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8 juillet 2007 7 08 /07 /juillet /2007 00:34

Mousset, insensible aux ébraiements de son collègue, me traînait jusqu'à un café minuscule. C'était un rade enfumé plein de vieux arabes qui jouaient aux dominos en buvant du thé à la menthe. En dépit de sa visible aversion pour le lieu et ses occupants Dornier nous y suivait en tirant la gueule. Derrière son bar en formica rouge, le patron, un torchon sale sur l'épaule, nous accueillait avec l'obséquiosité de celui qui flaire la présence des flics. A peine assis Mousset s'offrait une Gitane maïs fraîche. Elle grésillait sous l'impact de la flamme de son allumette et un nuage âcre s'épandait dans nos yeux et nos narines. Dornier protestait en s'éventant avec un journal qui traînait sur la table. Le patron s'empressait et revenait prestement avec notre commande. Les tasses ébréchées et les verres douteux tiraient une moue de dégoût à Dornier. Je le sentais au bord de la rupture. Les vieux claquaient violemment leurs dominos sur le formica des tables. Dornier sursautait. Au quart de sa consomption la cigarette de Mousset s'éteignait et un peu de cendres s'épandait sur la table. Le café sentait la lessive. Avec sa grosse boîte d'allumettes Mousset me rappelait mon Jean de l'Ile d'Yeu. Le flash violent du visage de Marie télescopait celui de Sylvie. Une monstrueuse envie de chialer me submergeait. Je chialais de grosses larmes ventrues. Elles dégoulinaient, chaudes et salées, sur mes joues et mouillaient mes lèvres ; le goût du beurre de sardines. Je hoquetais. Les vieux piquaient plus encore du nez sur leurs dominos. Dornier me toisait de son mépris. Je reniflais. Mousset me tendait son mouchoir. Je me mouchais bruyamment. Mousset me glissait le petit verre de Calvados dans la main : "boit !" Je l'enfilais d'un trait, avalais de travers et le régurgitais en pluie fine sur la tronche de Dornier. Mousset me tapotait le dos. Dornier pestait en s'essuyant le visage. Je pleurais toujours mais doucement, sans bruit.

Mousset me remis d'aplomb avec force de sucres trempés dans le Calvados. D'aplomb c'est beaucoup dire car je ne sentais plus mon corps et j'affichais un sourire niais qui cadrait mal avec ce qu'on me racontait. Que Brejoux puisse être l'auteur d'un tel carnage me plongeait dans une stupéfaction que l'eau-de-vie auréolait d'une lévitation béate. Je ne cessais de dire " ce n'est pas possible, ce n'est pas possible..." Crime prémédité, sauvage, exécuté sans faillir ; Sylvie en le voyant savait qu'elle allait mourir. Mousset tirait de la poche de son imperméable une grande enveloppe kraft. Il m'interrogeait : "tu te sens prêt à affronter les photos ?" J'opinais en affichant toujours mon air de Lou Ravi. Dornier se curait les dents en affichant un air faussement détaché. Les vieux, depuis ma séance lacrymale, jouaient en silence. Mousset rangeait les tasses et étalaient les photos, une à une, face à moi. Mon état me sauvait de l'effondrement. Le corps de Sylvie, supplicié, désarticulé, gisait sur un drap blanc, les bras en croix, les cuisse ouvertes. Dans une mise en scène d'halluciné Brejoux devait l'avoir d'abord tondue, puis, au sens propre, crucifiée, puis énuclée vivante. Mes mains tremblaient en effleurant le papier glacé des photos. De la sueur glacée dégoulinait. Mes yeux se vitraient. Je balbutiais "mais comment a-t-il pu faire ça ?" Dornier me chargeait "parce que tu lui as piqué sa femme..." Je m'affaissais plus encore sur ma chaise. Ce con n'avait peut-être pas tout à fait tort mais autant de barbarie ne pouvait se nourrir que d'une folle jalousie. Il devait y avoir des raisons plus profondes... 

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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 00:02

