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13 septembre 2006 3 13 /09 /septembre /2006 07:47

Le vin ça fait vendre du papier glacé : zavé jamais vu de spécial bières ou de spécial eaux minérales et pourtant nous sommes les champions du monde de la consommation d'eau en bouteille. Bref, ce matin je ne vais pas vous causer de l'eau du robinet mais des problèmes de robinet simples comme l'arithmétique de l'école primaire. Et pourtant, j'ai le sentiment que plus personne ne sait faire des additions et des multiplications, reste plus que la soustraction : l'osmose inverse qui met en transe les puristes :-)

Tout le monde glose sur la saga des petits robinets : ça donne des vignerons qui montent, des révoltés, des mutants, ça donne de belles photos d'hommes et de femmes qui font bien leur métier, ça donne des coups de coeur, des coups de foudre et que sais-je encore ? Qu'on me comprenne bien, je suis pas contre, je trouve même ça intéressant, mais au bout du compte je fais l'addition. Et là, chers vous tous et les autres, tous ces petits robinets dispensateurs de nectars ça fait de belles bouteilles mais pas beaucoup d'hectolitres. Le gros du peloton (je ne pense pas à Perrico) qu'est-ce qu'on en fait? Lui laisser croire, comme certains, pas tous cher Jacques, que cette démarche vigneronne proche des boulangers artisans qui font du bon pain, est la seule voie à emprunter pour s'adapter à la nouvelle donne, c'est vendre de l'illusion. D'ailleurs, sous l'image d'Epinal, moi qui suis dans le cambouis de la réalité, qui vois et entends, elle n'est pas toujours rose cette réalité, certains petits robinets ont bien du mal à trouver preneur car le marché n'est pas extensible.

Entre cette démarche, que je respecte et défends, et celle qui tend à assurer un débouché commercial durable au plus grand nombre, il n'y a pas un océan de vinasse ou de vin industriel formaté, une telle vision relève du fantasme. A ceux qui, à tout bout de champ ou de vigne, demandent le respect du travail vigneron, je dis qu'on doit exiger d'eux le même respect des gens de peu qui sont comme eux dans leurs vignes et y font bravement leur boulot. Il n'y a pas de sot métier, il n'y a que des sots. Notre problème central de vieux et grand - au sens de la taille de notre vignoble et de sa réputation - pays généraliste du vin est de savoir ou de vouloir gérer nos grands réservoirs de vin : encore un problème de robinets, des gros, et de vases communicants : les replis.

La solution, la seule à la hauteur des volumes, est entre les mains de ceux qui sont en capacité de concevoir et de vendre les vins issus des raisins produits sous le grandes ombrelles régionales. Piloter nos grands bassins par l'aval c'est réguler l'ensemble du système, c'est anticiper, enterrer les distillations de destruction, éviter que la mauvaise monnaie chasse la bonne. Bien plus que les belles réformes juridiques dont nous raffolons, nous les héritiers du droit romain écrit, la gestion des grands volumes est la clé du renouveau. La codification viendra par surcroît. Appliquons déjà les fondamentaux et cessons de seriner que notre système d'AOC est trop complexe, il l'est certes, mais il est surtout figé, calcifié, niveleur, protecteur de médiocrité, bavard et hypocrite. Par essence c'était un système de responsabilité où chacun était partie prenante de l'élaboration et du respect des règles communes. Qui s'en souvient ? L'AOC n'a pas besoin de chapelles, de Savonarolles ou ayatollahs autoproclamés, de bureaucrates enkystés, mais de respiration, d'invention, de liberté... De nos jours Dom Pérignon n'aurait plus droit de cité.

Ce qui me chagrine et me navre dans la situation actuelle c'est que, comme pour tout problème de robinets, la solution est d'une effarante simplicité. Mais qui sait encore compter ? C'est politiquement incorrect de compter, il est plus gratifiant de se conter des histoires entre soi, toujours les mêmes. Nous sommes un grand pays d'architectes mais en ce moment nous avons besoin de maçons...

 

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12 septembre 2006 2 12 /09 /septembre /2006 08:20

En faisant mon marché samedi, alors que j'achetais du Chasselas de Moissac et du Muscat de Hambourg en provenance du Ventoux, je repensais à un épisode granguignolesque survenu alors que j'officiais galerie Sully au temps où le chouchou des sondages était Ministre de l'Agriculture.


