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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 00:00

Affirmer que le soudain renversement de situation ne me prit pas de court serait mentir. Face à un Marcellin toujours debout, clope au bec, l’œil narquois je mis un peu de temps à reprendre mes esprits. Mon apparent désarroi dut convaincre le Ministre que sa stratégie était la bonne et que j’allais me déballonner, me mettre à table. Pour reprendre pied j’adoptais un ton désinvolte pour lui demander « Avant de tout vous dire, je prendrais bien à café... » Ma requête le fit sourire, il devait penser, « ce petit con veut gagner du temps mais je le tiens par les couilles et il ne va pas s’en sortir avec des provocations... » y’avait chez lui du Pompidou, le côté pesant, madré, retors, mais sans la finesse du normalien de Montboudif. Pour me tirer les roupettes de ses grosses pognes j’allais devoir accepter de jouer avec lui dans le caniveau, pas finasser, le Raymond n’appréciait pas les intellos, les faiseurs de théories. Fallait que je marque d’entrée mon territoire avec du foutre bien chaud, bien gluant, pour que cette vieille crapule comprenne vraiment à qui il avait à faire. Les plaies mal cicatrisées, celles qui démangent encore, constituent le lieu privilégié des attaques les plus virulentes. Verser un peu de vinaigre, goutte à goutte, en évoquant le souvenir des saloperies fabriquées de toute pièce contre le couple présidentiel par exemple, sans, bien sûr, mettre en doute la bonne foi du Ministre dans cette sale affaire mais seulement en lâchant quelques noms, comme ça, l’air de rien, sur le ton de la confidence. Les politiques, surtout ceux de l’acabit de Marcellin, ne se laissent jamais impressionner par le rappel de leurs vilenies ou de leurs mauvais choix, bien au contraire ils en tirent parti pour rebondir. Mon niveau d’information sur l’affaire Markovic me rangeait dans la classe de ceux avec qui il faut conclure un pacte de non-agression. La cendre de sa clope poudrait le revers de son veston et le tapis, preuve de l’extrême attention de Monsieur le Ministre de l’Intérieur aux propos d’un sale petit branleur. Son « Qu’attendez-vous de moi ? » sonnait l’heure d’un changement de tactique.

Au lieu de profiter de mon avantage – ce qui à court terme aurait pu flatter mon ego mais qui, sur le long terme se serait révélé contre-productif : un Marcellin humilié ne me pardonnerait jamais – je proposai au Ministre de m’investir plus encore sur un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur : l’Internationale gauchiste. Ce nouvel avatar de notre entretien lui plu d’emblée, nous allions pouvoir manger dans la même écuelle en toute confraternité. Au grand banquet de la manipulation, des coups fourrés, à qui baise qui, seuls ceux qui n’ont aucun souci de l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes peuvent espérer en l’avenir. Touiller dans la merde, y mettre à l’occasion la main, provoque dans la cohorte des signataires de pétition des hauts le cœur. Pour eux, la basse police s’apparente à une forme de sodomie des libertés fondamentales. Ça le faisait jouir, le maire de Vannes, d’entendre les cris d’orfraies des intellos et des bourgeois de gauche, c’était comme si lui, le bon chrétien qui va à la messe le dimanche avec bobonne, les niquait profond sans avoir besoin d’en confesser sa faute. Ma proposition le comblait d’aise ce qui ne l’empêchait pas de me prévenir que tout ce qui se passait hors de nos frontières n’était pas de son ressort. En clair, je tire les marrons du feu si tu t’en sors mais ne compte pas sur moi pour te tirer d’un mauvais pas. J’en convins en lui demandant d’éviter les fuites en direction de la Piscine. « Vous plaisantez j’espère ! L’idée ne m’aurait jamais effleuré l’esprit. J’ai en profonde horreur ces culottes de peau prétentieuses et inefficaces. Rien que des j’en foutre, des demi-soldes, dans l’affaire que vous évoquiez, avec pertinence, tout à l’heure ce sont certains d’entre eux qui ont monté la machine contre le Président. Par bonheur notre bonne vieille PJ a fait son boulot... » J’appréciais toute la saveur de l’évocation de ma pertinence mais, plus prudent qu’un chacal, je rajoutai une couche de flagornerie.

« Permettez-moi, monsieur le Ministre, d’imaginer que vous ne m’avez pas convoqué ce matin pour que vous puissiez me fournir de faux passeports... Je me tiens à votre entière disposition avant mon départ pour remplir la mission que vous vouliez me confier... car je suppose que telle était votre intention... » Je dois avouer que Marcellin en resta, un instant, stupéfait de voir ce soi-disant petit flic des RG lui dicter la conduite à tenir. Il grommela « vous devriez faire de la politique... » avant de se raviser goguenard « en fait je ne crois pas, vous êtes trop intelligent pour vous fourvoyer avec ce troupeau de minus... » L’avertissement était sans frais, je cessais de la ramener car je risquais de perdre tout le bénéfice de l’avantage que je venais de gagner. Le Ministre gagna son bureau d’un pas lourd. En se saisissant d’une chemise cartonnée, sans même me regarder, à son tour il me prenait de court « avant d’aller à Rome vous allez d’abord vous rendre à Berlin-Ouest. Les gauchistes teutons me semblent bien plus dangereux pour nous que leurs confrères ritals, le voisinage de l’Est les rends plus perméable aux manipulations des cocos. Vous parlez l’allemand ? » Ma réponse négative ne le démontait pas « Alors vous emmènerez votre dulcinée qui elle, je suppose, est polyglotte et, comme elle est bien introduite dans l’Internationale gauchiste ça ne peu que vous aider... » Son ton me tira des frissons, pour lui Chloé se révélait bien plus pointue que moi. Marcellin savourait le fait d’avoir repris la main. Il me tendait la chemise défraichie « vos petits copains envisagent de perpétrer un hold-up dans une succursale du Crédit Lyonnais pour alimenter leur trésor de guerre. Je compte sur vous pour m’en dire plus que ce qu’il y a dans ce fichu dossier, soit presque rien... »    