Mousset gentiment me prenait par le bras : " viens mon garçon, allons prendre un café avec un petit Calva, ça t'aidera à te remettre d'aplomb." Je le laissai faire. Dornier, en grommelant, refermait la porte et replaçait les scellés : " ne croît pas que j'ai dit mon dernier mot. Tu ne vas pas t'en tirer comme ça mon coco. Que tu le veuilles ou non il va falloir que tu t'expliques sur la nature de tes relations avec cette fille...
    - C'est facile. Je couchais avec elle et elle m'entretenait. Tu as avec ça tout ce qu'il faut pour me faire chier Dornier. En plus, comme Sylvie la fourmi notait toutes ses dépenses sur un petit carnet à spirales, et que je suppose que ce carnet est dans ta poche, tu disposes des éléments matériels constitutifs du délit monsieur l'officier de police judiciaire. Alors, arrête ton cirque ! Tu me charges ou tu me laches les baskets, tu n'as pas d'autres choix. Simplement, saches que je n'en ai rien à foutre. Fais ton boulot flic à la manque !
    - Je n'aime pas tes grands airs d'intello. Ici c'est moi qui dirige l'enquête. C'est moi qui pose les questions. Contente-toi d'y répondre. Tu ne m'impressionnes pas. La donne est plus compliquée que tu ne le penses. T'es dans une seringue et tu ne t'en sortiras pas en jouant les ptits mac à la sauce gauchiste...
    - C'est quoi ce baratin fumeux sur la donne ? Quelle donne ? Tu cherches à m'enfler comme au poker menteur Dornier. La vérité c'est que tu veux me casser, alors fais-le Bib de merde !
      - D'abord parle-moi sur autre ton. Ici t'es pas un flic mais un mec qui a commis un délit...
      - Tu me gonfles et si tu continues je vais te donner un autre motif de me mettre à l'ombre...

Mousset me tirait dans l'escalier. Nous descendions dans cet attelage, de guinguois, " laisse-le blabater mon garçon. Bib est un lécheur de cul et un cireur de pompes. C'est sa nature. Même que, pour un petit compliment sur ses hautes qualités, il dénoncerait sa mère. Fais-lui confiance : la merde dans laquelle il t'a foutu c'est pour se faire bien voir de notre beau commissaire. Bib il est à genoux devant notre Appolon bronzé. Si celui-ci lui demandait de lui tailler une pipe, Bib le ferait de suite. Il a la position et le savoir-faire. En plus, la bouche pleine il lui vanterait la qualité de son foutre..." Dornier qui venait de nous rejoindre s'égosillait : " ferme ta grande gueule Mousset sinon je vais te casser...
    - Tu peux pas grosse larve ! J'te tiens par les couilles.
    - C'est de l'histoire ancienne...
    - Oui mais y'a pas prescription et je suis sûr que ça ne plairait pas à notre beau commissaire qui va à la messe, chante dans la chorale et fait des enfants à sa jeune et sainte femme.
Au-dessus de mon épaule j'apercevais le visage convulsé de Dornier et je ne pouvais m'empêcher de nourrir à son égard un désir de l'écraser comme une punaise. Pour la première fois de ma vie une réelle envie de meurtre m'emplissait.
 

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6 juillet 2007 5 06 /07 /juillet /2007 00:09

Paris le 6 juillet au matin

Chers lecteurs,

Quand vous lirez ces lignes je ne serai  pas encore parti en vacances, c'est pour demain matin. Mais, comme je suis un peu collant, je ne vais pas pour autant vous priver de mes chroniques matinales. Je les mettrai en ligne depuis mon balcon en contemplant la mer et, bien sûr, en pensant à ceux d'entre vous qui travaillent.

Mes chroniques prendront le ton de l'été, ses saveurs aussi : vous aurez droit à des recettes de mon cru avec vin qui va avec, des élucubrations sur des objets cultes avec vin qui va avec, des notes de lecture, des coups de coeur avec des titres alléchants du genre :

- Qui se souvient du panty ?
- Eloge des femmes mûres.
- La déconnante vieillit mieux que le tragique.
- C'est quoi les pommes tapées
- Eperdue de beauté brute
- Des faux airs de Denis Hopper...

J'en passe et des meilleurs.

Bien sûr, le week-end vous retrouverez avec un plaisir non dissimulé ce cher Benoît qui continuera de cheminer dans sa vie de patachon. Pour ceux qui sont un peu perdu dans les épisodes je leur conseille de se reporter à ma chronique du 24 juin " j'ai rarement vu un tel carnage"  qui fait le point juste avant d'aborder le chapitre 3 de ce "merveilleux" roman écrit en direct sur la toile.

Si vous avez un peu de temps prenez-le pour répondre au sondage le plus tendancieux de l'année pour cela clicquez sur ce lien www.berthomeau.com/article-6801662.html . Vous me feriez tant plaisir chers lecteurs.

Enfin, au cours de cette période, comme chaque année, un évènement d'importance interviendra dans ma vie. Je compte beaucoup sur vous pour m'aider à le surmonter. Ce jour-là à vos mulots. Déchainez-vous chers lecteurs.

Allez, je vous laisse, sinon je ne vais pas boucler mes valises. Bonne lecture. Bonnes vacances pour ceux qui en prennent à la même période que moi. Bon courage aux autres.

Je vous embrasse.