Je recevais une délégation lorsque le crépitement caractéristique sur le parquet de la galerie des talons hauts d'Arlette ma secrétaire me laissait à penser qu'une tuile nous tombait encore dessus. La rue de Varenne pendant la saison des fruits d'été c'est la caserne des pompiers. Sur le pas de la porte tout de go elle me dit "le sénateur Vidal est pris en otage.Je l'ai au téléphone" Un ange passe et je suis ma trottinante secrétaire jusqu'à son bureau.


A l'autre bout du fil, l'ami Marcel Vidal (décédé récemment), ne semble pas particulièrement angoissé. En quelques mots il m'informe de la situation : une délégation de producteurs de raisins de table conduite par Emmanuel Maffre Baugé occupe sa mairie de Clermont l'Hérault. "je te le passe" Pour les plus jeunes d'entre vous, Maffre Baugé, c'est une voix, le démagogue rural à l'état pur, il aime s'entendre causer. J'ai droit à la réthorique : la concurrence italienne nous fait crever, il faut fermer les frontières et indemniser le manque à gagner des producteurs. Je l'écoute : les couloirs au téléphone permettent d'essouffler son interlocuteur. Emmanuel avait du coffre mais à un moment il change de terrain : il évoque son compagnonnage avec le PC pour me mettre la honte au front, souligner mon insensibilité aux difficultés du peuple de la vigne. Là, sans ménagement, je le contre en lui faisant remarquer que je n'ai pas de leçons à recevoir d'un converti de fraîche date (l'Emmanuel se tenait dans sa jeunesse sur un flanc très droit de la droite). Je sens qu'il s'étrangle au bout du fil. Il tempête. J'ai joué à quitte ou double : il se fait plus conciliant.


Le marché est conclu : il "libère" Marcel Vidal et je m'engage à descendre à Clermont l'Hérault pour prendre conscience de la situation. Le surlendemain, après avoir déjeuné avec Gérard Saumade le président du CG, on me dépose devant la mairie de Clermont l'Hérault. La gendarmerie est discrète. Les RG sont confiants. Marcel Vidal m'accueille chaleureusement. Je rejoins la salle où se tiennent une petite vingtaine d'hommes d'âge mûr, chemises ouvertes, sandales et l'air de braves gens. Emmanuel Maffre Baugé me salue avec chaleur. Nous discutons deux bonnes heures. En fait nous tournons en rond mais l'important c'est que je sois là à écouter et pour Emmanuel que je sois descendu de Paris. En final nous allons visiter la coopé. Et là je comprends toute l'ampleur du désastre : ce n'est même pas du bricolage, c'est la quintescence de la non organisation, le sentiment que rien n'a bougé depuis des décennies. Je suis atterré.


Tout ça pour dire que le gros Italia bien lisse, sans saveur, qui devait tout balayer sur son passage, lorsqu'il se retrouve face à un produit de qualité, gustativement bon, bien présenté, même si tout n'est pas rose sur le marché du raisin de table, la concurrence joue, le consommateur peut choisir et accepter de payer la différence. Allez, manger du raisin c'est excellent pour la santé...   


Ceux d'entre vous non initiés qui voudraient savoir qui était JR lire le commentaire de son successeur en clicquant, colonne de gauche commentaires sur la chronique "cher JR "ça rassurera une lectrice qui me trouvait amer...

 

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 07:59

Buvons, buvons, buvons,

Le sirop Typhon, Typhon,

L'universelle panacée, eh ! eh !

A la cuillère

Ou bien dans un verre,

Rien ne pourra nous résister.

En 1968 le très dynamique Richard Anthony, l'homme qui entendait siffler les trains, délivrait sur les ondes des radios périphériques (Europe n°1, RTL, RMC émettaient depuis l'étranger) ce refrain de haute portée universelle (1). La suite que vous pouvez consulter sur le net est du même tonneau. Mais qui connait la véritable histoire du sirop Typhon ? Quelques initiés, comme moi, des bourlingueurs, des gus qui savent prendre des risques.

