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16 juin 2006 5 16 /06 /juin /2006 10:27

De nos jours, prendre le temps d'aller à sa guise, de flaner, de rêver, de s'emplir de silence, de découvrir par soi-même, de s'imprégner de la mugnifiscence d'un lieu, de s'isoler pour se laisser gagner par l'émotion esthétique née du choc d'une oeuvre, se heurte à la muraille des bavards, à la cohorte des visiteurs groupés, accoumussés aurait dit ma grand-mère, troupeau badgé emmené par un guide leur délivrant le prêt à penser du nouveau consommateur culturel, qui est majoritairement un retraité qui tue le temps. On fait l'Alhambra, la Joconde, le Moma au pas de charge, quelques clics avec le numérique pour le moi devant un Carravage dont j'ai oublié le nom, et l'on achète en sortant un petit souvenir made in China  dans l'une des échoppes qui infeste les alentours des hauts lieux de l'histoire...

Certains vont me taxer d'élitisme, de mépris pour le petit peuple, j'assume ces critiques sans la plus petite parcelle de honte. Je dis tout haut ce que beaucoup pensent tout bas et j'en reviens à notre cher produit le vin. En ce moment, ça turbulle dans les têtes des zexpers de tout poils, de toutes tendances, classificateurs patentés, metteurs en catégories juridiques agréés, enfileurs de mots abscons, guides autoproclamés pour le peuple des buveurs ignares, ils ont l'âme de bâtisseurs, de refondateurs, de recycleurs de matériaux existants. Lequel d'entre-eux  plantera le premier le drapeau tricolore sur la nouvelle pyramide des vins érigée suite à la énième réunion de ceux qui savent ? Qui sera le nouveau Capus ? Tous rêvent que la postérité puisse accoler leur patronyme à un beau texte gravé dans le bronze.

Moi je l'avoue, à nouveau sans honte, j'ai une conception aristocratique de l'univers du vin. Je fais mienne la remarque d'un prince italien " Un palais dont on connaît toutes les pièces ne vaut pas d'être habité... " Et chers amis, dans un palais comme celui du Guépard, il y a certes des pièces d'apparat, mais aussi les communs, la cuisine, les mansardes, plein de coins et de recoins sombres, des terrasses, des balcons donnant sur les jardins... Alors de grâce, messieurs les ratiocineurs, lâchez-nous les baskets, cessez de vous croire importants, arrêtez de vouloir nous imposer vos dogmes incompréhensibles, contentez-vous de faire le ménage chez vous sans planquer la poussière sous les tapis ou exporter ce dont vous ne voulez plus dans la maison des domestiques. Tenez vos promesses ! Arrêtez de nous prendre pour des demeurés ! En clair faites votre boulot nous on se contentera de boire ce qu'on aime et c'est déjà pas si mal...  

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15 juin 2006 4 15 /06 /juin /2006 08:00

"Pourra-t-on encore parler d'agriculture et de paysannerie, a fortiori d'agriculture durable, s'il n'y a plus de paysans dans les campagnes, si la technologie a entièrement accaparé les techniques agricoles, si la ruralité n'est plus que le seul souci des citadins "encampagnés" et si la majorité de la production alimentaire, mis à part les greniers de végétaux, se fait directement en ville ? Nous sommes à l'orée de transformations radicales quant à la vision de la campagne comme seul et unique lieu de production alimentaire (...) Ce n'est nullement une utopie; on s'est déjà presque fait à l'idée que campagne, agriculture et agriculteurs se rejoignent dans le paysage jusqu'à s'y dissoudre, et l'on accepte dorénavant que tout soit géré pour et à partir du seul univers urbain. On a depuis longtemps pris l'habitude d'aller s'y ravitailler dès que l'on désire plus d'un oeuf ou d'un litre de lait; oui tout court vers la ville.

