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4 mai 2018 5 04 /05 /mai /2018 06:00
Me voilà contraint à être aussi sobre qu'un chameau : pour 1 ancien pensionnaire du service de pneumologie de l’hôpital Cochin, privé de vin, je ne manque pas d’air…

Dans ma Vendée profonde refuser de prendre un petit verre, de trinquer, relevait de l’injure aux bonnes manières locales, d’une muflerie entre mâles, les femmes, elles ne buvaient pas, sauf du café bouillu, tout comme ne pas faire une rincette à la goutte dans sa tasse de café sucré était un marqueur de l’appartenance au monde viril.

 

Dans le patelin, où, comme le notait Catherine Bernard, le ratio  nombre d’habitants par café frôlait le record du monde, bizarrement, les hommes qui les fréquentaient en semaine, le dimanche après la messe étant l’exception tolérée, étaient pointé du doigt, classés comme des pochtrons et surtout des fainéants.

 

Chez moi on ne poussait pas les visiteurs à boire, c’étaient le plus souvent des clients de mon père qui venaient régler leur note, on se contentait du geste, le clan des femmes n’aurait pas toléré de la viande saoule au Bourg Pailler.

 

« Chez nous les hommes ne boivent pas… » disait mémé Marie, ce qui signifiait qu’ils ne se pochtronnaient pas, jamais je n’ai vu ni le pépé Louis, ni son fils Arsène, mon père, saouls, ça dû leur arriver mais ils devaient cuver leur vinasse avant d’avoir le droit de rentrer.

 

L’accès au verre de vin relevait du rite initiatique et, pour les garçons, les filles ne buvant pas, ce rite se déroulait lors du conseil de révision qui se déroulait à la mairie du chef-lieu de canton, en l’occurrence la Mothe-Achard, mon bled de naissance.

 

Le conseil de révision

 

 

« Avant d’effectuer leur service militaire, les jeunes sont sélectionnés lors du conseil de révision. Un rituel particulier et qui fait aujourd’hui sourire.

 

Jugez plutôt ! La scène se passe dans la mairie du chef-lieu de canton : pour les passerands à Saint-Gervais donc. Les jeunes de 18 ans sont convoqués pour être mesurés, pesés, observés dans le détail : dentition, vue, infirmités diverses, ceci devant un médecin militaire avec les gendarmes pour assesseurs. Mais le plus surprenant est que les garçons défilent en tenue d’Adam devant une très officielle commission composée des maires, du conseiller général, de l’adjudant de gendarmerie entre autres (ce sont des hommes évidemment). »

 

« Après examen du cas, si tout se passe normalement, la formule prononcée est « Bon pour le service ». Les recalés sont généralement un peu malheureux… Une époque révolue ! » (Traditions et évolution de Passy, p. 137)

 

« Dès la sortie, les jeunes, décorés de cocardes tricolores, de rubans, et coiffés de chapeaux se rendent dans un des bistrots du bourg où ils prennent souvent leur première « cuite ». Parfois même, certains font une « excursion » dans une ville voisine pour une séance d’amours tarifées. Les jeunes ne sont pas les seuls à passer le conseil de révision, les étrangers qui deviennent français par naturalisation sont soumis à pareil traitement jusqu’à l’âge de quarante ans. Toutefois, ils n’effectueront pas leur service militaire pour charge de famille. » (Traditions et évolution de Passy, p. 137)

 

Mon frère aîné, Alain, passa le conseil de révision dans cette tenue, pas moi, lui fit son service militaire en Algérie, sur un piton rocheux surveillant la ligne Morice électrifiée qui séparait la Tunisie de Bourguiba, favorable aux fellaghas, de l’Algérie française, moi je fis mon service national comme coopérant dans l’Algérie de Boumediene, à l’Université de Constantine, non loin de Guelma, la base arrière du régiment de mon frère.

 

Enfant, puis adolescent, en dehors de la piquette du pépé Louis colorant mon verre d’eau, le vin n’entrait pas dans ma ration alimentaire, et lorsque vint l’âge adulte, avec mes copains, au bistrot pas question de descendre une fillette, nous étions les enfants du non alcool, non par dégoût mais parce que pour nous cette consommation s’assimilait au monde des péquenots que nous ne voulions plus être.

 

J’ai donc accédé au vin quotidien sur le tard, à Nantes, étudiant, je me tapais des petits rouges avec des œufs durs au bar qui faisait face au journal La Résistance de l’Ouest, devenu Presse-Océan, ouvert toute la nuit, mais c’était juste pour me la péter rebelle que par goût personnel.

 

En Algérie, où il était officiellement proscrit par le régime, lors de nos fêtes entre expats, auxquels participaient des collègues algériens, nous carburions à la cuvée du Président, étrange duplicité des autorités qui toléraient cette dénomination d’un produit sacrilège. Là encore le vin n’était qu’un vecteur du lien social.

 

 

De retour, installé à Paris, dans le quartier de Buci, rue Mazarine très exactement, au-dessus de la librairie Gründ, dans un minuscule appartement à deux pas des Beaux-Arts, le budget était serré, le vin n’était pas une priorité. Pourtant, travaillant au Ministère de l’Agriculture, je m’aperçus que le monde du vin, celui des VCC, y occupait une place à part et un jour je me rendis chez le caviste de référence à Paris, Nicolas.

 

C’était au temps où cette maison était gérée à l’ancienne avec des cavistes qui faisaient le métier. Je m’initiai donc avec lui et je reparti avec ma première bouteille : un Saint-Georges d’Orques qui à l’époque était un brave VDQS.

 

 

« Dans la longue histoire viticole Languedocienne, Saint Georges d’Orques est incontestablement l’appellation dont la notoriété est la plus forte et la plus ancienne. Elle entra véritablement dans l’histoire en 1787 quand Thomas Jefferson, ambassadeur et futur président des Etats-Unis la remarqua et demanda à son ministre des Finances de réduire les droits de douane des vins de Saint-Georges car, expliqua-t-il, le développement de la consommation des vins de qualité est le meilleur moyen pour lutter contre l’alcoolisme. »

 

Jean-Pascal Antherrieu a vinifié son premier millésime en 1981, « en même temps que Mitterrand » mais c’était alors en tant que tout jeune directeur de la cave coopérative de Murviel, fraîchement diplômé en œnologie. L’inexorable mouvement de concentration des coopératives à l’aube du XIXe siècle l’a ramené, un quart de siècle plus tard, à la case départ à Montarnaud. Avec les 3 hectares de son père plus quelques vignes en fermage. « Ce que d’autres ont mis 30 ans à bâtir, j’ai dû le faire en 10 », dit-il sans forfanterie. Il gère aujourd’hui 34 hectares (la moitié en fermage) dont il vinifie un cinquième de le production, le reste étant confié à une coopérative. « Je ne vois pas l’intérêt de vinifier soi-même si c’est pour vendre en citerne ! ». Autrement dit, il vinifie ce qu’il vend en bouteilles, et inversement. Dont deux hectares d’AOP Saint-Georges-d’Orques à Murviel. « Je connais bien le terroir, la fraîcheur des vins, j’y crois, et c’est un joli nom ! ». Il a s’y faire une place. Avec l’appui d’un commercial, il vend toutes ses bouteilles sur le marché local, à Montpellier, sur le littoral. Il a aménagé récemment un moderne caveau de vente dans la maison de son grand-père. L’humilité n’enlève rien à la volonté de réussir.

 

Tout ça pour vous dire que j’ai accédé au vin, non par passion, mais pour des motivations sociales. Je ne suis pas un fou de vin, même si sur le tard, avec les vins nu, j’ai accédé au vrai plaisir du vin.

 

Bref, je ne vais pas vous raconter ma vie de buveur de vin, même je passe mon temps ici à le faire, mais me contenter de dire que la sobriété, à laquelle je suis soumis en ce moment,  ne me pèse pas. Je ne suis pas addict.