Le sirop Typhon - dont la formule était codifiée par décret écrit par le syndicat de défense du sirop Typhon et du sirop Typhon Supérieur - était élaboré dans un périmètre délimité par une multitude de producteurs individuels ou regroupés en coopératives. Après fabrication le sirop était agréé par des commissions de producteurs. Yavait pas beaucoup de déchet. Certains producteurs procédaient au flaconnage eux-mêmes mais la majorité du sirop Typhon était enflaconné par des enflaconneurs du cru ou d'ailleurs. Tout allait bien jusqu'au jour où tout se mit à aller mal.

On commença à dire qu'il y en avait trop et qu'y'en avait du pas bon et que certains déversaient leur trop plein de Jouvence de l'abbé Soury ou de sirop des Vosges Cazes dans le bassin de production du sirop Typhon et qu'il faudrait faire des marques et petit à petit monta une grande agitation. Les prix piquaient du nez et même qu'un blocus fut décrété. Les enflaconneurs du cru et surtout ceux d'ailleurs furent accusés de brader le sirop Typhon. Bref on cherchait des solutions pour sauver le sirop Typhon.

C'est alors que quelques uns lancèrent l'idée qu'il faudrait obligatoirement enflaconner le sirop Typhon dans sa zône de production. Certains murmurèrent qu'ils voyaient pas quel effet il y aurait sur la surproduction, d'autres sans le proclamer officiellement soulignaient que si y'en avait toujours du pas bon y voyaient pas ce que l'enflaconner dans la zône de production changerait quoique ce soit à la désaffection. Des courageux demandaient qu'on réforme l'agrément pour que le sirop Typhon soit toujours bon. Mais comme en France tout finit par des chansons téléchargeons le sirop Typhon sur nos portables et buvons, buvons, buvons...

(1) cette oeuvre impérissable est une adaptation d'une version originale The Scaffold, Lily the Pink, écrite par Gorman, Mc Gear, Mac Gough. On dit même que Mc Gear était James Mac Cartney frère de Paul qui avait changé de nom pour ne pas faire du tort à son illustre frère. 

Inscrivez-vous ou inscrivez vos amis, relations à la Newsletter (case  dans la colonne de droite de cette chronique) vous recevrez Vin&Cie l'espace de liberté directement... 

Pour les étourdis je signale que depuis samedi le petit Pochon est de retour pendant le week-end : deux épisodes vous attendent dans la colonne articles récents vous ne serez pas déçu du voyage car le petit Léon fait des folies de son corps...

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 00:02

Quand on se prénomme Sully, sans le vouloir on transporte avec soi des images de labourages et de pâturages, bucolique évocation d'une France jardinée si bien vue du ciel par Yann Arthus-Bertrand. Pour Sully Ledermann, démographe français, homme de comptes donc, la postérité n'a retenu que son patronyme accolé au concept dur, au sens se science dure, de loi ; ça fait sérieux, béton, même si en l'occurrence la "loi de Ledermann" n'en est pas une.

En 1956, Sully Ledermann, publiait un ouvrage en deux volumes intitulé "Alcool, alcoolisme,alcoolisation". Dans son chapitre V : " Mesures du degré d'alcoolisation alcoolique d'une population" l'auteur expose une hypothèse. Il entend démontrer que la consommation moyenne d'alcool d'une population en détermine la proportion de buveurs excessifs. Le problème qu'il a tenté de résoudre est le suivant : nous connaissons, pays par pays, la quantité d'alcool pur consommé par an et par habitant, ou plus exactement la quantité totale consommée divisée par le nombre d'habitants de tous âges. En revanche, nous connaissons mal la distribution.

Notre démographe formule donc une théorie entendant démontrer que la consommation moyenne d'alcool d'une population détermine le nombre de buveurs excessifs (la proportion de buveurs excessifs augmentant selon le carré de la consommation moyenne en suivant une distribution log gaussienne). Cinquante ans plus tard, cette hypothèse, baptisée loi de Ledermann, continue d'être martelée par les ayatollahs d'une politique de santé publique aussi verbalement autoritaire qu'inefficace pour fonder la lutte contre l'alcoolisme. On est entre scientifiques, des gens sérieux, pas des gens qui vivent d'un produit dangeureux, circulez y'a rien à voir même si Gauss doit se remuer dans sa tombe en les voyant utiliser sa théorie pour des distributions biologiques. Quant à l'autre Got, toujours prêt à se drapper dans l'éthique, nous lui serions reconnaissant de bien vouloir nous expliquer au tableau la pertinence de la théorie de Ledermann.

