Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 juin 2007 4 07 /06 /juin /2007 00:02

Cet chronique s'est mise en ligne par erreur le 23 mai, elle revient aujourd'hui sous sa forme définitive.

Ces derniers temps on a beaucoup glosé sur les délocalisations et je suis frappé par la distorsion entre l'expression du citoyen-électeur, qui s'en émeut, manifeste de la crainte, proteste parfois, et son comportement de consommateur où, très souvent, il semble indifférent, sensible qu'au prix, sans se soucier de la provenance. Dans bien des cas nos protestataires pensent avec leurs pieds lorsqu'ils poussent leurs caddies dans les allées des centres commerciaux ou lorsqu'ils font du shopping dans des boutiques plus modestes. C'est pour cette raison que ce matin j'ai décidé de vous entretenir de mes chaussures.

En économie ménagère, mère de la science économique, l'acquisition d'une paire de souliers doit être considérée comme un investissement lourd, fait pour durer. Les grolles jetables sont une insulte au développement durable. Gaspillage inepte ! Une bonne paire de chaussures - masculine j'entend - est en cuir cousue Goodyeard. La durabilité d'une chaussure exige qu'on en change chaque jour, sinon elle pourrit par la racine. En cas de pluie, éviter le séchage violent. Pour lui garder sa forme on doit l'emboucher. Bien sûr, le cuir étant un produit vivant, il faut le nourrir régulièrement. Enfin, il faut savoir faire ressemeler ses chaussures à bon escient. Comme le disait ma chère maman " les chaussures c'est ce qui fait la différence..." C'est toujours vrai ! Et ne venez pas me dire que ce que j'écris relève de l'élitisme. Que j'achète des grolles de luxe. Que je suis un bobo en Veja. Que j'insulte les gens de peu. Faux ! Archi-faux ! Entre 150 et 200 euros, ce qui n'est pas rien je le concède, on trouve de la chaussure durable mais comme il s'agit d'un investissement à long terme le diviseur - une vie pour certaines paires, un minimum de 15 ans pour les autres - même en comptant le coût du ressemelage, ramène chaque paire bien au-dessous  de la Nike assemblée pour une poignée et vendue au prix du caviar ou de chooses à deux balles made in China rétamée en une demi-saison.

En plus j'achète français. De la belle chaussure de qualité, dessinée par de jeunes créateurs ou créatrices, fabriquée en Alsace, des HESCHUNG www.heschung.com . Y'en a pour tous les goûts, pour les nanas et les mecs. Comme vous pouvez le constater sur les photos elles sont belles mes Heschung ! Bref, on peut aussi se fournir chez Paraboot ou, si on le porte-monnaie plus ventru chez JM Weston, qui, comme leurs noms ne l'indiquent pas, sont made in France. Pour autant je ne sombre pas un nationalisme étroit. Nos voisins anglais et italiens fabriquent de la belle chaussure. Pour mémoire, je cite la réussite exceptionnelle des Della Valle qui, avec leurs mocassins Tod's et leur marque Hogan, on fait la démonstration de la vitalité des artisans sachant adopter des process industriels. Le maintien de l'industrie européenne sur nos territoires est à ce prix : un mariage intelligent entre le luxe et le prêt à porter, la créativité et l'innovation technique. Encore faut-il que ceux qui ont les moyens d'acheter intelligent cessent de le faire avec leurs pieds. La rationalité des choix de certains consommateurs me laisse pantois. Que tout ceux qui expriment leur peur, à juste titre parfois, fassent l'effort de revenir à des principes simples de l'économie ménagère.

Allez, pour en terminer avec mon prèche, je vous offre une petite couche vinique. Si nous ne nous décidons pas rapidement à opérer certains choix la délocalisation d'une part de notre production nous guette alors même que nous sommes en capacité de couvrir tout le spectre de la demande mondiale. Produire du luxe nous savons faire. Faire des petits vins aussi. Reste ce foutu coeur de gamme où nos conditions de production, encore assujetties à une conception de type AOC même pour nos vins de pays, ne nous permettent pas de générer une ressource permettant aux opérateurs de mettre sur le marché des vrais produits de marque, certes sans grand génie mais sans défaut. Nos grands ayatollahs du vin artisanal pourfendent cette approche. Ce faisant ils condamnent une grande part de notre vignoble et les viticulteurs qui vont avec. Le grand concert unanimiste face à la proposition définitive de la commissaire sur la réforme de l'OCM montre que nous allons encore nous tapir dans notre tranchée et ne pas mettre au défi les eurocrates de bâtir un avenir à la viticulture du Vieux Monde. Notre nouvelle Ministre de l'Agriculture n'a nul besoin qu'on lui trace une ligne qu'elle ne devrait pas dépasser. Il eut été plus positif de lui proposer un contre-projet offensif pour lui faciliter son entrée en négociation et lui permettre d'assurer à la viticulture, que l'on dit condamnée à la disparition, les chances d'un rebond. Et pourtant ce n'est ni le temps, ni les idées qui nous ont manqué depuis que le projet est sur la table à Bruxelles. Désolant...