 

Pour terminer cette chronique je vous offre un florilège de citations sur la Sobriété :

 

« Elle lui lança Monsieur vous êtes ivre qui se voulait cinglant, à quoi il répliqua aussitôt d'un ton placide : et vous madame, vous êtes laide, mais moi au moins demain je serai sobre. »

 

« Donc, une femme sans besoins. C'est assez rare pour le signaler. Une sorte de père de Foucauld, aussi sobre qu'un chameau, silencieux qu'un serpent, impassible qu'un rhinocéros. » 1965. Le Tigre entre en piste

 

« Même s'il semble improbable de redevenir sobre comme un chameau en une seconde après avoir ingurgité un litre de tequila, c'est pourtant ce qui arriva à Harry Truman. »

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire - Jonas Jonasson

 

« J'ai toujours remarqué que les gens faux sont sobres, et la grande réserve de la table annonce assez souvent des mœurs feintes et des âmes doubles. »

Julie ou la Nouvelle Héloïse, Jean-Jacques Rousseau, éd. Barbier, 1845, partie I, lettre XXIII, p. 84 - Rousseau

 

« Je voudrais voir un homme sobre, modéré, chaste, équitable, prononcer qu'il n'y a point de Dieu : il parlerait du moins sans intérêt. Mais cet homme ne se trouve point. »

Les Caractères - La Bruyère

 

« Pétrarque, lord Byron, Hoffmann et Voltaire étaient les hommes de leur génie ; tandis que Rabelais, homme sobre, démentait les goinfreries de son style et les figures de son ouvrage. .. Il buvait de l'eau en ventant la purée septembrale, comme Brillat-Savarin mangeait fort peu tout en célébrant la bonne chère. »

La Peau de Chagrin (1831), Honoré de Balzac, éd. Librairie Générale Française, 1995, Préface à la première édition, p. 47-48 - Honoré de Balzac

 

« Prenez de l'amour ce qu'un homme sobre prend de vin ; ne devenez pas un ivrogne. Si votre maîtresse est sincère et fidèle, aimez-la pour cela : mais, si elle ne l'est pas, et qu'elle soit jeune et belle, aimez-la parce qu'elle est jeune et belle ; et, si elle est agréable et spirituelle, aimez-la encore ; et, si elle n'est rien de tout cela, mais qu'elle vous aime seulement, aimez-la encore. On n'est pas aimé tous les soirs. »

La Confession d'un enfant du siècle de Alfred de Musset - Alfred de Musset

 

Le secret de la sobriété des chameaux

 

« Des chercheurs israéliens ont découvert, dans le nez des chameaux, un mécanisme unique qui leur permet de survivre, dans les difficiles conditions du désert, grâce à une hydratation extrêmement réduite. Ce mécanisme, estime le professeur Amiran Shkolnik, de l'université de Tel-Aviv, pourrait être appliqué à la structure des conditionneurs d'air conçus pour les zones arides, dont le problème le plus difficile à surmonter jusqu'à présent était justement une trop grande déperdition d'humidité (...).

 

« Alors que la muqueuse tapissant les narines humaines couvre tout au plus dix centimètres carrés, les naseaux du chameau ont une muqueuse de mille centimètres carrés entièrement utilisée par le mécanisme de la respiration. Cette membrane agit à l'inverse de la membrane humaine, qui laisse s'exhaler l'air humidifié dans les poumons. Continuellement humide, elle hydrate l'air desséché du désert au moment où il est inhalé dans les poumons mais retient en revanche cette humidité lorsque l'air est exhalé. Cette sorte de valve de sécurité permet au chameau d'économiser 68 % d'une humidité qu'il perdrait si ses narines n'avaient pas été dotées par la nature d'un tel mécanisme.

 

« Les deux savants ont découvert en outre que, alors que l'air exhalé par les humains l'est à la température du corps, le chameau exhale un air de neuf degrés plus frais (29 degrés) que sa propre température. Il reste à présent aux ingénieurs à utiliser le mécanisme reconstruit après dissection par le professeur Schroter pour améliorer la climatisation dans le désert. »

 

Avouez que pour un ancien pensionnaire du service de pneumologie de l’hôpital Cochin privé de vin je ne manque pas d’air…

 

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2 mai 2018 3 02 /05 /mai /2018 06:00
Hollande François, le pompier pyromane du PS, c’est ainsi que les grands partis finissent dans une cabine téléphonique.

Je sais, les cabines téléphoniques, des ex-PTT, ont disparues du paysage de nos villes et villages, laissant la place à des marcheurs l’oreille collée sur leur smartphone. Je souris lorsque visionnant de vieux films les bons et les méchants sont obligés de faire halte dans une cabine pour informer  leurs complices pour les bandits, leurs collègues pour les keufs.

 

Le père Hollande, député de la Corrèze, président du Conseil Général de ce département longtemps fief de Jacques Chirac, a souvent été comparé au petit père Queuille, lui-même élu de la Corrèze.

 

« Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. »

Henri Queuille

 

« La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes, mais à faire taire ceux qui les posent. »

Henri Queuille

 

Membre modéré du parti radical, il entre au gouvernement d'Alexandre Millerand en juillet 1920 comme sous-secrétaire d'Etat à l'Agriculture. Reconnu par ses pairs, il multiplie les portefeuilles (Agriculture, Santé, Postes, Travaux publics, ravitaillement), étant ainsi nommé dix-neuf fois ministre de 1920 à 1940. Il est le principal initiateur de la politique agricole française de d'entre-deux guerres (création du génie rural, création et organisation de l'enseignement agricole, développement technique des campagnes, etc.) ; il préside notamment la Fédération nationale de la mutualité et de la coopération agricole.

 

Il procède à la nationalisation des chemins de fer et à la création de la SNCF, et dirige l'Office national des mutilés, combattants, victimes de guerre et pupilles de la nation (1937). En 1939 il publie : Le Drame agricole : un aspect de la crise économique.

 

Républicain convaincu, conciliant avec les socialistes, il devient un proche d'Edouard Herriot, mais refuse refus de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il est alors révoqué de ses fonctions de maire de Neuvic.

 

Fidèle d'Edouard Herriot, il officie au gouvernement de la IVe  République entre juillet 1948 et juin 1954. Etant par trois fois président du Conseil, il endigue l'agitation sociale, la montée du gaullisme et l'instabilité gouvernementale en menant une politique qualifiée d' "immobilisme", n'hésitant pas à, employer le force (en octobre-novembre 1948) et à retarder les élections ; une politique cependant qui permet à la République de se maintenir.

 

Battu aux élections législatives de 1958, Henri Queuille s'en retourne à une vie politique locale. Il transforme sa commune en station de loisirs, y crée un lycée agricole et un collège technique. Continuant son travail de mémoire entrepris dès 1944, il rassemble archives, documents, témoignages et objets sur la Seconde Guerre mondiale et la Résistance, constituant ainsi le principal fonds du musée qui porte son nom. »

 

Le Parti Radical parti dominant de la IIIe s’est éteint doucement sous la IVe, en dépit d’une personnalité forte, Pierre Mendès-France, avant d’être réduit à l’état de roue de secours pour la gauche de Mitterrand avec le  PRG du pharmacien de Villefranche-de-Rouergue, Robert Fabre, puis le veau sous la mère de la Dépêche du Midi, et, pire encore pour la droite avec un Parti radical dit valoisien, en dépit de l’essai de JSS de le revigorer, sortant des radars électoraux. Les deux se sont rabibochés : Après quarante-cinq ans de schisme, le Parti radical de gauche et le Parti radical valoisien se réunissent

 

Hollande n’a jamais été Ministre, il ne fut que le Premier Secrétaire d’un PS qui se croyait hégémonique, sûr de lui, dominateur, géant aux pieds d’argile, lesté de grands féodaux régionaux, grand érecteur de synthèses molles calfatant des courants, des écuries présidentielles, des gens qui  se détestent, se méprisent, grand bal  des faux-culs.

 

Je n’ai jamais été encarté dans ce parti mais mon estampille de rocardien agricole reconnu m’a permis de fréquenter la rue  de Solférino au sein de la Commission Agricole du Parti fief de l’intransigeant et sourcilleux Pierre Joxe avant 81, puis de Bernard Thareau que je connaissais bien pour avoir fait ma thèse de doctorat sur le cochon alors qu’il était président de la FNP, éleveur de porcs en Loire-Atlantique, puis de Georges Garot, dont le fils Guillaume sera un éphémère ministre délégué à l'Agroalimentaire dans le gouvernement Ayrault II. Il est actuellement député de la Mayenne.

 

Ce parti hétéroclite, refusant de se déclarer social-démocrate, jouait à merveille la partition : je suis pur et dur dans l’opposition, mou et conciliant lorsque je suis au pouvoir.

 

Les agriculteurs étant majoritairement conservateurs et séduits par le RPR de Chirac, la minorité gauchisante représentée par la Confédération Paysanne, cette partition se traduisait au 78 rue de Varenne par on ne déplaît pas à la FNSEA, on tient les confédérés pour des emmerdeurs ; de retour à Solférino le ton changeait on brossait dans le sens du poil nos camarades paysans.

 

Sous Hollande président, le sieur Le Foll, ancien direcab de Hollande à Solférino, appliqua la méthode avec plus ou moins de succès, et sitôt la déculottée le voilà qui repart comme le héraut de l’agroécologie. Vaut mieux en rire qu’en pleurer, ce brave Le Foll écume les médias pour nous persuader qu’il reste le dernier défenseur d’un quinquennat peu glorieux.

 

Tout n’est pas bon à jeter loin de là dans ce quinquennat, Hollande n’a pas été aidé ni par la mère Aubry et les frondeurs, ni par ce brave Ayrault, ni par le couple Hamon-Montebourg qui après avoir porté Valls à Matignon vireront sitôt casaque, ni par l’affaire Cahuzac, mais sa méthode, car s’en est une, mélange de flou et de manipulations des hommes fut un réel échec.

 

Dans ce PS bien installé matériellement, après la tentative avortée de rénovation de Rocard, sous les coups pourris de Mitterrand balançant Tapie dans ses pattes aux Européennes, la gestion pointilleuse de Lionel Jospin, premier Ministre de cohabitation de Chirac, se terminant par le coup de tonnerre de la présidentielle, je me demandais comment ce parti pourrait reprendre le pouvoir, et surtout pour y pratiquer quelle politique ?

 

Déjà, Mélanchon s’en était allé, d’abord pour faire ami-ami avec le PC, puis à son compte. Il avait compris que le porte-avions deviendrait le radeau de la méduse.