Alors, pourquoi diable me direz-vous, des gens d'apparence sensée, qui tous les jours se frottent à des malades, dont la mission est importante, peuvent-ils véhiculer de telles contrevérités ? La réponse est simple : parce que ça les arrange. Ils ne peuvent s'afficher prohibitionnistes, alors ils disent qu'il faut générer des abstinents pour que le nombre d'alcooliques chute automatiquement. C'est simple : s'il n'y avait plus de voiture sur les routes il n'y aurait plus d'accidents de la route. Alors que, on l'a constaté récemment, la lutte contre les comportements à risques a fait baisser le nombre de morts sur les routes. Oui mais ça c'est dur, difficile, il faut aller jusqu'aux causes et ne pas se contenter de préconiser une société d'interdit et d'irresponsabilité.

Avancer masqué est le pire comportement dans la sphère du bien public. Je cite le père de la lutte contre le tabagisme " c'est un des problèmes du discours actuel sur les addictions ; ce discours englobant s'est construit à partir d'une logique de santé publique : on y parle beaucoup du besoin d'éviter le passage à l'usage, de l'usage à l'abus et de l'abus à la dépendance..." La prohibition pointe son nez " dans une optique stricte de santé publique, les alcoologues ont l'habitude de se référer à la loi de Ledermann ; le meilleur moyen d'utiliser la loi de Ledermann est d'interdire la consommation..."

La dernière parution sur la consommation des jeunes est là pour rappeler à ces messieurs que la réalité ne se plie jamais à une fausse loi et que si l'on veut convaincre le corps social, l'aider à vivre dans un monde difficile, ce n'est pas avec de la pseudo-science mais avec des approches où les principaux acteurs se parlent, s'expliquent et agissent. Comme dirait l'autre on ne peut faire la paix qu'avec son ennemi alors messieurs, même si vous n'aimez pas la modération, venez vous asseoir au Conseil de la Modération, n'en déplaise à une " journaliste " du Monde vous y êtes majoritaire à la condition de ne pas y pratiquer la politique de la chaise vide.

 

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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 23:12

Ses autres femmes : la petite Fougère et la grande Lucienne, avisées par lui en mots choisis de ses embrasements, face au buisson ardent s'étaient retirées sur la pointe des pieds. Elles attendaient. Il leur reviendrait. De cette plante en pot entièrement refaite en 3D, belle et dangeureuse, avec ce visage immobile comme sculpté dans la cire, Clairette avait dit à Lucienne " chez elle tout est faux, son visage parfait elle l'a choisi sur un ordinateur avec son chirurgien, alors voilà, on va vous faire des pommettes hautes, comme ça, en silicone, on va raccourcir le nez et rajouter un peu de menton pour l'équilibre du profil, très bien les yeux, mais on peut opérer une très légère incision sur les tempes histoire de rehausser la ligne du sourcil, qu'en pensez-vous, quelques injections de Botox pour glacer l'ensemble, pour les dents vous verrez avec mon collègue..."

Léon les prenait souvent au téléphone et leur racontait des histoires qui les faisaient rire. Elles s'inquiétaient de sa santé. " Tu devrais sortir... Faire un peu d'exercice..." En leur répondant " qu'il était en apnée dans sa bulle " il pensait " de l'exercice j'en fais..." mais, toujours aussi délicat il se gardait de toute allusion à ses ébats. Au dehors les paparazzis guettaient les allers et venues de la belle Carlotta. Au milieu d'eux s'étaient glissés un détective privé payé par l'époux délaissé et un officier des RG mandaté par la rue des Saussaies pour surveiller les retombées de cette ébullition. Tous les ingrédients d'une bombe à retardement s'accumulaient. Le petit Pochon s'en foutait. Enfant il rêvait d'épouser une princesse, de vivre un conte de fées alors il se fichait pas mal des échotiers qui eux rêvaient d'étaler sa belle siliconée sur leur papier glacé. Pour être franc c'est lui qui avait vendu la mèche aux rédacs chef des torchons en question.

