Le porte-monnaie est une espèce en voie de disparition, le paiement sans contact est en train de tuer le cash. Fini la bigaille déjà mise à mal par les affreuses piécettes marronasses de l’euro, terminé les rouleaux de billets chers aux truands, maquereaux et autres noms d’oiseaux. Certains crient à l’instauration d’une société de surveillance où nous serons tous tracés, géolocalisés ; je me gondole grave ces idiots scotchés à leur smartphone le sont déjà.
Nos squales de la GD ont pourtant depuis des décennies inséré dans la tête des pousseurs de caddies le goût immodéré des petits prix fossoyeurs des producteurs. À quoi bon verser des larmes de crocodiles sur le triste sort des producteurs de lait réduits à fournir du minerai à Emmanuel Besnier.
Dans le petit monde du vin où l’on se gargarise au terroir, où l’on nous gonfle avec les équivalents Rafale, les tristes murailles de la GD sont peuplées de vins à petit prix. Les jajas de Pierre Castel, de Joseph Helfrich, du grand Gégé, sont les rois du rayon. Nous vivons dans l’illusion d’un petit peuple de vignerons, dit indépendants, vendant leurs petits flacons aux braves gaulois amateurs de la boisson nationale chère à Roland Barthes. Pourtant le litron 6 étoiles a disparu laissant la place à des flacons élégants qui se donnent l’illusion d’être des grands.
Mais, face aux Barbares, aux Attila des prix, se sont dressés les cavistes militants-résistants plutôt licheurs de ces putains de vins nu. Grâce à eux la Révolution vinaire allait revivifier nos campagnes rondupées, un avenir radieux se dessinait par eux.
Tel était le discours des grands défenseurs des vins nature.
Fort bien, mais voilà t’y pas que, pour se la jouer RVF ouvrière de la 25e heure des vins nu, ces nouveaux gourous nous gratifient d’un étrange discours tançant les vignerons qui ne suivent pas les chemins ordinaires de ne vendre pas trop cher.
Défense du consommateur me direz-vous, il faut que le glou reste accessible aux gens, au petit peuple des licheurs aux fins de mois difficiles. Discours hypocrite qui ramène la vigneron « vertueux » au rang de moine civil sacrifiant tout à leur satisfaction.
Désolé les mecs, vous êtes des petits cons !
Ce qui tombe dans le porte-monnaie du vigneron c’est le résultat d’une simple multiplication :
Prix de la cuvée départ cave x par le nombre de flacons
Le nombre de flacons de la cuvée étant fonction du rendement des vignes.
Il semble que ces Pharisiens aient oublié que les vignes naturistes ne pissent pas beaucoup de jus, les petits rendements sont inscrits dans l’ADN des vins nature, du moins les vrais.
Enfin, sans être des entrepreneurs forcenés, ces vignerons doivent, comme tous leurs collègues, compter sur des charges diverses et variées qui font maigrir puissamment leur porte-monnaie. Ce reliquat doit alimenter leur budget personnel et professionnel, et croyez-moi chers vendeurs de guides que, pour beaucoup, ça ne fait pas lerche.
Alors, merci de cesser de nous prendre la tête avec vos leçons de morale à deux balles !
Il suffit de surfer sur les réseaux sociaux pour constater que beaucoup d’entre vous n’êtes pas sur la paille.
Les petits prix, ou du moins ceux dont vous affirmez qu’ils sont raisonnables, sont les fossoyeurs de cette viticulture respectueuse de la nature et de votre palais.
Sans tomber dans les excès des GCC, il me semble normal qu’un vigneron, qu’une vigneronne, soit rémunéré de leurs efforts, qu’elle, qu’il, ajustent leurs prix à une notoriété difficilement gagnée, tout le reste n’est que mauvaise littérature pour révolutionnaires en peau de lapin.
Bonne journée à vous, je viens de me faire des amis sur Face de Bouc…