Votre chroniqueur chroniquement au Sud de South of France

Jacques Berthomeau

PS. Vous m'avez gratifié d'un mois de juin exceptionnel : plus de 45000 pages lues soit plus de 8000 que le précédent mois record. Merci de votre fidélité. Profitez de vos vacances pour oser faire des commentaires et pour recommander ce blog à vos amis ou même à les abonner (inscription à la newsletter).

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5 juillet 2007 4 05 /07 /juillet /2007 00:05

 

BB a encore frappé. Notre homme, il s'agit de Bernard Bled, devenu directeur de l'EPAD (établissement public de la Défense) après avoir officié comme Secrétaire-Général de la Mairie de Paris, où la cave sous sa houlette recelait des trésors de grands vins aujourd'hui dispersés à la suite d'une vente aux enchères, vient de faire planter 10 ares de vigne sur la dalle de béton en bas de l'esplanade, juste au-dessus du tunnel qui mène à l'autoroute 14.

 

Selon notre homme "c'est une initiative symbolique pour donner une autre image de la Défense et insister sur son caractère humain et convivial ; preuve que le béton n'est pas antinomique avec la qualité de vie. Et quoi de plus symbolique que la vigne pour revenir aux sources ? Il y a la terre, l'homme et le fruit de son travail"

 

C'est beau comme du Millet à la sauce post-moderne assaisonné par la com qui sait faire enfler les mots comme la grenouille de la fable. Pour ajouter au caractère bucolique de cette "opération d'image " la vigne a été baptisé "Clos du Chantecoq" du nom de la butte autour de laquelle fut édifiée la Défense en présence d'Anne Roumanoff et de Bernard Laporte. Très people donc notre clos de béton.


Sur le plan technique l'opération a été mené par  "La rue des Vignes" société spécialisée dans la plantation et l'entretien de vignes en Ile-de- France. Les cépages choisis Chardonnay et Pinot Noir de Bourgogne l'ont été, me dit-on, en raison des conditions climatiques du lieu et complantés en exposition SE ; 350 pieds de chaque. Je suppose que ces braves gens ont obtenus des droits de plantation. Bien sûr, il a fallu importer de la terre : 800 m3 venant de Bourgogne, soit 80 cm de profondeur, déposés sur une couche de pierre de lave destinée à drainer les excès d'eau.

 

Tout ça me semble bien artificiel et, sans jeu de mots, superficiel. Mais si ça amuse BB, les journalistes et les gogos pourquoi m'en plaindrai-je ? L'un d'eux écrit " à défaut d'un vin d'excellence, il faudra se contenter d'un vin d'exception, au sens strict du terme. Car le vin ne sera pas vendu dans le circuit traditionnel mais mis aux enchères au profit d'oeuvres sociales. Nul doute que posséder une de ces bouteilles constituera une rareté qui pourra peut-être se monnayer cher..." (nous sommes dans un quartier d'affaires et chez ces gens-là le compte en banque n'est jamais loin) La première vendange est prévue en 2010 ainsi que l'intronisation de la première confrérie de Chantecoq.


Rendez-vous donc est donné aux grands dégustateurs qui, eu égard à l'environnement du Clos de Chantecoq, pourront enrichir leur vocabulaire de nouveaux qualificatifs tels que : nez de gazole, nez de sans plomb, nez de béton ou pour les aromes : de bouchons, de clim, de pneu...

 

Bien évidemment, comme il s'agit d'un vignoble de haute extraction, ses raisins devront être vinifiés in situ dans les caves de la Tour Total et le vin, avec la mention de l'origine "Courbevoie" ou "Puteaux", embouteillé dans la zône de production par les chais du Syndicat de Défense de la Défense. Faut bien que ces braves gens s'amusent, à leur âge faut pas les blâmer.

 

Moi je propose qu'il ne faut s'arrêter en si bon chemin et que toutes les dalles de béton d'Ile-de-France - et y'en a - au lieu de servir à des jeux de mains jeux de vilain, puissent être couvertes de ceps de vignes. Ainsi on arrachera de la vigne dans South of France grâce à l'argent de la Marianne FicheBol et on augmentera notre potentiel à Paris pour redonner vie à Bercy qui retrouvera son lustre d'antan. Circuit court du producteur au consommateur : avec tous les touristes qui débarquent dans la capitale pas de problème d'écoulement. Avantage aussi, comme Paris est aussi la capitale des manifs, celles des viticulteurs franciliens seront noyées dans le flux. Le pied j'vous dit, le pied de vigne bien sûr !  

