Brel et son dernier repas : « En haut de ma colline/Voir le soir qui chemine/Lentement vers la plaine/Et là, debout encore/J´insulterai les bourgeois/Sans crainte et sans remords/Une dernière fois… »
La référence, incontestée et incontestable, au Grand Jacques denté, dont nul ne pouvait contester la sincérité, par Luc Charlier augure au mieux de la contribution de mes invités sur ou dans mon espace de liberté.
Merci à lui en espérant puisqu’il donne le bon exemple, une fois n’est pas coutume, vous le suivrez comme un seul homme car, comme chacun sait, la femme est l’avenir de l’homme.
« La juraphobie « Arbois-bashing » sévissante ne me plaît guère. C’est Brel qui chantait « ce vin si joli qu’on buvait en Arbois » et je lui donne raison.
J’ai eu l’occasion d’évoquer dans cet espace de liberté – on dirait « sur cet espace » dans le Roussillon – le goût de ma mère pour les voitures rapides (et ostentatoires) et sans doute celui de feu mon père pour les bouteilles un rien acides. Pagnol en avait parlé avant moi dans l’Auto de ma Mère et le Boire de mon Père. La famille conciliait les deux, à une époque où les autoroutes ne reliaient pas Bruxelles à la Savoie, en quittant le Brabant le vendredi en fin de matinée – présence hospitalière oblige, en un temps de faible densité médicale – et en roulant vite, fort vite (années ’60), sur l’axe Charleville-Mézières/Saint-Dizier/Lons-le-Saulnier pour arriver à Arbois, parfois Saint-Amour en Jura, en début de soirée, juste à temps pour le coq au Vin Jaune. Mon frère et moi râlions pendant 600 km, recroquevillés sur les deux petits tape-culs inconfortables à l’arrière du coupé. Mais, « Meninos não têm queixas » comme ne disaient pas mes parents pour qui le portugais était de l’hébreu, mais ils n’en pensaient pas moins.
Ces sévices eurent au moins un avantage : ils nous ont ouverts au «goût de jaune» et à celui, plus simple à assimiler, du vin de paille. Oh, je sais, les beaux esprits hiérarchiquement corrects de l’hexagone, Groin-groin et Oquatorze en tête, vous diront que ce ne sont que des succédanés – à Perpignan, M. Alliot dit « ersatz », lui – des liquoreux du Cérons et des « Xérès » (mauvaise orthographe en français dans le texte) mais j’ai un avis différent.
Mon Pochtron 1er, le pote à Evin, trône de manière hiératique entre un Château-Chalon 1991 (naissance de la Loute) au goût de jaune très affirmé – on aime ou on n’aime pas – et à l’acidité dominée, dans son joli clavelin de 62 cl, et un Vin de Paille 1998 (début de ma psychanalyse) extrêmement suave.
Voilà, Taulier, une réponse au pied levé à tes vœux de vie nonchalante et désœuvrée. Quant à moi, c’est le contenu de ces flacons qui m’a permis depuis deux jours de tenir tête – si je peux m’exprimer ainsi – à la gastro-entérite épidémique qui me condamne à une sédentarité passagère. »