 

Les primaires du PS permirent à Hollande, fin manœuvrier d’accéder à la candidature et de faire basculer à gauche son programme, qui n’était que mollement social-démocrate, lors du discours du Bourget, œuvre du cireur de pompes de luxe Aquilino Morelle.

 

Ensuite c’est le Sarkozy de Patrick Buisson qui nous a légué un Hollande élu par défaut dans un état d’impréparation absolu.

 

Je ne vais pas revenir sur le déroulé du quinquennat mais sa chute, après l’acceptation de primaires par le sortant, la sortie de Hollande par jet de l’éponge, l’irruption de Macron sur le plateau présidentiel avec la complicité de Bayrou qui a enfin compris que la présidentielle se gagnait au centre, la déroute d’un Fillon calamiteux promis au fauteuil présidentiel, la fiasco de Hamon siphonné par Mélanchon, l’ivresse d’une possible victoire de celui-ci, l’atterrissage sur le ventre, telle une bouse de la fille Le Pen, répondit enfin à mon interrogation : combien de temps encore une telle ambiguïté pouvait-elle perdurer ?

 

La réponse vint cinglante, cruelle, presque mortelle, la maison Solférino coulait corps et bien et le PS allait rejoindre le Parti Radical au cimetière des éléphants.

 

Bien sûr, il n’est pas mort cliniquement, mais son hégémonie est derrière lui, l’union des gauches à la Mitterrand n’est pas pour demain matin, Mélanchon joue solo, le PC va lutter pour sa survie aux prochaines échéances électorales, Hamon fait du Hamon c’est-à-dire un discours séduisant sans perspectives concrètes d’alliance, ce qui reste du PS devra sauver les meubles municipaux, à Paris surtout, et les régionaux derniers bastions de sa puissance passée, ne parlons pas des Verts totalement à côté de la plaque.

 

Bref, lorsque j’entends en ce moment Hollande, qui arpente les plateaux, pour promouvoir son bouquin, je ne suis pas étonné de le voir réinvestir ses vieux habits de premier secrétaire du PS, c’est tout lui, rien que lui, boudiné dans ses costars, adepte des bons mots, faussement jovial, solitaire, étriqué, imprégné d’une haute idée de sa personne, empêtré dans une pratique politique éculée, amer, revanchard, un ex-président bien ordinaire, normal quoi, un peu minable, mélange étrange de syndic de la faillite de sa crèmerie et d’énarque tout rond, sans relief, sur lequel tout glisse.

 

Si j’écris ce que j’écris c’est que j’ai voté deux fois pour lui en espérant, sans trop y croire, qu’il saurait se hisser au niveau de la fonction. Ce qu’il  a fait avec justesse dans les heures sanglantes et difficiles pour ensuite retomber dans ses petits travers.

 

Je fus signataire du texte dit transcourants :

 

« C’est une histoire qui prend sa source en 1983. Ils sont cinq, rassemblés à Lorient, François Hollande, sorti de l’ENA trois ans auparavant, son camarade de promo Jean-Pierre Jouyet, Jean-Michel Gaillard (décédé en 2005), Jean-Yves Le Drian et Jean-Pierre Mignard, à ourdir ce que le dernier appela un «complot rénovateur».

 

La joyeuse bande, qui se fait connaître sous le nom de «transcourants», s’était fixé pour mission de «conjurer le spectre de la SFIO».

 

«Nous pressentions que le communisme agonisant et l’internationalisation accélérée des relations économiques changeraient la face du monde et ruineraient les concepts qui avaient dessiné la seconde moitié du XIXesiècle et la première moitié du XXe, se souvenait Mignard dans une tribune parue dans le Nouvel Observateur en 2007, nous explorions les chemins du réformisme, c’est-à-dire du compromis.»

 

Nous voulions éviter que la victoire de la gauche en mai 1981 ne s'achève dans un malentendu désastreux. Glacée par la brutalité du monde réel, harassée par des assauts aussi désespérés que ruineux lancés contre les citadelles financières, insaisissables car déjà mondialisées, la gauche s'enlisait. Chaque dévaluation confirmait la malédiction du marché aux yeux de ses détracteurs, et les chantres du repli national ou du choc frontal donnaient déjà de la voix. Il fallut Delors et Mauroy pour sauver la gauche, et la France, de la déroute. Rajoutons la sagesse de Mitterrand. Nous explorions les chemins du réformisme, c'est-à-dire du compromis. Rocard l'avait déjà prophétisé, mais, l'associant à sa personne, il le rendait suspect dans un parti voué à François Mitterrand, marqué de surcroît par le tropisme d'une longue compétition avec le PCF.

 

Notre objectif était simple: reforger nos convictions devant la débâcle idéologique d'un socialisme dirigiste, prémunir la gauche du cortège des petits arrangements qui suivent l'inhumation des idéologies défaites. Puisque l'anticapitalisme dogmatique se révélait impuissant à changer l'ordre des choses, il fallait se ressourcer auprès de la société en mouvement et conjurer ainsi le spectre de la SFIO.

 

Notre devise était peut-être simple, mais elle tenait à cela: comme Barrès pour la terre, nous affirmions «la société ne ment pas». Si l'on y rajoutait la méthode de «la démocratie jusqu'au bout», définition lumineuse du socialisme de Jaurès, nous étions, je crois, en avance.

 

Nous voulions amortir le choc de la mondialisation naissante, recoudre le tissu social déchiré entre les exclus et les secteurs d'élite. Dans «La gauche bouge», publié en 1985 sous le pseudonyme riche d'équivoques de Jean-François Trans, Jean-Michel Gaillard, que nous pleurerons en 2005, intitulait son chapitre «La puce et les Minguettes». Les Minguettes étaient le Clichy-sous-Bois de la France de 1985. Qu'il met parfois du temps, ce pays, à se réveiller quand personne ne lui ouvre les yeux! Quelle avarice de courage politique face à cette Marche des Beurs de 1983 dont le sens fut occulté avec application! La facture a été présentée en novembre 2005, avec les pénalités de retard en sus. Nous critiquions déjà la facilité de croire que la gauche pourrait l'emporter sans projet, par un simple effet de ressac.

 

Nous n'étions pas obsédés par l'impôt et nous prenions acte des nouveaux modes de vie. François Hollande suggérait avec une belle et juste audace d'appliquer aux héritiers choisis le même régime fiscal que celui des ayants droit protégés, bousculant ainsi la doxa fiscale et par-dessus le marché la doxa familiale.

 

Nous souhaitions un Parti socialiste européen élu au suffrage de ses millions d'adhérents et des listes transnationales au Parlement européen. Nous étions, au fond, fédéralistes pour que l'Europe participe efficacement à l'ordre du monde. Souviens-t ‘en, Jean-Pierre. Nous étions mêmes, en dernier ressort, pour les petits boulots. Ce n'est pas ce que nous avons fait de mieux, mais au moins n'élevions-nous pas de digues de pureté rhétorique contre la crue débordante du chômage. Nous débattions avec tout l'arc-en-ciel syndical comme avec les jeunes dirigeants d'entreprise. Nous ne confondions pas la rente ou la voracité de l'actionnariat et le risque d'entreprendre. Nous tentions de nous extraire de cette ambivalence des pensées ou des sentiments, cette conduite paradoxale, cette perte du contact avec le réel, bref, cette schizophrénie qui est la marque des derniers partis du socialisme industriel finissant.

 

Pour se protéger de la tentation, si facile, si alléchante, de tout jeter par-dessus bord quand la boussole s'affole, nous avions projeté d'immerger le parti dans la société, de le nourrir de ses organismes vivants, un parti aux frontières aisément franchissables. Mieux que la carte d'adhérent à 20 euros, nous avions lancé l'idée des primaires sous la plume de François Hollande. La référence au Parti démocrate américain ne nous faisait pas peur. Outre que nous y voyions l'occasion d'associer nos électeurs à la désignation du candidat, nous tenions que c'était le plus sûr des codes de bonne conduite pour la sélection des candidats. Prémonitoire... La démocratie participative, mais peu importe le nom, cette fulgurance de la campagne de Ségolène Royal, est redevable à tout cela, aux primaires américaines, aux forums de Porto Alegre, aux conclaves de la deuxième gauche, à nos universités d'été de Lorient. La germination d'une bonne idée est multiple. Nous esquissions, peut-être même sans le savoir, ce monde cosmopolite, décrit par Ulrich Beck, qui abolit les anciennes distinctions devenues invalides entre le dedans et le dehors, le national et l'international, nous et les autres.

 

Je n'oublie pas ces discussions toujours libres, sans souci de complaire, sur les communautés et le communautarisme, l'écologie et le nouveau modèle économique, les relations avec le centre déjà, ces traits d'union constants entre hier et aujourd'hui. Mais quand on relit les notes, le foisonnement des thèmes, au-delà de l'amitié vivace, le chagrin des visages disparus, l'amertume des séparations politiques, on découvre soudain que ce ne sont ni la lucidité ni la vision qui ont fait défaut pour reconfigurer en vingt ans le corps de références de la gauche. Tout était là. Mais la connaissance est un antidote bien inoffensif contre le poison lent du conformisme de la pensée et la lourdeur des positions installées. Ce sont le courage et la volonté qui ont fait défaut. C'est la modeste leçon que je livre à ceux qu'intéresse l'avenir du Parti socialiste, figure majeure de la démocratie française.