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4 juillet 2007 3 04 /07 /juillet /2007 00:02

L'information est certes anecdotique : Henry Hobson, gentlemen farmer british, producteur de cidre et homme d'affaires, soucieux de l'environnement, vient de réaliser des modifications sur sa Jaguar XJ6 pour qu'elle puisse fonctionner grâce à un mélange d'essence et de méthane provenant directement de la décomposition des pommes inexploitables et des déchets des autres. L'expression " un pti coup cidre pour la route..." retrouve donc Outre Channel un sens perdu depuis l'irruption du cheval-vapeur sur nos routes. Autrefois le cheval tout court pouvait ramener sans encombre celui qui s'était laissé aller à s'envoyer derrière la cravate une cargaison de p'tits coups de cidre ou de Calvados ou de jus fermenté du raisin. Les gaz d'échappement parfumé à la pomme c'est tout de même plus agréable que le fumet d'huile de friture recyclée. Je plaisante même si le sujet est très sérieux. En effet, le rush des pays gros consommateurs d'énergie, les USA en tête, sur les carburants verts : éthanol à base de sucre, de maïs, de blé... huiles végétales provoque des tensions haussières sur les prix de ces matières premières qui sont aussi, faut-il le rappeler, des denrées de base pour la nourriture des populations surtout les plus démunies.

Moi qui, à l'aube des années 90, ai connu la résurgence de la jachère, destinée selon les très sérieuses études de la Commission de l'UE à nous permettre de réguler notre production de céréales et d'oléagineux afin que nos prix intérieurs se calent sur ceux du marché mondial et que nous retrouvions notre compétitivité face aux grands pays producteurs. Les "experts" de la DG VI m'ont toujours fasciné par leur capacité à entonner les hymnes dominants, par leur incompétence arrogante et, bien sûr, par la facilité avec laquelle ils se récupèrent dès que ce qui était "vrai" hier ne l'est plus aujourd'hui. En l'espèce, même s'il fallait "casser" la rente de situation de la céréaliculture européenne, ériger en doctrine intangible et, en règlements bureaucratiques et rigides, ce qui aurait du être un outil souple et réactif, relève de l'échelle de Peter. Au temps où je présidait la SIDO, les mêmes grands esprits, avaient inventé la jachère énergétique et les contrôles ad hoc ou comment distinguer une graine de colza alimentaire d'une graine de colza dit énergétique ? Vaste programme et pas une goutte d'huile dans les rouages.  

Tout ça pour vous dire que chez ces gens-là, on ne pense pas, monsieur. On n'a de cesse que de tailler en pièces la fameuse PAC, de la rendre compatible avec l'OMC, sans aucun souci de ce qu'elle avait de précieux en termes d'indépendance alimentaire et de capacité à servir de monnaie d'échange pour développer les pays du Sud. Les gros chèques compensatoires fruits d'un marché de dupes polluent la vision que nous devrions avoir d'une PAC revisitée. Attention les gris sur gris des bureaux de Berlaymont ne sont pas les seuls responsables de cette dérive, en faire des boucs émissaires serait trop simple. Le désintérêt des élites, l'insouciance de la population face aux grandes questions de l'Agriculture, de l'Alimentation, de l'Environnement nous conduit à des changements de cap brutaux et à des lendemains qui déchantent. Les premiers pénalisés seront les extrêmements pauvres des pays du Sud. Nos larmes de crocodiles, même nos dons, ne suffiront pas à compenser les gaspillages d'énergie de ceux qui, au nom de leur droit à faire ce qu'ils veulent, dans leur voiture ou ailleurs, refusent toute forme de remise en question de leur mode de vie. Sans jouer les pères la morale ne pourrions-nous pas cesser de nous cacher derrière notre opulence et simplement réfléchir. Ce serait le premier pas vers un peu plus de sagesse. Moi je fais du vélo depuis 20 ans dans Paris et il a fallu attendre le 15 juillet prochain pour voir la municipalité lancer, avec Decaux, l'opération Vélib.  

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3 juillet 2007 2 03 /07 /juillet /2007 00:03

 

Quand je consulte les résultats des élections législatives j'ai toujours un oeil ému pour les résultats de Wallis-et-Futuna. En 1988, suite aux accords de Matignon, j'ai accompagné H.Nallet en Nouvelle-Calédonie. Avant de nous y rendre nous avons poussé jusqu'à Wallis-et-Futuna pour aller soutenir le candidat radical de gauche aux législatives : Camillo Gata qui fut élu. 33 heures d'avion : Paris-Nouméa avec UTA, puis Nouméa-Mata-Utu avec un Transaal de l'armée de l'air. Dix heures de décalage horaire, l'autre bout de la terre.

 

A notre arrivée dans une atmosphère d'étuve, la journée commençait. L'administrateur supérieur nous attendait en uniforme blanc impeccable sur le tarmak. Son chauffeur, un imposant Wallisien conduisait la R25 climatisée pieds nus. Pour respecter la coutume nous sommes allés rendre visite au roi d'Uvéa, le lavelua, chef de la hiérarchie coutumière, Tomasi Kulimoetoke II, et sacrifié à la cérémonie du kava, la boisson traditionnelle élaborée à partir de racines de plantes.