Des journées entières au lit, calé à une muraille d'oreillers, l'ordinateur portable wifi sur ses cuisses, Léon écrivait. A toute heure du jour et de la nuit le service d'étage lui portait des platées de gratin de nouilles qu'il mangeait avec ses doigts. Il carburait au Pontet-Canet. A cinq heures pétantes du matin il engouffrait son jus d'orange pressé, ses oeufs brouillés au bacon, sa tartine de pain beurrée couverte d'une fine tranche de Tomme corse, son bol de café bouillant sans sucre. Ensuite, il passait un long moment sur le trône en lisant la presse nationale et internationale du jour d'avant. Allégé et guilleret, fenêtre grande ouverte, nu comme un ver, il se tapait cent pompes puis se douchait. S'installait. Ecrivait. A neuf heures Carlotta s'annonçait. En peignoir éponge blanc il l'accueillait encore tiède de la couche matrimoniale, lui déposait un baiser sur son beau front et retournait dans le mitan du lit. Carlotta lui allumait une cigarette, la seule du jour, une Craven A. Dévêtue elle se posait en tailleur à son côté. Depuis plus d'une semaine Léon s'abstenait.

A suivre, au week-end prochain...

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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 19:50

Dans le Landerneau des présidents - périmètre étroit, aussi surpeuplé qu'une favela de Rio ou un métro aux heures de pointe, mais en plus douillet, pour preuve peu d'entre eux ne se bousculait pour quitter le cocon - le départ inopiné du petit Pochon souleva une houle de contentement, un énorme soupir de soulagement proportionnel à l'énormité de la trouille éprouvée par les chefs du troupeau. Bien sûr ils n'en laissèrent rien paraître même si certains d'entre eux, les prévoyants, ceux qui n'insultent jamais l'avenir, tout aussi fau-culs que les autres, se fendirent d'un communiqué où ils regrettaient qu'un élément aussi prometteur que Léon Pochon fasse défaut à la viticulture nationale au moment où celle-ci se trouvait confrontée à une crise d'une gravité exceptionnelle ; sous-entendu on ne quitte pas le navire en pleine tempête quand on est capitaine.

Les plus futés, les curieux et les anxieux, s'interrogeaient : quelle mouche avait donc piqué l'ambitieux ? S'ils avaient connu la réponse ils seraient tombé sur le cul. Le dard d'une mouche n'était pour rien dans la volitisation de Léon car c'était la flèche de Cupidon qui lui avait transpercé le coeur ; ça c'était la version eau de rose. La réalité, plus charnelle, se déclinait dans des rets lisses et incandescents : les interminables cuisses d'un ex-top model au tempérament de feu. Depuis leur rencontre au bar du Raphaël le petit Pochon passait ses nuits et ses jours dans une suite du George V, dormant le jour, ferraillant la nuit - si je puis me permettre de résumer ainsi son apostolat - la belle se révélait insatiable. Toute maigre, toute blanche, un blanc de lait fin et soyeux, c'était une haute tige androgyne au regard flou de myope qui gommait un peu la dureté de l'ensemble. L'addiction était totale, du type Chabalier avec la boutanche.

 

Elle était mariée, mariée à une figure de mode très Rive Gauche, mèche au front et débat d'idées en kit incorporé, beaucoup de mots mais les phéromones de la belle pousse réclamaient bien plus que ce dont le bien doté des neurones pouvait lui offrir. Léon, lui, répondait présent, inventif, libre, insoucieux des habituels clichés en vigueur dans ce genre de huis-clos, tel un virtuose sûr de son art il alternait partition et improvisation, figures libres et figures imposées. Carlotta la mante, celle dont les femmes bafouées disaient " qu'elle a couché avec la terre entière..." et que " si elle ne revoyait pas ses ex elle ne verrait personne..." semblait, pour une fois, en position de faiblesse, accro elle aussi. Une dominante dominée par un adepte de la non domination, c'était le monde à l'envers, tout ce que Léon adorait : prendre son monde à contre-pied.

A suivre, à demain...

note de bas de page : les entre guillemets sont des citations...