 

Signé Jean-Pierre Mignard qui a rallié Macron

 

Le Nouvel Observateur, n°2228, semaine du 19 juillet 2007

Mauvais joueur, Hollande dérape sur Emmanuel Macron
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30 avril 2018 1 30 /04 /avril /2018 06:00
Catherine Bernard, vigneronne de la Carbonnelle, fille de l’exode rural et de l’illusion qu’a été l’ascenseur social, livre avec pudeur, dans Une place sur la terre, une belle part d’elle-même.

Pour ceux qui me suivent depuis longtemps sur cet espace de liberté le nom de Catherine Bernard évoque ma vigneronne de la Carbonnelle dans l’Hérault. L’emploi du possessif de ma part n’est là que pour marquer les liens profonds d’amitié et de fidélité qui me lient à elle.

 

Son dernier opus, Une place sur la terre au Rouergue, m’est parvenu le jour où je suis rentré de l’hôpital Cochin. Je l’ai donc lu au lit.

 

Lors de son dernier passage à Paris, alors que nous déjeunions chez Giovanni Passerini, après une halte à la cave ICI MÊME qui vend ses vins, jour à marquer d’une pierre blanche puisque nous décidâmes après des années de vouvoiement de passer au tu. Catherine était ravie, dans le flux de la conversation elle me confia qu’elle avait mis sur le chantier un livre, à mon avis il était déjà écrit, où elle narrerait les raisons profondes qui la poussèrent, en 2004, à abandonner le journalisme pour cultiver des vignes.

 

J’ai lu son récit presque d’un trait et je dois vous confier que je n’ai qu’un seul mot à vous dire : LISEZ-le !

 

C’est Catherine, celle que je connais, celle que je croyais connaître sans avoir encore pénétré dans ses plis et replis intimes, à la fois pudique et sans détours, franche du collier, directe, sans concession à l’air du temps, une belle personne, sans freli-frela.

 

C’est un beau livre, un très beau livre, livre de cœur, de doutes, de franchise, d’humanité avec tout ce que ça signifie d’horreurs, de belles choses, de tristesse ou de joie du quotidien, de vies massacrées, de questionnements.

 

Ce récit, et c’est rare en notre temps où le règne tyrannique de l’instant domine, lamine, abruti, outre qu’il est bien écrit, touche au plus profond, cette part de nous-mêmes avouée ou inavouée.

 

Je vais dire un gros mot, le livre de Catherine fait réfléchir. 

 

Merci à elle.

 

Avec elle je partage les mêmes origines, nous sommes nés en des pays voisins, des bleds où  « depuis le début des années 60, c’est un seul mouvement, cadencé comme la respiration. On remembre, on mécanise, on automatise, on bancarise, on professionnalise. Un troupeau de quarante vaches laitières devient un petit troupeau. On ne travaille plus dix hectares de vignes, trente, davantage, toujours plus. On n’est plus paysan, on exerce le métier de cultivateur, de viticulteur, d’éleveur, bientôt d’agriculteur, jusqu’à celui d’exploitant agricole. »

 

« Un mot s’est glissé dans la langue, sans que l’on ait la conscience de son origine qui pourtant nous revient aujourd’hui comme une élastique dans la figure : bled.  Dans l’édition du Petit Robert de1978, avec laquelle je travaille, le bled, mot arabe, désigne dans son sens premier, « l’intérieur des terres, la campagne ». La définition se complète d’un deuxième sens, « familier et péjoratif », apparu en 1951, « lieu, village éloigné, isolé, offrant peu de ressources ». Il est illustré par cette phrase : « On s’ennuie dans ce bled ». Bled est peut-être le mot qui contient le mieux toutes les années de mon enfance et de mon adolescence pour désigner le peu et le tout. La société des adultes avait alors décrété que dans les bleds il n’y avait pas d’avenir. Puisqu’il en était ainsi, je serais journaliste, je vérifierais s’il n’y avait bin pas d’avenir dans les bleds, je comprendrais l’inexplicable, je regarderais ce qu’on ne veut pas voir, je traverserais le miroir des clichés, je témoignerais, je transmettrais. Seules la colère qui était mon carburant et l’ambition de mes parents nous avaient transmise à moi et à mes frères et sœurs m’ont d’une certaine manière tenue. Dans les années de mon enfance et de mon adolescence, on ne fuit pas une terre, on rejoint une ambition. »

 

Je suis plus âgé que Catherine et, sans aucun doute, bien plus gamin qu’elle au même âge, ma première ambition exprimée, alors que ma sainte mère me rêvait en prêtre, fut que je voulais être radioreporter sportif comme Georges Briquet sur lequel j’écrivais sur ce blog le 10 octobre 2005

 

« J'avais 7 ou 8 ans, et le dimanche après-midi j'écoutais sur Paris-Inter les retransmissions commentées par Georges Briquet. Bien des années plus tard je suis allé à la Maison de la Radio réécouter une galette du match : Nîmes-Reims. C'était le 17 novembre 1957. » lire ICI 

 

Il ne fut répondu que ce n’était pas un métier, sous-entendu que cette engeance ne faisait rien de ses mains. En écrivant ses lignes je remarque que, comme par la suite j’ai fait l’école d’agriculture de la Mothe-Achard, mon pays, pour en sortir bachelier, donc sans reconnaissance d’une qualification agricole, d’ailleurs fort ténue même si j’y ai taillé la vigne, Catherine elle attendra la quarantaine pour rejoindre les bancs d’une formation viticole.

 

Elle, au moins, elle a fait quelque chose de ses mains, ça aurait plu au pépé Louis.

 

Bref, même terreau entre elle et moi, même communauté, certes à chacun son destin mais, nous devions un jour nous rencontrer, j’en suis intimement persuadé.

 

Même souvenir, et comme nous sommes dans le milieu du vin où l’alcoolisme populaire n’était pas reconnu par ce qui était encore, en ce temps-là, un lobby efficace et puissant, celui du gros rouge : producteurs du Midi et grand négoce de place réunis, pensez-donc le négoce avait pignon sur rue place des Vosges à Paris et le syndicat des vignerons était le cauchemar des politiques, le passage du livre de Catherine que je vais citer, est ce que moi-même j’ai vécu dans ma Vendée, deuxième département alcoolisé de France après le Calvados.

 

« Six ans est l’âge où s’était fixés les premiers souvenirs de Cédric Bellec. Son père buvait. Sa mère aussi. On buvait beaucoup dans le village de mon enfance. La figure de style désignait ainsi qu’une série d’autres pudiques euphémismes l’ivrognerie de l’ouest et du nord de la France. La mère de mon père tenait l’un des vingt-deux bistrots du bourg où j’ai grandi à quoi s’ajoutaient ceux des hameaux, soit, en étant généreuse et en comptant les femmes et les enfants, quelque chose comme un lieu de perdition pour quatre-vingt habitants. (le ratio était le même à la Mothe-Achard) Le père de ma mère les fréquentait assidûment et n’y suçait pas que des glaçons. C’est dans les non-dits et les silences qu’il faut comprendre l’aliénation de la France à l’alcool avant d’entrer dans une sorte de longue cure de désintoxication collective ponctuée de rechutes. On devait à cette aliénation (ainsi qu’à la consanguinité) toute une population d’idiots, d’imbéciles heureux, de tarés, d’épileptiques, d’arriérés mentaux, de crétins. Il semble que même le bacille de Koch avait autant fait son lit de l’alcoolisme que de la pauvreté. Le village de mon enfance avait ses idiots. Ils étaient garçons ou filles de ferme, vivaient de petits travaux ou d’une forme de solidarité familiale. Ils ne s’imbibaient pas tous eux-mêmes, mais souvent il  leur arrivait des bricoles. Ils étaient trouvés au matin dans les fossés dormant du sommeil du juste, leur Mobylette couchée à côté d’eux. Dans mon regard, ce qui les distinguait du reste de la population tenait au fait que je les voyais comme s’ils étaient nés du paysage. Ils n’inspiraient ni compassion, ni rejet, ni dégoût, ni honte. Ils étaient tels l’église, la mairie, l’école, le cimetière et les cafés puisque c’est ainsi que par chez moi on nommait les bistrots. L’un d’eux prenait souvent le car qui ramassait les élèves par grappes et nous déposait au collège sis dans le chef-lieu de canton. Il  faisait toute la tournée des villages et des hameaux, simplement pour passer le temps, et l’on ne trouvait rien d’anormal ni à sa présence ni à cette forme d’occupation. Avec le recul des années et l’œuvre déformante de la mémoire, il me semble que les idiots, et peut-être est-ce pour cela que l’on a du mal à se défaire d’une image positive de l’ivrognerie, servaient de vigie rassurante du temps, un peu comme le pic Saint-Loup maintenant pour moi. Ils nous rappelaient notre humanité. »

 

 

Cédric, une enfance de chaos et de peur.

par Catherine BERNARD — 23 octobre 2003 à 01:30 ICI

 

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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 06:00
Les mauvaises langues à Bordeaux prétendaient que sous le prestige de mouton se planquait de la bibine, un bordeaux très courant : le mouton-cadet
Les mauvaises langues à Bordeaux prétendaient que sous le prestige de mouton se planquait de la bibine, un bordeaux très courant : le mouton-cadet

C’est Antonin, le barde post-moderne du vin nu, qui va être content, sa tête de turc favorite : le mouton-cadet, depuis sa création, est l’objet des railleries des seigneurs des Chartrons. Pensez-donc du vin de négoce, du Bordeaux ordinaire, érigé en second vin ou presque !