 

Nous étions assis en tailleur, face au roi entouré de toute la chefferie, sous l'auvent du palais. La préparation du dit kava, dans un récipient en bois, n'avait rien de ragoûtant. En effet, le préposé plongeait ses grands battoirs dans le récipient puis essorait les racines comme si c'était une serpillière.

 

A mon côté l'attachée de presse du Ministre me serrait le bras

" on ne va pas boire ça ?

" Entre les dents je lui murmurai " Si ! "

Je crus qu'elle allait tomber dans les pommes. La dégustation commença (Perrico devrait s'y coller un jour) par le Ministre. On lui tendit une coque de noix emplie d'un liquide brunâtre. Il s'acquitta avec dignité de ce geste rituel de bienvenue. Jean-François, l'homme de Rocard, me tapota sur l'épaule, " on dit que c'est un aphrodisiaque..." Quand vint mon tour j'y suis allé avec le sourire. Le breuvage était amer et la suite me prouva que ses effets étaient purement diurétiques. L'attachée de presse se fit porter pâle. La journée fut épuisante et le soir au dîner chez l'administrateur supérieur certains piquaient du nez dans leur assiette. Pas moi qui ramait pour entretenir le minimum syndical de conversation.

Wallis-et-Futuna est composée de trois îles principales : Wallis avec la préfecture Mata-Utu, Futuna et Alofi. Cet archipel de 96 km2, peuplé de plus de 14000 habitants, est situé à 16000 km de Paris. Les royaumes d'Uvéa à Wallis, d'Alo et de Sigave à Futuna ont signé à la fin du XIXem un traité de protectorat avec la France.

 

Les monarchies ne sont pas héréditaires mais aristocratiques : ce sont les familles nobles, les alikis, qui élisent ou destituent les rois. Le roi d'Uvéa, le lavelua, est le chef de la hiérarchie coutumière. Il est assisté d'un premier ministre, kivalu, et de 5 ministres. Il nomme sur proposition de la population 3 chefs de district, faipule, qui ont autorité sur 21 chefs de village. Ceux-ci peuvent lever les corvées d'intérêt général. Ils sont plébicités ou destitués au cours d'assemblées, fono, qui ont lieu le dimanche dans la case commune, fale fono.

 

A Futuna, le Tugaifo à Alo et le Tuisigave à Sigave, disposent aussi de ministres et de pouvoirs équivalents. Les rois disposent pour couvrir leurs frais d'une dotation annuelle de la République. Pour l'administration de l'archipel, qui est une collectivité d'Outre-Mer à statut particulier, il y a une assemblée territoriale élue, un administarteur supérieur ayant rang de préfet, et un député et un sénateur.

 

Notre meeting électoral se déroula le second soir au rythme d'une fête colorée, pleine de colliers de fleurs, de palabres coutumiers, de danses traditionnelles et d'échanges de cadeaux. Dans ces sociétés traditionnelles le vote est avant tout conditionné par ce que peut apporter le candidat comme bénéfices à la famille, au clan, au village, au royaume.

 

Du côté gastronomie : cochon grillée - l'île est le royaume de petits cochons noirs - patates douces, ignames, fruits exotiques mais pas de poissons - les missionnaires catholiques, afin d'éviter la fuite des Wallisiens sous d'autres cieux, coupèrent les balanciers des barques de pêche - et comme boisson j'ose l'avouer du Coca Cola. Nous fîmes ensuite un saut à Futuna et nous repartîmes à Nouméa où vivent 16 000 Wallisiens qui forment la main d'oeuvre des entrepreneurs Caldoches. Je crois avoir écrit une chronique sur le Caillou. Bref, au dernier scrutin législatif, les Wallisiens se sont offerts, à la surprise générale, un député socialiste : Albert Likuvalu. Les éléphants du PS et la gazelle devraient aller tenir leur séminaire de réflexion à Wallis, là-bas, coupé du monde, l'Esprit Saint descendrait peut-être sur eux...  

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2 juillet 2007 1 02 /07 /juillet /2007 00:21

Ma chronique du jour, par delà son sujet même et le talent du réalisateur, montre qu'au-delà des calculs et du marketing, par le bouche à oreille, la rumeur locale, les réactions enthousiastes, un simple documentaire tourné par FR3 Normandie, a obtenu une audience inattendue. L'affaire est réjouissante car elle transgresse les lois de la pub, de l'Audimat et du formatage. " Paul dans sa vie " est sorti en salle en mai 2006 et en DVD voici quelques semaines. De quoi s'agit-il ?