 

 

Partager cet article
Repost0
6 juin 2007 3 06 /06 /juin /2007 00:03

Ce matin, dans ma chronique, ce n'est pas la célèbre dictée, lue par notre fine et cultivée descente Bernard Pivot, que je vous propose, mais celle contenue dans le petit opus de Gabet&Gillard (voir ma chronique du 11 mai les vignerons) à la suite des exercices de lecture et de vocabulaire. C'est un texte de Victor Hugo : l'abus du vin. De cette proposition, à vous d'en faire bon usage : par exemple vous pouvez la proposer à vos collègues devant la machine à café ou chez vous au dessert ou à votre équipe de vente lors d'un séminaire de motivation. Je ne sais, mais ce dont je suis certain, bien sûr, c'est de l'objectif à atteindre : zéro faute !

3.- Dictée (à préparer) : L'ABUS DU VIN

Quand un grand personnage, un maréchal de France, un prince, un duc et pair, traversait une ville de Champagne, le corps de ville venait le haranguer et lui présentait quatre gondoles d'argent dans lesquelles on avait versé de quatre vins différents. Sur le premier gobelet on lisait cette inscription : vin de singe ; sur le deuxième : vin de lion ; sur le troisième : vin de mouton ; sur le quatrième : vin de cochon. Ces quatre légendes expriment les quatre degrés que descend l'ivrogne. La première ivresse est celle qui égaye ; la deuxième, celle qui irrite ; la troisième, celle qui hébète ; la quatrième, celle qui abrutit.

Victor Hugo. Oeuvres.

Questions contemporaines :

1° Claude Evin a-t-il lu Victor Hugo ?
2° Hervé Chabalier va-t-il commettre un nouveau rapport parce que son copain Kouchner est au gouvernement ? (le précédent était lié à sa rencontre avec Douste-Blazy alors qu'il était Ministre de la Santé et quand il l'a publié celui-ci était aux Affaires Etrangères. Suivez mon regard Bernard a fait le même parcours)
3° Pensez-vous que Berthomeau va vous fourguer ces 4 titres dans ses futures chroniques ?
4° Pourquoi ces 4 crus bestiaux de vins ne constitueraient-ils pas une nouvelle catégorie de vins venant s'ajouter aux AOC régionales, communales et autres, aux VDQS, aux vins de pays de grande zône, de petite zône, de département, de France (...) ?

Partager cet article
Repost0
5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 00:27

Certains, les grincheux ou les "je vous l'avais bien dit c'est un libéral", vont dire que je fais une fixation sur Nicolas, d'autres plus soupçonneux penseront que je suis stipendié par Nicolas, d'autres enfin, ceux qui me connaissent bien, auront de suite compris que j'allais en remettre une couche sur cette vénérable maison qu'est Nicolas. 
Ce matin, c'est modernité et tradition.

Je vous propose pour la modernité, en visuel, le petit cabas en vinyl transparent 3 bouteilles de l'opération édition limitée de Petites Récoltes. Les 3 couleurs : white vin de pays des Côtes de Lastours, pink vin de pays des côteaux de Murviel, red Vin de pays du Mont Baudille, millésime 2006. Mon dieu que c'est choux, choubidou bidou ! C'est quand même mieux que " Ginette passe moi le litron de pinard..." Pour 17,90 euros l'ensemble, sans le cabas à l'unité 2,20 euros, on peut partir en pique-nique sans avoir son banquier aux fesses au retour.

Pour la tradition je vous offre la retranscription d'une lettre de la maison Nicolas à ses clients en 1935. J'adore ! A méditer par tout ceux qui ont tout oublié sur les métiers du vin.