 

EN DATES

 

1930 Création de la marque Mouton Cadet

 

1932 Premières ventes sur Paris

 

1950 Début de son expansion à l'international

 

1988 Décès du baron Philippe de Rothschild. Sa fille, Philippine de Rothschild (photo), prend sa succession

 

Mouton Cadet ?

 

« C'est un peu l'histoire de la tarte Tatin. Un millésime raté dans le Médoc, celui de 1930. Si raté que le baron Philippe de Rothschild décide de ne pas commercialiser son prestigieux Mouton Rothschild, premier grand cru de Pauillac, cette année-là. Cependant, sans être un vin d'exception, il est tout à fait correct. Alors, en fin commerçant, le baron l'écoule sous un autre nom, Mouton Cadet. Pour une raison amusante : Philippe est le cadet de sa famille.

 

Dès la première cuvée, c'est un succès : les restaurateurs parisiens en redemandent tant et si bien que le baron achète, les années suivantes, du raisin à tout le vignoble bordelais. Cela après avoir peaufiné le « concept » : Mouton Cadet sera un bordeaux de qualité constante, sans effet millésime marqué. Las, la Seconde Guerre mondiale stoppe net l'essor de cette marque prometteuse. Les ventes ne repartiront qu'en 1947... Pour une expansion à l'international. D'abord au Royaume-Uni, puis aux États-Unis, en Allemagne, en Chine et au Japon, avec même un bureau à Tokyo. Mouton Cadet devient rapidement la première marque de bordeaux vendue dans le monde entier : 3 millions de cols en 1975, 12 millions en 2013. » 

                                                      

« En 1988, le baron Philippe de Rothschild décède. Sa fille, la baronne Philippine de Rothschild, avait, depuis quelques années, délaissé sa carrière d'actrice de théâtre pour reprendre les rênes de la société Baron Philippe de Rothschild SA et poursuivre l'oeuvre de son père.

 

Elle entreprend également d'élargir la gamme Mouton Cadet. Avec un blanc, un rosé (en 2004), toujours dans l'appellation bordeaux, mais aussi avec des vins de garde - des appellations médoc, graves, saint-émilion, sauternes - commercialisés sous la marque Mouton Cadet Réserve.

 

Avec ses équipes, Philippine de Rothschild initie, début 90, toute une démarche d'amélioration des approvisionnements. Ainsi, les œnologues conseillent une dizaine de viticulteurs exclusifs pour Mouton Cadet rouge, depuis la conduite de la vigne jusqu'à la détermination de la date de récolte. Un travail utile pour faire évoluer le style du nectar. Car, au début du XXIe siècle, les consommateurs délaissent peu à peu les vins trop boisés pour des vins « sur le fruit ». Ainsi, l'assemblage de la version rouge de ce cru est redéfini : plus de merlot (de 55 à 65%), moins de cabernet-sauvignon (de 30 à 20%), mais autant de cabernet franc (15%). Cela pour un vin moderne, facile à boire. Aussi bien par un Français que par un Américain ou un Japonais. »

 

Ce n’est pas moi qui l’écrit mais la revue LSA à sa manière inimitable.

 

Mais revenons à ce que le baron répondait en 1977 à Harris et Sédouy lorsqu’ils lui  posaient la question :

 

  • Revenons à cette histoire de marketing, donc de présentation, qui  est essentielle : on vous reproche d’en avoir abusé et de vendre, grâce à votre étiquette, du vin courant bien plus cher qu’en coopérative ?

 

  • Cela n’a pas beaucoup d’effets. On a vendu plus de 5 Millions de cols (on ne compte plus en bouteilles, parce qu’on ne compte pas les différences de taille entre bouteilles)

 

  • Dans une affaire comme la vôtre, quel est le pourcentage du vin de la marque par rapport à l’ensemble du vin que vous vendez ?

 

  • En ce moment, avec mes trois propriétés, nous faisons une moyenne  de 700 000 bouteilles, et nous en vendons 6 millions. C’est un rapport de 1 à 10. C’est peut-être un petit plus ou un petit moins selon les années. À mon avis, dans sept ans, si je suis encore en vie, ces 10% seront tombés à 6 ou 5, parce que la propriété va continuer son expansion.

 

  • C’est le passage au stade industriel qui permet de maintenir un grand cru ?

 

  • Absolument, et c’est le problème de Margaux. Ces Ginestet ont voulu m’imiter, mais ils n’ont ni le nom, ni la réputation, ni l’imagination, ni la qualité de l’étiquette. Vous comprenez, c’est un ensemble, ici. Ils se trouvent en faillite totale, avec des dettes colossales, de l’ordre de 5 milliards ! L’exemple est donné par Mouton-Rothschild ; je suis certain que si je n’avais que Mouton-Rothschild, aujourd’hui je le vendrais, à moins que j’aie assez d’argent pour continuer à en faire un objet de luxe, comme c’était le cas avant 1940. Car ce n’était qu’un objet de luxe pour ma famille, c’était l’œillet à la boutonnière… C’était avoir son vin à soi, une élégance, un petit prestige : un objet de luxe, comme un yacht, une chasse à courre, un hôtel particulier à Paris, une collection de tableaux. Si j’avais eu les moyens de continuer, je l’aurais peut-être gardé, mais s’il m’avait fallu vivre sur Mouton-Rothschild, j’aurais vendu !

 

  • Est-ce qu’un produit de luxe comme Mouton n’est pas antinomique avec la société de demain ?

 

  • Vous me demandez d’être prophète. Nul ne l’est, pas même s’il est juif !

 

Étonnant, non !

 

Mouton Cadet réveille le marché du bordeaux

 

MARIE-JOSÉE COUGARD                                        le 14/02 /2018

 

Mouton Cadet a augmenté son chiffre d'affaires de 10,6 % en 2017 sur un marché du bordeaux générique en déclin (-1 %).

 

ICI 

 

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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 06:00
Chronique d’un patient ordinaire de l’hôpital Cochin à l’attention de madame Buzyn.

Ce samedi post chute, bardé de tuyaux divers, surveillé par des petites machines qui affichent des chiffres, s’affolent, couinent, allongé sur mon grabat hospitalier, je suis réduit à n’être plus qu’un patient entre les mains expertes d’une petite armée de blouses blanches.

 

Malade : (celui, celle) qui subit ou va subir un examen médical ou une opération chirurgicale.

 

« L'opération faite, l'interne de service (...) jetant un coup d'oeil sur ce qui reste et sur ce qui a été retranché au patient, dit: «Quel est le morceau qu'il faut reporter au lit?» (Goncourt, Journal, 1882, p.180).

 

Je ne suis pas malade, je suis un accidenté si mon vieux corps réagit bien je me remettrai assez vite sur pied.

 

Avant d’aller plus avant quelques mots sur l’hôpital Cochin où je séjournais en une villégiature contrainte.

 

L’hôpital Cochin est un hôpital de l’AP-HP situé à Paris dans le 14ème arrondissement. Hôpital de proximité et de spécialités situé dans le 14e arrondissement de Paris, l’hôpital Cochin exerce des missions de soin, d’enseignement et de recherche. Il se compose de 3 sites : Cochin et Port-Royal dans le 14e et Tarnier dans le 6e.

 

Rattaché à l’Université Paris Descartes, l’hôpital Cochin est notamment doté d’un service d’accueil des urgences adultes, d’une maternité de type III (Port-Royal) et dispose de services de référence tant au plan régional que national structuré autour de 7 axes : cancérologie ; gériatrie ; maladies de système-maladies auto-immunes-diabète ; ophtalmologie ; ostéo-articulaire ; périnatalogie-périconceptologie et thorax.

 

Il accueille depuis juillet 2017 l’OphtalmoPôle de Paris, nouveau centre spécialisé de l’AP-HP dans les maladies et la chirurgie des yeux et les urgences ophtalmologiques.

 

Près de 5 000 professionnels y travaillent. Il constitue avec les hôpitaux Broca (Paris 14ème) et Hôtel-Dieu (Paris, 4ème) le groupe « Hôpitaux universitaires Paris Centre » de l’AP-HP.

 

HÔPITAL COCHIN

Pneumologie Chef de service : Pr Daniel DUSSER

 

Créé en 1780 par Jean-Denis Cochin (1726-1783), curé de la paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas, l’hospice Jacques était à l’origine destiné aux pauvres et aux ouvriers du quartier. Le curé Cochin avait alors fait construire un petit établissement d’une quarantaine de lits, grâce à sa fortune personnelle et à la charité de ses paroissiens. Il ne cessera de s’agrandir au cours du XIXe siècle. En 1784, après la fermeture du noviciat de Capucins, la partie de l'établissement située à l'angle de la rue des Capucins (devenue boulevard de Port-Royal) et de la rue du Faubourg-Saint-Jacques est utilisé comme hôpital pour les adultes atteints de maladies vénériennes sous le nom d'hôpital des Capucins puis d'hôpital du Midi en raison de sa situation dans le sud de Paris.