En 2003, pendant toute l'année, Rémi Mauger, le réalisateur et son cadreur Guy Milledrogues ont suivi le quotidien d'un simple paysan septuagénaire, Paul Bedel. " Ce dernier, têtu et modeste, s'était juré de reprendre le travail agricole de son père, à l'extrémité venteuse et somptueuse du cap de la Hague. Apre paysage de bruyère et de landes cerné par l'océan, là où les champs sont enchâssés dans des murets de pierres et noyés dans la vapeur des embruns " pendant quarante ans, avec ses deux soeurs, Paul va mener une vie opiniâtre de besognes ordinaires. Des journées entières réglées sur les variations du ciel à aller et venir : la traite en plein champ, le matériel mille fois réparé, le beurre baratté, les volailles en liberté, les escapades de la pêche à pied aux grandes marées. Les gestes se répètent. Le temps est le vrai sujet du film. Les autres paysans sont presque tous devenus salariés à l'usine de retraitement de la Hague. Paul lui n'a pas accepté ce lâchage et résisté sans souci d'exemplarité. Son combat c'est le sien, au nom de fidélités d'un autre âge, pour interrompre l'écroulement du temps. Le temps d'une vie. La sienne.

Nul misérabilisme, Paul, silhouette courbée sous le vent d'Ouest, gâpette sur les yeux, paisible face à sa vieillesse, manie un humour aussi décalé que lui. Ce film est magnifique et il faut saluer la productrice, Marie Guirauden des Films d'Ici de nous permettre d'accéder à cette tranche d'humanité ordinaire. L'héroïsme au quotidien des gens de peu, en ce temps de paillettes et de célébrité en carton pâte, ne doit pas être confisqué par les passéistes. L'important n'est pas de réussir dans la vie mais de réussir sa vie. Moi qui, dans une certaine mesure, estime, sans doute à tort, avoir réussi la mienne, je me sens proche de Paul Bedel, enfant de la même terre que la mienne, rude et dure, celle que j'ai quitté, fui même, faute d'y trouver ce que je cherchais dans la vie. Bon film pour ceux qui  iront sur :
www.amazon.fr/Paul-dans-vie-Remi-Mauger/dp/B000NN9XP2

Tu nous a fait une sacré peur cher Michel. Je te souhaite un prompt rétablissement et à te voir bientôt sur Vin&Cie...

 

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1 juillet 2007 7 01 /07 /juillet /2007 00:05

Ma tête pleine de son sourire résistait. Planté dans l'embrasure de la porte je refusais de voir toute cette bouillie d'os et de sang mêlés maculant  la toile de Jouy en de monstrueuses éclaboussures. Mes yeux les paraient de couleurs irisées, telles ces taches orangées qui troublent la vue après qu'on se soit frotté les yeux. Je vacillais. M'accrochais à tout ce désordre, ces coussins éventrés, ces robes lacérées, ces sous-vêtements déchiquetés, ces bas cisaillés, maculés d'un sang coagulé et croûteux. L'image allait disparaître. J'allais la retrouver assise en train de se faire les ongles de pied. L'odeur âcre de cordite mêlée à la fadeur des chairs dispersées et séchées me levait le coeur. Tout au fond de ma poitrine une boule monstrueuse se nouait, enflait, me propulsait hors de mon refus de croire. D'une volte brusque je me jetais sur Dornier. Mouvement de colère et de rage froide : pourquoi ce salaud m'amenait-il ici ? Son enquête était bouclée. Ma présence en ce lieu relevait du pur sadisme. Je l'agrippai par le revers de son veston et le secouai avec toute la violence dont je me sentais capable. La raclure virait au cramoisi. Mousset n'esquissait aucun geste pour s'interposer. Les yeux dans le vague il s'acharnait à rallumer son mégot pendouillant. Mes doigts effleuraient la peau suintante du cou de Dornier. L'étrangler. Serrer. Le voir devenir chiffe molle. J'éclatais d'un rire de dément en balançant Dornier comme on jette un sac d'ordures à la poubelle. Il valdinguait lourdement sur le plancher du palier.