L'année 1934 pour les vins ordinaires n'est pas, comme on le prétend, une année de grande qualité.
Des vins anémiques dont le fruit du début disparait chaque jour, voilà ce qu'un formidable excédent de production nous a, en général, donné.
Et le marché s'en trouve positivement inondé à des prix défiant ceux de l'eau minérale.
Contre cet état de choses il y avait cependant à l'automne dernier, et pour le négociant soucieux de sa réputation, des mesures à prendre.
Et c'est ainsi que les Etablissements Nicolas, prévoyant cette crise de la qualité, ont jugé nécessaire de s'assurer, en temps opportun, de larges stocks de vins vieux choisis parmi les meilleurs.
Aussi bien ils sont à même actuellement, mieux que quiconque, de fournir à leur clientèle un vin moelleux, corsé, complet, pesant largement 10° et qui ne ressemble en rien aux vins anémiques qu'on trouve partout.

Un vin anémique, quel que soit son prix, est toujours plus cher qu'un vin généreux.

 

 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2007 1 04 /06 /juin /2007 00:04

La place du Marché St Honoré, dans le 1er arrondissement, autrefois défigurée par une immonde bâtiment, depuis sa rénovation est devenue un lieu animé, le midi comme le soir, où l'on peut se restaurer dans l'un des nombreux restaurants qui bordent le flanc droit de la place lorsqu'on l'aborde via la rue St Honoré. Parmi eux j'adore l'un des plus petit, le Point Bar, tenu par de jeunes gens aimables et accueillants. On y mange bien à un prix raisonnable, et surtout, la carte des vins est attrayante et sans exclusive. Ce n'est pas ma cantine mais, de temps à autre, je m'y rends avec des amis. Ce fut le cas récemment avec un de mes anciens collègues de la rue Barbet de Jouy où nous faisions de la prospective en 75-76 (ça ne nous rajeunis pas). Après avoir bien mangé et bien bu, ce cher Claude, jamais pressé, avait envie de finir soirée autour d'un Calvados (j'ai quelques difficultés à le débarasser de sa manie de dire du Calva). Bref, nous nous sommes rendu au bar de l'Hôtel Hyatt, rue de la Paix, un des derniers-nés des grands hôtels parisiens.

En me rendant dans ce haut lieu du luxe je savais qu'ils allaient nous proposer du Château du Breuil www.chateau-breuil.fr . Dans l'atmosphère feutrée, on nous a donc servi du 12 ans d'âge. Nous avons bavassé, politique et buiseness, en fumant un Cohiba. En vous contant ainsi une soirée qui s'est terminée vers 1 heure trente du matin - je suis rentré à vélo, donc pas de risque du petit ballon - je ne suis pas sûr de vous passionner, sauf à ce que vous ayez la curiosité de découvrir l'excellent et remarquable Calvados du Château du Breuil. Outre cette motivation d'élargir le cercle de votre culture, si j'ai décidé en pédalant gaiement dans la douceur de la nuit parisienne d'écrire une chronique sur le Château du Breuil c'est que le directeur de la société qui élabore et commercialise ce Calvados d'exception, Didier Bedu, est mon successeur à la présidence de l'Interprofession du Calvados, Cidres et Poirés, Pommeau : l'IDAC et que je me suis dit qu'un petit retour en arrière s'imposait.

Un beau jour, messieurs Favennec et Huet, vice-présidents du BNICE, m'ont invité au restaurant de l'Intercontinental pour me proposer de succéder à un grand président qui fut des années durant le Président du CN vins et eaux-de-vie de l'INAO. Lourde tâche, d'autant plus qu'il me fallait transformer le vieux Bureau du Calvados en une Interprofession fédérant l'ensemble des AOC de la pomme et de la poire, normandes et bretonnes. Vaste ambition, beau challenge, j'ai accepté. Ce ne fut pas simple. Succession difficile, avec actif et passif, des pesanteurs, de vieilles histoires, la présence d'une filiale du groupe Pernod-Ricard, un mode de présidence à l'ancienne, l'absence de toute dynamique face au lent déclin volumique du produit mais une véritable révolution qualitative. J'abrège. L'IDAC naît. Interprofession à sections, je laisse à chaque produit la responsabilité de sa politique. Apprentissage difficile de la décision. Petite structure, certes, mais trop coûteuse en fonctionnement pour le périmètre économique de nos produits. Il faut réduire la voilure. Je le fais en dépit d'une opposition larvée. Didier Bedu est de ceux qui m'ont soutenu, avec une poignée d'autres Benoît Pellerin et M.Grandval. Ce travail accompli il ne me restait plus qu'à trouver un successeur, ce fut, pour ma plus grande satisfaction, l'homme du Château du Breuil.

