conventionnelle. le nombre de traitements est souvent encore plus important car les produits biologiques sont moins puissants. Des solutions de traitements contre ces bio-agresseurs existent dans les cahiers des charges biologiques, mais les solutions contre les maladies principales ne sont pas toujours très "bio" et pas toujours "logiques". Prenons l'exemple du produit phytosanitaire "biologique" le plus utilisé : le cuivre. Malgré son origine "naturelle", son utilisation fréquente (en bio, comme en conventionnel) et à des doses importantes est responsable de contaminations des sols viticoles avec des quantités parfois très importantes de ce métal lourd. Des concentrations de 200 ppm (mg par kg de sol) sont courantes (soit un à plusieurs tonnes de cuivre par ha). Il n'y a aucune méthode efficace pour dépolluer ces sols. Ces concentrations importantes ont un effet très négatif sur la biodiversité botanique et faunistique du sol car la majorité des organismes y est très sensible. La règlementation impose aujourd'hui des réductions substantielles du cuivre."

 

Cet extrait et les infos de cette chronique sont tirés d'un article Vers une viticulture sans pesticides de Maarten van Helden chercheur à l'UMR santé végétale à l'ENITA de Bordeaux publié dans L'écologiste de décembre-mars 2007 N°21;


L'auteur, y aborde, l'une des questions qui fâchent, en écrivant " La culture de la vigne est aujourd'hui encore très consommatrice de produits phytosanitaires. pour un produit "de luxe" comme le vin, très appréciable mais certainement pas "indispensable" pour notre existence, il est difficilement acceptable que cette culture consomme aujourd'hui environ 20% des volumes de produits phytosanitaires sur à peine 4% de la SAU française. Si cette forte consommation ne pose pas de problème majeur pour les consommateurs de vin, car très peu de résidus sont détectables (hormis le cuivre) elle pose des problèmes de santé pour le vigneron et ses ouvriers (qui sont le plus exposés aux produits de traitement) et pour l'environnement (sol, eau, air). Elle nuit à l'image de santé, fréquemment associée au vin".


Je sens que ça va bouillir ! L'intégralité de l'article, qui je le précise n'a rien d'ayatollesque, bien au contraire d'une grande honnêteté intellectuelle, est à votre disposition ou vous reporter au numéro de l'écologiste cité ci-dessus.

 

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23 janvier 2007 2 23 /01 /janvier /2007 00:03

Dans le débat politique, lorsqu'on est à cours d'arguments, il est de bon ton de disqualifier les gens d'en face en les accusant de pratiquer la langue de bois ; de bois mort bien sûr, du sapin dont on fait l'ultime boîte des moins que rien. Mais de quoi est donc faite la langue de ceux qui disent pratiquer un parler vivant ? De viande sans doute, fraîche disent-ils, mais pas forcément de qualité. Pour ma part je préfère le bois à la viande, c'est écologique, vivant aussi, ça vieilli bien, ça se patine, on y retrouve la trace du passé. Tout ça pour vous dire que deux autres formes de langue : la langue de béton et la novlangue, sont des nouveaux produits très en vogue sûr le marché du je me fous de votre gueule, avec aplomb, sourire, bonne conscience, impudeur. Plus c'est gros, lourd, mais enrobé dans du papier de soie, plus ça passe et, les troupes et autres thuriféraires, de reprendre le nouveau refrain. Le chef à dit, donc le troupeau suit.

L'exhumation, au bout de 6 années de petites manoeuvres, d'arguments frelatés, de slogans badigeonnés nuitâment sur les murs des caves et autres pratiques post-soviétiques, du concept de " Vin des Vignobles de France " pour le traduire en termes règlementaires, a donné lieu a un concert gratuit de langue de béton teinté de novlangue pour ceux qui veulent faire jeunes. Je dois vous avouer que de lire les déclarations de ceux qui, à la manière des généraux d'opérettes, couverts de médailles gagnées sur des champs de bataille imaginaires, s'attribuent des succès qui ne sont que la résultante de l'évolution naturelle du marché, m'a fait penser à un absent, celui qui dans les années 80, contre ses pairs du négoce, dans la réprobation de son environnement régional, a innové. D'autres que lui ont, par effet d'aubaine, récolté les fruits de son combat. Salut Bob, nous on n'oublie pas ! Ces hauts dignitaires sont saisis du syndrôme bordelais, qui rappellons-le consiste à croire qu'on peut être un vignoble global, généraliste, sans en assumer les contraintes et surtout en pensant que la production peut dicter ses conditions à tous les segments du marché.

