Comme je ne suis pas sectaire, même si moi je suis tricard chez eux, ce matin je vous communique la position de la Confédération Paysanne dans le débat sur la réforme proposée par la Commission Européenne. Je verse cette pièce au débat, sans commentaire, pour que vous puissiez en faire ou vous faire une opinion. Ce document est signé par Jean-Damien Terreaux permanent de cette organisation. Je l'ai trouvé sur un autre blog " Génération Vin " d'où les remerciements initiaux qui, vous le comprendrez facilement vu mon statut, ne me sont pas adressés.
" Merci d'avoir parlé de la campagne contre les naufrageurs du vin. Mais je crois que vous faites erreur. Nous n'avons pas fait le choix d'en rester à la dénonciation de l'usage des copeaux de bois. Les enjeux sont malheureusement beaucoup plus grands que cela...
Depuis la fin des années 80, le secteur subit une forte restructuration, suite à la recherche, par les multinationales des alcools, de nouvelles voies de croissance. Le marché européen, qui représente la majeure partie de la consommation mondiale est évidemment le premier visé.
La Commission européenne en proposant en juin dernier le démantèlement des dispositifs de régulation des marchés et la libéralisation des contraintes oenologiques, a fait le choix d'une conception industrielle du vin. Les promoteurs de cette conception veulent pouvoir mobiliser sans contraintes les progrès techniques et l'usage de produits de synthèse pour "arranger" le vin et en réduire les coûts de production, tout en bénéficiant d'une grande liberté commerciale. Bientôt, on pourra aromatiser le vin, lui enlever de l'alcool, lui rajouter du glycérol, fermenter en Europe des moûts concentrés d'Argentine, importer des jus de raisin pour fabriquer des "vins" suédois, mais aussi planter de la vigne n'importe où en Europe, sans contraintes, après avoir arraché une partie du vignoble! Les villages, les terroirs, les paysages, l'histoire, la culture, les femmes et les hommes des vignobles, les savoirs accumulés, le partage de la surprise des nouveaux millésimes, les subtiles distinctions des tours de mains ou des origines, les milles et un cépages de France, les cinq mille variétés du monde, toute cette richesse doit-elle disparaître pour faire place à l'uniformité et à la reproductibilité ? Il s'agit aussi d'effacer le producteur de la mémoire du vin, pour laisser le champ libre à un produit défini selon les standards agroalimentaires.
Cette "nouvelle" conception de la viticulture se développe grâce à une alliance contre-nature, avec d'un côté le camp hygiéniste, qui au nom de la lutte contre l'alcoolisme, pousse au démantèlement progressif du vignoble européen et à la perte de sens symbolique de cette boisson millénaire, et de l'autre les lobbies des marchands d'alcools de dimension internationale qui poussent à la "fabrication" d'un vin de masse, sans identification géographique. Là où les premiers se trompent, c'est que la lutte contre l'alcoolisme sera beaucoup plus difficile avec une boisson qui aura perdu ses référents culturels et son "encadrement" social.
A travers cet appel, nous défendons une conception agricole du vin, jusqu'à alors traditionnelle dans les pays de l'UE, qui fait référence à un produit issu de la fermentation naturelle du raisin et où les pratiques correctives sont nécessairement limitées."
Cette page était offerte à la Confédération Paysanne par l'espace de liberté de Jacques Berthomeau, qui consomme du lait cru de vache Jerseyaise, mange du beurre de baratte, du pain Moisan, des Géline à crête pâle et autres produits de qualité censés disparaître sous la mainmise de la normalisation de l'industrie laitière, des intégrateurs de la volaille et les grands prédateurs de la GD (ça c'est pour le pain). Pour le liquide, je bois ce je veux, je demande simplement à nos amis "bio" d'éviter de baptiser leurs vins biologiques puisqu'ils ne sont qu' " issus que de l'agriculture biologique " Hé, oui je fais aussi mes courses à Biocoop. Faut pas tromper le consommateur quand on le défend avec autant d'arguments frappants...