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 00:00

Comme vous avez beaucoup aimé la chronique sur les cours d'œnologie de nos amis du Vin en Tête http://www.berthomeau.com/article-faut-il-etre-maintenant-etre-oenologue-pour-apprecier-le-vin--41993276.html toujours dans la même veine, comme il faut bien les rentabiliser ces cours d'œnologie ouvrez vite ce message vous découvrirez de jolies planches de dessins tirées de PENDANT CE TEMPS-LA par PLANCHON toujours dans le n° spécial Série Or de Fluide Glacial T05384 je trouve que ces scènettes reflètent assez bien la réalité du comportement du pékin ordinaire lorsqu'il se retrouve au restaurant avec ses copains et copines face au choix de notre cher produit à siroter sans modération comme y disent à Fluide Glacial... (article déjà publié en début 2007)

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 00:00

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Pourquoi ce matin, pour la nouvelle année, ce pluriel si singulier ?

La tradition veut que chacun s’en tienne à former des vœux pour la seule année à venir alors pourquoi diable faire un paquet cadeau des 10 futures années et souhaiter qu’elles fussent heureuses ?

Je ne saurais pas vraiment vous l’expliquer mais, tout comme le choix d’illustrer mes vœux par ces deux enfants dans la bourrasque, ça tient à mon intuition qu’elles pèseront lourds. Alors je me suis dit, puisque les temps sont incertains, propices aux grandes peurs, autant nous les souhaiter heureuses.

Au temps de mes culottes courtes nous nous sentions étouffés par nos familles, nos villages, nos grandes institutions, mais nous n’avions peur de pas grand-chose, sauf de la guerre, alors qu’aujourd’hui, dans les sociétés occidentales, nous revendiquons notre « splendide » isolement, notre je dépendant que nous sommes pourtant de notre environnement, nous nous affirmons libre et nous avons peur de presque tout.

Mes vœux, puisqu’il est de coutume d’en former, en tant que Secrétaire-Perpétuel autoproclamé d’une Amicale du Bien-Vivre, pour cette décennie qui s’ouvre, seront que nous retrouvions le chemin des choses essentielles, les plus simples souvent, des gestes qui accompagnent la parole, des actes qui suivent nos engagements ; que nous soyons plus conviviaux, plus attentifs, plus tournés vers le mieux vivre ensemble ; que nous essayions d’être un peu plus citoyen, un peu moins ramenard et donneurs de leçons à la Terre entière ; que nous trouvions en nous, et ensemble, les forces nécessaires pour que notre vieux pays reste une terre d’accueil, un lieu où il fait bon travailler et vivre ; que nous transmettions à nos enfants et petits enfants le seul héritage qui vaille : un Monde un peu moins fou.

D’accord, ce matin je suis sans doute trop prêchi-prêcha mais, que voulez-vous, trop de cartes de vœux sont formatées, envoyées en nombre sans un soupçon d’humanité pour que je ne me laisse pas aller à mon péché mignon : croire qu’il est possible de changer le monde par la force de l’intelligence, pas la mienne rassurez-vous, mais de celle de ceux à qui je m’adresse. Vous bien sûr et ceux qui nous gouvernent qui devraient méditer sur l’inanité des promesses et la force de la recherche de la vérité.

 

Bonne et heureuse année 2010 à vous et à ceux qui vous sont chers.

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 00:03

Pour bien finir l’année rien ne vaut un pamphlet bien gras ressorti de la naphtaline, ça excite les papilles avant d’aller fêter le Gui l’An Neuf ou d’aller dormir comme chaque soir. Bref, dans le tréfonds de mes chroniques je tire un Manifeste extrait d’un n° Spécial du très fin Fluide Glacial (voir http://www.berthomeau.com/article-5418573.html ) C’était la préhistoire de mon blog, janvier 2007, les photos étaient floues et la présentation merdique. Bonne lecture, à l’année prochaine sur mes lignes.

 

  

Manifeste Œnologique : A bas le terroir ! Défendons les VSCAC* !
par Eric Deup


* Vin Sans Caractère d'Appellation Commune 

 

« Marre du politiquement correct œnologique, assez de la dictature du bon goût, plein le fion des vins de territoire à boire la bouche en cul de poule : osons le vin sans caractère, le vin global, le rouge neutre, la piquette qui pique pas :

 

Vous ne pouvez que l'avoir constaté : sous prétexte de défendre je ne sais quels petits producteurs - qui, soit dit en passant, se sont découverts un amour des bonnes choses assez tardivement, quand leurs terres pourries d'engrais ont eu fini de dégueuler les nitrates qu'ils déversaient sans souci à l'époque de perpétuer un savoir-faire ancestral - sous prétexte, donc, de défendre ces fabricants de rouge convertis au « traditionnel » depuis qu'il suffit de marquer bio sur les étiquettes pour doubler les marges, de soutenir ces braves paysans qui mettent un soin authentique et typique à brûler les supermarchés et recouvrir de purin les sous-préfectures à la moindre contrariété, on nous bassine à grands coups de documentaires, articles et autres reportages sur le retour des vins de pays, des petits vins, des vins de caractère !


Vivent les vins apatrides !

 
Mais, comme moi, vous en avez marre de ces vins au léger goût de myrtille, qui rappellent le fumet de la banane, exhalent les terres argileuses et les cigales ou sentent le cul !

 
Vous voulez un vin qui sente l'alcool et le raisin ! Vous assumez de boire du vin pour boire et de boire sans soif !


Comme moi, vous vous demandez ce que sont ces histoires de vins de terroir et craignez d'être bientôt obligés d'enfiler béret et sabots de bois avant de le faire avec votre picrate, vous qui aimez tant boire en survêt'.


Vous aussi vous vous inquiétez de cet étrange retour en force des vins qui fleurent bon le pays ou pire la tradition ! Cette louange forcenée des spécificités territoriales, des traditions millénaires évoque en vous les relents nauséabonds des pires courants réactionnaires. L'éloge de ces pinards ethnocentristes n'est-il pas en effet l'expression d'un repli sur soi, d'un refus de l'autre quand le vin issu de différents pays de l'Union Européenne, pour prendre un exemple, serait lui un véritable appel à l'ouverture, à la tolérance, à l'altérité ?! Un verre de ce nectar et vous partez en voyage : plaisir des nitrates espagnols, délice de l'antigel italien, arôme des colorants portugais... rien de tel pour accompagner une bonne tranche de pain de mie au Saint-Moret !


A mort le goût !


A ces nouveaux convertis du vin goûteux vous saurez expliquer que le plaisir est ailleurs, vous qui ne dégustez pas mais qui ingurgitez, qui savez caler ma bouteille bien au fond du gosier sans vous perdre en fioritures papillaires de sommelier efféminé, vous qui savez que ce n'est pas le goût qui importe mais d'avaler.
Et ne me parlez surtout pas de découvrir une bonne bouteille chez votre caviste du quartier : les cavistes sont des voleurs qui s'engraissent sur cette mode stupide du vin de pays. Les supermarchés aussi, me direz-vous, mais là-bas, au moins, on peut faire des courses de caddies. Et l'on trouve certainement beaucoup moins d'adeptes du couplet poujados-populiste du « trop de charges, trop d'impôts » chez les patrons d'hyper que chez les petits commerçants. Mais je me comprends.
Alors réagissez, aidez à la réhabilitation du vin étoilé, sauvegardez le cubi, protégez le vin en poudre mais surtout refusez le conformisme rétrograde, obsolète et dégradant du terroir à tout prix ! Ce combat doit être celui de tous, y compris le vôtre, amis snobs : soyez convaincus qu'il est tout à fait possible de trouver des vins aussi chers que sans goût. »

 

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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 00:00

Alors que je pédalais nonchalamment dans la rue St Placide qui relie la rue de Sèvres à celle  de Rennes – mon regard fut attiré par une nouvelle enseigne de caviste : « Le Vin en tête » – en ce moment les cavistes poussent sur le pavé de Paris comme les cèpes dans les sous-bois – la première réflexion que je me fis fut : « à 2 pas de la Grande Épicerie du BM, couillu le gars ! ». Et puis, léchant la vitrine, je tombe en arrêt comme un « Porcelaine » flairant des perdreaux face à une offre étrange : « cours d’œnologie ». Pourquoi pas me direz-vous. Mouais, j’veux bien mais à quand chez mon boucher ou mon charcutier ou mon tripier : « cours de zootechnie » ? Ben oui, car il ne fait aucun doute que pour apprécier une hampe gouteuse y faut savoir comment ça rumine la Blonde d’Aquitaine : faut pas se gourer dans le circuit de la panse, du feuillet et de la caillette, sinon je vous assure que ça va peser sur votre estomac. À mon avis je crois même que ça ne suffit pas, faut savoir ce qu’ils mangent ces braves ruminants. Alors, pour ne pas se gourer entre la prairie naturelle et la prairie artificielle, le trèfle et la luzerne, le ray-grass et le sainfoin, moi je suis pour inscrire les « cours de phytotechnie » dans le cursus du vrai consommateur de steak tartare. Bref, ça va générer de l’emploi dans le petit commerce.

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Attention mes amis je n’ai rien contre l’initiation à la dégustation – il existe sur la place de Paris d’excellentes maisons qui la pratique comme par exemple
www.Ecole-Du-Vin.fr ou <http://www.ecolededegustation.fr> de Jacques Vivet – mais baptiser pompeusement, sous l’égide du premier caviste venu, un ensemble mal défini de prestations : «  cours d’œnologie » ça me chiffonne à plus d’un titre. Le premier c’est que, dans l’esprit de ces pédagogues amateurs, qui d’ailleurs devraient se rappeler qu’un caviste c’est d’abord un commerçant de détail, l’œnologie c’est le fourre-tout. Y’a qu’à voir le programme de www.levinentete.com pour s’en persuader. Moi j’en reste aux fondamentaux : d’abord la culture de la vigne c’est de la viticulture, puis faire le vin relève de l’œnologie diplômée ou non, ensuite la dégustation professionnelle ou festive relève elle aussi de l’œnologie, enfin pour clore la culture du vin sous toutes ses formes n’a rien à voir avec tout ce qui précède. Appelons un chat un chat et les vaches seront bien gardées. Que certains veuillent enrichir leurs connaissances, bien sûr je n’ai rien contre mais de grâce laissons l’œnologie aux œnologues. En revanche, une pseudo-approche scientifique me fâche car elle est la porte ouverte à tous les discours orientés, définitifs. Après avoir placé le vin sur un piédestal, l’avoir éloigné de la culture populaire, l’avoir complexifié à l’excès, lui accrocher aux basques des « cours d’œnologie » relève au mieux de la culture d’un fonds de commerce lucratif au pire d’un goût très prononcé dans notre beau pays pour un pédagogisme laborieux.

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Sans généraliser, une telle approche fabrique beaucoup trop souvent des péroreurs qui emmerdent le monde avec leur science œnologique. Y savent tout. Y expliquent tout. Y z’ont du vocabulaire. Y vous disent que vous êtes un barbare parce que vous buvez tel vin avec tel plat. Y vous gonflent la tête avec des conseils. Faut les entendre dans les travées des salons de vins. Je les repère de suite. Y z’ont leurs groupies. J’admire la patience des vignerons. Encore heureux quand y achètent quelques boutanches. Trop de mots tue le plaisir. Tout le monde n’est pas Mozart. La soif de connaissances me plaît. L’étalage de la culture œnologique m’énerve. Ceci étant écrit comme cette approche s’adresse à un public très restreint, et ce n’est pas ça qui va faire avancer la culture du vin auprès du plus grand nombre, je plaide pour que tous ces zélotes, au lieu de faire les beaux auprès de leurs copains, se mettent au service d’un prosélytisme de masse dans le désert des rayons vins de la GD. Ben oui, ce n’est pas en prêchant auprès des convaincus qu’on fabrique des convertis.

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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 00:00

Hier j’évoquais, à propos de la taille de la vigne, l’emploi viticole, les travailleurs de la vigne et tout naturellement, pour nos chères têtes blondes ou brunes ou rousses, ou tous ceux d’entre nous qui véhiculent une vision idyllique du travail à l’ancienne, je fais ce matin un grand zoom arrière grâce à une lecture récente d’un ouvrage « Foires et marchés d’Occitanie de l’antiquité à l’an 2000 » de Pierre-Albert Clément » Les Presses du Languedoc.

«Les loues, logues ou loyes en occitan, ont longtemps représenté le maillon essentiel du processus d’engagement des ouvriers. En des siècles où l’on ne connaissait ni les annonces classées, ni l’ANPE, ni Manpower, les possibilités de rencontre entre l’offre et la demande de main-d’œuvre se limitaient à un contact physique. Hommes et femmes à la recherche d’un travail s’alignaient, à des dates bien précises et à un endroit bien précis, pour recevoir les propositions des donneurs d’emploi. Ce système de recrutement d’apparentait aux marchés aux esclaves de l’Antiquité, à la différence que les esclaves n’intervenaient pas dans la transaction.

Les loues pouvaient se dérouler soit à l’occasion d’un marché, soit à l’occasion d’une foire, mais le plus souvent elles possédaient leur propre autonomie. Le dimanche paraît avoir été la journée la plus propice, car les saisonniers pouvaient plus facilement être présents [...]

À Limoux, une loue se tenait sur la place du marché, tous les dimanches d’août au matin ; elle paraît liée à l’embauche de vendangeurs ou de vendangeuses. »

« Les us et pratiques des loues des Aires-en-Cévennes au milieu du XVIIIe siècle nous sont révélés dans le détail par le livre de raison de Joseph Espagnac. Ce riche exploitant vivait à l’Elzière dans la paroisse de Saint-Hilaire-de-Lavit. Son mas était situé à 1500 mètres à vol d’oiseau du lieu où se tenait l’embauche. Le hameau des Aires a toujours été connu comme une des étapes majeures de la grande draille de Jalcreste que suivaient les troupeaux du littoral languedocien estivant en Margeride. Ce chemin millénaire canalisait également les migrations de travailleurs saisonniers et il est possible que les premières loues soient nées spontanément à l’occasion du flux de retour, à l’époque où les gens de la montagne revenaient des vendanges au bas pays [...]

« En extrapolant les informations relevées dans le livre de raison, on peut déduire que le choix des ouvriers ou des ouvrières s’effectuait sur des critères subjectifs, comme la bonne mine ou l’allure robuste de l’individu. Il était hors de question de vérifier les maigres renseignements qu’il communiquait sur sa personne et de s’enquérir sur ses aptitudes chez ses précédents employeurs. De toute façon, si l’on se trompait à l’embauche, le cas était vite réglé. Ainsi, Pierre Chabrol, de Rampon, pris comme berger le 13 octobre 1765, s’en va le mois suivant « n’ayant pas su garder ». [...] Pour donner un ordre d’idée sur les salaires, signalons que Joseph Espagnac paye un faucheur 12 sols par jour (6 euros) et le ramassage des châtaignes 4 sols par jour (2 euros). À titre de comparaison, il débourse 8 sols par tête (4 euros) quand il invite un ami à dîner aux Aires, à la fameuse auberge Deleuze qui est restée ouverte jusqu’en 1950. »

La loue des Aires du 4ième dimanche d’octobre était surnommée « la loue des ivrognes » car on y rencontrait davantage de fêtards que de demandeurs d’emplois.

La 5ième loue dominicale, la « loue des femmes grosses », non qu’elle fut réservée aux servantes en voie de famille, mais parce que, étant donné la faible affluence, les Cévenoles enceintes pouvaient aller et venir sans risquer d’être bousculées dans la cohue. » (Au dire de Denise Bruguière, une centenaire rencontrée au début des années 80 par Patrick Cabanel.)

Certains vont me reprocher d’évoquer des temps lointains et enfouis, il n’empêche que dans mes souvenirs de petit vendéen du bocage se gager à la Saint-Michel (29 septembre) ne relevait pas d’une pratique disparue mais d’une réalité bien concrète qui se traduisait par la disparition de quelques camarades des bancs de l’école «Il sera bien plus utile à la ferme» disait le père, ou «une bouche de moins à nourrir ». J'en ai connu qui couchait dans un réduit attenant à la grange. Idem pour certaines filles qui se gageaient pour devenir bonnes ou domestiques chez les bourgeois ou les commerçants du bourg ou des villes.Peu montaient àParis. Sur un sujet proche, mais dans un temps un peu plus lointain, si ça vous intéresse vous pouvez lire une chronique publiée en mai 2008 : « le travail des enfants » http://www.berthomeau.com/article-19268935.html

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 00:01

Tout commence à la vigne et, le meilleur moyen de comprendre et de faire comprendre la vie de la vigne, et celle du vigneron aussi, c’est de suivre le cycle des travaux, jour après jour. Rassurez-vous, en dépit de mon apprentissage dans les vignes du frère Bécot à l’école d’agriculture de La Mothe-Achard, je ne vais pas vous abreuver de technique. Ce qui m’intéresse c’est de marquer des gestes millénaires, et celui de la taille l’est, lorsque la vigne a entamé son sommeil d’hiver. Geste important entre tous, il conditionne en effet la future récolte mais aussi la suivante, et à plus long terme le développement du cep. Opération délicate puisque à chacun des coups de sécateur pour éliminer les sarments jugés inutiles est le résultat d’un choix où interviennent de multiples facteurs.

L’instrument de la taille : la serpette puis le sécateur pendant des siècles n’avait guère évolué mais l’introduction du sécateur électrique a réduit la pénibilité du geste. Qui taille ? Le vigneron lui-même, mais aussi des salariés dont on ne sait pas grand-chose, et aussi maintenant des machines dites de taille rase. Chez le fabricant Pellenc : «La TRP™ est constituée d’un châssis et de quatre modules de coupe : deux modules latéraux à angle variable et deux modules de suivi de cordon. Le suivi de cordon s’ajuste automatiquement, grâce au système visionique, selon le réglage initial du chauffeur. Les modules latéraux à angle variable rasent au plus près quelque soit la configuration du cordon. En comparaison des 50 heures/hectare habituellement constatées, la TRP™ permet une réduction jusqu’à 90 % du temps de taille, en fonction de l’âge, de l’état de la vigne, du cépage et du porte-greffe. Le système visionique permet de travailler une journée complète, sans fatigue et jusqu’à 2,5 km/h.    »

 


Viticulture artisanale, viticulture industrielle, mais pour en revenir aux hommes au hasard, ramassé sur la Toile une info venue du Jura : « L’association de formation a sollicité le CFPPA de Montmorot qui s’investit dans une formation « taille de la vigne » se déroulant dans les vignes du lycée agricole. Douze salariés (six femmes, six hommes) inscrits par cinq employeurs ont appris la technique de taille dans le Jura, ses objectifs et son impact sur la production, les cépages, les produits issus de la vigne, leurs caractéristiques et le liage. Les méthodes pédagogiques sont axées principalement sur la pratique, les participants sont ainsi pendant cinq jours dans les vignes de l’exploitation du lycée agricole de Montmorot, afin de pratiquer la taille sous les yeux attentifs de deux formateurs, Jean-Claude Viallard, directeur du CFPPA et Thierry Piton »

18 décembre 2009

Les résultats du 1er concours de taille

 

Podium_121209La 1ère manche du Challenge Inter Châteaux des Tailleurs de Vigne Médocains a vu la victoire de Laurent DUPUY (au centre sur la photo) dont c'était la 1ère participation à un concours de taille.

L'ASAVPA a ouvert samedi 12 décembre au Château Saint Ahon à Blanquefort sa saison de concours de taille de vigne avec la 1ère des trois manches du Challenge Inter Châteaux des Tailleurs de Vigne Médocains.

Laurent DUPUY repart avec le sécateur d'Or offert par la société SNA Europe - Bahco et remporte également la 1ère place par équipe avec ses coépquipiers du Château Beychevelle. Même si le Château Beychevelle est bien parti pour décrocher un second sacre, rien n'est joué et il reste 2 manches pour départager les équipes. Le Trophée Galy, offert par le Conseil des Vins du Médoc, récompensera le Château vainqueur le samedi 13 février 2010, lors de la grande finale qui se déroulera au Château Cos d'Estournel à Saint Estèphe.

Résultats en individuel :

  • Laurent DUPUY, 161 points, Château Beychevelle à St Julien Beychevelle
  • Olivier CHALAUD, 160 points, Château de Pez à St Estèphe
  • Michel GAUDET, 149 points, retraité

Résultats par équipe :

  • Château Beychevelle de St Julien Beychevelle, 428 points
  • Château Lagrange de St Julien Beychevelle, 412 points
  • Château Saint Ahon de Blanquefort, 397 points

Prochaine rencontre des As du sécateur le samedi 16 janvier 2010 au Château Beaumont à Cussac. Il n'est pas trop tard pour s'inscrire : Bulletin_d_inscription_2009_2010

Renseignements auprès de Sophie Galland au 06.30.45.86.75

 

En revanche un geste a disparu du paysage : le sarmentage « Pendant que l'homme taille, la femme sarmente ; elle a revêtu pour cela un costume approprié : sur la jupe de droguet, elle a endossé un caraco, ajusté un devantier, tous deux de toile bise, et enfilé des mitaines de chanvre, ainsi vêtue, se baissant et se relevant sans cesse, elle ramasse les sarments jetés en vrac sur le sol. Quand la main est pleine de sarments, la javelle est finie ; il reste à l’attacher à ses deux extrémités, avec des sarments minces et flexibles. Les javelles sont ensuite liées, avec une longue branche d’osier, en paquets de douze, les fagots, qui seront emportés à la maison pour le chauffage et la cuisine. Je livre à la réflexion de certains « écologistes en chambre » la notion de pénibilité du travail et à tous ceux qui ont oublié notre hyper dépendance, pour notre vie de chaque jour, aux grands systèmes intégrés, la notion d’autonomie. Les sarments de nos jours servent encore pour les barbecues urbains...

Quelques photos et 3 vidéos pour illustrer cette chronique :

1- Taille de la vigne au domaine pédagogique Mas de la Garrigue du lycée Claude SIMON de Rivesaltes dans les Pyrénées orientales.

 

Taille cordon au sécateur

 

Taille gobelet au sécateur électrique

 

Ramassage des sarments.

2- La Taille Guyot Poussard en 3 mn, par Jérôme Bossan. Die, 27 novembre 2008

3- La Taille par Pierre Clavel

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 00:00

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Le virage brutal que nous prîmes à notre retour ne nous devait rien, il résulta d’une brutale accélération des évènements qui échappa à notre contrôle et nous propulsa dans une suite de sacs de nœuds dont nous eûmes beaucoup de peine à nous dépêtrer. Souvent, les tuiles vous tombent sur le coin de la tronche alors que tout vous semble sous contrôle, sans risque apparent, par temps calme. Certes ma position à géométrie variable, si elle me permettait souvent de planquer mes abattis, me plaçait à mon insu dans des zones de fortes turbulences. Jusqu’ici je m’en étais toujours sorti grâce à un art consommé du j’m’en foutisme. Par rapport aux craintifs et aux calculateurs, toujours sur leurs gardes, le fait de ne s’inquiéter de rien, de s’en foutre, constituait un atout majeur dans un monde où tous les coups sont permis. Je n’attendais rien de la vie et, à ma grande surprise, elle me procurait un lot de frissons et de jouissances incommensurables. Rien ne pouvait donc me faire changer de cap, et surtout pas Chloé qui se révélait chaque jour, à sa manière, une redoutable manœuvrière. Nous formions un duo à nul autre pareil. Du côté de la place Beauvau ceux qui m’avaient propulsé dans le nid des petits frelons de la GP, pour y accomplir les basses besognes traditionnelles, commençaient à trouver que j’occupais beaucoup trop d’espace et surtout que je n’en faisais qu’à ma tête. Jusqu’ici, mes hautes protections, ma position d’éminence grise près d’un Ministre important, mes accointances dans des groupes barbouzards rivaux, les avaient incité à la plus extrême prudence, mais comme l’occasion qui se présentait à eux de me brûler les ailes, leur paraissait si belle, inespérée même, qu’ils n’avaient pas hésité une seule seconde à me tendre leur piège foireux.

À peine avions-nous posé le pied sur le tarmac de Villacoublay qu’un motard porteur d’un pli, à me remettre en mains propres, se plantait face à nous, salut militaire, et je me retrouvais convoqué en fin de matinée chez le Ministre de l’Intérieur soi-même.  Chloé s’esclaffait « tes désirs sont des ordres ... » et le bel Albin, intrigué par ma soudaine importance, me prenait par le bras pour m’entraîner à l’écart. « Mon garçon jusqu’ici vous m’intriguiez, maintenant vous m’inquiétez. Quels sont vos rapports avec Marcellin pour qu’il vous traite ainsi ? Il vous a infiltré auprès de moi ? Attention je sais, moi aussi, cogner et cogner dur... » Avec aplomb je le rassurai « Soyez sans crainte, je ne suis manipulé par personne, et surtout pas par Marcellin, je travaille pour mon propre compte et je vous protège... » Il sursautait « Me protéger ! Me protéger de qui, de quoi, expliquez-vous ! » Toujours avec le même aplomb je coupai court « Convenez-en, Monsieur le Ministre, ce n’est pas le lieu. Dès que j’en aurai terminé avec Marcellin je m’expliquerai sur tout auprès de vous... » Mon ton conciliant mais sans appel le sidérait « Vous ne manquez pas de souffle mon garçon : en finir avec Marcellin, rien que cela. Soit vous bluffez et vous le faites bien. Soit vous êtes un personnage d’une dangerosité exceptionnelle... » Mon large sourire le déroutait plus encore « dans les situations fangeuses, monsieur le Ministre, avoir les pieds dans le marigot, même si ça n’est pas toujours très confortables, vaut mieux que de le regarder d’en haut si l’on veut avoir prise sur les évènements... » Il soupirait « ne me dites pas que vous êtes flic. Je veux dire de la Police ». À mon tour, avec une familiarité qui m’étonnait moi-même, je le prenais par le bras « Si je savais ce que je suis je ne vous le dirai pas Monsieur le Ministre car, pour ne rien vous cacher j’ai du mal à savoir ce que je suis vraiment... » Ma pirouette lui tirait un rictus et, sans se dégager de mon emprise il se contentait de me dire « alors à ce soir dans mon bureau... » J’opinais.

Même si Marcellin n’avait jamais fréquenté l’école des cadres du PC, et aucun doute n’était possible vu son passé Vichyssois, il m’appliqua pendant le premier quart d’heure un traitement de choc s’inspirant largement des principes de l’intimidation maximale chère aux héritiers des soviets. Mon dossier, était lourd, à charge, fort bien préparé par ces messieurs qui, en rang d’oignons, affichaient des mines faussement contrites en me contemplant avec commisération. Le problème pour eux c’est que ce dossier était aussi plein de trous, de belles brèches dans lesquelles j’allais m’enfourner une fois l’orage passé. Marcellin, je le sentais, plus il tapait sur le clou plus il doutait du bien fondé de sa méthode. Pourquoi ? Je ne saurais vous le dire mais, sans doute, l’instinct du flic, la prescience que ses munitions, certes bruyantes, relevaient plus de l’opéra-bouffe que de la bonne police. Pour lui, au fur et mesure qu’il m’assénait des reproches cinglants plus ceux-ci prenaient la tournure de vrais compliments : « un vrai bourrin, obtus, obéissant, ne lui paraissait pas en mesure d’accumuler autant de conneries sensées ». Mon ennui amusé devait aussi transparaître. Et puis, brutalement, alors que j’affutais ma contre-attaque, Marcellin s’interrompait. Soupirait. Allumait une cigarette l’air mauvais. Mes chefs prenaient peur je le voyais dans leurs regards de cireurs de pompes lécheurs de bottes. « Messieurs, vous pouvez prendre congé... » Le geste accompagnait la parole, un rien méprisant et impatient. Les hauts-fonctionnaires, tels des généraux répudiés, dignement, un à un, se retiraient après avoir exprimé leurs respects à Monsieur le Ministre. « Accompagnez ces messieurs... » L’adresse frappait le Directeur de cabinet alors qu’il s’attendait à être épargné. Il ne mouftait pas. Marcellin bouffait de la fumée avec une délectation malsaine. Toujours debout, j’attendais. « Asseyez-vous et dites-moi tout... »

 

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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 00:04

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Si vous vous ennuyez en cette fin d'année et si vous voulez pénétrer dans les tréfonds des USA pour mieux tenter de comprendre ce pays, si fascinant et si irritant, alors lisez la trilogie Underwood U.S.A  de James Ellroy. C'est du lourd. Des pages éblouissantes, du pourri, des personnages vérolés : Nixon, Edgar Hoover, Howard Hughes, des stars dont « la gouine exhibitionniste, qui broutait des minous dans les soirées hollywoodiennes» : Nathalie Wood. C'est une vaste fresque de la période Kennedy et des années Vietnam  dont le premier tome American Tabloïd compte 740 pages et 57 personnages que l’on retrouve dans le second tome American Death Trio. et voilà que sort enfin le troisième et dernier tome au début janvier 2010 :  Underwood U.S.A  Rivages thriller 850 pages 24,50 euros. Donc faites le compte si vous vous lancez dans l'aventure : 2400 pages à dévorer sans modération.

 

Bonne lecture, et pour vous mettre en bouche je vous livre  les 3 Questions à James Ellroy qui sont tirées d’un entretien de James Ellroy mené par Bernard Sichère et Jean-Luc d’Asciano. Elles ont trait à John Kennedy dans American Tabloïd.


James Ellroy de son vrai nom Lee Earl Ellroy est né le 4 mars 1948 à Los Angeles d'un père comptable (Armand Ellroy) de 50 ans et d'une mère plus jeune infirmière d'origine allemande. Ses parents divorcent six ans plus tard. Sa mère obtient la garde du petit. Celui-ci a dix ans, lorsqu’ils emménagent dans un quartier populaire de Los Angeles, El Monte. James est déjà un lecteur fervent de littérature policière.

 

Geneva Hilliker Ellroy (1915-1958), sa mère, est assassinée le 22 juin 1958 et retrouvée par une bande de jeunes près du lycée Arroyos. L'assassin ne sera jamais arrêté. James est confié à un père bienveillant, mais il est livré à lui-même. Il sombrera peu à peu dans la délinquance. James Ellroy se fait renvoyer du collège à 17 ans, sans diplôme. Alors que la santé de son père se dégrade, Ellroy s'engage dans l'armée en 1965 et fait ses armes en Louisiane.

 

 

Son père succombera rapidement d'une crise cardiaque et sa mort marquera le début d'une lente descente aux enfers. Ellroy se fait réformer de l'armée, il retrouve un vieil ami, Randy, et sombre avec lui dans la consommation d'alcool et de drogue. En 1975, un abcès au poumon ainsi qu'une double pneumonie le font renoncer aux abus d’alcool. Il prendra des amphétamines jusqu'en 1977, avant d'arrêter définitivement toutes substances toxiques. Il brise le cercle infernal dans lequel il s'est enfermé et devient caddie de golf à Los Angeles commençant une vie plus rangée. En 1978, il s'inspire de son expérience de caddie, de son amour pour la musique classique, pour poser la trame de fond d'un premier roman : Brown's Requiem, publié en 1981 et écrit selon son auteur "debout, dans une chambre d'hôtel miteuse".

 


Le livre qui lui fera connaître la célébrité : Le Dahlia Noir, œuvre de fiction basée sur une histoire vraie légendaire du Los Angeles des années quarante, le meurtre le plus sanglant et le plus sadique qu'ait connu la ville d'une jeune starlette, Elizabeth Short, qui a été surnommée  Le Dahlia par un journaliste, en référence au Dahlia bleu film de série B de l'époque avec Veronica Lake.

 

 

L'affaire du Dahlia Noir n'a jamais été résolue. James Ellroy semble a utilisé ce fait-divers, pour commencer à exorciser le souvenir du meurtre de sa propre mère qui a eu lieu environ 11 ans et 5 mois après celui d’Elizabeth Short assassinée en janvier 1947. En réalité, James Ellroy a découvert cette histoire dans un livre que son père lui avait offert pour ses dix ans, quelques mois avant le meurtre de sa mère, d'où la "providence", le livre s'intitulant "The Badge" de Jack Webb, lequel a été quarante ans plus tard, préfacé par Ellroy lui-même. Dans L.A. Confidential, Jack Vincennes est inspiré de Jack Webb, flic vertueux et de droite du LAPD.

 


Ellroy a déclaré récemment dans un entretien : « L’une des choses que j’ai apprises au cours de mon enquête (sur le Dahlia noir), c’est la profondeur de la dette que j’ai à son égard (sa mère) et à quel point je dérive de ma mère. Je viens d’elle. Directement. Elle avait un côté très sensuel, un peu dissolu, elle aimait les mecs un peu ringards et la gnôle. Elle avait en même temps un côté moraliste et sévère. Je possède ces deux aspects de sa personnalité, si ce n’est que j’ai su dépasser mes côtés luxurieux. »


 

Question 1 : Le traitement – dans American Tabloïd - des liens avec la mafia et la CIA au sujet de Cuba est hallucinant.


« Tout cela est vrai. À cette époque, il n’existait pas d’éthique, de responsabilité politique de l’Etat face à ses électeurs. L’assassinat de Kennedy est le point de départ d’une prise de conscience des électeurs, des politiciens et des institutions. De leurs responsabilités politiques. Mais ce roman, c’est aussi l’histoire – vue de l’intérieur et par le petit bout de la lorgnette – d’Hollywood, de la criminalité et des politiciens.

 

 

Kennedy est un personnage assez pauvre ?

 

Délibérément. C’est une coiffure.

 

 

 

Question 2 : De Gaulle n’aimait pas du tout Kennedy, il le décrivait comme un play-boy et un garçon coiffeur. En France, lors de la parution de vos premiers livres, vous avez été qualifié d’écrivain de droite ou d’extrême droite. Pourtant vous dénoncer la chasse aux sorcières et le racisme. Comment êtes-vous perçu aux USA ?



«  De Gaulle avait beaucoup d’humour. Je suis content que le Chacal ne l’ait pas tué. Il y a eu plusieurs tentatives d’assassinat contre de Gaulle. Pour Kennedy, la première a réussi. Nos tueurs sont plus doués.


Les Américains se contrefoutent de l’opinion politique de leurs écrivains. La droite ne m’a jamais attaqué, ni la gauche. Une fois, une lesbienne radicale-féministe m’a traité de fasciste homophobe antisémite, et un journaliste d’antisémite, d’antimexicain et de néo-nazi. Pour le reste, rien, ni d’un côté, ni de l’autre.

 


Question 3 : Croyez-vous au diable, et pensez-vous qu’il y ait une bonne ou une mauvaise façon de croire au diable ?

 


« Je n’ai jamais cru ni au diable ni à une quelconque entité satanique. Le mal, ce sont les êtres sans conscience. Ceux qui sont incapables d’éprouver de la sympathie ou de l’empathie pour les autres êtres humains. »

Dans vos romans, le tueur à gages ou le flic pourri, et le serial killer sont liés au mal. Pourtant le tueur et le policier ne sont pas totalement mauvais. Ils descendent la pente en cherchant leur salut. Il s’agit de rédemption, comme chez Conrad ou Melville ?


«  Je crois en la rédemption, mais pas en terme religieux. Les personnages qui m’intéressent sont ceux qui brisent les jambes de l’Histoire. Qui mettent en acte au plus bas niveau les décisions politiques : les barbouzes, les poseurs de mouchards… American Tabloïd dépasse toutes les ventes des livres précédents… Je dois avoir touché quelque chose qui tient à l’inconscient collectif… Cette superbe année 1958 où l’on pouvait faire du chantage sexuel, casser la gueule à de futurs informateurs, assassiner Jack la belle coupe… »


 

Extrait de Petite Mécanique de James Ellroy publié à l'oeil d'or www.loeildor.com

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 00:00

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J’aurais pu ce matin tenter de déterminer la date exacte de naissance de Jésus de Nazareth mais j’ai trouvé ça trop compliqué en effet « D'après le récit biblique, les parents de Jésus durent faire un voyage pour Bethléem, ville ou naquit Jésus, dans le but de répondre au recensement opéré par Quirinius. Or, d'après des sources historiques, ce recensement n'eut jamais lieu à l'époque ou l'on situe la naissance de Jésus mais bien dix ans plus tard, c'est-à-dire après la déposition d'Archélaüs, donc dix ans après la mort d'Hérode, en l'an 37 de l'ère d'Actium – d'après Josèphe – et l'on sait, d'après le récit biblique, que Jésus naquit sous le règne d'Hérode. »


Plus plaisamment je me suis dit que pour fêter la Noël citer l’Évangile selon Jean, 2,1-11 ça ferait grand plaisir aux buveurs d’eau patentés et à l’ensemble de leurs affidés.

« Le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples. Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit « Ils n’ont pas de vin ». Jésus lui dit « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue ». Sa mère dit aux serviteurs : « Faites ce qu’il vous dira ».

« Or il y avait là six jarres de pierre, pour les purifications des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau ces jarres ». Ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Puisez maintenant et portez-en au maître d’hôtel ». Ils lui en portèrent. Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau devenue du vin - il en ignorait la provenance, mais les serveurs la savaient, eux qui avait puisé l’eau - il appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, alors le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent ».

« Tel fut le commencement des signes de Jésus ; c’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ».

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 Paul Véronèse, 1562-1563    huile sur toile   666 × 990 cm       musée du Louvre

L'aide de camp du Secrétaire Perpétuel de l'ABV en situation       Caillou 6684
Joyeux Noël à tous

                                                               
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