" T'aggrave ton cas sale petit merdeux..." éructait-il en se relevant avec peine. Il s'époussetait. Je me retenais de lui cracher dessus. Mousset tétait son tube de maïs éteint. " Et toi, sac à puces, tu le laisses faire...
     - Ce ne sont pas mes oignons Bib. C'est une affaire d'hommes...
     - Cesse de te foutre de ma gueule ! Nous sommes en service.
     - Ouais, mais entre collègues...
     - Collègues mon cul !
     - Tu causes pour ta pomme Bib...
    - Putain de merde Mousset, cesse de m'appeler Bib et garde tes insinuations pour toi sinon je vais te foutre mon poing sur la gueule...
    - Essaie pour voir Bib ?
Leur partie de ping-pong m'aidait à reprendre mes esprits. La boutade de Dornier faisait tilt. Je reconnectais ce qui me restait de neurones : " alors Bib tu veux me coller une inculpation de proxénétisme au cul ? Te prives pas mon gros. J'en ai rien à traire. Comme toutes les fiottes molles tu compenses ton absence de couilles par l'usage de ta carte de police. T'es la loi. Ca te permet tout, selon toi, d'être la loi. Tu te défoules sur la piétaille. Ca te fait bander bander de faire chier un mec comme moi. Ca te met en transes comme de faire suer le burnous des crouilles ou de déculotter un bamboula. Tu n'es qu'un étron Dornier. Même pas une ordure, rien que de la merde graisseuse enveloppée dans du papier de soie...
    - Ta gueule où je te coffre !
    - Chiche ! J'attends que ça...
   

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30 juin 2007 6 30 /06 /juin /2007 00:19

Tout au fond de la pièce, une fenêtre ouverte donnait sur la rue laissant entrer la rumeur sourde de la circulation. Les rideaux de tulle, gonflés par le courant d'air, ondulaient mollement. Mes yeux fuyaient la réalité. Je ne voulais voir que ce trou de lumière enveloppé de gaze. Dornier avait fait sauter les scellés et ouvert la porte en s'effaçant pour me laisser passer le premier. Ce salaud jubilait. Mousset posait sa grosse paluche sur mon avant-bras " t'es pas obligé de voir ça mon ptit gars. Mais si tu y vas y'a pas de honte de pleurer. Vois-tu, y'a que les hommes qui sont capables d'une telle sauvagerie. Les bêtes, elles, tuent pour vivre. Lui c'est par amour qu'il a fait ça. Putain d'amour ! " En l'écoutant je fermais les yeux. Retrouver son visage, ses yeux interrogateurs, son sourire rieur du jour où nous nous étions quittés. Heureuse me disait-elle, heureuse de s'occuper de mes affaires, de mon ménage, de ma lessive, de mes provisions. Elle s'occupait de tout. Repassait mon linge. Remplissait mes papiers. Toujours fraîche et pimpante, jamais un reproche, Sylvie me maternait. En échange - mot ignoble - je luis faisais l'amour et je la sortais de temps à autre. Ca lui suffisait me disait-elle en passant son bras sous le mien. Toujours inquiète de ma santé elle décrétait face à mon teint de noctambule " je vais t'acheter des ampoules de fortifiants..." Nous échangions peu de mots. Des mots je n'en avais plus mais je tenais à Sylvie car elle était tout ce qui me restait de vie.

Sylvie adorait les intérieurs bonbonnières. Dans son petit appartement, dans cet immeuble pourri d'un quartier glauque, elle s'en était donné à coeur joie, laissant libre court à ses envies de fanfreluches. Les murs tapissés de toile de Jouy, ornés d'une foultitude de miroirs dorés à la feuille, qu'elle avait chiné aux Puces de St Ouen, donnaient à la pièce basse de plafond l'image d'un nid d'amour. Elle savait bien que je détestais tout ce rose, tout ces coussins accumulés, tout ces poufs, toutes ces potiches posées sur des guéridons juponnés et son nickel chrome permanent. Ennemie de la poussière et des moutons sous les meubles je la raillais " t'as qu'un amant, petite pute, ton plumeau..." Elle riait de mes goutajeries. Tolérait, les nuits où je dormais avec elle, mes chaussettes, mon calbar, mes pompes et mes fringues jetés sur sa belle moquette de haute laine. Jamais elle ne mouftait. J'étais son pacha. Elle était ma gagneuse ; une gagneuse tendre et généreuse. Sylvie m'habillait. Pourvoyait à mes menus plaisirs. Vautré dans mon indifférence je profitais de ses largesses sans la moindre once de mauvaise conscience. Mes jours de bonté, rares, me voyaient la sortir. Nous allions au ciné puis au resto. Sylvie se transformait, ces soirs-là, en bourge type triangle NAP : tailleur Chanel, escarpins Céline, sac et foulard Hermès avec rang de perles de culture de chez Chaumet. Elle s'habillait. Au fond de moi je ne pouvais m'empêcher d'admirer l'aisance avec laquelle elle passait des outrances des bas résilles, des talons aiguilles, du maquillage à la truelle de pute non patentée à l'image lisse d'épouse sage et décérébrée de l'avenue Henri Matin.