 

Les deux établissements fusionnent en 1902 avec leur voisin, l'hôpital Ricord, établissement pour vénériens créé en 1792, puis annexent successivement la maternité Port-Royal créée en 1795, la clinique Baudelocque créée en 1890 et l'hôpital Tarnier inauguré en 18811. Les bâtiments sont reconstruits entre 1908 et 1926 pour donner naissance à l’hôpital actuel, caractérisé par son modèle pavillonnaire en briques.

 

Depuis les années 1990, l'hôpital Cochin est associé à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul au sein du groupe hospitalier Cochin –

 

L’hôpital Cochin est classé 8e dans le classement du Point PNEUMOLOGIE

 

Les meilleurs hôpitaux

 

Classement sur 747 établissements pratiquant la pneumologie. CHU : centre hospitalier universitaire. CHR : centre hospitalier régional. CH : centre hospitalier. Consultation antitabac : existence () ou non () dune consultation antitabac sur place. Centre de référence pour la mucoviscidose : centres agréés pour la prise en charge de cette maladie () ou non (). Chirurgie du poumon : existence () ou non () dun service de chirurgie thoracique sur place. Activité : nombre d’hospitalisations réalisées dans l’année. Ambulatoire : nombre de malades pris en charge en ambulatoire.

 

Notoriété : pourcentage de malades hospitalisés dans l’établissement, mais domiciliés dans un autre département.

 

Sans faire une fixation sur mon prénom vous admettrez tout de même qu'il est fort présent, photo-titre et ce qui suit.

 

 «L’Appel de Cochin » est un texte publié  en décembre 1978 par Jacques Chirac, à l’époque ancien Premier et président du RPR.

 

Ce texte fut écrit par ses deux conseillers de l’époque, Pierre Juillet et Marie-France Garaud à droite.  S’inscrivant dans la perspective de la campagne du RPR pour les premières élections au suffrage universel du Parlement européen, qui eut lieu, en France, le 10 juin 1979, ce texte historique dénonçait notamment le « parti de l’étranger », c’est-à-dire l’UDF créé le 1er février 1978 à l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la République.

 

LIRE le texte plus bas

 

Revenons à ma chambrette du service des soins intensifs de pneumologie : j’y suis entouré, on me parle, on me réconforte, dans le coaltar où je suis ça me fait du bien.

 

Très vite je sens que mon épaule droite, puis mon visage, puis mes yeux  gonflent, on me rassure ce n’est que de l’air échappé de mon poumon. Je ne puis me contempler je me sens bibendum.

 

Ça se nomme œdème, n’ayant en ce lieu aucun souci esthétique je prends avec philosophie ce désagrément, je vois trouble.

 

Les deux jeunes infirmiers qui s’occupent de mon confort, je suis dépendant, plaisantent avec moi, la patiente d’à côté profère des injures, les appelle, « c’est vous qu’elle appelle, vous l’avez séduit. »

 

Je souris.

 

Plus beaucoup de souvenirs de ce premier jour, la cortisone me fait planer et la perfusion me nourrit.

 

Le dimanche après-midi je suis transféré à l’étage dans le service des soins continu. Le lit est un champ de labour mais on me promet un nouveau matelas antiescarres à air dynamique pour le lendemain.

 

Pendant que j’écris cette chronique sur face de bouc ma chronique du jour éveille la compassion de mes amis...

 

À suivre…

 

 

Que disait l’appel de Cochin ? :

 

« Le président de la République [Nota : Valéry Giscard d’Estaing] reconnaissait, à juste raison, dans une conférence de presse récente, qu’une Europe fédérale ne manquerait pas d’être dominée par les intérêts américains. C’est dire que les votes de majorité, au sein des institutions européennes, en paralysant la volonté de la France, ne serviront ni les intérêts français, bien entendu, ni les intérêts européens. En d’autres termes, les votes des 81 représentants français pèseront bien peu à l’encontre des 329 représentants de pays eux-mêmes excessivement sensibles aux influences d’outre-Atlantique.

 

 

[…]

Il est de fait que cette Communauté – en dehors d’une politique agricole commune, d’ailleurs menacée – tend à n’être, aujourd’hui, guère plus qu’une zone de libre-échange favorable peut-être aux intérêts étrangers les plus puissants, mais qui voue au démantèlement des pans entiers de notre industrie laissée sans protection contre des concurrences inégales, sauvages ou qui se gardent de nous accorder la réciprocité. On ne saurait demander aux Français de souscrire ainsi à leur asservissement économique, au marasme et au chômage.

 

 

[…]

La politique européenne du gouvernement ne peut, en aucun cas, dispenser la France d’une politique étrangère qui lui soit propre. L’Europe ne peut servir à camoufler l’effacement d’une France qui n’aurait plus, sur le plan mondial, ni autorité, ni idée, ni message, ni visage. Nous récusons une politique étrangère qui cesse de répondre à la vocation d’une grande puissance, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et investie de ce fait de responsabilités particulières dans l’ordre international.

[…]

Puisqu’il s’agit de la France, de son indépendance et de l’avenir, puis qu’il s’agit de l’Europe, de sa cohésion et de sa volonté, nous ne transigerons pas. Nous lutterons de toutes nos forces pour qu’après tant de sacrifices, tant d’épreuves et tant d’exemples, notre génération ne signe pas, dans l’ignorance, le déclin de la patrie.

[…]

Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort.

 

Mais comme toujours quand il s’agit de l’honneur de la France, partout des hommes vont se lever pour combattre les partisans du renoncement et les auxiliaires de la décadence. »

 

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25 avril 2018 3 25 /04 /avril /2018 06:00
Et plus dure sera la chute : chronique d’une très grosse gamelle

Ce blog « Vin&Cie », depuis sa création n’avait jamais connu la page blanche ou l’écran noir, chaque jour que Dieu, comme le pépé Louis entamant un nouveau sillon avec sa charrue Brabant tirée par ses grands bœufs blancs, une chronique matinale s’affichait sur la Toile.

 

Mais, y’a toujours un mais, soudain, sans préavis, alors qu’il avait retrouvé sa vélocité suite à son changement de cardan droit, il se retrouve allongé par terre, ce n’est pas la faute à Voltaire, ni dans le ruisseau, pauvre Rousseau.

 

Vendredi 20, vers 7 H 30 du soir il faisait beau, il faisait doux, sur mon vélo je partais tranquillement retrouver mon amie Émilie pour fêter son anniversaire chez ce bon et jovial Pietro Russano, lorsque presque tout en bas du boulevard Arago, je suis en roue libre, en un millième de seconde je suis projeté, mon cale-pied gauche avait heurté le bord d’un ralentisseur (ça je le constaterai après)

 

Choc violent, je hurle de douleur parce que mon flanc droit s’est empalé sur la poignée de mon guidon plat. Des passants se pressent autour de moi alors que je me relève, étrangement mon corps me semble indemne. Je rassure les passants, attache mon vélo, Émilie me rejoint et nous partons en Uber jusqu’aux Urgences de Cochin toutes proches.

 

Il est aux environs de  20 heures, Cochin est rue du Faubourg Saint-Jacques, mon foutu prénom me poursuit jusque dans mes déboires.

 

Guichet des Urgences : inscription, carte vitale, carte d’identité et mutuelle, mon flanc n’est plus que douleur lourde.

 

Attendre !

 

La première prise en charge est assez rapide, on me donne un antidouleur et j’attends.

 

On m’interroge sur les circonstances de l’accident, on me demande se situer ma douleur sur une échelle de 0 à 10.

 

Sans référence je me prononce pour 8.

 

Attente interminable d’une radio : 1 h 30, très dur, ça bouchonne car il n’y a qu’une opératrice.

 

Je passe enfin, la radiologue au vue des clichés me dit « je comprends que vous souffriez  vous ne vous êtes pas raté.

 

On m’envoie au scanner où je souffre le martyr pour m’enfourner dans le  tube de l’engin. Je suis au bord de l’évanouissement.

 

Attente assis, un docteur me prends en charge pour me donner le diagnostic : côtes cassées ou fêlées devant et derrière, poumon perforé, « on va vous drainer »

 

Départ sur une civière, direction les soins intensifs de pneumologie, nous roulons au dehors l’air frais me fait du bien.

 

Au service des soins intensifs je suis pris en charge par une équipe jeune, compétente, attentive à mon extrême douleur. On me bourre de morphine.

 

Lors de la pause du drain sous anesthésie locale j’ai la tête sous le champ opératoire vert mais une femme me tient la main, me parle, me rassure. Je lui réponds avec gratitude.

 

Il est 2 h 30 du matin, mon ange-gardien Émilie est à mes côtés mais très vite les docteurs constatent que le drain n’est pas au plus près de la zone touchée.

 

Rebelote !

 

L’équipe me gratifie du titre de courageux.

 

Je les remercie.

 

Mon principe : lorsque j’ai mal je le dis, sinon je me tais.

 

Voici donc la première étape, demain ce sera le second épisode, merci à Olivier et Alice de Moor, à Patrick Axelroud, Jacques Dupont, fidèles lecteurs matinaux de s’être très vite, en l’absence de chronique, inquiété de moi. 

