Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 mai 2007 1 28 /05 /mai /2007 00:06

Mes vacances 87, vingt ans déjà, je les passais sur le port de Ciboure face à St Jean de Luz. Mon envie de connaître le pays basque m'était venue, lors de mon séjour à l'Hôtel de Lassay - résidence du Président de l'Assemblée Nationale - entre 1981 et 83, de mon compagnonage avec les huissiers qui, pour la majorité, en étaient originaire. Gérant la cave de la maison, goûtant les vins avant chaque réception, les occasions de tailler des bavettes avec eux ne manquaient pas. L'aridité des noms de famille basques : des plus simples Etchegaray, Etchegoyen aux plus complexes Etxabebarrena, Eguzquiaguirre, m'a toujours fasciné. De bonnes vacances, bain de mer, balades dans le Labourd intérieur avec ses pottok, la basse Navarre et la Soule, et bien sûr le bien manger : les chipirons, la piperade, la bakalao "pil-pil", l'Ossau Iraty avec de la confiture de cerises noires d'Itxassou et bien sûr, le piment d'Espelette, qui n'était pas encore une AOC, pour le plaisir des yeux surtout. Quand venait le soir, la fraîche sur les terrasses, mais surtout, le mur à gauche, avec les basques bondissants et leur chistera magique. J'étais fan.


 

Mais, comme vous vous en doutez, j'ai gardé le meilleur pour la bonne bouche : l'Irouléguy. C'est lors de ce séjour que je découvris ce vin et que j'en fis mon compagnon de repas. Je ne vais pas faire l'intéressant en vous tartinant des choses que j'aurais pompées dans un guide quelconque. Si vous souhaitez des renseignements sur le vignoble allez sur Wikipédia ou sur www.cave-irouleguy.com ou clicquez sur ce lien pour des adresses de vignerons (c'est pour qu'Eric ne me fasse pas les gros yeux... Tpe !)
http://www.bascoweb.com/GASTRONOMIE/vin.htm



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma petite musique ce matin sur l'Irouléguy, outre de noter qu'il fait parti de mon petit jardin et que je ne manque jamais une occasion de le citer quand je cause en public, c'est de souligner, en contre-point de tous les débats récurrents sur la complexité de l'offre française, sur le nombre de nos AOC vins, que tout vin qui se revendique d'un territoire, d'un terroir, d'une tradition, d'un héritage, de l'attachement des hommes qui le font, et qui trouve son consommateur, et l'Irouléguy a trouvé les siens, n'a aucun débat existentiel. La diversité est une richesse quand elle puise ses racines dans le réel et non dans des textes administratifs destinés à habiller des délimitations qui font plaisir. Dans la compétition mondiale l'infiniment petit peut trouver sa place auprès de tous ceux qui, sur la toile ou dans leur périple, cherchent et trouvent. Alors à la manière des grandes marques mondiales, Apple&Co, ce matin, j'écris : Irouléguy it's différent... Le vin est bien basque puisque la contre-étiquette de l'Arranoa est bilingue : français-basque.

Pour illustrer cette chronique je vous offre deux oeuvres d'un grand artiste basque Ramiro Arrue 1892-1971 que j'aime beaucoup. La première : Pelotaris à chistera, huile sur panneau faisant partie d'un triptyque 110x100 cm commande municipale 27 juin 1958 musée de Guéthary et la seconde :Trois hommes dans une cidrerie du Pays Basque ( clin d'oeil à mes lecteurs normands...) crayon et aquarelle 18,5x14,5 cm Musée Basque de Bayonne.         

   

Partager cet article
Repost0
27 mai 2007 7 27 /05 /mai /2007 00:01

St Lazare étant - je ne sais jamais choisir entre la tête et la queue pour une ligne de métro - un terminus, la rame immobile attendait son heure. Avec Raphaël, tels des gamins dissipés, nous nous sommes assis en tête, face à la voie. Le silence de mon compagnon me sussurait qu'il attendait de moi une explication sur mon esbrouffe dans le hall au sujet de la ligne 14. Sadique j'attendais. La petite musique prévenant du départ imminent le décidait. Tout à trac il me demandait " Monsieur, dites-moi, la ligne 14, qu'est-ce qui lui est arrivée ? " Son monsieur me prenait à contre-pied comme un passing le long de la ligne. A haute voix, dans l'étrange atmosphère de ce métro qui filait guidé par la seule électronique, je m'entendais lui dire " mon père quand il était en colère contre le hobereau qui tenait le pays en métayage, et les colères de mon père étaient aussi rares que la neige chez nous, disait : monsieur de la Bassetière, alors que d'ordinaire il lui donnait de l'Antoine..." Mes bras serraient le bouquet. " Je radote Raphaël. Il faut que tu m'aides. J'ai besoin d'un ami, un vrai. T'embarque pas aussi vite pour me dire oui. Réfléchis ! " Connement je sentais des larmes monter. La seule digue efficace : raconter. " La première fois que j'ai pris le métro c'était avec Sylvie, une pute. Pardon, je n'ai pas le droit de parler ainsi, c'était une chic fille. Elle m'a fait prendre, pour  aller place Clichy, la ligne 12, celle qui dessert l'Assemblée Nationale, jusqu'à Saint-Lazare pour rattrapper la ligne 13. Depuis ce jour-là j'exècre les couloirs du métro, surtout ceux qui serpentent sous les gares car ce sont des boyaux diarrhéiques..."

