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17 décembre 2008 3 17 /12 /décembre /2008 00:05

Le thème de cette chronique m’a été inspiré par la mésaventure vécue par Jean-Baptiste Senat, telle que l’a contée Laurent Bazin sur son blog Le  vin de mes amis 
http://levindemesamis.blogspot.com/2008/12/quand-la-belle province-fait-la.html, qui a vu sa Nine échouer aux portes de la SAQ, en dépit d’une excellente notation et d’un très bon rapport qualité/prix, et ce pour insuffisance de notoriété. En effet, comment faire pour percer dans un univers qui privilégie les situations acquises, comme celles des GCC qui vendent du luxe, du statut avant de vendre du vin, ou comme celles des vignerons stars qui vendent des mots avant de vendre leur vin, ou qui s’en remet le plus souvent à ceux qui sont en capacité d’aligner des budgets de promotion permettant de mettre en avant les vins auprès des  consommateurs ? Efficacité commerciale avant tout : les distributeurs de vin ne sont pas des mécènes.

 

Pour autant faut-il tout sacrifier pour entrer dans le système médiatique qui permet de capitaliser de la notoriété par le truchement de la presse spécialisée, des faiseurs de roi ou des juges aux élégances ? « Mais alors ce n'est plus la bouteille qu'on juge... C'est l'attachée de presse ? » s’interroge le chroniqueur en traduisant sûrement le désappointement de JB Senat. L’attachée de presse – je note le féminin utilisé, c’est symptomatique – serait-elle le vecteur essentiel pour placer sa cuvée fétiche dans Régal ou dans un new-magasine ou pour séduire les préposés aux Guides ? La notoriété se bâtit-elle sur le seul bruit du tambour médiatique ? La réponse est bien évidemment non car dans cet univers de l’instantanéité, du scoop, de la fausse différence, une nouvelle « découverte » chasse très vite « la petite merveille » dénichée la veille chez un small is beautiful du fin fond du terroir. Le nouveau vieilli vite aussi bien pour les produits de pur marketing que pour ceux surfant sur des tendances pas toujours solides.

 

Sans m’en référer à l’histoire des 3 petits cochons, je pense que pour bâtir il faut des fondations, du solide, et du temps, donc une forme de patience. C’est de l’investissement d’image, et comme je l’ai écrit dans une récente chronique, l’irruption d’une nouvelle génération de vignerons « atypiques », se référant à des pratiques « durables », met en orbite sur le marché une nébuleuse de points, à la fois indépendants les uns des autres tout en gravitant autour d’un corps de doctrine commun, sans pour autant produire un langage commun ni dessiner une nouvelle géographie des vins de terroir. Trop de fragmentation, de personnalités fortes, de singularité identitaire, implique des démarches solitaires. Le potentiel actuel des consommateurs se reconnaissant dans ces « pratiques » étant restreint – le bruit médiatique n’étant pas un indice probant de la capacité de ces vins  à trouver leur public – ce segment de marché reste marginal et la frilosité des distributeurs peut se comprendre. En effet, comme me le faisait remarquer le patron du principal site de vente de vins en ligne : mettre en avant des « valeurs sûres » c’est la garantie d’un taux de visite 10 fois plus important que lorsqu’on se risque à mettre en avant des « découvertes ».

 

Pour sortir du cercle, se faire reconnaître de façon durable, plus particulièrement en dehors du marché domestique, tout en restant attaché à ses valeurs, à son indépendance, sans sacrifier au maelstrom médiatique, il me semble que nos « indépendants », au sens des peintres du Salon des Indépendants, devraient tenter de susciter l’émergence d’un nouveau métier : éditeur de vin. Je n’aurais pas ici l’outrecuidance de rappeler le rôle de l’éditeur auprès des écrivains mais de souligner que l’une de ses fonctions essentielles est de découvrir de nouveaux talents, de prendre le risque de les éditer, de les promouvoir. Dans le passé des négociants, de grandes ou de petites maisons de commerce, ont joué, et quelques-uns jouent encore, à leur manière, ce rôle d’éditeur auprès de domaines ou de châteaux. Pourquoi ne pas imaginer – ça ne mange pas de pain d’imaginer – que nos « atypiques » puissent confier, pour certains pays, tout ou partie de leurs enfants à des « éditeurs de vin » afin de construire avec eux cette fameuse notoriété. Celle-ci, une fois acquise, même si en ce domaine rien n’est jamais acquis, quelques-uns pourront ou voudront voler de leurs propres ailes, d’autres viendront les remplacer. Je rêve direz-vous – c’est beau aussi de rêver – mais comme je ne recule devant aucune provocation j’avoue que je me verrais assez bien dans ce rôle d’éditeur de vin, appuyé bien sûr, vu mon incompétence, sur un comité de lecture – pardon de dégustation – dans le giron d’une maison de confiance.

 

Ainsi, Vin&Cie pourrait lancer des collections par thème, jaquette commune avec en reprise sur cette étiquette de l’identité de la cuvée de l’indépendant sous la forme toute bête d’un timbre ou d’une miniature de l’étiquette de la cuvée originale. Innovation d’image identifiant une démarche commune, un état d’esprit, un fil rouge pour tous ceux qui ne sont pas des experts ou des esthètes du vin. Mariage intelligent, du moins je le crois, d’un découvreur de talents qui, en s’appuyant sur des outils commerciaux existants, pourrait ouvrir des portes, apporter sa caution aux nouveaux arrivants, investir dans le temps sous la référence d’une signature reconnue et respectée. Plutôt que de s’éditer à compte d’auteur, de n’espérer que de ses propres forces pour bâtir sa notoriété, je suis intiment persuadé que pour beaucoup de vignerons atypiques le passage par un éditeur de vins, assembleur de diversité, inventeur de notoriété, est une voie à expérimenter : faire un Actes Sud du vin quel beau challenge !   

 

   

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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 00:02

 

Avec Les Gouttes de Dieu  vous avez pu constater avec quelle passion les japonais abordent notre civilisation du vin. Curieux, ils cherchent à mieux nous connaître mais nous, que savons-nous de l’histoire du Japon ? Pas grand-chose, des bribes, alors que sous ce texte au titre étrange se cache un texte essentiel qui anticipa les débats politiques du Japon moderne. Publié au printemps 1887, alors qu’un vent de contestation répond à l’élaboration d’une constitution autoritaire. C’est un succès foudroyant. L’auteur Nakae Chômin, le « Rousseau de l’Orient » après un séjour universitaire à Paris et fondé à son retour une école d’études françaises, met en scène l’affrontement entre le mouvement démocratique et le camp nationaliste. Les trois ivrognes incarnent cette polémique toujours actuelle au Japon : le Gentleman occidentalisé, apôtre du pacifisme intégral, le Vaillant guerrier, champion de l’expansionnisme, et le Professeur, arbitre de la dispute.

 

Publié aux éditions du CNRS www.cnrseditions.fr cette œuvre exceptionnelle, mais pas d’une lecture facile, devenue un grand classique de la rencontre des civilisations devraient être inscrite au programme de nos grandes écoles de commerce : HEC, ESSEC… et même des petites ça nous éviterait le marketing de cuisine dont j’ai découvert une version affligeante, genre sous-produit mal digéré, à propos de la consommation du vin par les seniors. On ne relève pas les grands challenges avec les lectrices de Fripounet et Marisette.