Tout ça pour dire que, lorsque j'ai la dent un peu dure pour les organismes consommateurs de CVO, je suis légitime. Comme diraient nos hommes politiques : j'ai été sur le terrain. J'ai, dans l'adversité, tenu mes engagements vis à vis de mes mandants professionnels. Vous allez trouver prétentieux de me tresser ainsi une couronne de lauriers. J'assume car si ce n'est pas moi qui le fait personne ne le fera à ma place. On n'est pas président pour avoir une ligne de plus dans sa biographie du Who's who, mais pour faire bouger les lignes. Allez, foutez-vous de ma gueule et buvez du Calvados ça guéri de tous les maux de notre société post-moderne... 

Message perso : Anne, le Stade Malherbe de Caen est à nouveau en Ligue 1, ayez une petite pensée pour votre ancien président qui pleure la relégation d'un monument du football français : le FC Nantes... En espérant que la saison 2008-2009 ils se retrouveront dans le même tableau, en Ligue 1, bien sûr...

Partager cet article
Repost0
3 juin 2007 7 03 /06 /juin /2007 00:03

Je vouvoyais à nouveau Raphaël ; il venait d'investir mon imaginaire ça exigeait qu'il retrouvât la bonne distance, ni trop près, ni trop loin. Pour sceller ce pacte de fournisseur de matériaux, je me levais et lui donnais l'accolade sous la mitraille des regards électrisés de mon fan club de minettes formatées bimbos. Comme je suis un vieux bouc ça m'échauffait les gonades. L'heure n'étant pas au chalutage de menu fretin j'actionnais l'extincteur ; je pensais à Jasmine. A cette heure elle entamait le second versant de sa journée. Le premier, l'officiel, elle le passait dans un salon grand comme un mouchoir de poche à ratiboiser la toison de gays du Marais. Ils douillaient un max et ne représentaient aucun danger pour moi. Quand on a de l'âge, ce type de confort est appréciable. Vers 5 heures apm. elle rentrait chez elle. Se douchait. Pionçait jusqu'à 10 apm. Se levait fraîche comme une rose thé. Grignotait une biscotte complète sans sel, buvait un verre d'oranges pressées et se goinfrait de fruits frais. Ensuite elle se préparait pour ses raids underground. La fenêtre de tir venait de s'ouvrir. Jasmine acceptait les visites. Avant de tirer notre révérence je m'offris un raid éclair sur une table de pouffes en mules qui faisaient tache dans cet écrin de filles en fleurs. Leurs gloussements et cacassages et les remugles de leurs parfums à deux balles me portaient sur le système. « Ne vous attardez pas trop les pouffes, vous allez rater l'heure de la soupe à l'hospice... »

 

Stupeur et tremblements, je contemplais mon oeuvre de destruction avec la satisfaction d'un justicier car, ne vous en déplaise, la grossièreté appliquée sur une population vulgaire perd son gras pour s'élever au rang de grande cause nationale. En l'espèce, face à ces cinq blondasse gonflées à l'hélium, enduites de crèmes, de fards, de rouge criard, encuissardées, empochées dans du vinyle luisant, j'exerçais un droit d'ingérence. Toute ces viandes molles exposées, en passe de subir leur énième liposuccion, représentaient un danger pour les générations futures assemblées dans ce café. La vieillesse n'est plus un naufrage mais une incitation au suicide. Subir un tel spectacle de refus délibéré de vivre l'âge de ses artères n'est plus tolérable. Tous ces mecs ou nanas, ou les deux en un, bousillent le peu de respect qui me reste dans la nature humaine. Mon intolérance reste verbale. Je me débonde de temps en temps pour éviter le pire. Pétrifiées, elles me contemplaient avec stupeur. J'en rajoutais une louche : «  feriez mieux d'aller sur la Net, à la rubrique femmes mûres, y'a du blé à faire pour ravaler vos façades... » Ma volte lente et mon pas trainant mes tongs m'exposaient au pire. Ce fut d'abord un long rugissement puis un tintinnabulement de bracelets suivi du fracas d'une table renversée. Je voyais Raphaël plonger. Le chaos, des verres brisés, des cris, des invectives, des claques... et moi, indemne, de me retourner. Au sol, sous un Raphaël triomphant, un long corps léopard musculeux maintenu par une clé à l'épaule, couinait d'une bouche mal dentée. Tout au haut d'un crane luisant une perruque dévissée annonçait le drame. Face au nez du patron furibard j'exhibais ma carte de police. Grimace mauvaise et repli. Je tendais la main à Raphaël pour le remettre sur pieds. Les coqs maquillés en poules me fusillaient de leurs regards charbonneux. « Viens, on se tire, sinon on va nous taxer d'homophobie... »