La palme de la langue de béton doit cependant être attribuée à tous ceux qui, drapés dans la défense de leur belle région, accusent le pouvoir central, ce Paris des technocrates honnis, d'avoir imposé son diktat, de piétiner la volonté de la base, et bien sûr de briser la révolution qualitative. Permettez-moi de poser quelques questions naïves ?
- où les adversaires du projet " Vignobles de France " le bloquaient-ils ? A la préfecture de Région sans nul doute...
- où doit-on arbitrer les divergences entre les bassins de production ?
- qui sont les 3 plus grands metteurs en marché du plus grand vin de pays de cépages et où est situé leur siège social ?
- quand on fait un peu mieux que ceux qui ont tout faux est-ce que pour autant on peut qualifier le résultat de réussite ?
- pourrait-on m'expliquer le principe des vases communiquants ?  

- comment mesure-t-on la représentativité économique de ceux qui disent s'exprimer au nom d'une entité régionale définie comme une quasi entreprise commerciale ?

Ceci étant écrit, soyons clair : si " Vignobles de France " n'est qu'une catégorie juridique supplémentaire, non fondée sur un contrat entre ceux qui détiennent la ressource et ceux qui se veulent des bâtisseurs de marques ; si elle n'est pas une nouvelle donne fondée sur la rigueur d'un process " industriel" ; si les parties en présence ne tiennent pas compte de la nouvelle structure de la valeur ajoutée pour enclencher un processus gagnant-gagnant ; si chacun y va de son petit bidouillage, de ses arrangements avec la qualité des assemblages, de tout ce qui a plombé les AOC génériques ; eh bien ce sera l'échec au bout de la route. Une nouvelle occasion de perdue et ce ne sont pas les " on vous l'avait bien dit " des détenteurs de fauteuils présidentiels qui consoleront ceux qui auront du fermer boutique. 

Si ça vous chante allez donc sur le site Mon beau béton www.monbeaubeton.com/ pour découvrir le design en béton : des boutons de manchette en béton (je ne plaisante pas, des enceintes pour votre chaîne hi-fi... etc alors pourquoi ne pas proposer aux créateurs branchés dans le cadre de leur exposition La vie en rose (c'est pas de ma faute) une langue de béton...

Pour le pique-nique ça commence à arriver sur lepiknik-demonik2007@hotmail.fr et même sur mon téléphone. 06 80 17 78 25 Les guichets sont ouverts. Ne soyez pas timides, lancez-vous chers lecteurs, profitez de la toile pour initier un évènement original par le bouche à oreille. A bientôt... 

      

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22 janvier 2007 1 22 /01 /janvier /2007 00:08

 

En dépit d'un thermomètre s'adonnant à des températures élevées pour la saison, vous me direz que ce n'est pas vraiment une bonne période pour le pique-nique, bien que dans le South of France c'est de l'ordre du possible. J'en conviens mais ce matin, comme l'occasion fait le larron, profitant de cette bouteille achetée, au hasard de mes périgrinations, du côté du marché St Honoré (ouvrez le message ya de belles photos), je vous fais une petite piqure de rappel chers vous qui me reprochiez, il y a quelques temps, que notre club " Sans Interdit " ne vous proposait pas beaucoup de grain à moudre.

Notre invitation à venir vous joindre à nous pour concevoir, développer, promouvoir un évènement mobilisateur de tous ceux qui font, vendent, aiment le vin est l'occasion de passer à l'acte, de sortir de la déprime ambiante, d'aller au delà des mots, d'agir en direction de ceux qui sont ou feront l'avenir de notre divin nectar. Allez ne soyez pas timides, à vos souris : lepiknik-demonik2007@hotmail.fr ou précipitez-vous sur votre téléphone 06 80 17 78 25 vous serez bien accueilli... Bonne semaine à tous.


J'ai ouvert la bouteille hier, ça se laisse boire, et avec un saucisson beurre le cul sur l'herbe je pense que ce serait encore meilleur...