 

« Le penchant de maître Nankaï pour les discussions politiques n’a d’égal que celui qu’il montre pour le vin. Dès qu’il se met à boire un peu, une ou deux petites carafes de sake, il s’enivre avec bonheur. Au fur et à mesure que son énergie vitale s’élance vers le Vide Suprême*, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend l’enchante et le ravit crescendo, à tel point que, de son horizon, s’effacent tous les maux et souffrance de ce monde.

S’il continue de boire, en sus, deux ou trois bouteilles, son cœur, son esprit s’envolent hors de toutes limites, sa pensée bondit et fuse. Son corps demeure dans sa chambre exiguë, mais son regard embrasse le monde entier, et en un éclair de temps, il remonte mille ans en avant. Il se met alors à prophétiser sur la marche du monde, et à donner des directives en matière de politique générale. En son for intérieur, il se dit alors :

« C’est moi, le vrai timonier de la voie que la société humaine doit suivre ! Hélas ! À cause de ces hommes atteints de myopie politique, et qui ne veulent pas lâcher la barre, la barque tantôt se heurte à des écueils, tantôt échoue sur un gué. Quelle misère de les voir attirer le malheur sur eux et sur les autres ! »

[…] La prochaine fois qu’il me sera donné d’exposer mon opinion sur des questions politiques actuelles, je devrais, avant d’être complètement éméché, couché par écrit les points les plus importants. Je pourrais les récupérer quelques jours plus tard, développer ces idées pour les rédiger, en faire un livre. J’en tirerais autant de satisfaction pour moi que pour les autres. Oh oui ! Je vais le faire, je vais le faire ! »

Mais de longues journées de pluie se succédèrent, sans que le moindre rayon de soleil n’apparaisse. Le maître tomba dans la mélancolie et se sentit gagné par une forte mauvaise humeur. Il commanda du sake, et commença à le boire, esseulé. Alors qu’il en était à son premier degré d’enivrement, le plus agréable, celui où l’on accède au Vide Suprême, deux visiteurs apparurent avec une bouteille d’alcool de marque occidentale, sur laquelle était collée une étiquette aux caractères chinois Hache d’or*. Le maître n’avait jamais eu l’occasion de les rencontrer et ignorait jusqu’à leur nom, mais la vue de cette eau-de-vie ne fit qu’exciter son désir d’ivresse. »

 

  • Notion confucéenne : « seul le vide suprême, étant inébranlable, est le comble du plein. Il permet de développer un esprit exempt de tout préjugé. »
  • Il s’agit probablement d’une bouteille de cognac Hennessy. L’entreprise a commencé à exporter au Japon dès 1868. Ses bouteilles avaient pour emblème une petite hache.

 

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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 00:03

Ce matin, je ne vais pas vous conter l'histoire du " questionnaire de Proust", pour ce faire reportez-vous à l'exemplaire publié par Assouline avec une préface de William C. Carter et une Introduction de Henry-Jean Servat. Les réponses de Charlotte Gainsbourg sont extraites de ce bel ouvrage.

J'aime beaucoup Charlotte Gainsbourg, elle ne joue pas les filles de, discrète, sincère, nature, excellente actrice : la photo qui illustre cette chronique est tirée de l'excellent film d'Emanuel Crialese "The Goden Door/Nuovomundo", bien élevée, ses réponses au questionnaire de Proust me parlent, j'y trouve un écho de moi-même et j'ai donc eu envie de vous les faire partager.


De plus, comme j'ai toujours une petite idée derrière la tête, à la rentrée, je soumettrai au questionnaire de Proust des femmes et des hommes du vin. Bonne lecture.

Questionnaire n°2

Votre vertu préférée : la modestie

Vos qualités préférées chez l'homme : son sang chaud

Vos qualités préférées chez la femme : ses hauts et ses bas

Votre occupation favorite : l'effort de concentration

Votre caractéristique maîtresse : mes doutes

Votre idée du bonheur : des choix assumés

Votre idée du malheur : les regrets

Vos couleurs et votre fleur préférées : le vert et le coquelicot

Si vous n'étiez pas vous-même, qui voudriez-vous être ? : une bombe !

Où aimeriez-vous vivre ? : dans les airs

Vos auteurs préférés en prose : Gabriel Garcia Marquez, Kamrabata, Nabokov

Vos poètes préférés : Baudelaire, Rimbaud et Serge Gainsbourg

Vos peintres et compositeurs préférés : Bonnard, Miro, Chopin et Serge Gainsbourg

Vos héros préférés dans la vie réelle : Einstein, Zola, Jean Moulin

Vos héroïnes préférées dans la vie réelle : Marie Curie et Simone Veil

Vos héros préférés dans la fiction : Chaplin

Vos héroïnes préférées dans la fiction : Sugar (Marilyn Monroe)

Votre mets et votre boisson : le thé, les toasts et les oeufs à la coque

Vos prénoms préférés : Olga, Joseph, Judy, David, Jane,Serge, Yvan, Ben, Alice 

Votre bête noire : le temps

Quels personnages historiques méprisez-vous ? : Adolf !

Quel est votre état d'esprit présent ? : disciplinée

Pour quelle faute avez-vous le plus d'indugence ? : le zéro de conduite

Votre devise préférée : " à dada sur mon bidet..."


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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 00:00

 

« Le soir, au motel de Wollongong, je me rappelai ma visite précédente au siège de Pernod-Ricard Australie, dans la banlieue de Sidney, et la superbe dégustation qui s’était ensuivie, organisée par un chef vigneron dont je vous recommande la fréquentation : Philip Laffer.

Vertiges de la globalisation, cartes brouillées, repères chamboulés, rassurantes simplifications aujourd‘hui interdites… Le principal exportateur de vins australiens, donc l’un des plus féroces concurrents des viticulteurs français, est une société… française !

Elle exporte plus de 65 millions de litres chaque année, dont 70% vont en Europe. La zone principale de sa production se trouve dans la vallée de Barossa, non loin de Victoria. Ses vins les plus connus s’appellent Jacob’s Creek, du nom de l’endroit où, en 1847, fut plantée la première vigne.

Si la sécheresse et le réchauffement se poursuivent – ce qui est presque certain –, s’ils s’aggravent – ce qui est probable –, la société Pernod-Ricard pourra-t-elle continuer de produire autant ? Ou bien sera-t-elle contrainte de déménager ses vignes vers des terroirs plus frais ? Ne devra-t-elle pas monter en gamme, se concentrer sur les vins les meilleurs, donc les plus chers ? Déjà, la quantité de raisins vendangés baisse (d’au moins 15%). Déjà, beaucoup de viticulteurs abandonnent le cépage pinot noir pour le chardonnay, moins sensible à la chaleur.

Dans la viticulture, comme dans tous les autres secteurs de l’agriculture, la rareté et, par suite, la cherté de l’eau vont entraîner des réorientations parfois dramatiques.