Et plus dure sera la chute : chronique d’une très grosse gamelle
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12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 06:00
Le faux-nez, un grand classique du Carnaval de Paris (Le Petit Parisien, du 19 Février 1893).

Le faux-nez, un grand classique du Carnaval de Paris (Le Petit Parisien, du 19 Février 1893).

Une agence de com – dans un fichier un jour, dans un fichier toujours – a déposé dans ma boîte mail un petit baratin pour vanter les mérites de son client.

 

Je cite :

 

« Découvrez la quintessence du Papillon Blanc ! Hélas* vous propose une approche du vin résolument moderne. Hélas, l’autre en latin, incarne un autre style de vin. Sans sulfite, il se veut résolument moderne et différent. Du raisin et rien que du raisin, il célèbre le papillon blanc, dans sa plus pure expression. Bio, sans sulfite et vegan, une cuvée rafraîchissante, idéale pour fêter l’arrivée du printemps. »

 

En rouge ce que j’ai modifié : nom du cépage et de la cuvée.

 

Donc, vous vous en doutez, la tendance est, comme dans beaucoup de produits alimentaires transformés, au sans, c’est tendance, ici c’est résolument moderne.

 

Je laisse de côté l’adhésion au veganisme qui me laisse d’une froideur glaciaire pour vous confier que la tendance au sans me fait immédiatement penser si c’est mieux qu’avant pourquoi le faisiez-vous avant ?

 

Par facilité ?

 

Sans souci de notre santé ?

 

Sans respect de l'authenticité ?

 

Je ne sais !

 

Ce que je sais en revanche c’est que si vous affirmez « Du raisin et rien que du raisin » là vous flirter, sans l’avouer, avec le pur jus, essence même du vin nu.

 

Si tel est le cas, ne vous arrêtez pas en si bon chemin, dites-le nous.

 

Dites-nous tout !

 

C’est simple comme une information consommateur.

 

En revanche, si vous avez fait un peu de tambouille il ne faut pas vous faire plus beau que ne vous l’êtes et nous communiquer la liste des avec.

 

Ce coitus interruptus me gêne – et là où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir, dit-on – auriez-vous honte d’avouer certaines pratiques ? 

 

Je n’ose y croire…

 

Être résolument moderne c’est de ne pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes, car, comme le faisait justement remarquer Francis Blanche, on se brûle !

 

Bien sûr, je comprends, on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment, mais à trop vouloir singer la tendance au pur jus, au vin nu, qui énerve tant les œnologues et autres vendeurs de poudre de perlin-pinpin, ceux qui traquent les  défauts, afin de séduire une génération qui transgresse, casse les codes, font des bras d’honneur aux experts, on ne rallie pas les afficionados du vin nu qui ne sont pas dupes car ces jajas, dit modernes, peuplent les rayons de la GD, alors que les pur jus sont chez des cavistes bien estampillés ; pour les autres consommateurs, est-ce un argument pertinent, un attrait qui attire le chaland ?

 

J’en doute fortement !

 

Alors, quand va-t-on cesser ce petit jeu stupide qui consiste à se lover dans une tendance sans en adopter tous les codes ?

 

C’est vouloir le beurre et l’argent du beurre…

 

Être soi-même, sans artifice de communication, écrire et faire savoir : voilà ce que je fais sans cachotteries ça évite ou ça vous évitera un jour d’avoir à avouer, à écrire, sous la pression réglementaire, sur vos étiquettes le détail intime de votre cuisine.

 

Authenticité, respect du terroir, sont chantés en chœur par tous vos communicateurs, faites en sorte de ne pas être chopés par la patrouille lorsque vous prenez quelques libertés avec la vérité. Mentir par omission c’est mentir insistait mon confesseur lorsque je rechignais à avouer mes péchés de chair…

 

Alors sans sulfites ajoutés, mais alors pourquoi pas sans désacidification, sans chaptalisation, sans filtration… je ne sais : dites-nous tout ou alors ne venez pas nous draguer avec un faux nez !

 

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11 avril 2018 3 11 /04 /avril /2018 06:00
AU BON BEURRE Edouard Molinaro 2004

AU BON BEURRE Edouard Molinaro 2004

Dans le petit commerce d’autrefois, du côté des BOF, des bouchers, des charcutiers, des épiciers… madame Michu, monsieur ne s’abaissant pas à faire les courses, y venaient pour acheter mais aussi pour papoter avec le petit commerçant, s’enquérir de la fraîcheur de ses œufs, de son beurre, de chez qui il avait acheté le cochon dont il avait fait du boudin, de quelle bête venait le paleron pour mettre dans son pot-au-feu et pour le vin en litre étoilé elle s’en foutait car c’était monsieur Michu qui le lichait.

 

Bref, dans les villages, les gros bourgs, les petites, moyennes et grandes villes, il en était ainsi ce qui ne veut pas dire pour autant que ce qui était vendu par les petits commerçants était bon. Le système de la distribution de l’époque fonctionnait sur l’empilement d’intermédiaires qui collectaient, assumaient la fonction de gros, de demi-gros.

 

J’ai bien connu ce système avec les marchés du vendredi de la Mothe-Achard : marché au beurre, aux œufs, aux volailles, aux lapins… et, une fois par mois, la foire avec les bovins et les cochons, y’avait pas de moutons dans le coin. Toute une armée de maquignons en blouse noire, avec de gros portefeuilles plein de biftons, des petits et gros rapaces qui faisaient la pluie et le beau temps sur le marché. Au roulement de tambour du garde-champêtre soit ils fondaient sur la belle marchandise qu’ils avaient repérés, les prix flambaient, soit ils restaient entre eux à fumer, laissant les paysannes mariner pour mieux les contraindre à lâcher la marchandise en fin de marché à prix cassé.

 

Et puis le père Édouard de Landerneau est arrivé bientôt suivi par l’irruption des hypermarchés – gros pourvoyeurs de dessous-de-table pour les élus – plus de vendeurs avec qui papoter, pousser le caddie en toute liberté dans les allées, passer à la caisse avec les prix cassés, charger le coffre sur le parking, bourrer le congélo…

 

Libre-service mon amour !

 

Et ce fut l’hécatombe dans les villages, les gros bourgs, les petites, moyennes et grandes villes, partout sauf à Paris où le père Chichi ferma le périphérique à la GD (qui en ce moment revient par la petite porte du commerce de proximité). Il y eu des résistants, surtout dans les grandes villes, jouant la carte de la qualité, mais dans nos belles provinces la bagnole aidant les centres-ville devinrent des déserts pourris et les périphéries des horreurs architecturales.

 

Qui sont les responsables ?

 

En premier lieu, nous les consommateurs et, bien évidemment dans la foulée les élus locaux toujours friands de brosser leurs électeurs dans le sens du poil.

 

Le mal est fait, pousser des ébraiements ne sert strictement à rien, seul le choix individuel est pertinent si l’on veut favoriser le développement des produits de qualité.

 

M’objecter que c’est là une réflexion de nanti, de quelqu’un qui n’a pas des fins de mois difficiles, est recevable mais à la condition de faire l’inventaire des caddies populaires. Ce qu’ils contiennent n’est pas forcément à l’avantage de leur pouvoir d’achat.

 

À vouloir tout globaliser, à ne s’en tenir qu’à une vision étriqué du pouvoir du consommateur on se prive de répondre à la question initiale : comment bien choisir son boucher ?

 

Je laisse de côté les prétendus journalistes de la trempe d’un Périco Légasse qui ne prennent même pas la peine de travailler leur dossier se contentant de dérouler leur logorrhée recuite.

 

Pour madame et monsieur tout le monde mon conseil est simple : poser des questions à votre boucher, de quartier ou de GD, du genre achètent-ils des carcasses ou des muscles ? D’où vient sa viande, quel éleveur, quel abattoir, quel intermédiaire ?

 

S’il vous envoie balader, aller voir ailleurs…

 

Certains bouchers affichent la provenance de leurs bêtes, y’a des labels, des indications géographiques, il suffit  d’exercer sa curiosité, de cesser d’acheter à la va vite, conseil que je donne aux retraités, très addicts de la GD, vous avez du temps alors prenez-le au lieu de toujours râler même le samedi où vous encombrez les magasins.

 

Quand j’écris addict j’ai des preuves : lorsque je séjourne en Corse dans un petit village du littoral, un couple de retraités, au lieu de faire vivre le petit commerce du lieu, prend sa voiture pour faire deux fois 30 km pour aller pousser le caddie dans la GD d’Ajaccio.

 

Pour conclure, j’en ai ras la coupe de ceux qui traitent les consommateurs comme des assistés à qui il faudrait tenir la main pour qu’ils fassent fonctionner leurs neurones, choisir quoi.

 

À quand l’instauration de la Sécu alimentaire ?   

 

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 06:00
« Les diplômes sont faits pour les gens qui n’ont pas de talent » Pierre Desproges 1 diplôme universitaire pour les passionnés de vin

La citation de Desproges est extraite d’une Chronique de la haine ordinaire.

 

Pour sûr qu’en l’associant à l’annonce, avec tambours et trompettes, de la création d’un diplôme universitaire « Vers le terroir viticole par la dégustation géo-sensorielle » à l'université de Strasbourg « à la croisée de l'œnologie, de la géographie et des neurosciences » je vais faire croître ma collection « d’amis ».