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21 janvier 2007 7 21 /01 /janvier /2007 00:32

Aussi bizarre que ça puisse paraître, moi qui était né à quelques kilomètres de la mer je n'avais jamais quitté la terre ferme sur un quelconque bateau. L'avion, n'en parlons pas,  en ces années-là voyager était un luxe. A l'embarcadère de Fromentine, face à l'ïle de Noirmoutier, je découvrais notre navire propret, tout blanc, " la Vendée ". Les marins y embarquaient victuailles et fournitures entassées sur des palettes. Ils chargeaient aussi quelques voitures. Sur la jetée de bois, tout un petit monde de vacanciers, d'îliens, de passagers d'un jour se pressaient. Tout était allé si vite, je n'en revenais pas. Ma croyance dans les fenêtres ouvertes par le hasard se renforçait. Au téléphone avec Marie j'étais resté évasif, lui faire la surprise, aller la cueillir à son arrivée à Port-Joinville serait un vrai bonheur. Pour l'heure je me laissais aller à imaginer l'accueil de celui que je devais assister. D'une manière très étrange nous n'avions eu aucun contact. Au téléphone c'était son père, médecin de l'île, retraité, qui m'avait sondé. Plus exactement, l'homme, policé et courtois, m'expliquait que Jean, son fils, avait besoin d'une sorte de tuteur. Quelqu'un qui tienne les comptes, fasse les courses, la cuisine, assure en gros l'intendance générale du magasin de brocante de la Ferme des 3 Moulins. De prime abord étonné c'est avec un réel enthousiasme que j'avais accepté les conditions proposées.

Mon arrivée à Port-Joinville, sous un ciel si bleu, un air tendre et des bouffées de senteurs fortes, restera pour moi l'un des moments forts de ma vie. Jean Neveu-Derotrie était le sosie de Jacques Tati sans l'imperméable. Sa garde-robe se résumait en trois pantalons de tergal gris, deux chemises nylon blanches et une paire de sandales de plastic blanc. Mèche sur les yeux, pipe éteinte au bec, flanqué de son chien, appuyé aux ridelles d'une camionette C4 il me tendait une main ferme et chaleureuse. L'homme était merveilleusement loufoque, cultivé. Au bar de la marine il me comptait son histoire de rejeton d'une famille où l'on était médecin ou dentiste. Lui s'était fait visiteur médical. Il sillonnait la France en fourgonnette J7 pour placer des matelas anti-escarts dans les hopitaux et chiner toutes les vieilleries qui lui tombait sous la main. Militant au PSU, pacifiste, son sens des affaires consistaient à savoir acheter. L'argent ne représentait rien pour lui. Un vieux Rouen, une commode Régence ou un homme debout marqueté, ça lui parlait, ça le faisait bander. Capable des pires manoeuvres pour acquérir le meuble ou l'objet sur lequel il avait jeté son dévolu il se fichait ensuite pas mal de vendre. Jean n'aimait rien tant que de voir son magasin empli de belles choses. C'était un esthète, un pur esprit, notre accord fut instinctif, immédiat. Sans parole.

Les marins l'appellaient le " marchand de vermoulu " et se faisaient un devoir de lui faire prendre, à chacune de ses sorties, une muflée. Mon baptême du feu se révéla redoutable. Après les bières nous étions passés au pastis et, sans nous avoir mis une quelconque nourriture sous la dent, l'heure du Cognac sonnait. Je pratiquais, autant que je le pouvais, la politique du verre plein sans toutefois pouvoir éviter d'en descendre quelques-uns. Jean semblait imperturbable. Droit, rallumant ostensiblement sa pipe toujours éteinte, dans le brouhaha, il me narrait sa "guerre d'Algérie" comme infirmier. Achille, le chien, me fixait de ses yeux tendres. Tous les deux nous allions aussi former une belle paire d'amis. On m'observait. Soumis au rite initiatique d'admission dans le cercle restreint des gus capables de marcher droit après une poignée d'heures passées à écluser sec je devais triompher. Aux alentours de minuit, avec la raideur hésitante de ceux qui sont pleins comme des huîtres mais qui veulent encore porter beau, Jean et moi, côte à côte, sans nous porter secours mutuel, quittions le bar en saluant les derniers piliers de bistrot. La C4 nous mena sans encombres jusqu'à la Ferme des 3 Moulins.

Pensez-y : lepiknik-demonik2007@hotmail.fr ou le 06 80 17 78 25 pour un grand mouvement ludique autour de notre produit. Créons des liens ! A vos souris chers lecteurs...