Le Groupe de Cairns a été créé en août 1986 à l’initiative de l’Australie. Il rassemble dix-neuf pays exportateurs de produits agricoles (Australie, Canada, Afrique du Sud, Brésil, Argentine, Malaisie, Nouvelle-Zélande…) et, dans les négociations commerciales internationales, lutte contre les entraves à la concurrence inventées par les Etats-Unis et l’Union Européenne pour défendre leurs propres agricultures (barrières douanières, normes sanitaires, subventions diverses …). Dans ce groupe, l’Australie, de par sa puissance, jouait un rôle majeur. Ce rôle décline au fur et à mesure que, faute d’eau, sa production baisse. Dans dix ans, dans vingt-ans, quel sera le poids des exportations australiennes sur les marchés agricoles mondiaux ? »

 

Extrait de « L’avenir de l’eau » Petit précis de mondialisation II d'Erik Orsenna chez Fayard

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 00:04

Passer des sandwiches pourris arrosés de café jus de chaussettes au caviar à la louche sur pain toasté dégusté entre deux verres de vodka frappée bus cul sec faisait parti de notre ordinaire. Nous l’assumions, Chloé et moi, sans état d’âme car le temps que nous vivions essorait les derniers relents d’une France moisie et, chacun sur leurs territoires, nos « camarades » de la GP en rupture temporaire de classe, et nos « coquins » de la sphère politico-immobilière escaladant l’échelle sociale à grandes enjambées – un peu à la Chaban gravissant les escaliers – participaient à l’extraction du jus du bubon. Le marxisme-léninisme et son dernier avatar le maoïsme, victime de la surpâture collectiviste qui transforme les individus en « protégés » de l’Etat incapables de se prendre en charge, entrait en une longue phase terminale alors que la société de consommation, elle, vivait une adolescence chaotique. Le dernier exploit en date de l’avant-garde éclairée et agissante du prolétariat : l’attaque spectaculaire de l’épicerie Fauchon, place de la Madeleine, que nous avions gentiment instrumentalisée sur instruction de notre cher Bertrand Guide, jamais en reste d’un coup tordu, se situait dans la dénonciation de l’irruption d’une consommation ostentatoire qui commençait à émerveiller les « nouveaux riches » de la classe moyenne. Quand Sartre, sur RTL, affirmait que « l’existence même de Fauchon est un scandale » ça plaisait à la Rive Gauche et aux grands bourgeois qui adorent se dédouaner en applaudissant les Robin des Bois, ça énervait la CGT de Billancourt, et surtout ça inquiétait la France des rentiers. La stratégie de Marcellin, le nouveau Fouché du régime, par l'entremise de ses supplétifs encartés de la cellule MR, dont j’étais, et de ses barbouzes du SAC, dont j’étais aussi, consistait à jouer de la peur en agitant les marionnettes de la GP, dont j’étais aussi. Assez bizarrement, l’opinion publique, jugeait avec indulgence le raid de la GP chez Fauchon, sans doute parce que, pour une fois, en distribuant du foie gras dans les bidonvilles, les intellos touchaient le côté abbé Pierre des français que Coluche et le Téléthon viendront amplifier lorsque viendra le temps des nouveaux pauvres.

 

Pour notre croisière, après une vive discussion sur le profil que nous devions adopter, je me rangeais aux arguments de Chloé. Alors que je défendais la position « nouveau riche », ramenard et sûr de lui, Chloé, soutenait que, face à un Frenkel très porté, dirait-on de nos jours, sur le bling-bling, ce serait se poser en concurrent alors qu’il fallait lui donner le sentiment que lui seul menait le jeu. « Endossons le costume sage du petit couple bien né, bien mis, plein aux as, qui essaie de s’émanciper de la tutelle pesante de ses parents… Laissons lui le plaisir de croire qu’il roule dans la farine des « demeurés » du 7ième ça abaissera son degré de vigilance et nous permettra de lui tirer les vers du nez… » me serinait-elle, en ajoutant, avec un peu d’agacement, « cesse un peu de toujours en rajouter. De vouloir jouer les funambules au-dessus du précipice. Faut que tu grandisses mon beau légionnaire sinon tu vas encore au-devant de cruelles désillusions… » J’en convenais tout en montant dans ma tête un nouveau scénario. « Alors nous devons y aller masquer, sous une fausse identité, en frère et sœur… » Chloé soupirait « la vie n’est pas une bande dessinée. Nous ne sommes pas en train de jouer aux gendarmes et aux voleurs…

-         Si ma belle nous jouons car sinon je crois qu’il nous faudrait choisir un camp…

-         Tu n’as pas choisi ton camp mon beau légionnaire…

-         Je déteste les camps !

-         Tu es apolitique donc !

-         Ne dis pas de conneries Chloé mais ce n’est pas si simple…

-         C’est toi qui n’es pas simple Benoît.

-         Tu veux que je m’étende sur le divan ma belle italienne.

-         Oui.

Chloé me dépiautait avec frénésie puis s’empalait sur moi avec douceur. Pendant qu’elle allait et venait je lui susurrais « c’est un inceste petite sœur…

-         immonde salaud tu veux toujours avoir le dernier mot…

Nous nous embarquâmes sur le Mermoz sous le nom d’Ingrid et de François Dulong, nés et domiciliés à La Mothe-Beuvron : c’est ce qu’indiquaient nos passeports complaisamment délivrés par les bons soins de l’ambitieux Bertrand – depuis peu, depuis qu’il avait compris que j’étais protégé par un gaulliste historique - il tenait que je l’appelasse par son prénom.

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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 00:05

 

 

À la veille de Noël, sans tomber dans la nostalgie, je dois avouer qu’en ce temps de l’Avent (pour les mécréants du latin adventus, « venue, avènement s'ouvre le 4e dimanche précédant Noël) je pense à mes jeunes années d’enfant de chœur turbulent à l’église Saint Jacques le Majeur de la Mothe-Achard. Notre sacristain, un petit bonhomme, aussi noueux qu’un sarment de vigne, exerçait la profession de sabotier ; profession en pleine déconfiture depuis que les paysans avaient adopté les chaussures, des brodequins ou des godillots (du nom d’Alexis Godillot fournisseur de l’armée). La fonction de sacristain, elle aussi, se réduisait comme une peau de chagrin et notre homme, les jours de semaine, suppléait Gégène l’aveugle préposé à l’harmonium. Il jouait d’oreille et, comme il n’en avait plus, les offices du matin prenaient des airs de concerts de musique concrète.

Mon pépé Louis portait des sabots quand il s’occupait de ses bêtes. Il les garnissait d’un lit de paille douce et, été comme hiver, il y glissait ses pieds nus. Comme tous les enfants j’adorais lui emprunter ses sabots, bien trop grands, pour m’amuser. Mémé Marie s’inquiétait de mes chevilles mais moi j’adorais la tiédeur de ces mastodontes.