Ma voix s'éraillait. J'allais brailler. Me donner en spectacle. Alerte rouge,  tout ce sang sur les murs. Mes yeux se voilaient. Je déclenchais le plan Orsec. Chasser le souvenir de Sylvie éventrée de ma tête. Blablater. " Faut que je commence par le bon bout Raphaël. Mon problème c'est que je suis confus. Dans mes récits je vais, je viens, je reviens, je tourne sans prévenir. Avec moi rien n'est simple mais, après tout, la vie n'est jamais simple. Donc, après ma première randonnée, je n'ai plus jamais pris le métro. Je me suis acheté un vélo. La risée de mes collègues poulagas. Ils m'avaient surnommé, ces cons, " l'hirondelle " comme les poulets à pélerine de la préhistoire qui se trimballaient en poussant leur bicyclette à guidon haut. Pourtant j'étais un as du métro. Connaissais les lignes, les correspondances par coeur. Un vrai GPS de la RATP. La source de ma science plongeait dans mon goût pour les filles. Elles me donnaient souvent rendez-vous à une bouche de métro et, en les attendant, je m'amusais à pianoter sur les plans où t'as plein de petites lumières de couleur qui s'allument quand tu appuies sur ta station de départ et celle de ton arrivée. Un vrai nase ! Et puis à une période je me faisais une attachée d'administration du Ministère de l'Agriculture. Un canon à répétitions ! Je l'attendais à la station Gaîté. Elle prenait la rame à Varenne. Une petite ligne la 14 Invalides-Porte de Vanves, neuf stations. J'étais capable de les réciter mieux que mes tables de multiplication. Quand la fille m'a largué, j'ai oublié, et la fille et la ligne 14, sauf qu'un jour, en tripotant un plan de métro je me suis aperçu que la ligne 14 avait disparu. Ca m'a fait tout drôle. Un collègue dont le frère marnait à la Régie a éclairé ma lanterne. Les blaireaux avaient creusé un tunnel sous la Seine pour relier Invalides à Concorde et connecter la 13 à la 14. Dans le boxon y z'ont exhauté la 14. Bonne pioche Raphaël, tu imagines la tronche des supertitieux et des pétochards si la premier ligne sans conducteur de Pantruche ça vait été la 13. Avoue que ça aurait fait désordre..." Raphaël riait de bon coeur.
- Vous êtes un drôle de type monsieur Benoît...

Partager cet article
Repost0
26 mai 2007 6 26 /05 /mai /2007 00:04

" Moi c'est Benoît, flic ripoux en cavale. L'autre enflure d'indic c'était mon miel à la grande époque. Te bile pas Raphaël personne ne me recherche. Je n'intéresse plus personne, sauf Jasmine. Si ça te dit accompagne-moi chez elle. Une chouette de belle fille Jasmine. Une reine aux yeux tendres. Je crois que tu lui plairas. Elle adore les mecs qui virent vers la cinquantaine, ça la rassure. T'es marié, Raphaël ? Non. T'es libre alors ? Pas tout à fait. Qu'importe Jasmine a le coeur aussi chaud que l'arche de ses cuisses. Tu dois me prendre pour un barge et tu n'as pas tout à fait tort. Ne fais pas non de la tête, c'est ce que tu penses et ça ne te déplaît pas. Tu rêves de te décoincer Raphaël. Avec une vieille trique comme moi tu fais le bon placement. Pour commencer ta thérapie y'a pas mieux que le Mojito. Quand nous aurons notre dose, pas la murge bien sûr, mais juste ce qu'il faut pour nous mettre en ligne, on passera aux choses sérieuses. Ca te va ? Bien, tu n'es vraiment pas très contrariant Raphaël. A mon avis ce n'est qu'une façade. Tu te planques mais comme t'es tombé sur un expert mondial en duplicité, avec moi t'es mal barré. Comme tu l'as remarqué, sans prévenir, dès que tu m'a rejoint au bar, je t'ai tutoyé. Vieux réflexe de flic qui flaire l'embrouille. Tous des suspects en puissance. Bon, je caquasse comme une chaisière ménauposée. Faut dire que je viens de passer un mois emmuré. Toi t'as pris des couleurs. On s'en jette un dernier pour la route et on file dans le XIIIème, près de la caverne à bouquins de Tonton. C'est là qu'elle crèche ma coiffeuse de Jasmine."