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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 00:04

L'ordre régnait à nouveau. Le pouvoir n'était plus à prendre. A la Sorbonne le comité d'organisation décidait de chasser les "Katangais" et de fermer les portes pour quarante-huit heures ; y'avait beaucoup de détritus. Daniel Cohn-Bendit, convoyé par Marie-France Pisier, rentrait en Allemagne avant que le pouvoir ne prononce la dissolution de plusieurs organisations gauchistes. Le 16 juin, la Sorbonne capitulait sans heurt. Le 17 juin, les chaînes de Renault redémarraient. Le 30 juin, au second tour des législatives, c'est un raz-de-marée, les gaullistes et leurs alliés obtenaient 358 des 465 sièges de l'Assemblée Nationale. Nous à Nantes, forts du sérieux de notre organisation, face à des caciques revigorés, nous sauvions les meubles. Ici, le vent de mai, laissera des traces durables, aussi bien chez les paysans, que dans les organisations ouvrières et politiques : la deuxième gauche allait prendre d'assaut le Grand d'Ouest et investir la plupart des places fortes d'une démocratie chrétienne à bout de souffle et incapable d'influencer son camp : Nantes, Rennes, La Roche sur Yon, Brest, Lorient viendraient s'ajouter au fief de St Brieuc.

Mon parcours d'avant-mai me valut d'être exempté de tout examen. C'est Hévin qui me l'apprit. Mon premier mouvement fut de refuser. " Evitez la bravoure Benoît, en septembre ça va être un véritable carnage. Vous avez été le témoin de leur lâcheté, ils ne vous le pardonneront pas. Examen ou pas, quelle importance pour vous, ça n'est pas du favoritisme mais l'application pure et simple de l'accord conclu. Partez en vacances ! On aura besoin de vous l'année prochaine pour tenir le choc de l'onde en retour..." me dit-il en me prenant par le bras. Marie, consultée, abonda dans le même sens. En quittant la Fac, je me sentais vidé, sans ressort. Qu'allais-je faire de ces longues vacances ? J'étais raide. Depuis plus d'un mois je n'avais pas mis les pieds ni chez mes curés, ni chez ma vieille logeuse, il me fallait aller apurer mes comptes. Mon arrivée à l'Institut Richelieu, alors que les élèves sortaient du réfectoire, déclencha un mouvement étrange. On fit cercle autour de moi, des jeunes et des profs : " alors raconte-nous ? " me dit un grand boutonneux de Terminale. Le tutoiement, un silence attentif, du respect dans leurs regards, autant de marques de la reconnaissance de mon nouveau statut d'ancien combattant de mai. A l'étage du Père Supérieur, l'accueil fut plus protocolaire, avec jusque ce qu'il faut d'ironie moqueuse, on me règla mon solde de tout compte sans discuter. Ma logeuse, elle, faillit avaler son dentier. Je fis mon balluchon en silence et la laissai en plan sans autre forme de procès.

Restait pour moi à faire un retour au pays. Voir mes parents. Au Conti, avant mon départ, Marie me pressait " allez, soit pas fier, viens avec moi à l'Ile d'Yeu..." Je haussai les épaules sans répondre. " Alors on ne va pas se voir pendant deux mois ? " Elle tapait là où ça faisait mal. Je me regimbais.  " T'en fais pas, je vais me débrouiller. Je t'appelle ce soir..." Aux Sorinières, le pouce levé, je regrettais ce départ précipité. Le stop marchait encore. A la maison on me ne posa pas de questions. Maman trouvait que j'avais maigri. Le clan des femmes s'activa pour me faire festin. Papa, pour la première fois, me parla politique. Notre première proximité. La mémé Marie, qui elle avait tout compris, interrompant son rosaire, me dit " elle est doit être jolie cette petite..." En lui montrant une photo de Marie je lui fis remarquer que maintenant j'avais deux Marie dans ma vie. Dans l'après-midi, le docteur Lory vint délivrer l'ordonnance de calmants pour le dos de la tante Valentine. C'était un type froid, avare de mots. Pourtant, ce jour-là, aimable, il me demandait " tu fais quoi de tes vacances ? " Ma réponse évasive me valait une proposition qui me laissait pantois " Mon cousin, Jean Neveu-Derotrie, brocanteur, cherche, disons un homme à tout faire, pour l'aider. Deux mois à l'Ile d'Yeu ça te dirais ? "

Simple rappel : le club Sans Interdit se mobilise pour organiser le pique-nique de la convivialité, rejoignez-nous pour réfléchir à cet évènement : lepiknik-demonik2007@hotmail.fr ou 06 80 17 78 25 c'est mon téléphone... Agissons ensemble pour mettre un peu de douceur dans ce monde de brutes... 

           

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