 

Quelques mots sur le métier de sabotier. Tout d’abord, Saint René est le saint patron des sabotiers, c’est le 12 novembre, car St René évêque d’Angers vers l’an 420 se serait retiré en ermite et aurait façonné des sabots. Je salue notre René Renou à nous qui lui aussi s’est retiré je ne sais où. Le sabotier privilégie les arbres vieux et sain d’au moins deux mètres de diamètre où le cœur (bois noir) est majoritaire. Pour confectionner 12 douzaine de paires il faut un stère de bois. C’est surtout le bois de hêtre qui est utilisé mais on façonne des sabots en peuplier (les marins car le bois est tendre et les petits cailloux s’y incrustent et empêchent la glisse), en bouleau, aulne, saule et pour les sabots de luxe le noyer. L’abattage de l’arbre obéit à la phase de la lune : « Bois d’épine…lune fine, bois de feuille… lune vieille… ». Le sabotier débite des gros cubes de bois qu’il dégrossit à la hache à bûcher ou épaule de mouton (très lourde, deux kilos). Celle-ci a la particularité d’avoir un seul biseau et un fer déporté sur la gauche afin de ne pas gêner le mouvement du sabotier ; pour faire équilibre le gros manche se termine en forme de poire. La mise en forme est commencée à l’herminette et s’achève au « paroir », long couteau à un manche fixé par une extrémité à la « chèvre » (billot de bois à 4 pieds). Le rituel des sabotiers voulaient qu’ils ne donnent qu’un nombre de coups impair pour le parage (13 pour les gros sabots). Ensuite, le sabotier effectuait à l’aide de gouges, de tarières, l’opération de creusement du sabot. Le polissage extérieur se fait à la raclette et le décor, s’il y a décor, ceux du pépé Louis ne l’était pas, à la rouanne. Enfin, car le bois se travaillait en vert ou demi-sec,  le séchage s’imposait.

 

Les sabots dans notre folklore chanté sont passés par la Lorraine et notre bourru Brassens, qui savait si bien faire le lien avec nos racines, a chanté ceux d’Hélène qui « étaient tout crottés ; les trois capitaines l’auraient appelé vilaine… » mais pour moi le plus bel hommage aux gens de la terre c’est l’immense et très beau film d’Ermanno Olmi, palme d’or à Cannes en 1978, « L’arbre aux sabots » C’est l'histoire de quatre familles de paysans pauvres dans une grande métairie du côté de Bergame, à la fin du XIXe siècle. Au fil des saisons, au rythme du travail communautaire, s’égrènent les évènements de la vie, les fêtes, les amours naissants, les mariages et les naissances, les veillées autour de l’omniprésent maïs. Le héros souriant de l’histoire c’est Ninec Batisti, 7 ans, dont l'intelligence est remarquée par le curé qui convainc son père de lui faire continuer l'école au village voisin. C’est tous les matins et tous les soirs des heures de marches. Un jour NINEC brise l’un de ses sabots et, son père, pour lui tailler des sabots neufs, abat un arbre du propriétaire… Tous les acteurs sont des paysans bergamasques. Ils jouent dans leur dialecte. Le film était sous-titré en italien pour les cinéphiles italiens. C’est un chef d’œuvre, sans concession, d’un naturalisme criant de vérité.

Voilà une suggestion de cadeau pour mettre dans les sabots de quelqu’un que vous aimez…
 

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12 décembre 2008 5 12 /12 /décembre /2008 00:04

Pour ceux d’entre vous qui n’avez pas la chance, comme moi, d’être abonné à vie au monument de l’ex-bonne presse devenu l’icône de l’intelligentsia de la « gauche bien pensante » je vous livre sous ma forme favorite des 3 Questions à …, certaines des réponses du Jonathan « penseur autoproclamé du goût » qui déclare, comme pour s’en défendre « je ne pense pas être uniquement le produit de ma classe, d’un cosmopolitisme urbain. Ça fait partie de ce que je suis, certes, mais ça ne détermine pas mes goûts. J’aime vivre à la campagne, loin des villes, avec les paysans, les vignerons » (c’est aussi beau que les bœufs blancs de pépé Louis et les caillebottes de la tante Valentine…) que j’ai extraites du long entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire dans le cadre d’un « Pourquoi le goût ? » où Vincent Rémy, en exergue s’interroge avec la gravité qui sied à ce genre d’exercice : « Depuis la Renaissance, nous nous croyons maîtres de notre goût ; Dans toutes ses acceptions – saveur, penchant, aptitude à juger… Mais ne serions-nous pas à notre insu entrés dans ce que certains qualifient d’ère du « capitalisme esthétique » ? Chaque jour, nous en faisons le constat : annonceurs et communicants font appel à notre sensibilité, à nos émotions, à nos « goûts ». Et réussissent ce tour de force : vendre en masse tout en prétendant conforter l’identité de chacun. »

 

J’ironise un peu sur ce cher Jonathan, mais en l’occurrence je partage sur le fond son point de vue. Cependant, même si mon aura n’atteint pas la cheville du maître, je me permettrai dans les jours qui viennent de commettre une petite chronique à propos de sa nouvelle croisade sur « l’acidité » contre le « sucré » en lui contant la réalité des paysans de mon trou crotté de la Mothe-Achard qui, certes comme il le dit « dès le Moyen-âge, (ces) paysans ont bu un vin rouge clair et aigre, à 6 ou 7°, peu alcoolisé et peu sucré. On buvait du vin pour éviter de boire de l’eau contaminée. Donc le goût de l’acide est bien enraciné. » pour lui expliquer, ne lui en déplaise, que le sucré était une « revendication de classe » de la part des « bonjours notre maître » et qu’il devrait piocher un peu, puisqu’il aime tant la campagne et les paysans, dans l’histoire de ceux-ci avant de nous asséner ses « vérités premières », celles qui plaisent tant aux bons et fidèles lecteurs de Télérama.


Donc ce cher Nossiter après avoir déclaré que « nous avons peur d'affirmer un goût » un goût intérieur ajoute-t-il, alors que nous sommes « matraqués vingt-quatre heures sur vingt-quatre par toutes les forces de marketing qui essaient de nous imposer un goût « massifié » et sucré » conclut que « c'est périlleux ». Et pourquoi diable docteur ? La réponse tombe avec le poids d’une sentence de psycho-sociologue prêt à intervenir dans une cellule de soutien psychologique pour consommateurs traumatisés en poussant leurs caddie dans le rayon vins chez Carrefour Auteuil : parce qu’ « On est pris dans cette contradiction : s'affirmer soi-même, sans perdre la relation aux autres. Et paradoxalement, parce qu'on choisit souvent de se fondre dans la masse, on n'est plus soi-même... et on détruit la relation avec les autres ! »


Avant de donner la parole au « maître » vous remarquerez que les questions de Télérama sont courtes (sous-entendu les miennes sont bien longuettes parfois) et j’en profite pour implorer le pardon de Télérama pour mon emprunt et mon impertinence mais, un vieil abonné comme moi à acquis, avec le temps, tant d’indulgences plénières qu’il peut se permettre de commettre une petite bordée de péchés véniels.


Question 1 : C'est vrai autant en matière de cinéma qu'en matière de vin ?

Réponse de Jonathan Nossiter : En matière de vin, c'est pis. Le vin terrifie les gens, parce qu'il est lié à l'identité de la France. Chaque Français pense qu'il se doit d'avoir un avis, alors que le vin ne fait plus partie du quotidien de beaucoup de gens depuis une trentaine d'années. Les gens ont d'autant plus peur qu'ils n'ont pas de repères et doivent affronter, en plus, snobisme, prétention, imposture...


Et puis, on ne peut saisir d'un vin que des expressions momentanées, jamais son essence. Ce vin d'Anjou qu'on est en train de boire est affecté par l'ambiance de ce bar, surchargée d'egos, d'effluves climatisés contraires à l'essence d'un vin naturel. On est tous aplatis, ici. On l'aurait bu tranquillement à la maison, entre amis, avec peut-être un peu de vent passant par la fenêtre, il aurait été tout autre... C'est pour ça que les jugements définitifs sur les vins, sans parler des notes de Robert Parker, sont parmi les plus grosses conneries de la planète.