Partager cet article
Repost0
2 juin 2007 6 02 /06 /juin /2007 00:02

Assis côte à côte, à la tête de ce ver luisant filant à grande vitesse dans les boyaux de Paris, tel un vieux couple fatigué en transit, Raphaël et moi nous nous laissions porter par la main anonyme de l'ordinateur central. La fluidité de l'Eole libéré des caprices et des humeurs d'un conducteur de chair et de sang nous débarrassait du stress accumulé. Ce charroi en commun nous lévitait. Je pensais à Jasmine. Elle ouvrirait sa porte. Me sauterait au cou. Ferait comme si je venais de la quitter hier. Je lui présenterais Raphaël. Avant je lui offrirais ma brassée de fleurs en précisant que c'était Raphaël qui en avait eu lidée. Elle rirait de son petit rire, mousseux et cascadant, en tendant la main à un Raphaël un peu emprunté avec son sac à provisions. En même temps elle poserait les doigts de son autre main sur ses lèvres peintes en gazouillant " désolé de vous recevoir dans cette tenue..." Ce serait mon tour de m'esclaffer car, comme à son habitude, Jasmine nous recevrait nue. C'était sa tenue d'intérieur. Elle lui allait bien car ses longs cheveux, raides et jais, tombant jusqu'au ras de ses fesses, son tatouage couvrant son flanc gauche : une monstre crachant le feu, son piercing au nombril, son pubis bien taillé et ses rubans aux poignets la vêtaient bien mieux qu'une nuisette baby dol transparente. Jasmine afficherait sa moue de gamine espiègle pour faire craquer Raphaël. Moi je serais le mateur. Mon amante de feu, jalous et féroce, infidèle et câline, adorait s'exposer.

Vous pensez que je m'égare. Que je fais du remplissage. Erreur, je vous prépare au pire. Je repousse l'échéance. Comprenez-moi bien, pour se replonger la tête la première dans le merdier de sa vie, mettre noir sur blanc des épisodes crasseux, c'est une épreuve et cette épreuve je voulais l'affronter propre et net comme un enfant qui vient de naître. Récuré. Que Jasmine me tonde. Me brique. M'oigne d'huiles essentielles. Me couvre de lin écru. Me parfume. Alors je pourrais affronter la boue de mes souvenirs. Raphaël, qui me donnait toujours du monsieur, en se tortillant sur la pointe de ses fesses, à l'arrêt de la gare de Lyon, se risquait à me demander si Jasmine était ma fiancée. La joliesse et la fraîcheur de cette appellation, appliquée à mon état de décrépitude, me touchait. D'un air de conspirateur je lui répondais : " non, c'est ma complice...
- La complicité c'est le ciment de l'amour.
- Mon dieu qu'il est mimi ce Raphaël, très fleur bleue. T'es mal tombé avec moi mon garçon. Moi, l'amour je l'ai bouclé un jour à la consigne de Nantes et j'ai jeté le ticket. Alors ce n'est pas aujourd'hui que je vais réclamer la marchandise...
- Vous êtes amer monsieur Benoît.
- Comme du fiel allongé de bile !
- Vous cachez votre jeu monsieur Benoît, moi je sais que vous êtes un tendre tout au fond...
- Comment tu sais ça toi ? Et puis, oublie le monsieur, ça me donne des airs de souteneur.
- Oui mon..., oui Benoît mais, si je puis me permettre, souteneur vous l'avez été un petit peu...
Je manquais d'air. En état d'apnée. Pire qu'une carpe sortie de l'eau. Raphaël, content de son effet, me souriait. J'avalais une goulée d'oxygène. " Comment tu sais ça , toi ? "
- Je l'ai lu dans votre manuscrit.
   

Partager cet article
Repost0
1 juin 2007 5 01 /06 /juin /2007 00:37

Dans la vie il est des rencontres qui marquent., déterminantes, de celles qui donnent à votre trajectoire une courbe ascendante. Sur le moment on prend plaisir à la conversation, on se dit qu'on a eu de la chance de croiser une telle personnalité. En 1975, au retour de mon séjour Contantinois, je logeais chez des amis, les Grollemund, et un soir, lors d'une petite réception, j'ai rencontré Jean-Michel Bellorgey.