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8 septembre 2006 5 08 /09 /septembre /2006 08:02

Hier au soir chez Christie's la traditionnelle soirée du Point pour son Spécial Vins : le Ministre, je salue Jean Edouard son chauffeur, puis Philippe Séguin : je lui donne du monsieur le Premier Président, il se marre. Comme dab ya du beau monde, même l'ex juge Halphen. Une première station chez les vignerons de Châteauneuf du Pape, souvenirs de ma mission : il suffit de regarder leur bouteille pour savoir de quel " camp " ils sont. Les gars du Muscadet m'offrent un verre. Une bise à Patricia : le temps de l'Hotel de Lassay, une autre bise à Catherine Pégard, je soigne mes abonnées. Avec Michel Chapoutier, autre abonné qui se proclame berthomophile, nous parlons de René et des pesanteurs de notre petit monde. En partant je fourgue mon blog aux deux Claude, Imbert et Allégre. Merci Jacques pour ta fidèle attention.

Alors ce matin, comme ça, pour rien, pour changer de mes litanies sur le vin qui comme les litanies de la semaine sainte tombent dans le silence profond de l'indifférence, j'ai envie de vous parler de mon riz au lait que je confectionne avec du lait cru de vache jersiaise de Bernard Gaborit www.bernardgaborit.com un agriculteur bio du Maine-et-Loire.

 

Pour faire du bon riz au lait faut d'abord du bon lait et du bon lait c'est rare. J'en prends deux litres. Dans le faitout je mets pas tout, je garde un petit fond de lait froid. Pendant que le lait chauffe à feu doux je fends une gousse de vanille Bourbon, de la vraie, bien dodu et luisante, stockée dans un tube de verre. Je gratte la fente et disperse le coeur vanillé. Sur ma balance de ménage je pèse du riz blanc rond. Quand le lait frémit j'y jette le riz. Je brasse avec une cuillère en bois. Attention à ne jamais racler le fond du faitout. Faut du temps, le temps de penser : une cuisine est un bon lieu pour agiter ses idées. Bon ça prend de la consistance alors je saupoudre du sucre roux, comme ça, au pif. Sur la fin je fais buller le riz pendant 1 à deux minutes puis je coupe le feu et je jette le reste de lait froid. Opération capitale pour l'onctuosité. Je verse mon riz dans un moule. Frigo et plus tard démoulage. A feu doux je fais fondre du chocolat de ménage. Je nappe. Refrigo et puis bon appétit.

 

Ya pas à dire c'est meilleur que du riz Nestlé en petit pot, et moins cher, le marketing ça coûte du pognon, ça pas beaucoup de goût, mais qui a encore le temps de passer du temps devant ses fourneaux...Moi car j'ai toujours pris le temps même quand j'en avais pas. Bon ceci dit, en dehors du riz au lait cru de vache jersiaise je vous ai concocté une petite surprise pour le week-end. Pour les plus courageux, ceux qui prendront du temps pour aller sur mon blog, ils trouveront un revenant. Pour les abonnés yaura pas de message comme dans la semaine. Bon on verra bien si ce rebondissement à du succès. Bon riz au lait cru de vache Jersiaise (pour les ignares en vache ce sont ces Jersiaises des "usines" à crème) Allez bon wek !

 

Note de bas de page : le riz rond est de Camargue mais la cuillère n'est pas en bois d'olivier car mes amis de South of France ne n'ont jamais fait de cadeau... 

Pensez à aller sur le blog samedi et dimanche pour être surpris ! Faites de la pub pour le blog si vous l'aimez !

 

  

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7 septembre 2006 4 07 /09 /septembre /2006 07:11

                   GERARD DEPARDIEU

                          VITICULTEUR

C'est écrit tout en bas d'une pochette 22x16, très classe, sous neuf portraits originaux, non signés, de bonne facture, de notre Gégé national.