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29 juin 2007 5 29 /06 /juin /2007 00:27

Lundi dernier, Canal+ diffusait un documentaire : "Mensonges" du réalisateur Juan Pittaluga. Beau sujet ! "Lorsque les gens disent qu'ils veulent la vérité, la transparence, ils mentent." affirme à juste raison un journaliste qui souligne, " le citoyen des sociétés modernes vit dans cette contradiction permanente et les politiques savent en tirer le meilleur parti.  " et, comme je l'ai souvent écrit, " d'un côté les électeurs disent exiger le parler vrai, dénoncent la langue de bois ; de l'autre, ils renvoient à leurs chères études les candidats trop honnêtes pour leur faire miroiter des promesses dont ils savent qu'elles seront sans lendemain." Contradiction normale puisque c'est dans la sphère privée que le mensonge s'épanouit avec le plus de facilité et de luxuriance. Mais comme la sphère publique est exposée à nos regards, nous sommes intransigeant avec le personnel politique. Celui-ci prête sans doute le flanc mais comme le déclare, Laurent Wauquiez, nouveau porte-parole du gouvernement, qui était le plus jeune député de la précédente Assemblée Nationale, " j'ai découvert rapidement que la politique n'était pas un domaine moral. Pourquoi les maires mis en examen sont-ils réélus triomphalement ? Si les politiques doivent faire un travail d'introspection, les citoyens en ont aussi le devoir." Pour Jean-François Khan, toujours aussi tranché dans ses opinions, assène : " il n'y aurait pas de société possible sans mensonge"

La transparence intégrale, la vérité de tous les instants pourraient bien vite nous conduire à la pire des sociétés totalitaires. Le mensonge comme le rire est bien le propre de l'homme. Enquêter sur le mensonge, les mensonges se heurte à la difficile césure entre les bons mensonges, ceux qui épargnent la vérité à ceux qui ne la supporterait pas "je n'ai jamais dit mon homosexualité à ma mère, confie Bertrand Delanoë parce que je n'avais pas envie de lui faire du mal" et les mauvais mensonges, pervers, parfois meurtriers. Toute appréciation globale sur le mensonge est difficile. Mentir est un art, un art dangeureux car le menteur s'expose à la découverte de la vérité. Les mensonges trop parfaits reviennent souvent en boomerang sur ceux qui les profèrent. La réalité n'a jamais la perfection du mensonge. Reste que les mensonges pour manipuler l'opinion publique ne sont jamais ni légitimes, ni moraux. Laissons à une philosophe, Françoise Dastur, le mot de la fin "je crois cependant qu'il y a une chose impossible, c'est de se mentir à soi-même. il me semble difficile d'être à la fois le trompeur et le trompé."

EXTRAIT du journal Le Monde du jeudi 24 octobre 2002 : Pierre Joxe a témoigné devant le juge en juin.

Ministre de l'intérieur de mai 1988 à janvier 1991, Pierre Joxe, aujourd'hui membre du Conseil Constitutionnel, a été interogé le 28 juin en qualité de témoin * par le juge Duchaine. " Comment expliquez-vous sue l'Etat ait pu consacrer plus de 440 millions de francs à la mesure[Nallet], alors que l'enveloppe prévue était de 185 millions ?" lui a demandé le magistrat." Les dépassements de crédits sont fréquents, a répondu M.Joxe. Ils sont votés annuellement, ils peuvent être reconduits d'année en année ou augmentés par décision budgétaires ou par transfert interne." Questionné sur le témoignage du directeur de cabinet au ministère de l'agriculture à cette époque, Jacques Berthomeau, pour qui le dossier avait été "piloté par Matignon(...) et copiloté par Pierre Joxe", il indiqué : " C'est exact que j'ai copiloté ce dossier, puisque, même si Rocard s'y intéressait beaucoup, il m'a délégué et soutenu dans l'élaboration du statut pour la Corse. M.Berthomeau, qui avait déclaré qu'il voyait " mal un préfet aller chercher ses ordres ailleurs qu'auprès de M.Joxe", s'est attiré cette réplique : " Si Berthomeau voit mal, je n'y peux rien."

*Joxe, Berthomeau, deux témoins ordinaires qui, avant de témoigner, jurent de dire la vérité et rien que la vérité. Le premier, avant d'être au Conseil Constitutionnel, était 1er Président de la Cour des Comptes, donc un expert de la chose budgétaire ; le second, une chiure de mouche, renvoyé dans ses petits 18 mètres, qui se voit conseiller de s'acheter une paire de lunettes (il n'en portait pas à l'époque) puisque l'expression de la vérité n'est qu'une question de point de vue... A noter que dans notre beau pays le secret de l'instruction n'est qu'un chiffon de papier. En l'espèce ça ne me dérange pas, même si certains pensent que le simple fait de se rendre comme témoin dans le cabinet d'un juge d'instruction est le premier pas pour je ne sais quel acte de procédure. Le témoin témoigne, point c'est tout. L'inculture civique est la mère de tous les amalgames, toutes les rumeurs, mais les chiens aboient la caravane passe...

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