La plongée dans les profondeurs d'Eole depuis la bouche de la place du Havre m'impressionnait. Ces messieurs les ingénieurs, dans la démesure du chantier, avaient rerouvé la veine du film Brazil avec l'entrelacs des escalators, la plongée des escaliers larges comme des boulevards, la froideur des dallages minéraux, la démesure des rotondes gigantesques et l'infini du quai où s'étiraient les deux longs serpents de verre gainé d'acier. Raphaël me suivait en portant un sac de victuailles dans les bras. Moi, tel un vainqueur du tour de France, je trimballais une brassée de fleurs. En effet quand nous étions sorti de l'épicerie italienne, où j'avais acheté les ingrédients pour la pasta et le liquide qui va avec, Raphaël, me tirait par la manche. " Vous ne pensez pas qu'elle apprécierait que nous arrivions aussi avec des fleurs..." Ca m'avait coupé la chique. Ce garçon me rappelait quelqu'un, mes jeunes années. Je prenais vraiment un coup de vieux. Pour faire bonne figure je partais dans un grand rire pas très crédible. " Tu es un gentleman Raphaël, Jasmine va fondre. Elle adore les mecs qui ouvrent les portes aux filles..." Quand nous étions entrés dans sa boutique, la fleuriste, avait eu une sorte de haut le corps en me voyant. Il faut dire qu'avec mes cheveux ébourrifés, ma barbe broussailleuse et mon survêtement élimé, dans lequel je flottais comme une bite molle dans un vieux préservatif déséché, j'en jetais un maximum. Pour ajouter une touche supplémentaire, mes tongs me donnaient un air d'estivant à la masse. Pour Jasmine je fis une glane de fleurs naïves et j'exigeai qu'on les laissât libres. Le chichiteux des bouquets emmaillotés m'exaspérait. Raphaël, pantois, devait se demander si notre périple n'allait pas tourner au n'importe quoi.

 

Partager cet article
Repost0
25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 00:14

Le titre de ma chronique de ce matin était le titre de l'article de Jacqueline Friedrich en avril 2003 dans le New York Times. L'hérétique dont il est question c'est ma pomme. Faut bien que je fasse ma promotion chers lecteurs ! Dans cet article Marc Parcé " the owner of Domaine de la Rectorie, a winery in the Roussillon region, supports Mr Berthomeau but said : " He bothers the right because he doesn't talk about government subsidies. He irrates the extreme left because he talks about reality of the marketplace, and then he bothers other people because he points out that some wines have no business being in appellations at all." En français de France : je suis l'emmerdeur de service. A l'université d'été de la Confédération Paysanne, en 2001, à Montbazillac on était pas loin du bucher (pas vrai Marc et Patrick...). Si j'évoque ce souvenir aujourd'hui ce n'est pas pour vous persuader que je vis dangereusement (bien que j'ai vu des cagoulés à la TV menacer le gouvernement de représailles si le prix du vin ne remontait pas dans les semaines qui viennent...) mais pour évoquer un livre de Jacqueline Friedrich " The Wines of France " publié en 2006 en Californie et distribué en Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Grande-Bretagne. 15 euros 60 sur Amazon.

Pour l'illustrer je vous propose deux rubriques de 2 étoilés de son livre : Miren de Lorgeril (Pennautier) et Marc Parcé (La Rectorie). Ils sont membres de Sans-Interdit ce qui ne les empêche pas de faire des beaux vins. A noter $ = vins à moins de 10 $ / $$ = de 11 à 24 $ / $$$ = de 25 à 55 $ / et $$$$ = plus de 55 $.

Lorgeril *
Château de Pennautier, BP 4, 11160 Pennautier ; 04.68.72.65.29 ; www.vignobles-lorgeril.com
Wine : Cabardès, Minervois -la-Livinière, and Vin de Pays d'Oc. $ to $$$
This is a dynamic and important growner-négociant house run with acumen by Miren and Nicolas de Lorgeril. The domaine produces two and a half million bottles yearly - 90 % of it red - at all price levels and always offering value for the dollar. At $ for a bottle, the Lorgeril wine sold in large grocery chains is pratically a steal. The most interesting wines come from the vineyards the Lorgerils own : three in Cabardès (Château de Pennautier, Château la Bastide Rougepeyre, and Château de Caunettes) and one in Minervois-la-Livinière (Les Hauts de la Borie Blanche). There are several cuvées under each label. The Cabardès Collection Privée, in contrast to its exclusive-souding name, is $, inviting you to its supple, generous fruit. Esprit de Pennautier is the top of line here. Unifined end unfiltered, it is a luscious oaked blend of syrah and merlot, the Médoc meets the Midi. The Esprit de Bastide, ablend of côt and syrah, is equally delicious, a big, smooth red with notes of black pepper and mint. In Minervoid, La Borie Blanche, chiefly syrah, is a succulent - and characterful - crown pleaser. 

Domaine de la Rectorie *
66700 Argelès-sur-Mer; 04.68.81.02.94 ; larectorie@wanadoo.fr
Wines : Collioure, Banyuls, and Vin de Pays. $$
I have long been en admirer of the Domaine de la Rectorie's wines, first having been impressed (at a wine bar in Strasbourg) by l'Argile, a frarant, subtle food wine based on lightly oaked grenache blanc and gris. Then there was La Goudie, which may be the best rosé I have ever tasted. The three Collioures - Col del Bast, Le Séris, and the top, La Coume Pascole - are all deeply satisfying reds. Fragrant and supple yet structured, nuanced, and terroir-driven, with succulent fruit, they are reds you can drink young yet still sense the depth of the wine. Marc Parcé and Vincent Legrand, his son-in-law and the son of the great Paris caviste Yves Legrand, run La Rectorie, and it is worthwhile noting that they don't seek overripeness or hyperconcentration. The wines are always fresh and gracious. They also make lipsmacklingly good Banyuls and experiment with various types of Vins de Table or vins de liqueur. They more recently entered into a collaboration with growers in the Fenouillède, the Preceptorie de Centernach, where they make good Maury, a very ripe and self-assured white Côtes de Roussillon Terres Nouvelles, and a very alcoholic red Vin de Table L'Oriental, which makes me think of Amarone.

Partager cet article
Repost0
24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 00:26

Cantonnais -- désolé, je le jure, je ne le ferai plus - rédac-chef d'un magazine des plaisirs de la table faut se remuer les méninges pour faire dans l'originalité, humer les tendances, surfer sur elles, sinon les recettes des rillettes de maquereau ou de la salade de chou fraîcheur ça sent le réchauffé :  vaut mieux se reporter au bon vieux livre de cuisine de Françoise Bernard hérité de grand-maman. Régal qui se définit comme un magazine pratique et esthétique, haut de gamme et accessible, me paraît représentatif d'un faux élitisme à la française. Ceci étant écrit, sur papier glacé, je dois reconnaître qu'ils mettent en scène le vin, ce qui est bien, même s' ils chalutent presque exclusivement dans le little is beautiful, du naturel quoi, du qu'on va chercher en 4x4 chez le producteur... Le texte qui suit est illustratif. On y cause de pique-nique (comme vous pouvez le remarquer je renifle la tendance mieux qu'un Scottish à sa mémère) avec un maximum d'idées reçues et de novlangue boboïste.

" Lointain descendant des repas primitifs itinérants ou repas patchwork tendance, le pique-nique est le mode de restauration le plus déstructuré qui soit. C'est bien d'ailleurs ce qu'on lui demande. Chacun aura bricolé sa salade maison ou dévalisé l'épicier à la dernière minute. L'heure est à la décontraction, pas question d'épuiser l'assistance avec des considérations de sommelier en goguette. Mais quand même. Pourquoi massacrer une belle tarte salée avec un vin qui, tous tanins dehors, va irrémédiablement l'écrabouiller ? Pourquoi boire le meilleur vin du monde dans un verre à moutarde, si ce n'est de vouloir le rabaisser au rang d'infâme picrate ? Et quelle logique y-a-t-il à vouloir batifoler dans la nature, se poser les fesses dans l'herbe... et avaler les pires daubes industrielles ? Loin de la table et de ses codes, faites donc ce qu'il vous plaît, mais mangez bon et buvez sain. Dernière consigne : les beaux jours venus, gardez toujours une bouteille au frais. Au cas où... "

Pas mal, hein ! Mais ce matin mon propos n'est pas de me gausser de ce type de copie boursoufflée, faussement légère et d'une prétention risible, mais d'analyser l'offre de Régal : " trois menus, boissons comprises, à mettre dans la glacière "

* Pour un pique-nique mer, nos 7 bouteilles incontournables.

- les prix entre 4 et 5,50 euros pour les vins.
- 4 AOC : Côteaux-du-Languedoc, Roussette de Savoie, Beaujolais, Coteaux d'Aix, 2 Vins de table et 1 cidre fermier pur jus à 2,50 euros.

* Pour un pique-nique à la campagne nos 7 bouteilles incontournables.

- les prix de 4 à 10 euros pour les vins.
- 1 AOC : Arbois, 5 Vins de table et 1 cidre du pays d'Othe à 5,40 euros.

* Pour un pique-nique ailleurs nos 7 bouteilles incontournables.

- les prix de 4,30 euros à 8 euros pour les vins.
- 3 AOC : Anjou, Côtes-du-Roussillon, Côtes-du-Ventoux, 1 Vin de pays des Côtes catalanes, 2 Vins de Table et une bière blonde à 3,20 euros.

Quelques remarques :
- prédominance des vins de table :  10 sur 18 et ce sont eux qui ont les prix les plus élevés, dont le plus cher à 10 euros. Tiens, tiens, ne serait-ce pas la meilleure démonstration de l'utilité d'un espace de liberté ? Créativité, rentabilité et autres joyeusetées... 
- pour le cidre, je suis un peu triste que l'AOC Pays d'Auge n'ait pas un représentant dans les incontournables, que le cidre normand représenté soit deux fois moins cher que son concurrent du Pays d'Othe.
-  à noter aussi que les trois coups de coeur sont des vins de table...
- que je suis content de saluer mes amis Jaubert et Noury (salut Roland) du Château Planères www.chateauplaneres.com/uk/ (seule la version anglaise fonctionnait hier) à St Jean Lasseille (mes voisins quand je résidais dans les PO) et de noter que le Jaja de Jau tire encore son épingle du jeu.
- et pour la petite histoire j'habite entre la station Glacière et la station St Jacques, ça ne s'invente pas...

 

Partager cet article
Repost0
23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 00:01

 

Le titre claque " VIVE LA CRISE ! " Le sous-titre étonne : La grande mutation des années 80, racontée par Yves Montand.

 

C'était un dimanche ensoleillé d'avril de cette année, à un grand vide-greniers de la rue de Flandres, le numéro spécial de "Libération" Antenne 2 de février 1984, à même le sol, perdu dans une marée d'objets hétéroclites, me sautait aux yeux. Quel bonheur que de se retrouver projeté 23 années en arrière !

 

J'achète bien sûr.

 

Pour les plus jeunes, Montand, reste un grand acteur, Z, l'Aveu, les films de Sautet, etc... un bon chanteur peut-être aussi, à bicyclette... mais sans doute pas conteur crédible de la mutation des années 80.

 

Etonnant ! A lire ou à relire, l'homme est écorché, il traine comme un boulet ses voyages dans le Moscou de la nomemklatura soviétique avec Simone Signoret ; ses raisonnements sont simplistes, basiques, très je suis revenu de tout, spectacle parfois pitoyable d'un homme qui n'est pas sur son terrain, mais l'ensemble du numéro est très significatif du trouble de cette gauche non communiste qui pensait que le mur de Berlin ne s'ouvrirait jamais et qui n'osait pas renvoyer ses cryto-communistes à leur passé et aux oubliettes de l'histoire.

 

L'ont-ils fait en 2007 ? Je n'en suis pas certain.

 

Certains rêvent encore du grand soir.

 

Guy Mollet a toujours des héritiers : Mélanchon&Co. Je vous offre le papier de Laurent Joffrin, qui ironie de l'histoire, après une détour au Nouvel Obs, est devenu le patron de Libé post-July. Ces Soixante-huitard on les jette par la porte ils entrent par la fenêtre, pas vrai Bernard...

 

LA PEDAGOGIE DE LA GAFFE

 

Il y a un néo-réalisme français. en dix ans de crise, on a essayé de par le monde toutes les médications possibles. Aucune n'a réussi. Très longtemps pourtant les Français ont refusé de voir la crise en face. Pendant presque une décennie, ils ont cultivé l'illusion du bout du tunnel, refusant toute baisse du pouvoir d'achat, poursuivant leur quête sans fin du bien-être matériel, négligeant l'investissement ; comme si le ralentissement de la croissance er la montée du chomage devaient vite s'évanouir, comme un mauvais rêve économique. Longue, décevante, rebelle aux politiques toutes faites, cette crise aurait bien fini par ramener les plus myopes à la lucidité. Mais il manquait un évènement politique. La moitié des Français, entretenus par une opposition qui répétait de bonne guerre que la crise n'était pas fatale, dans le souci de ne pas exonérer de ses responsabilités la majorité, croyaient de bonne foi les structures économiques et la mauvaise volonté des dirigeants de l'époque responsables du marasme. Une "autre politique", une "autre logique" devaient permettre de libérer la production, de créer des emplois, de sauvegarder le pouvoir d'achat. Y croyaient-ils vraiment? En tout cas, ils voulaient en avoir le coeur net. Ce fut le défi du 10 mai. Une volonté nationale de dire "chiche" à ceux qui piaffaient depuis si longtemps en lisière de l'Histoire.


Faute d'avoir mesuré la profondeur de la crise, d'avoir perçu l'ampleur du retournement historique, les socialistes si remplis de certitudes ont raté ce rendez-vous-là. "L'autre logique" s'est brisée non sur le mur de l'argent, mais sur celui de la réalité. Mais ils ont aussi rendu un grand service : la relance ratée, le colbertisme impuissant qui a défini leur politique pendant un an, jusqu'à la volte-face de la rigueur, ont eu le mérite de vacciner l'opinion. L'état de grâce a surtout fonctionné comme une pédagogie de la crise. Une pédagogie par la gaffe : en se trompant avec un constant enthousiasme, mais en ayant quelques mois plus tard le courage de reconnaître - en partie - leurs erreurs, les socialistes ont discrédité pour un temps les potions magiques dont les hommes politiques font leurs programmes. Peut-on espérer que le débat public y gagne en qualité ? Hors des bilans politiques, des plaidoyers et des réquisitoires partisans, ce sera le principal bénéfice de l'alternance.


Il y en a un autre : le retour de la société civile. Cette première année de pouvoir socialiste, si néfaste au socialisme, aura été celle d'un étatisme virulent. Quoi qu'il ait fait pendant cette période d'illusion lyrique des jeunes barbes socialistes, le gouvernement s'est contenté de mettre en pratique un slogan hérité de soixante-dix ans de jacobinisme à la sauce Marx : de l'Etat, encore de l'Etat, toujours de l'Etat. Relance, nationalisations, impôts nouveaux, plans industriels : tout allait à l'Etat, tout y revenait. Mais tout a raté, ou presque. Dans les douze mois qui ont suivis cette année illusoire, il a fallu brûler à la sauvette ce qu'on avait adoré. On ne pouvait trouver meilleure réhabilitation de l'initiative et de l'individu. L'Etat était monté sabre au clair à l'assaut de la crise er s'était pris les pieds dans le tapis. Il lui faut bien aujourd'hui céder quelque peu la scène aux vrais acteurs. Car c'est dans la vie quotidienne que la grande mutation se manifeste le plus clairement. Comme ces vieilles forteresses reléguées dans un rôle secondaire par l'évolution de l'art militaire, la masse grisâtre de l'Etat français ressemble de plus en plus à un château-fort inutile. La vie est ailleurs, elle sourd de la crise, par l'entreprise, par l'initiative, par la communication. Ironie d'une histoire qui joue à qui perd gagne. C'est la gauche pétrie de révérence étatique qui en a fait la preuve."

 

LAURENT JOFFRIN


 

Partager cet article
Repost0
22 mai 2007 2 22 /05 /mai /2007 00:19

Le BiB déferle. Même que l'autre jour, à la grande épicerie du Bon Marché - haut lieu de la consommation populaire - alors que je traînais mes guêtres dans le sanctuaire des vins, mon attention est attirée par un beau cylindre ocre rouge placé en angle. Je m'en empare. Il est muni au sommet d'une petite poignée. Alors que je le tripote voilà que surgit un jeune homme propre sur lui. Sur un ton, très on ne se commet pas avec la piétaille, il m'indique " c'est le seul BiB du magasin, mais c'est très bien..." J'étale mon plus large sourire en lui répondant très je ramène ma science " normal c'est du Jean Orliac..." Facile, sur le beau cylindre s'étale un beau petit Loup dans la Bergerie. C'est classe. Jugez vous-même sur les photos. C'est un vin de pays du val de Montferrand rouge. 3 litres pour 20,80 euros. Je ne l'ai pas encore ouvert donc pas de commentaire sur le contenu. Ce qui compte c'est que si nos grands épiciers du BM se mettent au BiB c'est qu'il y a des clients pour ce contenant même dans les beaux quartiers de Paris. 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Mais comme je suis un  coquin, si ce matin je vous parle du BiB c'est que j'ai une petite idée derrière la tête. Viniflhor - une maison qui mélange les carottes et les navets avec notre divin nectar et qui m'héberge - vient de rendre publique une étude sur le Bag-in-Box. Vous pouvez la consulter sur http://www.onivins.fr/pdfs/1059.pdf  et, Françoise Brugière, chef de la division études et marché, se fera un plaisir de répondre à vos questions comme elle l'a fait dans LSA. Voir sourire de jeune femme moderne joint ci-dessous. Mais trève de compliments, mon propos de ce matin est plus que sérieux. En effet, dans un temps où tout ce qui vient du secteur public semble entaché du péché originel d'avoir été financé par de l'argent du contribuable, je me permet d'attirer l'attention sur le travail remarquable réalisé, depuis des années, par la division des études de l'ex-Onivins. C'est une mine, un investissement qu'il ne faut pas dilapider. Notre secteur balkanisé, confronté à la mondialisation a un besoin vital d'intelligence économique pour anticiper les tendances du marché, pour fonder ses choix, pour être acteur dans les enceintes internationales : OMC par exemple. Entendez-moi bien, il ne s'agit pas ici d'un plaidoyer en défense. Bien au contraire c'est du pur réalisme économique. Nous avons un bel outil. Confortons-le. Tirons-en le meilleur parti. Cessons de nous complaire dans nos jeux stériles.

    

 

Partager cet article
Repost0
21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 01:00

Monsieur le maire de Paris,


Mes amis du Gers ont coutume de dire de leur colombard sec et nerveux : " sitôt bu, sitôt pissé..." Chez nous, dans notre charmant village, nous n'avons pas les mêmes aises qu'à Condom, car ici nul bout de champs, ni cheintre, ou autre lieu de plein air où l'on peut en toute tranquilité, sans nuire à l'environnement, soulager sa vessie en toute sérénité. Même nos compagnes, à la campagne, à l'abri d'un fourré, peuvent elles aussi prendre cette liberté.

 

Je vous sais soucieux, comme vos prédécesseurs, dont l'un s'illustra avec les motos-crottes, des aises de nos amies les bêtes. Même qu'un certain Contassot, vert de son état, un jour menaça ma vieille voisine et son chien incontinent d'une amende pharaonique pour levage de patte non prévu par ses règlements. Bref, faudrait que votre Contassot, avec son pote Beaupin kaime palézoto mékaime les vélos, se préoccupât de mes aises de cycliste : " où puis-je pisser, en toute liberté, cher Bertrand Delanoë ? "


Dois-je, avant de me soulager, m'envoyer un caoua dans un bar pour pouvoir accéder à la résolution de ce besoin pressant ?

 

Cercle infernal, car le petit noir ainsi ingurgité me poussera quelques kilomètres plus avant dans un autre établissement.

 

Alors que faire ?

 

Me précipiter dans un Grand Magasin, une Gare ou je ne sais quel lieu public, où la signalétique est aussi compréhensible que la lecture de Teilhard de Chardin et, où, une fois atteint le lieu d'aisance me retrouver coincé en une longue queue.

 

Dois-je aller au cinéma ou me résoudre à rechercher une new sanisette aussi rare sur le territoire de notre charmant village qu'une femme souriante dans le métro. Si j'ai la chance d'en trouver une - pas une femme bien sûr - à tout coup elle sera hors d'usage.

 

Dois-je alors me résoudre à pisser le long d'un tronc d'arbre ou sous un porche? Non, monsieur le maire, c'est franchement dégueulasse et je vous invite à faire un petit tour sous le métro aérien entre St Jacques et Glacière pour apprécier les effluves de ces épanchements clandestins.


Dans le même temps je vous invite aussi, flanqué de Contassot et de vos services techniques, à venir contempler un édicule classé : la dernière Vespasienne parisienne sise sur le bord du boulevard Arago. C'est une honte de traiter ainsi une vieille dame.

 

Z'avez plus de ronds les gars pour lui donner un pti coup de jeune ? Pour des mecs soucieux d'économiser l'eau la pauvre s'épanche comme une Perrette korè kassé son pot.  

 

Bien sûr, je sais que ces lieux furent le siège de débauches nocturnes mais peu me chaut, si je puis m'exprimer ainsi, ce n'est pas une sulfureuse réputation qui saurait vous empêcher de vous colleter à ce service public du besoin pressant.

 

Dois-je, pour faire pression, créer le Mouvement de Restauration des Vespasiennes : M.R.V à ne pas confondre avec le MRG qui lui se réunit dans une cabine téléphonique - avec Tapie ça ne doit pas être aisé ?

 

Avant d'en arriver à cette extrémité, car je suis un homme de bonne volonté, je vous suggère d'ouvrir un grand concours d'architecte mobilisant les ressources des technologies modernes pour répondre à ma demande. Paris innoverait. Les touristes, provinciaux ou étrangers, apprécieraient cette délicate attention. Sachez aussi, monsieur le maire, sans vouloir être vulgaire, que le pisseur est aussi un électeur.




 

Je m'en tiens là pour aujourd'hui, monsieur le maire de Paris.

 

J'attends votre réponse avec sérénité, car j'en suis sûr mes écrits vous ont montré l'urgence qu'il y a de prendre en compte la satisfaction de ce besoin naturel, si bien traité par les Romains, et qui ne saurait plus encore être repoussée aux calendes grecques. L'approche des échéances électives devrait vous voir attentif à mes suggestions. Trop longtemps, à Paris, on a brocardé les dames pipis. L'érection de nouvelles vespasiennes, à la pointe de la technologie, nous permettrait de faire naître une nouvelle industrie qui porterait haut le prestige de la France dans toutes les grandes métropoles urbaines. Bref, laissons libre court à notre génie. 


En vous remerciant du temps que vous venez de me consacrer, je vous prie d'agréer, monsieur le maire de Paris, l'expression de mes salutations les meilleures et empressées.

 

A vous lire, entendre, ou voir.

 

Jacques Berthomeau   

Partager cet article
Repost0
20 mai 2007 7 20 /05 /mai /2007 00:09

Le loufiat à la courtoisie inoxydable me gratifiait d'un large sourire avant de s'inquiéter, avec humour, de mon avenir d'homme des cavernes extrait du charme douillet d'un palace : " pour se rendre à sa révision des 50 000 km monsieur souhaite-t-il que je lui appelle un taxi ?
- Non merci, mais si vous pouviez m'avancer deux tickets de métro ça me sauverait...
Ma demande, en ce lieu, équivalait à réclamer une bouteille de Kiravi chez Hédiard. Le réceptionniste imperturbable tirait de je ne sais quel tiroir deux tickets violets qu'il déposait délicatement sur le comptoir d'acajou.
- Monsieur a-t-il besoin d'autre chose ?
- Oui mon bon, d'un plan de métro...
Le dit bon, qui appréciait à demi ma familiarité bonhomme, m'en tendait un en me jetant un regard de commisération contrite. Je le décevais. Seuls les touristes usent de cet outil vulgaire. Je jouai, assez mal, l'outragé. Le malheureux en prenait pour son grade, avec dignité, sans bien comprendre pourquoi. " Qui êtes-vous pour me juger ? Que savez-vous de la ligne 14 ? Rien je suppose ! Alors comment osez-vous me gratifier de votre dédain de parisien d'emprunt. Le métro, monsieur, je m'y suis vautré des nuits entières. C'est mon bac à sable. Justifiez-vous !
- Monsieur se méprend, en aucune façon je n'ai manifesté à son égard un quelconque...
- Venez, je vous offre un verre au bar.
- Ce serait avec plaisir monsieur mais je ne puis quitter mon service.
- A quelle heure terminez-vous ?
- Dans dix minutes monsieur.
- Très bien ! Je vous attends au bar.

J'adore les bars d'hôtels. Ils sont cossus, secrets, les derniers lieux où il fait bon converser et boire. Le garçon m'apportait mon Mojito et Le Monde. Quand le réceptionniste me rejoignit je lisais en diagonale la page des sports de ce canard coincé du col. Débarassé de ses oripeaux professionnels l'homme paraissait plus jeune. Un peu gêné aux entournures. Je le rassurai. " Soyez sans inquiétude je ne vais pas vous retenir très longtemps...
- Du temps j'en ai à revendre, monsieur, mais le boss n'apprécie pas qu'on se mêle à la clientèle.
- Allons ailleurs alors...
- Vous êtes très aimable mais je crois qu'il vous suffit de faire savoir à ce faux-derche d'Armando - c'est le barman - que si je suis ici c'est, disons, que vous l'avez exigé.
- J'adore ! Je l'exécute par écrit le mouchard ?
Il opinait du chef en souriant. Ecrabouiller les cafards m'a toujours plu. Le garçon m'apportait un bloc de l'hôtel. " Profitez de sa présence pour commander - quel est votre prénom ?
- Raphaël, monsieur.
- Alors commandez un Cinzano !
- ...
- Laissez tomber c'est une vanne à deux balles. Un jour je vous expliquerai...
- Je prendrai la même chose que vous.
- Alors deux Mojito !
Je griffonnai à la hâte mon admonestation au bien nommé Armando qui plus est avait la tête de l'emploi. Tête qui s'orna d'un rictus mauvais à la lecture de mon message que le garçon lui avait porté avec un plaisir certain. L'Armando jouissait d'une réelle popularité au Terminus. S'il avait pu foutre son poing sur ma gueule ça l'aurait détendu. Raphaël réfrénait à peine sa joie.
- Puis-je me permettre de vous demandez ce que vous lui avez écrit ?
- Des méchancetés racistes et homophobes...
- Non ?
- Si !
- Ce n'est pas bien monsieur...
- Vous savez Raphaël je suis tout sauf un type bien. Mais rassurez-vous, votre Armando, je le connais, c'est un indic. Je me suis contenté de le lui rappeler et ça le chiffonne...
  

Partager cet article
Repost0
19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 00:08

Notre périple sous terre, tels des lombrics entrelacés, teintait d'un plaisir malsain mon blues matinal. Ici, dans cette ville grouillante, indifférente, me fondre dans son magma serait un jeu d'enfant. Ma nouvelle vie de merde se présentait sous les meilleures auspices. Pour la première fois depuis notre arrivée je souriais. Sylvie, plaquée à moi, sentait que je me détendais. Elle en profitait pour me sussurer à l'oreille : " nous allons place Clichy. Tu vas voir je t'ai préparé une belle surprise." Vu mon ignorance crasse de la géographie parisienne l'indication de notre point de chute m'importait peu. Quant à la surprise, je me gardais bien de répondre à Sylvie que je m'en foutais. Lui gâcher son plaisir eut été de la méchanceté gratuite. Elle bichait tellement d'avoir la main sur moi. C'en était reposant. Se laisser porter. Subir enfin ! La rame s'immobilisait à la station Assemblée Nationale. Notre wagon se délestait d'un fort contingent de costumes gris et de jupes tristes. Sylvie profitait de notre aise retrouvée pour lancer à la cantonade une adresse qui ne concernait que moi " mon coeur, je te verrais bien député..." En d'autres temps, ce mon coeur et ce sans gêne m'auraient gêné, là, je me contentais, sur le même niveau sonore, de la tacler d'un sarcastique " ça élargirait bougrement ta clientèle petit coeur..." qui, un bref instant, jetait sur son visage un masque de dureté. Très vite, elle se ressaisissait. " Quelle élégance mon cher ! Tu m'avais habitué à mieux..." 
- J'apprends vite.
- Oui mais tu penses trop.
- Tout juste ma belle mais ici, ça va me passer rapidement.
Pour me faire pardonner ma goujaterie, tel un jeune chiot repentant, je lui léchais le lobe de l'oreille. Elle gloussait en tortillant du cul ce qui ne manquait pas d'intéresser le chef de train assis sur son strapontin.

Comme la nuit tombait, l'écran de mon ordinateur se bleutait. Je m'étirais avant de me frotter les yeux. Tous ces jours passés dans cette chambre d'hôtel, enkysté, dorloté, pour archiver sur le disque dur ma jeunesse, soudain me pesaient. Tel un Giovanni Drogo vieillissant face à la frontière d'où nuls envahisseurs n'avaient jamais surgi, je me sentais las. Aurais-je encore le courage de me colleter au pan le plus noir de ma vie ? De le faire sans complaisance ni masochisme. De le faire tout simplement. Mon insignifiante trace dans ces années de fric corrupteur n'intéresserait personne. T'es bien trop petit mon ami. Une irrésistible envie d'envoyer valdinguer tout ce fatras de souvenirs me saisissait. Sortir ! Ne pas céder à la lassitude. Voir des gens. Les sentir. Les entendre. Leur parler. Avoir de nouveau la sensation d'être vivant. Ma robe de chambre et mes pantoufles me collaient à la peau. Je les fourrais dans un sac de toile. Nu comme un ver je farfouillais dans ma maigre garde-robe. Un survêtement, c'est facile à enfiler. En m'enfournant dans le pantalon la rouille de mes genoux me rappelait à l'ordre. Je marmonnais " si tu continues, mec, t'es bon pour l'hospice. Bouges ton cul ! " Le miroir de la salle de bains confirmait le diagnostic, en pire. Le désastre fondait sur moi. Un vrai naufrage. Me récurer. Tailler dans le poils. Sentir bon. Jasmine donc, elle seule, à cette heure-ci pouvait me remettre en état. Quand je déboulai dans le hall l'homme aux clés du Terminus eut un sursaut d'horreur. Le résultat d'un mois d'ermitage dans son bel hôtel le stupéfiait. Comme il avait une bonne tronche je versai dans l'humour pour lui faire retouver ses esprits. " Après la révision des 50 000 km, rassurez-vous, la caisse sera comme neuve..."

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents