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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 00:00

Dans son commentaire sur ma chronique « Des marques, des marques de vin oui mais n’est pas le petit LU qui veut... » l’ami Reggio écrit « 80% d'accord avec le dernier paragraphe. Les 20% restant c'est le fait des industriels qui imitent / copient les artisans, pas forcément mal d'ailleurs, sans en avoir ni les coûts, ni les obligations. Ce qui, en partie, a provoqué la ruine de nos appellations, et pas que dans le vin. Bien sûr qu'il y a de la place sur le marché pour tout le monde, mais pas avec les mêmes codes. Pour les consommateurs, la distinction doit être évidente, rapide et sans ambiguïté » Afin d’alimenter le débat je suis allé puiser dans mon cellier 3 chroniques écrites * en novembre 2005 sur le pain et plus précisément sur PAUL la chaîne de boulangerie créée par Francis Holder. Je vous les livre sans aucune retouche.

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« Pour les artisans, Francis Holder est l'ennemi non seulement parce que c'est un industriel, fournissant des GMS et des terminaux de cuisson, mais parce que c'est un artisan très doué qui opère comme personne d'autre sur une échelle industrielle et ultramoderne, brouillant ainsi la frontière séparant les deux catégories. Comme toute anomalie par transgression taxinomique, il est particulièrement craint et honni. Il étonne par son audace de businessman, mais également par l'excellence de ses produits qui sont omniprésents dans une large partie de l'hexagone.

Il est dommage de réduire, en code journalistique, ce parcours tout à fait exceptionnel - sans doute la plus belle histoire de réussite dans la boulangerie française avec celle de L.Poilâne - à un chiffre d'affaires, même si un milliard et demi de francs, peu ou prou, est fort impressionnant. C'est un vrai self-made man, itinéraire socialement plus valorisant aux Etats-Unis qu'en France (il est le petit-fils d'un immigré polono-ukrainien du côté paternel, et son ascension aurait pu démarrer dans le lower east side de New York, au début du XXe siècle, mais pas du côté du fournil) fils de pâtissier-boulanger, petit-fils et arrière-petit-fils de boulanger du côté maternel, Francis Holder, homme du Nord, grande pépinière de l'entreprise entreprenante en France, préside le groupe Holder, employant plus de 4000 personnes. Celui-ci regroupe l'enseigne Paul (67% du CA), joyau de l'affaire, avec 22 boutiques dans 43 départements en France en 2000 et plus d'une vingtaine à l'étranger; le Moulin Bleu, la division industrielle (24% du CA); la nouvelle chaîne en franchise Saint-Preux (2%); Ladurée (7%), élégants pâtisseries-salons de thé-restaurants, reprise habile d'une enseigne prestigieuse, un peu comme Paul d'ailleurs, « maison de qualité fondée en 1889 » ; et Panétude, un bureau engineering chargé de concevoir et d'entretenir les magasins... »

 

In " Le retour du bon pain " Steven L. Kaplan page 220 publié chez Perrin


Ce matin, comme convenu, je vous livre ce qui m'a intéressé dans la saga de Francis Holder. Pour ce faire je pioche dans le livre de Kaplan cité hier.

« Le plus gros défi était sans doute du côté artisanal... »

« Il constate que bien de ses collègues boulangers un peu partout, en optant pour le pain ultra-blanc et un travail accéléré, mal servis par des agriculteurs encore plus productivistes qu'eux et des meuniers pas encore conscients des risques de ce glissando moderniste, n'avaient plus l'exigence de la qualité... »

« Le génie de Holder a été de savoir résister au tout-marketing. Le succès durable, et contagieux, ne pouvait se fonder que sur l'excellence des produits...»

« Toute la filière semblait oublier le consommateur final... »

« D'abord, en amont, F.Holder a cherché à changer la relation entre les boulangers et les agriculteurs... »

« Anticipant les pratiques dites aujourd'hui d'agriculture raisonnée, sensible à la protection de l'environnement et aux impératifs de la traçabilité, il impose des règles et des contrôles concernant les engrais, les produits autorisés pour traiter les grains, le calendrier de la moisson etc.. »

« Il voulait amener ses meuniers à ne plus « cuire le blé », à ne plus le réchauffer. Meuniers-agriculteurs, même erreur : un productivisme aveugle...»

« Très tôt, par rapport aux autres artisans, F.Holder rejetait des additifs à sa farine, encore une décision osée, car l'absence de ces « aides » ou « améliorants » rendait le travail plus difficile, dans un milieu où l'on avait déjà du mal à recruter des ouvriers boulangers motivés et fiables.. »

« Ce Paul est à l'écoute de ses clients qui sont, eux, de plus en plus exigeants, il sait « sentir leurs goûts »


Mon petit détour chez nos amis les boulangers je le dois à une exposition à la Fondation Cartier « Pain Couture by Jean Paul Gaultier » c'était en septembre 2004. Organisé sous l'égide de la Chambre Syndicale de la Boulangerie c'était dans le domaine du tout est possible lorsqu'on se laisse aller à la créativité : entre chouquettes, pain et croissant, le célèbre kilt de JPG en pâte à pain et autres sculptures, ça sentait bon et ça donnait envie...

Alors, chers amis du vin, à quand notre exposition à la Fondation Cartier haut lieu de rayonnement culturel international ? Problème : où est la Chambre Syndicale des « faiseurs de vin » ? Chacun dans son terroir et les bastilles seront bien gardées... Bon j'ai lancé l'idée à vous de me dire ce que vous en pensez... Quand même ça aurait plus de gueule que de continuer à se présenter comme un secteur assiégé par les barbares de l'extérieur ou les pisses froid de l'intérieur...

Comme vous pouvez le constater je crois avoir un peu de suite dans les idées le seul problème c’est que j’ai 5 ans de plus. Voir www.paul.fr/

Les chroniques :

- la saga de Francis Holder

- les 42 pains de Paul

- la multiplication des pains

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 00:00

En un temps où le chacun pour soi, souvent bardé d’une flopée de bonnes intentions et d’une cotriade de belles justifications, triomphe en notre beau pays, y compris dans les vignes et les chais, l’histoire d’une poignée d’hommes, tous viticulteurs à Mailly Champagne, Édouard Hutasse, Louis Dubreuil, surnommé Ti Louis, Pierre Homand, Irénée Janisson qu’on appelle le Père Jibé, Fernand Rémy et Paul Dubreuil emmené par Gabriel Simon, fondateur et véritable figure de proue, ainsi que René Tournay, Camille Rémy et Charles Petit qui décident en 1923 de se regrouper afin de presser en commun leurs raisins, vinifier leur vin pour le vendre aux Maisons de Champagne est intéressante à conter.

 

Pour autant mon intention n’est pas de donner à cette histoire une valeur exemplaire, à chaque période ses défis et les réponses appropriées, mais tout simplement de rappeler à certains, jeunes ou moins jeunes, des valeurs qui ne sont pas dévaluées par notre prétention égotique à penser que seules les trajectoires individuelles comptent. En effet, nos dix bons hommes rejoints six ans plus tard par quatorze autres viticulteurs de Mailly sont, sur ce total, dix-huit à être membres de l’Union musicale de Mailly Champagne et treize anciens combattants de la Grande Guerre. Leurs valeurs de courage et de fraternité opèrent l’osmose indispensable pour relever les défis face à un avenir incertain et transcendent leur manque cruel d’argent. L’union de ces hommes de bonne volonté qui ont du courage à revendre va accoucher d’une véritable révolution dans les habitudes de l’époque. En effet, en ce début du XXe siècle les Maisons de Champagne détiennent le monopole du pressurage et ce contrôle de l’approvisionnement leur donne la main sur le cours des apports.

 

Bien évidemment cette prise en mains n’a pas été du goût du tout puissant Syndicat du Commerce des Vins de Champagne qui décida de boycotter les vins clairs vinifiés en 1929, 39 et 31 sur le site « aux François » par les 24 adhérents. La réponse à ce boycott peut aujourd’hui paraître évidente, élaborer eux-mêmes leur propre Champagne, constituait une lourde responsabilité qu’assumèrent Gabriel Simon et Gaston Hénin le chef des caves. Ainsi Champagne Mailly Grand Cru naissait de l’extrême nécessité et allait devenir l’exemple d’un Champagne issu d’un vignoble Grand Cru Classé à 100%.

 

Sans soutien bancaire, avec du matériel loué et des bouteilles de récupération, ils procèdent à un premier tirage de 8000 bouteilles qu’un négociant achète et paye sur le champ ce qui permet aux adhérents de réinvestir les fonds pour tirer 50000 bouteilles neuves cette fois. Cette montée en puissance les place devant un nouveau problème : la place. Que cela ne tienne l’huile de coude remplace le manque cruel de capitaux : sur les conseils de Gabriel Simon, ancien officier du Génie, nos pionniers empoignent pelles et pioches pour creuser durant l’hiver 1931-32 un escalier de 77 marches qui descend à 17 mètres de profondeur pour créer le premier caveau. L’élan est donné, le règlement de la coopérative prévoit que chaque adhérent offre 10 jours de travail bénévole par ha. Ainsi, pendant plus de 30 ans, en plus de leurs propres travaux dans la vigne, nos hommes vont s’activer sous terre, façonnant des cintres de chapelles, déblayant 350 000 m3 de gravats qu’ils remontent à la surface en de lourds wagonnets et qui serviront à l’empierrement des chemins communaux. Ainsi, un kilomètre de caves creusées dans la craie abritent 2 millions de bouteilles.

 

Mais quand le vin est tiré il faut le vendre et nos pionniers savent bien que c’est un autre métier que le leur, alors ils décident sagement de confier leurs intérêts à des représentants qui vont sillonner le pays et participer aux foires les plus prestigieuses. Mais ça c’est une autre histoire à laquelle un jour je m’attellerai sans doute après être allé sur place m’imprégner de l’esprit du lieu revisité, à l’aube du nouveau millénaire, par Giovanni Pace, jeune architecte rémois d’origine italienne. Sur la montagne de Reims, sur les 70 ha des descendants des adhérents d’origine, je foulerai le terroir des meilleurs lieux-dits, les galipes, les Croyats, les Poules, les Coutures, les Côtes du Midi et les Champs des Buissons, avant d’approcher au plus près de l’alchimie du Mailly Grand Cru. Quoi de plus dans la tendance qu’un « monocru », qui plus est un Mailly Grand Cru (17 villages sur 324 sont des Grands Crus) assemblé à partir des 450 parcelles identifiées et répertoriées.


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Pour les amateurs de chiffres : 81 adhérents, 70 ha de vignes : 75% Pinot Noir et 25% Chardonnay, moyenne d’âge 25 ans avec 8000 pieds à l’hectare, 450 000 bouteilles produites. Le détail des différentes cuvées sur www.champagne-mailly.com/ . Dans le TOP 10 des champagnes publiés dans ma chronique  « Les 2 Jacques Dupont et B se font mousser au Champagne pour les fêtes » (cliquez icihttp://www.berthomeau.com/article-les-2-jacques-dupont-et-b-se-font-mousser-au-champagne-41502576.html) figurait la cuvée Les Échansons 1999 17/20 Mailly-Champagne « 75 % de Pinot Noir, 25% de Chardonnay. Nez vineux, marqué par le pinot, groseille, bouche crémeuse et dense, beaucoup de classe, vin de repas. 75 euros ». Belle trajectoire que celle du « Domaine Mailly Grand Cru » bien ancrée dès l’origine dans son terroir originel, tracée tout d’abord avec courage, pugnacité, intelligence par une poignée « hommes debout », puis inscrite dans la modernité par des vignerons fiers de leur histoire et sans aucun doute conscients qu’ils ont reçu bien plus que des vignes en héritage.

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 00:00

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Dans le langage populaire l’expression « beurré comme un petit LU » dit bien ce qu’elle veut dire. Si je la cite c’est pour faire le lien avec ma chronique de ce matin. Les plus vaillants de mes lecteurs, ceux qui me suivent dans mes écrits dominicaux, savent tout de la saga d’un pâtissier lorrain, Jean-René Lefèvre qui s’installait au 5 rue Boileau à Nantes en 1846, et qui 4 années plus tard épousait Pauline-Isabelle Utile. À « La Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs » un personnel bien mis servait avec des pincettes aux bourgeoises nantaises, ou le plus souvent à leurs bonnes, les macarons, les langues de chat, les massepains, les boudoirs, les petits fours aux amandes, et bien sûr les biscuits de Reims. Le Petit LU n’était pas encore né, il sera le fruit de l’amour du goût de ce couple alliant sens du commerce et inventivité. Puis viendra la grande fabrique du quai Baco, là où sera industrialisée la fabrication de son fameux « Petit Beurre » qui enchanta des générations de croqueurs de Petit LU.


« Pour susciter la gourmandise, rien de tel que de séduire l’œil » déclarait Louis Lefèvre-Utile. Dans son délicieux ouvrage LU la Madeleine de Nantes, Hélène Dufau, écrit « Combien de générations de Nantais ont-elles grandi, bercées par l’odeur savoureuse et rassurante du biscuit chaud ? Chacun voyant son appétit stimulé par les effluves à un moment pas toujours opportun : les enfants dire leur faim dès la sortie de table, les adultes se pressent de prendre le temps de déjeuner, l’estomac dans les talons dès le milieu de la matinée. Les papilles caliciformes fongiformes stimulées par le goût de l’air à sucer, renforcé par son parfum qui se propageait de façon démesurée à travers les rues, agaçant les sens à n’en plus finir ». Je suis de ceux-là et le 25 janvier 2006 j’ai commis une chronique rageuse pour défendre l’authenticité de mon Petit LU mise à mal par les petits génies du marketing de la marque alors dans le giron de Danone. http://www.berthomeau.com/article-1688535.html . J’écrivais en introduction « Petit texte écrit le 2 juin 1994 que je dédie aux amateurs d'authentique. Comme eux j'aime les niches lorsqu'on y expose des œuvres d'art, des piétas ou des totems de Chaissac, mais je leur demande de ne pas m'imposer un art officiel et de me laisser aimer même un petit biscuit "standard" produit à des milliards d'exemplaires dans une usine des bords de Loire, aujourd'hui transformé en lieu culturel, et de ne pas faire accroire que c'est le seul chemin à emprunter


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Et oui messieurs les pourfendeurs de tous les produits dits industriels, ce n’est pas péché mortel que de se régaler et même de rêver en croquant certains d’entre eux. Que voulez-vous la Vache qui Rit n’est certes pas un sommet de la gastronomie mais elle est, ou à été, pour des générations de moutards leur madeleine de Proust. Et que dire des Carambar ! Pour autant je ne suis pas en train de tresser des lauriers à l’agro-industrie qui depuis les dernières décennies s’est ingéniée à mettre entre les mains de nos bambins des « horreurs ». Bien au contraire, et pour ce faire j’en reviens  à ce merveilleux petit gâteau sec, toujours le même, homothétique, produit en des milliards d’exemplaires, qui ne jeta pas dans la misère les artisans biscuitiers ou pâtissiers.


À chacun son métier, et à chaque moment de la vie la douceur qui va avec : le Petit LU dans les cartables et le sablé du boulanger pour le dimanche. Pas tout à fait le même prix non plus. Le succès du Petit LU « industriel » reposât tout d’abord sur la qualité du produit lui-même, irréprochable, issu de matières premières locales de première fraîcheur : du beurre, des œufs, de la farine, certes soumis à un process industriel mais respectées. Ensuite il y eut la réclame pour populariser le produit, des commerciaux pour le placer chez les épiciers, les boulangers puis les magasins à succursales... Que par la suite, devenue une grande marque ombrelle, rachetée par Danone puis vendue, notre Petit LU se soit transformé en un joujou pour nos petits génies du marketing je n’en disconviens pas mais, à l’origine, l’industrialisation d’un process artisanal n’implique pas forcément la fin du produit originel. 


Pour résumer mon propos, et pour que l’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas écrit, dans l’univers alimentaire la cohabitation entre des marques de produits de grande consommation et des produits artisanaux est la règle. Tous ceux qui ont prédit, et qui prédisent encore, la fin des bons produits sous la pression du rouleau compresseur de la standardisation se trompent, les faits démentent cet alarmisme. Le problème ne se situe pas dans une opposition entre des produits de marque et des produits artisanaux, mais dans leur capacité à tenir les promesses qu’ils mettent en avant pour convaincre et fidéliser les consommateurs. Les grandes marques tiendront leur rang si elles n’oublient pas les « valeurs » qui ont fait leur succès et les ont pérennisées. Les produits artisanaux n’ont pas à singer les marques en s’aventurant sur leur terrain de prédilection mais simplement à s’en tenir à un lien réel avec le fameux terroir. Le vin gravite dans le même univers que ses cousins de l’alimentaire et il reste à ceux qui le font et à ceux qui le vendent de choisir le terrain sur lequel ils veulent aller. Il ne s’agit pas d’un choix idéologique mais tout bêtement d'affronter le monde tel qu'il est.


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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 00:00

Renou_t.jpg© Ligérienne de Presse
Mon titre, ce n’est pas nouveau avec moi, se veut volontairement provocateur, la réalité n’est jamais aussi tranchée, dans le monde du vin tout particulièrement. Tout est dans l’échelle des valeurs que l’on s’est donné, dans le niveau de la compétition auquel on se confronte ou auquel on souhaite se confronter. Pour prendre une image sportive : il est possible d’être excellent en Division d’Honneur et de se révéler fort médiocre dans la division au-dessus. Si j’aborde ce matin ce sujet à haut risque c’est pour montrer l’extrême difficulté à laquelle sont confrontées les « appellations volumiques » qui, si elles veulent adapter leur ressource vin à la nouvelle donne mondiale, se doivent de faire le ménage, de mettre un peu d’ordre dans la maison. Bien évidemment il est toujours possible de faire illusion, de cacher la poussière sous le tapis, mais pour autant rien n'est réglé. Ceci étant écrit je suis très conscient qu’une telle remise en question n’est pas facile à assumer par les responsables professionnels car elle est difficile à vendre à ceux qui la vivent comme une exclusion, comme une rétrogradation. En revanche, ceux qui se trouvent « cernés » par des collègues qui tirent l’ensemble vers le bas ont de bonnes raisons d’appeler de leurs vœux une certaine forme d’écrémage.

René Renou, que l’on invoque parfois à tort et à travers, l’avait fort bien compris lorsqu’il avait mis sur la table ses AOCE, fraîchement accueillies, y compris par moi, puis préconisé « une remise en ordre basée sur les données du marché ». À l’époque, peu de temps avant qu’il ne nous quitte, il déclarait, avec le lyrisme que nous lui connaissions que d’un côté il devait y avoir « des vins de rêve, les AOC, dont la logique économique reste traditionnelleet de l’autre des vins plaisir, faciles à boire les AO. » Il précisait  « l’AOC repose sur le principe de l’excellence et l’AO sur celui de l’assouplissement. Si les producteurs veulent relâcher les règles, une majorité simple doit suffire » Il ajoutait « dans tous les cas de figure, les exigences de qualité seront strictes. Le principe est d’assurer la sécurité du produit, mais aussi sa compréhension. Du confort du producteur, on doit se tourner désormais vers le confort du consommateur, jusqu’ici plutôt ignoré, en clarifiant notre offre. » Enfin, il n’abandonnait pas son approche initiale « Dans les AO, existeront les règles habituelles des AOC. Mais un viticulteur d’une AO pourra exprimer son souhait de respecter des règles plus strictes et il faut que ces producteurs soient distingués. »

Avec la distinction AOP-IGP le cadre juridique est ouvert à un vrai choix clair. Il ne serait pas sérieux que certaines grandes AOC comme Bordeaux ou Côtes du rhône par exemple se contentent de passer telles quelles dans la catégorie des AOP. Soit elles durcissent leurs conditions de production pour ce faire, soit elles tiennent compte des conditions économiques et elles se rattachent aux IGP ce qui n’est pas forcément dévalorisant. C’est à ce stade que se pose le problème de ceux qui, ayant haussé la barre, se retrouveraient dans un univers qui ne serait plus le leur. Pour eux, à mon sens, une seule voie est envisageable : celle d’une démarche de reconnaissance collective de leurs différences qui leur permettrait de se différencier auprès des consommateurs. L’idée de René Renou de «  sites et terroirs d’excellence » dans un univers d’Indication Géographique de Provenance retrouve toute sa pertinence car elle s’adresse soit à des domaines isolés ou à des blocs de domaines qui ne forment par un continuum géographique.

Pour ma part je vois dans cette démarche collective, qui d’ailleurs pourrait-être menée de concert par des domaines, des châteaux, des entités, de zone IGP différentes pour bâtir un socle commun sur lequel s’exprimeraient les différences et les spécificités locales, tous les ferments d’un nouvel élan pour une part de notre vignoble. Cette démarche de labellisation sites et terroirs d’excellence  se devrait, dans un premier temps de revêtir une forme purement privée pour que s’exprime une approche fondée sur l’émergence d’un dénominateur commun élevé, quitte à lui donner par la suite, du moins pour son cadre général, force de loi. Certains vont m’objecter que je suis en train de rajouter une couche de complexité à notre système déjà considéré par certains comme incompréhensible. Ma réponse à cette objection est simple comme une alternative :

-         soit toutes nos AOC deviennent des AOP, tous nos vins de Pays des IGP et rien ne change, nous cultivons l’ambigüité avec le bénéfice que nous connaissons depuis cette dernière décennie ;

-         soit nous offrons aux vignerons confrontés à des choix difficiles des portes de sorties (moins de contraintes pour certains ou plus de contraintes voulues  par eux pour d’autres), économiquement viables face à une concurrence accrue et nous nous donnons les moyens de la reconquête.

Plutôt que de se contenter d’attribuer tous les ans un prix René Renou – ce qui est une belle initiative – ceux qui sont en charge des décisions concernant notre grand secteur d’activité honorerait bien plus hautement sa mémoire s’ils revisitaient ses propositions en leur donnant un contenu à la hauteur de sa vision et des défis du moment. Je ne suis pas l’exécuteur testamentaire de René, beaucoup se prévalent de son héritage sans en assurer la bonne fin, mais nous avons pendant tout un temps partagé la même ambition, par des voies parfois différentes mais avec la même pugnacité et le même désintéressement et je me sens légitime à repasser les plats qui n’ont même pas besoin d’être réchauffés. Ainsi j’espère échapper tout au long de l’année à la commémoration de Cap 2010 et au dépôt de gerbes « avec nos regrets éternels »   

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 00:00

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La maman du petit homme

Lui, dit un matin :
«  seize ans, t'es haut tout comme
«  notre huche à pain...
« À  la ville tu peux faire
« Un bon apprenti ;
« Mais, pour labourer la terre.
« T'es ben trop petit, mon ami !
«  Dame, oui ! »

 

Ainsi commençait la chanson « Le Petit Grégoire » de Théodore Botrel (1898) si vous souhaitez l’écouter Texte de : Le petit Grégoire    Rassurez-vous je ne vais pas vous infliger des souvenirs de ma Vendée qu’est juste au-dessous de la Bretagne. Quoique, l’idée de cette chronique m’est venue à la suite de la lecture d’un petit billet dans les Échos sur les chantiers Bénéteau fleuron de l’industrie vendéenne.

 

« Ceux qui ont peur de l’eau se sentent plus en sécurité sur un yacht que sur une barque. Ils ont tort. Dans la tempête Lehman de 2008, de nombreux navires ont fait naufrage mais parmi les rescapés, il y a plus de chaloupes de sauvetage que de gros paquebots. Bénéteau, qui vend surtout des bateaux de petite taille a certes vu son résultat opérationnel courant plonger de 95% sur 2008-2009. Mais le groupe vendéen n’a pas coulé. Il s’est accroché à deux bouées de sauvetage, la réduction de ses coûts et une trésorerie positive, qui lui ont permis de garder la tête hors de l’eau. »

 

« Grand, fort et bête... » disait-on aussi dans mon bocage crotté. Ce matin je livre à votre réflexion dominicale une image d’Épinal chère surtout aux critiques modèle Perico Légasse, ou à certains amateurs et cavistes plus ou moins militants, le petit vigneron. Hors lui point de salut, c’est le modèle économique unique seul digne d’intérêt et de respect. Hormis que cette vision éthérée soit un chouia condescendante elle me semble porteuse de bien des malentendus pour le présent et plus encore pour l’avenir.

Je m’explique. 

Le petit vigneron tel qu’il est perçu dans ce modèle c’est quelqu’un qui fait son vin puis le vend en bouteilles à des clients. Le métier de la vigne est lui bien ancré au sol, le terroir comme on dit dans les gazettes, alors que celui de la vente, en dehors de celle faites au caveau ou à proximité, exige d’aller chercher le distributeur ou/et le consommateur parfois fort loin. Bref, ce qui m’interroge, et ce qui devrait interroger ceux qui disent faire profession de journaliste spécialisé, ce n’est pas la taille de l’entreprise vigneronne mais c’est son adéquation avec ses débouchés. En clair, les modes et les réseaux de distribution, leur évolution en France comme dans les autres pays où la consommation se développe, vont dans l’avenir peser de plus en plus lourd sur la pérennité économique de certains vignerons. Mon interrogation, bien évidemment, ne sous-entend pas que je remette en cause le vigneron artisan commerçant, bien au contraire, mais comme je suis un observateur attentif, et attentionné, je me dois d’apporter à la réflexion autre chose que des visions bucoliques et romantiques qui ne sont satisfaisantes que pour ceux qui font salon.

Pour ceux qui lisent le roman du dimanche le Chap.7 Les ailes de l’archange étaient en peau de lapin, la Marguerite Duras, Maurice Clavel et Claude Mauriac lui servaient de caution est en ligne cliquez sur http://www.berthomeau.com/article-chap-7-les-ailes-de-l-archange-etaient-en-peau-de-lapin-la-marguerite-duras-maurice-clavel-et-claude-mauriac-lui-servaient-de-caution-42139961.html

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 00:00

Dès ma sortie de la place Beauvau je sonnais le rappel de ma petite troupe pour qu’elle dénichât au plus vite cette vieille roulure de Gustave qui, profitant de mon relâchement, n’avait pas donné signe de vie depuis plusieurs semaines. Lui seul pouvait me permettre d’accéder dans les plus brefs délais au reclus de la rue d’Ulm  le chef « clandestin » de la GP Pierre Victor-Benny Levy. Mon plan, pour stopper l’escalade de la branche armée de la GP, était simple comme une alternative : soit j’arrivais à le convaincre, soit je l’achetais. J’aurais pu laisser faire, mais la prise de risque pour ma petite entreprise se révélait maximale dans tous les cas de figures. En effet, si la tentative de hold-up tournait au fiasco avec mort d’hommes dans l’un ou les deux camps, je savais que je ne me sentirais plus le courage de continuer à faire joujou dans une mare de sang. La position de Marcellin sur le sujet restait ambiguë : l’attaque d’une banque par la GP conforterait son discours sur le tout répressif pour éradiquer la subversion liée au terrorisme international mais il ne fallait pas que ça dérape car le PC ne manquerait pas d’accuser le pouvoir de collusion avec les gauchistes. Le scénario idéal pour lui consistait dans une belle souricière juste à l’instant du passage à l’acte qui conforterait l’image d’une police efficace. Dans cette hypothèse mon implication se devait d’être maximale pour maîtriser le détail de l’opération voire m’impliquer personnellement dans l’action du commando. L’amateurisme de la branche militaire de la GP, arme au poing, me faisait bien sûr craindre le pire. Je me devais donc de tuer la tentative dans l’œuf en faisant croire ensuite à mes chefs que ce n’était un bobard. Gustave ne se ferait pas prier pour confirmer mes dires. Convaincre le Guide me paraissait hors d’atteinte car le mythe de la lutte armée le fascinait et que pour tendre des fusils aux larges masses il fallait au préalable accumuler du fric pour les acheter. Restait à tenter de le corrompre ce qui me semblait encore plus mal aisé mais je n’avais pas d’autre choix que d’aller me confronter à lui.

Gustave, grand intellectuel s’il en faut, délaissait l’action directe pour se consacrer au théâtre d’avant-garde : la subversion des larges masses passait d’abord par les mots chuintait-il à qui voulait bien l’entendre. Ce fut Marie-Églantine, la nièce de Raymond qui nous le débusqua. L’outre à bière pérorait derrière le bar de son théâtre entouré de sa Cour qui, tout en bitant que dalle, à son ch’timi révolutionnaire, le considérait comme l’expression la plus accomplie de l’alliance du prolo avec la fine fleur des intellos. La Marguerite Duras, Maurice Clavel et Claude Mauriac lui servaient de caution. Bref, la balance se bâfrait, picolait, forniquait dans une ambiance digne de la décadence de l’Empire Romain.
Quand je pointais ma truffe dans son antre notre homme, entouré de deux nymphettes aux cheveux sales et aux regards envapés, arborait une tenue digne de Jean Gabin dans la Bête Humaine. Il m’accueillit avec les honneurs dus à mon rang d’une rude accolade accompagnée d’un discours dont je dois avouer qu’il était bien troussé. Mon Gustave s’imbibait vite des tics de l’intelligentsia en ponctuant ses dires de « C’est divin ! C’est génial ! C’est la revanche du peuple ! » Il me fit faire la tournée du propriétaire de son pot au miel « ça attire les guêpes mon grand et c’est bon pour notre blot... » me disait-il en me lançant un clin d’œil appuyé. Comme il se doutait bien que ma venue n’avait rien de littéraire, avant de se mettre à table, il tenta tout de même une petite diversion « si ça te dis de t’faire pomper avant qu’on s’tape la cloche j’ai une fille de Procureur qu’a vraiment de belles dispositions. En plus, toi qu’aime les bourges aux belles manières c’est la seule qui ne soit pas une mochtée... » Pour la première fois depuis que nous nous connaissions je le trouvais drôle, bien dans sa peau d’histrion, de fouteur de merde et je le lui dis.
Le Gustave ça lui a coupé la chique, les larmes lui sont venus aux yeux, il m’a empoigné par les épaules « Bordel de merde, venant de toi mon grand le compliment me retourne comme une crêpe. Tu m’diras que c’est plutôt mon truc d’me faire retourner mais là tu me troues ! Allez ça s’arrose j’vais faire péter une roteuse de première ! » Le Gustave carburait maintenant au Moët ce qui peut expliquer qu’avec sa bande de traîne-lattes la caisse du théâtre populaire s’apparentait au tonneau des Danaïdes et qu’il a vite sombré.

Sans le vouloir je venais de gagner la partie, comme si mon estime proclamée, tel un attendrisseur, avait transformé cette vieille carne de Gustave en perdreau de l’année. Je lui vidais mon sac sans précaution. Le projet des frelons lui tirait des commentaires offusqués « Non, y sont encore plus dingues que j’le pensais. Y’s’prennent pour la bande à Bonneau. Faut pas laisser faire ça mon mignon. Ces bavassous vont à l’abattoir, ça va être un carnage... » J’opinais gravement. « Qu’est-ce je peux faire mon grand ? » Je souriais. « Faut que je vois le Grand Chef... » Gustave soupirait « Y va pas t’écouter, il n’écoute personne... » Du tac au tac, sans préméditation, je lui répondais « Si, toi ! » Gustave rotait d’aise. « Ce n’est pas con ce que tu viens de dire mais le problème c’est qu’est-ce que je pourrais bien lui dire à ce petit con ? » Je lui tendais ma coupe « Ça je m’en occupe... » Gustave fronçait les sourcils « Mouais t’en ai capable mais faut pas que ça bousille ma position auprès de ce petit monde. Tu comprends j’ai un standing à tenir avec du beau linge comme le bigleux de Sartre et tout le fourniment. Si leur paraît tiédasse y vont prendre pour un jaune... » Le pépère Gustave s’inquiétait surtout pour son pèse et ce souci me fournissait le plan pour me sortir de la mouise. « Tu vas lui dire que c’est toi qui va faire le coup... » Gustave s’étranglait. « T’es louf ! Je ne vais pas faire dans la cambriole pour me retrouver à l’ombre... » Je le rassurais « Ce sera du bidon arrangé par la grande maison... » Il se détendait « Pas con comme embrouille... mais le pognon où est-ce qu’on va le trouver ? » Je poussais mes pions « pas de problème j’ai du crédit... » L’œil de Gustave s’animait. « Bien évidemment, au passage tu prélèveras ton pourcentage pour tes faux-frais... » Gustave se rembrunissait « la maison poulagas va jamais vouloir lâcher du pèze pour que ces petits cons achètent de l’artillerie... » L’objection tenait mais toujours en verve je lui rétorquai « dans cette affaire tout le monde sera cocu... » Gustave se grattaient les roubignols en me regardant d’un air inquiet « Qu’est-ce t’entends par là ? » Je nous servais deux nouvelles coupes en lâchant « Je vais t’expliquer mon plan... »  

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 00:00

Nos voisins et amis belges sont de bons et francs buveurs, de vrais amateurs aussi et parmi eux je compte de fidèles lecteurs. Réchauffement climatique oblige : « Malgré des prix élevés, les vins du plat pays remporte un succès croissant » titrait récemment DE STANDAARD journal de Bruxelles (en français : L'Étendard c’est un quotidien belge néerlandophone créé en 1918.) Est-ce le renouveau du vignoble belge ? J’y reviendrai dans quelque temps. En effet avant de parler de renouveau encore faut-il que je prenne le temps de conter aux français, qui n’aiment rien tant que de se gausser de leurs voisins avec les « histoires belges », « une histoire belge qui est un problème » : celle du vin. Le titre de cette chronique n’est pas de moi mais de Charles-Louis Binnemans dans son livre : « Histoire d’un grand négoce : Vins&Spiritueux en Belgique » édité chez Glénat.   

En son introduction l’auteur écrit : « Les belges aiment boire le vin »

« De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves. Et les moins abstinents. Cela se remarque encore aujourd’hui. Une vocation, durable et héroïque, qui se perpétue dans la joie et la santé, vin à l’appui. Une attirance, nuancée d’un souci de la qualité, qui se modèle à travers les siècles et s’adapte aux millésimes. Une heureuse disponibilité qui mérite d’être décrite, voire citée en exemple ;

Pourtant, durant les millénaires qui se terminent vaillamment ces jours-ci, la facilité n’a jamais présidé à la venue du vin sur nos marchés si peu ensoleillés. Les distances étaient considérables, et rudes les obstacles. Sans parler des plaisanteries du fisc. Les Belges, au bout du circuit de la distribution, se sont néanmoins montrés aventureux mais accommodants. Les consommateurs, bien sûr, mais aussi et au préalable, les marchands, les importateurs, qui connaissaient les sources et les itinéraires. »

Avant de remonter le temps au cours des samedis qui vont suivre, hommage soit rendu à un grand talent belge que nous avions annexé : Jacques Brel et de sa fameuse et belle chanson « C’était au temps où Bruxelles bruxellait » par l’entremise de ce beau texte accompagnant cette illustration.

 

Genou 6758 

« À la guirlande des grands cafés tendus entre place de Brouckère, Monnaie et Bourse, le « Café des Templiers » brille du même éclat que le « Café Sesino », le « Café des Milles Colonnes », le « Café Suisse », le « Café Central »... On y trouve, comme dans les autres selon les récits des voyageurs étrangers, des bières et des cigares, des journaux à lire sur place, un café le plus souvent « atroce et sans saveur »... Des vins aussi, « très bons, bien meilleurs en tout cas qu’à Paris ». Et vendus moins chers que dans les restaurants où des prix élevés – pour des bouteilles « petites, même trop petites » - Corrigent la générosité admirable des portions servies à table... »

 

A suivre samedi prochain...

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8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 00:00

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Pour moi y’a un lézard quelque part, je lis dans le Télégramme de Brest que la ville de Suresnes « cherche vigneron désespérément ». Fort bien me dis-je, puisque tout le monde en parle, y compris les télés, c’est donc terriblement important comme info, même si les vendeurs de papier ou d'images nous servent tous la même tartine avec la même confiture dessus. Je cite le Télégramme :
« A cinq kilomètres de la Tour Eiffel, Suresnes est à la recherche d'un vigneron pour s'occuper de ses 4.800 pieds de vigne, étendus sur un hectare, sur les pentes du Mont-Valérien.
 La grimpante rue du Pas-Saint-Maurice mène aux vignes municipales. Avec vue sur le Sacré-Cœur et la Tour Eiffel. Au milieu, un bâtiment moderne abrite la cave, réalisée d'après les plans de l'oenologue Jacques Puisay (sic).« Depuis dix ans, nous produisons dans les règles de l'art du vin, autorisé à la vente. L'Institut français du vin (sic) nous aide à constituer un dossier pour l'obtention du label d'Identité géographique protégée, souligne Jean-Louis Testud, adjoint au maire de Suresnes, en charge des vignes depuis 1983. »

Vous connaissez mon mauvais esprit, je me dis tout de suite voilà le sujet d'une petite chronique et illico je me rue sur mon clavier. Comme toujours trouver un titre avant de démarer ! Et soudain : illumination, le  genre vision, et je déroule : « Appel à Légasse Périco pour faire le boulot de vigneron à Suresnes » car je me suis dit que vigneron c’est sa tasse de thé à notre tonitruant pourfendeur des barbares ravageurs de notre divin pinard . Y doit même en rêver la nuit que je me suis encore dit. Mais, pour ne pas en rester au pur copié-collé des fégniasses de l’info, je me suis mis en chasse pour enrichir ma pelote. Et, stupeur que trouvai-je ? Je cite en vous évitant le baratin déjà cité que : « La ville cherche à faire revivre le vin à Suresnes depuis plusieurs années, mais ne veut surtout pas changer cette activité en folklore, comme sur la butte Montmartre. Pour cela la municipalité s’est fait secondée par de grands noms pour stimuler la production viticole. Le grand critique gastronomique Périco Légasse est préposé à la vinification. » Là les bras m’en sont tombés tout le long du corps, j'ai brandiguolé, non que je misse en doute l’appellation de grand critique gastronomique octroyé à notre irremplaçable Périco, mais de là qu’on l’affublât du titre de préposé, qu’est celui dont la technocratie apatride des exPTT a collé à nos braves facteurs de terroir type Jacques Tati dans Jour de fête, ça ne m'allait pas du tout.


Pour moi la seule appellation d'origine contrôlée pour notre Périco c’était : vigneron sinon rien !

Avant d’aller plus loin vous allez me dire que mon histoire de titre c’est du baratin. Juré craché que ce n’est que la stricte vérité. D’ailleurs là n’est pas le problème mes chers lecteurs.

Où est-il alors me direz-vous ?

Tout bêtement que je m'interroge : pourquoi diable
Jean-Louis Testud, adjoint au maire de Suresnes, en charge des vignes depuis 1983 cherche-t-il un vigneron puisqu’il en a déjà un sous la main ? Ça serait’ y qu'y voudrait dégoter un gars qui sache vraiment cultiver ses vignes ? Les soigner, les bichonner, décavailloner... Sous entendu ça voudrait dire que notre Périco y sait pas faire le viticulteur y sait faire que le préposé au vin. Disons qu'en cela il serait une sorte de coopérative à lui tout seul « le prolongement de l’exploitation pour la vinification » ou une forme aboutie d'un Michel Rolland de banlieue.
Bon je ne vais pas ironiser plus longtemps sur cette étrange césure, sinon le Professeur Norbert va me tirer les oreilles pour mes mauvaises manières. Cependant je ne puis m'empêcher de rappeler que cette dichotomie entre le métier de la vigne et celui du vin est honnie par les esthètes, que cette  pratique est vilipendée par la haute critique et, pour ne rien vous cacher,  ça me chagrine un chouia que notre Périco qui chante sur tous les tons la grandeur du métier de vigneron n’en n'ai pas accepté toutes les grandeurs et toutes les servitudes. La vertu de l'exemple me séduit toujours. Ceci étant écrit lorsque nous dégusterons le vin de Suresnes IGP nous saurons maintenant à qui nous adresser pour les réclamations.Enfin dans une prochaine chronique je reviendrai sur l'histoire du vin de Suresnes.
 

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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 00:00

 

C’est dans l’Yonne Républicaine : « Les corbeaux du Chablisien démasqués » Un courrier anonyme avait mis en cause les pratiques de la Chablisienne, en juillet dernier. Yves Durand écrit « Les enquêteurs de la police judicaire viennent en effet de débusquer les auteurs du courrier anonyme qui mettait violemment en cause les pratiques commerciales de la Chablisienne, distribué en juillet aux 252 adhérents de la coopérative » Le limiers de la PJ, grâce au mailing, sont remontés jusqu’à la Fédération de défense de l’appellation Chablis et « à ses deux présidents, Gilles Fèvre et Gérard Vilain. Elle a aussi mis en lumière l’implication du plus important producteur indépendant de Chablis, Jean Durup. » 

 

 

 

« Une affaire digne de clochemerle ! » selon Jean Durup, mais il est bien étrange que le « souci de discrétion, d’information et de confidentialité » ait poussé les auteurs à ne pas avoir le courage d’envoyer ce courrier à tous les viticulteurs de Chablis sous l’en-tête de leur Fédération et de le signer. Quand à leur avocat Me Alain Thuault c’est un grand comique lorsqu’il ose nous servir que « la publicité du courrier a été donnée par la victime » et qu’il rappelle « que le délit d’opinion n’est pas répréhensible en France. »  Restons sérieux un instant, n’enveloppons pas une « petite dénonciation anonyme » dans du papier soie pour la faire passer pour l’expression d’une opinion. En effet, et je n’irai pas au-delà sur cette « affaire » chablisienne – sur laquelle je ne peux exprimer aucune opinion sur le fond n’ayant à ma disposition aucun élément concret – la liberté d’opinion est, et reste, un des fondements de nos sociétés démocratiques mais son corollaire est que l’expression de cette opinion émane d’un personne physique ou morale indentifiable afin que, ceux ou celles éventuellement mis en cause, puisse y répondre.

 

 

C’est la même chose sur mon espace de liberté, comme sur le reste de l’Internet : l’anonymat, lorsqu’il s’agit de toute forme de mise en cause d’autrui, est méprisable. C’est l’arme des faibles, des couards et des pleutres. Si l’Internet veut préserver ses « espaces de liberté » des censeurs ou des puissances d’argent ou de l’intelligence officielle, le citoyen lecteur de blog se doit d’assumer sa liberté. Sinon, les formules chocs fleurissent « début du totalitarisme » Henri Guaino, « la poubelle de la démocratie » Alain Finkielkraut, « la plus grande saloperie jamais inventée » Jacques Séguéla, « le tout à l’égout de la démocratie » Denis Olivennes... Soyons simple : le commentaire anonyme n'est que la forme moderne de la lettre anonyme point c’est tout. Les rumeurs fondées sur des ragots ou des fausses nouvelles n’ont pas attendu l’irruption du Net pour exister. Bien sûr, la puissance de diffusion du Net donne un écho parfois démesuré à des saloperies. Pour autant faut-il avoir peur de l’Internet, encore une nouvelle peur, ou instruire son procès, autant mettre en accusation la nature humaine.


Je trouve assez plaisant, je veux dire indécent, de la part d’un Olivennes patron du Nouvel Obs., qui truffe son magasine de pages rédactionnelles ou de soi-disant rubriques « Air du temps » pompes à publicité ou de numéros spéciaux où la moindre bricole vaut 1000 euros, de parler d’égout. C’est lui le grand collecteur de l’égout qui déclenche toutes les aigreurs ou les miasmes de certains internautes. Les leaders d’opinion ont failli, ils déclenchent des réactions de « petits blancs » sur le Net. Je le regrette mais avant de nettoyer les écuries du Net ils feraient bien de curer leurs tinettes même si elles sont dallées en marbre de Carrare.


Dès que des errements de toute nature apparaissent sur des espaces libres ou soit disant tels : finances, marchés agricoles ou ici le Net il est de bon ton de parler de régulation. C’est très apaisant de réguler mais pour réguler il faut un régulateur ou un outil de régulation et c’est alors que tout se complique entre les deux extrêmes  l’autorégulation et l’accumulation d’interdits. D’expérience tout système vertueux induit des effets pervers tout aussi nocifs que ceux d’une totale dérégulation. Pour ma part, n’ayant pas la main sur les grandes décisions, je me contente de préconiser sur mon espace de liberté les règles du savoir-vivre ensemble qui passe par le respect mutuel de la liberté d’opinion.


Pour prendre une image simple : à tous ceux qui se plaignent de la malpropreté de Paris, par exemple, je leur demande de se poser la question de savoir si eux-mêmes n’ont pas tendance à jeter un mouchoir, un ticket de métro, un mégot ou je ne sais quoi par la vitre de leur automobile. Relions le lobe de notre cerveau protestataire à celui du citoyen, pour preuve de nos contradictions les résultats de ce sondage : 63% des français reconnaissent « la souffrance des animaux gavés » mais seulement 18,7% répondent oui au refus d’acheter du foie gras alors que le non est écrasant 81,3%. (Cet exemple ne constitue pas une prise de position personnelle)


Même si c’est ringard je crois dans la vertu de l’exemple pour emporter une conviction. Alors, pour nous internautes si nous voulons faire obstacle aux détritus de toutes sortes, adoptons le seul geste qui sauve : le savoir-vivre ensemble sans masque, cache-sexe ou autre pseudonyme non identifié par le gestionnaire du blog.



L'illustration de Reiser illustrant cette chronique pourra être jugée de mauvais goût par certains mais elle est signée, et ça me vaAinsi, la SPA pouvait en son temps traîner Reiser devant les tribunaux pour outrage à l'image des chiens...


 

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 00:00

Au cours des derniers 15 jours le bombardement fut intensif de la part des sites de vin en ligne : les soldes avant les soldes, silence on brade. Bien évidemment, en première ligne les appellations phares : Champagne et Bordeaux. Le titre de ma chronique n’en est qu’un exemple : Bordeaux a -50%, qui dit mieux ? 6 bouteilles achetées = 6 bouteilles offertes ! De la part du principal vendeur en ligne ça dénote, je pense, à la fois une certaine impuissance face à la mollesse de la demande et un besoin urgent de la part des offreurs d’écouler leurs vins. Certains me rétorqueront que ce ne sont là que des prix d’appel et que le reste de la tarification se tient bien. Faux ! Le phénomène touche aussi les cavistes généralistes, tel Nicolas, où le -20% est la règle sur la plupart des vins. Quand aux grandes marques de Champagne pour la plupart elles dévissent sec. Où que l’on aille la tendance baissière, assumée ou masquée, est bien présente. Pour autant, y-a-t-il une baisse de la demande ? Je n’en suis pas sûr, même si je ne puis disposer d’éléments chiffrés pour étayer mon doute. Alors, pourquoi diable cette spirale baissière ?

Elle résulte, je crois, si l’on exclut l’essentiel du marché qui se situe à moins de 2 euros, via la GD, et les super Prémium et Icônes, et aussi les vins dit « nature », qui eux ne représentent que de tout petits volumes pour l’essentiel exportés ou s’adressant à des clientèles à fort pouvoir d’achat, à ce que j’ai appelé l’effet de « surpâture » c’est-à-dire que dans le ventre mou du marché, le plus touché par les effets baisse du pouvoir d’achat et les ondes de la crise économique, l’essentiel des offreurs de vin se retrouvent confrontés à une exacerbation de la concurrence. Dans cet espace il y a trop de tout, et aussi trop de n’importe quoi, ce qui provoque les effets baissiers constatés dans les enseignes. Cette analyse s’applique aussi au Champagne, où certaines marques, à force de gonfler leurs prix, au nom d’un positionnement ne reposant que sur l’attraction des cimes atteintes par les icônes, sont sorties du marché et, leur volte-face brutale laissera des traces dans l’esprit des consommateurs. Pour les appellations de vin tranquille la foire d’empoigne entre elles, à l’intérieur d’entre elles, sans véritables repères pour le consommateur, ne peut que susciter, amplifier, les phénomènes de surenchère baissière. Face à la rétraction brutale, le chacun pour sa peau, le sauve qui peut, joue les accélérateurs. Sans me poser en « je vous l’avais bien dit » nous touchons malheureusement les « dividendes négatifs » de notre immobilisme, de l’absence de décisions courageuses dans les « appellations volumiques » où, à force de cultiver l’ambigüité de revendiquer une appellation sans en assumer les contraintes, beaucoup de vins mis sur le marché ne sont que des ersatz plus ou moins bien fait. Et, pour enfoncer le clou, mieux vaut un « vin technologique bien fait » qu’un « vin d’appellation qui ne tire que de son nom la place qu’il occupe sur les rayons ».

Le drame dans cette affaire, comme dans les animaux malades de la peste, tous les vignerons sont frappés par la spirale baissière, ceux qui respectent les contraintes des AOC, voire même les bonifient, comme ceux, et il ne s’agit pas de ma part de les stigmatiser, de les condamner ou les vouer aux gémonies, qui considèrent l’AOC comme un droit acquis non susceptible d’une quelconque remise en cause. Tout l’enjeu du débat engagé lors des discussions qui ont précédé la rédaction de Cap 2010 le défi des Vins français, se situait dans une segmentation de notre vignoble tournée vers la demande réelle du ou plus exactement des marchés. Cette approche heurtait de front à la fois la vision élitiste de certains qui réduisent le vin français à ses Grands Vins, et la vision syndicale des AOC ou de certains grands vins de Pays gérés sur le modèle AOC. La segmentation du marché commence dans la vigne, et à force de perdre de vue que le modèle économique des vins artisanaux et celui des vins technologiques ne reposent pas sur les mêmes fondamentaux, nous en sommes arrivés à faire produire sur le modèle AOC, petit rendement, des vins qui doivent être vendus à des prix qui ne permettent pas aux producteurs d’en tirer un revenu satisfaisant et d’investir dans leur vignoble. Je conçois qu’une telle approche déplaise, aussi bien au Professeur Pitte qui pense que ces « vins minables » ne sont pas dignes de notre prestigieux pays et qu’il faut les laisser faire faire par les va-nu-pieds des pays neufs, qu’aux tenants d’une viticulture qui joue de son atomisation pour laisser accroire qu’elle est encore artisanale alors qu’elle ne tient pas son destin entre ses mains (les producteurs laitiers aussi d’ailleurs) mais qui puis-je ? Rien, comme je l’ai écrit le déni de réalité ne change pas la réalité.

Pour autant je ne dresse pas un tableau idyllique de la viticulture de masse, qui existe, qui se délite, qui arrache faute de générer une ressource en mesure de générer des vins capables de satisfaire le grand nombre – oui je sais s’adresser au populo c’est pas facile – mais je pose une question basique à la coopération vinicole française qui contrôle 80% de la production de ces vins : êtes-vous capable de dépasser vos petites querelles de clochers, de présidents, de directeurs de cave pour retrouver votre vocation d’origine : faire du vin qui se vend? C’est dans cette dernière fonction que tout le problème est posé : votre émiettement est mortifère, vos vins sont ceux de toujours et vos modes de mise en marché relèvent, à quelques exceptions intéressantes près, de la préhistoire. Pour vous aussi tout commence dans la vigne et vous vous devez de la conduire pour fournir la bonne ressource à ceux qui sont en capacité de la vendre. J’ai appelé cela, faute de mieux, le pilotage par l’aval. Encore faut-il qu’il y ait des pilotes à l’aval et que ceux qui sont en capacité de vendre le vin pratiquent des partenariats avec ceux qui le font car le vieux modèle fondé sur les rapports de force est périmé, usé comme les manifs et les exactions (ce sujet est d’ailleurs vital pour l’ensemble de l’agriculture française). Fuir ce débat, faute d’interlocuteurs valables, c’est continuer de subir le déclin de notre viticulture de masse et laisser passer des opportunités.

Mais tout cela nous entraîne fort loin des Bordeaux à -50% ou des champagnes à prix en berne me direz-vous ? La réponse est absolument non. Le sujet récurrent de la segmentation de l’offre française, qui nourrit les rapports, les débats d’experts, les discours des chefs, ne peut trouver d’issue concrète s’il continue d’être abordé en fonction d’une approche juridico-administrative liée à la vieille dichotomie : vins d’AOC et Vin de Table. La nouvelle OCM avec ses AOP-IGP et ses vins en IG, que nous le souhaitions ou non, que ça nous dérange ou non, que ça nous plaise ou non, ouvre la voie à deux approches de la viticulture : l’une fondée sur les fondamentaux des AOC avec un modèle artisan commerçant et PME du vin, l’autre basé sur un vignoble dédié à des grands volumes mis en marché par des structures en capacité de générer des marques à vocation mondiales. Opposer les 2 viticultures, les considérer comme incompatibles, relève de postures purement idéologiques qui confortent l’immobilisme. Les solutions idéales n’existent pas et le, du passé faisons table rase, relève de l’illusion. Comme dit l’autre, il faut faire avec, s’ajuster, rebâtir.
Et, pour prouver que le temps fait son oeuvre je me plais à vous citer l'accord signé entre 2 grands chefs de Sud de France : « Mais pour les deux présidents (Jacques Gravegeal et Michel Servage) cette réunion (l’adhésion des Pays d’Oc à la Confédération Nationale des Vins de Pays) est aussi une occasion de « ne pas rater un virage historique », celui du règlement par la segmentation européenne (AOP, IGP, vins sans IG) du problème de segmentation mis en lumière par René Renou lors du début de la réforme des AOC. Pour eux, même si actuellement les IGP représentent environ 11 millions d’hectolitres (dont 5 millions pour les vins de pays d’Oc) en face des 25 millions d’hl d’AOP, « dans les deux ou trois ans qui viennent, les curseurs vont bouger » : si certains vins de pays de petite zone décideront peut-être de passer en AOP, à l’inverse, les grandes AOP risquent d’éprouver du mal à prouver leur lien au terroir et pourront opter pour le passage en IGP. Et au niveau de l’économie des exploitations, les IGP progressant à la fois en France et à l’export, nombreux risquent d’être les viticulteurs qui préféreront produire des IGP de cépage sur des terres pourtant classées en AOP.» Les paroles sont de Cap 2010 et la musique des 2 signataires.

Si vous n'êtes pas encore saturés de la prose berthomesque vous pouvez vous rendre sur le site <http://mtonvin.net> pour lire les réponses à leurs 3 Questions...
 

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