Vite je pioche dans le Robert à viticulteur : " personne qui cultive la vigne pour la production du vin "

Alors j'imagine d'abord Gérard en bourgeron au cul de son cheval tenant les manchons de la décavaillonneuse dans ses vignes d'Aniane où il s'est substitué aux envahisseurs US chassé par l'intraitable Aimé Guibert ; et puis, un autre jour, en salopette bleue le cul sur son tracteur enjambeur en pleine lutte raisonnée dans le Blayais ; enfin en canadienne dans le froid piquant d'un petit matin d'hiver jetant dans un brasero les sarments tout juste taillés. Te fâche pas Gérard, je te chambre un peu, mais faut pas te faire de mourron t'es pas une exception beaucoup de viticulteurs présidents sont dans ton cas, ils sont plus souvent le cul dans le fauteuil de leur bureau que sur le siège de leur tracteur. Toi tu fais l'acteur, eux je sais pas toujours ce qu'ils font, peut-être aussi du cinéma.

Et puis je sors de mon rêve éveillé et j'ouvre la pochette, feuillette une à une les fiches et que lis-je sur les étiquettes présentées :

- Gérard Depardieu propriétaire à Fours Côtes de Blaye 2 ha, à Mendoza Argentine 1,5 ha,

- Gérard Depardieu acteur propriétaire de vignobles Lussac Saint-Emilion 1,3 ha, à Aniane Coteaux du Languedoc 3 ha, Toro Espagne 4,2 ha, Priorat Espagne 5 ha,

- Ma Vigne en Haut-Médoc 2 ha,

- Ma Terre en Pays d'OC 3ha,

Mon Vin du Maroc à Guerouane 4 ha,

- Gérard Depardieu Douro 2 ha.

Ben dit donc pfut ! plus de viticulteur. Ce sont les amateurs de vins de propriétaires qui vont être contents même si les vins de notre viticulteur mondialisé sont sans nul doute des vins de salariés vendus par un négociant renommé Bernard Magrez. Pour ce qui est des prix, sacré non de diou de bon diou, je les garde pour moi car, tant que je n'ai pas goûté Confiance, Ma Vérité, Référence, mi Diferencia, le Bien Décidé, Lumière, Sine Nomine, Spiritus Sancti tous ces nectars de notre acteur propriétaire de vignobles, je ne peux que garder un silence respectueux face à leur poids en euros.

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6 septembre 2006 3 06 /09 /septembre /2006 08:13

 

Mes petites histoires de godasses ont mis de l'animation sur le blog.

 

C'était le but. Tout est parti comme souvent de pas grand chose. Début août je rentre de vacances. Remettre des grolles normales après trois semaines de tongs me pèse. Alors passant à vélo dans le quartier des Halles - l'ex ventre de Paris, le trou bouché des Halles devenu un haut lieu de la consommation des banlieusards drainés par le RER - je tombe en arrêt devant une vitrine de pompes de sport. J'entre, montre du doigt la paire qui me plaît. Je dis je peux les essayer. Des bateaux, légères, aérées, à l'opposé des écrases m... rutilantes des marques leaders.

 

J'achète.

 

Avant de remettre mes nouvelles pompes dans leur boîte je soulève la languette. J'ironise pour cacher ma mauvaise conscience : « alors elles sont fabriquées au Brésil ? »  

 

Le grand type qui tient boutique me toise : « ce sont des Veja »   Moi penaud j'ouvre des yeux ronds et me tient coi. Face à mon ignorance crasse le vendeur de pompes très militant me sert tout sur les Veja : « veja en brésilien veut dire regarde : caoutchouc, coton naturels, commerce équitable... » Je suis tout ouïe, remercie et repart. En entrant dans cette boutique je me contentais d'acheter des pompes alors qu’en ressortant je transportais dans un carton un autre monde. 


Fin du premier épisode.

 

Le samedi suivant rue de Rennes j'entre dans un temple de la « Chooz de djeune » pour acheter des semelles. Une charmante jeune femme brune s'approche de moi tout sourire, normal pour quelqu'un en charge de la vente me dis-je. Cependant dans son regard je devine une pointe d'intérêt. Le papy se dit que son charme joue encore. Elle me dit d'une voix pleine de connivence «  vous avez des Veja ».

 

J'opine. Et là, au milieu des Nike et consorts, nous entamons une conversation sur les Veja. La brunette d'origine espagnole est intarissable. J'apprends même qu'on peut les trouver porte de Clignancourt : les puces de St Ouen pour les provinciaux. Bref, avec cette jeune femme de 25 ans, pas une bobo, ni une branchée, non une vendeuse au salaire aussi mince que sa taille nous avions un monde en commun.