 

En tout premier, l’inspirateur du « diploume »*,  mon vieux compagnon de route de Sève Jean-Michel Deiss, qui cultive, en complantation et en biodynamie, 27 hectares dans le Haut-Rhin, qui va me prendre plus encore pour que je suis un ignare profond, inguérissable.

 

Je ne le conteste pas je me range en la matière du côté de Desproges et de Francis Blanche :

 

* Est-ce que monsieur a des diploumes?

 

- Oui, monsieur est licencié GL.

 

- Licencié GL ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

 

- Ça veut dire qu'il travaillait aux Galeries Lafayette et qu'on l'a foutu à la porte.

 

L’exposé des motifs ne me pose aucun souci

 

« À la croisée de l'œnologie, de la géographie et des neurosciences, l'université de Strasbourg crée une formation consacrée à la connaissance et à la reconnaissance des liens unissant les vins à leur terroir. »

 

« Ce diplôme universitaire s'adresse aux viticulteurs comme aux négociants, œnologues, sommeliers ou « toute personne souhaitant approfondir sa connaissance du concept de terroir viticole ».

 

« L'expression du terroir », synonyme de rendements contraints et de démarche qualitative, est un moyen de se démarquer de la production de masse dans un contexte de libéralisation des droits de plantation et d'arrivée de nouveaux pays sur le marché. »

 

« L'histoire de la viticulture, c'est l'histoire de gens accrochés à leur coteaux, qui ne disent pas qu'ils font le meilleur vin du monde, ils revendiquent juste de faire le leur » signé Jean-Michel Deiss

 

La suite, le concret du contenu de la formation me laisse dubitatif, je ne vois pas l’intérêt de l’acquisition d’un diplôme universitaire sur un tel sujet.

 

Ce n’est que mon opinion et je la partage mais j’ai bien conscience de n’être qu’un vulgaire vermisseau face à l’élite : Aubert de Vilaine, Philippe Guigal, Pierre Lurton, Marie-Thérèse Chappaz, Henry Marionnet de Sologne, Jean-Robert Pitte…

 

Comme je n’ai pas le courage de porter à votre lecture ce contenu je vous renvoie vers 2 liens :

 

Vers le terroir viticole : un diplôme universitaire innovant ICI 

 

Un diplôme universitaire pour les passionnés de vin

REUTERS 29/03/2018 à 11:55

ICI

 

Détail d’intendance :

 

« La formation débutera en juin et durera un an pour un maximum de quinze étudiants qui auront payé chacun 4.950 euros, les diplômes universitaires devant s'autofinancer. »

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 06:00
Calice Domaine Jean Philippe Padié Vin de France - Rouge - 2016

Calice Domaine Jean Philippe Padié Vin de France - Rouge - 2016

Baroudant sur le terrain bordelais pour la campagne des primeurs – sa énième –, Jacques Dupont du Point ne semble pas, cette fois-ci, avoir interviewé le président Farges sur son tracteur, comme il le fit en une autre occasion, celui-ci lui répondant sous sa casquette de président de l'appellation bordeaux et bordeaux supérieur, rappelons qu’il est aussi, entre autres, président de la CNAOC, et la première question de Dupont est celle qui brûle toutes les lèvres de tous les parigos bobos adeptes du Bordeaux bashing :

 

« Quelle est votre réaction à l'émission Cash Impact diffusée en février dernier, qui faisait suite à Cash Investigation du 2 février 2016, sur le sujet des pesticides dans le vignoble français ? » ICI 

 

Extraits :

 

« Il y a deux ans, Cash Investigation avait d'une certaine façon rendu service en posant les vraies questions »

 

« Aujourd'hui, on aborde, entre professionnels, des sujets sur l'environnement, sur les changements de pratique, que l'on n'aurait jamais abordés il y a à peine quatre ans, jamais… »

 

« Ça va très vite, et en termes de coût, c'est supportable ! L'arrêt du glyphosate (herbicide) est validé et aucun viticulteur ne s'y oppose, même si c'est un changement brutal dans l'organisation du travail. C'est le prix à payer pour avoir une approche plus respectueuse de l'environnement. »

 

« On change nos pratiques, on travaille différemment, et on répond au refus sociétal de la chimie. »

 

Fort bien, après des années d’indifférence, de déni, de résistance, voilà le vignoble bordelais engagé sur la bonne voie.

 

Ne voyez aucune ironie dans mon constat mais permettez-moi de signaler qu’en 2001, dans mon rapport, j’énonçais ce que, d’après moi, devaient être les 4 objectifs du plan stratégique des Vins Français pour 2010 que j’appelais de mes vœux. C’était page 23 et le premier de ces objectifs était : devenir leader en matière de pratiques respectueuses de l’environnement.

 

Même si, au dire de certains, j’ai un ego surdimensionné, ce rappel n’a pas pour vocation à me décerner un brevet de visionnaire. En ce temps-là je n’étais pas conscient des risques des pesticides sur la santé humaine, mon approche était pragmatique : comment le pays qui brandissait son terroir comme l’oriflamme de sa supériorité sur les barbares du Nouveau Monde pouvait-il le massacrer en le bombardant de pesticides ?

 

Vie des sols, pollution de la nappe phréatique, biodiversité, j’estimais qu’il y avait là une distorsion entre le discours dominant et la réalité. Les journalistes anglo-saxons ne manquaient pas d’ironiser sur ce sujet et, lorsque Bernard Dauré, qui avait créé un domaine au Chili avec le patron de la Martiniquaise, m’avait annoncé lors de ma mission dans les PO sur les VDN, avec un large sourire : là-bas je suis Organic, ça m’avait mis la puce à l’oreille.

 

Rassurez-vous je ne fais aucune fixette sur le retard à l’allumage des grands chefs du vin, en l’occurrence ici Bernard Farges qui est tout à fait représentatif, je ne pratique pas le Bordeaux bashing au sens où on l’entend, cette chronique n’a pas d’autre objectif que de m’attarder sur le constat de Bernard Farges :

 

« Aujourd'hui, on aborde, entre professionnels, des sujets sur l'environnement, sur les changements de pratique, que l'on n'aurait jamais abordés il y a à peine quatre ans, jamais… »

 

Pourquoi ce refus de se colleter à une réalité, certes dérangeante, pourquoi adopter l’attitude de l’autruche, pourquoi une telle surdité, pourquoi les responsables ont-ils eu peur d’affronter leurs troupes ?

 

Ma réponse tient en peu de mots, les représentants des AOC maintenant devenus AOP-IGP ont abandonné le terrain qu’occupaient les pionniers, celui d’un arbitrage permanent entre la défense de l’intérêt général et celle des intérêts de leurs mandants, au profit d’une défense purement syndicale où l’on se garde bien d’affronter la base, de tenter de l’amener sur un terrain autre que celui du pur refus.

 

Facile à dire me rétorquerez-vous, je n’en disconviens pas mais je mets le doigt sur un mal bien français que les élus de toute obédience ont fait prospérer depuis des décennies, l’attentisme qui produit un immobilisme ravageur.

 

Sans jouer les anciens combattants si, avec Michel Rocard, alors Ministre de l’Agriculture, nous avions cédé aux craintes du château, François Mitterrand et son entourage, jamais au grand jamais nous aurions réglé, dans la douleur certes, l’épineux problème de la reconversion du vignoble méridional, par les accords dit de Dublin.

 

Le lamento des hiérarques socialistes était « ne touchez pas à notre bastion historique sinon ce sera le début de la fin… » L’Histoire a jugé différemment puisque le règne de Jacques Blanc pris fin au profit du grand Georges Frèche et que le Languedoc resta rose pâle. Bref, le début de la fin est aujourd’hui entamé mais les mannes de Rocard n’y sont pour rien.

 

Anticiper, accepter d’aborder les sujets qui fâchent, expérimenter des solutions alternatives, ne pas céder à la facilité, laisser la place aux débats avec les opinions minoritaires, ne pas les verrouiller au nom de combats horizontaux dictés par la FNSEA, écouter plus attentivement les attentes parfois contradictoire de l’opinion publique.

 

Tant que régnera l’entre-soi dans le monde du vin, cette incapacité à s’ouvrir à un monde, largement majoritaire, qui ne vit pas du matin au soir dans le monde merveilleux des amateurs, des dégustateurs, des commentateurs du divin nectar.

 

CNRTL : Jusqu'à la lie

 

Locution. Jusqu'au bout, complètement. Boire le calice, la coupe jusqu'à la lie.

 

« Enfin (...) ne goûtait-il pas jusqu'à la lie ce que Marguerite d'Angoulême a si bien nommé l'ennui commun à toute créature bien née ? »(France, Vie littér.,1890, p. 55).

 

« Beauté du dévouement et du sacrifice, menues peines et grandes joies de l'amour conjugal (...) les romancières d'Angleterre, de France, d'Amérique (...) ont exploité ces thèmes jusqu'à la lie » (Beauvoir, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 552)

 

« Vois-tu, mon ange, il y a dans un seul homme assez de substance pour nourrir toute une vie − et quelle vie peut se flatter d'en avoir consommé une autre jusqu'au bout, jusqu'au fond, jusqu'à la lie ? » Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1424.

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