Question N°2 : Les critiques ne sont pas indispensables en matière de goût ?

Réponse de Jonathan Nossiter : Si, au contraire ! La disparition des critiques de cinéma, cinéphiles cultivés, polyglottes au sens qu'ils parlent plusieurs langues culturelles, signe la disparition d'un type de spectateurs et de films singuliers. Les critiques sont nécessaires pour la survie de tous les arts. Même le vin ! Le problème est que l'art du vin a toujours été enraciné dans la culture populaire et que cet enracinement est affaibli. Des critiques charlatans peuvent alors raconter n'importe quoi et personne ne les contredira.


Question N°3 : Ce qui rapproche le cinéma du vin, c'est justement qu'ils ne sont plus des pratiques populaires...


Réponse de Jonathan Nossiter : Plus exactement, il n'y avait autrefois pas de distinction entre cinéma populaire et cinéma de création. Max Ophuls faisait des films grand public. Quant aux vins, ils étaient classés, mais sans qu'on en fasse autant de cas. Si on habitait dans le Beaujolais, on n'éprouvait pas le besoin d'écrire systématiquement « Fleury » ou « Juliénas » sur les bouteilles. Les gens du coin savaient juste que les gamays de la région de Fleury ou Juliénas avaient plus de goût et de complexité... Tant mieux si des lois protègent les appellations, je ne suis pas nostalgique, je dis juste que la relation au vin était plus naturelle.

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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 00:06

 

 

Dans notre petit monde et dans le vaste monde du vin qui ne connaît pas Patrick Léon, pas grand monde. Homme discret, affable, courtois, respecté pour un parcours professionnel remarquable et sa grande disponibilité, il fait parti de ces œnologues qui ont donné à cette profession ses lettres de noblesse. Œnologue et ampélographe, Patrick Léon entame se carrière en 1965, à La Chambre d’Agriculture de la Gironde où il fonde et dirige le « Centre d’Etudes et d’Informations Œnologiques ». En 1972 il entre chez «  Alexis Lichine & Cie » - où il est directeur des achats vins français et directeur technique des vignobles (Château Lascombes – Château Castéra) puis Directeur Technique du Groupe et Membre de la Direction Générale jusqu’en 1985 où il rejoint « Baron Philippe de Rothschild à Pauillac : Directeur Général – Membre du Directoire – Directeur Technique des Vignobles et des Vins du  Groupe : Châteaux Mouton Rothschild – d’ Armailhac - Clerc Milon – le Petit Mouton de Mouton – Aile d’Argent. La célèbre et quasi-unique marque de référence : Mouton Cadet, Opus One en Californie – Almaviva au Chili – Escudo Rojo au Chili – Domaine de Lambert et Baron’Arques dans le Languedoc. Bravo l’artiste ! Patrick Léon sait ce que veut dire surmonter les épreuves que la vie que l’on vit dresse sur notre chemin. Pour ce type le mot retraite sonne faux. Ce n’est un nouveau départ. D’abord, le Domaine Familial à Fronsac : Château Les Trois Croix, ensuite « Léon Consulting » conseiller technique viticole, vinification, stratégie générale, dans différents Vignobles, Domaines, Châteaux, Wineries dans le Monde Viti Vinicole : le Languedoc-Roussillon (Vignobles de Lorgeril), la Provence (Château d’ Esclans), le Chili, l’Espagne, Israël, la Russie, la Suisse… Et même qu’il a trouvé le temps de répondre, avec son cœur, à mes 3 mêmes questions. Merci beaucoup Patrick Léon.

Question N°1 : Supposons que je sois un jeune bachelier passionné par le vin. Je cherche ma voie Sur le site du CIDJ je lis « L’œnologue, grâce à ses connaissances scientifiques et techniques, accompagne et supervise l’élaboration des vins et des produits dérivés du raisin. Sa principale activité concerne la vinification. Il conseille les viticulteurs dans le choix des cépages et la plantation des vignes. Il surveille les fermentations en cave, le traitement des vins et leur conditionnement. Il effectue des analyses et procède à des recherches technologiques visant à l’amélioration des cépages. L’œnologue peut également être chargé de la distillation ou fabrication des alcools à partir des marcs de raisins. Enfin, connaisseur et expert en dégustation, il participe à la commercialisation des vins en France et à l’étranger. En raison de la concurrence rencontrée désormais par la production française de vin sur le marché mondial, l’œnologue remplit une fonction stratégique pour le maintien ou l’amélioration de la qualité des produits de la viticulture française. »

Présenteriez-vous ainsi votre métier à une jeune pousse Patrick Léon ?

Réponse de Patrick Léon : J’adore pouvoir consacrer du temps à des « jeunes pousses » pour les aider à affirmer leur passion sur la vigne et le vin. Probablement des envies de pédagogie mal assumées.

Comme pour s’excuser  aujourd’hui, de ne pas avoir pris le temps de prendre assez de temps, hier.

Les chemins de la passion des jeunes peuvent croiser le « bac » sur leur route, … mais plutôt un bac agricole avec options « viticulture-œnologie ». Cependant je ne suis pas certain que déjà il imagine toutes les facettes des métiers de l’œnologue.

« Œnologue », c’est un diplôme universitaire qui permet d’exercer beaucoup de fonctions différentes autour des métiers viti-vinicoles.

On pense en premier lieu à la vinification : tous ces mystères qui entourent les fermentations et dont les scientifiques recherchent toujours à mieux comprendre les fonctionnements. Mais aujourd’hui, tout bon œnologue ne peut se contenter du merveilleux  précepte prémonitoire de notre Maitre Emile Peynaud : « donner moi d’excellents raisins et je vous ferais d’excellents vins ».

L’œnologue doit s’intéresser non seulement aux raisins, mais à la vigne. Il doit comprendre comment pousse la vigne harmonieusement, et comment arrive-t-elle à mieux produire ces équilibres de goûts déjà dans les baies.

L’œnologue déguste, apprécie, juge des qualités des raisins, des moûts et des vins. Des vins « en naissance », des « vins en élevage », des « vins en maturation », des « vins en pleine expression », et des « vins vieillissants ». Ces jugements techniques cherchent à anticiper sur l’évolution et le devenir afin de prendre les meilleures décisions d’actes œnologiques aux meilleurs moments.

L’art de « L’Assemblage » est à lui seul un véritable métier dont seules les expériences répétées et mémorisées prévalent sur les études : l’apprentissage me parait une étape obligatoire qu’il faudrait remettre en pratique. C’est une grande école de modestie et d’humilité.

De nos jours, on voit de plus en plus d’œnologues concernés par les « marchés » : le marketing, la distribution, la promotion…. ces mots font peur à certains…

Mais, quelle chance pour notre métier ! : de prescripteurs anonymes d’ordonnances œnologiques, nous pouvons devenir créateurs reconnus… Quel progrès.

 

Mais attention à ne pas vendre son âme aux marchés et de rester fidèle à ses origines, sans négliger les attentes des consommateurs. Tous les vins ne peuvent être des trésors réservés à des collectionneurs.