Partant de cette évidence, deux chercheurs reconnus de l'IRA néerlandais ont imaginé et réalisé les plans et la maquette d'un concept qui vient clore définitivement l'idée que nous pourrions encore nous faire d'une campagne cultivée à vocation nourricière - projet Deltapark de Jan de Wilt et Hensk Van Osten conçu pour Rotterdam - (...) Il faut imaginer un immense bâtiment d'un kilomètre de long sur quatre cents mètres de large, haut de six étages, qui viendrait remplacer les ceintures de maraîchers, les élevages divers, et court-circuiter les intermédiaires de tout poil ainsi que les circuits de livraison de longue distance, projet qui s'inscrit dans un plan hyper-rationnel d'approvisionnement de la ville. Ce bâtiment contiendrait une batterie de deux cent cinquante mille poules pondeuses, un million de poulets de chair, trois cent mille porcs et quelques dizaine de milliers de saumons élevés au sous-sol en piscine; ainsi que des caves à champignons et à endives. La préoccupation du bien-être des animaux serait évidemment prise en compte dans l'organisation même des poulaillers et porcheries : lumière, espace, vie en famille et promenades journalières sur des terrasses allant dans ce sens. Dans une gigantesque serre aménagée sur les toits pousseraient des laitues, des tomates et des poivrons. Dans les étages intermédiaires prendraient place les unités d'abattage, de fabrication, de conditionnement et de conservation pour les aliments préparés en barquettes et sous blisters afin d'être distribués "frais" dans les hypermarchés de la ville. L'énergie pour faire marcher ce complexe serait directement fournie par la fermentation des excréments d'animaux sous forme de biogaz en complément duquel s'ajouteraient des éoliennes installées à demeure. Les déjections serviraient aussi à faire du compost pour la production des légumes. Le lisier de porc retraité, riche en azote, en phosphate et en potassium, fournissant des fertilisants naturels ainsi qu'une grande partie de l'eau potable de l'exploitation. L'air chaud des porcheries et des poulaillers, ventilé dans les serres, servirait de chauffage d'appoint et fournirait aux plantes l'apport en gaz carbonique nécessaire pour accélérer leur croissance...

Chaque chose est ainsi calculée, utilisée, réutilisée, jusqu'à des élevages d'asticots, de grillons et autres insectes élevés en chambre dans les recoins chauds et humides du bâtiment comme protéines vivantes pour les poules et comme garantie pour la qualité "biologique" des oeufs destinés aux consommateurs voisins. On pourrait en rester au projet, mais ce matin, en ouvrant le journal, la réalité a rattrapé cette demi-fiction. J'ai eu comme une confirmation de ce futur déjà en route : dans le centre de Tokyo, dans ce qui fut autrefois une salle des coffres a commencé la culture hydroponique en sous-sol de tomates et des salades (Monde 13 janvier 2005). Si l'expérience est concluante, des rizières seront installées dès 2006 dans les entrailles du bulding..."

Extrait du livre Le village métamorphosé Révolution dans la France profonde Pascal Dibie Plon

 Désolé une erreur de clic met en ligne ma chronique du 15 juin écrite ce jour car demain Sans Interdit se réunit. Toutes mes excuses...

 

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14 juin 2006 3 14 /06 /juin /2006 09:39

Il était une fois dans notre beau pays deux maisons, une vaste et une belle, je n'ai pas écrit grande pour la première car la seconde se serait sentie offensée : la grandeur et le prestige étant son apanage. A Paris, l'une était sise place de la Madeleine, l'autre sur les Champs Elysées, chacune vivait sa vie en surveillant l'autre avec suspicion, le vin bouché ne pouvait bien évidemment se commettre avec celui de consommation courante. Mais comme les voies des buveurs sont impénétrables, que la France s'enrichissait, s'ouvrait, que nos voisins et nos cousins se mettaient à apprécier notre breuvage national sous le couvert de noms prestigieux, le déclin des gens d'en bas profitait aux gens d'en haut. Alors roule Mimille, plein pôt, la vieille maison est accueillante, elle engrange, découpe, délimite, déguste, l'heure est au blizkrieg et plus rien ne pourra arrêter la résistible ascension...

Tout allait bien dans le meilleur des mondes avant qu'un oiseau de mauvaise augure pointe le doigt sur le Nouveau Monde et dans un poulet drôlement ficelé ôse faire remarquer que dans l'auguste maison il faudrait balayer devant la porte, faire un peu de rangement pour que ces foutus nouveaux buveurs s'y retrouvent. Le problème c'est que la gente masculine, ultra-majoritaire dans toutes les maisons, n'a jamais ou si peu, fait le ménage, repassé sa chemise, la ranger et que c'est toujours aux autres de le faire : épouse, compagne, femme de ménage... Résultat : on veut bien faire le tri mais ce dont on ne veut pas on le dépose sur le palier d'en face et que ces braves gens qui ont ramé, trimé, obscurs et besogneux, se démerdent. Nous, ou une partie d'entre-nous, est dans la mouise, alors on veut garder le beurre, l'argent du beurre et la crémière en sus.