Dans ma tête le lien se fait. Le souvenir de ce je racontais à mes compères du groupe stratégique quand nous planchions sur Cap 2010 et que les gens de CCA nous avaient déterminés les socio-types des français face au vin : « si nous souhaitons intéresser certaines catégories de jeunes adultes à notre produit il faut que nous puissions le présenter comme un monde dans lequel ils aient envie d'entrer. L'envie. Le fil rouge. La différence. Un autre monde. Foin de la complexité, celle-ci une fois qu'ils ont investi un monde ils s'en jouent: confère leur dextérité sur le net, leur capacité est 100 fois supérieure à celles de leurs aînés »

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5 septembre 2006 2 05 /09 /septembre /2006 07:15

Hier je passais la première couche. Que Dominique se rassure mes histoires de godasses c'est pour vous mener ailleurs que là où elle pense. Je n'ai nullement l'intention de conduire à la perdition les ados. Patience, je vais à mon train : d'abord au pas, puis un petit trot enlevé, enfin si vous êtes sages : au galop. Ce cher Alessandro, à la plume légère est encore convoqué. Pour des raisons de format et de droits je ne peux le citer in extenso. Alors, pour les puristes : lisez Next !

" Les faits, c'est que lorsque vous achetez une paire de Nike vous payez cent euros pour le nom et cinquante pour les chaussures. Est-ce que vous êtes idiot ? Non. Vous êtes en train d'acheter un monde (...) Des gens libres qui courent, presque toujours beaux, généralement plutôt élastique comme Michael Jordan, et de toute façon très modernes (...) Si vous trouvez que c'est un geste imbécile ou puéril, alors pensez à ceci.

Vous allez au concert. Beethoven. Musique de Beethoven. Vous avez payé votre billet. Qu'avez-vous acheté ? Un peu de musique ? Non, un monde. Une marque. Beethoven est une marque, construite au fil du temps autour de la figure du génie sourd et rebelle, alimentée par deux générations de musiciens romantiques qui ont créé le mythe.. De lui descend, en ligne directe, une marque encore plus puissante : la musique classsique. Un monde. Ce que vous avez acheté, ce n'est pas un peu de musique : dans le prix, il y a une certaine vision du monde, la foi dans une dimension spirituelle de l'humain, la magie d'un retour provisoire au passé, la beauté et le silence de la salle de concert, les gens qui sont autour de vous, l'inscription dans un club plutôt réservé et généralement sélectif. Vous avez loué un monde. Pour l'habiter. Ils l'ont construit pour vous avec infiniment d'habileté, et vous, vous l'achetez. L'ont-ils construit parce qu'ils étaient beaux et intelligents ? Ils l'étaient peut-être, mais ils l'ont construit pour la même raison qui a poussé Nike à construire le sien : l'argent. Que je sache, Beethoven écrivait pour de l'argent, et de lui jusqu'à la maison de disques d'aujourd'hui, et jusqu'au pianiste qui est en train de jouer pour vous, ce que vous avez acheté a été construit par des gens qui voulaient des tas de choses, mais, entre autres, une : de l'argent.

Je sais que ça choque de dire ça, mais ce qui nous choque tant, quand il s'agit de chaussures ou de hamburgers, est une expérience que nous faisons, sans aucune résistance, quand il s'agit de choses plus nobles. Beethoven est une marque. Les Impressionnistes français en sont une. Kafka en est une. Shakespeare en est une..." 

 

 

Comme Alessandro qu'est-ce que je vais prendre du côté des alters : la marchandisation du monde etcétéri etcétéra... J'assume. Simplement je demande à chacun de réfléchir à son comportement au quotidien avant de me balancer des arguments moralisateurs. Moi j'essaie de comprendre et pour en revenir à mes histoires de pompes, là où que j'aille, dans tous les milieux, et pas seulement le week-end, aux pieds de beaucoup de " jeunes urbains désinvestis " qu'est-ce-que je vois ? Des Nike, des Puma, des Adidas, des Asics, des Converse ou des marques chicos ou des marques nulles. C'est leur monde. Leur recherche de la différence comme les petites fleurs ou les petits coeurs au stylo à bille sur les Superga syndicales des copains rebelles d'Alessandro. A demain pour la suite de mon histoire haletante... 

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