" Le Monde ", daté du 12 juin, en bas de première page titrait : Le Mai 81 de la droite et Arnaud Leparmentier d'écrire " Il flotte un air de mai 81 sur la droite française ". J'ai connu la chambre rose de 1981. Arrivé sur mon premier vélo, celui qu'on m'a volé dans la cour de l'hôtel de Villeroy, à la loge des gardes de l'Hôtel de Lassay, je constatai que le personnel était au bord de la crise de nerfs. L'afflux d'une horde de bizuts barbus bousculait leurs habitudes. Pour me permettre d'introduire mon vélo dans l'enceinte on fut à deux doigts de consulter le général en charge du Palais Bourbon. Grâce à mon noeud papillon et mon sens de la diplomatie les factionnaires me permirent d'entrer à deux conditions : la première était que je pousse pédestrement mon vélo et la seconde que je le gare hors de la vue de tous. Pendant quelques semaines des pans entiers d'habitudes passèrent à la trappe. Le Président remisa la queue de pie et les "roses" se glissèrent vite dans leurs nouveaux habits. La machine bien huilée repris son rythme. Bref, les nouveaux de la vague bleue annoncée bénéficieront de ce précédent vieux d'un quart de siècle.
Tout ça pour vous dire que les nouveaux arrivants vont découvrir l'hémicycle bien sûr, la salle des Quatre-Colonnes où sont les journalistes accrédités, la salle Colbert affecté au groupe majoritaire, la superbe bibliothèque nef de 42 mètres de long avec ses cinq coupoles peintes par Delacroix, la salle des Conférences où ils vont pouvoir consulter l'intégralité de la presse ; ils vont se perdre dans les couloirs ; ils vont se voir affecter des bureaux dans les annexes loin du saint des saints ; ils se retrouveront dans une Commission dont les ténors ne veulent pas ; en résumé ils vont devoir se plier aux us et coutumes de la maison et, pour se faire, ils devcront faire ami-ami avec les huissiers : les ex-petits gris, pas les à chaîne que vous apercevez lors des questions au gouvernement sur FR3, ceux qui, à tout heure du jour ou de la nuits, derrière leur bureau d'étage tuent le temps. C'est une ville dans la ville : coiffeur, médecin, bureau de poste, salle de sports, centrale électrique et... j'y viens. 1200 fonctionnaires au statut en or massif.
Tout ces ors, la splendeur de la Galerie des Fêtes qui relie l'Hôtel de Lassay au Palais Bourbon - que j'ai tant de fois traversé - les voitures à disposition, ne sont rien à côté du charme de la Buvette. Celle-ci, ouverte en 1797 par un limonadier du nom de Jacob, est située dans le prolongement de la salle des Conférences. Elle donne sur un jardin bordé par le Quai d'Orsay et la rue Aristide Briand. Je ne pourrai pas illustrer ma chronique d'une photo, elles y sont interdites. N'entrent dans ce lieu que les députés et les biens badgés. Nous, les membres du cabinet du Président, allions partout et partout on était aux petits oignons avec nous, à la buvette surtout. Tarifs imbattables ! Le souvenir du Côtes du Rhône de Ste Cécile les Vignes cher au regretté Henri Michel. Des maccarons de ouf en compagnie de Guy Carcassonne. Les assiettes de viande froide à toute heure avec Philippe, Carole et Patricia. Le champagne avec les Ministres et leurs collaborateurs après un projet de loi. Les petits cafés avec les gnômes des Finances pendant les nuits de débat sur la Loi de Finances. Tout le petit peuple des députés cotoyé autour d'un verre. Maintenant on n'y fume plus sans doute mais je suis sûr que les vertus de notre divin nectar y jouent encore à plein.
Appelez le 06 80 17 78 25 ou écrivez jberthomeau@hotmail.com certains d'entre vous on déjà dit banco, je ne serai donc pas seul sur le bord d'une allée à noyer mon chagrin dans un verre de vin.