 

Pour être impressionné, je fus impressionné : un esprit supérieur, membre du Conseil d'Etat, mais en total décalage avec l'image classique de l'énarque haut-fonctionnaire, tant sur le plan vestimentaire que pour les idées. Il en avait, des personnelles, très. Cultivé, engagé, hétérodoxe, paradoxal, irritant même, mais un personnage qui ne peut laisser indifférent.

 

Bref, le temps passe et une fin d'après-midi il m'appelle. Je suis à l'époque dans mon petit cagibit de la rue Barbet de Jouy, au 2ème étage de ce qui était la Direction de la Production et des Echanges du Ministère de l'Agriculture : chargé de mission. Je pense pour le compte de mon patron Bernard Auberger, premier Inspecteur des Finances occupant ce type de poste à l'Agriculture (nous sommes sous VGE). Le message est simple : le 1er Secrétaire, le François de Jarnac, l'envoie, lors d'une législative partielle, affronter à Vichy, un vieux radical : Gabriel Perronnet. Pourrais-je l'éclairer, lui l'intello parisien, sur les questions agricoles et rurales de ce fin fond de la France qui je crois est le Bourbonnais. J'accepte bien sûr.

 

Et me voilà qui fait des fiches sur les vaches allaitantes afin que Jean-Michel puisse résister aux quolibets de Perronnet, vétérinaire de son état, l'accusant de ne pas savoir distinguer un viau d'une vache. Chemin faisant je découvre le vignoble de Saint-Pourçain, un vieux vignoble réduit à une peau de chagrin par la crise phyloxérique : 600 ha. C'est un VDQS depuis 1951, 19 communes, les cépages : tressaillier, chardonnay et sauvignon pour les blancs ; gamay à jus blanc et pinot noir pour les rouges. J'abreuvais donc mon candidat de détails pour qu'il compensât son handicap de parachuté. Bref, il est battu avec les honneurs. En mai 1981, la vague rose emporte de vieux élus, Perronnet est du lot. Je suis à l'ONIVIT. Jean-Michel m'appelle " Jacques veux-tu occuper de hautes fonctions ? " De répondre " dis comme ça je ne peux que répondre oui..." C'est ainsi que mon aventure de "cabinet" a commencé. C'est mon Colombo - surnom vychissois de Jean-Michel, eut égard à l'état de son éternel imperméable crado - qui me précipitait dans le marigot politique.

 


 

 

Jean-Michel a quitté la politique active, il s'en est retiré. Il écrit. Des livres d'une grande érudition, d'accès difficile mais, tels les grandes bouteilles de notre divin nectar, il faut prendre le temps de les découvrir, de les goûters, de les savourer. Comme le personnage, complexe, ils ne laissent jamais indifférents. Je vous offre donc un passage de Vichy-Tombouctou dans la tête éditions Bleu autour qui, à mon sens, cerne bien le Jean-Michel Bellorgey homme public.

 

 


 

 

" La "question sociale" a, pendant ce temps, et même avant que je ne devienne, par hasard, en tout cas pas selon le projet de ma formation politique, président de la commission des Affaires Sociales de l'Assemblée, mobilisé le plus clair de mon énergie, comme elle l'avait fait antérieurement, sous d'autres formes, dans l'Administration dite, curieusement, active, et au Conseil d'Etat, ainsi que dans divers mouvements caritatifs ou sociaux ; à la Ligue des droits de l'homme, je n'ai pris de service qu'après mon entrée au Parlement, et, quelques difficultés qu'on  ait rencontrées pour s'accoutumer à mon goût de toutes les formes de spiritualité, on a fini par me le passer, au bénéfices des convictions et des combats communs. J'étais, de longue date, convaincu qu'aucun progrès durable n'était, en matière sociale, concevable sans mobilisation et consolidation politique. J'ai pu, pendant la durée de mon mandat, vérifier que cette mobilisation et cette consolidation n'allaient pas de soi, même sous le signe d'un projet politique de gauche. Socialisme et intelligence des enjeux sociaux, ainsi que des procédés propres à leur rendre justice, ne marchent pas nécessairement de pair ; ce qui ne signifie pas, bien au contraire, que, à d'autres pensées et à d'autres projets, de meilleures performances soient plus aisément accessibles. A qui veut rendre la société plus juste, le monde plus "habitable" - le mot est, je crois, de Gombrowicz -, y compris pour les plus faibles, il faut consentir à mettre plusieurs fers au feu ; courir le risque que le monde change sans qu'on en maîtrise totalement les changements ; s'interdire de tout vouloir changer car, même si on ne s'y emploie pas avec des arrières-pensées ("Tout changer pour que rien ne change", dit, fortement l'exergue du Guépard du prince de Lampedusa), les résultats sont rarement à la mesure des espérances ; ne pas répugner à faire usage de la loi, mais ne pas tout en attendre ; ne pas mépriser la vertu de charité, sans lui prêter trop d'effet lorsqu'elle s'exerce à défaut d'autres disciplines, au moins dans ce monde-ci, où elle n'est pas généralement cultivée, et qui n'est pas prêt d'être transfiguré par la grâce " Ce monde n'est pas outillé pour la joie ; la joie, il faut l'arracher aux temps futurs " ; j'ai toujours présent à l'esprit cette phrase de Maïakovski, inscrite de la main de mon frère, à la première page d'un livre d'anthropologie, cadeau d'anniversaire [...] "