Pour sortir de ce petit jeu c'est tout simple : une seule maison, cohabitation au sens originel où plusieurs familles vivent sous le même toit, pas forcément ensemble, se parlent, se donnent des règles de vie commune, gère la co-propriété, font par le fait même des économies de structures : charges communes, font en sorte que le bien commun : la viticulture française soit en ordre de marche, s'enrichisse, se développe, ravale sa façade : une bonne image extérieure est un plus, améliore les parties communes, rendent les appartements à tous les étages agréables et accueillants. Bien sûr, comme dans toute communauté il y aura des frictions, des mauvais coucheurs, des envieux, des qui voudraient s'étendre, j'en passe... C'est l'intérêt du toit commun, de l'arbitrage obligé, de la recherche de solutions pragmatiques et viables. Ce ne sont pas les commissions théodules qui balaieront devant leurs portes, qui feront du tri sélectif mais, comme ils ont déjà commencé à le faire, nos consommateurs... Moi le premier car je ne bois pas des discours, aussi beaux et lyriques soient-ils, mais du vin qu'il soit d'en haut ou d'en bas...

 

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13 juin 2006 2 13 /06 /juin /2006 08:01

Tout le monde en parle de l'affaire R dans le Landerneau du vin : " elle va sortir et ça va faire du bruit édézéklaboussur préviennent les officionados du tuyau percé et des petites vacheries entre collègues..." alors que moi je n'en parlerai pas parce que le rapport B ne fait pas, malgré l'égo surdimensionné de son auteur, dans le style narration des Noces de Cana et autres joyeusetées pour vin à dénomination ajustable : il se dit que R a même vendu du Fitou blanc à ses chers clients. Alors me direz-vous pourquoi nous allécher par un titre raccoleur pour, en définitive, nous laisser sur notre faim ? La réponse est simple : parce qu'au hasard de mes pérégrinations chez un bouquiniste j'ai découvert un dossier du Canard de mars 1983 " Les Dessous de la Table " où le vin tenait malheureusement un rang assez conséquent.

La SICA prend ses clients pour des caves, un titre fleurant bon le polar des années 50 pour un article où je découvre " que sur les 1 200 000 hl produits par cet établissemnt, 850 000 portaient une fausse appellation. Les trois quarts des productions 1980 et 1981 étaient des faux vins de pays, des faux VDQS, des faux AOC etc... Seul le picrate était vrai. Et encore ! La technique éprouvée de la SICA et de quelques émules est simple : c'est la mesure industrielle. On fabrique à la demande du client, mais le produit de base est le même. Exemple : Goulet-Turpin veut du Minervois ; la SICA lui en fabrique illico en accolant l'appellation à un mélange d'une dizaine de vins : trois-quarts piquette, un quart vin d'appellation... et pas une goutte de Minervois... " Le reste est à l'avenant. C'était il y a 25 ans mais on dirait que certains pensent toujours que c'est dans les vieux pots qu'on fait le meilleur beurre ou plus exactement qu'on fait son beurre. Ne cherchez pas à me soudoyer pour en savoir plus sur une affaire dont je ne sais quelle a été l'issue.

Le reste du dossier du Canard sur le vin est savoureux, plein de petites bombinettes à retardement, avec pleins de photos de gens connus et, en prime, une histoire, comme les adorent ces bouffeurs de curés du Canard, où trois pères trappistes de la Société agricole de Notre-Dame des Neiges faisaient dans le négoce en vins de messe, vins mousseux, liqueurs pour dames et cordiaux divers. L'une des spécialités de ND des Neiges était un mousseux, la "Fleur des Neiges" et pour faire les bulles ces bons frères n'étant adeptes ni de la cuve close, ni de la méthode champenoise, y allaient de la bonbonne de gaz carbonique. Pour corser leur petit négoce ils assemblaient des vins venus de nulle part pour faire des Costières du Gard et chargeaient le vin de messe en ferrocyanure de potassium... La totale donc qui leur a valu en son temps, 1971, une petite condamnation du TGI de Privas... Les voies du seigneur sont impénétrables chers lecteurs...