Il faut des vins adaptés aux  différentes circonstances et pratiques de consommation : l’œnologue doit savoir les concevoir et les imaginer dans sa tête, avant de les réaliser dans ses cuves et verres. Il doit pouvoir en parler ensuite aux prescripteurs, aux journalistes, aux acheteurs, aux consommateurs.

Les plus anciens et meilleurs vignerons l’avaient bien compris avec leur bonhomie paysanne et leur faconde vineuse en se souciant toujours de savoir si : « il n’est pas bon mon vin ? » !!! C’était une forme de marketing de l’époque, en se souciant des réactions de l’acheteur. De nos jours, tout va plus vite, donc on veut anticiper sur la satisfaction des plaisirs.

Eh ! Oui, le vin n’est pas fait pour être bu, mais pour procurer du plaisir, ou des plaisirs, et chacun sait que son voisin n’a pas forcément les mêmes que soit…alors il faut aller au devant de son voisin pour savoir ce qu’il apprécie, et si on peut lui procurer ce plaisir.

Vous avez bien compris que l’œnologue dans ces conditions, devrait avoir une fonction plus stratégique et pouvoir influer davantage sur les profils des vins à élaborer, à condition qu’il sache à la fois respecter les caractéristiques originelles des raisins, sans méconnaitre les gouts  des consommateurs.

Dans la compétition internationale qui ne peut qu’augmenter, l’œnologue devra faire ses preuves d’adaptation à ces évolutions, de les comprendre, et si possible de participer à leur anticipation. De part son passé culturel et historique viti-vinicole, l’œnologue de France doit savoir continuer de rester la référence, en toute modestie et ouverture d’esprit.

Question N°2 : « Monsieur Seignelet, qui avait assis Bertrand face à lui, donnait à mi voix des leçons d’œnologie, récitait des châteaux, des climats, des millésimes, émettait des jugements, prononçait du vocabulaire : puis il voulut enseigner à son fils aîné le rite grave de la dégustation. » Tony Duvert « L’île Atlantique » éditions de Minuit 2005. Dans le fameux manga « Les Gouttes de Dieu » «  Le héros est présenté comme œnologue alors que manifestement c’est plutôt un œnophile doué et cultivé.

Quel est votre sentiment sur ce glissement sémantique Patrick Léon?

Réponse de Patrick Léon : Œnologue – Œnophile : aucune opposition. Aucune compétition entre les deux. C’est comme œnologue et sommelier : il n’y a que complémentarité.

L’œnologue a une approche plus scientifique et technique, avec un vocabulaire adapté. Il utilise ses connaissances théoriques et pratiques. Il concourt à transformer les raisins en vin, à élever le vin et à le faire apprécier.

L’œnophile a un comportement d’esthète, de passionné, d’érudit plus livresque, laissant aller ses émotions, ses joies, …. Ses déceptions éventuelles…C’est un hédoniste qui souhaite faire partager sa passion et aime parler de ses découvertes. Sa cave est une de ses destinations de voyage préférée… en plus des vignobles, des chais et de leurs vignerons.

Mais pourquoi donc n’y aurait-il pas des œnologues qui se découvrent aussi des vocations d’œnophile, avec une cave éclectique, qui lui fasse voyager dans l’espace, … dans le temps.

Et l’œnophile peut avoir envie aussi de faire du vin lui-même, et pourquoi ne pas aller ou revenir sur les bancs de la faculté pour devenir œnologue.

Il n’est pas indispensable d’être œnologue pour faire des bons vins, mais l’œnophile, se recommandant de l’œnologie ne doit pas usurper un diplôme qu’il n’aurait pas obtenu.

Ce glissement sémantique n’est pas un tsunami… et les savoirs des uns peuvent retrouver les passions des autres.

Question N°3 : Moi qui ne suis qu’un pur amateur aussi bien pour le vin, que pour la musique ou la peinture je place ma confiance non dans les critiques mais plutôt dans ma perception au travers de l’œuvre du génie du compositeur ou du peintre. Pour le vin l’affaire est plus complexe entre l’origine, le terroir, le vigneron, le vinificateur, le concepteur du vin, l’exécution est à plusieurs mains. La mise en avant de l’œnologue, une certaine starification, correspondant par ailleurs avec l’esprit du temps, à une forme de marketing du vin, ne risque-t-elle pas de nous priver d’une forme de référence objective, celle de l’homme de l’art, nous aidant à mieux comprendre l’esprit d’un vin ?

Réponse de Patrick Léon : « Amateur » : attention à ce qualificatif qui peut cacher le professionnalisme du véritable amateur chevronné. Dans les vins et pour les vins, la passion est exigeante. Elle vous le rend bien,… c’est comme un cep de vigne : si vous le taillez bien, il vous procure de meilleures grappes.

Alors les comparaisons entre vins, peintures, musiques, …. fussent-elles classiques, sont néanmoins évidentes. La connaissance ne nuit pas à l’émotion devant un tableau. Mais elle n’est pas indispensable à mes yeux. Le tableau est peint pour émouvoir.

Les émotions sont aussi multiples et étranges parfois que les individus, que les personnalités. Ah ! Oui, on parle bien de personnalité  à propos des vins qui vous transmettent des sensations qui ne sont pas perceptibles de la même manière par votre voisin de table, ou de palier.

Et pourtant, ils peuvent avoir tous raison.

Il n’y a pas de certitudes… sauf quand le vin est réellement mauvais ou avec un gros défaut. Sans certitudes, le meilleur moyen de faire le moins d’erreurs possibles est d’être fidèle à soi même, et…..

… de se faire plaisir, avec modération, mais régulièrement, c’est le meilleur moyen d’apprendre : le fameux apprentissage.

« L’œnologue Star » : mais parfaitement et pourquoi pas ? Je ne suis ni envieux, ni jaloux.

Tous les chanteurs ne sont pas des stars, et tous les chefs d’orchestre non plus. Est-ce la star la plus connue qui chante le mieux ? Cela dépend de votre appréciation auditive, visuelle…. gustative.

La starisation est incontournable de nos jours.

On peut la critiquer, ou la susciter, mais elle est là. Dans nos vies au quotidien. A la Télé, dans les journaux. Alors pourquoi pas à propos du vin et des œnologues ? Je trouve que c’est plutôt bien.

Qui disait cet adage « parlez en bien, ou parlez en mal, mais parlez de moi, et les gens s’en souviendront… » : Un de mes « Pères Spirituels » vinicoles me l’a souvent dit : Alexis Lichine qui m’a initié aux marchés.

Je n’irai pas jusque là et préfère que l’on parle plutôt en bien de mes amis œnologues. Mais en principe on ne parle jamais très longtemps des plus mauvais…. Plus que la starisation, c’est son exploitation qui peut paraître parfois déroutante.

L’important est de sentir bien dans ce que l’on fait, avec plénitude et bonheur sincère, comme quand on ouvre, décante, déguste et apprécie une bonne bouteille.

Alors, « Jeune Pousse » si tu lis ces quelques lignes, tu viens me voir pour parler de ton futur métier d’œnologue, et de ta passion d’œnophile.

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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 00:08

La Savoie ça m’inspire quoi ? Dans l’ordre : le gâteau de Savoie de maman, léger, mousseux, où parfois elle glissait de la confiture d’abricot ; mon seul et unique séjour en colonie de vacances à St Jean de Maurienne avec les enfants de marins de l’Ile d’Yeu ; l’escalade de la Dent d’Oche où je me suis offert (sic)  la plus belle de mes rages de dents ; la chanson niaise d’Hughes Auffray « va doucement c’est tout bon » ; le festival du film fantastique d'Avoriaz l'année où de Niro était président du jury ; un roman de Patrick Modiano « Villa Triste » au bord du lac Leman ; le Reblochon et les cloches des vaches des alpages ; Alain Berger qui a été directeur de l’INAO ; Hervé Gaymard qui a été le locataire du 78 rue de Varenne à qui j’ai remis « Cap 2010 » et qui m’a donné du monsieur le Président avant de m’abandonner en rase campagne ; notre ministre actuel Michel Barnier qui est venu s’exprimer sur mon espace de liberté… Mais j’avoue, en me couvrant la tête de cendres, en battant ma coulpe, que je suis bien incapable de situer le vignoble de Savoie sur une carte de cette belle province.


 

Alors, lorsque j’ai reçu, via mon blog, une invitation de Raphaël Saint-Germain le message suivant «  Plutôt jeunes - ou toujours jeune ? -, nos vins nous ressemblent et nous rassemblent. Tant dans la démarche que dans le niveau de qualité produite. Et du caractère, c’est vrai ! Chacun de nous vinifie avec sa propre sensibilité, sa propre patte des Vins qui se veulent authentiques, des vins de vignerons, mais tous savoyards !

 

Alors…


Rencontrons nous ce lundi 24 novembre de 10h à 19h autour d'une dégustation de Savoie

LES FINES GUEULES ; 43 rue des Petits Champs 2 rue de la Vrillière. » au lieu de me précipiter sur le site des vins de Savoie pour pallier mon ignorance crasse, toujours aussi flemmard je me suis dis « c’est sympa, j’y va ! »


Si j’étais allé sur le site  www.vin-de-savoie.org   je n’aurais guère été avancé car, en dehors de me dire que :


"Si l'on en croit la plupart des publications actuelles, les vins de Savoie sont une aimable anecdote sur fond de carte postale enneigée. Le discours habituel fait généralement état de vins frais et légers, «à boire jeune", dont la principale qualité consiste à accompagner de tristes tartiflettes après une journée de ski."


Pas la moindre trace d’une petite carte pour un ignare de mon espèce. Je ne veux pas être mauvaise langue mais des phrases du style :


 " Un cépage est une variété de plant de vigne, ou raisin. Tel cépage déterminé constitue l'une des composantes d'un terroir viticole. "

 

Ou bien 


" Le terroir est l'ensemble des facteurs naturels -climatiques, pédologiques, géologiques- et humains -usages, savoir-faire qui constituent l'environnement de fait d'un vignoble et président à l'élaboration du vin."


C’est sympa mais on ne vient pas sur le site des Vins de Savoie pour se taper un cours sur la vigne mais pour s’informer sur leur localisation précise et ce qu'ils sont…


Bref, ce lundi frisquet, avec ma canadienne (normal j’ai répondu juste avant à une interview de Radio Canada BC sur la France du vin) je me rendis donc d’un pas alerte jusqu’à la magnifique Place des Victoires. J’avoue que lorsque j’ai pénétré dans le bistrot j’ai eu un peu peur : y’avait que des nez. Des pros, des gars et des filles aussi qui sont des as de la déguste, petit carnet et tout et tout… Par bonheur j’ai croisé un François Morel tout sourire ce qui m’a fait dire qu’il faut jamais dire jamais. Bref, comme y’avait des vignerons dans tous les coins je me suis mis en quête de mon Raphaël Saint-Germain. Il était à l’étage. Grand jeune homme au sourire avenant qui me dit que c’est par Claire Naudin qu’il a trouvé le chemin de mon espace de liberté. Verre à la main, au pied du mur, me voilà plongé dans la perplexité des cépages savoyards. J’aurais du lire le site à la rubrique Cépages (j’ai remis en forme) :


Appellation régionale " Vin de Savoie " :


-         Vins rouges ou rosés : Gamay, Mondeuse, Pinot Noir et pour le département de la Savoie : Persan, Cabernet franc, Cabernet sauvignon.


-         Vins blancs : Aligoté, Altesse, Jacquère, Chardonnay, Velteliner rouge précoce, Mondeuse blanche et dans le département de la Haute-Savoie : Gringet, Roussette d’Ayze, Chasselas.


L'appellation régionale "Roussette de Savoie «nécessite l'emploi exclusif d'Altesse.


Appellation "Vin de Savoie" suivie d'un nom de cru (vins tranquilles) Abymes, Apremont, Chautagne, Chignin, Cruet, Jongieux, Montmélian, Saint-Jean-de-la-Porte, Saint-Jeoire-Prieuré : même encépagement que les vins de Savoie.


La Mondeuse est employée exclusivement pour le cru Arbin.


Pour le Chignin-Bergeron : Roussanne exclusivement.


Pour les crus Marignan, Ripaille, Marin : Chasselas exclusivement.


Appellation "Vin de Savoie" (vins mousseux ou pétillants) :


En vin blanc ou en vin rosé, l'ensemble des cépages blancs de l'appellation " Vin de Savoie " sont autorisés ainsi que le Gamay, le Pinot Noir, la Mondeuse, et pour le département de la Haute-Savoie la Molette.



Répartition par cépages en % (1988)

Appellation "Vin de Savoie" suivie du nom de cru Ayze (vins mousseux ou pétillants et vins tranquilles) :
Sont utilisés le Gringuet, l'Altesse et la Roussette d'Ayze .
La proportion de Roussette d'Ayze dans l'encépagement de chaque exploitation ne doit pas dépasser 30 %.

 

 

Comme vous pouvez le constater je suis un bon élève. C’est grâce à Raphaël Saint-Germain qui m’a fait d’abord goûté son Coutaz 2007. C’est un blanc franc du collier comme je les aime. Vif. C’est fait avec le cépage Jacquère, un autochtone savoyard, hier décrié voir snobé par les vignerons eux-mêmes qui disaient, comme un peu comme les gars du Gers, qu'il était  « vendangé, pressé bu et pissé dans l'année ». Comme me le fait remarquer Raphaël, qui est loin de se douter qu’il s’adresse à un pur greffé-soudé parisien qui a tout oublié des enseignements, dans les vignes à numéros et de Baco du frère Bécot, à l’École d’Agriculture de la Mothe-Achard : «  Étonnement moderne en fait. Du neuf avec du vieux, en quelque sorte  sans repasser par la case départ. C'est parfois bon de louper un train "vinique"... et d'avoir des cépages où la maturité phénolique n'est pas liée à un degré alcoolique élevé… » Je goûte. J’écoute. Je prends même des notes. J’apprends tout sur le cépage Persan, vieux cépage rouge qui subsiste "péniblement"  dans la combe de Savoie Plus que confidentiel,  hyper sensible aux champignons "hôtes"  de la vigne, peu productif... résultat +de 200 ha en 1950, moins de 5 ha sur l'appellation Savoie aujourd'hui. Raphaël dégage une empathie qui me permet d’entrer avec simplicité dans l’univers de ses vins. J’aime beaucoup La Mondeuse « les taillis » 2006, une fraîcheur fringante qui donne envie de s’en régaler. C’est une médaillée : le Bronze à Paris, l’Or à Macon.

 


La dégustation est sympathique : fromages savoyards, jambon, saucisson… J’ai bien fait de venir. De plus, et c’est assez rare pour être souligné, Raphaël me recommande deux de ses confrères présents aux Fines Gueules. Bien sûr, j’irai les voir et je ne serai pas déçu du voyage. Mais comme j’ai été déjà fort long ce sera pour une autre fois. Pour aujourd’hui je vous recommande chaleureusement les vins d’Etienne&Raphaël Saint-Germain, ils sont à l’image de Raphaël qui cite Gide «  les choses les plus belles sont celles qui soufflent la folie et qu’écrivent la raison ».


 

Leur domaine né en 1999, d’une exploitation familiale traditionnelle de 10 ha est situé entre Chambéry et Albertville dans le Parc Naturel des Bauges. 80% de rouge, 20% de blanc. Pour contacter le Domaine Saint-Germain : vinsstgermain1@aol.com tel/fax 04 79 28 61 68 Route du col du frêne 73250 St Pierre d’Albigny.


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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 00:05

La scène se passe dans un cabinet médical, le praticien après avoir examiné une radio, hilare, s’adresse à son patient, assis sur la table d’examen, en caleçon et chaussettes : « Une excellente nouvelle, monsieur Ribot : vous n’êtes plus hypocondriaque, vous êtes VRAIMENT malade ! »

 

C’est le dessin de Bouchard dans le dernier numéro du POINT. Dans ce même numéro, le psychanalyste Jacques-Alain Miller décrypte le paradoxe de l’homme occidental qui, «n'a nourri autant d’angoisses, ni vécu aussi longtemps. »

 

Extraits sous forme de 3 Questions :

 

Le Point : Pourquoi, dans nos sociétés occidentales, la peur semble-t-elle progresser plus qu'ailleurs ?

 

Jacques-Alain Miller : Parce que ce sont les plus « technicisées ». Le sociologue Ulrich Beck l'a montré, la technique donne naissance à une « société du risque » : quand vous vous déplacez à cheval, tout dépend de votre habileté à vous, et de votre connaissance de la bête en question ; quand vous prenez l'avion, votre sécurité est hors de vous, car votre vie dépend d'un réseau de systèmes complexes, auxquels vous devez vous fier a priori. Mais la société du risque devient une société de la peur dès que la science cesse d'inspirer confiance. C'est le cas aujourd'hui : chacun est intimement persuadé que le grand « sujet supposé savoir » ne sait pas tout, qu'il est troué comme un gruyère, et qu'il avance et produit à l'aveugle.

 

Le Point : Nos sociétés n'acceptent le risque qu'à condition de le quantifier...

 

Jacques-Alain Miller : En effet. Le sujet supposé savoir est maintenant mis au défi de prévoir l'avenir. Demain, vos maladies, on n'en fera plus seulement le diagnostic, on vous les prédira à partir du décryptage de votre génome. D'où l'émergence de nouvelles peurs, inédites, purs produits du calcul statistique.

 

Le Point : Notre santé, et en particulier notre alimentation, nous préoccupe le plus. Comment expliquez-vous cette peur ?

 

Jacques-Alain Miller : C'est ce qui résulte de la « mise en sécurité » comme attitude fondamentale de l'homme contemporain. Chacun est à lui-même son bien le plus précieux. Chacun se rapporte à soi-même comme à un objet, à un avoir, non à un être. L'impasse, c'est que la santé est parfaitement aléatoire. Il n'y a pas de science de la santé, disait Canguilhem, l'épistémologue de la biologie. La santé, c'est un mythe."

 

À mettre en parallèle avec l’enquête du Credoc qui révèle que 51 % des Français considèrent le vin comme le deuxième produit présentant des risques pour la santé, juste derrière la charcuterie. Cote en chute libre : en 2003, seuls 26 % des habitants de l’Hexagone avait cette perception négative du vin. « Hier produit du terroir, symbole de l’identité gastronomique française, le vin est désormais considéré comme un produit alcoolisé comme les autres », souligne le Credoc. Et il suscite la méfiance au même titre que n’importe quelle boisson alcoolisée… Pourquoi diable ce quasi-doublement en 5 ans ? Bien sûr, je n’ai pas de réponse, mais il est paradoxal que cette peur intervienne alors que le vin quotidien laisse de plus en plus la place au vin occasionnel. Boire moins, boire mieux, disait-on, mais ces nouveaux consommateurs, plus soucieux de leur forme, de leur santé que leurs aînés, placent le vin dans la palette des produits alcoolisés. Cette perception nouvelle devrait faire réfléchir ceux qui pensent que, face aux antialcooliques, le bon discours est celui du vin est bon pour la santé. Dans la mesure où le vin aliment est en voie d’extinction il me semble que ces conseils ne convainquent pas grand monde. En adoptant cette stratégie de bon contre mauvais on entre sur le terrain des conseils de santé publique, aussi généraux qu’inefficaces car ils ne sont pas ciblés sur des populations précises.

 

Pour ma part, en me fondant sur la définition de la santé donnée par le Robert : « bon état physiologique d’un être vivant ; fonctionnement régulier et harmonieux de l’organisme pendant une période appréciable, indépendamment des anomalies ou des traumatismes qui n’affectent pas les fonctions vitales (un aveugle, un manchot peuvent avoir la santé). La santé correspond à une idée de la norme (opposée à la pathologie) ; elle n’est pas seulement l’absence de maladies, de symptômes pathologiques, mais suppose l’absence de menace prévisible et un certain bien-être physique. » et celle de la santé publique : « l’ensemble des techniques propres à prévenir les maladies, à préserver la santé, à améliorer la longévité des individus par une action collective. » la seule voie possible est celle de s’en tenir au produit, le vin, à ce qu’il est, d’où il vient, comment il est fait et affirmer, avec la plus grande tranquillité, sans mauvaise conscience, qu’il n’est pas en soi dangereux ni pour la santé des consommateurs, ni pour la santé générale des populations. Jouer sur les peurs, en les amplifiant ne fait que développer le caractère anxiogène de nos sociétés craintives et, comme le dit Jacques-Alain Miller, « une peur en chasse une autre, il y a des peurs à la mode, on invente des peurs, le public demande de la peur. Mais ce n’est pas un jeu, c’est, en deçà, de ces peurs multiformes et toujours renaissantes, ce qu’elles expriment et camouflent à la fois : une angoisse sociale diffuse et dont l’objet est voilé. »

 

À propos mais où est donc passé le prion qui devait faucher, selon certains grands experts, « plus de 100 000 personnes » ? Plus légèrement, j’entends en boucle « qu’il faut manger des féculents… » c’est-à-dire des patates, des pâtes, du riz… et dire que pendant des décennies les mêmes nous mettaient en garde contre… Alors, comme tout bien portant est un malade qui s’ignore, de grâce laissez moi vivre ma vie comme je l’entends, jouir des plaisirs qu’elle m’offre, même si ça trouble vos statistiques, même si je suis un bon cotisant de la Sécu, car j’ai, comme nous tous pauvres humains, une seule certitude, même si en ce monde de peureux « on rêve de faire descendre l’éternité sur terre », c’est celle de mourir.

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