 

 

 

La vie a de drôle de détour, je dois beaucoup au St Pourçain et je me devais de l'écrire...

 

 

Partager cet article
Repost0
31 mai 2007 4 31 /05 /mai /2007 00:03

Pierre Vassiliu, sur une musique de Chico Buarte et des paroles du même Chico Buarte et de Marie Vassiliu  chantait au tout début des années 70 :


Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là ?
Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga
Il a une drôle de tête ce type-là
Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a ?
Et puis cha bagnole les gars
Elle est drôlement bizarre les gars
ça s'passera pas comme ça.

 

Certains d'entre vous, dont mon ancien camarade de l'Ecole d'Agriculture ND de la forêt à la Mothe-Achard, Jacques Garandeau, s'interrogent sur ma présente activité professionnelle.

 

D'où la référence ci-dessus.

 
Que fais-je ?

 
C'est simple, je pense. En tout lieu, par tous les temps, le matin, le midi, le soir, la nuit je reufleuchis grave. Ma tête est mon outil de travail. Je fais du vélo aussi. 

 
Depuis le mois de novembre 2006 je suis mis à disposition du directeur de Viniflhor pour faire du "Berthomeau" sur le secteur des fruits et légumes et de l'horticulture. Pour ça, on m'a affecté un charmant petit bureau, sous les toits, au 5 ème étage de Viniflhor, 232 rue de Rivoli, dans le 1er arrondissement. En hors d'oeuvre je me penche sur le chevet des fleurs coupées françaises face aux grands méchants bataves et aux producteurs d'un autre Nouveau Monde : Kenya, Centrafrique, Colombie... Le sujet est intéressant. Je fouine. Je découvre le marché. Je mets en marche mes élytres de consommateur : j'aime beaucoup composer des bouquets. Saviez-vous que c'est la rose le produit le plus vendu ? Bref, je vais voir si le " plan de relance " a pris le problème par le bon bout. Toujours la même méthode : écouter, comprendre, proposer pour agir. J'ai d'autres dossiers en magasin mais, ne m'en veuillez pas, je ne peux les déballer sur ce blog. On ne me paye pas pour blablater sur la toile. Quoique...

Pour me faire pardonner, comme je suis bon zig, je vais vous faire une confidence, vous confiez mon rêve secret. A charge pour vous de rester discret, de garder ça pour vous.

Parole ! D'accord. Allez je vous fais confiance. 

De quoi s'agit-il ?

 

C'est tout bête : je rêve d'être nommé Consul de France à Séville. Pendant tout un temps c'était à Florence que je rêvais d'être Consul mais, comme je suis un bien trop petit poisson - j'suis ni haut, ni fonctionnaire mon cher Jacques - pour un aussi beau bocal, Séville me va.

 

J'aime l'Andalousie. Même si je cause pas bien l'espagnol, jm'y mettrai et je ferai mon possible pour bien représenter la France. J'ai de la conversation vous savez. De là-bas je blogguerais. J'occuperais mes loisirs à écrire un roman. Bref, je coulerais des jours heureux. Je vous expédierais de belles jarres d'huile d'olive et quelques flacons de nectar. Quand vous passeriez nous ferions la conversation dans les bars à tapas. Avec mes compères de Cap 2010, nous évoquerions avec nostalgie le temps où, avec enthousiasme, nous pensions ensemble. Comme je suis un garçon prévoyant je vous joins la photo du lieu. Allez mes amis, pardonnez-moi, ça fait du bien de rêver et, confidence pour confidence, je pars ce matin en Andalousie pour 8 jours. Soyez fidèles continuez de lire mes petites et grosses bêtises pendant mes vavcances... 