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12 juin 2006 1 12 /06 /juin /2006 09:40

Quitter ses espadrilles mais garder sa chemisette, c'est le retour dans la ville, Paris sous le soleil, alors pédaler tranquille, passer outre, réfréner une forte envie d'en découdre avec les amnésiques professionnels, tous ceux qui se rachètent une conduite en laissant entendre à qui veux bien l'entendre mais à la condition de ne pas dire à l'intéressé - moi en l'ocurence -  " que ce Berthomeau sent le gaz, car c'est un ennemi de l'intérieur, la troisième colonne, celui par qui le malheur est arrivé... ". Personna non grata en certaines enceintes, infréquentable je suis, après tout pour réformer un système dévoyé sans doute vaut-il mieux le faire avec ceux qui l'ont perverti, des experts en quelque sorte. J'exagère me direz-vous. A peine, la semaine passée m'a encore apporté la preuve, si tant est que j'eusse besoin de cette nouvelle dérobade, que ce n'est pas la girouette qui tourne mais le vent. Alors reste le temps, la patience, le sourire, le temps d'en rire, et puis un jour vient, celui où l'on reçoit avec un mépris poli les lettres de créance de ceux qui, la veille, changeaient de trottoir pour mieux le faire sans doute.

Voyez-vous chers lecteurs, un soir j'ai traversé Paris blotti dans un brancard gonflable, le deux tons n'était pas ministériel mais ambulancier, je ne sentais plus mon coeur : il battait la chamade sans vouloir redescendre, Lariboisière, le service cardiologique pour un beau cas de Wolf Parkinson White en crise aigu : induction parasite sur mon palpitant, de naissance, un court-circuit sans disjoncteur, se retrouver en slip dans un lit d'hôpital, se retrouver  petit homme alors que l'on se croyait important dans son grand bureau de la rue de Varenne, se faire choyer par un personnel hospitalier disponible et attentif, et puis un jour passer 6 heures sur une table d'op dans un service de pointe, petit laser filant le long de la fémorale, au septième tir l'induction parasite fut foudroyée, trois jours après je faisais du vélo dans mon Paris. Alors, chers amis, sentir, presque toucher la mort ne donne aucun droit particulier mais vous octroie la bonne distance entre l'accessoire et l'essentiel, entre la vanité et l'affirmation de soi, pour faire simple : vivre !

Je vous souhaite une bonne semaine à tous... 

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9 juin 2006 5 09 /06 /juin /2006 08:00

Le vin était bon. Lucienne l'écoutait. Au dessert, les mots n'étaient plus nécessaires. Leur pacte scellé dans le marbre de l'amitié ils sentaient qu'ils venaient d'ouvrir un large portail sur de l'extraordinaire, et que même s'ils étaient un peu pompette, demain serait un beau jour. Léon dans son euphorie ne sentait pas dans son dos les regards lourds des gens honnêtes qui déjà fabulaient sur cette Lucienne qui s'affichait avec un jeunôt qui avait une tête de parigot. Faut avouer que la Lucienne n'en était pas à son coup d'essai dans le domaine du défrisage des ça ne se fait pas. Depuis que son père, pharmacien du village, s'en était allé dans le ciel des athées, et qu'à 18 ans elle avait décidé de reprendre les vignes familiales, elle s'ingéniait à ne rien faire comme tout le monde, non par esprit de contradiction, mais par indépendance d'esprit. Dans le désordre, et sans volonté d'exhaustivité, elle était restée fidèle adhérente à la cave coopérative pour la part du vignoble héritée de son père, et elle faisait son vin pour les vignes qu'elle avait acquis au fur et à mesure des années ; elle ne s'était jamais mariée ; elle avait deux enfants ; elle chantait à la chorale ;  pratiquait le roller ; parlait anglais ; voyageait beaucoup ; gagnait de l'argent ; aimait les fêtes et les toilettes ; restait loin des combines des multiples chefs de tribus.

Léon se levait de bonne heure. Le café était prêt. Il en but un grand bol, chaussa des pataugas et suivi du chien de la maison, et il partit dans les vignes. Lui l'habitué du macadam se sentit de suite écrasé par la splendeur du lieu. Le silence profond renforçait ce sentiment de n'être qu'un tout petit homme sans grand intérêt. Plus il progressait dans l'océan de ceps plus il trouvait son projet dérisoire mais quand il atteignit le sommet du côteau les paroles de Lucienne lui revenaient en mémoire et il reprenait courage. Le lendemain soir, lorsqu'il reposa le pied sur le quai de la gare de Lyon, toutes ces images, toutes ces effluves, il les transmit à sa Clairette qui était venu le réceptionner. Ils papotèrent pendant une longue tranche de la nuit. Les dés étaient jetés. Le petit Pochon, fils du gros Pochon, propulsé par ses rêves, boosté par son pacte avec Lucienne, heureux d'éblouir Clairette par sa témérité, s'engageait le coeur léger dans une résistible ascension, une geste inutile, une forme d'élégance morale, un esthétisme gratuit, pour le meilleur et le pire. Le pire pour l'heure étant pour le présent narrateur de savoir ce qu'il va bien pouvoir inventer pour vous passionner et vous tenir en haleine.

à suivre

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8 juin 2006 4 08 /06 /juin /2006 08:00

En ce jeudi 8 juin, jour de la finale de la Nouvelle Star, sur M6, j'avoue : j'ai regardé l'émission, pas depuis le début, mais ils devaient être encore dix à l'époque où j'ai commencé. Vous allez me dire : nous n'en avons rien à cirer de vos goûts télévisuels ou, certains d'entre vous vont ricaner, en se disant ce Berthomeau je l'ai toujours pensé n'est pas un type sérieux ... J'assume tout en bloc ! En effet, même si cette forme moderne de radio crochet a parfois des côtés qui m'énervent, le côté papa maman et la famille qui s'agitent derrière le rejeton ou la rejetonne, le vote par SMS qui fait la fortune des opérateurs et de la chaîne, c'est au demeurant une belle émission de divertissement en direct, sans prompteur, avec de vrais et bons musiciens, un jury compétent, sensible et intelligent, et surtout des gamins bourrés de talents. En effet, si je consacre cette chronique à la Nouvelle Star c'est que les deux finalistes de ce cru 2006 : Christophe et Dominique sont des jeunes gens simples, pas prétentieux pour deux sous, des talents à l'état pur.

Moi j'aime le talent, je m'incline toujours plus devant le talent que devant certaines réussites purement économiques et, si vous n'avez rien à faire ce soir à la veillée, branchez vous sur M6 après le journal et regardez et écoutez Christophe et Dominique chanter, sauf à ce que vous soyez des bonnets de nuit, ce dont je doute, vous passerez une bonne soirée de détente qui vous fera du bien. Voilà c'est écrit chers amis. Pour ceux d'entre vous qui s'y seront risqués j'accueillerais avec plaisir leurs commentaires même si ils me vouent aux gémonies pour les avoir précipité dans un univers de paillettes et de légèreté. Honnêtement ce n'est pas pire que la future coupe du Monde de football qui va déferler sur vos écrans avec le chauvinisme, des stars au prix du caviar et souvent des commentaires de café du commerce. Bon je m'arrête là et vous souhaite une bien bonne soirée sur M6...

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7 juin 2006 3 07 /06 /juin /2006 08:00

Comme je fais un petit tour en Provence cette semaine vous avez droit au petit Pochon qui n'est qu'une petite fiction pour vous distraire...

Ainsi notre Léon, un vendredi soir, s'embarquait dans un TGV qui faisait escale à Narbonne. Sur le quai la Clairette lui envoyait des baisers du bout de ses doigts fins. Entre eux deux ce qui s'était passé n'appartenait qu'à eux deux et en faire état dans cette saga apporterait au récit sans doute d'excitantes échappées belles, de voluptueuses volutes de légèreté, de celles qui vous effleurent sans laisser de trace, pur moment de pur plaisir, mais nous distrairait par trop de la narration palpitante de la résistible ascension du petit Pochon. Imaginez chers lecteurs, laissez vous aller à cette si agréable aventure de l'esprit. Tout au long de ce premier voyage le petit Pochon pensait que ce serait sans doute le premier et le dernier car il voyait mal comment Lucienne qui dans ses écrits laissait entrevoir le profil d'une femme raisonnable, même si l'audace de sa démarche initiale relevait du panache, pourrait accepter d'entrer dans la peau d'une héroïne de roman.

Au bar du tube d'acier filant à toute allure, tout en ingurgitant un plat réchauffé au micro-ondes, le petit Pochon ne pouvait empêcher son cerveau fertile de tisser un carré supplémentaire au grand patchwork de son histoire. Chaluter dans l'extraordinaire, surfer sur la crête d'évènements dont on est l'architecte, le metteur en scène et bien sûr l'acteur le ravissait. Perdu dans ses rêves éveillés il fut à deux doigts de rater l'arrêt et son débarquement prenait une tournure de largage sur le quai. Lucienne dominait la scène, souriante et élégante dans une robe d'organdi fleurie, avec un charmant bibi à voilette posé sur ses cheveux de jais. Léon gauchement s'avança vers elle. Sans façon elle déposait deux bises claquantes sur ses joues empourprées par sa gesticulation pour s'extraire en catastrophe du wagon et elle s'enquérait, avec un léger sourire, de la qualité de son voyage. Léon fut séduit par le velours du timbre de sa voix et par l'extrême élégance de ses escarpins, chics et de bon goût.

Lucienne, femme de décision, lui proposa, sitôt qu'il eut balbutié une série de phrases passe partout, de se rendre au restaurant pour qu'ils se restaurent. Bien sûr elle le formula bien mieux que cela mais le petit Pochon, tellement furieux de l'indigence de ses propos, l'entendit ainsi et se dit que vraiment il n'était pas à la hauteur ni des évènements, ni de ses ambitions littéraires. Par bonheur, Lucienne le mit à l'aise en lui parlant de la pluie et du beau temps, de tout et de rien, ce qui lui permit de retrouver ses esprits. Sitôt assis le garçon déposait sur la table deux verres de Picpoul de Pinet. Léon levait le sien et lançait " à nous ! " En écho elle lui répondait " à nous deux ! " Le cristal sonnait. Léon se détendait et, avant même d'ouvrir la carte, tout à trac, d'un seul jet, il vidait son sac. Dissert, il expliquait son projet. Lucienne l'écoutait avec un ravissement non dissumulé. La lumière des bougies jetait dans leurs yeux des paillettes et le fil se tissait imperceptiblement entre eux deux.

à suivre...   

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6 juin 2006 2 06 /06 /juin /2006 08:00

Au temps du cabinet de Michel Rocard, et ensuite de Cabaroc, nous nous retrouvions, près de St Evroult dans l'Orne, pour passer le week-end de la Pentecôte ensemble. Le prétexte, en dehors de la convialité, était notre participation au tournoi de foot-ball du coin en tant qu'équipe à l'appellation incontrôlée et à l'équipement improbable, sauf lorsque notre ancien patron devenu directeur de la CNCA nous dota du maillot de AJ Auxerre (le CA en était le sponsor). Nos adversaires qui jouaient eux en championnat tous les dimanches nous considéraient comme une attraction et nous assumions dignement notre statut modeste en nous adonnant à une tactique de pure défense. Dans la mesure où pendant les 4 ou 5 années de participation je n'ai pas le souvenir que nous eussions marqué le moindre but l'important pour nous était de ne pas en encaisser. Pour ma part, ancien joueur de basket, je possédais un bon sens du placement qui compensait mon absence de bagage technique et je faisais ainsi l'essuie-glace devant la défense avec un seul objectif : éloigner le ballon le plus loin possible de de la zône de péril. Une année nous avions sollicité un VO (policier des voyages officiels) pour garder notre cage. Tout pour la défense avec malheureusement l'allergie de certains de nos coéquipiers pour la pratique du hors-jeu : l'un d'eux aujourd'hui patron d'un grand groupe me faisant observer qu'il ne voyait pas l'intérêt de remonter le terrain alors qu'il lui faudrait sitôt redescendre. Logique imparable d'un polytechnicien. On mouillait le maillot pour l'honneur et nos groupies jouaient les pom pom girls sur la touche.


Le soir venu, fourbus, meurtris, avec la complicité du boucher local, nous nous adonnions au plaisir du barbecue. Pendant la cohabitation 86-88, nous nous retrouvions comme des poussins égaillés, parfois Michel Rocard venait nous rendre visite sur la touche, et moi étant à la SVF je me faisais prosélyte de notre produit en organisant pendant nos grillades une dégustation, pour un groupe choisi, de grandes bouteilles. Je demande humblement pardon aux grands prêtres du vin de cette incongruité : un grand cru sur une saucisse grillée est un péché mortel que j'ai commis sans remord. Ca c'était le must. Ensuite l'ambiance festive aidant venait le temps de l'eau chaude chère à notre boucher en particulier et aux normands en général. Par bolées conséquentes, tout le petit peuple des technocrates parisiens, s'envoyaient la dite eau chaude servie par le débiteur de bovins du haut de son mètre 80 et de son double quintal. Au milieu des pommiers, dans le crépitement des braises du feu, le Calvados se noyait dans l'eau et nous préparait à une bonne nuit de sommeil peuplée de rêves de montées offensives ponctuées de passes décisives ou d'une tête plantée au premier poteau à la suite d'un corner...


Et dire que Claude Evin était un rocardien du premier cercle...

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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 08:02

Jour férié ou pas, je ne sais pas, alors je fais comme si et je vous propose la suite de mon récit de pure fiction qui je le constate vous laisse sans voix si je puis m'exprimer ainsi...

La Claire Fougère, ravie, lui décochait un sourire force 7 appuyé d'un battement de cils aérien qui l'élevait au-dessus du commun. Alors, sur son petit nuage, le jeune Pochon, bercé par le propos convenu du chef de cabinet, se laissait aller à penser, non aux charmes exquis de sa nouvelle protégée, mais à la propension de son géniteurà prendre ses semblables pour de vulgaires pions que l'on place et déplace à sa guise, en fonction de ses intérêts, sur le vaste échiquier de l'influence ; du calcul rien que du calcul jamais une parcelle d'attention affectueuse. Dans sa petite tête enluminée par l'irruption de la belle Claire, il répertoriait l'art et la manière avec lesquels Gustave Pochon avait su décrocher trois cravates de commandeur donnant au revers de son veston des allures de maréchal de l'ex-empire des soviets, remettre une foultitude de décorations à une cotriade de récipiendaires béats, délivrer autant de discours, passer son temps à déjeuner et dîner en ville, être toujours du bon côté du manche, conseiller l'un, appuyer l'autre, ménager la chèvre et le chou, pour en définitive se tromper souvent et, tout compte fait, n'avoir jamais vraiment agi pour son compte laissant ainsi aux autres le soin de se mouiller.

Et c'est ainsi que dès le lendemain, en position de détaché, Léon Pochon gagnait le bureau qui lui était affecté pour initier la belle Fougère aux mystères de la dévolution des médailles et aux méandres du courrier adressé à monsieur le Ministre. Tout alla pour le mieux dans le meilleur des mondes car la petite était espiègle, vive et surtout affichait un désintérêt notoire pour la gloriole et le piston, fond de commmerce du bureau, ce qui laissait au jeune Pochon tout le loisir de décortiquer la mécanique des honneurs. Clairette - le petit Pochon l'appelait ainsi - scotchée à son Ipod, se contentait de pourvoir à l'intendance et de, au terme de la journée de labeur, le tirer au-dehors pour l'entraîner vers des lieux improbables où des groupes déjantés se la pétaient grave en dépotant des tonnes de décibels pimentées de dialectes zupiens ou britishiens ou les deux ensemble.

Pour autant, la petite, propre sur elle, ne jouait pas les zonardes, elle allait, disait-elle, respirer un autre air avant de s'engager dans une ONG alter quelquechose ou de se présenter au casting de la Nouvelle Star. Clairette n'était pas trop fixée sur son avenir et elle appréciait à sa juste valeur la prévenance et les attentions du petit Pochon. En after - fête après la fête - la tête posée sur son épaule elle lui disait de sa voix au timbre net " allez Léon, sois gentil, parle moi de Lucienne... des vignes... de la vraie vie... tu racontes si bien... fais moi plaisir mon Léon d'amour dis-moi encore une fois comment tu vas devenir un des grands chefs sioux du Sud... " Vous l'avez compris, le petit Pochon avait très vite vendu la mèche à la petite Fougère qui l'avait de suite vivement encouragé à transformer ses rêves en la réalité. Alors Léon, qui ne refusait rien à sa belle Fougère, se laissait aller à conter ses nouvelles aventures. Clairette, qui s'était mis au blanc limé, buvait ses paroles dans un doux ravissement.

à suivre 

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