 

Partager cet article
Repost0
30 mai 2007 3 30 /05 /mai /2007 00:02

Dans la veine " papa, maman, la bonne et moi " Robert Lamoureux, humoriste tendance grave, dans le plus fameux de ses schetches, narrait de sa voix nasillarde l'épopée du sacrifice d'un canard dans une famille de français moyen. Tout le ressort comique tenait, qu'en dépit des efforts pour couper le cou à la bestiole, au constat récurant : et le canard était toujours vivant... Quand, voici deux années, je me suis lancé dans l'aventure d'un blog, sur l'incitation de mes amis bordelais - leur maire exilé venait d'en inaugurer un - si on m'avait dit que j'écrirais tous les jours un papier pour atteindre aujourd'hui plus de 500 chroniques, très sincèrement, je n'aurais pas parié le moindre kopek sur cette longévité. Si j'en suis arrivé là, c'est grâce à vous, chers lecteurs, grâce à votre fidélité. Depuis l'administration de mon blog, les statistiques journalières, mensuelles, me donnent une image de votre constance.

Quelques chiffres pour illustrer mon propos (ci-dessous une vue de l'administration de mon blog) :

- le 1er mois d'existence juin 2005 : 604 pages lues et 162 visiteurs uniques ;
- au 1er anniversaire juin 2006 : 24 396 pages lues et 6111 visiteurs uniques ;
- le mois record de 2007 : avril avec 37 882 pages lues ;
- depuis le début 2007 : en moyenne 9800 visiteurs uniques par mois ;
- ce qui donne depuis sa création 490 000 pages lues et 130 000 visiteurs uniques ;
- j'ai écrit près de 550 chroniques ;
- j'ai 522 abonnés.

Tout ça sans promotion ni campagne de pub, le bouche à oreilles, le hasard de ceux qui surfent sur le net, les liens sur d'autres blogs, des annuaires. Si vous souhaitez m'aider à diffuser ce blog vous le pouvez en y inscrivant vos amis ou relations intéressés par la réflexion sur notre beau secteur. Pour cela vous devez utiliser dans la colonne de gauche du blog sous la rubrique Newsletter le cadre inscription à la newsletter.

Vous transcrivez l'e-mail de la personne que vous souhaitez inscrire vous clicquez sur OK.
Un message s'affiche sur votre écran clicquez sur je m'inscris.
Un message en provenance de www.berthomeau.com sera transmis à la personne que vous venez d'inscrire.
A charge pour elle d'ouvrir ce message et de confirmer son inscription.

Merci par avance de ce coup de main.

Partager cet article
Repost0
29 mai 2007 2 29 /05 /mai /2007 00:02


Aujourd'hui
c'est la fête des voisins,
j'ajoute et des voisines,
ça rime avec copains,
et zavek copines,
 
le soir après le turbin,
les gamins et les gamines
papa, maman, pépé, mémé et le chien,
le gars tout seul, la fille paumée, et même l'autre radine 
vont s'offrir un petit festin
avec deux ou trois petits riens
une baguette de pain
et un verre de vin
...

[interruption de l'image]

Immeubles en fête www.immeublesenfete.com
" L'occasion de rendre le sourire à notre ville,
d'aller à la rencontre de nos voisins,
de partager un moment de convivialité et de développer la solidarité de proximité "

[image]

Que vois-je sur l'image, tout en bas, sur le bandeau des sponsors ? Coincé entre Amora et LCL : Ecusson Grand Cidre, une boisson fermentée, faiblement alcoolisée, un cidre industriel qui ferait blémir Perico, une marque quoi appartenant à un groupe coopératif normand qui fait aussi dans la salade en sachet : Florette. En bonne compagnie le cidre puisqu'il y a le Sénat et le Ministère de la Cohésion Sociale. Un grand absent : le vin et qu'on ne vienne pas me dire qu'on ne peut pas parce que... tralali lalère... Bravo le cidre ! Carton rouge pour le vin... Reste plus à nos amis de Monoprix de faire la promo de notre produit. Et il le font dans leur catalogue " Réussissez la Fête des voisins Tout l'immeuble débarque en proposant un Bib de 3 L Merlot rouge sous leur MDD à 12 euros 50 et une boutanche de Crémant de Bourgogne Louis Bouillot à 6 euros 90. Bravo Monop ! Toutes mes félicitations... Et si avec ça ils ne me font pas une réduk la prochaine fois que je vais faire mes courses y'a plus de justice pour les cireurs de pompe. Bonne fête des voisins et n'oubliez pas d'apporter votre vin... 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents